La fraicheur hivernale me fait frémir alors que, appuyé contre la rambarde de la terrasse extérieure, je fixe un instant le parc. Le fait qu’il soit baigné par les rayons lunaires et que le sol soit entièrement recouvert d’une fine couche de neige, donne à la scène un aspect féérique. Bien sûr, cela n’est pas suffisant pour faire dévier mes pensées de ce bal de noël ainsi que de son ambiance bien trop romantique à mon goût, mais cela me permet au moins de me changer quelque peu les idées. Je ne sais pas ce qu’il en est du côté d’Hester, mais comme c’est elle qui m’a entrainée au dehors, j’imagine que le calme environnant doit faire le même effet de baume apaisant que pour moi. Lorsque je tourne le visage dans sa direction, je remarque que ses pommettes sont légèrement rougies mais j’associe simplement ce phénomène au froid environnant qui lui brûle la peau. « Evitons la Roumanie alors, ce sera mieux pour nous deux, et puis la Roumanie ne fait pas particulièrement partie des pays que j’aimerais visiter. » Je hoche doucement la tête, lui confirmant ainsi que j’approuve ce qu’elle dit. Encore faut-il que nous voyageons ensemble un jour, ce qui semble plutôt mal parti. En effet, en dehors de Poudlard, le seul endroit où nous nous sommes rencontrés – sans compter Pré-au-Lard, puisque j’estime que cela fait presque partie intégrante du château – est le quai de la gare de King’s Cross. Et encore, nous ne nous sommes jamais adressé la parole lorsque nous étions là-bas tous les deux, soumis à la pression de nos parents respectifs. Aussi je doute que l’on aille quelque part ensemble un jour et par conséquent, encore moins en Roumanie. Ainsi pouvons-nous être rassurés, quelque part. « Tais-toi donc. Tu es mon meilleur ami, tu ne peux être que bénéfique à mon avenir et n’essaie pas de me contredire. » siffle-t-elle en posant sur moi un regard dur. Aussitôt, je lève les bras en signe d’apaisement, jugeant préférable de ne pas l’énerver. Pas ce soir du moins, alors que ce bal de noël doit sûrement l’exaspérer autant que moi. « Très bien, je te crois sur parole dans ce cas. » je lui souffle alors que je laisse finalement mes bras retomber le long de mon buste, lui adressant un sourire mutin. Pourtant, rapidement, je me sens mal à l’aise. Comme-ci quelque chose s’était brisée. Ou tout au contraire, comme-ci quelque chose était soudainement apparu. Je déglutis alors que je porte une nouvelle fois mes prunelles sur le parc, toujours plongé dans l’obscurité. Je secoue alors doucement la tête, tandis que je baisse la tête. « C’est dégueulasse ce qu’on fait. » je laisse finalement échapper, alors que je redresse le visage, le tournant dans sa direction pour plonger mon regard dans le sien. Je hausse brièvement les épaules, comme pour montrer que je ne suis pas tout à fait sûr de ce que j’avance. C’est vrai en même temps. Car si j’ai une petite pensée pour ma cavalière en ce moment même, je ne suis tout de même pas certain de vouloir la rejoindre. Hormis pour faire bonne mesure ou pour échapper à cette chaleur oppressante qui commence à m’envahir, lorsque je me trouve auprès de la blonde. « Enfin, je veux dire, on a accepté d’être leurs cavaliers et on fuit comme des peureux ? » Me détachant de la rambarde, je continue à fixer la jeune femme, droit dans les yeux. Avec toutes les conneries que nous avons déjà faites ensemble, il est difficile de penser que nous puissions nous cacher pour échapper à des personnes que nous n’avons à supporter qu’une seule soirée au final. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer après tout et puis, nous leur avons quand même fait la joie d’accepter d’être leurs cavaliers, alors peut-être n’avons-nous pas le droit de nous enfuir ainsi à la manière de lâches. Pas alors qu’il n’y a en jeu qu’une seule soirée. Enfin, ceci-dit, je ne considère pas du tout Hester comme une lâche. Car si elle a été la première à se rendre à l’extérieur, c’est tout de même moi qui lui ai proposé que nous sortions. Ce pourquoi je me sens sans doute un peu coupable. « On vaut mieux que ça. » je lui souffle sans réelle modestie, mais lui montrant bien à mon sourire que je n’ai pas encore un ego assez surdimensionné pour prendre mes propres paroles, cent pour cent au sérieux. « Et puis, ça nous fera des choses à raconter demain. Comment ton cavalier t’aura merveilleusement écrasé les pieds au cours d’un slow et comment ma cavalière aura magnifiquement finie dans les bras d’un autre. Parce que je ne doute pas qu’elle va finir par me trouver tellement chiant qu’elle va finir par se trouver un autre cavalier. » Un sourire triomphant se dessine sur mon visage. Autant parce que je sous-entends que je ne vais pas avoir à finir la soirée avec ma cavalière contrairement à Hester, mais aussi parce que c’est une sorte de nouvelle pique à l’attention de la blonde. Comme quoi je ne suis pas quelqu’un d’aussi bien qu’elle semble le prétendre. « Ce sera drôle. » Je hoche doucement la tête, comme pour appuyer mes paroles, bien que je ne suis pas sûr moi-même que ce le sera. Si ça se trouve, nous allons tous deux finir en larmes dans les bras l’un de l’autre, à pleurnicher que ce bal de noël consistait la pire soirée de notre vie. Enfin, pour la blonde qui a l’habitude de passer noël en famille, on ne doit pas pouvoir faire pire catastrophe. Alors que pour moi, qui ai l’habitude de rester à Poudlard, m’ennuyant souvent à ne rien faire ; cela représente tout de même un divertissement, aussi léger soit-il. De toute façon, il est fort peu probable que nous finissions en larmes, alors rien ne sert de débattre là-dessus. « Pour te donner du courage. » je lui glisse alors, tandis que je viens délicatement embrasser son front, avant de l’étreindre un instant. A la façon d’un argument ultime. Alors que je me détache d’elle, je me permets de lui adresser un sourire, avant de l’entrainer à ma suite vers l’entrée du château. Bien décider à l’accompagner jusqu’à ce que nous soyons obligés de nous séparer.