Daley était d'humeur joueuse, il avait envie de jouer et son jouet préféré ces derniers temps, c'était la douce, innocente et petite Eden, l'élève de septième année à qui il avait commencé à donner des cours quelques semaines plus tôt pour l'aider à se battre, à se défendre, à riposter, à se forger une carapace aussi dure que la sienne. Il avait bien l'intention de la former pour ne plus jamais la voir s'évanouir comme elle l'avait fait lors de leur petite rencontre dans le couloir. Elle était alors encore fragile et délicate mais il sentait qu'à mesure qu'ils avançaient dans leurs entraînements, elle gagnait en confiance et en y pensant au repas du soir, un étrange sourire lui vint sur les lèvres. Sourire qu'il chassa immédiatement en secouant la tête, ne souhaitant pas passer pour un idiot devant la Grande Salle toute entière. Voilà qu'il se mettait bêtement à sourire en pensant à la jeune Eden Fitzgerald, il avait définitivement un manque à combler dans sa vie, peut-être passerait-il voir Pandora après le cours de ce soir, il devenait un peu trop nostalgique, il avait besoin d'action, de bouger, de se défouler et la jeune femme lui offrait tout ça à la fois en général. Il n'y avait donc aucune raison qu'il s'en prive. Et cette fois, le sourire qui traversa son visage fut tout à fait différent, ce qu'il ne remarqua pas tout de suite. Il finit son repas avant de quitter la salle, prétextant un trop plein de copies à corriger pour se permettre une ronde ce soir, ce qu'il fit rapidement comprendre aux Carrow, il avait d'autres chats à fouetter et son petit chat ce soir, c'était Eden. Daley était un sadique, il l'avait toujours été depuis qu'il était devenu mangemort. Il avait appris à l'être du moins, parce qu'il n'était pas né ainsi, heureusement pour ses camarades à l'époque de Poudlard parce qu'il avait découvert qu'en matière de torture, il avait une imagination débordante et s'il aidait Eden à se secouer les puces et à apprendre à se battre, il se délectait parfaitement de ses entraînements, uniquement pour le plaisir de la voir suer, souffler, reprendre sa respiration difficilement, se tenir les côtes, les bras, frotter ses bleus ou voir ses yeux s’agrandir d'effroi lorsqu'il se montrait un peu trop sévère, voire menaçant. Il aimait ça et il était loin d'être un tendre agneau, elle était venue le trouver, elle lui avait demandé son aide, elle voulait apprendre et il s'en était donné à cœur joie, il n'était pas question de passer à côté d'une occasion pareille de s'amuser, de se distraire un peu.

Mais il devait avouer, que la détermination de cette petite brunette l'impressionnait, ou au moins lui forçait le respect. Elle n'avait jamais rien lâché, elle avait tout accepté sans broncher, ses exercices, aussi douloureux et humiliants puissent-ils être, ses remarques, ses critiques, ses méchancetés, son caractère imbuvable, son ironie, ses crises de colère lorsqu'elle échouait, sa fermeté, ses mots cassants, blessants. Elle avait tout encaissé, malgré ses larmes aux yeux, ses membres tremblants et douloureux, elle était d'une force d'esprit qui le stimulait à la pousser toujours plus loin. Il savait qu'elle voulait l'impressionner, ne pas se laisser faire par le grand méchant mangemort et plus elle lui résistait, plus il était violent, un cycle infernal qui n'avait pas de fin, il ne se lassait jamais et elle n'abandonnait jamais. Un jeu qu'il savourait, qu'il appréciait, et, à sa grande surprise, qu'il attendait avec impatience. Voilà des années qu'une femme n'avait pas capté son attention à ce point, il oubliait les visages, les noms de celles qui passaient dans son lit, elles n'étaient pas importantes, elles ne passaient que quelques heures en sa compagnie et aucune n'arrivait à durer parce que Daley se lassait facilement, il n'était pas constant, il n'aimait pas la durabilité, surtout dans une relation. La seule à avoir réussi était Pandora jusqu'ici mais leur relation avait quelque chose de particulier, de piquant, de mordant, quelque chose qui pour la première fois, attirait son attention. Pandora n'attendait rien de lui, elle ne voulait pas son cœur, uniquement son corps et ils s'amusaient ensemble, comme deux adolescents parfois mais il s'amusaient toujours beaucoup et elle était la seule. Jusqu'à Eden. Bien sûr, la relation était platonique, même s'il ne l'appelait plus guère « Fitzgerald comme il le faisait au début mais plus par son prénom à présent. Ils avaient une sorte de complicité bien à eux, pourtant Daley ne se laissait jamais avoir par ces jeux, il était concentré, il pensait que rien ne pouvait l'atteindre et pourtant, la considérer comme intéressante était déjà dangereux en soit. Eden était une femme dangereuse pour sa santé mentale mais ça, il ne le savait pas encore.

C'était donc en toute insouciance qu'il se posa juste devant l'entrée de la salle commune des Poufsouffle une heure avant le couvre-feu et dix minutes avant le rendez-vous qu'il avait avec Eden. La surprendre était également devenu un jeu pour lui, un jeu dangereux qui impliquait une certaine émotion mais Daley était trop confiant, il pensait que rien ne pouvait le toucher, jamais. Il savait qu'il faudrait dix minutes à Eden pour quitter les cachots et se rendre dans son bureau, la raison pour laquelle il était là pile à l'instant où le tableau pivotait sur la brune. Il était adossé au mur en face, bras croisés, dans la pénombre d'un cachot et il se mit à parler avant qu'elle ne puisse le voir, sinon, la surprise était gâchée. « Toujours très ponctuelle. » Annonça-t-il d'un ton plat, avec pourtant un sourire au coin des lèvres. Eden avait appris à ses dépends les premières fois qu'il détestait les retards mais qu'il abhorrait presque autant les gens en avance. Elle avait appris à arriver à l'heure qu'il lui avait fixé, ce qu'il avait vite apprécié chez elle. Il n'était pas nécessaire de lui répéter cent fois les choses. Il désigna le couloir d'un mouvement de tête avant de lui dire. « J'ai oublié que je devais prendre deux-trois trucs pour notre entraînement de ce soir, tu m'accompagnes ? » Si ça avait l'air d'être une question, il n'en était rien parce qu'il avait déjà fait quelques pas dans le couloir avec la certitude qu'elle le suivrait. Cela faisait partie de leurs entraînements. Il avait l'intention de la faire travailler un peu ce soir. Depuis quelques temps, Daley jouait de plus en plus, quitte à s'approcher des limites de ce que la bienséance lui imposait. Il ne voyait pas le danger, il se pensait au dessus de ce genre de risque. Il ouvrit rapidement la porte d'un cachot où un fouillis régnait. Il invita la jeune femme à entrer avant de refermer la porte. Il alluma les chandelles un peu partout avant de chercher l'objet dont il avait besoin. Il finit par le trouver et s'adressa une nouvelle fois à la jeune poufsouffle. « Le mannequin sous les piles de cartons, il me le faut et j'ai peur de m'être foulé le poignet en cours tout à l'heure, tu veux bien ? » Inutile de préciser qu'il avait sa baguette et que elle aussi, parce qu'il s'empressa d'ajouter. « A la main évidemment, j'ai peur que la magie fasse s'effondrer le toit sur nos têtes. » Il n'avait pas peur de grand chose et il était évident qu'il n'avouait jamais quand c'était le cas et ces simples mots signifiaient qu'il s'amusait et que rien de tout cela n'était sérieux. Une façon de plus de la tester, de la pousser à se dépasser. Comme extraire un mannequin d'une pile de cartons sans tout se prendre sur la tête et en ayant la force d'aller jusqu'au bout. La soirée ne faisait que commencer évidemment. « Il faudra le porter jusqu'à mon bureau pour pouvoir commencer l'entraînement. » Ajouta-t-il en insistant sur le mot « porter » pour la dissuader de sortir sa baguette trop tôt. Il jouait, il adorait ça et s'en délectait. Il s'appuya contre le mur, il voulait la voir à l’œuvre, il était devenu un drogué de ses réactions, de sa façon de faire, de se débrouiller, de lui répondre. Une femme très dangereuse la petite Fitzgerald, mais pris dans son jeu, Daley ne voyait pas le danger venir.

Rasant les murs encore et encore, la situation n'avait pas vraiment changé ces dernières semaines entre les murs de Poudlard. Mis à part qu'aucun ennuis ne m'étais arrivé depuis l'incident. Les élèves devaient sans doute croire que j'étais sous l'aile du professeur O'Donnell.  Ce qui était à moitié vrai. Cependant, je continuais à me fondre dans la masse, pas encore prête à affronter les autres. J'avais eu la lumineuse idée de le supplier de m'enseigner son savoir, pour que je puisse enfin me défendre. Pour que je ne me mette plus à trembler dés qu'un groupe d'adolescents s'approche de moi. J'attendais chaque entraînement avec appréhension, même une certaine peur de ce qui pouvait m'attendre pendant cette nouvelle séance, mais aussi avec excitation. Celle d'apprendre encore et encore. Même si il était bien plus sévère et froid qu'en cours. Me maltraitant la plupart du temps. Mais je ne pouvais pas lâcher prise, il me fallait être forte et résister à ses paroles acerbes, piquantes, et impitoyable. Son caractère, ses crises de colères et ses moqueries me rappelaient à chaque instant, qu'il était un mangemort. C'était clair et net. Je me forçais souvent à ne pas pleurer, même si les larmes étaient souvent proches de la porte de sortie. Moi, j'avais un caractère facile à vivre, j'encaissais presque tout sans broncher, retenant tout pour moi et ne montrant rien à personne, jamais. Il y avait aussi le secret que je cherchais à tout prix à protéger : le fait que je sois une née moldue. Si il venait à être découvert, je voulais savoir me défendre, même si je me battais bec et ongles pour qu'on me croit sang pur tout comme mes cousins. Si j'arrivais à affronter mon professeur, à me défendre, à lui répondre, je n'aurais aucun mal à le faire face à mes camarades de Poudlard. C'est ce que je me répétais pour pouvoir tenir lors de ses séances d’entraînements. Parfois, je vivais tout cela comme de la torture, mais il me fallait au moins cela pour m'endurcir et moins craindre le monde extérieur, à la fin de mes années à Poudlard. Car oui, les élèves étaient terribles, mais le monde des adultes étaient bien plus noir et dur. Surtout avec le mage noir, et ses « fidèles » serviteurs dans les parages. La journée avait filé assez rapidement, à mon plus grand plaisir. Je savais qu'après mon repas dans la Grande Salle, je devais être pile à l'heure devant la porte du bureau du professeur O'Donnell. Avant de m'éclipser de la Grande Salle, je lançais un regard rapide au niveau de la table des professeur pour m'assurer que Daley y était encore. Au moins, j'avais un peu d'avance sur ce dernier. Mon esprit s'interrogeait en parallèle sur ce qu'il m'avait concocté pour ce soir. Il fallait dire qu'aucun entraînement ne se ressemblait, comme s'il se creusait la tête pour trouver une nouvelle façon de m'en faire baver et de me torturer.

Je remontais alors dans mon dortoir pour pouvoir terminer les devoirs que les professeurs nous avaient donnés durant la journée. Cependant, je ne perdais pas de vue l'horloge. Hors de question d'arriver en retard, il me l'avait bien fait comprendre. Il n'avait pas eu à me le répéter deux fois, vu la crise de nerf qu'il avait piquer. C'est donc dix minutes avant l'entraînement que je descendais du dortoir, traversant la salle commune. J'inspirais un bon coup avant de franchir le portrait, comme pour enlever toute la pression que je me mettais pour faire le mieux possible, voir même impressionné mon mentor. C'était stupide, mais c'était un début à mon ascension, même si je ne voyais pas encore le bordel qui allait se former autour de moi dans un avenir proche. Et alors que je franchissais le portrait, une voix s'éleva d'un recoin sombre des cachots. « Toujours très ponctuelle. » . Frisant la crise cardiaque, je m'étais vite reprise en reconnaissant facilement la voix de Daley. Ma respiration reprit enfin un rythme normal, à mon plus grand soulagement.  « J'ai bien appris ma leçon », répondis-je, doucement, d'un ton aussi plat que le sien. Je prenais toujours le soin de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler, comme disait le proverbe moldu, en sa présence. Je n'avais aucune envie de déclencher sa colère trop prématurément. « J'ai oublié que je devais prendre deux-trois trucs pour notre entraînement de ce soir, tu m'accompagnes ? » , me demanda t-il en me désignant le couloir d'un mouvement de tête. Je savais que je n'avais pas le choix, et que j'étais obligée de l'y accompagner. Je hochais alors la tête en signe d'approbation, et lui, était déjà engouffré dans le couloir. Je le suivis donc, restant un peu en arrière, ne marchant pas à sa hauteur. Cela aurait eu l'air bien trop amical, et suspect selon mes critères.

Il ouvrit la porte d'un cachot, m'invitant à l'intérieur, et je savais bien que j'allais en prendre pour mon grade. J'avais un mauvais pressentiment. Une fois, les chandelles allumées et les « trucs » trouvés, il s'adressa une nouvelle fois à moi. « Le mannequin sous les piles de cartons, il me le faut et j'ai peur de m'être foulé le poignet en cours tout à l'heure, tu veux bien ? »  , et alors que ma main se dirigeait vers la poche de ma robe pour prendre ma baguette, il enchaina. « A la main évidemment, j'ai peur que la magie fasse s'effondrer le toit sur nos têtes. » . J'avais eu raison, mon instinct avait été juste. Je retenais un soupir d'agacement. J'avais toujours l'impression de passer pour une imbécile. Je hochais une nouvelle fois la tête.  « OK. », répondis-je. La petite fille moldu avait fini par refaire surface. Pendant des années, j'avais vécu sans magie et j'avais eu du mal à faire disparaître les vieilles habitudes.  Et comme, j'étais la plupart du temps avec ma grand mère qui ne pouvait pas marcher, elle avait toujours besoin de mon équilibre pour aller lui chercher des « trucs ». J'évaluais lentement la situation, les mains sur les hanches, cherchant la faille dans les cartons qui pouvait tomber à tout moment. « Il faudra le porter jusqu'à mon bureau pour pouvoir commencer l'entraînement. » , ajouta t-il. Évidemment la torture ne s'arrêtait pas là, à mon plus grand désarroi. Heureusement, le mannequin était juste au dessus de ma tête, j'allais pouvoir l'atteindre en montant sur un simple carton ou une chaise. Je regardais autour de moi, en trouvant rapidement une chaise, je portais cette dernière puis grimpais dessus pour pouvoir être à la hauteur du mannequin. Bien évidemment, il était coincé entre un tas de cartons. Je tirais dessus, l'amenant vers moi lentement. Les cartons commencèrent à venir à leur tour. Je tirais alors le mannequin d'une main puis je repoussais les cartons de l'autre, en prenant mon temps. Je devais avouer que je n'avais pas une grande force alors forcément, c'était assez pénible comme « exercice ». Le poids du mannequin se fit sentir et il m'échappa des mains, tombant à terre aux pieds, ébranlant ma chaise. Je retins quelques jurons, surveillant les cartons du coin de l’œil. Mais aucun ne sembla vouloir tomber à son tour, à mon plus grand soulagement. Je descendis de mon piédestal, attrapant le mannequin à terre. Je pliais un peu sous son poids, mais je tins bon.   « On y va ? », demandais-je doucement.

Daley ne se serait jamais imaginé ressentir autant de plaisir et d'amusement à donner des cours supplémentaires. Lui qui avait accepté dans un élan qu'il n'arrivait pas encore bien à définir, il avait agi instinctivement à la demande de Eden, comme si lui dire non n'était pas une option envisageable au moment où elle lui avait posé la question. Et pourtant, lorsqu'il avait accepté le poste de professeur des forces du mal en début d'année, il s'était imaginé donner des cours et passer le reste de son temps à exécuter froidement et comme depuis toujours son devoir de mangemort. A aucun moment, il n'avait imaginé qu'il donnerait des cours supplémentaires aux élèves et encore moins à des causes désespérées telles que Eden. Parce qu'il fallait bien l'avouer, à leur premier entraînement, rien n'était gagné. Elle était maladroite, complètement à côté de ses pompes, elle savait à peine se défendre, à croire que les cours qu'elle avait suivi pendant sept ans ne lui avaient servi à rien. Il fallait aussi dire que Daley n'employait pas des sorts conventionnels et il ne se gênait pas pour lui en apprendre un ou deux qui ne manqueraient pas de refiler quelques cheveux blancs supplémentaires à cette bonne vieille McGonagall. Mais Eden avait besoin de cet entraînement, il lui fallait apprendre à se battre pour que les serpentards cessent de la persécuter. Et même s'il avait l'impression que suite à la dernière altercation, son message était plutôt bien passé, il préférait parer à toute éventualité. Et voilà comment il s'était retrouvé à aider une poufsouffle inoffensive et à s'amuser de ses réactions face à ses entraînements corsés. Et tandis qu'il s'adossait au mur le plus proche pour la voir à l’œuvre, un lent sourire se dessinait sur ses lèvres, quelque chose d'assez rare chez lui. Elle était courageuse et téméraire, elle en voulait, elle avait envie de lui prouver qu'elle pouvait se donner à fond et c'était bien dans ce sens qu'il la poussait sans cesse, il voulait qu'elle se donne à fond et qu'elle ne lâche jamais rien. Pourquoi ressentait-il ce besoin si pressant de la voir se battre et se défendre convenablement ? Il n'en avait pas la moindre idée mais la regarder se débattre avec le mannequin sous la pile d'objets à découvrir l'amusait plus qu'il ne l'avait imaginé. Il sifflotait doucement, comme pour lui mettre une sorte de pression supplémentaire. Il déciderait bientôt qu'elle était trop lente et qu'elle avait échoué, la renvoyant dans son dortoir sans le moindre entraînement comme un enfant puni de dessert après une bêtise. Alors, il comptait dans sa tête le temps qu'il était prêt à lui accorder lorsqu'elle réussit sa mission, non sans quelques frayeurs. Mais pas à un seul moment Daley n'esquissa le moindre geste pour lui venir en aide. Si elle devait être écrasée par le poids des cartons ou tomber parce qu'elle avait laissé échapper le mannequin, il ne manquerait pas de lui faire remarquer son incapacité au lieu de l'aider à se relever. Il ne fallait pas compter sur Daley pour être un gentleman, il avait perdu ses manies depuis longtemps, depuis le jour où on lui avait gravé la marque sur le bras. Évidemment, son petit air sifflé s'arrêta lorsqu'elle mit les deux pieds par terre et il hocha la tête en signe de contentement avant de la voir porter le mannequin. Son bureau était au troisième étage, une trop courte distance selon lui mais il leur fallait passer au véritable entraînement, il aurait d'autres façons de la tester plus tard. Un sourire en coin atterrit sur ses lèvres lorsqu'elle demanda. « On y va ? » Il désigna la porte d'un simple mouvement de tête et son sourire s'élargit. « Après toi. » Il n'avait pas l'intention de lui épargner quoi que ce soit, le moindre petit effort serait pour elle et pas question pour lui de lui ouvrir la porte comme s'il était un homme attentionné. Et puis quoi encore ?

Une fois tous les deux dans le couloir encore désert des cachots, Daley lui fit signe de passer devant cette fois. Elle était chargée et ses mouvements étaient diminués et même s'ils ne risquaient rien à Poudlard, son désir de contrôle l'obligeait à assurer les arrières de la demoiselle sans vraiment s'en rendre compte ou comprendre sa réaction. Et puis, il ne voulait pas arriver au bureau trop tôt, il voulait évaluer la façon dont elle supportait cette épreuve. Loin de se douter qu'elle était habituée à être privée de magie, évidemment. « Traites-le avec le plus grand soin, c'est ton adversaire de ce soir. » Annonça-t-il tout en marchant, trouvant une nouvelle bonne raison de l'avoir laissé passer devant : elle sera obligée de se débrouiller avec chaque porte qu'ils pourraient rencontrer, une nouvelle façon de se délecter de tout ceci. La chose inhabituelle ce soir, c'était la présence d'un mannequin. Jusqu'à présent, Daley avait toujours donné de sa personne pour affronter Eden en direct et leurs duels étaient toujours l'un contre l'autre, il n'avait jamais eu recours à des accessoires et encore moins à un mannequin capable de se mouvoir comme un sorcier. Il préférait affronter lui-même la jeune femme mais il avait des projets bien différents pour ce soir, il avait des idées derrière la tête et il avait bien l'intention de les mettre à exécution. Il n'avait jamais encore réussi à lui fournir deux fois le même entraînement et pour cela, il était fier. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il se donnait tant de mal et dépensait tant d'énergie. Chaque soir après avoir corrigé ses copies, il se mettait à imaginer le prochain entraînement avec la jeune femme et une foule d'idées lui venaient par vague, si bien qu'il était obligé de les noter pour être sûr de les mettre en place un jour. Mais il se cachait derrière l'excuse toute trouvée de son désir de torture. Il voulait voir la jeune femme souffrir un peu plus, se dépenser toujours plus et pour cela, il était d'une imagination débordante, il fallait bien l'avouer. Alors il ne se privait pas pour innover, sans se rendre compte qu'il y mettait parfois peut-être trop de soin justement. Il aurait dû faire attention mais en maniaque du contrôle, il était persuadé que rien ne pouvait l'atteindre et sûrement pas une adolescente de dix-sept ans, surtout pas elle d'ailleurs.

Après quelques minutes et de nombreuses marches plus tard, que Daley ne ressentit pas de la même façon que la jeune femme, il en était sûr, ils finirent par arriver devant son bureau. Cette fois, il prit les devants, dépassant la poufsouffle pour déverrouiller la porte de son antre et la faire entrer en s'effaçant dans l'entrée. Une fois arrivés, Daley lui fit signe qu'elle pouvait poser le mannequin où bon lui semblerait et il s'empressa de rejoindre son bureau sur lequel il prit place, avec nonchalance. D'un coup de baguette, il se mit à animer le mannequin que la jeune femme venait de porter avec aisance. « Considères cet entraînement comme une évaluation de fin de mois, j'ai besoin de savoir tout ce que tu as retenu et je ne peux pas bien le faire si c'est moi que tu combats. Tu vas donc te battre contre ton nouvel ami, j'espère que vous avez fait connaissance. » Lança-t-il avec humour. S'il semblait particulièrement de bon humeur, il fallait toujours se méfier avec lui, il avait tendance à changer d'avis comme il changeait de dessous et pour l'instant il faisait de l'humour mais la seconde d'après, il pouvait très bien se mettre en colère et se renfermer dans sa froideur habituelle. Il le savait mais surtout, Eden le savait. L'humour, la bonne humeur n'étaient que des façades parce qu'il était ravi de pouvoir la torturer un peu plus, absolument pas parce qu'il passait une nouvelle heure en sa compagnie. Tandis qu'il réfléchissait aux sorts par lesquels ils pouvaient commencer, il se mit à faire tourner en rond le mannequin dans la salle, obligeant la jeune femme à se poser au centre de la pièce pour décrire des cercles autour d'elle. « Le but c'est que la semaine prochaine, tu puisses affronter deux adversaires en même temps alors il va falloir que tu me mettes celui-là complètement KO pour passer à l'étape suivante. Sinon, je te renverrais en cours de botanique première année pour le reste de la semaine. » Ajouta-t-il avec un petit rictus parce qu'il était tout à fait capable de le faire évidemment. Mais avant de commencer, il attendit de voir si elle était prête et si elle avait la moindre question, il n'attaquerait pas en traître cette fois comme toutes les autres entraînements, il voulait l'évaluer, pas la piéger, chose assez rare. En revanche, il n'était pas sûr qu'elle ressorte complètement indemne de cet entraînement, il l'avait particulièrement corsé.

A chaque entraînement, et malgré le fait que Daley soit froid, qu'il me pousse dans mes retranchements, j'avais été étonnée qu'il n'abandonne pas la tâche après notre premier entraînement. En effet, j'avais toujours été loin d'être douée avec les forces du mal, évitant toujours de participer en cours. Certains étaient prédisposés, alors que moi, je n'étais que maladroite et élevée par des parents moldus durant toute mon enfance. Pourtant, il s'était acharné à faire entrer quelque chose dans mon crâne. Ce qui semblait marcher car, il n'avait pas piquer une crise de colère lors de notre entraînement précédent. Et contrairement à ce que j'aurais pu penser, je n'avais pas abandonné non plus. Je voulais qu'il sache que j'étais capable de faire tout ce qu'il m'apprenait comme tout le monde, espérant inconsciemment dépassé le maître, un jour. Alors que je vacillais sur ma chaise pour attraper le mannequin qui croulait sous les cartons, et les objets, je savais qu'il ne viendrait pas m'aider. C'était un mangemort, après tout, de plus, il se contenterait de me laisser à terre en me renvoyant dans le dortoir sans entraînement. Au bout de quelques instants, il s'était mis à siffler, comme s'il s'amusait en me regardant me débattre avec le mannequin. Je retins un soupir d'agacement. Je n'avais pas envie de déclencher sa colère trop prématurément. En posant un pied à terre, je fus ravie, car premièrement j'avais réussi, et deuxièmement parce qu'il avait arrêté de siffler.  Je lui demandais, presque victorieusement, si nous pouvions partir. « Après toi.  », me répondit-il. Il avait vraiment envie de me faire passer un entraînement moldu ? Il ne savait sans doute pas ce que c'était de vivre sans baguette. Quand bien même, je ne dis rien de plus, et m'attelais à ouvrir la porte du cachot. Je posais le mannequin contre le mur, avant d'ouvrir la porte et de le traîner à ma suite. Si il croyait me mettre en difficulté, pour le moment, il se mettait le doigt dans l’œil. Bien entendu, en ce temps de guerre, je ne pouvais me vanter d'être née parmi le moldu, c'était dangereux et en plus, être une « sang-de-bourbe » ne me donner pas tellement le loisir de fanfaronner. Le mannequin sous le bras, je marchais plus lentement qu'à mon habitude, et le fait que Daley soit quelques pas derrière moi ne me rassurait pas tellement. Le temps passait avec lui m'avait rendue méfiante. « Traites-le avec le plus grand soin, c'est ton adversaire de ce soir. », déclara t-il avec le plus grand sérieux. Je baissais les yeux sur le mannequin, et je me demandais ce qu'il avait bien pu me concocter comme entraînement, ce soir.  Mais pour le moment, ma seule préoccupation était de me débrouiller avec le mannequin. Chaque escalier à gravir, chaque porte étaient des embûches sur le parcours qui menait jusqu'au bureau du professeur. Bien sûr, le fait que je sois à habituée à me débrouiller sans magie, me donne un avantage, mon souffle se faisait un peu plus erratique. Et lorsque j'entrais dans le couloir du troisième étage, je soufflais presque de soulagement. Mais je n'en fis rien, de peur de déclencher une envie de complications de mon entraînement auprès de Daley.

Pour entrer dans son bureau, ce fut lui qui prit les devants. Il déverrouilla la porte. Je ne tardais pas  à le suivre à l’intérieur. Je ne me fis pas prier pour déposer le mannequin qui me gênais depuis le début. Quelques secondes plus tard, et alors que Daley s'était installé à son bureau, l'être de plastique s'anima. « Considères cet entraînement comme une évaluation de fin de mois, j'ai besoin de savoir tout ce que tu as retenu et je ne peux pas bien le faire si c'est moi que tu combats. Tu vas donc te battre contre ton nouvel ami, j'espère que vous avez fait connaissance. », m'annonça t-il. Je n'avais jamais eu l'occasion de le voir assis à son bureau durant n'importe quelle séance qui s'était déroulées dans cette pièce. En y pensant, Daley était déjà sans pitié lorsqu'il combattait lui-même, qu'est-ce-que cela allait donner alors qu'il était encore plus concentré sur sa tâche ? Je déglutis rapidement, alors que le mannequin animé par mon professeur tournait autour de moi comme un vautour, m'obligeant à m'installer au centre de la pièce. A mon plus grand déplaisir.  « Faire connaissance est un bien grand mot, professeur. », soufflais-je, doucement. Je ne lui répondais jamais avec insolence, du moins, je l'espérais, mais ces changements d'humeurs étaient tellement soudain que je préférais attendre le bon moment. « Le but c'est que la semaine prochaine, tu puisses affronter deux adversaires en même temps alors il va falloir que tu me mettes celui-là complètement KO pour passer à l'étape suivante. Sinon, je te renverrais en cours de botanique première année pour le reste de la semaine.  », continua t-il. La pression commença à monter lentement mais sûrement, au niveau de mon cerveau. Il ne fallait pas que je rates cet 'examen', sinon, c'était comme si je n'avais rien appris au cours de ces entraînements. Je ne devais pas décevoir Daley, et ne pas me décevoir moi-même.   « D'accord. », fut le seul mot qui parvint à sortir de ma bouche, et franchir la barrière de mes lèvres. Je sortis enfin ma baguette, prête à affronter l'épreuve qu'il m'avait concocté.

Voir Eden se débattre avec son petit mannequin, entendre son souffle se faire plus prononcé et sa respiration plus rapide le ravissait au plus haut point tandis qu'ils gravissaient les marches des différents étages, qu'ils franchissaient les portes des différentes pièces et qu'ils marchaient le long des couloirs qui menaient à la son bureau. Il savait que ce n'était que le début de ce qu'il lui avait préparé et il s'en réjouissait d'avance. Il avait très peu l'occasion de faire parler la part de sadisme qui sommeillait en lui, il était sévère avec les élèves pendant ses cours mais jamais cruel et Eden attisait en lui un feu qu'il était ravi d'entretenir en l'entraînant toujours plus intensément à chaque fois. Le fait qu'elle ne se plaigne pas, ne soupire pas ou ne fasse aucune remarque désobligeante était tout à son honneur, il savait apprécier ses efforts quand elle en faisait et la réprimander lorsqu'il la trouvait trop molle, trop lente et pas assez réactive, ce qui arrivait assez souvent parce que Daley restait un éternel insatisfait de la vie. Il aimait la voir se donner à fond, comme à chaque fois qu'il enseignait quelque chose à quelqu'un, il avait besoin de savoir qu'il ne le faisait pas pour rien mais au vu des progrès de la jeune femme, il ne pouvait pas dire qu'il perdait son temps, il savait qu'elle faisait tout ce qu'elle pouvait. Quoiqu'il ne se privait jamais pour lui dire de manière désagréable ce qu'il pensait de certaines de ses efforts pour qu'elle se donne plus encore. Il ne l'avait jamais complimenté, félicité, il se contentait de lui faire toujours une remarque, jamais content, parfaitement insatisfait de son travail mais c'étaient uniquement des tests pour mieux la mesurer à ses propres avancées. Et c'est pourquoi il avait décidé, ce soir, d'évaluer tout ce qu'elle avait pu apprendre et retenir pour passer à une étape suivante, il voulait augmenter la difficulté. La dernière fois qu'elle s'était retrouvée face aux serpentard, ils étaient plusieurs et en combat singulier, il était facile de se défendre, il était bien plus compliqué de faire face à deux adversaires en même temps. Ce à quoi Daley voulait la confronter un peu, ce qu'il ne tarda pas à lui expliquer une fois installé dans son bureau, lui tranquillement assis tandis qu'elle jaugeait son nouvel ennemi. Il eut un sourire en coin en la regardant. « Faire connaissance est un bien grand mot, professeur. » Il hocha légèrement la tête, sans se départir de son petit sourire moqueur. « Vous aurez du temps pour ça, dans ce cas. » Et elle allait apprendre à connaître son adversaire qui n'était autre que lui-même, il aurait les mêmes sorts, les mêmes techniques que lui parce que Daley n'avait qu'une seule façon de se battre et elle avait déjà eu à faire à lui, le mannequin ne serait pas différent de sa manière de travailler. « D'accord. ». Il pouvait le voir, elle n'était pas rassurée à l'idée de ne pas l'affronter, ce qui était assez étrange. Il aurait eu plus peur face à lui-même pour sa part mais dans la mesure où il ne serait pas pleinement impliqué dans le combat, il serait d'autant plus attentif à ses réactions et à la façon de contre-attaquer. Il était vrai qu'il pouvait donc se montrer bien plus redoutable quand ce n'était pas lui qui combattait directement, il allait certainement lui en faire voir de toutes les couleurs. Mais elle ne montrait pas son anxiété, du moins pas totalement. Elle observait le mannequin qu'il faisait toujours tourner autour d'elle comme un rapace autour de sa proie et il jugea rapidement qu'elle était prête au combat.

Et il ne se priva pas pour lui faire toute la démonstration de ce qu'ils avaient appris jusqu'ici. S'il commença par des sortilèges simples qu'elle n'eut aucun mal à contrer, juste pour voir si elle les maîtriser à la perfection, il ne tarda pas, au bout de quelques minutes, à corser doucement l’exercice par des sorts plus complexes et plus dangereux. C'était un principe, si elle ne se sentait pas en danger, elle ne pourrait pas donner toute son énergie à le contrer et il décida de ne pas s'arrêter, de ne pas lui laisser le moindre répit, il n'avait pas besoin de se reposer puisqu'il était toujours sagement installé sur son bureau et la plupart des sorts qu'il envoyait étaient informulés, ce qui rendait la tâche à Eden beaucoup plus difficile mais elle avait l'habitude, il n'utilisait guère plus les sortilèges à voix haute, sauf pour les plus complexes, il avait trop pris l'habitude de passer par la voix du silence pour changer de technique. Il faisait quelques efforts pour qu'elle voit venir les impacts mais le but n'était pas vraiment de lui faciliter la tâche. La première partie de l'entraînement dura plusieurs minutes, en réalité, il ne compta pas vraiment un temps imparti avant de faire une pause, il jaugeait plutôt des réactions de la jeune femme. Il voyait bien qu'elle s'épuisait au fur et à mesure et s'il ne l'avait pas encore véritablement blessé, elle était pourtant fatiguée, elle serait bientôt à bout de forces pour continuer à combattre et commencerait à se fatiguer inutilement et à laisser les sortilèges l'atteindre. Et même s'ils partaient du principe qu'en combat réel, l'ennemi ne laissait guère le temps à son adversaire de faire une pause, ils n'étaient pas en combat réel et il avait largement dépassé la limite de ce qu'elle était capable de supporter, il le voyait à son souffle rapide et à ses cheveux qui commençaient à coller de transpiration dans son dos. Il stoppa tout mouvement, le mannequin se mettant tout à coup sur pause, sans prévenir et sans le moindre signe annonciateur. Un coup d’œil à sa montre lui indiqua que le petit duel improvisé avait duré plus de dix minutes et il fut satisfait de ce score, mais évidemment, il n'en montra rien. Il prit une mine ennuyée, comme exaspéré. « Ce n'était qu'un début et j'ai pourtant l'impression que je devrais appeler ma grand-mère pour qu'elle prenne la relève. » Annonça-t-il, sans plus d'ironie dans la voix. Il était plus cassant, parce qu'il ne voulait pas qu'il voit qu'il était plus ou moins satisfait de ce qu'elle venait de faire. Hors de question de lui faire le moindre compliment, il lui fallait la pousser à bout et cela passait souvent par les paroles et pas toujours par les actes. Il pouvait être odieux quand il le voulait, c'était une caractéristique que la jeune femme avait très vite apprise. Jamais un mot gentil, il était hors de question de se montrer prévenant maintenant. « Si tu veux que je la fasse venir pour qu'elle t'apprenne la rapidité et la réactivité, ce sera avec plaisir, c'est une femme charmante. » Ironisa-t-il pour appuyer son propos. Sa grand-mère était sûrement une femme charmante mais il n'en avait jamais connu aucune des deux, il bluffait, même si elle n'avait aucun moyen de le vérifier évidemment. Il alla même jusqu'à mimer un bâillement, comme si le combat l'avait profondément endormi au lieu de le stimuler comme cela aurait dû être le cas.

Il se redressa légèrement sur son bureau avant de se lever et se diriger vers son élève. Il lui tourna autour quelques instants comme il l'avait fait faire au mannequin avant de s'approcher un peu plus d'elle. Il passa rapidement une main dans son dos et appuya avec ses doigts sur un point sensible au creux de ses reins pour qu'elle redresse le buste. « Si tu te ramollis ne serait-ce qu'un seul instant en combat réel, tu signes ton arrêt de mort, tu dois toujours te tenir droite. » Précisa-t-il pour justifier son geste. Il observa la reste de sa posture et très vite, il écarta l'un de ses pieds avec l'un des siens pour lui faire légèrement écarter les jambes, afin qu'elle prenne un meilleur appui sur ses deux pieds. « Si je vois une seule fois tes pieds se rapprocher pendant la suite, je te les attache à une barre en fer et tu combattras ainsi. » Enfin satisfait de sa posture en général, il se mit à reculer pour tenir une distance raisonnable avec son élève, jaugeant une nouvelle fois sa tenue avant de hocher la tête pour reculer et se mettre à côté du mannequin, prenant appui sur l'épaule dure de leur nouveau compagnon de ce soir, il ne quittait pas Eden des yeux. « Est-ce que tu as besoin d'une pause supplémentaire ? » Demanda-t-il d'un air un peu moqueur, même si sa question était purement rhétorique en réalité. Il n'avait pas l'intention de lui accorder la moindre minute pour souffler davantage, mais il voulait l'entendre de sa bouche, qu'elle était prête à continuer et qu'elle se battrait avec plus de vigueur cette fois, qu'elle ne le décevrait pas et continuerait pour réussir les épreuves qu'il lui avait concocté ce soir. Daley n'était jamais content, Eden avait dû s'en rendre compte. Pour lui, un bon entraînement se terminait par la promesse que le prochain serait plus dur que les autres. Sinon, il ne disait rien en général et se contentait de la laisser partir sans prononcer le moindre mot au sujet de la prochaine fois qu'ils se verraient.

Peinant sous le poids du mannequin, je ne voulais, cependant, ne rien montrer à mon professeur. Cela aurait été trop réjouissant pour lui, et trop honteux pour moi. Bien qu'habituée, à ce genre de tâches, il été sûr et certain qu'utiliser la magie aurait été beaucoup plus pratique. Quand bien même, je réussissais cet exercice, il été bien sûr, impensable d'être félicitée ou encouragée. J'avais fini par ne plus rien attendre de positif comme remarque de la part de M. O'Donnell. Bien entendu, ce n'était que le début de mon calvaire, j'allais rentrer à mon dortoir exténuée, et vidée. C'était ce qu'il se passait à chaque entraînement. Au moins, je savais pourquoi je dormais. Une fois arrivé, péniblement, dans le bureau, je pus enfin relâcher ce stupide mannequin. Pourtant, je n'en avais pas terminé avec lui. Je découvris qu'il allait falloir que je l'affrontes. Je tentais de masquer mon angoisse pour qu'il ne la sente pas, pourtant, je savais que ce n'était qu'une vaine tentative. Mon professeur me demanda si j'avais eu le temps de faire connaissance avec mon partenaire du soir, ce  a quoi, je répondis par un ton un peu ironique. Il ne fallait pas non plus que je le mette en colère trop prématurément.  « Vous aurez du temps pour ça, dans ce cas.  », me précisa Daley, un sourire moqueur aux lèvres. Déjà que je me méfiais de ce qui allait m'arriver pendant cet entraînement, sa petite phrase, ne me rassura pas le moins du monde. Je toisais le mannequin qui me tournait autour sous les ordres du professeur O'Donnell. Il ne tarda pas à le mettre en action, me lançant un série de sorts assez facile pendant quelques instants. Je fus rassurée de voir que pour le moment, je me débrouillais sans difficultés, mettant en œuvre tout ce qu'il avait bien pu m'apprendre, et alors que je commençais à prendre confiance en moins, il se mit à me lancer des sorts de plus en plus complexe. La difficulté était entrain de résidé dans le fait que je devais réfléchir vite car, comme il me lançait des sortilèges informulés, je ne savais pas de quel type  il s'agissait. Certes, j'y étais habitué mais, cette évaluation me mettait une certaine pression supplémentaire. Si jamais, j'avais le malheur d'échouer, je risquais de ne plus avoir le droit à un cours particulier. Rien que cette idée me tordait l'estomac. Certes, à présent, j'étais capable de me défendre face à des sortilèges simples, mais si jamais des mangemorts apprenaient que je trompais mon monde ? S'ils apprenaient que je n'étais qu'une née-moldue ? Il n'y avait pas non plus que cette peur. J'avais fini par prendre l'habitude d'être avec Daley, je pourrais presque dire que j'avais fini par m'attacher à lui. Même s'il était un mangemort, un de ceux qui n'hésiterait pas à me traquer s'il apprenait ma situation. Alors, pour étouffer le grondement sourd des rouages de mon cerveau, je me donnais à cent pour cent pour cette évaluation. Je sentais qu'au fur et à mesure des minutes, je m'épuisais. La transpiration dégoulinant dans mon dos et mes cheveux se faisaient collant dans ma nuque. Je détestais cette sensation. Et pourtant, je faisais tout pour ignorer cette fatigue qui commençait peu à peu à m'envahir, à mon plus grand désarroi. Puis, sans aucun mot avant-gardiste,  le mannequin se figea comme si on avait lâcher ses ficelles. Je compris alors que j'aurais le droit à un maigre repos.

 « Ce n'était qu'un début et j'ai pourtant l'impression que je devrais appeler ma grand-mère pour qu'elle prenne la relève.  », dit-il cassant. Je ne pus m'empêcher de lui lancer un regard noir. J'avais donner toutes mes tripes (enfin presque) pour lui donner satisfaction et lui montrer que j'avais bien retenu tout ce qu'il m'avait appris. Mais, je savais bien que je n'aurais jamais le droit à un quelconque compliment. Tant pis, je savais à quoi m'attendre de toute façon.   Je tentais récupérer mon souffle tant bien que mal.  « Si tu veux que je la fasse venir pour qu'elle t'apprenne la rapidité et la réactivité, ce sera avec plaisir, c'est une femme charmante.  » Tout cela pendant qu'il faisait semblant de bailler. Merci pour la considération !  Je levais les yeux au ciel exaspérée par son attitude si désinvolte.   « Non. Merci.», répondis-je d'une voix, mais hachée cependant. Daley fini par se lever de son bureau à ma plus grande crainte, qu'allait-il me faire subir maintenant ? Il commença à me tourner autour, puis appuya quelques uns de ses doigts au creux de mon dos. J'eus une grimace de douleur, tout en arc-boutant le dos, et en redressant le buste, comme pour éviter son contact douloureux.   « Si tu te ramollis ne serait-ce qu'un seul instant en combat réel, tu signes ton arrêt de mort, tu dois toujours te tenir droite.  », précisa t-il, et je hochais la tête pour lui signifier que j'avais bien compris cette règle. En même temps, il n'avait jamais besoin de me répéter trente-six fois la même chose. Puis, ce fut au tour de mes pieds d'être écarter légèrement et de recevoir une critique. Beaucoup moins aimable que la précédente.   « Si je vois une seule fois tes pieds se rapprocher pendant la suite, je te les attache à une barre en fer et tu combattras ainsi.  », dit-il. Je ne répondis rien, mais je savais qu'il n'avait pas besoin de réponse de ma part. Et ne me quittant pas des yeux, il se rapprocha du mannequin pour s'appuyer sur l'épaule de ce dernier.  « Est-ce que tu as besoin d'une pause supplémentaire ?   », demanda t-il, par simple politesse, ou formalité sans doute, car son ton était moqueur.  « Non, c'est bon, je suis prête ! », répondis-je avec un ton motivé. Je devais lui montrer que j'étais encore meilleure qu'il y a quelques instants, il fallait que je lutte encore plus durement face aux assauts. A peine, eus-je prononcer ces mots que Daley s'écarta du mannequin, et l’entraînement repris de plus belle. Et dire que je n'avais pas encore fini ma soirée ...

Le maigre répit que Daley accordait à Eden ne serait pas long et chacun d'eux en avait conscience, sauf que lui n'avait aucune raison de vouloir se reposer et en profiter, à l'inverse de la jeune femme qui s'épuisait un peu plus à chaque instant pendant son évaluation. S'il avait été honnête, il aurait pu admettre qu'il appréciait les efforts qu'elle faisait pour se donner à fond dans cet entraînement et prouver que les heures qu'il avait passé à lui apprendre des choses n'avaient pas servi à rien, qu'elles lui avaient été bénéfiques, et c'était clairement le cas. Elle se défendait bien, elle avait encore des progrès à faire mais elle se défendait très bien et il était presque fier de ce qu'elle avait accompli durant ces dernières semaines. Ils étaient partis de rien pour en arriver là, elle pouvait bien l'écouter la rabaisser, elle pouvait être fière du travail qu'elle avait accompli, même si Daley n'irait pas le lui dire et ne lui montrerait très certainement pas, il n'avait aucun raison de le faire mais une part de lui souhaitait qu'elle réussisse. Si elle échouait, il serait forcé de mettre un terme à leurs entraînements, il ne pourrait continuer à s'acharner avec elle si elle ne faisait pas d'efforts et il aurait été obligé de la punir pour sa négligence. Et cela voudrait dire qu'il ne la verrait plus en dehors des heures de cours, et qu'il ne pourrait plus l'entraîner et même la toucher, comme il se permettait de le faire la plupart du temps. Au départ, il n'y avait vu qu'un intérêt de pédagogue, il voulait qu'elle se mette dans les bonnes positions pour être au maximum de sa force, il n'avait jamais pensé réellement aux conséquences, il se contentait de la faire bouger méthodiquement, de façon tout à fait neutre et d'un regard extérieur, il aurait pu être un frère pour elle. Mais avec le temps, la toucher était presque devenu indispensable pour lui, la frôler de temps à autre, toujours en ayant l'air de l'entraîner et pourtant, à mesure, ces gestes anodins étaient devenus autres dans l'esprit du jeune homme. Et c'étaient ces réflexions qui le traversaient alors qu'il s'avançait vers elle, ignorant son regard noir et la gratifiant même d'un sourire en coin, amusé qu'elle espère encore l'intimider avec ce genre de regard, elle n'arrivait qu'à le distraire un peu plus.  « Non. Merci.» Il ne manqua pas le ton de sa voix et il haussa les épaules, de toute manière, même si elle avait répondu positivement, il aurait été bien incapable de faire venir une de ses grands-mères morte dans sa salle de cours. « Tu ne sais pas ce que tu rates. » Finit-il par dire, parce qu'il aimait avoir le dernier mot, c'était un petit jeu auquel il jouait constamment, avec elle mais avec d'autres. L'art de vouloir dire les choses en dernier, même si parfois, Eden jouait avec le feu et lui répondait, mais aujourd'hui, elle semblait plus concentrée que d'habitude, une très bonne chose pour lui, évidemment. Il s'empressa de la remettre dans la position qui lui convenait, sans jamais s'attarder pour ne pas avoir l'air suspect, il ne voulait pas qu'elle se fasse des idées, qu'elle s'imagine qu'il aimait la toucher, même si étrangement, c'était le cas, sans qu'il ne cherche à se l'expliquer.

Mais le temps était venu de s'écarter à nouveau d'elle et il prit place près de leur nouvelle ami, cherchant à savoir si la jeune femme avait besoin d'une nouvelle pause ou si elle pouvait gérer un enchaînement. Même s'il n'avait pas l'intention de lui accorder le moindre répit si elle le demandait, il voulait simplement savoir ce qu'elle répondrait. Daley aimait user de torture physique et psychologique, il jouait avec les deux et maniaient les deux méthodes à la perfection, il fallait bien dire que Eden était loin d'être sa première victime mais certainement pas la plus à plaindre. Il se contentait de vouloir la faire progresser, il n'était pas là pour lui arracher quelque information que ce soit. C'est pourquoi il s'écartait déjà du mannequin lorsqu'elle lui répondit. « Non, c'est bon, je suis prête ! » Il hocha la tête, reprenant légèrement son sérieux pour remettre la machine immobile en mouvements. Elle avait réussi la première partie du test, même s'il était trop sadique pour le lui avouer et il voulait passer à la seconde, un entraînement plus corsé, plus difficile, plus rapide. Il ne restait pas loin cependant cette fois et il prit au moins la peine de prononcer les sortilèges qu'il prononçait, parce que certains l'exigeaient mais aussi parce que le but n'était pas de la mettre constamment en difficulté non plus. Mais il savait qu'il tirait sur une corde invisible, il savait qu'il était entrain de l'épuiser et pourtant, il continuait, sans répit et sans relâche, il analysait ses réactions et observa avec satisfaction qu'elle respectait ses consignes sur ses pieds et elle gardait le buste droit, signe qu'elle n'était pas sourde à tout ce qu'il disait.

Il le vit pourtant, le moment où elle faiblit et il ne lui laissa pas le temps de reprendre son souffle, elle avait dévié la plupart de ses sortilèges mais le dernier qu'il lança la percuta de plein fouet et avec tant de force qu'elle fit un vol plané assez impressionnant avant d'atterrir contre le mur en face de lui. Il désactiva automatiquement l'automate qui lui servait d'adversaire et se dirigea vers elle, constatant qu'elle était légèrement sonnée. Il ne se baissa pas lorsqu'il lui ordonna. « Restes assise quelques minutes. » Il n'avait jamais été un grand bavard, surtout pas quand l'entraînement avait commencé et quand il donnait un ordre, il aimait être entendu et il aimait le voir exécuté. Daley était un véritable maniaque du contrôle. « Tu as eu cours de métamorphose aujourd'hui, qu'est-ce que vous avez vu ? » La question sortait de nulle part mais Daley savait exactement pourquoi il la posait. Au lieu de lui demander si elle se souvenait de son prénom ou de la date du jour, il préférait l'interroger sur un cours qu'elle avait vu le matin même. Il cherchait à savoir si elle était juste sonnée ou si elle s'était cognée la tête trop fort et ainsi, s'il devait lui apporter des soins ou l'emmener à l'infirmerie. Il ne lui demandait pas si elle allait bien, tant qu'elle ne saignait pas -ce qui ne semblait pas être le cas- et tant qu'elle ne perdait pas la tête, il estimait qu'elle était en mesure de se battre. Certains adversaires n'hésitent pas à frapper quelqu'un au sol, même brisé en mille morceaux, les gens n'avaient pas ce genre de pitié en temps de guerre. Mais ils étaient à Poudlard et il n'avait pas l'intention d'agir comme un sadique sans la moindre parcelle de conscience. Il en avait une malgré tout. « Tu veux savoir pourquoi tu te retrouves dans cette position ? » Autant parler le temps qu'elle se remette et lui faire part de critiques constructives pour quand elle serait de nouveau sur pieds pour l'affronter. Il n'y avait que quelqu'un comme Daley pour penser stratégie et positions alors que sa soi-disant protégée était au sol et légèrement blessée. Mais il ne l'avait pas ménagé une seule fois depuis le début de l'année et il n'allait pas commencer maintenant, elle en avait l'habitude et c'était bien loin d'être le premier coup sur la tête qu'elle prenait. « Tu as été distraite par ta fatigue, il faut que tu en fasses abstraction. Même si tu as mal partout, même si tu respires mal, il faut aller au bout parce qu'à la fin, c'est ta vie qui est en jeu. » Faire taire la douleur physique, celle qui tiraillait chaque membre avec violence pour rester concentré jusqu'au bout sur le combat, il fallait déconnecter son cerveau et l'empêcher d'envoyer ses cristaux de souffrance, un exercice peu aisé que peu de gens étaient capables de produire. Mais il savait aussi que l'adrénaline d'un moment peut y faire beaucoup, elle décuple les capacités et la personne qui sent sa vie en danger n'est plus capable de se concentrer sur sa douleur, elle pense à sa vie avant tout. Daley finit par lui tendre la main pour l'aider à se relever, chose qu'il faisait rarement. Un indice qui pouvait faire comprendre à Eden qu'il était loin d'être déçu malgré l'interruption du combat. Il voulait simplement qu'elle se relève et qu'elle en redemande. Il ne lui indiqua pas qu'ils allaient continuer, il voulait qu'elle le fasse, qu'elle lui prouve que c'était ce qu'elle voulait, au plus profond d'elle, qu'elle en voulait assez pour le demander d'elle-même. Il se contenta donc de la regarder, attendant qu'elle accepte sa main ou qu'elle la refuse et attendant de voir si sa chute l'avait découragé ou si elle avait l'intention d'aller jusqu'au bout. L'évaluation de Daley se faisait sur tous les plans, il avait bien l'intention de voir jusqu'à quel point Eden était motivée à progresser.

Les entrainements étaient ce que j’avais trouvé de mieux pour pouvoir dépasser les limites que je m’étais toujours posé. Inconsciemment. J’avais toujours tout fait pour me protéger des autres, en évitant les confrontations. Pourtant, maintenant, j’avais décidé de prendre le taureau par les cornes, comme disait le proverbe moldu. Ce qui n’était pas plus mal. En plus de m’apprendre à me défendre, les cours avec Daley me permettaient aussi d’avoir de plus en plus de répondant et de tenir tête aux autres. Dans mon esprit, si j’arrivais à répondre à Daley avec ironie et vigueur, je pouvais bien affronter les élèves de Poudlard. Mais pour le moment, il me restait encore du chemin à parcourir pour arriver à ce résultat. En cet instant, j’essayais de rester concentrer sur l’entrainement. Malgré tous mes efforts, j’avais toujours du mal ne pas m’essouffler face à l’assaut des sorts jetés par le mannequin ensorcelé de Daley. Il finit par mettre fin à ma torture. Il ne montra rien de ses émotions comme à son habitude, il ne savait que me dire ce que j’avais fait de mal. J’avais fini par m’y habituer après tout le monde extérieur était tout aussi cruel et sombre. Bien qu’à force de le côtoyer, le mot mangemort avait du mal à s’afficher sur le front de mon professeur. Comme si il y avait donné une autre définition. Certes, il me poussait toujours à bout, heurtant mes émotions comme personne, mais j’avais toujours l’impression qu’il y mettait de sa personne pour que je devienne plus forte et résistante. Bizarrement, je me sentais en sécurité dans la même pièce que Daley, même si je savais que s’il apprenait ma position de née-moldue, il n’hésiterait pas une seule seconde à me torturer ou même me jeter un ‘avada kedavra’. Évidemment, un coin de ma tête espérait le contraire, comme si cela pouvait être possible. C’est à ce moment là que choisissait mon cerveau pour faire apparaître les images des mains de Daley sur moi lors des entraînements. Quand il corrigeait soigneusement mes positions. Je me traitais d’idiote avant de faire taire mes pensées. Mon professeur s’avança vers moi, ignorant mon regard noir et mes yeux levés au ciel. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres, m’irritant au passage. « Tu ne sais pas ce que tu rates. » , déclara t-il, après avoir hausser les épaules, et je ne répondis rien. Cela ne me servirait à rien dans tous les cas, de toute façon, il trouverait un moyen d’avoir le dernier mot.

Ce fut au bout de quelques courtes minutes que Daley se dirigea vers le mannequin encore immobile. Je savais que je n’allais pas tarder à reprendre mon combat interrompu. Je rassemblais alors toute ma concentration pour ne pas le décevoir et continuer de donner le meilleur de moi-même. Cette fois, il prit la peine de prononcer les formules des sortilèges et je lui en était reconnaissante, même si je ne le dirais jamais à voix haute. Pourtant, l’entrainement était encore monté d’un niveau, et je devais me faire plus rapide que précédemment, de plus, Daley n’était plus assis à son bureau, mais il restait non loin de la zone de « combat ». Concentrée, je n’oubliais pas ce qu’il m’avait dit à propos de mon dos et surtout de mes pieds, sachant pertinemment qu’il serait bien capable de m’attacher les pieds comme il me l’avait dit. Pourtant, je finis par m’essouffler pour de bon. J’avais tenu bon pour la plupart des sortilèges, mais là, il me semblait que toute ma journée me tombait dessus d’un seul coup. Je me sentais fatiguée et à bout de force. C’est là, qu’un nouveau sortilège me percuta en plein dans la poitrine. J’avais été trop lente pour le dévier à mon plus grand malheur. Le choc me propulsa contre le mur derrière moi. Ce fut mon dos qui percuta le mur de pierre en premier lieu, puis ce fut le tour de l’arrière de mon crâne, moins violemment. Ma joue trouva le sol, et j’eus du mal à ouvrir les yeux, complètement sonnée par l’événement.

Je me sentais stupide et faible de ne pas avoir su mieux résister. « Restes assise quelques minutes. » , entendis-je, malgré le bourdonnement de mes oreilles. Il n’eut pas besoin de me le répéter deux fois. Je me tournais cependant sur le dos, repliant mes jambes. « Tu as eu cours de métamorphose aujourd'hui, qu'est-ce que vous avez vu ? » , me demanda t-il, et mon esprit se demanda un instant, pourquoi il me posait cette question. Je fronçais les sourcils. « Euh … on a eu un cours sur la métamorphose humaine. », répondis-je lentement. Je soupirais en repensant à ce qu’il venait de se passer. Quelle imbécile ! J’observais Daley pour voir si il était vraiment en colère ou si il allait simplement me faire un reproche cassant et froid, en guise d’explications face à ce qui était arrivé. « Tu veux savoir pourquoi tu te retrouves dans cette position ? » , me demanda t-il, et je savais déjà que j’allais avoir le droit à un sermon ou du moins une explication sur mon incapacité à dévier les sorts au bout d’un certain laps de temps. Je hochais alors la tête en signe d’approbation, même si c’était une question rhétorique. « Tu as été distraite par ta fatigue, il faut que tu en fasses abstraction. Même si tu as mal partout, même si tu respires mal, il faut aller au bout parce qu'à la fin, c'est ta vie qui est en jeu. » , déclara t-il, et je détournais les yeux de son visage. Ces derniers mots me ramenèrent face à la guerre qu’avait déclarer Voldemort au monde entier. Il avait raison, si je n’arrivais pas à me défendre convenablement pendant un entraînement, comment pourrais-je faire lorsque je serais dehors ? Je soupirais longuement avant de reprendre un visage concentré pour qu’il n’essaie pas d’analyser mon trouble. Il était parfois si perspicace que je ne voulais pas tenter le diable. Daley finit par me tendre la main, et j’observais cette dernière pendant quelques instants, comme si il s’agissait d’un OVNI. Je secouais la tête, me redressant lentement et en ignorant l’afflux sanguin au niveau de mes tempes. Il ne me tendait pas la main par hasard, je le savais parfaitement. Il ne faisait jamais rien par hasard. Je me relevais ensuite, essayant d’ignorer sa main, pour lui montrer que j’étais forte, que je pouvais y arriver seule. C’était sans compter sur ma maladresse légendaire, et alors que je tanguais sur mes pieds, ma main s’accrocha à la sienne. Quelques secondes plus tard, je la lâchais comme si elle m’avait brûlé. Je gardais mon regard fixé sur le mannequin immobile. « On reprends ? », demandais-je doucement, comme incertaine quant à sa réponse.

Daley avait des principes, des principes qu'il avait l'intention de tenir à chaque instant et qu'il n'avait certainement pas envie de rompre sans raison. Et l'un des principes qui le caractérisait, c'était sa peur de l'échec et son agaçante manie de vouloir tout contrôler. Alors, lorsqu'il était en cours ou même en entraînement, il faisait en sorte de toujours ordonner aux élèves de donner le meilleur d'eux-mêmes, il fallait qu'ils aillent au bout d'une idée ou d'une envie, il ne fallait pas qu'ils fassent marche arrière, cela équivaudrait à admettre qu'ils étaient faibles. Et pour cela, il était impitoyable, il n'avait jamais accepté la moindre bavure dans ses cours et s'il était froid et distant avec chaque élève, en entraînement, il était carrément odieux. Il avait souvent vu Eden comme le moyen parfait d'évacuer toute sa frustration lorsqu'il ne voyait pas sa fille, il se déchaînait sur elle avec une injustice grandissante et pourtant, il avait toujours plus ou moins fait attention à elle. Les serpentards qui s'en étaient pris à elle quelques semaines auparavant n'avaient jamais retenté l'expérience parce qu'il s'était assuré qu'ils l'avaient entendu la première fois qu'il avait délivré son avertissement. Et même sans y prêter attention, il jetait toujours un œil à sa table lorsqu'elle entrait dans la grande salle et en cours, il s'efforçait de la pousser comme il le faisait lorsqu'il était seul avec elle. Oui, Eden était devenue petit à petit une élève bien encombrante dans son cerveau déjà torturé et il ne savait pas vraiment s'il pouvait se le permettre. Il ne savait pas s'il avait vraiment le droit de la voir comme il le faisait, de la toucher comme il se le permettait ou de penser à elle d'une façon qui serait certainement condamnable dans certains pays. Elle était tout juste majeure, elle était son élève, sous sa protection, il n'avait certainement pas le droit de délivrer ses envies lubriques qu'il qualifiait de purement physiques. De toute manière, impossible pour lui que son intérêt soit tout autre, il avait depuis longtemps oublié que les femmes avaient d'autres intérêts que le sexe à offrir. Exception faite de Pandora et son amitié, il n'avait guère noué de liens avec les amantes qu'il avait pu avoir au cours des années depuis que sa petite fille était née. Alors imaginer Eden autrement qu'une énième potentielle conquête ne lui effleurait même pas l'esprit. Et il aurait dû ressentir plus de frustration et d'indignation à la voir se déconcentrer et atterrir contre le mur d'en face. Au lieu de cela, il préféra mesurer l'allure à laquelle il entreprit de la rejoindre, comme si elle ne venait pas de frapper le béton de plein fouet. Mais il avait assez de conscience pour lui ordonner de rester dans la position dans laquelle elle se trouvait avant de s'assurer que l'impact n'avait pas été plus violent qu'il ne l'avait constaté. « Euh … on a eu un cours sur la métamorphose humaine. » Son sujet préféré, ne put s'empêcher de remarquer Daley avec un sourire aux lèvres. Comme animagus, il en connaissait un rayon sur la métamorphose humaine et il était passionné par ce domaine, il aurait tellement préféré enseigner cette matière plutôt que les forces du mal. Il était bien plus doué dans la première matière mais il n'avait pas eu le choix, la vieille McGonagall n'avait pas eu l'intention de déserter son poste, maudit soit-elle. « Un excellent sujet, l'un des meilleurs même, intéressée par l'idée de te transformer en autre chose qu'en poufsouffle maladroite? » Demanda-t-il dans un sourire trompeur. Il se moquait gentiment en réalité, son excellente humeur encore intacte malgré la maladresse de son élève sur le dernier entraînement. Il essayait surtout de la faire parler pour mesurer les dégâts sur sa personne mais il lui arrivait parfois de se montrer un peu moins cruel que la moyenne, il avait des sautes d'humeur sans arrêt. Il lui fit d'ailleurs très vite remarquer pourquoi elle se retrouvait par terre à cet instant et lui proposa rapidement sa main pour l'aider à se relever. Il avait intercepté ses regards effrayés à l'idée de l'avoir déçu ou mis en colère et il savait ce qu'elle ferait. Et la tête qu'elle fit valait le sacré détour, si bien qu'un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Il savait qu'il était assez inhabituel qu'il joue les gentleman. Si bien qu'il ne fut pas surpris qu'elle esquive sa main pour se redresser toute seule, pleine de détermination. Il redressa la tête pour la regarder une fois debout et retirait sa main quand elle l’agrippa brusquement, prise d'un vertige. Dans un réflexe, son autre main se porta au bas de son dos pour l'aider à maintenir son équilibre. Elle le relâcha aussi vite, comme si son contact l'avait brûlé et il retira sa main, cherchant son regard déjà égaré vers le mannequin qui les attendait. « On reprends ? » Il n'en attendait absolument pas moins d'elle et un petit sourire de satisfaction fendit ses lèvres. Pourtant, il lui passa devant mais ne rejoignit pas le mannequin comme la première et se retourna pour la regarder en face et pour s'assurer qu'elle ferait de même.

Elle avait acquis de la volonté depuis qu'ils avaient commencé à s'entraîner tous les deux, elle était devenue plus forte et elle avait appris bien des choses, elle ne se plaignait jamais et elle redemandait la plupart du temps parce qu'il ne lui laissait jamais le choix, il la poussait toujours plus et toujours plus loin pour s'assurer qu'elle suivait le rythme mais il était une nouvelle fois son professeur et sa sécurité passait avant son envie de la voir se dépasser, ce qu'il ne lui dirait jamais. « Tu peux me le redire sans chanceler ? » Se moqua-t-il une nouvelle fois, même s'il savait qu'elle était capable de lui prouver qu'elle pouvait le faire finalement. Il savait qu'elle était prête à beaucoup de choses pour lui prouver qu'elle était forte et indépendante mais il n'était pas un sadique. Quoique, après réflexion, il était clairement l'un des plus grands sadiques de la terre mais ils étaient à Poudlard et son étiquette lui permettait de se trouver des excuses. « On fait une pause. » Déclara-t-il d'un ton qui laissait entendre qu'elle n'avait pas le moindre commentaire à faire là-dessus, ni que poser une question sur cette soudaine décision serait une bonne idée. Il venait de la malmener et malgré tout, il savait reconnaître un vol plané assez impressionnant. Il savait qu'en général, les pauses étaient considérées comme un mauvaise appréciation de sa part mais ce n'était pas le cas. Elle tenait à peine debout et s'était relevé bien trop vite. Il n'avait pas vraiment le droit de lui demander d'aller jusqu'au bout d'elle-même, même si c'était ce qu'elle voulait et que pour une raison totalement inconnue, elle en redemandait sans cesse puisque c'était elle qui se renseignait à la fin de chaque entraînement pour savoir s'il y aurait un lendemain à son instruction. Il était toujours évasif, jamais précis, il ne pouvait jamais savoir à l'avance quelle soirée il passait à Poudlard et quand il serait forcé de s'absenter, cela pouvait durer des semaines, il pouvait demander aux Carrow de le remplacer mais jamais il ne leur confierait l'éducation de sa jeune protégée. Intérieurement, cette pensée lui fit faire une grimace peu élégante et il fut heureux d'avoir assez de retenu pour ne pas lui montrer. Il revint rapidement vers elle, sa baguette dans sa main. « Rassieds-toi par terre. » Il avait prévu autre chose pour la fin de l'entraînement mais ça allait devoir attendre. Il n'avait pas l'intention de la laisser comme ça. Lorsqu'elle obtempéra, il s'accroupit immédiatement derrière elle, baguette vers le sol pour lui prouver qu'il ne représentait aucune menace pour elle. A dire vrai, c'était un réflexe qu'il avait acquis parce que la plupart de ses élèves le craignaient lorsqu'il avait sa baguette en l'air. Pour un spécialiste des sorts de magie noir, il n'y avait rien de surprenant à voir ces réactions chez les autres, il y était habitué depuis le début de l'année mais avait fini par découvrir une ou deux tactique qui rassurait les élèves qui l'entouraient. Il déplaça rapidement et avec agilité ses doigts le long de son dos, guettant la moindre de ses réactions et ne fut pas déçu de la sentir se raidir lorsqu'il atteignit ses épaules. D'un geste un peu brusque, il entreprit de lui attraper le menton pour pouvoir mieux examiné l'arrière de son crâne mais elle eut le fâcheux réflexe de lui échapper en tournant la tête vers lui et il croisa son regard, restant interdit un instant. Il ne saurait dire exactement si c'était simplement la volonté dont elle faisait preuve, la force qu'elle mettait dans ses efforts pour ne pas grimacer ou chanceler sous la douleur ou le souvenir de sa détermination à poursuivre l'entraînement qu'il voyait à cet instant dans ses yeux ou un beau mélange de tout ça mais il resta un instant muet et incapable de prononcer le moindre mot. Il plongea ses yeux dans le brun des siens et y vit toujours la même chose, cette étincelle de courage et de détermination et il se sentit lui-même chanceler, où peut-être était-ce l'intensité de son regard. Il allait dire quelque chose qui resta bloqué au fond de sa gorge, il aurait du dire quelque chose de constructif, il aurait dû examiner l'arrière de sa tête, il aurait dû continuer à lui lancer une vanne, une pique, une méchanceté pour lâcher son regard et la relâcher pour poursuivre l'entraînement. Mais il était incapable de parler et il fronça les sourcils lorsqu'il ne put mettre la main sur ce qu'il ressentait à cet instant précis. La seule chose qu'il fut capable de faire finit par causer sa perte quelques instants plus tard. Son regard s'abaisser sur les lèvres de la jeune femme et un incontrôlable désir assourdit le reste de ses sens. Sans prendre le temps de réfléchir, sans même se poser la moindre question ni sans savoir pourquoi il faisait une telle chose, Daley pencha la tête pour capturer ces lèvres qui lui faisaient tellement envie pour l'heure. Le cheminement de ses pensées était incontrôlé, sans le moindre bon sens, il ne savait plus ce qu'il faisait ni pourquoi il le faisait. Il avait à peine posé ses lèvres sur les siennes qu'il recula, profondément interloqué par son attitude. Son sang-froid lui fit défaut lorsqu'il se redressa vivement, lâchant Eden comme si elle venait de lui brûler le corps, ce qui était effectivement le cas, sans qu'il ne l'avoue pour autant. Il se drapa dans sa froideur habituelle, ne sachant comment réagir ni s'il devait véritablement le faire. Crispant les muscles de ses mâchoires et ses poings, il ne laissa pas le temps à Eden de réagir et prononça les premières paroles qui  lui passèrent par la tête. « On en reste là pour ce soir. » Il était fou d'ajouter cette précision et s'éloigna d'elle, lui tournant le dos, furieux, pris dans une colère qu'il ne comprenait pas vraiment et dirigée contre elle quand elle aurait dû l'être contre lui. « D'ailleurs, on en reste là tout court, je pense qu'il sera inutile que tu reviennes, nous perdons notre temps. » Ajouta-t-il froidement, sans la moindre émotion ni sans la moindre intention de se justifier. Son geste fou pouvait lui coûter beaucoup, il n'avait pas l'intention de la laisser avoir de l'emprise sur lui, mieux valait qu'elle parte.