Quand on avait appris à Daley la mort de la femme qui avait mis au monde son enfant, Daley s'était retrouvé avec une petite fille dans les bras et toutes les questions liées à ce que cela signifiait lui avait traversé la tête. Comment ferait-il pour jouer avec elle quand lui n'avait aspiré qu'à monter sur un balai toute son enfance ? Comment parviendrait-il à lui trouver les habits qu'il fallait quand il n'y connaissait rien à la mode des filles, comment ferait-il le jour où elle commencerait à lui parler des garçons et de son intérêt pour eux et surtout, comment réagirait-il quand elle en ramènerait un, éperdue d'amour pour un adolescent boutonneux ? Comment pouvait-il s'occuper seul d'une fille alors qu'il n'avait que dix-sept ans ? Et pourtant, il avait appris, il s'était intéressé, il s'était débrouillé tout le temps où il avait pu la garder près de lui dans le manoir de son père tout en effectuant ses missions de mangemort. Il l'avait élevé comme il l'avait pu et c'était tout ce qui lui importait. Elle était loin d'être une enfant capricieuse qui se prenait pour une petite princesse et qui menait son père par le bout du nez. Il la voyait si peu qu'il ne faisait pas preuve d'une trop grosse autorité mais il savait poser des limites. Et la petite fille le savait. Aussi, il préférait qu'elle ne transforme pas Eden en poupée géante pour son bon plaisir et n'eut aucun mal à le lui dire, même si elle protesta, comme à son habitude. « C'est gentil Liadan, les tiens sont très beaux aussi tu sais ! » Eden ne pouvait pas lui faire plus beau compliment puisqu'elle adorait qu'on lui dise ce genre de choses. Et son sourire en attesta immédiatement en regardant la brune en face d'elle. Liadan avait un grand cœur mais quelque chose serra le sien en voyant sa fille passer une dernière fois la main dans les cheveux de Eden pour venir dans ses bras. La petite avait besoin d'une présence féminine. Elle n'était entourée que d'hommes et même si cela n'en faisait pas un garçon manqué, il lui fallait une présence autre que celle de son père ou son grand-père et cette constatation lui fit froncer les sourcils tandis qu'il indiquait à Liadan ce qu'elle devait faire si elle voulait continuer à battre Eden aux échecs. Il finit par l'envoyer à la douche et s'assurer qu'elle lui obéissait avant de pouvoir s'asseoir à côté de la jeune femme et retrouver un comportement normal avec elle. « Elle a été adorable, et m'a permis de confirmer que j'étais encore plus mauvaise aux échecs que je le croyais. » Il haussa légèrement les épaules, sans cesser de passer sa main dans les boucles détachés de Eden et lui répondit d'un air distrait. « Tu sais, elle ridiculise certains invités de mon père de façon tout à fait délectable. J'ai toujours l'impression que c'est une façon pour elle de tester quelqu'un, comme si elle analysait son comportement à travers son jeu. Il tourna la tête vers elle pour la regarder, il savait sa fille très intelligente parce que c'était lui qui lui en avait appris un rayon sur les stratégies. « Et je pense savoir ce qu'elle a trouvé à travers le tien... » Il ne dit rien de plus, la regardant d'un air évasif, comme s'il cachait la plus grande information du siècle mais il savait parfaitement ce qui avait poussé Liadan à se rapprocher de Eden pour détacher ses cheveux de façon aussi naturelle. « J'avoue que mes cheveux y sont pour quelque chose ! » Il sourit, non sans passer une nouvelle fois sa main dans ses cheveux, parfaitement d'accord avec Liadan sur ce point-là.

« Dans ce cas, il va falloir que tu m'apprennes à jouer pour que je la battes un jour. » Il hocha la tête alors, même si la perspective d'une partie entre Liadan, Eden et lui avait quelque chose de naturel, ce qui l'effrayait un peu. « On se transmet le don de génération en génération mais je pourrais t'apprendre si tu veux prendre ta revanche, il n'y a plus que mon père et moi pour la battre aujourd'hui, même si ça risque de la mettre de mauvaise humeur. On s'est aussi transmis le don de détester perdre. » Déclara-t-il avec un petit sourire en coin dans sa direction. C'était tout un art chez les Ó Donnell il fallait bien le dire. Lorsque Daley perdait au quidditch quand il était jeune pouvait bouder des jours entiers sans s'en remettre et envoyer sur les roses qui voulait bien lui parler pendant ces jours de deuil. Mais il l'assumait totalement et heureusement, aux échecs, il restait imbattable. « Qui t'a rendu visite ? » Daley jeta rapidement un œil à la porte qui donnait sur sa chambre et tendit l'oreille pour entendre le jet de douche qui marchait toujours. Quand Liadan était sous l'eau chaude, elle pouvait y rester des heures. Il prit le même ton que la jeune femme et baissa la voix pour répondre. « Carrow, la sœur, j'ai essayé de l'expédier le plus rapidement possible, je crois qu'elle voulait savoir quand je prenais mes tours de garde. » Il haussa légèrement les épaules comme si la conversation ne l'avait pas plus intéressé que cela. D'un mouvement rapide, il s'approcha d'Eden encore un peu et lui dit. « Si tu veux rester ce soir, je pense que tu pourrais dormir avec Liadan, je prendrais le canapé. » Il n'était pas question que Eden s'endorme sur le canapé, c'était tout à fait impossible. Il s'approcha un peu plus pour pouvoir embrasser à nouveau Eden quand une voix l'interrompit brusquement. « Papa, t'as oublié mon pyjama ! » Il se recula rapidement et tourna la tête pour voir sa fille, emmitouflée dans une serviette bien trop grande pour elle et se rendit compte qu'elle n'avait pas pris la peine de bien s'essuyer, créant ainsi une légère inondation sur le sol. Elle n'avait pas essoré ses cheveux et s'était contenté de se couvrir de la serviette pour sortir de la salle de bain. Il leva les yeux au ciel tout en se redressant rapidement et en s'approchant de sa fille qui reculait déjà dans la chambre pour rejoindre la salle de bain. Il prit soin de ne pas glisser bêtement sur les flaques que sa fille avait déposé et se dépêcha de récupérer son pyjama dans le sac qu'elle avait préparé pour venir le voir. Il passa dans la salle de bain pour le lui passer, constatant qu'elle avait également fait de l'endroit une véritable baignoire. Il fronça les sourcils et sortit sa baguette, laissant le temps à Liadan pour s'habiller et s'appliqua à nettoyer les dégâts occasionnés par son petit démon. Et il n'eut pas le temps de retourner dans la salle de bain sur ce même démon courait déjà vers le salon, vêtue de son pyjama et reprit très vite sa place auprès de Eden. Il finit de nettoyer la salle de bain et revint rapidement dans le salon pour voir que Liadan préparait déjà le jeu d'échec. Avec un sourire, il rangea sa baguette dans sa poche et s'approcha à nouveau de la table. Il allait s'asseoir sur le canapé tandis que Liadan se mettait debout de l'autre côté de l’échiquier. Elle préférait jouer debout, il l'avait toujours soupçonné de vouloir être à hauteur de ses adversaires de cette manière. Il s'approcha de Eden pour avancer sa main vers le jeu mais Liadan lui attrapa et l'empêcha de toucher son pion. « Non, c'est de la triche si tu joues. » Il releva les yeux pour croiser les yeux de sa fille, toujours fasciné à chaque fois qu'il se rendait compte qu'elle lui ressemblait tant. Il recula les deux mains, comme s'il se rendait et désigna le plateau de jeu à Eden, non sans se pencher pour lui effleurer l'oreille et lui suggérer l'action qu'il allait faire avant que sa fille ne l'interrompe. Il s'assit ensuite confortablement en arrière et observa sa fille qui regardait Eden d'un œil intéressé. Il n'en revenait pas de voir que les choses se passaient si bien à cet instant. L'air de rien, Daley passa sa main derrière la jeune femme et la glissa sous son haut pour caresser simplement le bas de son dos avec son pouce pour l'encourager puisqu'il savait que sa fille ne le verrait pas de là où elle était.

Si on m'avait dit que j'allais rencontrer la progéniture de Daley dans un futur proche et que cela se passerait aussi bien, je n'aurais surement pas cru la personne. J'étais fascinée par le comportement de ce dernier avec la petite fille. Comme si j'étais entrée dans un monde parallèle. Un monde, où le fait que Daley soit père n'avait pas grand chose de surnaturel. Non, pas que j'avais douté de ses capacités, seulement cela ne collait pas vraiment avec certaines facettes de sa personnalité. Apparemment, Liadan avait hérité de son entêtement légendaire, mais aussi de sa grande intelligence niveau stratégie. Alors que Daley insistait sur le fait de ne pas me transformer en poupée à coiffer, la petite protesta, mais obéît. Je lui retournais le compliment sur ses cheveux qui sembla lui faire terriblement plaisir, à la vue du sourire qu'elle afficha quelques instants plus tard. Une main passa une dernière fois dans mes cheveux et je souris à mon tour, en regardant Daley accompagner sa fille avant de revenir. Et alors qu'il s'était installé à mes côtés, il passa à son tour sa main dans mes cheveux et je souris de plus belle. Décidemment, les O'Donnell avaient quelque chose avec mes cheveux ! . « Tu sais, elle ridiculise certains invités de mon père de façon tout à fait délectable. J'ai toujours l'impression que c'est une façon pour elle de tester quelqu'un, comme si elle analysait son comportement à travers son jeu. », me dit-il d'un air détaché. Et j'imaginais à peu prés ce que cela pouvait donner. Même si imaginer Liadan avec le père de Daley et ses "invités", me donner un peu la chair de poule. Je ne doutais pas un instant que Liadan soit capable de tester quelqu'un juste en jouant avec lui aux échecs. « Et je pense savoir ce qu'elle a trouvé à travers le tien... », reprit-il avec un sourire mystérieux qui en disait long, comme si il connaissait un grand secret que moi, j'ignorais. « Et qu'est-ce qu'elle a trouvé ? », l'interrogeais-je, malicieusement, le sourire aux lèvres, alors qu'il passait de nouveau sa main dans mes cheveux. Je le priais presque de m'apprendre à jouer aux échecs pour pouvoir (espérer) battre sa fille à ce jeu. « On se transmet le don de génération en génération mais je pourrais t'apprendre si tu veux prendre ta revanche, il n'y a plus que mon père et moi pour la battre aujourd'hui, même si ça risque de la mettre de mauvaise humeur. On s'est aussi transmis le don de détester perdre.. », déclara t-il et j'eus un léger rire. « Je ne sais pas pourquoi je m'en doutais ! Tu as le don pour ton caractère de cochon déteigne sur les personnes qui t'entourent. », le taquinais-je.

Alors je l'interrogeais sur la nature du visiteur, qui avait interrompu les présentations entre Liadan et moi-même. Il calqua son ton sur le mien, après avoir vérifié que la petite était toujours sous la douche. « Carrow, la sœur, j'ai essayé de l'expédier le plus rapidement possible, je crois qu'elle voulait savoir quand je prenais mes tours de garde. », m'annonça t-il et j'eus un frisson rien qu'en pensant au fait, qu'elle aurait pu nous surprendre tous les trois dans les appartements de Daley. Ses soupçons se seraient resserrés autour de moi, et cela aurait mis Daley et Liadan en danger. Je me renfrognais un peu en me disant que j'aurais plutôt du affronter la colère de Sam, au lieu de venir me réfugier chez Daley au moindre soucis. Il faudrait que je fasse plus attention, à cela à l'avenir. Je chassais ces idées noires, et me concentrais plus sur ma conversation avec Daley. « Si tu veux rester ce soir, je pense que tu pourrais dormir avec Liadan, je prendrais le canapé. », me proposa t-il, toujours sur le même ton. Et un sourire revint s'emparer de mes lèvres. « Liadan ne va sans doute pas apprécier que je dorme avec elle, c'est vrai, elle me connait à peine. Et je suis totalement capable de dormir sur le canapé. Je ne suis pas en sucre. », rétorquais-je, en le défiant un peu du regard. Regard qui resta dans ses prunelles alors qu'il s'approchait de nouveau de moi, et avant que ses lèvres aient pu effleurer les miennes, la petite Liadan refit son apparition en réclamant son pyjama. Emmitouflée dans sa serviette trop grande, mon sourire s'agrandit. Elle était vraiment adorable.

Je regardais Daley partir en direction de la chambre pour rejoindre Liadan. Je me sentais bien ici, sur ce canapé. J'avais peur de prendre trop gout à une soirée telle que celle-ci. Cela faisait presque peur en pensant, j'allais sans doute trop m'attacher à la fille de Daley. Ce qui était mauvais pour tout le monde. Du moins, mauvais tant que la guerre persistait ... J'étais encore dans mes pensées lorsque Liadan revint - vêtue de son pyjama - en courant. Elle commença à installer l'échiquier. Daley s'assit à mes côtés, approchant sa main du jeu pour m'apprendre à jouer, mais c'était sans compter sur sa fille qui l'arrêta dans son geste. Je me retins de rire sur le coup. « Non, c'est de la triche si tu joues. », dit-elle, et Daley battit en retraite avant de me glisser ses instructions à l'oreille. Liadan reporta son attention sur moi, d'un air intrigué. Je fis mine de réfléchir, et alors, je sentis les doigts de Daley dans mon dos. J'évitais de paraitre suspecte, et quand bien même son contact était délectable, et même si je savais que Liadan ne verrait rien, j'étais un peu embarrassée. Je me saisis alors d'un de mes pions et engageait le jeu. La petite fronça les sourcils en regardant son père d'un air sévère. « Arrête de lui dire ce qu'il faut faire. C'est pas du jeu ! », bouda t-elle. « Ne boude pas, Liadan. Promis, je n'écoute plus rien de ce qu'il va me dire d'accord ? », lui dis-je avec un sourire, alors qu'elle avait croiser les bras sur sa poitrine. La petite eut une moue, et commença à réfléchir à son prochain coup. Elle avait décidemment le caractère de son père ! Je tournais la tête vers ce dernier, avec un sourire, avant de me retourner vers le jeu. Liadan joua avec un sourire fier sur le visage. Je pressentais déjà que j'allais prendre une nouvelle raclée. Comme prévu, elle ne fit qu'une bouchée de moi. Victorieuse, elle se précipita vers moi, grimpant sur mes genoux. Ce qui me surprit, mais je ne la repoussait pas. « Elle est où ta chambre ? Il est tard, tu sais. Tu restes là cette nuit ? », me demanda t-elle, curieuse. Elle me prit de cours, et je ne savais pas comment lui répondre. Je n'étais pas vraiment adepte des pirouettes, je n'étais bonne qu'à dire la vérité.

Daley avait bien du mal à croire que quelques temps seulement auparavant, ce qui lui semblait si proche et lointain à la fois, il avait tenté de cacher l'existence de Liadan à Eden. Il avait menti, il avait blessé la jeune femme pour préserver son plus grand secret, celui que personne ne pouvait imaginer quand on le voyait au quotidien. Il était dur de voir Daley comme un père plutôt que comme un mangemort et il avait préféré éloigner Eden de lui plutôt que de lui dire simplement la vérité. Sa fille passait avant tout dans son cœur et dans son esprit et à une époque, elle était la seule chose qui comptait pour lui. Sauf que pour l'instant, dans ce moment d'intimité avec Eden, il avait du mal à croire qu'il avait pu lui cacher toutes ses choses. Tout lui semblait si naturel que cela lui faisait peur. Être ici, installé sur le canapé avec la jeune femme tandis que sa fille prenait sa douche sur ses directives, il avait bien du mal à se l'imaginer et pourtant, il agissait comme si tout était parfaitement normal, comme si les choses devaient être comme ça et pas autrement. Tellement normal qu'il se permettait même des gestes d'intimité avec Eden, parce que Liadan finirait un jour par découvrir le genre de relation qu'ils entretenaient, elle n'était ni dupe ni idiote et elle fouinait tout le temps de partout. Il savait alors qu'elle comprendrait très vite, même si son âge ne lui permettrait pas de comprendre la complexité de tout ce que cela entraînait. De plus, il savait déjà que Liadan appréciait Eden bien plus que n'importe quelle autre femme qu'elle avait pu rencontrer jusque-là puisque les seules qui défilaient chez eux étaient des proches de son père et surtout, des mangemorts. Elle les ridiculisait alors aux échecs et se faisait sa propre opinion. Elle était dotée d'une intelligence affûtée qu'elle avait développé en vivant dans le contexte actuel. Elle avait de quoi être méfiante avec un colocataire aussi énigmatique que Teagan Ó Donnell. « Et qu'est-ce qu'elle a trouvé ? » Il tourna légèrement la tête vers Eden et eut un sourire en coin, tout en laissant sa main glisser vers son cou pour lui masser doucement la nuque de ses doigts, comme dans un réflexe presque naturel. Il haussa légèrement les épaules et après un coup d’œil en direction de la chambre, il répondit. « Tu ne triches pas, tu joues comme tu es dans la vie, tu ne mens pas, tu ne cherches pas la meilleure stratégie pour faire tomber l'autre. Tu joues avec ton cœur. » Il disait cela presque de manière normale, comme si c'était logique qu'il lui fasse de tels compliments et pourtant même à lui, cela sonnait étrange à ses oreilles. Il était rare qu'il soit aussi accommodant mais la présence de sa fille le changeait radicalement et ajouté à cela la présence de Eden, il devenait bien plus qu’accommodant. Il fit une pause avant de la regarder et d'ajouter. « Tu n'essayes même pas de la faire gagner pour lui faire plaisir et ça, elle le sent également. » Et elle en avait vu défiler des femmes qui souhaitaient l'attendrir et l'amadouer parce qu'elle était la clé du cœur de Daley. Mais heureusement pour lui, son père avait arrêté son choix quant à sa future fiancée et il ne voyait plus défiler des héritières de sang pur pour lui mettre la corde au cou. Ce qu'il n'ajouta évidemment pas devant Eden, ne souhaitant pas remettre ce sujet sur le tapis aussi rapidement. Il sourit en la voyant rire et continua de faire courir ses doigts sur sa nuque délicatement pour l'entendre répondre. « Je ne sais pas pourquoi je m'en doutais ! Tu as le don pour ton caractère de cochon déteigne sur les personnes qui t'entourent. » Il arqua un sourcil, même si son sourire indiquait complètement qu'il n'était pas vexé pour un sous. « Mon caractère de cochon ? » Insista-t-il mais pas pour les raisons que Eden pourraient croire. Il n'aurait pas qualifié son caractère de cochon mais il aurait été bien plus sévère avec lui-même à vrai dire. Il était parfois totalement imbuvable et irritable, complètement obsédé par l'autorité et incapable d'user de formules de politesse normales, il avait pire qu'un caractère de cochon à ses yeux. « C'est pas tous les jours quelque chose dont je me vante, ça se retourne contre moi la plupart du temps. » Ajouta-t-il en désignant la porte de la chambre d'un mouvement de tête avant de désigner Eden elle-même. Elle était devenue têtue, presque autant que lui et c'était quelque chose qui jouait en sa défaveur lors de leurs disputes. Et il en allait de même avec Liadan.

En expliquant la raison de la visite de la sœur Carrow, Daley sentit Eden se renfrogner sur elle-même et il fronça les sourcils en devinant la raison de son mécontentement. Il ressera légèrement sa prise sur sa nuque pour avoir son attention. « Tu as bien fait de venir. » Dit-il simplement parce qu'il savait parfaitement ce qu'elle ressentait et ce à quoi elle pensait en cet instant. Il lui suffisait donc de la rassurer parce qu'il préférait la savoir là qu'à se disputer avec Sam ou à subir la colère de l'adolescent. Rien que pour lui, il allait peut-être modifier son programme du lendemain pour pouvoir le ridiculiser à nouveau en cours. Il fallait qu'il y réfléchisse. Mais d'abord, il fallait trouver une solution pour que tous puissent dormir dans les appartements de Daley ce soir. Et au sourire de la jeune femme, il devina qu'elle allait finir par le contredire. « Liadan ne va sans doute pas apprécier que je dorme avec elle, c'est vrai, elle me connait à peine. Et je suis totalement capable de dormir sur le canapé. Je ne suis pas en sucre. » Daley leva légèrement les yeux au ciel, comme pour réfléchir mais lorsqu'il répondit, il plongea son regard dans le sien, et presque aussi naturellement qu'il lui caressait le cou de ses doigts, il ne put s'empêcher de répondre. « Je n'avais pas ouvert la discussion au débat. » L'informa-t-il d'une voix légèrement plus autoritaire, parce qu'il n'était pas lui-même s'il ne tentait pas d'imposer sa volonté sans discussion possible. Elle dormirait avec Eden et elle n'avait pas besoin d'argumenter parce qu'il ne changerait pas d'avis sur ce point. Et pour lui, il était inutile d'exposer son point de vue à ce niveau-là. Son caractère de cochon, probablement.

Après avoir réceptionné sa fille à la sortie de la douche, une nouvelle partie d'échec s'engagea et il ne fut pas invité à y participer, il fut même presque violement interdit de jouer. Il sourit largement avant de glisser ses doigts dans le dos de la jeune brune qui s'apprêtait à affronter sa fille, non sans lui avoir donné quelques instructions au passage. « Arrête de lui dire ce qu'il faut faire. C'est pas du jeu ! » Daley arqua un sourcil, feignant une innocence qui ne réussit pourtant pas à attendrit sa fille et il ouvrit la bouche mais il fut pris de cours par Eden. « Ne boude pas, Liadan. Promis, je n'écoute plus rien de ce qu'il va me dire d'accord ? » Il tourna la tête vers elle et il garda une expression de surprise avant que son regard ne se tourne à nouveau vers Liadan qui semblait trouver le compromis à son goût, malgré l'air boudeur qu'elle affichait toujours. Elle le perdit bien vite en constatant qu'elle battait de nouveau Eden, malgré les tentatives de Daley de lui indiquer ce qu'elle devait faire. Il n'avait pas mis ses doigts dans son dos dans une raison précise. Il essayait de la guider mais n'y parvenait absolument pas et la petite fille ressortit victorieuse du jeu. Entre temps, Daley avait croisé ses jambes, posant sa cheville droite sur son genoux gauche et s'affalant légèrement dans le canapé. Lorsqu'il vit Liadan se précipiter sur le canapé, il se redressa légèrement mais suspendit son geste en la voyant grimper sur Eden. Il fronça légèrement les sourcils en sentant son cœur réagir à ce simple geste. « Elle est où ta chambre ? Il est tard, tu sais. Tu restes là cette nuit ? » Il vint immédiatement à la rescousse en répondant directement à sa fille. « Tu as raison jeune fille, il est tard et tu vas aller au lit. Eden dormira avec toi ce soir. » La petite tourna immédiatement la tête vers son père avant de porter son attention vers Eden puis de nouveau vers lui. « Et toi, tu dors où ? » Elle semblait accrochée à Eden, comme si elle n'avait pas l'intention de la lâcher et même lorsqu'il tendit une main vers elle, elle ne bougea pas. « Je dormirais sur le canapé. » Daley fut quand même soulagé de voir une moue boudeuse sur le visage de sa fille, il avait presque l'impression d'avoir été remplacé très vite. Mais il savait ce que la figure féminine signifiait pour Liadan, cela lui manquait terriblement et s'il s'était attaché à Eden, il y avait bien une raison. « Ohhh comme ça, on pourra parler comme quand Léa vient à la maison ! » Affirma immédiatement la petite fille avant de se lever des genoux de la brune pour se précipiter vers lui et investir ses bras à nouveau. Il leva légèrement les yeux au ciel et elle fit un signe de la main à Eden, semblant croire que lorsque la jeune femme irait se coucher, elle ne dormirait pas déjà à points fermés. Il fit un léger signe de la tête à Eden pour lui signifier qu'il revenait et se rendit dans sa chambre pour mettre sa fille au lit. Il rabattit la couverture sur son corps pour ensuite se pencher et l'embrasser sur le front. La petite fille vint immédiatement entourer son cou de ses petits bras pour lui murmurer à l'oreille combien elle aimait déjà Eden. Il sourit en l'embrassant à nouveau et la laissa se reposer. Il referma la porte de la chambre derrière lui et vint rejoindre immédiatement Eden sur le canapé, en profitant pour l'embrasser rapidement, ce qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de faire. « Je ne savais pas que tu étais un cas aussi désespéré aux échecs. » Souligna-t-il d'un air moqueur en s'installant sur le canapé pour profiter un peu du reste de la soirée avec la jeune femme avant qu'ils n'aillent se coucher.

Toutes les cachotteries et toutes les disputes semblaient être effacées de notre mémoire, pour pouvoir savourer ce moment. Je n'étais pas mécontente de me laisser aller après cette journée. Et malgré, ce que j'avais pu croire, rencontrer la fille de Daley n'avait été si effrayant que cela. En effet, la fillette m'avait mise à l'aise dés le premier instant, même si elle ne m'avait laisser aucunes chances de la battre aux échecs. Alors que cette dernière était à la douche sous les ordres de Daley, nous nous retrouvions tous les deux sur le canapé. Il fit son mystérieux, et je le questionnais pour l'inciter à parler, un peu plus. Il tourna la tête vers moi, descendant ses doigts sur ma nuque, la massant doucement. Je lâchais un soupir de contentement en l'écoutant. « Tu ne triches pas, tu joues comme tu es dans la vie, tu ne mens pas, tu ne cherches pas la meilleure stratégie pour faire tomber l'autre. Tu joues avec ton cœur. », déclara t-il presque naturellement. N'importe qui aurait pu croire qu'il parlait souvent avec son coeur et qu'il savait complimenter les personnes. Cependant, je n'étais pas dupe et je savais que ses compliments n'étaient pas dit à la légère. Un sourire vint illuminer mon visage et je ne l'interrompais pas. « Tu n'essayes même pas de la faire gagner pour lui faire plaisir et ça, elle le sent également », continua t-il, et je passais une main sur sa joue, juste pour le remercier de tels compliments. Et alors, je lui demandais de m'apprendre à jouer aux échecs pour pouvoir battre Liadan, il s'avéra qu'elle avait le même caractère que son père, ce qui ne m'étonna pas le moins du monde, mais qui me fit plutôt rire. « Mon caractère de cochon ? », insista t-il, et je savais bien que je ne l'avais pas vexé, en regardant son sourire. « C'est pas tous les jours quelque chose dont je me vante, ça se retourne contre moi la plupart du temps. », dit-il en désignant du mouvement de tête, la porte de la chambre puis me désignant moi. Je savais ce qu'il entendait par là. Il avait déteint sur sa fille, entre autres, mais sur moi aussi. J'étais devenue une tête de mule, aussi têtue que lui, ce qui était assez difficile à supporter lorsque nous étions en pleine dispute.

Je me renfrognais alors qu'il me disait que c'était la soeur Carrow qui lui avait rendu visite dans son bureau. Comme si il lisait dans mes pensées, il resserra ses doigts sur ma nuque, sans me faire mal, juste pour me faire comprendre, qu'il ne fallait pas que je pense ainsi. « Tu as bien fait de venir. », dit-il en me regardant dans les yeux et je hochais la tête, je n'avais pas envie de commencer à argumenter. Pourtant, je le contredisais pour le fait de savoir qui coucherait où ce soir. Il leva les yeux au ciel, avant de replonger ses prunelles dans les miennes, caressant toujours mon cou de ses doigts. « Je n'avais pas ouvert la discussion au débat. », déclara t-il et ce fut à mon tour de lever les yeux au ciel, mais je savais qu'il n'y avait pas d'issue possible. Il en avait décider ainsi et pas autrement.

Liadan ne tarda pas à revenir dans le salon, vêtue de son pyjama, son père sur les talons. La partie se déroula presque comme la première, la seule différence était que Daley avait ses doigts dans mon dos, et essayais de me guider comme il le pouvait. Mais Liadan ne fit qu'une bouchée de moi, une nouvelle fois. Elle vint ensuite se loger sur mes genoux, m'interrogeant avec curiosité. Par chance, ce fut Daley qui lui répondit. « Tu as raison jeune fille, il est tard et tu vas aller au lit. Eden dormira avec toi ce soir. », déclara t-il, et la petite tourna la tête vers lui. « Et toi, tu dors où ? », lui demanda t-elle. « Je dormirais sur le canapé. », lui répondit-il et la petite commença à prendre une mine boudeuse. Et je me retenais de dire à Daley que j'avais raison et que Liadan serait beaucoup mieux avec son père qu'avec une parfaite inconnue. « Ohhh comme ça, on pourra parler comme quand Léa vient à la maison ! », s'extasia la petite, et je devinais que Léa devait être une de ses amies. Elle quitta alors mes genoux pour aller se bottir dans les bras de son père. Elle me fit une signe de la main en partant se coucher et je lui souris. « Bonne nuit Liadan. », dis-je simplement. Daley ne tarda pas à revenir, ses lèvres effleurérent les miennes et je fus heureuse d'être enfin un peu seule avec lui. « Je ne savais pas que tu étais un cas aussi désespéré aux échecs. », souligna t-il et je lui donnais un lèger coup de poing dans l'épaule en signe de mécontentement avant de déposer ma tête au creux de son cou. « Je te l'avais bien dit !», répondis-je, en souriant un peu. La fin de soirée resta tranquille, et nous avons fini par aller nous coucher. La petite Liadan ne bougea pas d'un iota lorsque je soulevais les couvertures pour m'installer dans le lit. Je trouvais le sommeil assez vite, à mon plus grand plaisir.

THE END