« Nos vieux fantomes,
I want to go home. »

« Tu n'as pas tout à fait tord à propos de Lysander. Tu dois même mieux me connaître que moi-même. » C'est probablement faux, Allistair n'a jamais été un expert dans l'art de juger les gens, il accorde très facilement sa confiance, quoi qu'une fois qu'on l'avait perdu, il avait du mal à faire confiance une seconde fois. Ce n'était pas qu'il était rancunier, mais il partait du principe qu'une personne qui en trompe une autre une fois peut très bien recommencer. Quoi qu'il en soit, il ne fallait pas être devin pour remarquer à quel point elle tenait à ce Lysander, ce type ne se rendait pas compte de la chance qu'il aurait pu avoir en gardant une fille comme Lullaby à ses côtés, il fallait vraiment être le dernier des abrutis pour négliger l'amour sincère d'une femme au profit d'idées malsaines au sujet de son sang. Enfin, peut-être que l'oubliator n'était pas mieux, lui négligeait l'amour au profit de son indépendance. « Merci en tout cas. S'il te faut un dédommagement quelconque pour m'héberger, dis le, il n'y a aucun souci. » Mais que racontait-elle ? Ce n'était pas le genre de la maison d'agir de la sorte. Au contraire, l'oubliator avait l'habitude d'héberger des amis ou des proches lorsqu'ils en avaient besoin, tout comme, dans le sens inverse ses proches ou ses amis ne rechignaient pas à l'accueillir dans certains cas. Mais c'était plus rare qu'il ait besoin d'être logé, après tout, le transplanage lui permettait de rentrer chez lui en quelques secondes. Les rares fois où il ne créchait pas chez lui, il dormait à l'hôtel en charmante compagnie (et encore la partie sommeil n'était qu'une infime partie de la nuit) ou chez son cousin camé à se faire exploser le cerveau au point d'en oublier son nom, ironique pour un oubliator. La rouquine reprit la parole. « En tout cas, je ne resterais pas bien longtemps. Je ne veux pas trop te déranger ou être envahissante. » En quoi pouvait-elle le déranger ? Tant qu'elle ne se mettait pas à refaire son intérieur ou ne faisait pas de fiesta dans sa baraque, il n'y avait aucun risque. Quoi qu'une fiesta, ça ne le dérangeait pas vraiment, d'autant plus qu'il maîtrisait plutôt bien le sort "faillamale" chose que tout bon célibataire aguerri se devait de maitriser. « T'inquiète pas pour tout ça. Tu réfléchis trop des fois, lâcha-t-il gentiment. Si j'étais du genre à faire payer ou à virer les gens de chez moi je n'inviterais personne. Et puis ça fera de la compagnie à Cocaïne, mon chat » Il rit doucement. En même temps, il avait souvent l'impression que ce n'était pas Cocaïne l'animal de compagnie, mais lui : il fallait faire selon le bon vouloir de l'animal et non selon le bon vouloir du maître. Il y avait un souci quelque part avec ces bestiaux là.

« L'addition. » Finalement Le serveur leur apporta la note, visiblement pressé qu'ils partent. C'était bien la première fois qu'on le virait (sans vraiment le faire) d'un pub, d'habitude c'était plutôt le contraire, c'était limite si on le re-servait pas pour qu'il reste. Enfin bon, Lullaby devait être fatigué de toutes ses émotions, c'était peut-être mieux qu'elle aille se reposer. Elle se leva d'ailleurs sans lui laisser de temps de s'occuper de l'addition. « Je m'en occupe. » Roh ce n'était pas à elle de payer de l'addition, c'était lui le mec quoi. Enfin bon, ce n'était pas comme si Allistair était du genre macho ou super galant. Mais bon, c'était lui qui l'avait invité dans ce pub, donc en toute logique, c'était à lui de payer. D'autant plus que c'était pour tenter de lui remonter le morale : depuis quand laisse-t-on payer la personne qui déprime en face ? Il n'avait même pas eu le temps de la retenir, elle avait l'air franchement décidé. Comme si payer la note était un privilège ou un truc du genre. Bref, la rouquine revint finalement avec un blouson. « Je lui ai demandé s'il n'avait pas une veste supplémentaire. » Elle rendit la veste de costume à l'oubliator. Franchement ce n'était pas spécialement important puisqu'ils pouvaient transplaner. Cela évitait de trainer trop dehors dans le froid, à ce niveau-là, les moldu n'avaient pas conscience de leur malheur de ne pas pouvoir apprendre le transplanage. L'oubliator se leva et récupéra donc son vêtement. « Merci. Mais je n'en avais pas franchement besoin, une fois dehors, s'il n'y a personne, on pourra transplaner jusque chez moi » Il se dirigea donc en direction de la porte qu'il poussa pour sortir. Une fois tout deux dehors, ils eurent la chance d'être effectivement seuls. Allistair tandis sont bras à la jeune femme, comme elle ne connaissait pas le lieu ou vivait l'homme, il était normal qu'il opte pour le "transplanage d'escorte".

La maison d'Allistair était située à vingt minutes à pied d'un village moldu, caché par un petit bois non loin des longues falaises du sud de l'Irlande. Apparence, elle ressemblait à un petit cottage tout simple entouré d'une clôture en bois marron, tout ce qu'il y a de plus basique. Cela reflétait bien le caractère du sorcier, il n'était pas du genre à s'encombrer de fantaisies superflues. Ils arrivèrent donc dans la petite cour qui entourait la maison. « Nous voici en Irlande et je te présente mon... "palace". » Il rit doucement en ouvrant la porte d'entrée et invitant la jeune à femme à pénétrer dans son humble demeure. L'intérieur donnais sur un hall ou se trouvait le porte-manteaux et le range chaussure, tout droit, il y avait le salon et à gauche l'escalier vers le premier. Dans l'ensemble, c'était une maison plutôt lumineuse et propre (toujours grâce au sort faillamale), évidemment, tout comme l'extérieur, l'intérieur était très simple. « Tu veux manger, te reposer, prendre un bain ? Fait comme chez toi » Il faudrait qu'il lui montre les deux chambres d'amis dont il disposait. Ce n'était pas un château, mais le petit cocon d'Allistair était chaleureux et accueillant, ce qui collait parfaitement à son image, chose qui démontrait aussi peut-être un certain manque d'ambition. Il n'était pas du genre à voir les choses en grand, mais au moins sa vie et son job lui convenaient parfaitement. Chacun avaient sa propre vision du bonheur et pour les gens comment Allistair, le bonheur était bien plus facile à atteindre pour les arrivistes en tout genre. Enfin bref, il fallait tout de même qu'il laisse à Lulla le temps de se poser. D'ailleurs elle n'avait pas de valise ? Bon il laissa cette question dans un coin de sa tête pour le moment.

Je ne sais pas pourquoi j’ai toujours eu ce côté pratique, m’empêchant de faire les choses sans réfléchir un minimum à ce que je suis en train de faire au préalable. Impossible de laisser quelque chose de non calculer ou d’imprévu. J’ai besoin de cela pour me sentir encore un minimum vivante. Car quand quelque chose d’imprévu survient, je suis perdue. Il n’y a pas à dire, les piques d’adrénaline et vivre à la belle étoile, sans savoir où dormir chaque soir, ce n’est vraiment pas pour moi. Voilà pourquoi, hormis le fait de perdre Lysander en lui-même, ma séparation avec lui a été aussi dure. Dire qu’en plus de me confronter aux choses que je déteste particulièrement, il a également pris un malin plaisir à détruire mon cœur. C’est vraiment un salop lorsque j’y repense. Pourtant, il ne me semble pas qu’il ait été comme cela à Poudlard ou même lorsque nous vivions à deux. J’aimerais bien savoir où il a pu trouver ce déclic soudain, le ramenant sur une voie n’étant pas destinée à être la sienne au départ. Peut-être est-ce sa visite chez ses parents ? Oui, c’est possible, surtout après ce qu’il m’a dis, j’imagine. « T'inquiète pas pour tout ça. Tu réfléchis trop des fois, lâcha-t-il gentiment. Si j'étais du genre à faire payer ou à virer les gens de chez moi je n'inviterais personne. Et puis ça fera de la compagnie à Cocaïne, mon chat » dit mon ami avant de se mettre à rire légèrement. Je hoche doucement la tête avant de laisser mon rire se mettre à accompagner le sien. J’avais oublié le nom de son chat tiens, mais y repensant, ce nom pour le moins original, correspond bien à son propriétaire qui semble toujours dans un autre monde, un peu comme-ci il prenait de cette drogue que certains moldus aiment tant. De la cocaïne justement. Le serveur ne tarde pas à venir à notre table, comme-ci le fait de soudainement me voir me décoincer dans ce lieu auquel je ne faisais pas confiance tout d’abord, était une raison valable pour nous mettre à la porte. Ou plutôt, à nous indiquer la sortie si l’on préfère le voir ainsi. Aussi, voyant qu’Allistair est interloqué par ce que nous fais le barman, j’en profite pour bondir sur mes jambes et rejoindre le comptoir pour payer la note, ne lui laissant même pas le temps de réagir. Il est venu me secourir après tout, alors j’ai bien le droit de faire ça pour lui. Je reviens quelques instants plus tard, avec une veste supplémentaire, rendant celle de mon ami. « Merci. Mais je n'en avais pas franchement besoin, une fois dehors, s'il n'y a personne, on pourra transplaner jusque chez moi. » Il n’a pas tord, mais je vois à plus long terme qu’un simple transplanage. Après tout, il y aura bien un moment où je devrais quitter sa maison et à ce moment-là, je n’aurais toujours pas de veste. Mais maintenant, le problème est réglé. Je hausse doucement les épaules avant de lui adresser un léger sourire. « Je préfère prévoir le coup, avant de devenir incapable de me détacher de ta veste. Sait-on jamais que j’ai l’idée de la prendre en otage en partant de chez toi. » je lui réponds tout en lui adressant un clin d’œil, avant de le suivre vers l’extérieur du pub. La rue est déserte, comme l’oubliator l’a prévu. Pas étonnant vu l’heure qu’il est, mais bon. Je m’agrippe à son bras afin qu’il m’emmène avec lui. Le ciel se déchire en un sinistre craquement tandis que je transplane avec lui.

Nous atterrissons finalement au milieu d’un beau paysage verdoyant – du moins, c’est ce que j’imagine, étant donné que l’obscurité ambiante ne laisse pas réellement entrevoir les couleurs. En contrebas se situe un petit village dont la douce clarté des lumières me fait frissonner, tellement il semble paisible, loin de la guerre qui agite le monde magique. Lorsque je me retourne enfin vers l’autre côté, dans le sens où Allistair semble regarder, mes yeux se posent enfin sur une ravissante maison entourée d’une barrière en bois, faisant rapidement penser à un vieil enclos. Il pousse la barrière de l’entrer pour avancer jusque dans la cour et je reste sur ses talons. « Nous voici en Irlande et je te présente mon... "palace". » dit-il d’une façon où l’on ne peut que percevoir l’ironie dans sa voix. Moi, je ne parviens qu’à rester avec une expression béate face à cette splendide demeure se découpant non loin de la falaise. « C’est magnifique. » je laisse échapper à mi-voix avant de me retourner vers mon ami qui est en train d’ouvrir la porte. « Ce n’est pas ainsi que j’imaginais ta maison. » je lui glisse alors. Il faut dire que je n’imaginais pas du tout dans quoi il pouvait habiter non plus. Une maison, cela c’était certain. Mais à part ça, je l’imaginais plutôt dans une maison au milieu d’un village, peu importe lequel, mais peut-être pas dans ce genre de cadre naturel, avec un si beau paysage. Bon, c’est vrai que cela cadre bien avec la personnalité tranquille de mon ami, mais à ce point là, je suis tout de même épatée. Je ne saurais pas dire pourquoi ceci dit. Je le regarde ouvrir calmement la serrure de sa porte d’entrée, avant de pénétrer dans sa maison, me faisant signe d’avancer à sa suite. Ce que je fais. A l’intérieur, je retrouve la même simplicité réconfortante de l’extérieur. Un petit bout de paradis si je ne m’abuse. Je contemple un instant l’architecture de la maison, émerveillée. Sans compter le fait que le tout est très bien rangé, un peu étonnant venant d’un célibataire endurci. Mais bon, j’ai l’habitude, mon ami est loin d’être quelqu’un de banal. « Tu veux manger, te reposer, prendre un bain ? Fait comme chez toi. » Je me retourne brusquement vers mon ami. Trop perdue dans la contemplation de sa maison, j’en avais presque oubliée sa présence. Enfin non, pas totalement, puisque cela est tout de même assez impossible, mais l’idée reste là. Je hoche doucement la tête avant de réfléchir un peu. « Tu as dis que tu avais un chat n’est-ce pas ? » J’ai toujours été fascinée par les félins, malgré le fait que mes parents ne souhaitaient pas en avoir à la maison. A défaut d’en avoir un, je passais donc mon temps à admirer celui des voisins, bien trop peureuse pour l’approcher cependant. Après tout, rester des heures à contempler sa fourrure brillant au soleil, me suffisait, alors pourquoi me serais-je embêter à essayer de le caresser ? Enfin bref, là n’est pas le sujet. « Tu n’aurais pas une chambre où je pourrais poser mes affaires ? » je lui demande finalement en désignant la veste que j’ai obtenu auprès du vieux barman. Seul objet m’appartenant hormis les vêtements que je porte.