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 it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)

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MessageSujet: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeLun 1 Avr - 17:43

it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Tumblr_mkl0fzC6aC1rmuvzuo2_250
Mes pieds claquent violemment contre le bitume alors que je fends la foule londonienne d’une démarche sûre, écartant quelques personnes me barrant le chemin, par de simples coups d’épaules. Certaines personnes s’écartent même sur mon passage en me laissant des regards craintifs. Je m’en accommode simplement, bien décidé à ne pas perdre mon temps en compagnie de quelques moldus. Il faut absolument que je reprenne mes recherches en ce qu’il s’agit de la fille de mangemort. Son paternel se fait de plus en plus pressant, au fur et à mesure que les semaines s’écoulent ; exigeant que je lui retrouve sa fille au plus vite, peu importe ce qu’il me faut entreprendre pour cela. Seulement, je n’ai aucune idée d’où peut bien se cacher la jeune Cersei-Jane. Depuis son arrivée dans notre troupe de rafleurs, je n’ai fais que la mépriser, tentant de prendre le plus de distance possible avec la jeune femme. C’est sûrement ce pourquoi je n’ai pas la moindre idée de l’endroit où elle a bien pu se rendre. Elle m’est parfaitement étrangère après tout ; d’elle, je ne connais que le nom. Pourtant, le bout de parchemin que je tiens fermement dans ma main droite, peut me permettre de la retrouver. Il contient, inscrit à l’encre turquoise, les coordonnées d’un homme dont l’activité principale est de retrouver les personnes ayant la prétention d’être égarées. On m’a bien précisé pourtant que l’on ne le trouve que très rarement à son domicile, puisque l’individu préfère nettement la compagnie d’un bon verre d’alcool à la solitude de sa demeure, aussi se trouve-t-il souvent au Chaudron Baveur. C’est pourquoi j’ai décidé de le rejoindre aujourd’hui, afin d’implorer son aide. Seulement ai-je décidé de m’y rendre à pied, afin de ne pas attirer plus amplement l’attention sur moi. Je ne possède toujours pas mon permis de transplanage à vrai dire, et étant donné que j’ai déjà laissé s’enfuir la fille Hackett, mieux vaut éviter de m’attirer des foudres supplémentaires en faisant en sorte que les employés du ministère se lancent à ma poursuite. Déjà que l’idée de devenir mangemort semble assez compromise, il est préférable de ne pas trop attirer l’attention sur ma personne, au risque d’encore plus nuire à mes ambitions. Ainsi faut-il que je reste focaliser sur mes objectifs, sans tenter de me détourner de ceux-ci. Chose plus facile à dire qu’à faire ceci dit, puisque lorsque je perçois une chevelure blonde qui m’interpelle du coin de l’œil. M’arrêtant subitement, je me fais rentrer dedans par un homme qui, marchant derrière moi, n’a pas prévu que je me stoppe aussi soudainement. Je l’écarte simplement alors qu’il se répand en excuses, n’ayant que peu faire de ses dires. Je me hisse sur la pointe des pieds afin de mieux pouvoir scruter la foule, ne tardant pas à repérer de nouveau les cheveux onduleux qui ont su attirer mon attention. Impossible de s’y méprendre, c’est bien Marianne que je vois au loin, se débrouillant du mieux qu’elle le peut pour traverser la foule, sans pour autant brusquer les personnes qui l’entourent. Décidant d’aller à sa rencontre, je ne me montre pas aussi délicat, n’hésitant pas à pousser les personnes qui me barrent la route, afin de retrouver plus vite la jeune femme. Je perçois celle-ci se mettre à avancer un peu plus vite, lorsqu’elle se défait enfin de la foule présente sur Piccadilly Circus, afin de rejoindre une rue adjacente au pas de course. A mon tour, je me mets à accélérer, poussant la foule avec plus de vigueur, jusqu’à m’extirper de son oppressante présence. Il ne me faut pas plus de quelques secondes pour me libérer de son emprise, me mettant à courir pour la rattraper, tandis que je la vois disparaître au détour d’une ruelle. Je me précipite à sa suite, mais alors que je m’apprête à venir à sa rencontre, je vois un homme m’étant inconnu, sortir de l’ombre pour la prendre dans ses bras et l’étreindre avec tendresse. Ma gorge se noue instantanément alors que je me recule, m’abritant derrière le coin du mur alors qu’hébété, je les observe. Et lorsque le jeune homme lui donne un tendre baiser, j’ai l’impression de recevoir un coup de poing dans le ventre. Jamais elle n’a pensé à me dire qu’un homme partage sa vie et pour cela, je me sens trahi. Après tout, cela fait un certain temps à présent que je lui confie à peu près tout de ma vie et de son côté, elle ne m’a même pas exposé les choses semblants tout de même les plus banales, il me semble. Du moins, c’est ainsi que j’interprète le fait que mon estomac se tord à la vie de ses deux êtres s’enlaçant face à moi. M’arrachant le plus rapidement de cette vision qui me donne la nausée, je me mets dos au mur, fermant les yeux mais les images se perpétuent sur mes paupières closes. Finalement, je pousse un léger soupir alors que j’ouvre de nouveau les yeux, balayant un instant la ruelle du regard alors qu’un frisson me parcourt l’échine, avant de m’enfuir de ce lieu maudit en enfouissant mes mains dans mes poches, après avoir rabattu mon capuchon sur mon visage.

Après une vingtaine de minutes de marche, j’atteins finalement le Chaudron Baveur. Je ne ménage pas les gonds de la porte alors que je pousse celle-ci avec violence, faisant claquer le battant de bois contre le mur. Plusieurs visages se tournent alors vers moi, mais la plupart des personnes présentes ne se donnent même pas la peine de tourner le regard dans ma direction. Tant mieux à vrai dire, car malgré mes gestes irréfléchis et hâtifs, je reste sur l’idée qu’il ne faut pas que j’attire de trop l’attention. Pas seulement pour le fait que cela amoindri mes chances d’être mangemort, mais aussi parce qu’il faut éviter de prévenir Cersei-Jane de mon arrivée, j’imagine. Peu importe au final. J’ai beau me trouver dans le lieu censé m’apporter des réponses concernant ma recherche de la jeune femme, je ne suis pas enchanté à l’idée d’aller le trouver. Soudainement, j’ai envie de tout laisser tomber sans exception et d’enfin pouvoir me défaire de tout cela. Seulement, je me sens pris au piège. C’est comme pour la mort de mon paternel, qui m’est reprochée par ma mère alors que je n’y suis pour rien ; sans toutefois pouvoir entacher la mémoire de mon frère en avouant son crime à ma génitrice. Peut-être aurais-je dû lui faire part de l’implication de mon frère avant qu’il ne décède au final, au lieu de me faire complice de son crime. C’est pourquoi aujourd’hui, il me faut accepter de supporter le poids de mes erreurs sans rechigner. Comme avec la fille Harkness, encore une fois. Si je ne m’étais pas évertuer à me tenir loin d’elle, mettant un écart entre nous deux, j’aurais pu être en mesure de prédire son envie de fuir, ses agissements. Peut-être bien même de la retenir. Il me semble qu’il est trop tard pour les regrets cependant. C’est ce que je me dis alors que je me perche sur l’un des tabourets du bar, avant de m’appuyer sur le comptoir. « Un Whisky Pur Feu. » je demande comme à chaque fois que je viens ici, sortant aussitôt quelques mornilles de ma poche afin de payer le serveur comme il se doit. Faisant glisser les pièces sur le comptoir en direction de l’employé du bar, je m’empresse ensuite de saisir mon verre, tentant ainsi de noyer les sombres sensations qui parcourent mon corps et menacent de faire exploser mon corps. Je ne me suis jamais senti aussi opprimé, comme-ci le poids d’à peu près tout, décide soudainement de peser sur mes épaules. Je m’empresse de porter le verre à mes lèvres, souhaitant par-dessus tout, noyer cette horrible impression. Aussi le liquide ne tarde pas à passer le seuil de mes lèvres, descendant le long de mon œsophage pour venir me procurer une douce sensation de chaleur au niveau de l’estomac. J’en avale ainsi quelques gorgées avant de reposer mon verre sur le comptoir et, sans le lâcher, garde le regard fixé sur un point invisible, non loin des pieds du barman. Faisant la moue, je cherche ce qui peut bien me pousser à continuer dans cette voie. Hormis le fait qu’un certain mangemort du nom de Hackett menace de m’arracher le cœur avec les mains, rien ni personne ne m’oblige à continuer sur ma lancée. Je peux tout aussi bien me retirer dans une contrée reculée, afin de me cacher et d’éviter de m’exposer une nouvelle fois à ces douleurs qui accompagnent les aléas de la vie. Aléas semblant d’ailleurs bien trop récurrentes dans les temps qui courent. Et pourtant, je me trouve du bon côté, aussi je n’ose même pas imaginer ce que doivent vivre ceux qui se revendiquent comme étant des adhérents à l’ordre du phénix. Quoi que ces gens-là semblent tout de même avoir le cœur aussi – si ce n’est plus – sombre que les mangemorts eux-mêmes. Mais de manière générale, les nés-moldus doivent tout de même assez souffrir ; car si je ne m’autorise pas à les toucher, d’autres n’hésitent pas une seule seconde à les envoyer à Azkaban, voir à les massacrer, pour ce qui est des plus sadiques. Peu importe finalement, je ne peux pas prétendre affecter les rangs du Seigneur des Ténèbres si j’éprouve de la pitié pour chaque personne que je croise, même si la raison première de cette envie, reste tout de même de me venger de Margaery. Mais aussi des membres de l’ordre du phénix, qui ont tué mon frère, et même si j’admets volontiers qu’il était un idiot, je ne peux m’empêcher de le regretter quelque peu. Car c’est tout de même lui qui a agencé une grande partie de ma vie et surtout, il aurait pu me dire comment interpréter cette réaction que j’ai eue face à la vision de Marianne avec son amant. Puisque, pour ne pas faire dans la demi-mesure, je ne peux m’empêcher de laisser cette image me revenir en tête, dire de m’enfoncer un peu plus.
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Moses Fleming
Moses Fleming
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≡ âge du perso : quarante ans.
≡ amoureusement : immunisé.
≡ son emploi : professeur de sortilèges à poudlard.
≡ statut de sang : sorcier de sang-pur, noble jusqu'au bout des doigts, qui tient à la dignité de sa famille.
≡ sa maison : ancien gryffondor, un choix qu'il n'a jamais particulièrement compris ni accepté, tous les siens finissant normalement chez les serpentards.
≡ sa baguette : bois d'ébène, spécialisation en maléfices, longueur de trente-deux centimètres avec pour centre un ventricule de coeur de dragon.
MessageSujet: Re: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeMar 2 Avr - 20:02


it feels like it will never end
cersei-jane v. harkness & Saíréann U. Ò'Leirigh
« Everybody knows that everybody dies.
But I do think that all the skies of all the worlds might just
turn dark if we ever, for one moment, accept it. »

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Etait-elle désespérée à ce point ? Regard plongé dans le vide, Cersei s’accrochait à cette lancinante pensée - tournant à son esprit comme une vague venant et revenant s’écraser contre des côtes rocailleuses. Au même rythme que l’impitoyable érosion, ces songes l’usaient peu à peu, alors que la solitude l’englobait, se glissait sous sa peau comme le vent froid d’hiver. Plus le temps passait, plus elle se perdait dans ces habitudes qu’elle s’essayait à prendre : elle fuyait, et au fond, peut-être était-elle vraiment désespérée. Ses alliés, aussi rares soient-ils, se limitaient à quelques coups de mains dans les pires moments - elle accourait dans ces circonstances, auprès de n’importe qui lui ayant offert une main tendue, à une quelconque époque de sa vie. Clairement, son attitude transpirait la détresse - mais pauvre petite fille qu’elle était, esseulée dans un monde qui lui semblait bien trop vaste, elle n’avait sûrement rien de mieux à faire. Une infime part d’elle-même s’accrochait à la certitude que c’était toujours mieux ainsi, qu’en soldate des rangs du Mage Noir, comme l’aurait souhaité son père. Son père... cette simple notion s’avérait être une triste fumisterie, maintenant que les choses avaient changé : longtemps, elle avait tenu bon face aux insultes de Sansa, toisant sa cousine droit dans les prunelles, se contentant de vivre, de vibrer de la certitude qu’elle n’était pas une bâtarde, ni même une voleuse de famille - juste la fille des Harkness, à l’égal d’Elwood et de Sansa. Doezwal, lui, elle ne l’avait jamais considéré comme une quelconque figure paternel, il était l’image ténue de la peur qu’elle gardait au fond d’elle, le spectre noir qui errait dans sa vie, dans son passé - insidieusement, dans son avenir. Dans les mois qu’elle avait passés en compagnie de celui-ci, cependant, elle n’avait pas même daigné chercher à comprendre ce qui faisait ce brusque changement chez lui, ce qui l’avait ramené à elle : du jour au lendemain, il avait débarqué, prônant un héritage sanguin et dénué de sens pour l’emporter avec lui. Au fond, les Harkness n’avaient guère semblé s’en préoccuper plus que de mesure ; elle était partie, juste partie sans que qui que ce soit ne se donne la peine de la retenir, avec pour seul souvenir de sa famille la voix railleuse de Sansa l’accompagnant sans relâche. Dans les rares moments - dignes des plus grandes tragédies poétiques du monde littéraire - où elle se laissait aller à penser à la maison où elle avait grandi, Cersei ne pouvait s’empêcher d’accrocher ses songes à Elwood, à tous les souvenirs trop nets qu’elle gardait de lui : dans sa mémoire, restait encore trop présente la scène de leurs derniers échanges, leur dernier regard - les ultimes attentions qu’il lui avait octroyées. Alors qu’elle glissait une main dans ses cheveux, dans l’espoir de s’accrocher à la réalité plutôt qu’aux douloureux souvenirs de son cousin, les doigts fins de Cersei se resserrèrent autour de la flasque qu’elle tenait depuis de longues minutes déjà. Etait-elle désespérée à ce point ? La pensée revint s’accrocher à elle, alors qu’elle sentait son estomac se nouer sous une irrépressible et incompréhensible inquiétude : peut-être agissait-elle avec trop de prudence en plein milieu d’une guerre - peut-être devrait-elle se défaire de toutes ces pensées parasites. Son père la traquait sans doute, ou avait du moins envoyé quelques pions pour le faire : Saíréann, en était un brillant exemple qu’elle ne pouvait nier. A conditions exceptionnelles, mesures exceptionnelles - sans doute. Pinçant les lèvres, la jeune sorcière tenta d’effacer tous les remords qui la suivaient à travers les kilomètres et le temps : prendre l’apparence de quelqu’un d’autre ne lui plaisait qu’à moitié ; mais en désespoir de cause, elle n’avait jusque-là pas pris la peine de chercher mieux. Grâce au Polynectar, elle pouvait au moins marcher librement dans les rues anglaises, sans avoir à regarder par-dessus son épaule. Mais constamment, restait un soupçon d’adolescente chez elle, qui était envahie de remords à la simple idée de voler la vie de qui que ce soit. Cette fille n’était pourtant qu’une rafleuse, qu’elle avait croisé sans même s’en rendre compte et que le hasard avait désigné comme la victime des mascarades de la fuyarde qu’elle était devenue - une femme que Cersei trouverait sans doute détestable, mais qui était assez peu importante pour passer inaperçue. Bientôt, si elle ne se décidait pas, la question ne se poserait même plus, elle n’aurait plus assez de potion pour continuer son petit jeu de rôle et il lui faudrait un mois tout entier pour en préparer à nouveau : aussitôt son esprit erra jusqu’à Saíréann, elle se sentit plus hésitante, habitée par des attentions pour lui qui n’auraient jamais dû être. En tant que Cersei et Saíréann, ils ne se connaissaient qu’à peine ; mais cette blonde, cette rafleuse détestable à qui elle prenait la vie, elle, elle connaissait tout de lui ; elle était le réceptacle à ses confidences, l’âme vers laquelle il s’échouait en désespoir de cause.

En quoi tout cela la retenait de faire un choix ? Qu’est-ce que pouvaient changer, au fond, les attentions d’un homme chargé de la trahir au profit de ses pires ennemis ? Difficile de croire qu’il n’y a pas si longtemps que cela, tout avait été clair et limpide concernant le rafleur qu’il était : elle ne l’avait toujours vu que comme un ambitieux personnage, l’ignorant ouvertement et détestant tout ce qu’elle était, sans pour autant qu’elle ne comprenne les raisons d’une telle haine à son égard. Marianne, elle, elle avait accès à d’autres ressentiments venant de lui, d’autres attentions - aussi infimes soient-elles. Quand elle revêtait l’allure de Marianne, elle avait droit à d’autres regards que ceux auxquels il l’avait habituée. Continuer dans ce cercle vicieux serait comme avouer que ces rares attentions changeaient quelque chose - avouer que Saíréann avait une ascendance sur les décisions qu’elle pouvait prendre dans sa vie de louve solitaire et abandonnée. Elwood, peut-être, aurait pu aider à percer ce voile de mystère qui enrobait sa relation avec le rafleur, cet inavouable lien qu’elle se plaisait à percevoir entre eux - mais qui, paradoxalement ne rimait à rien. Ce n’était pas avec elle qu’il parlait de ses doutes et de tout ce qui faisait ce qu’il était, c’était avec cette blonde, aussi spéciale puisse-t-elle être à ses yeux. Elwood n’était pas là, de toute manière - elle ne le savait que trop bien, et voilà que son esprit la rappelait à l’ordre, tandis qu’elle cherchait dans son sac, le geste peu assuré, quoique fébrile. Elle devait aller chercher de quoi se nourrir, quelques autres réserves pour continuer d’avancer à travers l’hiver qui se faisait de plus en plus rude - aussi, c’est accrochée à cette certitude au combien primaire et simplement matérielle qu’elle trouva le petit sachet qu’elle gardait soigneusement avec elle, et qui contenait encore d’épaisses mèches de cheveux, indispensable au Polynectar. En attrapant une fine pincée, elle les mélangea à la potion, ne pouvant retenir - malgré l’expérience et le nombre incalculable de fois où elle l’avait avalée - une grimace de dégoût. D’après ce qu’elle avait entendu à Poudlard, après la découverte de la mascarade du Mangemort Croupton, lui-même, en avalant de cette mixture tous les jours de l’année n’avait pas réussi à se faire à la saveur exécrable de la chose. C’était beaucoup d’effort, pour des effets d’une bien courte durée, Cersei avait déjà failli en pâtir à de bien nombreuses reprises. Anxieuse, pour elle ne savait guère quelle raison, la sorcière porta la flasque à ses lèvres, prise d’une nouvelle hésitation, faite de quelques secondes à peine. Celle-ci, force de l’expérience, lui semblait tout à fait légitime, et uniquement faite de la simple saveur de la potion, encore imprégnée à son palais avec indélicatesse. Elle prit son courage à deux mains malgré tout, s’étouffant d’une gorgée qui manqua de la faire vomir à nouveau - lèvres closes, gorge serrée, elle parvint à garder un minimum de contenance, accroupie au sol, ses doigts se resserrant autour du fin tissu de son sac. La flasque tombant au sol, Cersei se maudit pour son imprudence, sans pouvoir faire quoique ce soit : ses mains n’étaient déjà plus les siennes, et elle se sentait grignotée par un vaste fourmillement désagréable, se répercutant en écho dans chaque parcelle de son être. La nausée au bord des lèvres, larmes aux yeux, mâchoires étroitement collées l’une à l’autre, il lui fallut de longues minutes pour reprendre contenance, et faire taire le battement sourd à ses tempes. Pas besoin de miroir pour s’inspecter, elle remarqua aisément que sa cascade rousse avait été remplacée par d’épaisses mèches blondes, que sa peau s’était quelque peu assombrie et qu’une longue cicatrice lui cerclait le poignet : des secrets d’existence de cette fameuse rafleuse, elle ne savait rien, mais personne encore ne s’était donné la peine de remarquer cette marque. Et ceux qui avaient eu le malheur d’aventurer leurs regards jusque-là, n’avaient guère osé poser quelque question que ce soit, se faisant leurs propres idées tout seuls. Elle, elle se contentait juste de revêtir son allure, de n’être qu’un spectre à son image qui ne s’accrochait que trop peu au passé - ceux qui se laissaient à avoir une conversation avec elle, la croyaient simplement énigmatique et au combien cela creusait une indéniable distance avec certaines personnes, Saíréann, lui, s’en satisfaire sans sourciller. Et pourtant, alors qu’il savait si peu de choses de cette femme blonde qu’elle représentait continuellement devant lui, il se plaisait plus dans des têtes à têtes en compagnie de Marianne qu’en celle de toutes les Cersei qu’elle pouvait être, d’un autre côté. A nouveau sur ses pieds, la sorcière fit disparaître la barrette retenant quelques unes de ses mèches de cheveux, l’enfonçant au fond de sa poche. De son sac, elle tira une autre cape, abandonnant celle qu’elle avait emmenée de chez elle, au profit d’une plus modeste, qui attirerait bien moins l’attention que celle qu’elle avait habituellement eue sur le dos, héritée de la richesse dans laquelle elle avait toujours grandi.

En transplanant, elle retrouva l’agitation frénétique de Londres, se profilant devant ses yeux alors qu’elle émergeait d’une ruelle adjacente à une grande artère de la capitale. La guerre s’épaississant, Cersei optait de plus en plus pour vaquer dans le monde des moldus, bien qu’elle n’en effleure qu’à peine les us et coutumes. L’argent moldu lui paraissait être un complexe problème mathématique, conçu uniquement pour n’être qu’incompréhensible, cependant, elle s’y faisait plus aisément qu’au Polynectar et elle avait appris, avec le temps, à ne lire que les valeurs sur les billets pour payer ce qu’elle devait. D’une main dans sa poche, elle trouva les quelques liasses de billets qu’il lui restait, sans savoir estimer la richesse qu’elle gardait en sa possession : elle n’était pas taillée pour la fuite, c’était indéniable, mais même les camps de l’Ordre du Phénix ne représentaient qu’une sécurité illusoire à laquelle elle ne souhaitait pas se fier. Trop indépendante, peut-être qu’elle était bel et bien trop indépendante pour le peu de capacités qu’elle avait. Aux célèbres et indispensables supermarchés de la vie londonienne, elle préféra une simple épicerie de quartier (sans avoir conscience que le tout était excessivement trop chair, sous prétexte que c’était «naturel» ou d’une marque particulière - tout cela n’avait que peu d’importance dans le monde des sorciers), n’y restant qu’une dizaine de minutes, enfouissant tout ce qui semblait comestible dans le petit sac qu’elle avait emmené avec elle : avant de quitter sa forêt (qui était devenue comme sa seconde maison, de pauvre gamine paumée), elle avait caché le plus gros de ses affaires dans un coin de clairière qu’elle reconnaîtrait d’un regard : si elle avait commencé par transporter tout ce qui restait en sa possession partout où elle allait, l’expérience lui avait appris que quitte à tomber sur des Mangemorts ou des rafleurs, autant le faire en voyageant léger. Survivre semblait facile, survivre était un acte primaire et automatique dans lequel elle s’était imprimée bien vite - pourtant, les rares quartiers londoniens qu’elle connaissait se croisaient tous en un même point : le Chaudron Baveur, qui parut à ses volontés, comme le centre du monde ; un centre de gravité à tout son être qu’elle ne parvenait pas à oublier - était-elle aimantée par cet endroit ou déraisonnée ? A la vue de la devanture, elle se stoppa, stagnant silencieuse et crispée - au coeur de Londres, la guerre paraissait n’avoir aucun impact sur le monde ; elle se serait presque sentie en sécurité ici. Elle fit volte-face, abandonnant ses songes avant qu’ils ne la dépassent, arrêtant son mouvement avant même qu’il ne soit une esquisse discrète. Elle ne pouvait pas, elle ne pouvait pas rester à Londres, exposée ici - quand bien même le Polynectar la protégeait. Elle ne voulait pas entrer dans ce pub, revenir à cette taraudante habitude qui avait pris le pas sur sa vie, sa prudence et ses volontés farouches de fuyarde. Rien, pourtant, ne lui prouvait la présence de Saíréann au Chaudron Baveur, mais c’était uniquement attachée à la possibilité futile et illusoire de le voir qu’elle stagnerait dans des lieux aussi dangereux. Qui était-il, finalement, pour qu’elle oublie sa propre sécurité au profit d’une histoire qu’utopiste ? « Stupide... » Marmonna-t-elle, se maudissant de stagner telle une idiote, prisonnière de ses propres contradictions. S’humectant les lèvres, elle traversa les derniers mètres , incapable de se mesurer, incapable de réfléchir - elle entra, retrouvant l’ambiance chaleureuse du pub, ainsi que l’odeur alcoolisée et âpre qui lui faisait, habituellement, tourner la tête. Autant qu’elle pourrait le vouloir, ce n’était pas pour l’aspect chaleureux qu’elle venait ici, contrairement à bien des sorciers. A quelques pas de la porte, elle pouvait encore s’évader, mais elle sentit déjà quelques regards s’attarder sur elle - pour une futile seconde, elle se demanda même (comme d’habitude) si le Polynectar ne s’était pas évanoui, et qu’elle était redevenue Cersei, la pauvre sorcière aux airs lamentablement fragiles. Bravement, elle effaça ses doutes de son visage, s’enfonçant dans la faible lumière du bar. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Se jeter dans la gueule du loup était presque drôlement paradoxal, qu’elle aurait pu clamer comme étant un beau coup de poker - occasion en or de se jouer de ses adversaires. D’instinct, le regard de la sorcière s’était posé vers le comptoir, imposant au coeur de la pièce : elle reconnut le dos, familier et imposant de Saíréann, intimidée par la réalité qui revenait éclater devant elle. Ce soir encore, elle s’aventurait avec imprudence ici, frissonnant sous la vision qu’elle avait devant les yeux, ignorant ouvertement tous ses instincts qui lui ordonnaient la fuite. « Un verre de la même chose, pour moi. » D’une voix ferme, elle tenta de balayer les derniers doutes dont elle était la cible, puisant un courage illusoire dans le regard que le tenancier lui accorda. Et ce n’est que lorsqu’elle s’installa, clouée sur un tabouret de bois qu’elle accorda enfin une oeillade à Saíréann, à côté de qui ses pas hésitants l’avaient amenée. « Serais-je la seule à avoir le sentiment qu’on se retrouve bien souvent, ici ? » En pinçant les lèvres, elle ne put s’empêcher de prendre sa pique pour elle-même, forçant son esprit à conserver ses propos bien soigneusement : elle revenait, incessamment, elle risquait gros ; ça devait être la dernière fois, ce soir.
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MessageSujet: Re: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeSam 6 Avr - 21:30

it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Tumblr_mkl0fzC6aC1rmuvzuo2_250
Je n’ai pas l’âme d’un guerrier pouvant aller sur le terrain, au devant du danger ou que sais-je. Bien souvent, il s’est avéré que ma véritable place se situe derrière un bureau. Je n’ai jamais eu de don particulier en ce qu’il s’agit des sortilèges offensifs, basant tout ce qui peut sembler à de l’attaque sur ma seule logique, me plaisant à m’imaginer mon cerveau comme une arme aiguisée. Seulement, me lancer à la recherche de Cersei équivaut à faire quelque chose ne m’étant pas habituel puisqu’il me faut alors faire face aux forces de la nature et jouer avec les nombreuses possibilités de cachettes qu’offrent les forêts ou les endroits emplis de monde. Cette limite se distingue bien souvent alors que je me mets sur les traces de la fille Harkness, puisque me vient alors l’impression qu’elle me file entre les doigts, lorsqu’après plusieurs jours de recherche, l’adrénaline d’être dans un endroit m’étant inconnu, s’infiltre sous ma peau pour s’emparer de moi. Tout petit déjà, cette constatation m’a ébranlé, alors que mes aînés réclamaient des sorties au parc, tandis que je ne demandais qu’à rester auprès du confort de la maison familiale. Je n’ai pourtant pas peur de me trouver au grand air, aimant particulièrement sentir le vent qui me fouette le visage et mes cheveux se gonflant avec la brise. Seulement ai-je souvent remarqué ma façon de perdre mes moyens en extérieur, trop occupé à profiter du fait de ne pas être enfermé et distrait par tellement de choses, que j’enchaîne des actes plus stupides les uns que les autres. Peu dignes d’une personne revendiquant fonctionné au génie, au lieu de se soumettre à la réalisation d’agissements barbares. Car dans ce cas-là, sans muscles et sans logique, il ne leur reste alors plus rien. Et le moindre oiseau voltigeant au-dessus de moi dans le ciel, peut suffire à me faire partir dans des rêves de liberté, insensés. Ainsi, à l’extérieur, je me révèle être incapable de lier efficacité avec joie du grand air. Et si l’idée de rester cloîtrer à l’intérieur de la maison familiale m’a un peu révulsé après avoir appris que mon paternel y avait été assassiné par mon frère – son propre fils –, je ne suis jamais parvenu à troquer le calme serein que me procure cette banale maison de rue, contre le monde sauvage que représente l’extérieur. Sauvage mais aussi destructeur, cela va sans dire. Je l’ai appris à mes dépends, en y rencontrant Margaery, cette femme qui est parvenue à briser mon cœur en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Rencontrée au détour d’un verre, partagé à ce même endroit dans l’enceinte du Chaudron Baveur, la brune n’a pas tardé à me conquérir, pénétrant mon cœur comme jamais personne ne l’avait fait auparavant. Elle y a ainsi fait naître le plus grand sentiment de désolation que je n’ai jamais connu, alors que le désespoir m’a envahi pendant de nombreuses semaines, alors que j’ai appris ce à quoi elle jouait dans mon dos. A cela s’est mêlé la mort de mon frère, succombant certainement de ses blessures par ma faute, mais pas seulement. Je refuse de porter seul le chapeau. Les membres de l’Ordre du Phénix ont indéniablement leur part de responsabilité dans la mort de mon aîné, et Margaery n’est pas à écarter de l’affaire non plus. Sans elle, j’aurais certainement tenté de secourir mon frère, le portant sûrement à Sainte Mangouste afin qu’un docteur magique puisse tenter de le remettre sur pieds. Mon frère s’est certainement montré idiot lui aussi, de m’annoncer les sombres desseins de la jeune femme, juste avant notre altercation avec les acolytes de Dumbledore. Seulement ne pouvait-il pas devine ce qui allait se passer et la rage que ses révélations engendreraient en moi, suffisante pour le laisser à son triste sort. A présent, ma seule envie à l’égard de Margaery, n’est plus de la présenter à mes parents, mais bien de me venger d’elle par quelque moyen que ce soit, du moment que je parvienne à mes fins. Et aujourd’hui, je ressens le même sentiment de trahison à l’égard de la blonde, ne m’attendant toujours pas à la voir fuir au loin pour se réfugier au creux des bras d’un homme m’étant parfaitement inconnu, afin de lui déposer quelques baisers sur les lèvres. Elle est dans son droit, en ce qu’il s’agit d’avoir un amant après tout. Le plus grand pincement au cœur qui en résulte, reste le fait qu’elle ne m’en a pas parlé auparavant, alors que je n’ai de cesse de lui raconter ce qu’il se passe dans ma propre vie. Peut-être est-ce parce que je ne lui laisse pas le loisir de m’en parler, à force de monopoliser la parole, dans ce cas. Mais peu importe, je lui prête tout de même une part de responsabilité dans cette histoire, refusant de croire que cette rage soudaine n’est due qu’à moi seul. Je ne comprends pas d’où elle me provient d’ailleurs, c’est certainement ce pourquoi je ne sais pas à qui la rapprocher, ne sachant pas faire la part des choses entre où se termine ma part de responsabilité et celle où commence celle de Marianne. C’est peut-être pourquoi je me suis rendu au Chaudron Baveur. Car de toute évidence, ce n’est pas pour y voir la personne que l’on m’a conseillé de rencontrer, étant donné que je n’ai même pas tenté de le chercher en entrant dans le pub, me contentant d’aller m’asseoir à ma place habituelle face au bard, sans lever les yeux du sol. Je ne peux pas admettre que c’est pour noyer mon chagrin grotesque dans un verre d’alcool que je suis venu cependant, question de dignité. Le trajet jusqu’ici s’est même plutôt fait par automatisme à vrai dire, sans que je n’y réfléchisse réellement, préférant laisser mon cerveau vide de toute pensée futile. Peu importe, je secoue doucement la tête, essayant de chasser tout cela de ma tête, décidant de me changer les idées alors que je me saisis de mon verre de whisky pur feu. Je fais danser un instant le liquide ambré dans le verre, l’observant avec attention, avant de le porter à mes lèvres. L’alcool me réchauffe la gorge alors qu’elle se déverse dans mon gosier, enflammant légèrement mes pommettes par la même occasion. Rien d’insupportable cependant, bien au contraire, je me sens revivre.

Derrière moi, un léger tintement retenti alors qu'une brise d'air froide entre dans l'enceinte du Chaudron Baveur. Au milieu du brouhaha ambiant, je peux nettement distinguer des bruits de pas, claquant furtivement contre le plancher en bois. La porte se ferme alors en claquant violemment, faisant grommeler le barman face à moi alors qu'il lance un regard mauvais en direction du nouvel arrivant. Bien vite, il se détourne pour reprendre son travail, qui consiste simplement à astiquer un verre. Cela fait d'ailleurs tellement de temps qu'il s'en occupe, qu'il doit maintenant être étincelant. Du moins n'aura-t-on jamais vu de verre mieux lavé dans l'enceinte du bar, de mémoire d'homme. Je ne sais pas d'où lui vient cette soudaine fascination pour la propreté de cette pièce de verrerie précise, mais il semble y être bien attaché, tout compte fait. Ou seulement est-ce moi qui me fais des idées, puisqu'il n'y a certainement aucun sens caché devant ce tic soudain. Aussi je décide de n'accorder que peu d'importance à son geste, préférant me focaliser sur une petite commode placée derrière lui, me faisant le commentaire que je ne l'ai jamais vu s'ouvrir. Que ce soit par magie ou par manipulation du barman, peu importe au final. Bon nombre de détails sur lesquels je me focalise afin d'oublier la présence de la nouvelle arrivante, qui s'empresse de venir s'installer sur un tabouret non loin du mien, autrement dit, celui placé juste à côté. « Un verre de la même chose, pour moi. » lance-t-elle alors en direction du barman. Celui-ci ne tarde pas à arrêter d’astiquer le verre qu’il a entre les mains, la dévisageant longuement avant de laisser un mince sourire apparaître sur ses lèvres. Le sourire le plus énigmatique que je n’ai jamais vu, de ce que je peux en dire. C’est-à-dire pas grand-chose, puisque je me résous à ne l’observer que du coin de l’œil, afin de ne pas tourner mon visage en direction de la blonde. Ma gorge se noue rapidement, alors que je m’empresse de laisser à nouveau mon regard vagabonder vers un autre coin de la pièce, évitant ainsi de rencontrer le sien. Car si son timbre de voix me rappelle sans cesse l’homme l’étreignant dans les rues de Londres quelques minutes auparavant, je n’ose même pas m’imaginer l’effet que me ferait de croiser ses prunelles. Je suis pourtant convaincu qu’il ne s’agit pas là de quelque forme de jalousie que ce soit, me contentant simplement de me qualifier comme étant déçu qu’elle ne m’ait rien dit à propos d’un éventuel amant. Je ne peux m’empêcher de chérir l’idée qu’elle ne me l’a pas encore dit, en raison du fait que le couple qu’elle forme avec cet étranger est tout récent. Mais j’ai tout de même un certain doute quant au fait qu’un nouveau couple puisse s’étreindre de cette façon ou encore s’embrasser avec autant de ferveur. Ou alors c’est que je n’y connais rien à l’amour, ce qui est fort possible également. Un jour, j’ai pourtant eu l’impression de savoir ce que cela est réellement que l’amour, mais vu la tournure des évènements, il s’est avéré que je me suis tout de même bien fourvoyé. « Serais-je la seule à avoir le sentiment qu'on se retrouve bien souvent, ici ? » Ce n’est qu’à ce moment-là que je me décide à me tourner dans sa direction, fronçant légèrement les sourcils alors que mes prunelles se posent sur son visage. Je ne tarde pas à remarquer ses lèvres pincées et son air crispé. Je ne sais pas trop comment interprété ses paroles. Si elle me dit cela parce qu’elle me considère comme un alcoolique à force de me croiser dans l’enceinte du Chaudron Baveur, je peux lui retourner la pique. Elle est toujours ici quand je le suis également. Pas une seule fois je ne me suis installé à ce comptoir sans qu’elle ne me rejoigne par la suite, s’en est presque à croire qu’elle me suit. Mais je refuse de devenir assez paranoïaque pour soutenir une telle hypothèse. Surtout qu’elle n’a aucune raison de me suivre ; si nous nous sommes rencontrés dans ce pub, cela a été tout à fait par hasard. Et si nous nous y retrouvons souvent, ce n’est pas le but de départ. Du moins, c’est toujours ainsi que j’ai vu la chose et je n’ai pas envie de changer de point de vue à présent, à ce sujet. Sans que je ne comprenne pourquoi, je décide alors de prendre ses paroles comme une remontrance. Peut-être est-ce l’effet de l’alcool, mais je ne le pense pas vraiment, étant donné que je n’en ai pas vraiment bu beaucoup, en comparaison avec d’habitude. Je passe rapidement ma langue sur ma lèvre inférieure tandis que je me redresse sur mon tabouret, tout en fronçant légèrement les sourcils, adoptant ainsi un air réprobateur. « Si ma compagnie te déplait pas, je ne te retiens pas. Il me semble qu’il y a largement la place ailleurs. » je lui souffle entre mes dents serrées, alors que je lui désigne le reste de la salle. En effet, de nombreux tabourets restent disponibles autour du bar, mais pas seulement. Derrière moi, le Chaudron Baveur paraît presque vide par rapport à d’habitude, avec une bonne dizaine de tables libres. Même les mangemorts ont l’air d’être venus moins nombreux que d’habitude. Sans compter que je ne vois pas celui pour lequel je suis censé venir ici à la base. En effet, il n’y a pas la moindre trace de brun aux cheveux bouclés par ici. Peu importe, je hausse brièvement les sourcils alors que je me tourne de nouveau vers la blonde. Je ne continue pas tout de suite cependant, puisque je vois le barman avancer dans notre direction, apportant le verre commandé par la jeune femme quelques instants auparavant. Il le claque violemment contre le bois du comptoir, comme à chaque fois, menaçant de renverser une partie du liquide ambré. Pourtant, comme par magie, aucune goutte ne se déverse hors du verre. D’un geste automatique, je glisse ma main dans ma poche, pour en retirer quelques pièces que je fais glisser en direction du barman. Celui-ci s’en saisit aussitôt, avant de retourner vaquer à ses occupations – qui consistent à astiquer un nombre incalculable de verre généralement, ce qu’il n’est jamais parvenu à faire correctement d’ailleurs. Malgré le fait que j’en veuille quelque peu à la jeune femme, je ne parviens tout de même pas à perdre ma pseudo-galanterie à son égard. Comme quoi, je ne suis pas réellement énervé contre elle, au fond, si je parviens encore à payer sa consommation. « Ou mieux. » je finis par souffler à nouveau, sans quitter la jeune femme du regard, mes prunelles pétillant d’un nouvelle éclat alors qu’un sourire malsain se dessine sur mes lèvres. Sourire qui se dissipe bien vite, alors que je me rends compte de ce que je m’apprête à dire. Mais trop tard, les mots s’extirpent déjà de la paroi de mes lèvres pour venir voltiger jusqu’à ses oreilles, alors que mon cœur se met à battre plus vite dans ma poitrine. Je me trouve ainsi totalement transporté par l’adrénaline que je me plais à créer moi-même. Ou du moins cela ne me plait-il pas vraiment, puisque j’ai l’impression de ne plus réellement contrôler ce qu’il se passe. Peu importe, je préfère faire semblant que je suis maitre de la situation, comme à chaque fois généralement. C’est plus fort que moi, le peu d’intelligence qu’il me reste cherche toujours à jouer au bras de fer avec tout ce que je peux croiser. Même montrer que je suis plus cultivé en ce qu’il s’agit de la culture du monde magique, qu’un vulgaire moldu, peut parvenir à me satisfaire dans les moments où je me sens perdu et diminue. Cela n’a rien d’équitable, mais peu importe. Je prétends vouloir devenir mangemort, alors je ne devrais rien avoir à faire d’un problème d’équité, ne tirant qu’un plaisir malsain à me sentir plus puissant que tout autre. Et si je ne me leurre pas en prétendant surpasser quiconque en ce qu’il s’agit de lancer des sortilèges, je peux néanmoins compter sur mon intelligence relative pour m’aider à me sentir puissant. « Peut-être aurais-tu pu venir avec ton ami ? Tu aurais ainsi pu gentiment me le présenter, avant d’aller t’installer en tête à tête avec lui un peu plus loin, afin de l’embrasser sous mon nez ; puisque ma compagnie te déplait tant. » Légèrement fébrile, je me rends compte que mes mains se sont mises à trembler alors que ma réaction se fait à présent légèrement plus haletante, sûrement en raison de ma façon soudaine de m’emporter. Je n’ai pas élevé la voix pourtant, me contentant de chuchoter cela à son attention, ne voulant surtout pas attirer les regards dans notre direction. Si bien que lorsque je me retourne en direction de mon verre pour serrer mes phalanges autour de lui, faisant crisser légèrement mes ongles contre la surface transparente, je remarque que le barman n’a même pas lancé un regard dans notre direction. Tant mieux. « Enfin, oublie ça. » je lance alors une dernière fois à Marianne, avant de porter mon verre jusqu’à mes lèvres afin d’en avaler le whisky pur feu qu’il contient, dans son intégralité. Autrement dit, cul sec. Je tape alors du plat de la main sur la table, afin que le serveur se tourne dans ma direction, avant de pousser mon verre dans sa direction. Il s’empresse alors de le remplir de nouveau du fameux liquide ambré, non sans grommeler, alors qu’une nouvelle fois, je fais glisser quelques pièces dans sa direction. Préférant toujours payer avant de perdre le moindre brin de lucidité.
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Moses Fleming
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≡ âge du perso : quarante ans.
≡ amoureusement : immunisé.
≡ son emploi : professeur de sortilèges à poudlard.
≡ statut de sang : sorcier de sang-pur, noble jusqu'au bout des doigts, qui tient à la dignité de sa famille.
≡ sa maison : ancien gryffondor, un choix qu'il n'a jamais particulièrement compris ni accepté, tous les siens finissant normalement chez les serpentards.
≡ sa baguette : bois d'ébène, spécialisation en maléfices, longueur de trente-deux centimètres avec pour centre un ventricule de coeur de dragon.
MessageSujet: Re: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeMar 9 Avr - 14:08


it feels like it will never end
cersei-jane v. harkness & Saíréann U. Ò'Leirigh
« Everybody knows that everybody dies.
But I do think that all the skies of all the worlds might just
turn dark if we ever, for one moment, accept it. »

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Sous les traits de Marianne, revenaient ces pensées qu’elle ne pouvait nier. Qu’elle ne voulait avouer. Elle se sentait plus en sécurité ainsi, elle se sentait presque avoir une place dans le monde ; ainsi, elle n’était pas obligée de se cacher constamment, de regarder par-dessus son épaule comme une voleuse pour s’assurer de ne pas être suivie. Devenir Marianne s’avérait plus libérateur que ce qu’elle pouvait accepter – elle était Cersei, et non pas cette rafleuse dont elle revêtait l’apparence : pourtant, plus le temps passait, plus l’adolescente de Serdaigle se mourait sous la prescience que Marianne avait sur sa vie. Elle n’avait après tout, plus rien à quoi se raccrocher – depuis des années déjà, elle avait perdu Elwood, l’un des principaux réconforts à cette existence en pointillés qu’elle menait depuis toujours. Sans compter sa famille qui l’avait abandonnée sans un regard en arrière, Sansa qui la détestait pour des raisons toutes plus contradictoires les unes que les autres, Poudlard, qui n’était plus vraiment le château qu'elle avait eu l’habitude de connaître. Pour elle, c’était tout le monde de la magie qui avait changé, tous ses repères qui s’étaient envolés ; entre les griffes de Doezwal, elle avait découvert un univers hostile et agressif, fait de meurtres et d’horreurs incessantes – son sommeil était à présent voilé de ces déplaisants cauchemars dont elle ne parvenait plus à se défaire. Sa vie avait basculé, au combien elle fuyait cette évidence impérieuse. Il devenait évident qu’elle était désespérée à ce point, mais qu’elle cherchait à se défaire de cette réalité : c’était brave, ou totalement fou de se raccrocher à tout et n’importe quoi pour continuer d’avancer. A cela, Marianne et tous les égards qu’on lui apportait était une évidente échappatoire – une bien belle échappatoire. Cersei se souvenait encore, pourtant, du lascif quotidien qui avait pris part dans sa vie lorsqu’elle était entrée à Poudlard : elle, elle avait grandi dans le monde de la magie, aussi, ça n’avait en rien représenté une découverte vertigineuse – comme un enfant moldu qui serait allé à l’école, elle s’était parfois lassée de l’enseignement au château, lassée par la vie de tous les jours qui reprenait ses droits ; et encore, elle au moins pouvait se targuer d’avoir connu bien des mésaventures pendant toute sa scolarité : le basilic hantant les couloirs de l’école, Sirius Black qui (aux dires de beaucoup) traquait Harry Potter, les Détraqueurs, le Tournoi des Trois Sorciers, Ombrage et même la toute récente attaque de Poudlard par les Mangemorts. Aujourd’hui plus que jamais, arrachée à cette destinée toute écrite, Cersei chérissait les souvenirs qu’elle gardait de Poudlard – les longs festins où la nourriture était abondante, la chaleur du feu de cheminée, le confort de la salle commune des Serdaigle, même les cours du professeur Rogue lui manquaient : elle n’avait jamais eu à se plaindre de toute manière, la jeune Harkness avait toujours eu le sentiment que le professeur l’appréciait, principalement pour ses talents affichés en potions. Peu de gens pouvaient se targuer de réussir un Polynectar avant la fin de tout cursus scolaire (hormis Hermione Granger, bien entendu, mais elle représentait l’exception qui arrivait à Poudlard tous les vingt ans d’âge), pour la jeune étudiante qu’elle avait été, tout cela avait été facile, évident : dans sa famille on avait pris pour habitude de la dire patiente et mesurée, assez en tout cas pour que ses mixtures magiques soient toujours de brillantes réalisations. Et c’étaient ces qualités qui l’avaient faite tenir, alors qu’elle avait côtoyé les pires compagnies qui soient en suivant le sillage de son père : lentement mais sûrement, Cersei avait préparé sa fuite, dans le plus grand secret, ne gardant ses desseins rien que pour elle. A ses dépends, pendant ces longs mois, la jeune femme avait de toute manière découvert que la confiance était plus dangereuse que tout. Mais en comparaison de Cersei la pauvre adolescente n’ayant jamais fini son cursus scolaire et ne brillant qu’en matière de potions, Marianne s’avérait être une redoutable silhouette derrière laquelle se cacher – lorsqu’elle l’avait vue pour la première fois, la jeune sorcière n’avait pas douté que la rafleuse qu’elle était, traînait sur son dos une sacrée réputation, qui forçait alors le respect de bien de ses pairs masculins.

Cersei savait déjà qu’elle ne serait jamais aussi brave, qu’elle ne brillerait jamais de quelque exploit magique : les rares fois où elle avait réussi à se défaire d’une troupe de rafleurs, elle estimait surtout que c’était grâce à un coup de chance, ou à un transplanage causé par la panique, qu’elle n’avait qu’à peine maîtrisé. Sans doute préférait-elle-même croire en l’existence d’un Dieu Tout Puissant plutôt que d’admettre, que peut-être, elle était détentrice d’un certain talent en ce qui concernait le maniement de baguette également. Ce n’était pas faute d’avoir essayé, mais que ce soit en défense contre les forces du mal ou en cours de sortilèges, beaucoup de ses camarades s’étaient avérés bien plus brillants qu’elle. Pendant longtemps, l’élève qu’elle avait été s’était contentée de sauver les meubles, d’avoir des notes acceptables, loin de se douter qu’un jour elle ne devrait plus que compter sur ces savoirs-là pour survivre. Survivre… Tentait-elle seulement ça ? Plus le temps passait, plus l’hiver s’épaississait et plus Cersei avait l’amer sentiment de juste fuir – survivre ne devrait pas se limiter à ça, mais au combien ses volontés pouvaient dépasser ses actes, elle n’avait aucune idée de comment faire plus. Comment faire pencher la balance d’un côté plutôt que de l’autre ? Comment apporter quelque chose dans cette bataille échevelée ? L’Ordre du Phénix devait avoir bien trop de problèmes pour s’encombrer d’une jeune étudiante, fille de Mangemort qui plus est. Et plus l’incertitude prenait le pas dans l’esprit de Cersei, plus elle se rendait compte que le monde – aussi vaste soit-il – était bien vide de sens. Etait né en elle le sentiment que le cycle perpétuel des planètes autour du soleil n’était qu’inutile, qu’un mécanisme gravé dans les lois d’une physique la dépassant largement, mais tournant uniquement pour elle – pas pour les êtres humains peuplant ce monde. Eux, ils ne rimaient à rien, l’avenir était obstrué par l’ombre et elle ne pouvait rien y faire ; grandissait en elle le sentiment que c’était il y a des années lumières déjà, qu’elle idéalisait son avenir, qu’elle voyait des dizaines et des dizaines de possibilités de carrière s’offrir à elle. Aujourd’hui, elle n’avait plus que deux choix : fuir pour survivre ou abandonner pour mourir. Mais à aucun de ces deux chemins s’offrant à elle, elle n’avait la possibilité d’être Cersei, la Cersei qu’elle était devenue sous la protection et l’amour (aussi illusoire eut-il été) de son oncle et sa tante. Pour survivre, elle devait revêtir l’allure de Marianne et pour mourir, elle devait abandonner tout ce à quoi elle s’était toujours raccrochée, acceptant l’amertume de la vie telle qu’elle était – acceptant de ne jamais revoir Elwood, de ne jamais retourner à Poudlard. Tout ce qui lui avait semblé acquis, à quelque moment de sa vie, s’avérait être un hypothétique inatteignable à présent. Alors elle s’échouait, oui elle s’échouait, cessant toute lutte contre ses propres songes, ici, au côté de Saíréann ; et sans avoir à dire le moindre mot, peut-être lui livrait-elle ainsi plus que tout ce qu’elle imaginait. Il n’y avait rien à raconter sur l’implacable logique qui la ramenait là, sur les ressentiments amers qui la prenaient d’assaut lorsqu’elle posait son regard sur le rafleur qu’il était ou lorsqu’il se livrait à elle. S’il venait un jour à découvrir l’envers du décor, elle ne doutait pas qu’il serait assez en colère pour lui faire du mal, pour la tuer ou pour la détester plus que ce n’était déjà le cas : à la guerre comme à la guerre, et elle aurait pu se vanter de tromper ainsi ses ennemis, cependant, la potentielle fierté qu’elle aurait pu ressentir à une époque, était devenue regrets au creux de son cœur aussitôt qu’elle avait compris. Qu’elle avait compris qu’elle avait franchi quelques pas en terre inconnue, dans ce terrain miné que représentait Saíréann et qu’elle ne pouvait plus faire marche arrière. Qu’elle ne voulait plus, peut-être bien. Ce n’était pourtant pas faute d’essayer d’imposer une volonté plus farouche à son esprit – ne plus revenir, disparaître un jour comme si de rien n’était et ne plus jamais utiliser le visage de Marianne – affronter Saíréann et toute la haine qu’il avait pour elle. Affronter le monde, sa terrible destinée sans se cacher derrière qui que ce soit.

Au milieu de ces états d’âme, que ne cessait de ramener son esprit, la vive réaction de Saíréann à ses mots lui parut exploser en plein dans son visage, comme une bombe annihilant tout sur son passage. Elle ne s’en rendit qu’à peine compte, mais son souffle se suspendit à chacun des mots qui passèrent les lèvres de son vis-à-vis – au fond des prunelles du rafleur, que son regard avaient accroché dans un réflexe déplaisant, Cersei eut le sentiment d’y voir toute la véhémence qui lui était en d’autres temps, destinée à elle. Qu’est-ce qui lui arrivait, tout d’un coup ? Elle aurait voulu que ces mots franchissent la barrière subitement aride de sa bouche, mais aucun son ne germa au fond de sa gorge – Marianne était elle aussi atteignable, Marianne elle aussi ployait comme un roseau face à l’air impitoyable qu’il affichait face à elle. Elle ne pouvait pas, ça ne pouvait pas se finir ainsi. Prise au dépourvu, la sorcière ne put que détourner le regard, fuyant l’incandescence des yeux du jeune homme. Non, elle ne voulait pas se sentir tomber les pieds sur terre, se sentir aussi impuissante que ce qu’elle était lorsqu’elle revêtait les traits de son propre visage. A ces interminables secondes, l’arrivée du tenancier se présenta comme un réconfort indispensable, auquel elle se raccrocha d’une œillade trop doucereuse, sans doute. Mais au fond de sa poitrine, c’était une inquiétude – une peine à nulle pareille qui avait enraillé les battements de son cœur, elle ne savait pas pourquoi. Elle n’avait jamais su pourquoi l’animosité de Saíréann à son égard l’avait toujours tant blessée, pourquoi elle s’était toujours enquise des pensées qu’il pouvait avoir pour elle. Pourquoi elle avait tant tenu à ce que Marianne rattrape ce lambeau de relation pour elle. « Quelqu’un t’a cassé ta baguette ou quoi ? » Les mots s’étaient faits plus fébriles qu’elle ne l’aurait voulu. Et d’ailleurs, elle se maudit bien vite pour avoir prononcé une telle phrase : typique de la jeune étudiante stupide ; c’était le genre de réplique qui tournait à travers les couloirs de Poudlard, et nulle part ailleurs, certainement pas au sein des rangs des rafleurs. Mais elle avait aussi cru savoir que les petites piques acerbes et agressives n’étaient pas d’usage là-bas, pourtant, le sorcier semblait exceller dans ce domaine. Incompréhensible, pour une fille comme Cersei. Pour masquer le rouge qui lui montait aux joues, elle attrapa son verre tout juste arrivé, l’amenant à ses lèvres pour se forcer au silence – sa réplique n’avait été qu’un vague souffle hésitant, duquel il ne tint finalement guère compte, reprenant ses cinglantes paroles de plus belle. « Peut-être aurais-tu pu venir avec ton ami ? Tu aurais ainsi pu gentiment me le présenter, avant d’aller t’installer en tête à tête avec lui un peu plus loin, afin de l’embrasser sous mon nez ; puisque ma compagnie te déplait tant. » Elle s’était noyée dans son verre de longues secondes durant – aux déclarations de Saíréann, la sorcière manqua de s’étouffer dans son whisky pur feu, gardant assez de contenance (malgré les circonstances, ce qui s’avérait exceptionnel), pour faire claquer durement son verre contre la surface de bois devant elle. Et ce fut le seul acte de bravoure qu’elle fit, ou était-ce une vague supplication silencieuse lancée au jeune homme pour qu’il stoppe enfin le flot de ses dires acerbes ? Elle ne comprenait pas. Il n’y avait rien à dire. Elle n’était pas Marianne et évidemment, elle ne pouvait pas contrôler les faits et gestes de celle-ci lorsqu’elle ne prenait pas son apparence. A quoi bon tenter quoique ce soit ? A quoi bon lutter contre la prescience du destin qui ne jouait définitivement pas en sa faveur ? « J-je… » Cersei revenant au grand galop, avec sa lâcheté débordant par chaque pore de sa peau, elle baissa les yeux, s’humectant les lèvres, les ressentant plus sèches que jamais – profitant de ces longues secondes pour puiser assez de courage pour dire quoique ce soit. Combien de chance avait-il de croiser Marianne en dehors de leurs rencontres ici ? Aucune, techniquement, et pourtant, c’était arrivé. « Je suis désolée. Ce n’était pas… supposé se passer comme ça. » Certainement pas. Et Marianne n’était certainement pas le genre de femme à s’aplatir en excuses – pourtant, elle se plaisait à croire qu’il était plaisant de faire une exception pour lui. « Mais de toute manière je ne vais pas m’expliquer avec toi. Et je n’ai rien à te dire là-dessus, ça ne te concerne pas. Et-et, j’ai mes raisons ; si ce n’est pas pour expliquer ma relation avec mon ami, peut-être te feront-elles comprendre que ça ne te regarde pas. » Tenta-t-elle vaguement, sa voix se faisant hésitante au départ, pour se parer d’une bravoure insoupçonnée. Elle avait même eu le courage de trouver le regard de Saíréann au milieu de sa litanie : douce-amère, sa voix n’avait pas déraillé. « Enfin, oublie ça. » Oublier, c’était facile de dire ça maintenant qu’il avait déversé toute sa petite colère orgueilleuse sur elle – trop longtemps, Cersei s’était aplatie sous une crainte bourdonnant au fond de ses entrailles, Marianne devait être différente. Elle tira ainsi du fond de sa poche les trois piécettes équivalant à celles qu’il avait offertes au tenancier pour payer sa consommation, les déposant devant son interlocuteur, balayant ainsi les convenances et cette pseudo-galanterie qu’il se permettait d’avoir, là où ses paroles se faisaient plus accusatrices qu’autre chose. « C’est à toi d’oublier ça. Qui plus est, qu’est-ce que tu faisais ? Tu me suivais ou quoi ? » Peut-être avait-elle en elle plus de points communs avec son père qu’elle ne voudrait l’accepter. C’était typiquement le genre de pique agressive qu’il lui avait lancée – tout ce qu’elle détestait chez quelqu’un. Elle ne voulait pas devenir ce genre de personnes, mais ici, ces êtres-là étaient les rois du monde ; c’était ainsi qu’elle survivrait.
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MessageSujet: Re: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeMer 17 Avr - 10:35

it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Tumblr_mkl0fzC6aC1rmuvzuo2_250
Accoudé au bar, les mains entourant mon verre de whisky pur feu, je regarde fixement le liquide ambré alors que celui-ci valse dans mon verre. Je ne peux m’empêcher de le faire ainsi danser, alors que je suis moi-même agité par de sombres pensées et des impressions de trahison. Celles-ci me submergent comme cela ne m’est encore jamais arrivé auparavant – ou alors du moins, comme cela ne m’est pas arrivé depuis bien longtemps – et je dois avouer que c’est tout de même assez perturbant. Et cela est juste en raison de la jeune femme qui vient de prendre place à côté de moi. En effet, je ne peux pas m’empêcher de ressentir un pincement au cœur lorsque je me remémore la façon dont Marianne est passée devant moi en pleine rue, pour aller se jeter dans les bras d’un homme m’étant inconnu. Ce n’est pourtant pas de la jalousie, je ne veux pas y croire, préférant prétendre que c’est le fait qu’elle ne m’ait jamais fait part de cette liaison, qui m’accable. Et cet énervement soudain doit sans doute se ressentir dans la façon dont j’agis et celle dont je réponds, puisque la jeune femme ne tarde pas à froncer les sourcils. « Quelqu’un t’a cassé ta baguette ou quoi ? » me demande-t-elle alors d'une voix sarcastique. Et alors qu'elle me scrute de son regard tellement innocent qu'il finit par en paraître dur - c'est un peu paradoxal, je dois l'admettre -, me vient l'idée qu'elle sait que je l'ai vu tout à l'heure. C'est sûrement ce pourquoi elle me prend de haut d'ailleurs, se jouant de moi. Ou peut-être me fais-je simplement des illusions. Pourtant, je me souviens bien avoir crié son nom afin de l'appeler, attendant qu'elle se retourne. Elle a sûrement dû m'entendre d'ailleurs, mais a simplement choisi de m'ignorer. Ou alors je me fais simplement des illusions. Peu importe, cela ne change en rien l’énervement soudain que j’éprouve pour sa personne. Ce n’est pas une réelle trahison de sa part pourtant, puisqu’il n’a jamais été stipulé nulle part qu’il faut qu’elle me présente ses fréquentations. J’avoue même volontiers que je n’en aurais rien eu à faire si elle m’avait présenté son ami auparavant et me serais simplement évertué à lui montrer un désintérêt certain. Cependant, même en sachant cela, je ne parviens pas à faire redescendre mon énervement. Ce pourquoi je ne prends même pas la peine de relever sa pique, me contentant de lui lancer de nouvelles accusations au visage. Cachée derrière son verre de whisky pur feu, je vois que les yeux de la jeune femme s’écarquillent alors qu’elle se met à tousser, semblant s’étrangler avec le contenu de son verre. Je la fixe pendant un instant, restant complètement indifférent face à sa soudaine crise de toux. Après tout, elle ne risque pas de mourir en buvant un simple vers d’alcool. Auquel cas, cela serait véritablement tragique. Elle finit par claquer brutalement son verre contre la table, laissant s’envoler un bruit fracassant qui se répercute dans la petite cabine où se trouve le serveur, de l’autre côté du bar. Je remarque tout de même qu’elle s’évertue à garder une certaine contenance, malgré ce que mes paroles semblent exercer sur elle. Je ne lui accorde même plus le moindre regard. A quoi bon ? Son attitude provocatrice me dégoûte au même titre que ses non-dits. « J-je… » laisse-t-elle finalement échapper. Son bégayement jure avec l’air serein qu’elle vient de s’évertuer à composer, elle même doit être forcée de l’admettre. Pourtant, elle ne semble pas perdre prise, gardant sa contenance de façon très professionnelle. Intérieurement, je me jure qu’elle pourrait aisément être une actrice. Ce qui renforce une nouvelle fois cette impression qu’elle se joue de moi et se moque ouvertement, même si je ne le remarque que trop peu. Pourtant, une nouvelle fois, je préfère croire que je me fais des idées. Bien trop souvent trahi par ceux en qui j’ai placé toute ma confiance, j’ai juré de ne plus jamais m’attacher et de ne plus jamais me faire avoir ainsi. Force m’est pourtant d’admettre que je n’ai pas respecté mes propres vœux, en m’attachant ainsi à Marianne. Car je peux prétendre ce que je veux, mais je dois admettre que je m’y suis réellement attaché. Et ce serait me voiler la face que de prétendre le contraire. Sans compter que je perds certainement mon temps alors que je reste à ses côtés, au lieu de chercher Cersei. Je suis encore plus irrémédiablement attiré par le Chaudron Baveur, à présent que je suis à peu près certain de l’y trouver à chaque fois que l’idée d’y mettre les pieds, s’empare de moi. « Je suis désolée. Ce n’était pas… supposé se passer comme ça. » Je hausse un sourcil, surpris. Des excuses venant d’elle me paraissent surprenantes, mais il faut dire que je n’ai aucune idée de quel genre de femme elle peut être. Après tout, je n’ai jamais été confronté à elle auparavant, notre relation était purement amicale et n’ayant jamais eu de sources de conflits auparavant. Ce pourquoi je pensais certainement me montrer assez distant avec elle, mais il semblerait finalement que je me sois fourvoyé. C’est d’ailleurs la meilleure épreuve de cette constatation à vrai dire. « Tu m’étonnes. » je lui lance de façon ironique avant de pincer les lèvres. Je me saisis de mon propre verre de whisky pur feu, le portant jusqu’à mes lèvres. Les paupières closes, le visage légèrement renversé vers l’arrière, j’en engloutis quelques gorgées. Celles-ci me brûlent légèrement la gorge. Chose tout à fait inhabituel, surtout pour un pilier de comptoir tel que moi. Je dois avouer que je bois beaucoup, sûrement trop même. Pourtant, je ne me considère pas comme étant dépendant à l’alcool, plus à l’ambiance des bars – et spécialement celle du Chaudron Baveur – mais surtout à la présence de Marianne en ce lieu. C’est pourquoi, l’on peut aisément se demander ce que je fais là, alors que je lui montre clairement que je lui en veux en ce moment-même. Sûrement parce que cette fois, il me faut noyer le chagrin de ce sentiment de fausse-trahison dans un verre d’alcool. C’est stupide, j’en ai conscience. Pourtant, ce n’est pas le genre de prise de conscience qui m’aide à me ressaisir, allez savoir pourquoi. « Mais de toute manière je ne vais pas m’expliquer avec toi. Et je n’ai rien à te dire là-dessus, ça ne te concerne pas. Et-et, j’ai mes raisons ; si ce n’est pas pour expliquer ma relation avec mon ami, peut-être te feront-elles comprendre que ça ne te regarde pas. » Sa voix, d’abord hésitante, finit par revêtir une assurance qui semble l’étonner elle-même. Pourtant, elle ne s’attarde pas là-dessus, bien trop occupée à encrer ses propres paroles dans son esprit j’imagine ou à me dévisager, d’une toute autre façon. Peu importe au final. N’est-ce pas moi qui ai prétendu que ce qu’elle pouvait penser ou dire, m’importait peu ? Car c’est ainsi qu’il faut traiter les personnes dont l’existence nous est insignifiante. Mais ce serait mentir, une nouvelle fois, que de prétendre que son existence m’importe peu. Pas maintenant que je lui ai confié tout ce qu’il y a à savoir sur moi, pas alors que je suis en train de piquer une crise de jalousie – à défaut de parvenir à appeler ça autrement –, que moi-même j’ai du mal à comprendre. « Vas-y, je t’en prie. Énonce-moi tes raisons. » Je hausse brièvement les épaules en laissant échapper un soupir alors que je viens me frotter la tempe de façon mécanique, signe de mon irritation. Redressant légèrement le visage, je plante mon regard dur dans le sien, attendant qu’elle en vienne à me conter ce pourquoi, l’existence de son ami ne me regarde pas. Parce qu’elle a honte de lui ? Parce qu’elle a honte de moi ? Peut-être les deux à la fois ? Je n’en sais rien, mais puisqu’elle semble prétendre pouvoir l’expliquer ; autant qu’elle le fasse, et vite. « Surtout si elles peuvent me faire comprendre que l’existence de ton ami ne me regarde pas. Alors là, oui. Je suis preneur. Explique-moi. » je ne peux m’empêcher d’ajouter, avant de détourner le regard en adoptant un air pincé, agacé même. Pourtant, quelque chose me souffle qu’elle n’a pas forcément tord et que la relation qu’elle peut entretenir avec le premier imbécile qu’elle croise, si elle le désire, ne me regarde pas. Plutôt mourir que de l’admettre en revanche. La seule chose qu’il me reste de mon frère, c’est l’orgueil qu’il m’a toujours décrit comme étant la chose la plus importante chez un homme. Et si je l’ai laissé mourir, je ne suis pas encore prêt à salir sa mémoire en faisant passer à la trappe tout ce qu’il s’est évertué à m’enseigner.

La main enfoncée dans la poche, elle semble chercher après quelque chose. Il ne lui faut pas plus de quelques instants, pour finalement la ressortir, le poing fermé sur trois piécettes, qu’elle vient déposer sur le comptoir face à moi. Et cet argent que je ne peux m’empêcher de fixer d’un air hagard, représente exactement la somme que j’ai offerte au serveur pour sa consommation. Pour son whisky pur feu. Les yeux légèrement écarquillés, j’observe silencieusement les trois pièces de métal, la gorgé nouée. Depuis que nous nous connaissons, je me suis toujours évertué à payer ses consommations, y mettant un point d’honneur. La voir me rendre l’argent que je viens de dépenser pour elle, me chagrine fortement. Je suis en train de toute détruire à notre amitié – du moins, j’imagine que l’on pouvait jusqu’alors, qualifier cela d’amitié – à cause d’un type dont je n’ai même pas perçu le visage. Je suis un imbécile, possédant une fierté personnelle bien trop grande. Sûrement ne suis-je pas mieux que les personnes que je critique, moi non plus. Ainsi la famille Ò'Leirigh, n’est formée que de joyeux fanfarons, prônant l’achèvement de quelques idées et évènements, qu’ils commettent eux-mêmes. Une famille d’imbéciles dans ce cas, rien de plus. Mon frère commenterait certainement en rappelant que tout cela est la faute de feu notre père. Mais il n’est plus là depuis bien longtemps déjà, alors ce ne serait que bêtise, que de tout lui mettre à dos. « Garde ton argent. » je grommelle à son attention, alors que j’adopte un air résigné. La dernière fois qu’un rafleur m’a donné de l’argent, un peu comme pour acheter mon silence, je me rappelle encore de la façon dont nos relations ont tourné. Je revois encore son corps allongé au sol, le sang coulant de la plaie béante au milieu de son torse. Et je n’ai rien fait pour l’aider, notre relation étant devenue trop malsaine pour cela – en grande partie à cause de Margaery, toujours cette garce, je dois l’avouer. Et aujourd’hui, ne m’en voulant pas pour ça, mais presque, je ne souhaite pas que les choses tournent de la même façon. Pas avec Marianne tout du moins. L’école de la vie m’a déjà par trop de fois, montré à quel point les choses deviennent difficiles, lorsque l’argent se mêle au reste. Je ne veux par conséquent, pas qu’elle me rembourse. « C’est à toi d’oublier ça. Qui plus est, qu’est-ce que tu faisais ? Tu me suivais ou quoi ? » J’écarquille légèrement les yeux, quelque peu choqué par ses paroles. La suivre ? Je ne sais absolument pas ce que j’y gagnerais à vrai dire. Je ne suis pas non plus certain de ce que je trouverais si je la suivais. De quoi la discréditer et compromettre son avenir de rafleur ? Cela ne m’apporterait rien et je ne peux pas me montrer encore assez mesquin pour lui souhaiter de rater la carrière qu’elle semble avoir si brillamment commencé. Tant mieux pour elle à vrai dire ; car même si je ne l’ai jamais vu sur le terrain, je crois pouvoir dire grâce à ses témoignages, qu’elle est une véritable virtuose parmi les rafleurs de ce monde. « Mais bien sûr, je n’ai que ça à faire, de te suivre comme un petit chien. » je lui réponds de façon assez sarcastique, je dois bien l’avouer. C’est une comparaison très moldue, même un peu trop d’ailleurs, mais qu’importe. Je n’ai aucun d’honneur de sang pur à sauver, je ne suis qu’un simple sang mêlé à vrai dire. Et peu importe de ce que la jeune femme peut bien penser à ce propos d’ailleurs, je ne la laisserais pas me juger. Pas même alors que c’est exactement ce que je suis en train de faire avec elle. Mais contrairement à elle, je lui ai toujours tout dit. Et je me rends aujourd’hui compte d’à quel point j’ai pu passer pour un parfait crétin. Car à la vérité, elle n’en a tout simplement rien à faire, des confidences que je peux bien lui faire. Après mûre réflexion, je me rends même compte que cela doit l’exaspérer plus qu’autre chose. Mais il est trop tard pour regretter. Et pourtant, je dois avouer que si à ce moment précis, l’on me donnait la possibilité de revenir en arrière pour effacer les choses. Je le ferais sans hésiter. Je ne m’installerai même pas au bar du Chaudron Baveur afin d’éviter qu’elle s’approche de moi ou alors je ne lui payerai pas un premier whisky pur feu dans l’espoir qu’elle me laisse tranquille. S’il fallait tout recommencer, je ferai en sorte de ne jamais lui faire confiance. De tenir cette foutue promesse que je m’étais fait et qui, finalement, est bien vite passée à la trappe après avoir rencontré Marianne. « Je cherchais Cersei. C’est ce que je passe mon temps à faire. Chercher Cersei. » je finis par soupirer, alors que je m’aplatis face à la blonde pour lui offrir les réponses qu’elle me demande de fournir. Je ne suis pas en mesure de lui refuser cela. Pourquoi ? Je n’en ai aucune idée, mais la chose me parait évidente. Je crispe un instant la mâchoire alors que je secoue doucement la tête, arborant un air navré. « Je passe ma vie à courir après une fille dont je ne connais que le nom. Je ne lui ai jamais adressé la parole, n’ai absolument aucune idée de ce qui se passe dans sa tête. » Je laisse échapper un léger soupire avant de passer une main sur mon visage. Ma vie est rythmée entre ma recherche de la jeune Harkness d’une part et les moments passés avec Marianne au Chaudron Baveur de l’autre. L’une ne donne aucun signe de vie et semble toujours me filer entre les doigts à chaque fois que j’ai l’impression d’être en mesure de la trouver, tandis que l’autre ne semble m’accorder aucune confiance puisqu’elle ne sait même pas se confier à moi au sujet d’un ami qu’elle pourrait avoir. Ainsi, on ne peut pas réellement qualifier ma vie comme étant une grande réussite. « Beaucoup d’hommes passent leurs vies à courir après des filles, mais cette fois, c’est risible. Pas qu’elle n’ait aucun charme, mais… Non, je ne sais pas. Je ne me rappelle même plus avec certitude les traits de son visage. C’est pathétique. Je n’ai jamais vraiment fait attention à elle, ayant toujours souhaité m’en détacher le plus possible. » Un rire nerveux s’extirpe doucement de la paroi de mes lèvres, alors que je me rends compte que je viens encore de lui faire une confidence en quelque sorte, en lui livrant ainsi mes pensées. Des choses qu’elle sait pourtant déjà, mais c’est comme-ci je ressens ce besoin de lui rappeler et d’exposer à chaque fois les choses, dire de mieux pouvoir mener mon raisonnement par la suite. Mais cette fois, ce raisonnement ne mènera nulle part. Et pour cause, je me reprends bien vite, plaquant mes mains contre le bois du bar alors que je me redresse brusquement. « Et puis merde. Je t’ai vu passer sur Piccadilly Circus. Je t’ai suivi dans une ruelle parce que j’ai eu l’envie soudaine de te voir, de te parler. » Alors oui, dans un sens, je l’ai suivie. Mais je ne suis jamais venu là dans le seul but de la voir. Ce n’est qu’un pur hasard si je suis parvenu à reconnaître sa chevelure blonde au milieu de la foule – quoi que le fait que je l’ai reconnue sans la chercher, me semble tout de même un peu bizarre, mais peu importe – et que j’ai par conséquent décidé de venir à sa rencontre. Jamais, ô grand jamais, je ne me suis mis en tête de la suivre en dehors du Chaudron Baveur sinon. A quoi bon ? Je lui faisais confiance. « J’ai hurlé ton nom à travers la ruelle. Tu ne t’es même pas retournée, comme-ci celui-ci ne t’appartenait pas. » Je clos un instant les paupières alors que les images de ce qu’il s’est passé quelques instants auparavant, me reviennent en tête avec vigueur, me procurant l’effet d’une gifle. Les pieds de la jeune femme qui claquent sur le pavé tandis qu’elle accélère le pas, le bruit qui se répercute en échos, poursuivi par ma voix, le bout de la ruelle duquel filtre quelques rayons de soleil et puis… Lui. L’homme sans visage, dans les bras duquel elle s’est jetée après m’avoir si brillamment ignorée. La gorge nouée, je rouvre les yeux, une expression morne peinte sur le visage. « Mais peut-être avais-tu trop honte de montrer que tu connais un type comme moi face à lui. Un rafleur qui ne sait pas transplaner, condamné à chercher une fille dont il oublie peu à peu le visage. Pathétique en effet. Je peux comprendre que c’est une image dégradante que de fréquenter les mêmes tabourets de bar que moi. Mais au moins, ne fait pas semblant de pouvoir être une personne importante dans ma vie. » je souffle amèrement, le cœur serré, avant de plonger à nouveau mon nez dans mon verre, en engloutissant une longue gorgée.

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Moses Fleming
Moses Fleming
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≡ statut de sang : sorcier de sang-pur, noble jusqu'au bout des doigts, qui tient à la dignité de sa famille.
≡ sa maison : ancien gryffondor, un choix qu'il n'a jamais particulièrement compris ni accepté, tous les siens finissant normalement chez les serpentards.
≡ sa baguette : bois d'ébène, spécialisation en maléfices, longueur de trente-deux centimètres avec pour centre un ventricule de coeur de dragon.
MessageSujet: Re: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeDim 21 Avr - 20:51


it feels like it will never end
cersei-jane v. harkness & Saíréann U. Ò'Leirigh
« Everybody knows that everybody dies.
But I do think that all the skies of all the worlds might just
turn dark if we ever, for one moment, accept it. »

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Le temps faisant, Cersei avait presque appris à vivre avec la véhémence de Saíréann. Parfois il n’y avait eu que ça pour envahir son esprit, l’agiter en des questionnements incessants, tandis qu’à d’autres reprises, sa vie était tellement réduite à l’Enfer qu’elle en arrivait presque à l’oublier. Il ne l’avait jamais vraiment regardée, si ce n’est avec ce dédain qui dépeignait le visage que la jeune sorcière gardait dans ses souvenirs – ou du moins, avec le mot « baby-sitter » au bord des lèvres. Si elle avait été un tant soit peu orgueilleuse et fière, Cersei se féliciterait elle-même d’avoir réussi à se jouer de lui de la sorte, d’avoir prouvé à ses dépens qu’elle n’avait finalement pas été une gamine de la cour de récréation qu’il pouvait ignorée quand il le voulait. Bien trop souvent, en somme. Elle le bernait ouvertement, et peut-être bien que s’il avait mis plus de volonté à tenter de la connaître, il l’aurait déjà reconnue. Cersei et Marianne étaient après tout, des entités bien différentes, comme des aimants totalement opposés qu’elle liait l’un à l’autre, sans calculer les risques qu’elle prenait ou au combien la situation pourrait, du jour au lendemain, basculer en sa défaveur. Chaque jour un peu plus, lorsqu’elle avalait quelques gorgées du Polynectar pour se retrouver ici, elle tirait sur la corde, tentait le destin de la trahir une nouvelle fois : pourtant, ses apprentissages passés auraient dû lui enseigner à faire preuve de plus de prudence dans chacun de ses actes. Elle le savait, quelque part dans un coin de sa tête, qui pourtant, mourait à chaque fois sous la possibilité, l’infime chance illusoire que lui offrait Marianne, d’être quelqu’un. D’être quelqu’un pour elle-même ou pour l’homme assis à côté d’elle, tous ceux qui posaient le regard sur elle ? Jamais elle ne l’aurait cru, mais après avoir été traînée dans la boue et regardée de travers par tous ceux dont elle croisait le chemin, inspirer le respect était presque jouissif. Pourtant, ils l’avaient tous, lentement mais sûrement, dénuée de tout l’orgueil qu’elle avait pu avoir, un jour – sans quoi, elle n’aurait sans doute pas survécu bien longtemps entre les mains de son père, à sans cesse lui tenir tête comme une petite insolente. Restaient gravés dans la mémoire de Cersei toutes les fois où elle s’était contentée de baisser les yeux, de garder ses mots coincés dans sa gorge plutôt que de répondre quoique ce soit ; ce n’était que progressivement qu’elle retrouvait le réflexe de se défendre, de dire ce qu’elle pensait lorsqu’elle revêtait l’allure de Marianne. Avec elle, personne n’oserait croiser le feu – personne n’envisagerait la simple possibilité de lever la baguette en sa direction pour la blesser ou la torturer sans sourciller. Cersei l’admirait silencieusement, pour tout ce qu’elle parvenait à inspirer à certaines personnes ; mais Cersei la détestait également, parce que Marianne était un personnage détestable : rafleuse sans foi ni loi, qui vouait cette vie-ci à piller les autres et à les réduire à néant, profitant ouvertement de la guerre et des malheurs des autres pour alimenter son petit luxe personnel. Bien souvent, elle avait entendu cette femme étaler ses victoires à tous ceux qui l’entouraient : c’était ça qui les faisait frissonner, c’était ça qui faisait d’elle une sorcière avec sa petite réputation ; impitoyable et folle à lier. Alors sûrement que Cersei jouait une bien piètre Marianne, là, assise à un bar, sirotant calmement un verre de Whisky Pur Feu en écoutant les malheurs d’un type comme Saíréann – compatissant à son petit malheur de rafleur, parce qu’il ne parvenait pas à mettre la mains sur une gamine et que, sans cette mission accomplie, il pouvait dire adieu à l’avenir glorieux qu’il visait depuis des lustres déjà. A savoir, devenir Mangemort. La jeune sorcière et lui ne pouvaient pas être si opposés – pourtant, ils se retrouvaient là chaque fois qu’ils en avaient l’occasion. Pourtant, elle revenait sans cesse, elle l’écoutait sans sourciller, se prenant même à avoir pitié pour la palpable désolation qui émanait de lui. Etait-ce simplement ce sentiment-là, purement détestable mais tellement humain, qui la faisait sans cesse revenir ? Quelle ironie, sachant qu’elle devrait bien être la dernière personne au monde à ressentir quelque empathie pour lui. Lui qui n’avait pas tenté d’en avoir un tant soit peu pour elle, la gamine lancée sur une destinée dont elle ne voulait pas – qu’il enviait assez pour la rendre responsable de tous ses malheurs.

Elle devrait le détester au final, le détester même plus qu’elle ne détestait son père, tous ceux qui l’avaient détruite ou tous ceux qui l’avaient lâchement abandonnée. Lui, plus que les autres, elle devrait lui cracher sa haine en pleine figure, se complaire dans le gouffre de malheur qu’elle créait chez lui, rien qu’en se montrant plus intelligente, plus maline, plus talentueuse que lui – peut-être bien qu’elle, elle méritait de devenir un Mangemort, et qu’elle ne faisait que plus encore prouver la dérision que c’était de voir un gamin pareil tenter de faire partie de la cour des grands de la sorte. Doezwal l’utilisait, se servait des ambitions de Saíréann pour faire de lui un pantin malléable qu’il pourrait menacer, effrayer à sa guise – se voilait-il la face à ce point ? Elle et lui, ils étaient finalement bien similaires. Les jouets d’un Mangemort qui ne leur laissait aucun choix ; une similarité qu’il s’était appliqué avec grand-soin à détester – qu’elle était sûrement la seule à voir et à accepter. Mais elle était là. Elle ne le détestait pas – ou du moins, ne pensait pas ressentir une telle animosité pour lui : peut-être que simplement, elle ne pensait rien de lui, parce qu’il n’y avait rien à penser de lui. Il ne l’avait jamais bien traitée, jamais mal traitée, il l’avait simplement ignorée. Ignorée sauf lorsqu’elle était Marianne, il semblait que celle-ci était douée de plus de charmes ou d’atouts à même de capter l’attention du jeune homme : au fond, Cersei n’était pas une professionnelle des histoires d’amour et des hommes, pas assez en tout cas pour savoir ce qu’ils pouvaient penser des femmes, d’elle, ou ce qui pouvait simplement leur plaire chez une femme. Du moins, hormis les inlassables clichés qu’on lui avait imposés, lorsque, en croisant quelques rafleurs sous le visage de Marianne, ceux-ci avaient mis un point d’honneur tout particulier à souligner ses atouts. Tous plus classiques les uns que les autres, en somme, et Cersei savait à présent que Marianne appartenait à la catégorie des filles faciles. Mais jamais elle n’aurait cru que ce soit cette tare de la sorcière, qui la trahirait en premier – pas avec Saíréann, en tout cas. Elle s’en retrouvait finalement à court d’arguments, incapable de dire quoique ce soit : elle se faisait tellement bataille à chaque fois qu’elle venait ici, qu’elle n’avait même pas soupçonné la possibilité (infime et malchanceuse, quand même) que le jeune homme puisse tomber sur Marianne, lorsque ce n’était pas elle. Marianne furetait dans tous les sens, à travers tout le pays et changeait de groupe comme de chemise – ambitieuse et fière, la plupart de ses exploits se faisaient en solitaire d’ailleurs, alors combien de chance avait-elle de croiser un rafleur aussi insignifiant que lui ? Car il l’était, quand bien même il tentait de le nier, il n’était qu’un pion parmi les pions, comme elle, elle n’était qu’une victime parmi les victimes. « Tu m’étonnes. » L’ironie du sorcier la frappe en plein visage, lui fait ravaler ses quelques paroles hésitantes alors qu’elle peut presque sentir le rouge lui brûler les joues. A quoi bon cela rimait ? Derrière les apparences, malgré ce qui avait toujours été entre eux, malgré ce qui devrait être, Cersei était incapable d’avoir le moindre orgueil face à l’être détestable auquel elle faisait face – ce ne serait que l’expérience, brutale maîtresse de la vie, qui finirait par lui en donner, un jour, jusqu’à ce qu’elle soit de taille à affronter Saíréann, son père également, ainsi que le reste du monde. Tous ceux qui s’étaient si souvent détournés d’elle. Elle tenta alors une vague échappatoire, formulant des paroles qu’elle estimait presque menaçantes et sans intérêt – le genre de réplique qu’elle avait vues dans les films moldus qu’elle avait regardés avec Elwood plus jeune, avec d’autres gens après. Mais ça ne voulait rien dire dans ce monde impitoyable, ou face à la présence presque étouffante du jeune homme à l’instant précis – elle ne faisait qu’un piètre adversaire d’arguments – difficile d’imaginer qu’à Poudlard, elle avait été considérée comme ayant assez d’ingéniosité et d’esprit pour se sortir de bien des situations. « Vas-y, je t’en prie. Énonce-moi tes raisons. » Et il revenait, il revenait sans cesse à la charge, à croire qu’il n’avait rien de mieux à faire que la meurtrir un peu plus, à croire qu’il avait un don inné pour saisir ses moments de faiblesse, s’en emparer pour la déchirer un peu plus.

C’était ce qu’ils avaient toujours tous fait – elle ne parvenait pas à avoir assez de colère en elle pour leur faire payer à tous ; ils ne faisaient qu’agrandir le vide, l’incapacité froide et glaciale qu’elle avait en elle. « Surtout si elles peuvent me faire comprendre que l’existence de ton ami ne me regarde pas. Alors là, oui. Je suis preneur. Explique-moi. » Cette pique supplémentaire, alors qu’elle avait gardé le silence encore et qu’il se plaisait simplement à remuer le couteau dans la plaie, manqua de lui faire glisser un frisson le long de son échine : un frisson de rage, d’une colère sourde battant à ses tempes plus qu’elle n’aurait pu le soupçonner auparavant. « Tu es sourd ou quoi ?! Je ne crois pas t’avoir dit qu’elles pouvaient de près ou de loin te concerner assez pour que j’ai à te les donner. » Elle ne remarqua qu’elle avait largement haussé le ton que lorsqu’elle sentit quelques regards la scruter avec une insistance déplaisante. Etait-ce la gêne, l’oppression qu’il avait exercée sur elle ou une colère pure et dure qui l’avait faite parler ? Elle se sentait en tout cas à nouveau capable de respirer. Comme pour se défaire de cette impression glaciale, elle fit signe au tenancier de lui apporter un autre verre – qu’elle payerait elle-même, sans doute le fit-elle comprendre d’un regard à l’adresse du rafleur. « Alors c’est quoi ton problème, t’as décidé de passer tes nerfs sur quelqu’un c’est ça ? » Et il avait tellement misé sur le bon cheval en prenant la pauvre Cersei – quand bien même il ne savait pas que c’était elle – c’en était pourtant affligeant de bassesse, désolant et assez agaçant pour qu’elle en soit irritée plus encore qu’elle ne l’aurait imaginé. « Moi ce que j’aimerais savoir c’est ce qui peut bien te donner le droit de croire que tu peux te sentir concerné, que ce soit de près ou de loin par mes affaires. Je crois qu’à part faire le poteau de bar ensemble, on ne fait pas grand-chose. » Et elle parlait, elle parlait sans réfléchir – sans doute surtout pour effacer toute trace de sa gêne passée. Car non, Marianne ne faisait preuve d’aucune gêne à évoquer tout ce qui composait sa vie, et elle ne se justifiait pas devant qui que ce soit, hormis ceux qu’elle décidait. Quelque chose dans ces eaux-là en tout cas, comme le parfait personnage détestable à souhait. Mais prenant bien vite conscience que ses mots avaient largement dépassé ses pensées, Cersei serra les mâchoires, assez fort pour croire sentir ses dents grincer : ce fut à son tour de se noyer dans son verre, l’avalant cul sec – elle était majeure après tout, même sous sa forme d’adolescente chétive et trop facilement influençable. Peut-être que ses actes à elle, les paroles qu’elle venait de prononcer allaient plus loin encore que les incisifs mots qu’avait prononcés Saíréann, elle s’en rendit compte, alors que le calme reprenait quelque peu au sein de son esprit ; qu’elle se sentait presque apte à aligner correctement ses pensées. C’était de sa faute à lui aussi, si elle avait réagi ainsi, à la harceler comme il l’avait si bien fait, c’était comme si un réflexe d’auto-défense complètement obsolète s’était mis en place : Cersei n’avait pas à se défendre pour des choses qu’elle n’avait pas commises, mais elle avait décidé de mêler sa vie à celle de Marianne, et l’impuissance face à ça lui avait fait perdre pieds. « Toi garde l’argent. On est quittes. Je pensais pas ce que j’ai dit. » Comment pouvait-elle se permettre de penser quoique ce soit ? Cette relation, c’était comme une relation qui se jouait entre deux personnes juste sous son nez : elle n’était pas Cersei, elle n’était pas Marianne non plus. Le fond de la chose résidait dans le fait de savoir si c’était avec Marianne, la blonde sulfureuse, sauvage et intouchable ; ou avec Cersei, le calme placide, l’oreille attentive, l’âme quelque peu fragile et les bons conseils qu’il avait su se lier. Elle n’en saurait jamais rien, parce qu’elle ne devait pas revenir. Vraiment pas revenir, alors que s’ouvrait une autre perspective, déplaisante et effrayante, de leur relation. Le calme à l’esprit de la jeune sorcière n’était cependant que de bien courte durée, alors qu’elle enchaînait, tentant de tasser la conversation, ou peut-être de se faire une idée plus claire sur tout ce qui semble se bousculer autour d’eux. Les paroles de Saíréann, cette jalousie – ou ce qui y ressemble à s’y méprendre – qu’elle doit gérer, alors qu’elle n’a jamais vu ni côtoyé l’homme dont il parle, ce rouge de honte qui ne quitte plus ses joues, quand bien même elle tente de faire bonne figure. Heureusement, l’orgueil du jeune homme qui le pousse à ne pas la regarder ainsi que les lumières tamisées du Chaudron Baveur l’aident à sauver les apparences.

Dans l’ouragan de ses songes, mêlés à ceux de Saíréann prononcés à haute voix, c’est son nom à elle qui atteint ses oreilles. Cersei, prononcé avec cette dose d’amertume, ce dédain indéniable dans la voix. Ce qu’elle perçoit ainsi, en tout cas. Voilà que la gêne se fait plus vive encore, lui remuant les entrailles alors qu’il parle, parle sans sembler remarquer que progressivement, elle s’affaisse sur sa chaise. Voilà ce qu’était la vérité, elle était encore une fois brusque et impitoyable, avec un goût amer au creux de ses lèvres. De Cersei, il se souvient uniquement de la couleur de ses cheveux sans doute – heureusement qu’elle était rousse, sans quoi, il l’aurait sans doute oublié également. Oui, il n’avait jamais cherché à se lier avec elle, à la comprendre, à la connaître : elle eut le vaste sentiment vertigineux qu’il sous-entendait surtout que ça n’en avait jamais valu la peine. Qu’elle n’en avait jamais valu la peine. La lèvre frémissante, la jeune fille serra à nouveau les dents, pour masquer ce signe de faiblesse. Cette fois-ci, elle espérait grandement qu’il ne la regardait pas, alors qu’elle passait par toutes les situations possibles et imaginables, qu’elle traversait des Enfers bien plus vastes que ce qu’elle se soupçonnait. C’était donc ça, l’aride sentiment d’être plus seule que jamais : souvent, il avait parlé de Cersei à Marianne, mais pas ainsi, pas avec une réalité aussi crue, aussi douloureuse. Pourquoi douloureuse ? Ça devrait l’arranger qu’il ne sache plus à quoi elle ressemblait, qu’il ne sache pas ce qu’elle pensait et que, finalement, il s’avère être un bien piètre chasseur sur son dos. Mais non, ça la blessait – plus encore que l’oppression dont elle avait été victime quelques minutes plus tôt. C’était pire que tout, quelque part – d’être invisible, inexistante à lui. Pourquoi à lui ? Elle ferma les yeux un vague instant, tentant de balayer les faiblesses de Cersei de son visage. Marianne s’en foutait de la fille Harkness comme de la dernière pluie, et la litanie de Saíréann aurait dû la laisser de marbre. Pourtant une supplication pour lui demander d’arrêter de parler lui brûlait les lèvres, elle aurait voulu fuir, elle aurait voulu être capable de s’effondrer pour ne plus avoir à écouter ce qu’il disait. La triste réalité des choses. Ils n’étaient rien, eux deux, Cersei et Saíréann – ils ne seraient jamais rien d’autre qu’une proie et son chasseur ; elle était l’encombrant paquet qu’il se devait de livrer à son père. Ainsi allait le monde. Et lui, ne semblait même pas remarquer qu’à quelques centimètres, Marianne s’était fait plus silencieuse que jamais auparavant. La trêve n’était que de courte durée, elle eut le sentiment de n’avoir repris qu’un souffle à peine alors qu’il recommençait à parler – elle sentait déjà la vague douloureuse de ses mots revenir vers elle. Mais le discours avait quelque peu changé – Marianne reprenait ses droits sur l’esprit de Saíréann, Cersei était à nouveau balancée aux oubliettes, dans un coin de son esprit qui l’effaçait de plus en plus au fil des jours. Et elle était incapable d’être amère, incapable d’être en colère ; juste blessée, avec le sentiment de pouvoir s’écrouler au moindre toucher, au moindre souffle d’air glissant contre elle. Elle ne bougeait pas d’un pouce et, nerveusement, elle avait resserré la prise de ses doigts autour du verre qu’elle avait vidé quelques minutes auparavant – dans une autre vie, avait-elle le sentiment. Revenait l’ambivalence quotidienne qui rythmait sa vie : Cersei – Marianne, Marianne – Cersei ; de qui parlait-il concrètement ? Est-ce que ça avait une importance ? Il ne ressentait le besoin de la voir, de lui parler que lorsqu’elle revêtait cette apparence : sans conteste que s’il tombait sur Cersei dans la rue en sortant, il n’aurait aucun souci à l’ignorer comme il l’avait si bien fait depuis toujours. Comme il venait de l’accuser de l’avoir fait avec lui. Ce n’était que justice quelque part, justice qu’une quelconque destinée imposait à Saíréann ; il savait ce que ça faisait, d’être inexistant, invisible à la vue de quelqu’un. Il savait combien ça faisait mal, sans pour autant être capable d’expliquer pourquoi, si c’était juste la fierté, comme ça, qui s’en prenait un coup ou autre chose. Autre chose ? Il semblait derrière les paroles de Saíréann que ses accusations avaient un autre ton que ce que Cersei pouvait accepter de ressentir pour lui – qu’est-ce qu’il aimait chez elle au point de traverser une rue toute entière, braver la foule et ses obligations pour la retrouver ? Ça, leurs rencontres ici, ou les formes généreuses de son décolleté, cette réputation que Marianne avait – en somme, tous charmes tentateurs dont Cersei, elle, était totalement dénuée. Etait-elle censée parler maintenant ? Car elle se rendit compte bien tard que le silence était retombé, qu’il attendait peut-être qu’elle rétorque quoique ce soit, rien qu’un non, je n’ai pas honte de toi – mais c’était encore comme si la tempête faisait rage dans son esprit, annihilant toute réflexion sur son passage. Aucune phrase ne venait, aucun mot. C’était Cersei tout craché, devant ce qui lui échappait totalement : était-ce Saíréann qui lui échappait, ou tout ce qui se rapportait à de pareilles déclarations ? Qu’est-ce que Marianne pourrait bien ressentir face à de telles paroles, en incluant également le fait qu’elle ait visiblement, déjà quelqu’un dans sa vie ? Marianne ? Marianne ? Celle-ci semblait également avoir échappé au contrôle de Cersei. Ou c’était Cersei qui s’était échappée de toute réalité. « J-je… je suis supposée dire quelque chose, faire quelque chose ?! » Cette phrase n’était nullement adressée à Saíréann, plutôt à son esprit qui ne parvenait pas à s’apaiser. Et cette chaleur, cette froideur – cette vertigineuse impression d’étouffer. Elle se leva brusquement, un bruit de fracas lui parvint – elle avait fait tomber son verre, mais tout ce qu’elle trouva à faire, c’est trouver le regard du rafleur pour une fraction de seconde. « Je peux pas rester ici. » Remarqua-t-elle à mi-voix, s’enfuyant dans un volte-face presque théâtral ; ici, l’air était chaud, étouffant, âpre ; il lui brûlait les poumons et l’omniprésence de Saíréann lui coupait le souffle, au point de faire mourir son cerveau lui-même, les stratégies réflexes dont elle avait tant besoin. En ouvrant la porte dans un fracas, elle s’engouffra dans le vent froid à l’extérieur, se découvrant à partir de là, incapable de faire un pas de plus.
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MessageSujet: Re: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeSam 27 Avr - 15:52

it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Tumblr_mkl0fzC6aC1rmuvzuo2_250
Je ne comprends pas pourquoi j’agis ainsi et d’où me vient cette jalousie naissante pour cet homme dont je n’ai pas eu le temps de percevoir le visage. Il faut dire que la vision de ces deux êtres s’enlaçant devant moi, après que Marianne m’ait si injustement ignoré, m’a été si insupportable que je n’ai pas pu me résoudre à supporter de voir cela plus de quelques secondes. Un simple instant pendant lequel je les ai regardés sans les voir, sans doute trop atterré par cette vision, pour pouvoir vraiment me concentrer sur celle-ci. Car là où mes prunelles ont vu deux personnes s’enlaçant avec passion, mon esprit m’a seulement crié que tout cela n’était qu’illusion. Et j’aimerais le croire, me contenter de me dire que ce n’est qu’un cauchemar, mais vu la réaction de la blonde face à mes dires, je n’y parviens pas. Car sa façon de réagir, ses sourcils froncés et le fait qu’elle me dise que cela ne me regarde pas, confirme justement que tout cela n’est pas que pur produit de mon imagination. Et intérieurement, je ne peux que regretter le fait qu’elle n’ait pas cherché à démentir mes dires, tentant de me faire croire que cette femme n’était pas elle. Car si la rage aurait alors été identique, la douleur, elle, se serait vue moins importante. Peut-être même inexistante, puisque de tout cœur j’aurais alors souhaité la croire. Et pourtant, je sais qu’il est idiot d’espérer pareille chose, puisque la jeune femme n’est pas du genre à agir ainsi. Au contraire, elle serait même capable d’affirmer être une personne qu’elle n’est pas, juste pour me faire regretter d’avoir pu l’accuser un temps soit peu. Du moins, c’est ce que j’imagine venant de sa part. Et ce qui me permet de le croire, c’est le fait d’être ainsi assis au comptoir avec elle, comme il nous est déjà arrivé de le faire de nombreuses autres fois. Parce que je l’ai déjà entendu parler, est imprégné les récits de ses prouesses dans mon esprit. Comme le ferait un ami. Mais puis-je vraiment me considérer comme un ami ? Car ce sont le genre de personnes censées vouloir uniquement le bien de l’autre et qui ne doivent pas leur rendre la vie plus compliquée sous prétexte d’une saute d’humeur. Et c’est exactement ce que je suis en train de faire, il suffit de voir la façon dont le visage de Marianne se décompose alors qu’elle me regarde, pour en obtenir une confirmation. C’est certainement pourquoi je laisse mes prunelles la fuir, évitant de s’accrocher à son visage. Car je peux dire ce que je veux, j’ai tout de même honte de ce que je lui inflige si durement. Pourtant, il me semble déjà bien trop tard pour cesser ma démarche et revenir en arrière. Bien sûr, je pourrai me coucher, courber l’échine et m’excuser, reconnaître ouvertement que je ne suis qu’un idiot. Mais Marianne ne l’appréciera pas, elle qui semble tant détester le manque d’honneur. Pourtant, je ne suis pas forcément convaincu que le fait de continuer à la traiter ainsi, soit une preuve d’honneur. Bien au contraire. Je sais pourtant que malgré mon envie de me raviser, j’en suis tout à fait incapable. Car je ne parviens pas à retenir ces mots qui tentent de s’extirper hors de mes lèvres, n’est peut-être même pas envie de le faire, quoi que je puisse prétendre. Et c’est certainement la plus grande marque de lâcheté que je puisse fournir. C’est tout ce que je parviens à me dire alors que je détache finalement mon regard de ces bouteilles dont je n’ai que faire et que je regarde pourtant fixement depuis quelques minutes. A agir ainsi, j’ai l’impression d’être en train de devenir une pâle copie de mon frère, chose que je regrette plus qu’amplement, même s’il semble difficile de le croire. Car contrairement à ce que les apparences pouvaient bien laisser croire, il est l’être que j’ai toujours le plus détesté dans ma famille – la précision me parait nécessaire, étant donné que je ne pourrai sans doute jamais le détester plus que je ne déteste Margaery – bien qu’à première vue, on a souvent cru que c’est mon paternel que j’ai toujours le plus détesté. Pourtant il n’en est rien. Car cela, c’est juste ce que mon frère a toujours voulu faire croire. Et pourtant, malgré le semblant de haine que j’ai toujours eu à son égard, depuis que j’ai vu le corps sans vie de mon paternel s’écrouler à ses pieds, je l’ai toujours suivi aveuglement. Parce qu’on est censé soutenir sa famille, c’est ce qu’il m’a toujours semblé tout du moins. Et la seule fois où il m’a donné une raison suffisante pour le détester suffisamment pour lui tourner le dos, il est mort quelques minutes après. Haïr quelqu’un dont je suis le sosie parfait en fin de compte, fait-il de moi quelqu’un n’ayant pas confiance en soi ? Sûrement un peu. Et alors que je fais cette sorte de retour sur ma vie passée, je ne peux que remarquer cette impression générale que j’ai, que l’histoire se répète. Car je me suis sûrement autant attaché à Marianne que je l’ai fait avec Margaery – bien que je ne considère pas l’avoir fait de la même manière – et cet homme au visage inexistant, peut très probablement être l’un de mes frères. Quoi qu’il vaut mieux ne pas y penser. Je ne veux pas y croire. Je sais pourtant que la blonde à cette réputation de fille facile et que je ne dois pas m’accommoder de ses quelques conquêtes. Mais c’est plus fort que moi, bien que je ne sache pas réellement d’où me sort cette jalousie qui me tombe dessus sans prévenir. Cette amertume que j’ai lorsque je la regarde. Sans compter les bruits de verre brisé que fait mon cœur dans ma poitrine – c’est ce dont j’ai l’impression, tout du moins. Mais ce n’est pas pour moi que la chose doit être la plus dure à vivre, mais bien pour Marianne qui n’a rien demandé à personne. Elle qui se prend tout en pleine figure alors qu’elle ne fait que vivre sa vie là où je reste comme un idiot sur le bas côté, en attendant que les choses viennent à moi. J’en ai conscience, et pourtant je ne parviens pas à m’arrêter. Car il a toujours été compliqué de stopper un train en marche.

Si bien que lorsqu’elle m’énonce lointainement les raisons de ses actes, les mentionnant rapidement, sans préciser quoi que ce soit ; je ne peux m’empêcher de planter mon regard dans le sien pour lui demander de développer. Je la dévisage ainsi la mâchoire serrée pendant quelques instants, avant de finalement décoller mes prunelles d’elle pour les reposer au loin, en secouant nonchalamment la tête. Heureusement que je ne suis pas réellement mon frère, auquel cas je l’aurais certainement giflée pour obtenir des réponses à mes questions plus rapidement. Car je n’ai aucun doute que c’est ce qu’il aurait fait en cet instant. Après tout, il a toujours été violent, surtout lorsque les choses n’avançaient pas en son sens ou ne lui allaient pas. Alors pourquoi aurait-il changé cela pour les beaux yeux de la blonde ? Enfin, je doute vraiment que ce soit vraiment la bonne marche à adopter avec Marianne, qui se serait sans doute encore plus braquée, voir même énervée à son tour. Et ça aurait ainsi simplement été une façon de se donner en spectacle face à tous les badauds réunis dans le Chaudron Baveur. Je ne prétends pas non plus que ma façon d’agir soit la meilleure non plus, étant donné que je me doute bien que la ‘meilleure’ possible aurait simplement été de ne pas évoquer le sujet. Force m’est de constater qu’il est trop tard pour revenir en arrière cependant. « Tu es sourd ou quoi ?! Je ne crois pas t’avoir dit qu’elles pouvaient de près ou de loin te concerner assez pour que j’ai à te les donner. » Sa voix monte en crescendo alors que les paroles s’extirpent peu à peu de ses lèvres. Et sur moi, je sens alors peser les regards déplaisants de quelques clients, qui attirés par la voix de la jeune femme, semble à présent se délecter du spectacle. Me retournant dans leur direction, je les observe d’un regard dur pendant un instant, mais ne dit rien, me contentant de poser de nouveau mes prunelles sur la jeune femme en arborant un air désabusé. Mais c’est à son tour de se détourner de moi pour se tourner en direction du barman, afin de lui faire signe de lui apporter un autre verre. Alors que celui-ci s’exécute, elle me lance un regard, comme pour m’intimer de ne pas payer à sa place. Si bien que je reste les bras croisés, sans faire le moindre geste alors que le barman s’empresse de lui amener un nouveau verre de whisky pur-feu. Et c’est avec un léger pincement au cœur que je remarque que depuis notre rencontre, c’est la première fois que je ne paye pas sa consommation. Je dois d’ailleurs avouer que cela ne me laisse pas indifférent, si bien que je suis obligé de ne pas répondre, de peur de faire ressentir un tressaillement dans ma voix. « Alors c’est quoi ton problème, t’as décidé de passer tes nerfs sur quelqu’un c’est ça ? » Ainsi c’est la seule chose qui ressort de mes agissements ? Une simple envie de m’énerver sur la première personne sous la main ? Si c’était vraiment le cas, je n’aurais certainement pas eu à attendre son arrivée pour le faire. Il y a bien assez de personnes dans les rues de Londres ou dans l’enceinte du Chaudron Baveur, auxquelles je peux m’en prendre en sachant pertinemment que je n’en ressentirai pas le moindre remord par la suite, qu’il aurait été idiot d’attendre sa venue. Particulièrement irritant surtout, car l’attente est dévastatrice sur les personnes qui ont besoin de se défouler, cela parait même évident. De plus, j’aurais cru que le fait que je n’ai jamais élevé la voix sur elle auparavant, l’aiderait à comprendre que je ne fais pas cela uniquement pour me passer les nerfs. Je reste un instant estomaqué, avant de secouer la tête en signe de négation, encore un peu plus dégoûté de voir qu’elle me connait si peu. « Mais c’est n’importe quoi. Avoue que t’as rien écouté de ce que je t’ai dit. » Et à la façon dont elle me répond, dont elle semble se m’éprendre sur la personne que je suis, je me demande soudainement si elle ne m’a pas porté aussi peu d’attention que j’en ai porté à Cersei. Peut-être qu’elle me considère aussi comme un simple gamin pour lequel elle joue simplement le rôle de baby-sitter. Je ne l’espère pas du tout, auquel cas, tout ce que j’ai cru exister entre nous, ce semblant d’amitié auquel je continue de me raccrocher comme un naufragé à sa bouée de sauvetage, n’aurait jamais existé. Et cela, je ne veux pas le croire. Parce que j’apprécie réellement Marianne, et que je sais que je le vivrai mal. « Si ça avait été n’importe qui d’autre, j’en aurais rien eu à faire. » je tente de m’expliquer piteusement en secouant une nouvelle fois la tête. Car c’est vrai, je n’aurais eu aucune raison de réagir ainsi si j’avais vu quelqu’un d’autre se jetant dans les bras d’un parfait inconnu. Même si cette personne se révélait être une amie ne m’ayant pas dit avoir de partenaire. C’est parce que c’est Marianne que je réagis ainsi et c’est sûrement là que se trouve le vrai fond du problème.

Et si elle comprend ce que je veux dire par là, elle semble ne pas vouloir y témoigner d’attention, comme-ci elle souhaite camper sur ses positions en quelque sorte. Elle a toujours été ainsi depuis que je la connais de toute façon, à vouloir avoir le dernier mot, comme-ci elle tente d’exposer une autorité qu’elle a trop longtemps refoulée au fond d’elle-même. Mais il est sans doute idiot de penser que Marianne puisse avoir un jour refoulé un temps soit peu cette autorité qui semble être quelque chose de tout à fait naturel chez elle. Surtout lorsqu’elle me compte ses divers exploits, qui est impossible d’exécuter si l’on ne se fait pas autoritaire. C’est pourquoi la blonde est loin de l’image de soumise que peuvent revendiquer d’autres femmes. Non, elle impose le respect. Une sorte de force tranquille comme celle que peuvent transmettre les vieux sages. Du moins, c’est ce qu’elle m’inspire et c’est sans doute pourquoi je reste un peu interloqué face à la façon dont je la traite aujourd’hui. Face à la façon dont je la considère aussi, puisque me dire qu’elle est une traitresse après avoir longtemps rêvé devant le fait qu’elle soit libre comme l’air, semble un peu paradoxal. Car quelqu’un de libre ne peut s’enchaîner assez longtemps à des choses pour avoir le loisir de les trahir. Cela me parait assez évident. Enfin, elle est tout de même enchaînée à son métier. A notre métier. Si bien qu’elle ne doit pas réellement être dotée de toute cette liberté que je lui prête à loisir. Enfin, il n’empêche qu’elle n’a jamais trahi les autres rafleurs – à ma connaissance, tout du moins –, contrairement à moi, qui ai attiré des ennuis à tout mon groupe pour ne pas avoir assez bien surveillé Cersei. Et pour cause, elle s’est enfuie avec tellement de facilité que cela en reste risible. Mais là n’est pas le sujet. Et toutes ces pensées qui bouillonnent dans mon esprit, ne doivent être en aucun cas connues par Marianne, au risque qu’elle puisse s’en servir contre moi justement. Qu’elle puisse les retourner dans ma direction, comme une baguette que l’on braquerait sur ma tempe, en me promettant de me lancer le sortilège de la mort. Car il ne fait aucun doute qu’elle sait manipuler les choses pour les transformer en armes capables de faire du mal aux gens. Elle le fait de façon tellement naturelle que cela se ressent dans ses actes, jusqu’à transformer en véritable torture le simple fait de se jeter dans les bras d’un homme inconnu. Un homme sans visage. « Moi ce que j’aimerais savoir c’est ce qui peut bien te donner le droit de croire que tu peux te sentir concerné, que ce soit de près ou de loin par mes affaires. Je crois qu’à part faire le poteau de bar ensemble, on ne fait pas grand-chose. » C’est à mon tour d’écarquiller les yeux, la dévisageant d’un air perdu. Elle adopte alors un regard fuyant, avant de venir se plonger dans son verre de whisky pur-feu, posé là plus tôt par le serveur. Ce même verre d’alcool que je n’ai pas payé. Et j’adopte alors moi aussi un regard fuyant, laissant fuir mes prunelles alors que du coin de l’œil, je la vois basculer le verre tandis qu’elle renverse la tête. Et elle déglutit toujours plus rapidement, alors qu’elle le boit cul sec. La bouche entre-ouverte, j’assume le coup sans rien dire. Je l’ai cherché il faut dire. Mais chercher quoi ? Ces reproches déguisés ? Je ne suis même pas certain que cela en soit vraiment. Me détournant de la blonde, je cherche un appui du côté du barman, qui nous observe d’un air moqueur depuis tout à l’heure, semblant se délecter de notre conversation. Sorte d’amusement devant lui sembler rare dans ce bar. Ou alors tellement courant qu’il a appris à en rire de tous. Mais il se détourne plus rapidement, comme s’il décide subitement de ne plus vouloir se mêler de nos histoires. Pourtant, je me doute qu’il continue à écouter d’un œil discret, attendant que je réponde. Moi-même, j’attends de trouver le courage de répliquer quoi que ce soit. Je me mordille un instant la lèvre inférieure alors que mes yeux s’agitent et que mes poings se serrent, mes ongles entaillant sérieusement la paume de ma main. Mais je n’en ai que faire. Le semblant de douleur que cela provoque n’est rien, comparé à la douleur qui tiraille mon cœur et le malmène injustement. Je ne comprends plus rien, je suis complètement largué par la situation. Complètement perdu. Certains peuvent penser que cela ne change pas beaucoup de d’habitude, mais cela concerne Marianne, alors pour moi, cela change de tout. Absolument tout. Je me tourne dans sa direction, lui décochant un regard mi-perdu mi-assassin alors qu’elle finit de boire son verre pour le claquer contre la surface de bois du bar. Je ne la quitte pas un instant des yeux. « C’est ce que tu me reproches ? Tu attendais que je t’invite ailleurs, c’est ça ? » je lui lance ces paroles à la figure, comme-ci c’est elle qui a commencé cette conversation. Comme-ci c’est elle qui a commencé à me reprocher des choses et non pas moi, comme-ci c’est elle qui me demande des explications depuis le début. Et pourtant, je sais à quel point c’est fourbe de ma part d’agir ainsi. Je remarque aussi la façon dont le sujet est en train de dévier vers un terrain inconnu. Un terrain glissant sans aucun doute. J’en frissonne pendant un instant, alors que je me demande de quoi vas être composé la suite de cette conversation. « Mais merde, t’étais pas censée envoyer des messages subliminaux ou un truc du genre pour que je le comprenne ? » Sous-entendant que je ne sais pas comprendre les choses par moi-même. Je crois que j’ai un don pour me rabaisser dans ces moments où les gens n’ont pas besoin de ça puisqu’ils le font déjà très bien eux-mêmes. A croire que j’ai changé de cible et que je suis à présent en train d’aider Marianne, Margaery, Cersei et toutes ces personnes qui semblent tant m’en vouloir à ainsi me rendre la vie plus compliquée, à me planter des coups de couteau dans le ventre et dans le cœur. Comme un imbécile, je me trompe de cible. « Ou alors, t’es en train de sous-entendre qu’il n’y a jamais eu d’amitié entre nous ? Qu’on est juste deux parfaits étrangers ? » je me rends soudainement compte, alors que ma mâchoire inférieure s’affaisse d’un seul coup. Me laissant bouche-bée, complètement interloqué. Je prends cette nouvelle signification comme une véritable gifle en pleine figure. Car c’est tout ce dont cela à l’air. Perdant soudainement toute agressivité, je ferme les yeux alors que je pivote vers le comptoir sur lequel je m’appuie. Ou plutôt sur lequel je m’affaisse. Sans sa présence, je me serais déjà écroulé au sol, tellement le coup est rude à supporter. Car la certitude que c’est exactement ce qu’elle sous-entend dans ses paroles, s’infiltre soudainement en moi. Et je dois avouer qu’il me faut fournir un effort de titan pour ne verser aucune larme. Je me sens brisé, bien plus que lorsque j’ai compris que Margaery se moquait de moi et mon frère avec. Et je reste là, sans savoir quoi faire. Bien trop anéanti pour avoir même le courage de penser que je préférais m’enfuir en courant à toutes jambes, plutôt que de rester aux côtés de Marianne alors que celle-ci vient de finir de m’achever. Pendant un instant, j’ai même l’impression de cesser d’entendre mon cœur battre, avant de sentir revenir des pulsations régulières. Des pulsations faibles, tout comme moi.

Toutes sortes de pensées malsaines me traversent l’esprit. Mais l’impression générale qui s’en dégage majoritairement, reste le fait que je sois un idiot, un crétin, un imbécile. Un faible. Ce sont pourtant les personnes que mon frère m’a toujours poussé à haïr avant qu’il ne dépérisse sous je ne sais quel sortilège. Je n’ai même pas envie de le savoir, préférant éviter de m’attarder sur les morts. Le passé ne peut être changé et seuls les faibles s’y attachent. résonne soudainement la voix de mon frère dans mon esprit. Et me vient alors cette idée que c’est la seule chose censée qu’il n’ait jamais dite. Après tout, n’est-ce pas ce que je suis ? Un faible pour me raccrocher ainsi aux souvenirs des trahisons de Margaery et de mon frère, à la mort de mon paternel, à la non-confiance de ma mère et à présent, au souvenir de Marianne dans cette ruelle ? Si, sûrement. Car cela me bride à une rancœur qui ferait mieux ne pas exister et à des envies de vengeances qui restent inassouvies. Et c’est sans doute pourquoi je me hais tant pour cela. Parce que j’ai trop longtemps été conditionné à cela. A présent, je me sens bien bête. Car c’est ce que je suis simplement, un idiot incapable de comprendre comment fonctionne la vie. Trop longtemps, j’ai eu quelqu’un pour me mener à la baguette, se jouant de moi et me manipulant sûrement bien trop. Et à présent que cette personne n’est plus là, je me retrouve comme un gamin, à agir sans réfléchir. Peut-être parce que je n’ai tout simplement pas pris le temps d’apprendre ce qu’est la vie auparavant, me laissant bien trop souvent guider pour comprendre réellement l’ampleur des choses. Et dire que je me suis longtemps considéré comme quelqu’un d’intelligent et perspicace. « Toi garde l’argent. On est quittes. Je pensais pas ce que j’ai dit. » s’élève de nouveau la voix de Marianne, sur des paroles complètement inattendues. Et qui confirment pourtant bien ce que je viens de comprendre. Enfin, il reste bien beau de prétendre que ses paroles ont dépassé sa pensée. Il n’en reste pas moins que les paroles les plus spontanées restent celles qui viennent du cœur. Une nouvelle fois, je secoue négativement la tête. Je refuse de prendre cet argent, d’y accorder même un regard. Pour moi, il ne fait que représenter tout ce que je suis en train de perdre, voir tout ce que j’ai déjà perdu. Je déglutis, ne souhaitant rien répliquer. Il ne sert à rien de le faire de toute façon, nous resterons tout deux campés sur nos positions. Car nous sommes simplement deux grosses têtes de mule et c’est la seule chose qui va ressortir de cette altercation, cela semble évident. Les yeux toujours fermés, je ne me tourne même pas vers la jeune femme, préférant me mordre l’intérieur de la joue pour me retenir de répliquer quoi que ce soit. Mieux vaut ne pas être deux à souffler des choses risquant de dépasser notre pensée, auquel cas les choses risquent de vraiment s’envenimer. Si ce n’est pas déjà fait. En tout cas, si nous volons que les choses reviennent à la normal, il faudra bien que l’un de nous deux se décide à fléchir. Et j’ai déjà ma petite idée sur lequel de nous est le plus enclin à le faire. Quoi que les paroles de la blonde me reviennent inlassablement en tête, tout comme les images d’elle s’évaporant dans la ruelle, sans un mot. Elles résonnent, sont reprises en échos tellement de fois que cela commence à devenir l’enfer dans ma tête. La seule chose qui en ressort et le fait que si elle ne me considère comme rien d’autre qu’un simple pilier de comptoir, elle n’a que faire de mes excuses. Après tout, il lui suffit de changer de pub afin de se trouver un autre pilier de comptoir, peut-être même quelqu’un uniquement là pour lui payer ses consommations, même si elle semble vouloir m’assurer qu’elle ne se sert pas de moi que dans ce but. Il faut dire aussi que c’est moi qui ai toujours insisté pour lui payer ses verres, quand bien même je n’ai jamais eu à insister beaucoup, c’est tout de même le cas. Je dois bien lui reconnaître cela, même si je n’ai aucune idée de pourquoi je me sens encore dans l’obligation de lui reconnaître quoi que ce soit.

Cela ne m’empêche pas de lui fournir les réponses qu’elle me réclame. Pourtant, je ne peux pas lui accorder une vérité quelconque sur le fait que j’étais en train de la suivre, puisque je sais bien que ce n’est pas le cas. Je l’ai aperçu par hasard, n’ai même pas cherché à la voir au milieu de ma foule. Mais mes prunelles se sont aimantées à sa silhouette sans que je puisse comprendre pourquoi. Je ne le comprends toujours pas d’ailleurs. Et au vu de comment tournent les choses, je préfère encore rester dans le flou en ce qui concerne ce phénomène quelque peu inexplicable – pour le moment tout du moins –, j’en conviens. C’est ainsi que j’en viens à évoquer Cersei sans même m’en rendre compte. Peut-être parce qu’il est normal que son nom revienne dans la conversation, étant donné qu’elle est la personne qui encombre le plus mes pensées généralement. Juste son esprit, la personne en tant qu’être. Ou alors simplement un nom, puisque son apparence physique m’échappe désormais presque totalement. Et je sais que ce n’est pas une bonne chose que de toujours plus me focaliser sur les personnes en tant qu’âme plus qu’en tant que personnes au niveau du physique. Pourtant, il est inutile de nier que j’ai toujours été plus ou moins ainsi. A respecter plus la beauté de l’esprit plus que n’importe quelle beauté physique. Auquel cas je ne me serais sans doute jamais enticher de Margaery qui n’est pas le genre de femme qui m’attire particulièrement, physiquement parlant. C’est toujours son intelligence qui m’a attiré, quoi que je puisse en dire. Cette même intelligence qui fait qu’elle est parvenu à me duper sans que je ne voie rien venir. C’est sans doute pourquoi je ne me souviens pas des traits de Cersei, quand bien même je ne la connais que trop peu, mentalement parlant. Peut-être est-ce pour cela aussi que je ne soigne pas mon apparence, n’éprouvant aucun gène à me déplacer au milieu des rues londoniennes en revêtant un aspect négligé, voir même quelque peu crasseux. Ainsi je ne fais que répéter des choses que la jeune femme sait déjà, sans aucun doute – si elle a véritablement tenté d’apprendre à me connaître durant tout ce temps passé ensemble, du moins, si elle ne m’a pas simplement reléguer au simple rôle de pilier de comptoir sans réelle importance –, avant de continuer mon récit comme-ci de rien n’était. Il me faut tout de même quelques instants pour me rendre qu’elle s’est raidie à côté de moi, voir clairement refroidie, alors que je rouvre doucement les paupières pour laisser la lumière du pub infiltrer peu à peu mes prunelles. Et alors que je reste ainsi, le regard perdu dans le vide, sans plus rien dire, je remarque enfin le silence qui s’est installé entre nous. Tournant doucement la tête dans la direction de la blonde, je l’observe un instant. Étrange silence qui s’est soudainement dressé entre nous. Comme le calme après la tempête. Ce même calme qui précède une tempête bien plus violente par la suite, de manière générale. J’observe un instant ses doigts alors qu’elle crispe ses phalanges autour de son verre vide, ses ongles griffant sans bruit la matière transparente. « J-je… je suis supposée dire quelque chose, faire quelque chose ?! » s’élève alors de nouveau la voix de la jeune femme. Je fronce les sourcils, l’observant en silence. Son regard perdu, sa bouche sèche et ses doigts se refermant un peu plus au tour du verre pour l’enserrer, me laissent penser que cette question ne m’est nullement adressée. Une pensée lâchée à tout hasard à voix haute. C’est la première fois que je la vois revêtir un air si perdu et instinctivement, je me mords la lèvre inférieure. Je suis un véritable salaud, c’est la seule possibilité qui me vient à l’esprit, le seul qualificatif qui me convient réellement. Elle a beau m’avoir fait souffrir, je me déteste pour lui rendre la pareille. Et inconsciemment, je me mets à penser qu’il aurait peut-être mieux valut que je ne lui paye pas son verre de whisky pur-feu la première fois qu’elle s’est présentée à moi, me contentant de l’envoyer voir ailleurs comme l’envie m’en avait d’abord prise. Car cela aurait permis d’éviter que l’on en arrive là, à souffrir tous les deux sans que l’on n’y trouve rien de concret à y faire. Soudainement et surtout brusquement, la jeune femme se lève alors, un air totalement paniqué sur le visage, me tirant ainsi de mes pensées. Alors que je me retourne vivement dans sa direction, accrochant son regard, me parvient un bruit de verre brisé. « Je peux pas rester ici. » finit-elle par lâcher d’une petite voix, toujours plus pour elle-même que pour moi. Ainsi, je la regarde faire volte-face avant de rejoindre la sortie. Du coin de l’œil, je remarque que de nouveau, plusieurs visages se sont tournés vers nous. Je n’y fais pas attention, ne me retournant même pas vers la bande de badauds cette fois. Mon regard se pose un instant sur l’argent, toujours disposé sur le comptoir, que je me montre toujours incapable de prendre. Quand bien même je ne possède pas une montagne de gallions à Gringotts, c’est plus fort que moi, je ne peux pas m’y résoudre. Mon regard rencontre un instant celui du barman. Et forcément, cette fois il ne le fuit pas, soutenant mes prunelles sans ciller. Je pousse un soupir avant de passer ma langue sur mes lèvres. « Mais merde. Gardez-le ! » je m’emporte soudainement, hurlant au milieu du silence qui encombre à présent le Chaudron Baveur. Les regards posés sur moi se font de plus en plus pressant alors que je remarque que le barman ne se fait pas prier pour récupérer les piécettes, lui, se jetant littéralement dessus. Je le regarde faire, une expression écœurée peinte sur le visage alors qu’il enfourne l’argent avec le reste de la caisse. Secouant la tête d’un air dégoûtée, je me précipite enfin vers la porte, courant pour l’atteindre au plus vite.

J’agrippe fermement la poignée de la porte, la tirant de toute mes forces et l’envoyant claquer contre le mur. Ce qu’elle fait avec un grand fracas alors qu’elle rebondit sur la surface de pierre, la vitre frémissant, ondulant au rythme des secondes qui s’égrainent, menaçant de se briser sous le choc. Mais je n’en ai que faire, si jamais elle se brise, je viendrai la faire réparer, payerai pour ça. Je n’ai que faire des gallions que cela me coûterait sans aucun doute. Pour l’instant, cela est le cadet de mes soucis, d’autant plus que celle-ci ne semble pas s’être brisée. Ainsi je sors précipitamment du Chaudron Baveur, manquant de percuter une silhouette qui se tient devant la porte, l’air visiblement abattue. Marianne. Je me stoppe d’un seul coup, mon cœur se mettant à battre un peu plus fort dans ma poitrine – ainsi n’est-il pas si mort que cela – alors que je me mordille doucement la lèvre inférieure. Acte idiot que de se lancer à sa poursuite alors que je n’ai pas prévu ce que je pourrai bien faire par la suite. Aussi je laisse parler mon instinct alors que je l’attrape doucement par le bras, l’obligeant à se retourner. Et là où ma conscience me crie de l’embrasser, je ne fais rien, n’esquisse pas le moindre geste. Parce que je ne suis sûr de rien, que je lui ai toujours laissé faire le premier pas jusqu’à présent et surtout, surtout, qu’elle a déjà quelqu’un. Visiblement. Ainsi je reste simplement planté face à elle, plantant mes prunelles dans les siennes brillantes, détaillant son air triste du regard. Et la seule chose qui me vient en tête une nouvelle fois, est que je suis un idiot. Pour la rendre triste alors qu’au fond, je ne souhaite que son bonheur. Et un égoïste pour continuer à lui courir après alors que je ne suis pas certain de pouvoir rattraper mes erreurs, pas certain non plus de ne pas enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie. Aussi, je finis par la lâcher, me reculant d’un pas, revêtant moins d’assurance que je ne l’ai jamais fait durant le restant de ma vie. Mes yeux se font humides et je bascule la tête en arrière pour ne pas pleurer, alors que je déglutis. Parce que je n’ai pas le droit de pleurer alors que c’est moi l’imbécile, moi qui lui ai fait du mal. Je n’ai eu que ce que je méritais au final. Je me mords l’intérieur de la joue alors que je prends sur moi pour retenir mes larmes, avant de pousser un profond soupir. « Je suis désolé. Désolé pour tout. » je finis par lâcher alors que baisse de nouveau la tête, sans trouver le courage de soutenir son regard toutefois. Si bien que j’essaye d’accrocher mes prunelles à tout ce que je vois. Le lampadaire dans la rue, la vitre du magasin d’en face, les pavés de la rue, les briques de la façade du Chaudron Baveur ; rien n’y fait. Je ne parviens pas à me concentrer, mes yeux se mouvant en tout sens, mon regard semblant vouloir fuir tout et puis rien. Si bien que je finis par baisser la tête afin de regarder mes pieds. « Je regrette de t’avoir reproché ça. C’était idiot de ma part et puis tu as raison, ça ne me regarde pas. » me revient en tête cette pensée que j’ai eu, comme quoi le fait de m’écraser face à elle, ne plaira pas à Marianne. Mais je n’en ai que faire. D’autant plus qu’elle aussi semble avoir changé, pas de façon de penser, mais de façon d’agir. Car la blonde du début, m’aurait écrasé comme un moucheron et ce serait retenu coûte que coûte de fléchir et de prendre la fuite. Aussi je devine que j’ai atteins une corde sensible, un peu malgré moi. Je n’aurais jamais pensé que les choses prendraient une telle ampleur, force est de l’avouer. « Et je suis désolé de m’en être pris à, à… à lui. » je bredouille piteusement, les mots ayant du mal à s’extirper de la paroi de mes lèvres. Si bien que je finis par secouer négativement la tête, avant de me reprendre. Quitte à rester dans la franchise, autant ne pas mentir jusqu’au bout. Alors autant rester franc sur cela aussi, même si cet homme n’est qu’un détail finalement. Le déclencheur d’une bombe à retardement si l’on veut. « En fait, non. J’en ai rien à foutre de lui. Je sais rien de lui. Ni son nom, ni son visage, ni… Rien. Mais si tu l’as choisi, c’est que ça doit être un gars cool. J’imagine. C’est donc la seule chose que je sais de lui. Que c’est un mec cool. » Je finis par passer une main sur mon visage, avant de redresser la tête afin de planter mon regard dans celui de Marianne. Je laisse échapper un nouveau soupire alors que mes prunelles scrutent les siennes, tentant de trouver ce qu’elle peut bien penser de moi à présent. Et la seule chose qui émane de tout cela, c’est qu’elle ne veut certainement plus me revoir. Mais je ne sais pas si cela est dû à ce que je lis dans ses yeux ou à ce que je suis en train de penser, au fil de mes pensées qui se déverse plus rapidement que je ne le souhaite. « Enfin, je me doute qu’il est facile de dire que je regrette, mais que cela ne changera rien à ce qu’il vient de se passer. Mais sache que c’est sincère. » Je passe une nouvelle fois ma langue sur mes lèvres, cherchant mes mots comme un abruti. C’est un qualificatif qui revient souvent ces derniers temps. C’est d’ailleurs ce qu’on dû penser de moi les personnes présentent dans l’enceinte du Chaudron Baveur. Mais il faut tout de même avouer que je n’ai rien à faire de ces gens au final. Qu’ils pensent ce qu’ils veulent, cela m’importe peu, quand bien même il puisse y avoir ce détective que l’on m’a conseillé de venir voir à l’intérieur. « Et si tu ne veux plus me parler, je le comprends très bien. Je ne sais pas moi-même si je serai capable de ne pas recommencer cette même erreur à l’avenir. » Et c’est la plus exacte vérité qui sort de mes lèvres. Autant ne pas se voiler la face, je ne sais pas de quoi sera composé l’avenir. Cela fait déjà plusieurs mois que je ne sais plus de quoi sera composé l’avenir. Il est déjà bien assez dur de tenter de savoir de quoi sera faite la minute suivante pour tenter de découvrir de quoi sera composé le lendemain à vrai dire. « De toute façon, je brise tout ce que je touche. » je finis par lâcher à voix haute, recommençant instinctivement à lui faire part de mes pensées, pour je ne sais quelle raison soudaine. C’est comme un besoin que j’ai besoin d’assouvir une dernière fois, avant de la voir disparaître à tout jamais. Parce que je suis à peu près convaincu qu’elle ne reviendra pas. Après tout, je me comporte en véritable salaud depuis tout à l’heure, alors cela serait plus que normal. Mais Marianne n’est pas… Normale. Elle est même tout à fait spéciale. Elle est un modèle de vie depuis que je l’ai rencontré. Instinctivement, je me rappelle des trop nombreuses fois où je me suis remémoré ses exploits lorsque je faiblissais durant les quelques missions que l’on s’aventurait encore à me confier, après notre rencontre. Cette façon de me demander ce qu’elle aurait fait avant d’esquisser le moindre geste. « J’ai même peur de briser Cersei si je la retrouve. Le vieux Harkness semble être un pire salaud que mon frère. Et encore, je pèse mes mots. Alors quel monstre je serai si je lui ramenai au final ? » Je soupire avant de secouer une nouvelle fois la tête en revêtant un air dépité. « Et même si c’est elle ou moi, tant pis. Même ma mère ne croit plus en moi alors… Non, rien. Enfin, tout ça pour dire que si jamais tu veux me reparler, je serai toujours là, au comptoir. A t’attendre. » Je déglutis alors que je clos enfin mes lèvres, persuadé que cette fois tout est dit et qu’il n’y a plus rien à ajouter. C’est sûrement le cas d’ailleurs. Si bien que je finis par me décaler de devant la jeune femme pour venir m’appuyer contre le mur du pub, me laissant glisser pour finalement m’asseoir au sol. J’imagine qu’elle ne désire plus voir mon visage de toute façon, alors autant la soulager en la soutirant à la vision de mes traits. C’est sans doute mieux pour tout le monde.

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Moses Fleming
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MessageSujet: Re: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeJeu 23 Mai - 16:54


it feels like it will never end
cersei-jane v. harkness & Saíréann U. Ò'Leirigh
« Everybody knows that everybody dies.
But I do think that all the skies of all the worlds might just
turn dark if we ever, for one moment, accept it. »

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Bien souvent, lorsqu’elle aventurait ses pas jusqu’ici, Cersei en venait à le regretter amèrement. Parce qu’elle savait, elle avait toujours su dès l’instant où elle était revenue, que chaque minute passée au Chaudron Baveur la mettait irrémédiablement en danger. Pour rien, bien souvent. Car dans le coeur de Saíréann, c’était Marianne qui s’y faisait une place, la Marianne qu’elle ne serait jamais complètement - et non pas Cersei, la trop naïve fille de Mangemort qui risquait à chaque nouveau jour sa liberté, dans l’espoir de... De quoi au juste ? Rarement la jeune adolescente n’avait souhaité s’interroger plus profondément dans les fondements même de ses volontés, cette graine de folie indubitable qui la faisait jouer avec sa propre vie, là où elle aurait dû fuir à toutes jambes, à l’autre bout du pays, s’enterrant dans une grotte comme la fugitive qu’elle était. Quel crédit pouvait bien avoir le rafleur à son esprit pour qu’elle en oublie alors sa vie à elle, qui était prête à basculer d’un instant à l’autre, selon les caprices du Polynectar glissant dans ses veines au rythme de son sang ? Trop rarement elle comptait les minutes qui la séparaient de sa transformation inverse, ce qui l’avait déjà mise dans des situations bien périlleuses, où, à peine avait-elle transplané hors de Londres, elle redevenait pleinement Cersei, défaite du masque de Marianne. Pour quelques instants alors, elle se faisait la leçon, de mieux se concentrer sur le temps qui lui était imparti, afin de ne pas tenter le destin de lui jouer des tours une nouvelle fois. Mais inlassablement, à chaque fois qu’elle se retrouvait là, assise à ce comptoir de bar, parfois à attendre Saíréann, d’autres fois à lui parler, le temps semblait s’écourter jusqu’à ne devenir qu’une infime poignée. Inlassablement, elle n’était toujours restée qu’une naïve petite fille, se berçant d’inavouables illusions, celle qu’il pouvait un tant soit peu y avoir de bon dans son père, comme on s’était acharné à le lui faire croire lorsqu’elle était enfant ; qu’il y avait quelque chose de bon également, dans son vis-à-vis, et qu’elle en viendrait tôt ou tard à le découvrir, à force de creuser, de se faire un chemin de plus en plus profond dans son intimité si secrète. Elle l’avait touchée du doigt parfois, cette parcelle de lui à laquelle Cersei n’avait jamais eu pleinement droit, alors qu’il se cachait derrière son statut de Mangemort, derrière cette haine palpable qu’il laissait transpirer, à l’égard du reste du monde, aussitôt qu’il échappait à l’attention d’une autorité quelconque. Sûrement qu’une parole de la jeune femme à l’égard de son père aurait d’ores et déjà suffi à faire pâtir Saíréann de toute la mauvaise volonté qu’il avait mise à l’apprivoiser : après tout, elle le savait, bien souvent lorsqu’il s’était montré obséquieux à l’excès, Doezwal n’avait que souhaité retourner l’esprit de sa fille afin de maintenir l’illusion bête dans laquelle elle s’était toujours bercée. Mais son père n’avait rien de bon, et si Saíréann continuait d’enterrer derrière sa fierté, ce qui pouvait être une graine d’humanité en lui, alors il serait tôt ou tard perdu également ; il épouserait les principes de Voldemort comme s’il s’agissait des siens, et... Au fond, Cersei ne savait pas si leurs tête à tête retardaient le cycle logique des choses, si c’était un tant soit peu les paroles que celui-ci prononçait à l’oreille seule de Marianne qui poussait parfois le rafleur à remettre en question bien des choses, ou si c’était autre chose. Elle l’avait toujours su, de toute manière, Cersei avait toujours été plus du type vulnérable et pauvre petite fille qu’oreille à l’écoute et main tendue digne de ce nom : c’était bien pour ce côté infiniment stupide et niais que son père avait décidé de prendre le pas sur son existence, sur ce qu’elle avait toujours été. Ca lui avait semblé facile de piétiner tout l’être à peine éclos d’une fille comme la jeune sorcière qu’elle était, comme il avait piétinée, fut un temps désormais bien lointain, Sansa. Mais s’il y avait bien un être sur tel auquel la jeune Harkness ne voulait jamais ressembler, c’était bien sa pitoyable et démoniaque cousine ; celle-là même qui avait tué des gens innocents, condamné Elwood à la prison, détruit la vie de toute la famille Harkness, n’en tirant alors que des jouissances infinies. Elle avait alors fui, surprenant sans doute tout le monde, puisque lorsqu’elle avait été sur le départ, elle avait remarqué que ses nombreux garde du corps (dont Saíréann) étaient endormis sur leurs deux oreilles, inconscients à l’idée que la pauvre petite gamine si vulnérable et faible qu’ils avaient dédaigné puisse se rebeller. Mais irrémédiablement, plus elle s’échouait ici, plus Saíréann parlait des ennuis que la fuite de Cersei avait amenés sur sa vie, plus elle se retrouvait à regretter ce choix-là : peut-être que c’était à ça qu’était vouée sa vie, se sacrifier et ne pas moufter face à l’horreur qui prenait part dans sa vie, simplement pour préserver d’autre de ce châtiment. C’était toujours infiniment naïf et stupide (éternel schéma d’existence) de regretter préférer sa vie à celle des autres dans une période comme celle qu’ils traversaient, mais c’était tout ce qui faisait Cersei sans doute, quand bien même les vies des autres représentaient les lignes d’existence d’humains comme Saíréann, ou tous les Mangemorts sous la coupe desquels elle avait un jour été placée.

Car paradoxalement, dans l’horreur, Shae-Layne Hackett, ou même Rhagnär Greyback s’étaient montrés bien plus attentifs à elle que ne l’avait jamais été Doezwal. Que ne l’avait jamais été Saíréann également. Leur noble lignée de sang-pur et leur statut au sein de l’armée du Mage Noir les protégeait sans doute du courroux de Doezwal, alors il n’y avait pas à douter que si l’affaire venait à trop s’étendre dans le temps, celui-ci ne lésinerait pas sur les moyens pour faire regretter son impuissance au rafleur. Doezwal tuerait tôt ou tard sa famille, comme il avait tuée la mère de Cersei, puis il s’attaquerait peu à peu à tous ceux, autres, qui avaient un jour gravité dans l’existence de Saíréann : dans le monstre qu’il représentait à l’esprit de sa fille, elle n’avait aucun mal à l’imaginer capable de détruire la moitié du pays, réduire la vie par ici à un tas de cendres tout simplement pour punir le jeune homme, ou la punir elle, d’avoir fui. Pour cela, elle espérait fortement qu’Elwood avait su couvrir ses traces en sortant d’Azkaban, et qu’il demeurerait introuvable pour Doezwal, qu’il serait protégé de tous ces ennuis qui bouffaient aujourd’hui son existence à elle - car s’il y avait bien une personne qui, après toutes ces années, ne méritait pas de se perdre dans plus de problèmes encore, c’était lui. Elwood avait déjà traversé un chemin pavé d’infernales difficultés, et Cersei ne voulait pas être celle qui ramènerait le diable dans sa vie, quitte à ne jamais le retrouver, rien que pour le protéger. Qu’il en soit ainsi, alors. Au milieu de tout ça, de ces choix décisifs qu’elle faisait, de son incapacité à savoir en qui croire, et envers qui se méfier, revêtir l’apparence était - en temps normal - extrêmement reposant pour la jeune sorcière en fuite qu’elle était. Pourtant à présent, cette échappatoire lui était même arrachée, par Saíréann lui-même, alors qu’il l’avait fusillée du regard, acculée avec ce même dégoût dans la voix ou au fond des yeux, que ce qu’il avait toujours eue pour Cersei - la vraie et si vulnérable Cersei sur laquelle il avait toujours marché sans faiblir. Voilà que Marianne, elle aussi, avait perdu de sa splendeur, de cette verve incroyable qui avait toujours fait d’elle, l’être respecté et respectable que bien des rafleurs préféraient ne pas provoquer. Sans doute que la blonde, elle, aurait réagi en menaçant de trancher la gorge de cet imbécile de sous-fifre qu’était Saíréann s’il recommençait à mettre son nez dans ses affaires, ou même aurait été capable de bien mieux mentir que ne le faisait Cersei en empruntant ses traits. Après tout, logiquement, la jeune rousse n’avait jamais entendu du fameux homme qui partageait la vie de Marianne, elle ne savait que très peu de choses sur celle-ci (surtout sur sa vie privée) et se contentait généralement de faire pâle figure en se grimant de ses traits, rien que pour pouvoir vivre un tant soit peu ; simplement marcher dans une rue sans à avoir à regarder par-dessus son épaule à chacun de ses pas - quand bien même, c’était déjà devenu pour elle une habitude ancrée dans chaque parcelle de son esprit et de son corps. Elle le faisait sans même s’en rendre compte à présent, et sans doute que l’habitude était tant gravée en elle, qu’elle le ferait jusqu’à la fin de ses jours, que cette guerre s’éternise, ou ne finisse par mourir dans l’oeuf. Vis-à-vis de celle-ci d’ailleurs, Cersei ne savait pas quoi penser : pendant toute sa scolarité à Poudlard, elle avait entendu parler du grand Harry Potter, celui qui avait affronté le professeur Quirell dans les sous-sols du château, passant un énorme chien poilu et tant d’autres épreuves pour ça ; celui qui avait combattu le basilic, celui qui avait fait face aux Détraqueurs et appris le sortilège du Patronus en troisième année à peine, celui qui avait remporté le Tournoi des Trois Sorciers. Celui qui... - les exploits de Harry avaient toujours eu de quoi impressionner, mais alors que les mois de captivité de la jeune Harkness s’étaient faits interminables, remplis d’horreur qui envahissaient encore ses cauchemars et son coeur, elle ne savait plus quoi penser, elle ne savait plus si elle pouvait ou non avoir foi en ces promesses-là, en les volontés de Harry Potter, ou tout simplement ses véritables capacités à faire face au Mage Noir. Parfois, lorsqu’elle avait été au côté de son père, elle n’avait pu s’empêcher de laisser toutes ses volontés s’envoler, alors que s’imposait à elle la force de la gravité du reste du monde, alors qu’elle sombrait : elle envisageait alors souvent d’épouser les desseins de son père, rien que pour rendre son existence plus facile, puisque cette guerre ne trouverait jamais de fin. Plus le temps passait, plus Voldemort devenait puissant, plus les Mangemorts gagnaient en assurance et en présence sur le monde et leurs ennemis - « à quoi bon » lascive question gagnée d’amertume, avait fini par se faire un chemin dans son esprit.

Elle s’était pourtant toujours ressaisie, ses volontés rejoignant la surface plane et calme du lac noir qu’était devenu son esprit ; elle avait fini par fuir, par choisir sa destinée, quitte à se brûler les ailes. Il en serait toujours moins pire que si elle devait finir Mangemort, ou pire encore. Mais se ressaisir aujourd’hui, semblait s’apparenter à l’insurmontable, alors que s’était lentement mais sûrement effondrée chacune des barrières de ses protections, de cette fausse assurance qu’elle se croyait avoir à chaque fois qu’elle adoptait l’apparence de Marianne. Au moins, sous le visage de celle-ci elle avait souvent eu - alimenté même - l’illusion d’être plus forte qu’elle ne l’était en réalité. Les paroles de Saíréann remettaient irrémédiablement tout en question, alors que c’était un étau plus serré que jamais qui l’empêchait de respirer, alors qu’elle n’avait aucune réplique qui pointait à son esprit, aucune pique digne de Marianne en tout cas. A dix-sept ans, il était de toute manière bien difficile d’avoir assez d’assurance en soit vis-à-vis de ce genre d’histoire-là, de jalousies et d’autres hommes, pour pouvoir rebondir sur les attaques de chacun. Alors cette fois-ci les mots n’avaient pas simplement flotté dans l’air, ils s’étaient infiltrés un chemin jusqu’aux tréfonds de l’esprit de Cersei, son corps, son être s’imprimant parfois sur le malaise que certaines de ces déclarations lui inspiraient : Si ça avait été n’importe qui d’autre, j’en aurais rien eu à faire. - qu’aurait-elle bien pu comprendre par-là, répondre à ça ? Marianne n’aurait jamais demeuré aussi silencieuse que l’avait été Cersei aux quelques instants qui venaient de s’écouler, elle aurait forcément trouvé quelque-chose à répondre - elle aurait, même, fait aisément comprendre à Saíréann qu’il valait mieux pour lui qu’il surveille attentivement sa façon de parler, plutôt que de laisser place à son amertume et à cette palpable jalousie. Mais Cersei n’était pas Marianne, elle n’avait jamais un tant soit peu approché l’assurance et l’ego d’une telle femme ; jamais elle n’avait connu qui que ce soit de semblable d’ailleurs, si ce n’est Sansa, cet être détestable duquel la jeune fille qu’elle avait été, avait toujours essayé de se détacher le plus possible. Et c’était sans doute ça qui faisait que Cersei était même incapable de jouer la comédie, parce qu’elle ne le voulait pas, elle ne souhaitait sûrement pas faire un pas dans le monde noir et empli de dédain dans lequel s’était perdue Sansa depuis des lustres déjà. Sansa. Et puis Marianne également, de ce qu’avait pu deviner la jeune sorcière à chaque fois qu’elle l’avait croisée. La rafleuse et sa cousine se ressemblaient sur beaucoup de points, quand bien même la blonde n’avait jamais eu la capacité de lui faire aussi peur que ne l’avait fait sa cousine, toute sa vie durant. Mais avec Sansa, c’était particulier, un lien qui les unissait depuis aussi loin qu’elle s’en souvienne, une torture à vie qui ne cesserait sans doute jamais - sûrement que Cersei était le bouc-émissaire favori de sa cousine, là où elle revêtait le rôle de la tortionnaire de tous les cauchemars de la jeune fille qu’elle était. Cette idée ferait sûrement plaisir à la Mangemort, si elle venait à le savoir, mais heureusement, de sa peur, Cersei s’était toujours essayée de ne laisser transparaître que sa véhémence et son dédain. Cette haine qu’elle avait à l’égard de sa cousine pour ce qu’elle avait fait à Elwood, cette haine qui lui faisait parfois toucher du doigt l’illusion que si elle le pouvait, là, sur le moment, elle la tuerait sans hésiter. A l’instant T finalement, elle serait bien incapable de faire quoique ce soit, parce que c’était ce qui la différenciait elle, des êtres comme son père ou sa chère cousine, mais pouvoir vivre de cette illusion était déjà quelque chose de suffisant pour l’ego. Et alors que celui-ci se battait étroitement avec la maladresse d’une Cersei tentant de se faire bien plus dure qu’elle ne l’était en réalité, la jeune sorcière aurait bien eu besoin d’assurances aussi claires pour faire le vide dans son esprit - malheureusement, il lui semblait que les paroles de Saíréann avaient, sur elle, une prise bien plus meurtrière encore que les éternelles piques que Sansa lui avait crachées à la figure. Paradoxal, en soit, puisque Cersei n’avait jamais imaginé que quelqu’un puisse lui faire plus de mal encore que ne l’avait fait Sansa. Elle avait découvert Doezwal entre temps, d’ailleurs, comme si la vie voulait lui prouver le contraire ; mais pourtant, malgré les Doloris auxquels elle était bien habituée déjà, malgré les incessantes tortures mentales que lui avait imposé son père sous prétexte de l’aider à se protéger contre tout Occulumens, les mots de Saíréann lui paraissaient semblables au passage de mille âmes d’Occulumens, transperçant tout son esprit, faisant exploser ses idées au fond de son cerveau sans qu’elle ne puisse faire quoique ce soit pour lutter. Avant tout, parce que techniquement, elle s’était prouvée comme étant une très mauvaise Légilimens, incapable de bloquer l’accès de son esprit à qui que ce soit, mais aussi parce qu’il semblait avoir trouvé en elle, une porte dérobée, ignorée de tous, par laquelle lui, il se glissait avec toute l’aisance du monde.

Et finalement, ce n’était sûrement pas son esprit qui en était devenu souffrant, mais plus son coeur, qui battait à tout rompre contre sa poitrine, comme s’il cherchait à s’en extraire avec plus de fougue qu’auparavant déjà. Elle le sentait si vif au fond de son poitrail, alors qu’elle avait à peine fait quelques pas à l’extérieur du Chaudron Baveur, qu’elle se sentit prise d’une vive nausée, sa gorge sèche réclamant de longues bouffées d’air frais. Ses mains glissant dans ces cheveux qui n’étaient pas les siens, Cersei avait complètement oublié, l’espace de fugaces secondes qui lui avaient paru éternelles, qu’elle était face à Saíréann sous les traits de Marianne, et non pas sous son vrai visage. Or, Marianne n’aurait sûrement jamais pris ses jambes à son cou comme elle venait de le faire - elle qui faisait face à des membres de l’Ordre sans craindre quoique ce soit, qui se vantait d’avoir déjà tué certains d’entre eux (ou plus encore, des Aurors, même), elle n’avait sans doute pas peur d’avouer ce qu’elle avait sur le coeur à quelqu’un comme le rafleur qui avait été à côté d’elle, quelques instants plus tôt. Mais c’était indubitablement de Cersei qu’il avait parlé, non pas de la brave et grande Marianne et c’était Cersei, dessous ce déguisement, qui lui avait répondu, hurlant au travers de cette épaisse illusion. Il n’était pas trop tard pour elle pour prendre la fuite, disparaitre complètement et ne plus jamais revenir, laisser Saíréann sur ces paroles-là, les non-dits qui planaient, électriques, dans l’air froid de février. Mais elle ne bougeait pas, et ni ses jambes ni son esprit n’en manifestaient l’envie - d’ailleurs, ce n’est qu’après de longues secondes qu’elle frissonna de la tête aux pieds, se rendant compte qu’à l’extérieur, il faisait bien plus froid qu’à l’intérieur. La cape dont elle s’était débarrassée un peu plus tôt dans le pub, elle l’attrapa, fébrile et tremblante, se la passant finalement autour des épaules - il ne lui faudrait que quelques minutes encore pour se remettre sûrement de tout ce qui se bousculait à toute vitesse dans sa tête, pour faire le vide au fond de celui-ci pour retrouver l’implacable logique avec laquelle elle devrait fonctionner. Car d’aussi loin qu’elle ne ressemblait pas à Marianne, c’était avec la logique et toute la mémoire de ce qu’elle avait pu relever dans le caractère de la rafleuse, que Cersei devait agir - agissait en temps normal. Aujourd’hui, là, maintenant, tandis que ses émotions d’adolescente n’ayant encore découvert qu’une parcelle de monde, avaient pris le pas sur cette finesse d’esprit, elle avait indéniablement faibli. Manqué de peu de se trahir également, alors qu’au bord de ses lèvres, piquant au bout de sa langue, toutes les répliques du monde, tout ce que Cersei n’avait jamais osé cracher à la figure de Saíréann lorsqu’elle avait été placée sous sa garde, avaient failli lui échapper. Des paroles qui n’auraient jamais dû sortir de la bouche de Marianne - on pouvait donc ainsi considérer qu’ici, seule, à l’extérieur, en s’étant échappée comme l’aurait fait une pauvre fille prude et dénuée de courage face à des déclarations comme celles du jeune homme, elle s’en était plutôt bien tirée. C’est en tout cas ainsi qu’elle s’escrima à faire revenir le calme dans son esprit, alors qu’elle avait déjà réussi à effacer le trouble lisible sur son visage, étouffant les quelques larmes de malaise nées au coin de ses yeux en fermant étroitement les paupières. Marianne ne pleurait sans doute jamais, n’en avait jamais été capable - tout comme Sansa, tout comme Doezwal. Cersei, elle, pleurait bien trop souvent, avait déjà trop pleuré pour une vie toute entière. Au milieu du néant de ses songes, de sa respiration se faisant par longues bouffées tentant d’effacer ses troubles, une main l’agrippe par le bras, la faisant se retourner. A sa grande surprise, alors qu’elle aurait soupçonné la sortie de n’importe lequel des crétins les observant depuis de longues minutes déjà, il s’agit de Saíréann, désireux soit de remuer le couteau dans la plaie, soit rappelé à sa pitié par l’état pitoyable dans lequel elle s’était retrouvée en prenant la fuite. « Qu’est-ce que tu veux ? » La réplique amère semble glisser d’entre ses lèvres sans qu’elle ne s’en rende compte, comme elle aurait échappé à Marianne sans doute, alors qu’il faudrait être un coeur sacrément endurant pour accepter qu’il ne revienne à la charge. Celui-ci vient pourtant de Cersei, chargé de tous ces songes qu’elle ne peut s’empêcher d’avoir à son égard, cette logique implacable que lui impose son esprit : il lui hurlait sans cesse qu’elle devrait le détester, qu’elle ne devrait pas cherché à gratter cette surface dans laquelle il se complaisait si bien - parce qu’il ne le méritait pas, parce qu’il ne l’aimait pas, ne l’apprivoiserait jamais comme elle s’était, elle, brûlée les ailes à l’apprivoiser autour de tous ces verres. Pourquoi est-ce qu’il fallait irrémédiablement que son âme, elle, cette âme si bête, transforme au fil du temps, le dédain en pitié, l’incompréhension en une lecture si claire de Saíréann - au point qu’elle en finisse irrémédiablement par sombrer ? Car voilà où ils en étaient, Saíréann criant sa jalousie et de piètres excuses à Marianne, derrière laquelle Cersei ne pouvait qu’observer, semi-objet de cette attention, sans pour autant être celle de ces affections.

Il était désolé. C’est du moins ce qu’il dit et elle ne put s’empêcher de brièvement détourner le regard, comme si c’était le mur juste derrière le jeune homme qui lui parlait, et non pas cet être en face d’elle. Cersei, elle, aurait sans doute baissé les yeux vers ses mains se triturant l’une l’autre avec nervosité ; au moins, retenir l’illusion de Marianne, la forçait à garder un tant soit peu de fierté. Pourtant si aisément, dans chacun de ses gestes, dans les regards qu’il posait sur elle, elle sentait sa sincérité débordante, désireuse d’atteindre l’habituellement froide et implacable Marianne, Saíréann ne faisait pas à moitié des excuses, et peut-être qu’un jour, un jour, le destin serait assez clément pour qu’il les adresse à la bonne personne. « Je regrette de t’avoir reproché ça. C’était idiot de ma part et puis tu as raison, ça ne me regarde pas. » Elle releva vivement le regard dans sa direction, esquissant un geste pour croiser ses bras sur sa poitrine, avant de se retenir, ne sachant subitement plus quoi faire de ses quatre membres. Ou même de son regard, qui, tantôt mal à l’aise, vaquait sur les regards autour d’eux qui les observait longuement, et Saíréann lui-même. « Et je suis désolé de m’en être pris à, à… à lui. » Cersei aurait voulu répondre que ça n’avait aucune importance, ça, mais elle se retint, car sans doute que Marianne aurait, elle, assez d’orgueil en elle pour préférer également que personne ne contredise son choix en matière d’homme. Ou quoique ce soit dans ce genre-là, qui mettrait forcément son accusateur en faute, et non pas elle. « En fait, non. J’en ai rien à foutre de lui. Je sais rien de lui. Ni son nom, ni son visage, ni… Rien. Mais si tu l’as choisi, c’est que ça doit être un gars cool. J’imagine. C’est donc la seule chose que je sais de lui. Que c’est un mec cool. » Visiblement, il appréhendait tout autant que Cersei elle-même les potentielles réactions de Marianne, tant et si bien qu’elle se retrouvait encore muette ; elle ne savait pas pourquoi il disait tout ça, si ça avait une quelconque importance au final. Pour elle, il était clair que ça n’en avait aucune, que c’était tout simplement cet impénétrable sentiment d’être acculée, accusée, attaquée de part en part pour mieux être brisée, qui l’avait faite fuir si intensément ; pour Marianne, c’était certainement une histoire qui avait lien avec bien d’autres sentiments. Le doute reprenait déjà du chemin jusqu’à elle, mais elle n’eut pas l’occasion de le laisser transparaître, sentant le regard de Saíréann posé sur elle, comme s’il attendait une réponse, ou une quelconque réaction. Encore une fois, il semblait à Cersei qu’elle n’était, dans ce débat, qu’une étrangère, incapable d’être en quoique ce soit impliqué dans cette histoire avec ce fameux type, perturbée par des maux bien plus profonds et inavouables que ceux que le rafleur résumait vaguement pour excuser sa conduite. « Enfin, je me doute qu’il est facile de dire que je regrette, mais que cela ne changera rien à ce qu’il vient de se passer. Mais sache que c’est sincère. » Il fit encore une fois les conclusions tout seul, à son esprit devaient se bousculer bien des songes, mais Cersei ne fit rien pour l’en empêcher. Marianne aussi, sûrement, le laisserait s’enfoncer dans ces méandres de pensée-là - elle aurait de toute manière, sûrement réagi différemment sur toute la ligne et depuis bien longtemps, la jeune sorcière avait perdu la frontière entre cette rafleuse dont elle ne revêtait que l’apparence, et elle-même : piètrement, elle tentait de faire encore bonne figure, mais ça n’échappait à son vis à vis que parce qu’il était pris dans un plus grand trouble encore qu’elle. « Et si tu ne veux plus me parler, je le comprends très bien. Je ne sais pas moi-même si je serai capable de ne pas recommencer cette même erreur à l’avenir. » C’était comme toujours, inlassablement, il poursuivait le cycle infini et impitoyable de ses pensées, sans même tenir compte de ce qu’elle pouvait ou non répondre. Même pour une personne comme Cersei, se retrouver devant un tel mur imprenable avait quelque chose d’énervant ; elle aurait sûrement elle-même voulu lui en mettre une pour qu’il arrête de se lamenter, elle qui avait été habituée à une image beaucoup plus assurée que lui, c’était justement cette fragilité qu’il affichait trop souvent, qui avait mis tout ce qu’elle croyait acquis sur lui, en déroute. Il s’était révélé être bien différent que tout ce qu’elle avait imaginé jusque-là, encore une fois il le lui prouvait. Elle le comprenait, finalement ils n’étaient pas si différents, mais Cersei détestait, malgré tout, se retrouver mi-déroutée, mi-impuissante face à tout ce qu’il disait, ce flot de songes, de pensées, qu’il déroulait juste devant elle. Qu’est-ce qu’elle s’en fichait du potentiel mec dans la vie de Marianne, qu’est-ce qu’elle s’en fichait que ce soit un type bien ou un parfait pourri - au fond, cette vie-là n’était pas la sienne, et ne le serait jamais, malgré ces sentiments de puissance qui la prenaient à chaque fois qu’elle se promenait aux yeux du monde sous l’apparence de la rafleuse. Elle resterait toujours, indubitablement, Cersei, juste Cersei, la fille de Doezwal Harkness, celle qui passerait soit sa vie à fuir, soit sa vie à épouser des idéaux qui la répugnaient plus qu’autre chose.

« J’ai même peur de briser Cersei si je la retrouve. Le vieux Harkness semble être un pire salaud que mon frère. Et encore, je pèse mes mots. Alors quel monstre je serai si je lui ramenai au final ? » Cersei. Son nom revint percer au milieu des paroles de Saíréann, inlassablement, il pensait à elle - même lorsqu’il était question de s’excuser auprès de Marianne, mais à ses paroles, un long frisson imperceptible la parcourut. Quelle que soit l’apparence qu’elle revêtait, il lui serait toujours impossible de masquer cette glaciale peur qu’elle avait toujours eue à l’égard de son père, celle qui faisait qu’elle était tout simplement incapable même de soutenir son regard. « Et même si c’est elle ou moi, tant pis. Même ma mère ne croit plus en moi alors… Non, rien. Enfin, tout ça pour dire que si jamais tu veux me reparler, je serai toujours là, au comptoir. A t’attendre. » L’incompréhension lui fit brusquement froncer les sourcils, mais déjà il se reculait, et elle ne trouva rien de mieux à faire que vivement détourner le regard, le baisser cette fois-ci pour étouffer au coin de ses lèvres, au fond de ses yeux, le trouble qui se glissait en elle. Pourquoi est-ce qu’il disait ça ? Pourquoi est-ce qu’il semblait subitement décider que «sauver Cersei de son vilain père» s’avérait plus important que ses propres ambitions de toujours ? La gorge sèche, la jeune Harkness sentit ses dents brusquement se serrer : peut-être avait-il découvert le pot aux roses, qu’il avait réussi à capter quelque chose de Cersei derrière cette apparence ? Vivement, discrètement, elle s’assura que sa couleur de cheveux n’avait pas changé, que rien ne la trahissait plus qu’à l’habituel. Rien. Des yeux sombres qui appartenaient à Marianne, elle observa un instant Saíréann, à quelques pas de là, visiblement bien dépité d’avoir débité tant de flots de paroles, sans même qu’elle n’ait pu répondre quoique ce soit. Elle avait presque le sentiment d’avoir été absente de son propre corps, de son propre esprit pendant d’interminables minutes, mais Cersei s’essaya à masquer ce trouble lorsqu’elle esquissa quelques pas en direction du jeune homme. Elle se serait assise à côté de lui, si seulement elle n’avait pas cette apparence là, optant alors pour rester debout, s’arrangeant pour capter le regard du rafleur. « Je connais Doezwal Harkness. » Avoua-t-elle finalement, un sourcil arqué, du dédain dans la voix - car elle n’avait pas besoin de mentir pour prétendre ça, ou feindre le dégoût qu’il lui inspirait. Le plus dur restait de masquer la crainte qui était habituellement si palpable dans sa voix à chaque fois qu’elle parlait de lui, qu’elle pensait à lui ou ressassait les images de ce qu’elle avait vécu avec lui, les traits de son visage ou les lueurs rageuses au fond de ses yeux. « Il te tuera au moment où tu lui ramèneras sa fille. » C’avait été une évidence dont Cersei n’avait jamais douté, sans pour autant mettre son poursuivant en garde, mais c’était ainsi qu’il fonctionnait, qu’il fonctionnerait toujours : Saíréann avait manqué à sa mission principale, et en fuyant, elle avait toujours su qu’elle le condamnerait. Elle avait même cru que son père le tuerait sans plus de cérémonie, mais il semblait se montrer particulièrement sadique ici, en laissant survivre l’espoir dans le jeune homme, jusqu’au dernier moment. Au moins, il n’aurait pas besoin de lever le petit doigt pour retrouver sa fille : le rafleur ferait pour lui la sale besogne, et il n’aurait qu’à supprimer l’imbécile en qui il ne pouvait plus avoir confiance. Mâchoires serrées l’une contre l’autre, Cersei retint un nouveau frisson à cette idée, avant de reprendre la parole, pour se donner plus d’assurance qu’elle n’en avait. « Tant que tu ne la trouveras pas, tu resteras en vie. » Ce n’était qu’un maigre réconfort, puisqu’il ne fallait pas non plus qu’il ne tarde trop, sans quoi Saíréann avait sans doute assez de personnes dans sa vie pour que Doezwal le destitue de tout ce qui pouvait importer. N’y coupant pas finalement, dans un regard autour d’eux, Cersei finit par s’accroupir devant lui, trouvant son regard en essayant de ne pas perdre de cette fermeté si palpable dans sa voix. « Fais tes choix en connaissance de cause. Nous faisons partie de ceux qui n’ont pas le choix, dans cette guerre. » Pour une fois, elle pouvait également parler pour elle - et pour Marianne également, puisque quoiqu’elle en dise, elle restait un larbin au service des Mangemorts, qui exécutait tout simplement les ordres. Elle baissa finalement le regard un long instant, comme si elle cherchait ses mots, ou comme s’il lui était impossible d’observer bien longtemps les tréfonds des prunelles de son vis-à-vis. « Ce type, c’est un Mangemort. » Finit-elle par ajouter, sans savoir le moins du monde si ça pouvait un tant soit peu être la vérité, mais sans doute qu’une femme aussi ambitieuse que Marianne ne tapait pas dans le bas du panier. « Et c’est la seule façon que j’ai trouvé de garder un tant soit peu de liberté dans cette guerre. » Plus elle se prêtait au jeu, plus Cersei trouvait en elle d’aplomb pour monter des mensonges tous plus stupides les uns que les autres - mais elle, c’est ce qu’elle ferait si elle n’avait pas les Mangemorts tant en horreur (ceux qui faisaient partie de sa vie en tout cas). Après tout, si elle n’était pas Cersei, l’aimante Cersei qui ne pouvait pas observer les tortures faites sur les autres sans sourciller, elle aurait très bien pu rester avec son père, sous sa protection et ne jamais avoir à pâtir de la guerre.

Fermement, elle finit par attraper une des mains du rafleur face à elle, submergée à nouveau par une vague hésitation, elle l’effaça dans un souffle, l’entraînant à se relever avec elle ; ils se relevèrent si près l’un de l’autre qu’elle baissa instinctivement les yeux, fit un pas en arrière, attitude de replis typique, à croire que s’il soutenait trop longtemps son regard de si près, il y verrait toute l’épaisseur du subterfuge du polynectar. Ou autre chose. Logiquement, ce que Cersei aurait voulu ajouter, ce serait des excuses pour toutes les vérités/tous les mensonges qu’elle venait de prononcer. Mais ce n’était sûrement pas le genre de Marianne, alors elle les retint soigneusement au creux de sa gorge, observant longuement Saíréann. « Je ne mens pas, quand je dis que ce ne sont pas tes affaires. » Ajouta-t-elle finalement, sans pour autant avoir réellement réfléchi à ce qu’elle dirait ensuite. « Je cherche juste à survivre à cette guerre. Tu devrais en faire de même. » Son regard erra vers la devanture du Chaudron Baveur, est-ce que Marianne était un tant soit peu adepte des déclarations subtiles ? Elle en doutait, pour une fille facile, ça devait être quelque chose de relativement compliqué. « Je préfère pouvoir revenir boire ici, après tout ça. Pas seule, de préférence. » Et comme pour appuyer ses paroles, elle observa à nouveau Saíréann, bon dieu, elle n’était vraiment pas douée pour ça, ce n’était certainement pas un talent inné. Enfin de ce dont elle pouvait se souvenir de son enfance, Elwood n’avait jamais été très doué non plus, et Sansa était une psychopathe en puissance, qui ne s’encombrait sans doute pas de déclarations de ce genre. Mais vivement malgré tout, Cersei détourna le regard, si elle prononçait la moindre parole encore, sans doute qu’elle s’enfoncerait encore plus ; elle se rapprocherait irrémédiablement de tout ce que Cersei, elle, aurait dit pour répondre aux déclarations de Saíréann, aux hésitations qui naissaient peu à peu en lui. Bien entendu, au fond, que sa fuite serait moins rude si son assaillant abandonnait la partie, mais elle ne pouvait décemment pas pousser le rafleur dans cette voie-là, accepter qu’il mette plus encore sa vie en péril, alors qu’il était logiquement de leur droit de choisir leur destinée.
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MessageSujet: Re: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeLun 27 Mai - 4:01

it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Tumblr_mkl0fzC6aC1rmuvzuo2_250
Assis au comptoir, Marianne partie en claquant la porte derrière elle, je ne peux que constater que la situation m'échappe complètement. Le tout m'échappe, file entre mes doigts sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour m'en saisir à nouveau, retenir tout ce que j'ai toujours connu auprès de moi. Paniqué, je ne parviens même pas à me lancer tout de suite à sa poursuite, à m'élancer derrière elle pour la rattraper tout de suite, me contenant de griffer le bois du comptoir de mes ongles trop courts, afin de ne pas sombrer. Comme-ci j'essaye ainsi de me retenir de faire tout autre chose absurde. Car il faut tout de même avouer que tout ce que je viens de faire est bien quelque chose d'absurde. Je sais bien que j'aurais dû m'arrêter avant que tout ne dégénère, lorsqu'elle a commencé à témoigner quelques signes d'agacement face à mes propos. Et pourtant, je ne l'ai pas fais. Quand bien même je me doutais que cela allait finir par dégénérer un temps soit peu. Sûrement parce que je pensais que cela me libérerait d'un poids lourd que de laisser exploser ma jalousie au grand jour et de l'exhiber pleinement face à la blonde, sans aucune honte ou encore me préoccuper de l'impact que cela pourrait avoir sur la jeune femme. Je joue ainsi sans aucun doute les égoïstes alors que je la place face au fait accompli, sans lui laisser la moindre chance apparente d'esquiver mes constatations qui sonnent bien plus comme des accusations, il me faut bien l'avouer. Pourtant, elle me paraît tout de même avoir bien tenu le coup jusqu'à ce que j'en vienne à parler de Cersei. Et à présent, la voilà partie, alors que je me retrouve là, seul, tous les regards rivés sur moi sans que je puisse m'en défendre un temps soit peu. Mais bien plus que ces regards qui me picotent sans trêve la nuque, c'est l'absence de Marianne qui se fait vivement ressentir. Et alors que je croyais pouvoir s'insuffler en moi un vent de liberté, lui laissant la place de s'engouffrer après m'être débarrassée des sombres pensées qui m'agitent l'esprit, ce n'est qu'un poids supplémentaire qui y fait sa place. Additionnant son poids à ceux des autres problèmes qui reposent déjà sur mes épaules. Aussi je me trouve entravé comme je ne l'ai jamais été, mon cœur battant à tout rompre tout en semblant aussi inactif et inutile que celui d'un mort. Un peu comme-ci il se trouve pris dans un étau duquel il ne parvient pas à se dépêtrer. J'ai la véritable impression de suffoquer, sans parvenir à savoir comment reprendre correctement mon souffle, avec la seule impression que je vais finir par succomber. Fin qui me paraît presque enviable, en comparaison avec le fait de continuer à me sentir ainsi dépérir peu à peu, comme-ci je succombe avec mon monde qui s'écroule autour de moi. Mais pire encore que la douleur qu'apportait la présence de Marianne, ravivant sans trêve le souvenir de son étreinte avec l'inconnu dans la ruelle, c'est son absence aussi soudaine qu'inattendue, qui me fait mal. Je ne peux pourtant pas l'en blâmer, puisqu'il me faut avouer que je l'ai un peu poussé à me laisser planter là comme un idiot, cherchant sans concevoir que ce que j'étais en train de faire, à la pousser à bout. Croyant pourtant que je n'y parviendrais pas, mais ne connaissant pas ses limites non plus d'un autre côté. Ainsi, c'est comme l'imbécile que je suis, que je me rends compte que j'ai véritablement tout foutu en l'air, comme-ci je cherchais simplement à la faire fuir loin d'ici et de ma personne, alors que ce n'est clairement pas le cas. Pas de façon consciente en tout cas. J'ai l'art de tout ficher en l'air de toute façon. Mais je ne m'en plains pas, sachant que tout se trouve être en grande partie de ma faute, comme à chaque fois, en devenant quelque peu fataliste pour le coup, il me faut bien l'avouer. C'est sans aucun doute une chose héréditaire, puisque je remarque que l'histoire se répète sans cesse dans l'arbre généalogique familial. Que ce soit mon paternel né-moldu qui a vu son fils aîné, auparavant si gentil, joyeux et inoffensif, adopté au fur et à mesure de ses années passées à Poudlard, des idéologies pro-Voldemort. Allant même jusqu'à les revendiquer à table, lançant des critiques aux né-moldus qui entravent le monde sorcier de leurs gênes défaillants, en n'ayant que faire du fait que mon paternel se trouve juste face à lui. Celui-ci ne s'étant pas non plus empressé pour le corriger, manquant clairement de rébellion face à son propre fils. Il s'est ainsi sûrement précipité à sa perte, sans même s'en douter. Mon frère a ainsi pu laisser germer ses idées toutes nouvelles dans son esprit, allant jusqu'au stade du meurtre, puisqu'il a fini par tuer notre père. Frère qui avait lui-même une expérience de rafleur assez paisible, avant d'aspirer à monter les échelons et devenir mangemort sans raison apparente. Peut-être simplement par besoin de reconnaissance à vrai dire. Chose pour laquelle il s'est ainsi donné plus de mal que ne l'exige la raison ou une conscience normalement constituée. M'embarquant avec lui, il a multiplié les patrouilles en pleine forêt, afin d'attiser les convoitises, louanges et honneurs, sans se douter d'un quelconque danger. Pourtant, il n'a pas tardé à succomber d'un sortilège à l'origine inconnue, à peine quelques années après avoir émis l'idée qu'il puisse appartenir à la caste de ces mages noirs. Et alors que j'étais à mon tour libéré de toutes obligations, avec la possibilité de laisser Margaery derrière moi à vie, afin de me libérer de cette crainte qui m'assiège désormais, j'ai décidé de reprendre le rêve de mon frère en ce qu'il s'agit de devenir mangemort. Je me suis alors exposé à des risques inutiles, comme-ci je cherche ainsi à suivre le chemin tracé par les miens. Qui sait quand je pourrai succomber à mon tour ? Le compte à rebours a peut-être déjà commencé, vu comment les choses se passent dans la famille. Mais cela m’importe peu, dans un sens. Mes pensées se trouvent happées par la seule existence de Marianne.

Les paupières mi-closes, je me redresse subitement en prenant appui sur la surface de bois brut du bar, sans savoir réellement ce que je suis en train de faire. N’oublie jamais que le passé ne peut être changé et que seuls les faibles s’y attachent, claque violemment la voix de mon frère de mon esprit alors que je rouvre les yeux, laissant mes prunelles embrasser le monde face à moi – se réduisant pour l’instant à l’intérieur du pub. Cela fait-il donc de moi un faible, si jamais je me mets à courir après la blonde, pour rattraper mes dires ? Sûrement. Mais des fois, mieux vaut parvenir à mettre sa fierté un temps soit peu de côté, pour rattraper les choses et pouvoir mieux avancer vers l’avenir. Sans se mettre soi-même des bâtons dans les roues, en quelque sorte. Parce que c’est ce à quoi cela peut s’apparenter, lorsque l’on y réfléchit suffisamment. Car, pour ma part, je sais que sans cela, je ne parviendrai jamais à me tourner pleinement vers celui-ci, me raccrochant bien trop longtemps au souvenir de mes erreurs passées, voguant autour de ma vie à la façon d’un spectre particulièrement enclin à me suivre à la trace. Planant sur ma vie comme une ombre monstrueuse, m’entravant peu à peu. Suite parfaitement logique, lorsque l’on sait que mon cœur se trouve lui-même entravé. Peut-être que si je me sens suffisamment entravé, je vais finir par disparaître, observant un phénomène d’autodestruction particulièrement dévastateur. Ces erreurs que j’ai commises avec Marianne. Alors oui, peut-être que je parais faible aux yeux de mon frère pour cela, mais de toute façon, il n’est plus là pour en juger. Et si jamais il sait voir ce que je suis en train de faire, il n’est certainement pas en mesure de me faire savoir son mécontentement. Puis, c’est presque une fierté pour moi que d’être parvenu à reconnaître mon erreur – mes erreurs ? –, bien que celle-ci m’attriste plus que de mesure et que du point de vu de Marianne, il est sûrement légèrement tard pour le remarquer. Bien trop tard à vrai dire, sans quoi elle ne serait pas partie en claquant la porte du Chaudron Baveur. Trop tard pour rebrousser chemin, mais pas encore pour tenter de rattraper la précédente voie que j’empruntais, en allant m’excuser auprès de la blonde, bien qu’elle puisse toujours rejeter en bloc l’ensemble de mes excuses et me dire qu’elle ne veut plus jamais que je l’approche. Eventualité qui me traverse sous forme d’un frisson glacial qui me secoue l’échine. Enfin, auquel cas, je ferai simplement ce qu’elle me demande, par simple marque de respect à son égard je présume et parce qu’après tout ce que je lui ai dit, elle ne mérite simplement pas que j’en ajoute une couche supplémentaire. Ce serait particulièrement mal vu, même par moi, que de faire une chose pareille. J’adresse un regard au barman alors que celui-ci lorgne sur les piécettes toujours présentes sur le comptoir et jusque là, devenues le cadet de mes soucis. Celles-là même qui sortent de la poche de la blonde. Peut-être même le dernier souvenir qu’il me restera d’elle, s’il s’avère qu’elle a transplané loin d’ici, à peine après avoir claqué la porte derrière elle. Après tout, je n’ai aucune idée de l’endroit où elle peut habiter où des lieux qu’elle peut fréquenter hormis celui-ci. Je ne l’ai jamais perçu autre part qu’ici, comme-ci l’endroit est celui où je peux exclusivement la rencontrer. Jusqu’à ce que j’en vienne à la croiser dans cette maudite ruelle londonienne, bien sûr. Le symbole qu’elles représentent à mes yeux, est tout autre cependant que celui auquel l’on pourrait penser à première vue. Jamais Marianne n’a eu à payer l’une de ses consommations à partir du moment où je l’ai retrouvée – connue serait sans doute un terme plus juste –, aussi, fourrer ces piécettes au fin fond de mes poches, reviendrait à briser ce qui me parait être une véritable tradition à présent. Si bien que je finis par signifier au barman qu’il est en droit de s’en saisir, en en lieu et place de ma personne. Un peu comme-ci la jeune femme a ainsi laissé un pourboire à son attention, bien que je sache pertinemment que ce n’était pas là son attention ou son but premier. Peu importe au final, puisque cela n’est qu’une preuve supplémentaire du fait que nous avons tous deux eu un conflit. Si bien qu’il vaut mieux reléguer cela à quelqu’un d’autre, pur symbole de l’effacement de l’un de nos conflits. Ainsi, le barman fera très bien l’affaire pour cela. Spectateur de nos échanges depuis tout à l’heure, autant qu’il entre en jeu à un moment ou à un autre, bien qu’il ne prononce pas le moindre mot lorsqu’il se jette sur les piécettes, un peu comme-ci il a peur que je change subitement d’avis. Il n’a aucune crainte à avoir à ce niveau là pourtant, puisque cela ne risque pas d’arriver, je peux même lui promettre si cela est nécessaire. Bien que je n’ai pas de temps à perdre avec ça. Si bien que je prends à peine le temps de lui adresser un bref regard dédaigneux – regard méprisant qu’il mérite bien cependant – avant de me précipiter vers la porte, sous les regards de bon nombre des personnes présentes dans l’enceinte du Chaudron Baveur, manquant de peu de renverser un tabouret au passage. Sortie assez peu grandiose au final, mais qu’importe, je ne cherche pas à la rendre particulièrement reluisante. Le tout est que je parvienne à en venir à mes fins. En rattrapant Marianne notamment, surtout pour la rattraper d’ailleurs, puisqu’il s’avère que l’ensemble de mes pensées, est simplement focalisé sur ce simple fait de toute manière.

M’approchant de la porte, je l’ouvre alors à la volée, n’ayant aucune gêne à l’envoyer valsé avec force contre le mur sur lequel elle rebondit violemment. Mon cœur palpite plus que d’accoutumée alors que je crains de ne pas la retrouver là. Pourtant, je manque presque de foncer dans la jeune femme alors que je remarque qu’elle se trouve juste là, sous le pas de la porte. Je me suis tellement attendu à ce qu’elle ait déjà fuit au loin, que je me trouve presque surpris de la voir là. Surpris et quelque peu soulagé, il me faut bien l’avouer tout de même. Je passe ma langue sur mes lèvres alors que je l’observe un instant, ne sachant que faire, la respiration soudainement haletante. Un instant, je l’observe en silence, mon torse se soulevant avec précipitation alors que je me fais à l’idée qu’elle est bien devant moi et qu’il ne s’agit pas là de rien d’autre qu’une hallucination que me fait subir mon esprit pour mieux pouvoir me meurtrir par la suite. Sans me rendre compte de ce que je suis en train de faire, j’avance doucement mes doigts vers son bras, venant encercler délicatement son poignet de mes phalanges. Elle sursaute légèrement, mais ne se retourne pas tout de suite. Ou alors, c’est l’adrénaline qui s’insuffle dans mes veines, qui me laisse l’impression qu’elle effectue chaque geste avec une incroyable lenteur. Aussi, je la regarde tourner la tête dans ma direction, laissant son regard se poser sur moi. Et je jure avoir vu une lueur dédaigneuse y briller, alors que ses prunelles se posent sur moi, me scrutant pendant un instant, comme-ci elle cherche là à sonder mon âme. Quoi qu’elle ne m’accorde pas assez longtemps son regard pour pleinement pouvoir le faire, comme-ci elle n’éprouve même pas le besoin – ou l’envie – de déposer ses iris sur moi plus longtemps. Chose assez compréhensible, étant donné toutes les choses que je viens de lui dire. Paroles qui résonnent certainement encore dans son esprit, tout comme elles le font dans le mien. Comme-ci chaque mot que j’ai aujourd’hui pu prononcer à son attention, tente de s’accrocher définitivement dans ma mémoire, d’y apposer sa marque à jamais. Chose qu’elles parviendront sans doute à faire sans le moindre souci, tant la chose doit leur paraitre aisée, à force de voguer en ricochets sur les parois de mon esprit. « Qu’est-ce que tu veux ? » lâche-t-elle d’un ton froid, ses propres mots se glissant au milieu des miens pour se faire une place, pour tous les subjuguer même, comme-ci ils revêtent d’une importance plus grande que toutes les absurdités que j’ai pu lui dire. Choses que je pensais pourtant réellement, alors que les mots passaient la paroi de mes lèvres comme l’eau se déverse dans la cascade. Mais plus que la réelle signification de ses paroles, c’est le ton avec lequel elles les laissent se déverser vers l’extérieur de sa bouche, qui manque de me glacer d’effroi. Pire qu’une gifle, cet air de dire qu’elle ne veut plus entendre parler de moi ou me voir, me fait le même effet qu’un sortilège de la mort envoyé en pleine face. Suis-je réellement encore vivant, d’ailleurs ? Sans plus de manière, elle se défait de la pression que j’exerce sur son poignet, chassant ma main au loin. A moins que ce ne soit moi qui l’ai retiré d’instinct. Peu importe quelque part, puisque le résultat revient au même. Je n’ai plus aucun contact avec son corps, peut-être même plus aucun avec son esprit. Peut-être même m’a-t-elle déjà oublié, comme elle m’a parfois confié, avoir oublié rapidement le visage de ses victimes – personnes mortes ou emprisonnées par sa faute – alors qu’elle me contait ses exploits de rafleuse. Car quelque part, je suis également l’une de ses victimes. Victime des sentiments à son égard, que je commence à discerner dans un coin de mon esprit. Victime de cet organe qui palpite plus fort à son approche et qui semble à présent brisé. Je ne pourrais dire combien de temps cela fait que les choses sont ainsi, je viens simplement de remarquer leur existence il y a quelques instants, ce qui est certainement déjà un exploit, en soi. Je détourne le regard un instant, passant une nouvelle fois ma langue sur mes lèvres alors que mes prunelles charrient le vide. Je ne sais plus quoi faire ou que dire, face à la jeune femme qui semble m’en vouloir à tel point que je ne représente déjà plus rien pour elle – il est bien connu que les personnes que l’on déteste le plus, sont celles que l’on s’efforce d’oublier le plus vite possible, bien que cela se solde souvent par un échec. Bien souvent, elles sont celles qui se rappellent le plus violemment à notre bon souvenir, ravivant la rage qu’on leur voue. Et je me sens bien idiot d’avoir faire en sorte que Marianne me voue une pareille rage. C’est sans doute ce pourquoi je tente d’atténuer celle qu’elle me voue en me plantant face à elle, la contournant pour cela, afin de lui apporter mes excuses. Chose pour laquelle je suis initialement sorti du Chaudron Baveur et ce pourquoi aussi, je vais aller jusqu’au bout de ce que j’ai prévu de faire. Et si au début, je soutiens son regard afin de lui parler, je ne tarde tout de même pas à dévier mes prunelles des siennes, un peu gêné par la situation, bien que je ne le sois pas par le fait de m’excuser. Je fais ça de façon assez naturelle, parce que je sais qu’il est de mon devoir de le faire. Plus qu’un devoir, j’ai même envie de le faire. Une fois mes excuses terminées, sans que Marianne n’ait lâché le moindre mot, je finis par m’éloigner d’elle pour venir m’appuyer contre le mur de briques de la façade du Chaudron Baveur, me laissant glisser contre celui-ci jusqu’à me retrouver assis sur le bitume légèrement humide qui recouvre la rue.

J’observe pendant un instant le visage de la blonde et sur elle, tout trahi une expression de profond dégoût. De son attitude pincée à ses sourcils froncés alors qu’elle m’observe. Un instant, je soutiens son regard avant de finalement détourner mes prunelles, incapable de plonger mes yeux au fin fond de ses iris plus longtemps. Et du coin de l’œil, je crois la voir détourner le regard dans le même temps, fixant soudainement ses pieds. Qu’importe si ce n’est pas le cas au final, cela ne changera pas grand-chose si jamais elle décide de tourner les talons pour s’enfoncer dans Londres, me plantant là comme l’imbécile que je suis. Je n’aurais alors eu que ce que je mérite. Allongeant mes jambes sur le sol, je finis de détourner complètement le regard, plantant mes prunelles un peu plus loin sur la rue sombre, laissant ma respiration reprendre un rythme plus régulier alors que j’espère que mon cœur va rapidement cesser de battre aussi vite. Quelque chose me dit que ce n’est pas forcément l’idéal pour la santé, qu’il soit ainsi soumis à de trop grandes palpitations. Je n’ai pas le temps de me concentrer là-dessus bien longtemps cependant, puisque rapidement, j’entends des bruits de pas qui claquent sur le sol, avant qu’une ombre ne vienne se poser sur moi. Je fronce légèrement les sourcils, avant de redresser le visage, remarquant alors que c’est Marianne qui me surplombe de toute sa hauteur. Je pince les lèvres, me demandant ce qu’elle peut bien encore faire là. Peut-être souhaite-t-elle tout de même me gifler avant de partir retrouver les bras de son amant ? Chose somme toute assez envisageable lorsque l’on y regarde bien. « Je connais Doezwal Harkness. » lance-t-elle alors d’un ton dédaigneux, montrant ainsi qu’elle ne porte pas le mangemort dans son cœur. De toute façon, des rafleurs de notre acabit ne peuvent pas réellement porter quiconque de cette caste dans son cœur, alors que ceux-ci nous traitent avec un dédain certain. Nous ne sommes que leurs larbins après tout, il serait difficile de faire autrement. J’inspecte un instant le visage crispé de la jeune femme, un peu plus fermé en raison de la rage qui semble venue prendre possession de tout son être. Je ne pensais pas qu’elle pourrait revenir vers moi pour me témoigner sa haine envers le mangemort, père de la jeune femme qu’il me faut retrouver. Si bien que je hausse un sourcil, l’attention soudainement piquée au vif. Je ne dis rien cependant, me contentant de pincer les lèvres d’un air gêné alors que je continue de l’observer. Témoigner ma haine contre le mangemort alors qu’il m’a déjà pris en grippe et que le Chaudron Baveur est infecté de mangemorts, me semble être une assez mauvaise idée à vrai dire. « Il te tuera au moment où tu lui ramèneras sa fille. » La voix de Marianne claque dans le silence de la rue, m’ébranlant de part et d’autre à tel point que j’en reste bouche bée. C’est en éventualité qui ne m’a jamais effleuré l’esprit jusqu’alors, me contentant sans doute de croire un peu trop naïvement, que le mangemort pourrait se montrer plus enclin à l’indulgence si je lui ramenais un jour sa fille et que peut-être qu’un jour, il accepterait de me nommer mangemort à mon tour, concrétisant le rêve auquel j’aspire depuis quelques temps déjà. Mais la blonde vient de me montrer à quel point je suis trop naïf. M’obligeant à fermer de nouveau ma bouche, je me mords l’intérieur de la joue alors que je détourne le regard, honteux de mon idiotie. Elle a pourtant raison, cela ne fait plus aucun doute à présent que c’est ce qu’il fera. Je ne sais pas si j’y crois plus parce que c’est Marianne qui me le dit ou si sa façon de le faire a bien plus d’impact que celle de Tracey. Ou encore parce que, contrairement à la fugitive, elle sait de quoi elle parle puisqu’elle se trouve être dans le même camp que moi et qu’elle a déjà côtoyé le vieil Harkness – puisqu’elle me dit que cela est vrai, cela ne fait pour moi aucun doute. « Tant que tu ne la trouveras pas, tu resteras en vie. » Mais c’est sûrement là que réside le problème. Car si je reste en vie, combien souffrirons par ma faute ? Ma mère, sans aucun doute, elle qui me prend déjà pour responsable de nombreuses calamités, puis mes nombreux frères et sœurs. Et c’est une chose qui n’est pas préférable. Mais d’un autre côté, si je ramène Cersei, elle pourrait aussi s’en prendre plein la figure alors qu’elle n’a rien demandé à personne, simple victime dans l’histoire. Suis-je capable de me montrer aussi monstrueux envers elle ? La poursuivre en étant convaincu que son père ne lui ferait aucun de mal est une chose, le faire en ayant conscience qu’elle puisse courir un risque en est une autre. Je ne suis pas mon frère et ne veux me comporter dans aucun cas comme lui-même le ferait. « Fais tes choix en connaissance de cause. Nous faisons partie de ceux qui n’ont pas le choix, dans cette guerre. » ajoute-t-elle tandis que je secoue légèrement la tête, fermant un instant les paupières alors que je tente de me faire une raison. Je suis pris au piège dans cette histoire, un peu comme un homme voulant jouer double-jeu et qui se retrouverait pris en plein milieu du no man’s land en tant de guerre. Sûr d’être déjà perdu, mais n’ayant pas encore reçu une balle dans la tempe, tirée de l’une des tranchées sans qu’il ne puisse déterminer laquelle. De la tranchée où réside le camp pour lequel il n’aurait jamais dû se battre, sans aucun doute. Mais pourtant, cet éclairage ne lui est apporté que lors de sa mort. Et comme cet homme au visage flou dans mon esprit, je me trouve entre deux camps – deux choix plus tôt –, ne sachant ni lequel choisir, ni vers lequel me diriger. Simplement perdu au milieu de tout cela. « Si je reste en vie, c’est eux qui mourront. Si je meurs, c’est elle qui souffrira. » je soupire, comme pour concrétiser mes paroles, les faire s’ancrer un peu plus dans la réalité. Mais la réalité se trouve avoir des reflets macabres, avec une ambiance aussi sombre qu’une forêt plongée dans l’obscurité, d’où sort des bruits plus effrayants les uns que les autres. Plus effrayantes encore que le fait d’entendre raisonner encore et encore, les aveux de mon frère à propos de Margaery dans mon esprit. Et moi, sombre crétin, je me laisse de plus en plus happer par tout cela, sans avoir ne serait-ce la moindre idée de comment m’en dépêtrer. « On a toujours le choix, sans doute. Le problème, c’est que bien souvent, cela ne n’inclus pas que nous. » Je secoue la tête. D’un côté, le choix peut paraître simple : s’il me faut me sacrifier pour sauver les miens, je le ferai sans hésitation, me dépêcherait d’aller débaucher Cersei, à la manière d’un forcené. Mais justement, la pauvre n’a sans aucun doute rien demandé. Et me sacrifier, c’est l’entrainer dans ma chute. Je la hais pour cela, pour me mettre dans une situation aussi délicate. Je la hais pour me mettre au pied de pareils choix cornéliens. Je la hais pour être sang-pure. Je la hais pour de nombreuses choses au final. Mais quelque part, j’admire également son courage, son côté malin. Je l’admire sans doute toute entière, pour ne pas s’arrêter au fait de mettre la vie de quelques personnes en danger, si cela peut lui sauver la vie. Car même si cela fait quelque peu égoïste, cela la voue peut-être à un brillant avenir et ne la rend pas si différente des mangemorts. Alors, sans doute mérite-t-elle la place que l’on veut lui accorder en leur sein, bien plus que je ne la mériterais jamais. « Mais qui sacrifier ? Je crois que c’est une question sur laquelle je pourrais plancher des jours entiers. » De façon naturelle, je recommence à me confier à elle, lui livrant mes pensées de façon à ce qu’elle puisse lire en moi comme dans un livre ouvert. Mais malgré tout ce que je lui ai fait, elle s’avère tout de même être de bon conseil, aussi, j’imagine qu’elle peut toujours l’être encore un peu. Jusqu’à ce qu’elle décide de me laisser en plan, tout du moins.

Sans forcément m'en rendre compte, j'ai de nouveau planté mes prunelles dans celles de Marianne, les sondant à la recherche d'encore un peu plus de soutien. Et je me doute que c'est égoïste de lui infliger le fait d'essayer de faire en sorte qu'elle me plaigne alors que je viens de lui reprocher bon nombre de choses, la blessant sans aucun doute dans son amour pourpre. Mais je n'arrive pas à rebrousser chemin, remarquant au final que je me retrouve comme l'un de ces drogués, incapable de me passer de la profondeur des iris de la blonde, à présent que j'y ai goûté un peu. Une drogue forte sans aucun doute, à laquelle on devient rapidement accroc. Je pourrais aisément demander à l'un de ces moldus ayant développer une toxicomanie, pour m'aiguiller sur les genres de drogue faisant cet effet, mais je me doute que cela n'est pas forcément utile et que certains me répondraient certainement qu'il s'agit là simplement de cette drogue qu'est l'amour, en se moquant ouvertement de moi. Ne pas m'en détourner reste tout de même quelque chose de dangereux, puisque je risque sans aucun doute l'overdose. Mais c'est une chose de laquelle la jeune femme semble encline à s'occuper pour moi, puisqu'elle détourne rapidement son regard, un peu comme-ci le fait de soutenir le mien lui est devenu insupportable. Il faut aussi dire qu'à ses yeux, je ne dois représenter qu'une quelconque vermine. Rien de cette histoire de drogue qui semble s'exercer avec elle. « Ce type, c’est un Mangemort. » laisse-t-elle finalement échapper à demi-voix, comme-ci elle craint que je ne me moque d'elle ou que sais-je. Mon front se plisse tout d'abord un peu tandis que je me demande de celui de qui elle peut bien parler. Mais la réponse ne tarde pas à s'imposer à moi comme une évidence. Bien sûr, de son amant avec lequel je l'ai aperçue dans la ruelle. Je suis tout de même étonné qu'elle remette d'elle-même le sujet sur le tapis, comme-ci elle cherche à se justifier de ce qu'elle a bien pu faire à un moment donné alors qu'il y a quelques minutes encore, il s'agissait là de quelque chose ne me regardant absolument pas. La chose pourrait être risible, mais cela ne m'arrache pas le moindre rire, ni le moindre sourire d'ailleurs. Je suis sans doute trop étonné par ses confidences soudaines pour me sentir un temps soit peu flatté de celles-ci, me contentant de hausser un sourcil intrigué, me demandant où elle veut en venir et ce en quoi cela à un quelconque lien avec la situation présente, ayant l'impression d'être pris au piège dans une espèce de cercle vicieux. Et puis, si elle a réussi à avoir assez de considération de la part d'un mangemort pour s'en faire un amant, c'est sans doute qu'elle est vue par ceux-ci. Qu'elle obtient plus de reconnaissance de leur part, que tous les autres rafleurs réunis n'en obtiendront jamais de l'ensemble des autres mangemorts. Si bien que je trouve en effet qu'à part pour remuer un peu plus le couteau dans la plaie, il ne sert à rien de reparler du dit homme. « Et c’est la seule façon que j’ai trouvé de garder un tant soit peu de liberté dans cette guerre. » annonce-t-elle comme-ci elle est parvenue à lire dans mes pensées et qu'elle répond à présent à ma question intérieure. Je hoche doucement la tête, comprenant enfin où elle veut en venir. Au moins est-elle parvenue à ses fins, d'un moyen ou d'un autre. Dans un certain sens, elle se montre certainement bien plus intelligente que moi sur de nombreux points. C’est sûrement pourquoi elle mérite cette reconnaissance que l’on ne m’accorde pas ou encore, toute cette attention que les gens s’évertuent à lui porter. « Merci. Merci de t’être confiée à moi. » je souffle, cherchant ses prunelles du regard. Parce que j’ai besoin de la regarder pour lui témoigner du fait que j’ai véritablement envie de la remercier, mais aussi que je suis effectivement touché par le fait qu’elle se soit enfin confiée à moi. Par le fait que ses confessions s’apparentent quelque peu à des conseils aussi. Parce qu’elle semble soudainement tenir à moi, alors qu’il y a quelques instants à peine, elle a insinué que ce n’était pas forcément le cas, que l’un pour l’autre, nous ne représentons que des piliers de comptoir.

Sans que je puisse le prévoir au préalable, je sens alors sa peau entrer en contact avec la mienne, ses phalanges enserrant à leur tour mon poignet. Je l’observe un instant, sans mot dire, avant qu’elle ne m’attire vers elle en tirant à l’endroit de mon articulation. Désireux de ne pas passer pour un point mort, je m’empresse de l’aider, me remettant sur mes jambes plutôt que de me laisser trainer à même le sol. Et alors que je me relève, je remarque que ce bref passage a encore rendu plus étroite notre proximité. Chose que je ne suis sans doute pas le seul à avoir perçu, puisque Marianne baisse soudainement la tête en revêtant un air gêné, alors qu’elle se recule d’un pas, comme pour rétablir l’écart déjà présent jusque là. Gêné moi aussi, j’esquisse une légère moue avant de reculer également d’un pas, passant une main dans mes cheveux dans un geste nerveux, alors qu’elle libère mon poignet, comme pour justement, me laisser le loisir d’esquisser ce mouvement. « Je ne mens pas, quand je dis que ce ne sont pas tes affaires. » me souffle-t-elle alors et j’acquiesce sans dire un mot. Parce que je me rends compte qu’elle n’a pas tord, bien au contraire. Elle a cherché à me prévenir du fait que cela ne me regardait pas, et moi j’ai insisté. Acte maladroit réalisé en raison d’une jalousie certaine, mais ceci n’explique pas tout. Je pince les lèvres, incapable de proférer la moindre parole d’excuse pour le moment présent. Comme-ci j’ai déjà atteint un quota suffisant pour l’heure, alors qu’il me faut me rendre à l’évidence qu’étant donné l’ampleur de ma bêtise, je ne m’excuserai jamais assez. Pourtant, je n’ajoute rien, me contentant de fixer mon regard sur la pointe de mes chaussures, à la manière d’un gamin se faisant réprimander. Mais après tout, c’est ce que je suis, un gamin. « Je cherche juste à survivre à cette guerre. Tu devrais en faire de même. » Excellent conseil, je le conçois sans mal. Je hoche péniblement la tête, mon dilemme me revenant instantanément en tête. Survivre à cette guerre, c’est aussi condamné ma famille lors de celle-ci. Et à nouveau, le dilemme cornélien qui me taraude l’esprit, se rappelle à mon bon souvenir. Je déglutis, pinçant un peu plus les lèvres. Serai-je seulement capable de savoir qu’ils souffrent par ma faute ? Je n’en suis pas forcément convaincu. Un frisson me parcourt l’échine alors que de sombres images me parviennent en tête, destructrices. « Je préfère pouvoir revenir boire ici, après tout ça. Pas seule, de préférence. » J’hausse un sourcil, me demandant ce qu’elle entend par là. Mais les mots finissent par me percuter, s’insinuant dans mon esprit à la manière d’un serpent. Si bien que je ne tarde pas à redresser la tête, accordant à la jeune femme un sourire sincère. A l’intérieur de moi, mon cœur semble se libérer de son étau, comme envahi par une énergie nouvelle. J’acquiesce en silence, réfléchissant plus amplement par le même temps. Si elle souhaite me revoir – en imaginant qu’il s’agisse bien de cela –, après tout cela, après la guerre, cela veut sans doute dire qu’elle tient à moi plus qu’elle ne voulait le laisser croire de prime abord. Ou alors, c’est simplement moi qui m’imagine des choses, en raison de l’euphorie de l’instant ou que sais-je. J’ai l’impression de m’être reçu un coup d’une masse importante sur la tempe, venant réduire le peu de réflexion que j’avais jusqu’alors, en cendres. « Cela veut-il dire que l’on ne se reverra pas avant la fin de la guerre ? » je lui demande à mi-voix. C’est sans doute l’information qui me percute le plus au milieu de ses paroles. Parce que je me suis fait à sa présence, ne m’imagine pas un seul instant me passer de celle-ci. Et puis il y a cette guerre. Cette guerre qui s’éternise, sans que jamais l’on ne puisse déterminer lorsqu’elle se terminera enfin. Sans doute ne le fera-t-elle jamais ou lorsque cela sera le cas, l’on ne pourra plus prétendre témoigner de mémoire d’homme, de comment elle a bien pu commencer. C’est ce à quoi je pense bien souvent, alors qu’allongé entre mes draps, je me plais à laisser voguer mes pensées vers Cersei. A me demander combien de temps il lui faut encore cavaler pour s’en sortir, combien de temps elle parviendra à cavaler, comment elle fait pour subvenir à ses besoins. Imaginant l’instant où je mettrai la main dessus, l’embrassant dans mes rêves de la même façon que mon frère embrassait les fugitifs lorsqu’il mettait la main dessus. Et je dois avouer qu’une ou deux fois, au moment de presser mes lèvres contre les siennes dans un baiser de victoire, c’était alors le visage de Marianne qui était apparu. Et c’est sans aucun doute pour cela, que le visage de la rouquine devient si flou dans mon esprit. « Ne me laisse pas, s’il-te-plait. Emmène-moi dans ton camp de rafleurs, je ne ferai aucune action inconsidérée. » je me surprends alors à lui souffler, tout en accompagnant mes paroles d’un regard presque suppliant. Parce que je ne peux pas rester loin de toi, parce que je n’ai pas envie de passer du temps loin de toi, disent mes yeux. Mais pourtant, au fond, je me doute qu’elle ne laissera jamais tomber la protection qu’elle est parvenue à créer avec ce rafleur, pour mon profit. Sans doute pas après tout ce que j’ai pu lui dire aujourd’hui. Pas alors qu’elle doit simplement avoir l’impression que je me sers d’elle. Et aussi mais surtout, parce qu’elle reste Marianne malgré tout.

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Moses Fleming
Moses Fleming
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MessageSujet: Re: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeVen 5 Juil - 2:32


it feels like it will never end
cersei-jane v. harkness & Saíréann U. Ò'Leirigh
« Everybody knows that everybody dies.
But I do think that all the skies of all the worlds might just
turn dark if we ever, for one moment, accept it. »

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L’univers de Cersei était balloté dans un océan d’inconnu. De causes à effets qu’elle ne maîtrisait guère. Jamais elle ne saisirait pleinement la façon de fonctionner des Mangemorts – de son père. Alors elle subissait les événements, depuis bien trop souvent ; aussi imprévisibles que le vent d’hiver, qui tournait tantôt vers l’ouest, tantôt vers le nord, se dérobant à sa propre loi sacrée à chaque fois qu’un nuage flottait par ici, ou par là. N’avait-elle jamais eu un monde sur lequel se reposer de manière fiable ? Sa mère n’avait jamais été sa mère. Son père n’avait jamais été son père. Quand bien même elle l’avait toujours su, elle avait cru déceler dans le regard d’Isleen, dans les attentions de son oncle assez d’amour pour croire qu’ils tenaient un tant soit peu à elle. Elle se trompait. Tout comme elle s’était trompée à chaque fois qu’elle avait cru déceler de la tristesse, un relent d’âme dans les tréfonds de Doezwal. Il n’avait rien, il n’était qu’une pierre sèche, érodée par le temps, polie par le mal. Comme si cela n’était pas suffisant, il avait détruit la vie de tout ce qu’il avait touché, de tous ceux qui avaient un jour gravité dans son monde à lui – elle, avait détruit tout ce que sa vie avait touché. Peut-être bien que Sansa avait raison, à chaque regard dédaigneux et rempli de haine qu’elle posait sur elle : c’était elle qui avait semé le trouble dans l’ordre du monde, l’équilibre parfait de la famille Harkness, en poussant son premier cri sur ce monde. Elle avait éloigné Elwood et Sansa, elle avait tué sa mère, elle avait canalisé la rage et la haine de son père vers un seul et unique but, elle avait constitué un butin un tant soit peu désirable pour son père, elle était entrée, d’un pas, puis de plus encore, dans l’existence de Saireann. De manière inconsidérée, non calculée – elle ne savait même pas où était sa place cependant, bien curieusement. Dans les longs jours de solitude qu’il lui arrivait à connaître, Cersei réfléchissait, ressassait, pensait. Elle pensait à sa mère, sa vraie mère, dont on lui avait balancé les circonstances de la mort en pleine figure, comme on aurait lancé un bout de viande gâtée à une bête affamée pour mieux l’empoisonner : en quelques mots, Sansa avait fait glisser dans l’esprit de sa cousine le souffle de la culpabilité, la volonté de ressasser encore et encore de telles paroles. Sa mère était morte à cause d’elle, d’une quelconque manière : en commettant la folie de frapper à la porte de l’homme qui l’avait mise enceinte, en demande d’aide, persuadée, elle aussi, que Doezwal Harkness n’était pas un être dénué d’humanité. Les jours passaient, cultivant une petite révolte à l’esprit de la jeune sorcière, elle détestait le monde parfois, de l’avoir faite ainsi, de l’avoir si longuement traitée ainsi pour la mener dans un tel traquenard : orpheline de mère, n’était-ce déjà pas assez comme fardeau à porter ? Mais elle s’était tant acclimatée à l’idée de ne jamais pouvoir connaître sa mère biologique, que Cersei n’en arrivait à peine à détester son père pour le meurtre qu’il avait commis ; depuis le temps, il avait exigé des choses bien pires d’elle, il avait réduit sa vie à un néant si charbonneux, si sanguinolent que la mort de sa mère ne représentait plus qu’un infime élément d’une gigantesque pile de haine et de rage. Qu’elle enfouissait, qu’elle n’aurait jamais la force de hurler ; à lui son père, à Sansa sa folle de cousine, à Saireann qui pourtant ne s’était jamais caché pour l’étouffer sous sa véhémence. Cette haine, c’était sûrement de quoi se nourrissaient les êtres détestables de ce monde : Détraqueurs et Mangemorts vivaient de ces ressentiments-là, des sources de pouvoir qui servaient à alimenter la magie noire, selon ce qu’elle avait appris au côté de ses précepteurs Mangemorts – elle ne voulait pas vivre de ça, survivre dans l’espoir d’obtenir une quelconque vengeance, ou pour voir ses ennemis trépasser sur son passage. Il restait en elle encore cette part candide qui avait espéré un jour plaire à Doezwal comme une fille était censée plaire à son père, cette même part qui aurait voulu trouver quelque chose pour atteindre Sansa et l’apprivoiser. Cette même part qui s’était sentie blessée par l’indifférence de Saireann, et qui avait été encore blessée, poussée à la retraite devant ses mots, il y a quelques minutes à peine.

A la pauvre petite fille sans défense, Marianne représentait un obstacle effrayant et réconfortant à la fois : car derrière la haute stature de la Rafleuse dont la réputation n’était plus à faire, Cersei pouvait à la fois se fondre et se cacher, se recroquevillée comme une petite proie en fuite de son bourreau, comme une innocente à la recherche d’assez de force pour vaincre. Vaincre, elle s’est sentie parfois, écraser ses ennemis sous l’allure de Marianne, pouvoir faire taire un adversaire d’un simple regard, là où la pauvre Cersei, ne bénéficiait que du nom de son père pour échapper au courroux de bien des Mangemorts. Un nom qu’elle détestait, mais qui l’avait protégée, bien trop souvent. En présence d’autres Mangemorts, et même au sein même de la famille des Hackett, il n’y avait pas eu à douter que si la jeune élève n’avait pas porté le nom d’un des Mangemorts les plus influents des rangs du Mage Noir, elle aurait été victime de bien des courroux, à même de lui rappeler ceux de son père. Il en allait de même en présence des rafleurs, dont la seule crainte de Doezwal Harkness, avait retenu les excès ; ou en présence des Greyback, qui avaient sûrement eu trop peur des conséquences de leurs actes pour faire d’elle un loup-garou. Son tortionnaire s’était trop souvent avéré être son protecteur ; et encore une fois, elle répétait l’opération avec Marianne, et peut-être en arriverait-elle à se bercer de la même illusion/désillusion si elle venait à rencontrer cette femme en chair et en os. Sûrement serait-elle assez stupide pour se croire avoir une relation particulière avec celle-ci, une intimité à nulle pareille qui la protégerait ; là où elles n’avaient rien. Rien en commun. Rien qui les ferait un tant soit peu se ressembler, l’une l’autre. Saireann était bien fou, de croire en la mascarade que Cersei lui jouait sous le nez depuis des semaines déjà : s’il avait vraiment rencontré la véritable Marianne à un moment de sa vie, il se serait rendu compte de la chose depuis des lustres déjà, et elle ne se serait pas si profondément enfoncée dans ce jeu qui ne lui ressemblait en rien. Qui la mettait en danger, les mettrait irrémédiablement en danger, elle et lui, en ces rares instants où ils se retrouvaient en terrain neutre, sans vraiment se l’avouer ou le savoir. Bien souvent, lorsqu’elle traçait le chemin du retour en des pas rapides et déterminés, Cersei se détestait d’avoir réitéré son écart de conduite, d’avoir flirté ainsi avec le danger, avec l’ennemi en se livrant ouvertement à des ressentiments dont elle perdrait, tôt ou tard, le contrôle. Cet ennemi, qui la pourchassait à travers le pays, qui avait pour travail et pour détermination toute entière de la ramener à son père - ce bourreau qui n’hésiterait pas à la tuer, sûrement – elle aurait dû simplement le détester, se contenter de n’avoir pour seule image de lui, que celle du rafleur gonflé de haine à son égard, non pas l’être humain, qui se cachait sous la surface grisâtre de son être. Elle n’avait qu’à peine gratté cependant, où peut-être s’était-elle pleinement frottée au risque, épousant les conséquences de ses actes sans en mesurer l’ampleur. Cersei ne savait pas, elle ne savait clairement pas où avait résidé l’instant fatidique où ses sentiments avaient changé, où ses impressions s’étaient retrouvées subitement bouleversées ; sans-dessus-dessous à chaque fois qu’elle vrillait de ses prunelles claires le visage de Saireann. Pourquoi se préoccupait-elle tant de lui ? Avait-ce toujours été ainsi, alors qu’elle avait senti chacune de ses attaques, chacune de ses piques, se planter entre ses côtes comme un poignard à la lame effilée ? Ou avait-elle réellement mis sa liberté en danger pour découvrir ces facettes déstabilisantes chez l’être qui lui servait d’ennemi ? C’était le serpent qui se mordait la queue, les conséquences de ses actes les plus démesurés : son ennemi était aussi son principal allié, celui qui la motivait, qui lui insufflait la vie dans le chaos qu’était devenu son existence. Celui pour qui elle voulait vivre chaque nouvelle journée, dans l’espoir stupide et idéaliste de se retrouver ici - au bord du gouffre du risque – au Chaudron Baveur, à ce même comptoir où ils s’asseyaient côte à côte depuis toujours. Que pouvait-il bien y avoir de spécial là-dedans ? Qu’est-ce qui pouvait valoir sa vie, dans leurs tête-à-tête réguliers ? Sûrement devait-elle être complètement folle, ou désespérée, pour mettre ainsi en jeu cette liberté durement arrachée, rien que pour…

Pour l’incompréhensible, l’insaisissable – les rejets qui lui brûlaient les entrailles, lorsqu’elle ne désirait qu’une chose, quitter cet endroit et la présence de Saireann à tout jamais. Les rapprochements, lorsqu’elle se perdait à longuement l’observer, sans se préoccuper ni de leur inimitié de toujours, ni du Polynectar, s’effaçant peu à peu de ses veines. « Si je reste en vie, c’est eux qui mourront. Si je meurs, c’est elle qui souffrira. » Comme un archer hautement spécialisé et pointilleux, Saireann avait le don de pointer la zone fragile dans l’équilibre précaire de l’esprit de Cersei ; de la toucher, de l’abattre aussi fermement que s’il s’agissait de hautes murailles de pierres. Tout s’effritait, tout s’effondrait sous la force des mots qu’il proférait parfois, de ce qu’elle pensait y comprendre. Au fond des yeux qu’elle leva vers lui, sur ces paroles, il aurait sans doute pu y deviner la surprise que la jeune Harkness, elle-même, aurait laissée filtré sur son visage à de telles paroles. Pourquoi pensait-il à elle, Cersei Harkness, la fille qu’il avait tant délaissée, tant détestée, au moment où il épousait la possibilité de mourir à cause de son implication dans toute cette histoire ? Eux, parlait-il de sa famille ? Amèrement, la notion semblait bien vague pour un être comme un Harkness ; son oncle et sa tante avaient abandonné Elwood, tandis que c’était Sansa elle-même qui l’avait fait condamner. Et son père, était le pire cas de paternité de l’univers, pour les siècles à venir ; Saireann lui avait tant de fois parlé – enfin, à Marianne – de sa famille, qu’elle avait du mal à croire qu’il puisse être en proie à un pareil débat, pour une personne comme elle ; un être qu’il avait mis tant d’acharnement à détester, depuis toujours. « On a toujours le choix, sans doute. Le problème, c’est que bien souvent, cela ne n’inclus pas que nous. » Ses entrailles se nouèrent, Cersei se sentit vaciller légèrement, se remerciant elle-même d’avoir eu le réflexe de s’accroupir face à Saireann, de peur d’avoir cédé sur ses propres jambes si elle s’était retrouvée debout en cet instant. Baissant brusquement les yeux, la jeune femme ne se sentit plus la force, en une fraction de seconde, d’avoir le moindre contact avec le rafleur en face d’elle : aussi facilement qu’un serpent glissant dans sa tanière, la culpabilité venait de griser, de troubler l’esprit de Cersei. Ils auraient tant de choses à se dire, aujourd’hui, Cersei et Saireann, mais sûrement seraient-ils trop fiers pour laisser la moindre parcelle de mot passer leurs lèvres. Elle n’avait guère voulu penser à lui au moment de partir, parce qu’elle ne l’avait jamais imaginé pouvoir diviser, détruire des familles tout en en ayant une lui-même. Parce qu’elle n’avait jamais voulu imaginer qu’un être capable de la détester aussi injustement, puisse avoir la capacité d’aimer quelqu’un, ou même ne serait-ce qu’une once d’humanité en lui. Peut-être avait-elle alors obéi à une stricte réalité, siégeant au fond d’elle comme elle siégeait en son père : elle avait ouvertement ignoré tout ce qui faisait d’autrui un humain – le premier pas vers l’indifférence, vers la haine pure et dure. Vers le meurtre. Le gêne Mangemort semblait brûler dans ses veines comme un réflexe, un instinct de survie qui s’était déjà imposé à elle. Une destinée qu’elle avait déjà épousée. Elle avait regardé des innocents souffrir, ils hantaient encore ses cauchemars tant de fois qu’elle ne dormait pas pendant plusieurs jours d’affilée parfois ; elle avait souffert elle-même – mais hormis sauver sa peau, juste sa peau, elle n’avait pas fait grand-chose. Elle n’avait sauvé personne, et se révélait même incapable de sauver Saireann. Car au fond, continuait de brûler en elle la conviction qu’elle ne pouvait pas agir ainsi, qu’elle ne le ferait pas : pour lui, ou pour personne d’autre. Elle ne reviendrait pas auprès de son père, même s’il la menaçait de tuer Saireann, même s’il… Ce travers d’elle, s’éveillant subitement à sa conscience, la fit frissonner de dégoût, et happé dans son propre trouble, le rafleur ne sembla même pas s’en rendre compte, bien heureusement. « Mais qui sacrifier ? Je crois que c’est une question sur laquelle je pourrais plancher des jours entiers. » « Vraiment ?! » Répondit-elle du tac au tac, sans que ses lèvres n’aient pu se clore sur ses propres mots avant qu’ils ne les franchissent. Elle se rendit compte de la surprise se lisant dans cette parole, de l’animosité qu’il éveillait en elle subitement : pourquoi, pourquoi s’était-il montré si monstrueux avec elle pour finalement s’avérer être l’humain d’eux deux ?

Blessée, déstabilisée, Cersei sonda intensément le regard de Saireann : elle aurait tout donné, orgueilleusement, pour y déceler les relents de haine qu’il lui avait si longtemps craché à la figure, tout ce qui faisait Saireann, le Saireann pour lequel elle avait trouvé tous les prétextes du monde pour ne pas avoir à se détester pour le condamner à mort ! Pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi ne pouvait-elle simplement pas rester elle-même sans que quiconque n’ait à pâtir de ses choix ? L’impasse la bloquait, l’Enfer s’ouvrait sous ses pieds, elle détourna finalement le regard, fuyant l’évidence. Les Mangemorts, les rafleurs, ils lui pourriraient la vie jusqu’à la fin. S’humectant les lèvres un instant, se découvrant la bouche pâteuse, la gorge sèche, Cersei souffla discrètement, pour se reprendre, et se grimer de l’arrogance de Marianne, encore une fois. « Cette fille n’a pas hésité à partir en te laissant derrière pour satisfaire les pulsions sanguinaires de son père ! Et connaissant le bonhomme, je serais prête à parier qu’elle ne connaîtra même pas le dixième de ce qu’il pourrait faire à ta famille, ou te faire, si tu renonçais à la chercher. » Marianne était un rafleur. Marianne était un rafleur, et Saireann en était un également : comme une égoïste, une brisée solitaire, elle espérait que ces paroles fassent écho dans l’esprit du jeune homme face à elle. Qu’il adhère à ce qu’elle disait, car il n’y aurait que là qu’elle ferait à nouveau face à un ennemi. Un ennemi qu’il était juste de combattre, de fuir. D’abandonner derrière. « C’est ta famille. Toi Contre elle, qu’est-ce qui peut bien valoir le sacrifice de quelqu’un de ta famille ? » Elle eut brusquement le sentiment que le rafleur s’était trop livré à elle, alors que – même pour elle – ses mots faisaient écho aux péripéties passées de Saireann, la funeste fin qu’avait connue sa relation avec son frère. Cette Margaery, qui… qui avait abusé de lui, tout autant que Cersei l’avait fait. Le faisait encore, aujourd’hui, là, maintenant, en le regardant droit dans les yeux. Peut-être méritait-elle finalement, une place à la droite de son père ; la place de la garce manipulatrice qui se joue des gens. Des faibles. De ses ennemis. Les mensonges s’épaississaient autour d’elle et elle se perdait littéralement dedans, ses frissons d’horreur ne devenant que de rares soubresauts de conscience alors qu’en un précieux mensonge, elle semblait avoir fait baisser les méfiances de Saireann. Un petit ami Mangemort – ça ressemblait parfaitement à l’être que pouvait être Marianne, mais c’était encore un fieffé mensonge, tout comme chacune des attitudes qu’elle avait face à lui. Car indéniablement, elle était Cersei Harkness, et non pas cette Marianne, dont elle ne revêtait qu’une maigre apparence. Au milieu des fois où déjà, le naturel de la jeune Cersei avait repris le dessus sur tout le reste, il y avait ces moments où elle se sentait hors d’elle-même, comme spectatrice d’une scène qui ne lui était pas destinée. Elle parlait, déblatérait des paroles qu’elle s’essayait les plus détachées possibles, en des mots qui ne lui ressemblaient pas : actrice et spectatrice à la fois, elle se savait désireuse de prononcer d’autres paroles que celles qui passaient ses lèvres, mais elle s’escrimait à les dire malgré tout. C’était Marianne qui parlait, non pas Cersei – cette même Cersei qui se préoccupait trop des autres, qui avait trop souvent tendance à pleurnicher pour un oui ou pour un non, cette même Cersei qui était tiraillée par la culpabilité, par la haine. « Cela veut-il dire que l’on ne se reverra pas avant la fin de la guerre ? » C’est mieux ainsi. L’envie de hocher la tête la prend brusquement, mais cette attitude lui semble trop en retrait pour la décision tranchante comme une lame de rasoir, que vient de prendre Marianne. Aussi, elle se force bravement à regarder Saireann à nouveau, lèvres pincées en une expression de détachement. « Non. Je ne reviendrai pas. » Il le fallait – pour qu’elle cesse de s’accabler de tant de remords, pour l’instinct de survie prône sur tout le reste. Ou pour que le destin, décide pour eux, ce qui adviendrait d’eux deux : peut-être finirait-il par lui mettre la main dessus, peut-être fuirait-elle pour toujours. Au moins, aurait-elle moins le sentiment de jouer avec lui, d’arroser l’arroseur. De le blesser.

Ses mâchoires se serrèrent, son visage de ferma, comme désireux de se faire imprenable tandis qu’elle s’attendait à recevoir une marée de paroles, de doutes face à son assurance. Neutre, impassible, elle toisa même Saireann lorsqu’il s’approcha d’elle, des supplications au bord des lèvres. « Ne me laisse pas, s’il-te-plait. Emmène-moi dans ton camp de rafleurs, je ne ferai aucune action inconsidérée. » Une fraction de seconde durant, elle cilla, prenant une profonde respiration pour masquer ses doutes. « Je ne peux pas faire ça. Tu as des ordres, et je ne peux pas me mettre eux et toi. » Quoique ferme, sa voix s’était faite empreinte d’une douceur à même de la trahir, Cersei pinça donc les lèvres, esquissant un pas en direction du rafleur, là où ils s’étaient séparés quelques instants plus tôt. « Suis tes ordres. Je sais que tu sais tout aussi bien que moi qu’il aura encore plus de raisons de te tuer, si tu ne remplis pas ta mission. Si tu es devenu un rafleur, c’est pour survivre, quitte à sacrifier des gens. » Son ton de voix se finit aussi aride qu’un désert sans eau, alors qu’elle remarquait à nouveau qu’un élan de véhémence envers ces êtres l’avait convaincue à parler. Marianne fonctionnait sans doute ainsi ; Saireann était censé fonctionner de la même manière : de toute manière, face à de telles paroles, comment pouvait-il envisager de faire peser le pour et le contre ? Sa vie à lui, contre sa vie à elle ? Il la détestait, il le lui avait si souvent fait comprendre que Cersei ne parvenait qu’à peine à comprendre, parfois, pourquoi il se préoccupait tant de ce qui pourrait advenir d’elle si elle retombait entre les griffes de Doezwal. Hésitante, Cersei détourna à nouveau les yeux, sur la rue cette fois-ci, comme si elle s’assurait que personne ne les surprenait, ne les observait. Ses prunelles retrouvant Saireann, si près d’elle, elle s’en retrouva désarçonnée un instant, le regardant longuement comme si elle cherchait à déceler la détermination naissant tout juste en ses yeux, ou quoique ce soit qui indiquerait qu’il avait compris. Ou n’importe quoi, si ce n’est cette préoccupation dérangeante qu’il avait pour elle, et qui la rendait si… inhumaine. « Je sais que tu en es capable. » Avoua-t-elle finalement, non sans une once de sévérité dans la voix. Une nouvelle hésitation la prit d’assaut, mais elle se jeta à l’eau finalement, sans laisser place à un quelconque tremblement, à un quelconque ressentiment, à nouveau elle s’approcha de Saireann, pour venir déposer une main inquisitrice et impérieuse sur sa joue, captant à nouveau son regard. « Ne reviens pas ici. Ne me cherche pas. Mais survis. Pour moi. » Une brusque culpabilité crispa ses dents – pour Marianne. Celle qu’elle n’était pas vraiment, qu’elle ne serait jamais – du moins, n’en avait-elle pas envie. Celle qui n’était qu’un mensonge, qu’une mascarade qui n’avait que trop duré. Elle aurait voulu dire qu’elle était désolée, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge, alors qu’elle était subitement prise d’assaut par le même orgueil que celui qui gouvernait toute l’existence de Marianne ; sous cette apparence-là, elle ne pouvait pas prononcer de telles paroles. Et s’ils ne se revoyaient jamais (ce qui serait mieux pour elle, sans quoi cela signifierait son retour chez son père), elle n’aurait jamais l’occasion de le lui dire. Pour tout, pour la façon dont il s’était retrouvé impliqué dans cette histoire : comme elle, contre son gré, parce qu’il était né comme ça, qu’il avait fallu que le Destin l’amène ici. Dans sa vie à elle, elle qui détruisait tout, ou presque tout. La générosité, la pitié la faisaient-elle parler ? Elle osait préférer ça à l’égoïsme ou la manipulation, tandis qu’elle s’armait d’un nouveau courage, d’une énième prière pour se hisser sur la pointe des pieds, s’approcher encore, encore – si près - s’écorcher les iris dans les méandres de celles qui lui faisaient face. Mais s’arrêter, brusquement, alors qu’au coin de son champ de vision, se dérobait au blanc de son poignet la trace rouge, sombre de sa cicatrice. Pas la sienne, celle de Marianne. D’horreur, elle fut ramenée les deux pieds ancrés sur terre, sa main s’enlevant d’instinct de la joue de Saireann, elle recula si précipitamment, qu’elle manqua de tomber. Tout juste, elle se rattrapa pour faire volte-face, sa main plaquée au-dessus de son visage dans l’espoir que ses cheveux n’aient pas encore viré du blond au roux flamboyant. « Je-Je dois y aller. » Finit-elle sans autre forme de procès, sans un regard en arrière, ses pas se précipitant d’eux-mêmes dans une fuite viscérale, alors qu’elle vivait de l’unique espoir qu’il ne soit pas assez fou pour la suivre. Plus jamais.
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MessageSujet: Re: it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann)   it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Icon_minitimeSam 27 Juil - 17:50

it's killing me to see you this way. ◮ (cersei&saíréann) Tumblr_mkl0fzC6aC1rmuvzuo2_250
C’est dans ces moments-là, alors que je me trouve face à un rafleur de renom tel que peut l’être Marianne, dont les traits du visage restent de marbre qu’importe la situation ou les sentiments qui tentent de la prendre d’assaut, que je me rends compte d’à quel point je peux faire du tord aux autres rafleurs en m’incluant à eux, en faisant miroiter le fait d’exercer la même profession. Car là où je me trouve contraint de courir après une rouquine dont les traits m’échappent et dont même la rousseur ne se trouve plus être qu’un lointain souvenir, sans jamais approcher le fait de parvenir à mettre la main dessus ; eux se trouvent en train de parcourir les listes des fuyards du Royaume-Uni, les capturant un à un avant de les amener à leurs employeurs. Jamais il ne se passe une journée sans qu’ils n’aient amassé au moins une poignée de mornilles, alors qu’il peut se passer plusieurs semaines sans même que j’entrevoie la couleur d’une noise, remerciant chaque fois ma mère d’encore m’offrir son hospitalité malgré ses accusations à répétition et feu mon père pour m’avoir appris à reconnaître les fruits et racines comestibles en forêt. Sans quoi je me trouverais sans doute déjà mort de faim, surtout depuis que je prends mieux la peine de rejoindre le bar du Chaudron Baveur pour y prendre quelques verres de whisky pur-feu, plutôt que de m’appliquer à remplir mon estomac de quelques denrées consistantes. Comme quoi le métier de rafleur n’est pas forcément à ambition familiale, quand bien même feu mon frère a toujours prétendu le contraire, surtout lorsqu’il a fallu me trainer hors de Poudlard en pleine nuit pour m’amener pour la première fois dans un camp et m’initier sans attendre au métier de par lequel il n’a eu de cesse de juré, depuis qu’il a assassiné mon père. Sans doute comme-ci il l’a toujours considéré comme le métier le plus noble qui soit, quand bien même sa plus grande ambition a été de devenir mangemort, et c’est bien sûr un avis que je me vois contraint de ne pas partager. Et avec les choses vues ainsi, il n’est pas étonnant que mes frères se voient furieux d’avoir à me revendiquer comme tel. Certains sont mêmes devenus honteux d’avoir à être rafleurs à mes côtés, au point de prétendre préférer la mort si on ne me l’accordait pas, d’après certains qui n’ont pas pour habitude de retenir leurs sarcasmes. Mais c’est sans doute une chose que l’on aura tôt fait de m’accorder si je ne m’applique pas à retrouver Cersei et à l’amener à son père. Ou encore si je m’évertue à enchainer les erreurs, comme cela est sans cesse le cas. Et face à cette vérité, fonctionnant déjà au niveau des rafleurs, je me rends bien compte d’à quel point j’ai été idiot de croire que je puisse un jour intégrer les mangemorts, quand bien même leur travail se trouve être radicalement différent, dans un sens. Pour eux, je ne représente qu’un imbécile leur mettant à dos une charge de travail supplémentaire et l’idée de me remercier pour cela, se trouve bien loin d’eux, c’est certain. Après tout, je ne suis pas certain de vouloir encore l’être moi-même, lorsque je perçois le sadisme qui empreint les traits de chacun d’entre eux et la violence qui commande chacun de leur geste. Je ne me trouve pas être de ces gens là, qui ne jurent que par la force, qu’importe la situation. Peut-être est-ce d’ailleurs pour cela que Doezwal se trouve avoir pensé à moi en premier lieu, pour ce qui est de la surveillance de Cersei. Parce que malgré le peu d’affection qu’il a sans cesse semblé lui porter, il se peut qu’il sache au moins d’elle que cette blanche colombe ne peut se trouver en confiance face à la force brute, se trouvant être bien trop délicate pour cela. Jamais quelqu’un comme Marianne n’aurait pu remplir ce travail, occuper ce poste et vaquer à cette tâche. Évidence que révèle le fait qu’elle se trouve être aux antipodes de la jeune femme ; son côté sombre et ses réalités morbides, n’allant pas de paire avec la candeur de la rouquine. Car bien que les opposés sont censés s’attirer, ils attisent tout de même la haine et bien que j’ai l’impression que Cersei se trouve dans l’incapacité de haïr quiconque, au vu de sa discrétion continuelle lorsqu’il m’a fallu veiller sur elle, je suis quand même à peu près convaincu qu’elle peut se mettre à haïr tout un chacun comme quiconque. Après tout, vu les soucis que la vie lui a attribués sans se soucier du fait qu’elle puisse en vouloir – quoi que je ne connaisse personne qui veuille se voir affubler de quelconques soucis – ou non, il parait déjà suffisamment étonnant de voir à quel point elle parvient à s’en sortir sans se départir de son calme sempiternel. Enfin, ce sont des affirmations qui ne sont peut-être plus véridiques à l’heure qu’il est, étant donné que je n’ai pas pu poser mon regard sur elle depuis un trop long moment pour pouvoir affirmer quoi que ce soit à son sujet. Mais je doute tout de même qu’une personne puisse ainsi changer du tout au tout à cet âge, surtout quand la dite personne semble ne s’être jamais montrée victime de couardise. Auquel cas, si jamais quelconque envie de vengeance s’éveille en la jeune femme sans même prévenir, il est presque évident que celle-ci serait dévastatrice. La rouquine n’est pas femme à taper dans le vide et à faire en sorte que ses coups n’atteignent pas leur cible. Après tout, on n’a jamais trop dit qu’il faut prendre garde à l’eau qui dort, bien au contraire. Et Cersei n’est rien d’autre que cette eau endormie depuis bien trop longtemps et qui, en se réveillant, ne manquera pas de submerger ce village qui l’a bien trop longtemps exploité, qui a accumulé les fautes en ce qui la concerne. Fautes qu’elle n’a jamais pu oublier, se contentant d’encaisser sans compter et qu’elle va continuer de prendre sur elle, jusqu’à ce que tous leurs poids combinés, deviennent trop lourds à porter et qu’elle explose sur le poids. Et alors, tous les villageois trembleront devant elle. Inutile de préciser l’identité de ces derniers – Doezwal, Sansa-Ruth, moi-même et peut-être d’autres – tant elle parait évidente ; car nous sommes ses bourreaux, rien de plus. Ceux qui font en sorte que sa vie soit rendue plus compliquée, qu’elle ne parvienne pas à se départir de ce lien qui l’uni sans cesse à ce qu’elle ne semble pas vouloir être. Ce nom de famille qui fait d’elle une Harkness, famille plutôt bien impliquée du côté du seigneur des ténèbres, qu’elle le veuille ou non.

Et il semble déjà depuis un certain temps à présent, qu’elle ne souhaite pas être cette Cersei là, celle vouée à devenir une mangemort, au même titre que son père et sa cousine. Elle se trouve pourtant bien plus maligne que ces deux là, plus maligne que moi aussi, puisqu’il n’est plus caché que je ne parviens pas à la retrouver. Qu’elle a tout de suite pu prétendre au poste de mangemort alors qu’il me faut rester coincer là, au milieu des rafleurs, sans doute à jamais. Mais je ne suis pas le seul à ne pas réussir à la trouver, puisque Doezwal ne se montre pas assez intelligent pour y consacrer plus d’énergie et que Sansa-Ruth elle-même, semble s’être lancée sur les traces de la jeune femme depuis une éternité déjà. Et c’est la rouquine, qui se trouve à jouer sous notre nez, à valser, insaisissable, tout autour de nous, très certainement. A rester là où l’on ne pensera jamais à la chercher, à user de divers subterfuges pour nous filer entre les doigts. Mais ne serait-elle pas encore plus maligne, si elle se rendait compte que son intelligence lui vaudrait d’être plus haut placée que nous tous et de pouvoir nous éliminer en un claquement de doigts, si elle le souhaitant. Car il ne fait nul doute qu’elle parviendrait aisément à supplanter son père, si elle se joignait à la cause des mangemorts, à se trouver affublée de responsabilités tout en se trouvant plus libre que jamais elle ne l’a été. Puisqu’il ne fait aucun doute qu’ils récompensent la lâcheté – ils sont tous lâches, ces gens-là – et qu’il n’est donc pas forcément nécessaire de faire du mal à autrui pour devenir un mangemort de renom, tout comme revêtir le noir permet de se trouver plus libre que jamais, puisque ce monde n’a jamais autant accorder de liberté aux suppôts du mal, je le crains. Quoi que, bien que j’en fasse résolument parti, cela ne change en rien le fait que je ne me sois jamais senti aussi oppressé, comme cerné de toutes parts, que je le veuille ou non. Aussi n’y a-t-il pas de solution miracle, bien que la fuite ne me semble pas être la meilleure de celles envisageables non plus, il faut bien le dire. Quelque part, nous sommes très similaires, du moins dans le fait qu’aucun de nous deux n’a choisi la bonne option. Mais au moins, elle ne se trouve pas être écrasée par la présence de Marianne, cette rafleuse qui me submerge autant sous son nom bien loin d’être méconnu chez les nôtres, tout comme pour l’attirance qu’il me faut avouer, commencer – ou bien, je m’en rends compte seulement à présent – à ressentir à son égard. Jamais je ne me suis senti aussi écrasé, complètement compressé, que lorsque je l’ai vu se jeter dans les bras de cet homme dont je n’ai même pas pris la peine d’observer le visage, mon attention se trouvant alors totalement happée par la blonde. Cela non plus, cela ne représente pas vraiment une liberté, que de se sentir entravé par le fait de tenir à une personne dont on ne connait pas grand-chose au final. Seulement ce que tout un chacun est en mesure de connaitre sur elle. Sûrement est-ce sur le même schéma que les gens construisent leur admiration et leur dévouement au Lord, qui semble vouloir continuer de régir tout le Royaume-Uni. Mais sans vouloir trop m’avancer à ce sujet, je pense pouvoir affirmer que la jeune femme ne nourrit pas les mêmes desseins obscurs que celui auquel elle a semblé prêter allégeance. Et que si elle semble se complaire dans ce qu’elle fait, réussissant avec brio chacun des actes qu’elle entreprend, cela ne fait aucun doute qu’elle aurait pu exercer un autre métier avec autant d’aisance ; sa force et sa prestance, n’étant plus à prouver à personne. Son choix de devenir rafleuse, ne doit résider que dans le fait qu’elle bénéficie ainsi d’une protection supplémentaire, qui la garde hors de portée des foudres des mangemorts et autres personnes tournées vers le seigneur des ténèbres – autant que l’on puisse l’être du moins – et aussi dans le fait que c’est l’un des seuls postes que l’on peut occuper pour se faire, lorsque l’on n’est pas issu d’une famille de sang-purs. Et sans lui avoir une seule fois demandé confirmation quant à sa nature de sang, je n’ai pourtant aucun doute quant au fait qu’elle soit sang-mêlée. Sinon, que ferait-elle assise à côté de moi au comptoir du Chaudron Baveur ? Tous les sang-purs ne m’accordent que regards de dédains et moqueries infâmes et je ne vois pas en quoi cela pourrait être différent de la part de Marianne. Aussi ai-je toujours parié sur ce fait, sans jamais envisager une autre solution. Mais après tout, au vu de ses exploits, il ne fait aucun doute qu’elle n’aurait pas perdu son temps au milieu des rafleurs, si elle avait la possibilité d’intégrer les mangemorts directement de par sa nature de sang. Ou alors, c’est juste que je ne sais rien d’elle précisément et que je me fourvoie complètement sur sa personne, bien que cette perspective se trouve être loin de m’enchanter, je dois dire. Sûrement est-ce pour cela que je n’ai jamais envisagé les choses ainsi, je dois dire. L’estomac soudainement noué, je baisse la tête alors que je sens mon dos se mettre à chatoyer le mur de briques derrière moi, se pressant contre lui, alors que je cherche résolument un appui. Comme un maintien afin de ne pas sombrer dans quelques obscurs méandres dans mon esprit. Je crois que je ne me suis jamais senti aussi mal qu’en ce moment présent, dans ma vie. Même lorsque j’ai vu le corps de mon paternel tomber au sol, tué par mon père ou lorsque ma mère m’a accusé d’être un assassin. Alors que mon frère m’annonçait ses flirts avec Margeary. Pas même lorsque le regard de Cersei, vrillé sur moi de l’autre côté du feu de camp, me picotait la nuque. Mais je divague, repense à trop de choses à la fois, pas même en lien les unes avec les autres. Du moins je ne vois aucun lien entre celles-ci.

Redressant la tête, je déglutis alors que mes prunelles s’aventurent du côté de celles de Marianne qui, accroupie face à moi, me toise avec des yeux grands ouverts, ses iris rencontrant les miennes sans aucun sentiment de gêne. Pourtant, c’est sans réellement la voir que je continue de l’observer, un sentiment de gêne m’imprégnant tout entier. Cette histoire avec les Harkness me parait subitement bien plus compliquée qu’auparavant, la blonde venant sans aucun doute d’un éclaircir quelques points que je n’ai jamais pris la peine de soupçonner. Mais cela a pour unique conséquence, de créer un profond dilemme pour moi. Car je ne vois réellement pas qui je peux bien sacrifier dans l’histoire. C’est une responsabilité avec laquelle on ne m’a jamais importuné, me laissant hors de tout cela parce que l’on ne m’a jamais jugé apte à décider de telles choses. Et c’est quelque chose qui m’a toujours satisfait et encore plus aujourd’hui, alors que je me sens piégé, comme pris dans un étau, malmené. Je déglutis alors que je bats finalement des paupières, le visage de Marianne apparaissant alors réellement face à moi, reprenant pied. « Vraiment ?! » laisse-t-elle brutalement échapper, sa voix se faisant aussi forte que brisée. C’est à ne plus rien comprendre. Je hausse un sourcil, la dévisageant un instant avant de passer ma langue sur mes lèvres pour baisser la tête, détournant le regard pour poser mes yeux sur ses jambes accroupies. Vraiment ? Bien sûr que oui. J’ai beau aimé ma famille, j’ai bien conscience qu’elle n’est composée que des formidables pourritures. Une cracmolle rejetée par le reste des miens, des aînés rafleurs n’hésitant pas à semer le chaos sur leur passage et répandre la mort et des cadets étant voués au même destin. Ils ont beau être des personnes formidables dans le cercle familial, j’ai bien conscience qu’ils ne sont pas forcément bénéfiques au monde, qu’ils ne sont pas là pour tenter de ramener le calme, mais juste pour les gallions et l’envie d’amener la terreur dans leur sillage. Et même au niveau de la famille, je sais qu’il n’est pas impossible qu’ils fassent des coups fourrés, des choses pouvant amener à la perte de l’un des nôtres, dans le seul but de pouvoir se hisser un peu plus haut sur l’échelle du pouvoir. Après tout, c’est bien ce qu’à fait mon frère aîné, lorsqu’il a pris la vie de mon père et m’a annoncé avoir passé quelques nuits avec Margaery. Une simple envie de voir les autres souffrir, ne se complaisant que dans leur perte. Bien sûr, pour l’instant, il est le seul à avoir commis de pareilles choses à ma connaissance ; mais il n’en reste pas moins que ma sœur a toujours été complice du moindre de ses actes et qu’elle l’a toujours pris comme modèle. Et qu’aujourd’hui, c’est elle qui s’occupe de mes autres frères et sœurs, assurant leur éducation et leur inculquant une sinistre façon de penser, tout aussi morbide et sadique que la sienne et que ce que fût celle de mon frère. Ainsi, il me faut admettre que tout ce qui est construit là, peut s’écrouler d’un instant à l’autre, alors que le noyau de tout cela continue de pourrir peu à peu, menaçant de faire s’écrouler la plénitude illusoire. Seule ma mère continue de se tenir droite, gardant la même philosophie qu’auparavant, cette même philosophie qui ne se reflète dans aucun de nous. Seulement se trouve-t-elle trop occupée à me considérer en assassin et à me reprocher mes crimes pour se rendre compte des agissements des autres de ses enfants. Et ce n’est pas avec une mère aveugle que les autres vont retrouver le droit chemin, cela est certain. Il n’est plus qu’une question de temps, avant que le tout ne vole en éclats sans espoir que l’on puisse recoller les morceaux ensemble par la suite. J’ai d’ailleurs bien trop conscience de cette sérénité illusoire, pour la favoriser à défaut de Cersei. Car si elle se trouve être brisée par l’hostilité du monde, je me doute que son intelligence peut la mener bien plus loin et que pour elle, il reste l’espoir que l’on puisse un jour recoller ensemble les morceaux. D’ailleurs, je passe bien plus de temps à me préoccuper de ce qu’elle devient, plutôt que de savoir comment maintenir en place les dernières bribes de ma famille. Cersei est l’avenir, là où les Ò’Leirigh ne sont qu’un passant demandant à être enfoui au plus profond du sol – à la place des déchets, sans aucun doute. C’est peut-être bizarre, de chercher à justifier une envie soudaine de secourir une parfaite inconnue, puisque la rouquine n’est que cela au final, plutôt qu’une petite dizaine de membres de sa propre famille. Mais certaines fois, il faut faire des sacrifices dont l’unique dessein est de faire avancer le monde. Après tout, je ne me suis que trop rarement demander pourquoi la jeune femme s’est enfuit loin des manigances de son père, afin de fuir le monde des mangemorts ainsi que tout ce qu’il semble impliqué. Mais à présent que j’y réfléchis réellement, je ne peux que me dire que cela n’est pas un hasard et qu’il serait trop stupide qu’elle ne fuit que pour tenir tête à son paternel, achevant ainsi de manière théâtrale une crise d’adolescence. Non, auquel cas, elle ne se donnerait certainement pas la peine de si bien se cacher, ce genre de choses entrainant généralement des actions trop impulsives pour que l’ensemble des actes, se voient être réellement réfléchis. Aussi n’est-ce sûrement pas cela. « Vraiment. » je finis par confirmer, acquiesçant en même temps d’un signe de tête pour mieux marquer l’affirmation, avant de nouveau redresser la tête dans sa direction, plantant de nouveau mes prunelles dans les siennes alors que je m’arrache à la contemplation de ses jambes – bien que je ne les ai pas réellement regarder. Et je suis capable de sentir mes prunelles pétiller, alors que je suis sûr qu’une lueur farouche les habite en cet instant présent ; farouche et déterminée. Car finalement, je crois que oui. Le choix est réellement cornélien, mais s’il me fallait choisir sur le champ, je ne peux pourtant pas cacher que mon choix se porterait plutôt sur la jeune Harkness. Oui, je crois bien que je serais capable de sacrifier ma famille pour qu’elle puisse s’en sortir. Car au final, quoi que bien trop tard aux yeux de Doezwal, je me sens responsable d’elle. Car malgré tous les embêtements qui me sont dus par sa faute, son existence, je sais qu’elle n’y ait pas réellement pour quelque chose. Tout comme elle n’est pour rien dans cette haine que je lui porte injustement. J’agis comme un serpentard avec elle, alors même que c’est elle qui possède la prétention de sang. Je me montre réellement injuste. Et j’ai comme l’impression que c’est ce que Marianne tente de me faire comprendre depuis tout à l’heure.

Jusqu’à ce qu’elle me prouve le contraire de par ses propres mots du moins. Ses sentences se faisant aussi acérés que des poignards bien aiguisés, ayant autant d’impact qu’un sortilège pris en plein visage. Jamais je ne me suis attendu à cela, malgré le fait que son étonnement, sorti de nulle part, aurait pu aisément me mettre sur la piste. Mais depuis que je l’ai vu se ruer dans les bras de l’inconnu, je n’ai que trop l’impression qu’elle est une étrangère, qu’elle n’est plus réellement elle-même. Surtout depuis que je lui ai annoncé l’avoir vu d’ailleurs et que j’ai laissé partir ce coup de jalousie, perdant tout contrôle sur moi-même. Depuis, elle semble osciller entre la fébrilité – chose que je ne lui ai jamais connue auparavant – et une reprise en main, soudaine et autoritaire. Aujourd’hui, elle est devenue plus énigmatique et insaisissable qu’elle ne l’a jamais été et c’est sans doute pourquoi j’ai du mal à suivre ses raisonnements. A moins qu’elle ne change ceux-ci à chaque fois, mais je crains que ce ne soit pas le cas. Auquel cas, ce serait vraiment trop improbable, à tel point que je m’en serais déjà alarmé, rien n’est plus certain. « Cette fille n’a pas hésité à partir en te laissant derrière pour satisfaire les pulsions sanguinaires de son père ! Et connaissant le bonhomme, je serais prête à parier qu’elle ne connaîtra même pas le dixième de ce qu’il pourrait faire à ta famille, ou te faire, si tu renonçais à la chercher. » Marianne a détourné le regard et je reste un instant à la fixer avant de faire de même, laissant mes prunelles se promener dans la rue derrière elle, sans réellement y faire attention, alors que ses paroles s’insinuent en moi. La blonde est une formidable rafleuse et sait sans aucun doute ce qu’elle dit. Mais il n’en reste pas moins qu’elle n’est pas Cersei et qu’elle ne peut ainsi, pas deviner d’elle-même comment la rouquine a pris ses décisions. La jeune Harkness n’a peut-être pas réfléchi ainsi, ne s’est peut-être pas douté que son père puisse ainsi m’envoyer à sa recherche, me faisant payer le fait de l’avoir laissé fuir aussi aisément. Après tout n’est-elle pas censée savoir tout cela, ne connaissant pas aussi bien son père que l’on pourrait le croire aux premiers abords, sa cousine elle-même m’ayant appris qu’elle avait grandit avec elle et non aux côtés de Doezwal. « C’est ta famille. Toi Contre elle, qu’est-ce qui peut bien valoir le sacrifice de quelqu’un de ta famille ? » recommence la rafleuse, tentant sans aucun doute de raviver ma haine envers la rouquine. Je ne sais néanmoins pas pourquoi elle agit ainsi, comme-ci elle cherche simplement à revenir sur ses propres mots ; à moins que ce ne soit moi, qui n’ai pas bien compris ces derniers. Je crispe la mâchoire, affichant une légère moue alors que je scrute un instant le visage de Marianne. Ses traits sont durs, donnent l’impression qu’elle ne veut pas laisser place à une quelconque discussion. Et c’est sûrement le cas mais je ne peux pourtant pas me contenter de ses affirmations, alors qu’elle n’a aucune mesure d’être certaine elle-même de ce qu’elle avance – car elle n’a pas pu demander cela à Cersei elle-même, elle me l’aurait dit si elle était en contact avec elle, n’est-ce pas ? – ainsi je ne peux pas l’être non plus. J’ai pourtant envie de la croire, parce qu’elle est Marianne, mais c’est tout de même de la vie d’une personne dont il est question. Je ne peux peut-être pas me baser sur des choses venant de personnes extérieures, pour juger de ce qui est bon à faire ou non à ce niveau. Il faudrait sûrement que je trouve la jeune femme pour être en mesure d’en juger. « C’est fragile une famille, j’en ai déjà eu la preuve. Si ma famille s’effondre, je m’effondre aussi. Et dans un cas comme dans l’autre, elle finira par le faire, même si ce n’est pas de la même façon. » Je pince les lèvres, mon regard toujours vrillé vers la rue alors que mes prunelles s’embuent peu à peu. Dire la chose à voix haute, l’annoncer à Marianne, la rend bien plus douloureuse que lorsqu’elle se trouvait uniquement dans mon esprit, à l’abri du monde. Ainsi ce sont des pensées que j’aurais préféré garder pour moi, mais je sais très bien que je ne peux retenir mes mots face à la blonde. Elle est capable de lire en moi comme dans un livre ouvert, tout simplement parce que je ne résiste pas, lui offrant véritablement mon esprit, de façon aveugle. Je lui raconte tout, lui fait part de tout alors même que je me rends compte que je ne sais rien d’elle. C’est tout de même quelque chose d’embarrassant, mais au final, je me rends bien compte que je ne suis pas en mesure d’arrêter cela, que je le veuille ou non. C’est plus fort que moi. « Cersei est déjà brisée mais elle a su se reconstruire, au moins un peu. Peut-être a-t-elle plus de chance de s’en sortir que l’ensemble des membres de ma famille, moi compris. Et c’est ce qui fait que le choix se révèle être compliqué. » je finis par conclure en haussant brièvement les épaules, alors que d’un simple revers de manche, je m’empresse de faire disparaître les larmes qui menacent de s’écouler le long de mes joues. Après tout, ma famille ne mérite peut-être même pas que j’éprouve une quelconque peine pour elle. Après tout, tous ont plus ou moins choisi ce qui est en train de se passer et le fait qu’elle est en train de se disloquer ainsi. Et cela n’est pas nouveau, c’est juste que je ne prends la peine de m’y intéresser, qu’à présent. Plus grave que cela encore, c’est l’annonce de Marianne qui me fait rester bouche-bée, avec cette impression que mon cœur s’effrite sous l’impact de ses paroles. « Non. Je ne reviendrai pas. » J’acquiesce en silence, ne trouvant pas quoi répondre, sachant pertinemment qu’ouvrir la bouche amènerait de nouvelles larmes. Si bien que je préfère pincer les lèvres alors que je sens ma gorge se nouer. Si nous ne nous reverrons pas avant la fin de la guerre, cela veut également dire qu’il y a des chances que l’on ne se revoit pas du tout. Et j’en ai bien conscience, ce qui fait sûrement que je reste ainsi sceptique face au fait que l’on puisse un jour se revoir.

C’est sans doute pourquoi je tente, de façon veine – je m’en rends compte dès le début – de me raccrocher à elle, lui demandant d’un ton suppliant à ce qu’elle m’emmène avec elle, pour que je n’ai jamais à rester trop longtemps loin d’elle. Mais c’est une solution qui ne semble pas lui convenir, puisqu’elle ne tarde pas à soupirer, avant de secouer légèrement la tête. Presque de façon imperceptible. Et c’est pour cela que je me trouve être en mesure de connaître son refus avant même qu’elle ne le mentionne de vive voix, le rendant encore plus réel afin d’accompagner par des mots, sa propre gestuelle. « Je ne peux pas faire ça. Tu as des ordres, et je ne peux pas me mettre entre eux et toi. » Autoritaire et douce à la fois, sa voix me donne l’impression de m’entraver pour m’amener un peu plus loin d’elle à chaque instant. C’est presque comme-ci je voix déjà la silhouette de Marianne rapetisser, avant de disparaître à l’horizon, sans que je n’ai le temps ou la possibilité de la rejoindre avant cela. Ainsi est-ce un certain drame, à mon sens. « Suis tes ordres. Je sais que tu sais tout aussi bien que moi qu’il aura encore plus de raisons de te tuer, si tu ne remplis pas ta mission. Si tu es devenu un rafleur, c’est pour survivre, quitte à sacrifier des gens. » Je voudrais protester, lui dire que je ne suis pas en mesure de faire du mal à quiconque, lui préciser que je ne suis pas elle et que je me trouve incapable de lancer le moindre sortilège impardonnable. Mais si c’est l’image – bien trop avantageuse par rapport à ce qu’elle est réellement, me faisant passer pour plus fort que je ne le suis réellement – qu’elle se fait de moi, je ne peux pas me permettre de la faire voler en éclats. Pas alors qu’elle m’a bien fait comprendre que nous ne nous reverrons peut-être jamais. Même sûrement jamais. Mais c’est malgré tout avec l’estomac toujours aussi noué qu’auparavant, que je continue de la fixer, sans parvenir à balbutier le moindre mot. « Je sais que tu en es capable. » précise-t-elle et c’est alors que je me rends compte que ses précédentes paroles, ne sont qu’un écho à ce comment le monde doit me voir et non pas à ce que Marianne pense que je suis. Bien heureusement d’ailleurs, sinon elle se méprendrait bien sur ma personne, cela est certain. Et c’est alors que ses mots résonnent dans mon esprit, que je me rends compte d’à quel point elles passent pour un deal, un genre de pacte. Car j’ai l’impression qu’elle me demande choisir entre l’avenir de la fille Harkness et l’idée qu’elle peut se faire de moi. Et je me doute que dans un sens, cela n’est pas qu’une simple impression et que cela se trouve être exactement ce que la blonde souhaite que je fasse. Je risque pourtant de la décevoir, selon mon choix, la vie d’une personne ne valant certainement pas l’estime de Marianne envers moi, je le crains – car encore une fois, je ne suis pas ce genre de rafleur là, je me trouve juste être moi. Mais je réfléchis bien trop pour être en mesure de représenter fidèlement mon métier, pour bien intégrer les rangs de ceux qui le pratiquent. Du moins, jusqu’à ce que je sente la main de la jeune femme, étonnamment délicates vu les endroits où il faut s’aventurer en étant rafleuse, se poser sur ma joue, mettant ainsi un terme à toutes les pensées qui se bousculent dans mon esprit. Je jette un rapide coup d’œil en direction de sa main, rendue floue en raison de la proximité, avant de poser mon regard sur Marianne, me laissant complètement happer par ses iris. « Ne reviens pas ici. Ne me cherche pas. Mais survis. Pour moi. » Je pince un instant les lèvres alors qu’il me faut déglutir, incapable de passer outre les promesses d’un acquiescement après de telles paroles, les conséquences que cela peut sans aucun doute impliquer. Des conséquences dont je ne suis pas certain de mesurer l’ampleur et dont je ne préfère pas m’en rendre compte, par ailleurs. Pourtant, peut-être est-ce la proximité avec elle, le fait que je me trouve complètement envoûter par ses prunelles ou encore autre chose, mais je me trouve soudainement à acquiescer ; hochant la tête malgré sa main toujours posée sur ma joue. « Je… Je te le promets. » Paroles se faisant sans aucun doute plus hésitante en raison de son visage que je vois de plus en plus approcher du mien, de façon peut-être assez incertaine. De ses lèvres qui approchent peu à peu les miennes alors qu’elle se hisse sur la pointe des pieds. De son souffle qui se met à effleurer ma peau, comme une douce caresse. Mon ventre se crispe un peu plus. Car s’il m’est déjà arrivé de rêver de ce moment – bien que je ne me vois pas être en mesure de confirmer de telles pensées en face de quiconque et que l’illusion apportée par Morphée, a rendu les contours bien trop flous pour que je puisse être certain qu’il s’agisse bien là de Marianne –, jamais ne s’est-il empreint de cette ambiance ou a-t-il prétendu se tisser sur fond d’adieu. Du moins n’en ai-je aucun souvenir du genre et à la vérité, je crois pouvoir affirmer sans mentir que le moment se verrait bien trop amoché par la tristesse de tout cela, pour que je sois certain de vouloir sentir les lèvres de la rafleuse se presser sur les miennes en cet instant précis. Et comme-ci elle a surpris le cours de mes pensées, la blonde se recule soudainement et de façon vive, alors qu’elle écarte d’un seul coup sa main dans mon visage presque comme-ci se contact se trouve être en mesure de lui brûler la peau. Instantanément, je me trouve à regretter d’avoir pensé pareille chose, sachant pertinemment que je viens de passer à côté d’une occasion qui ne se reproduira sans doute jamais. Encore un énième rêve dont je n’ai eu que la prétention de toucher du bout des doigts, sans oser aller plus loin. « Je-Je dois y aller. » balbutie-t-elle subitement alors que son regard s’est détourné de moi, pour ne plus jamais plus m’effleurer. Et sans un mot de plus ou la moindre explication – bien que je sais à présent qu’il ne vaut mieux pas lui demander de rendre des comptes –, elle tourne les talons pour s’évanouir dès la sortie de la rue, se fondant aussitôt à la foule. Si mon cœur qui tambourine à tout rompre dans ma poitrine, me crie de m’élancer à sa poursuite et ne pas la laisser disparaître ainsi à jamais, mon esprit, lui, me chante un tout autre refrain. Car j’ai fait une promesse à Marianne. Et dès à présent, il m’incombe de la tenir.
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