Allongée sur les couvertures de son lit, le crâne reposant sur un oreiller, Isolde observait le plafond de sa chambre. De lourds cernes bleutés soulignaient ses paupières inférieures et, à cette heure avancée de la journée, la fatigue se faisait déjà cruellement sentir. Sa mère devait être rentrée et son père – elle battit des cils – passait toutes ses journées au Ministère. Lorsqu’il n’y était pas, il se réfugiait dans son bureau. Le manoir des Hackett était silencieux, ses nombreux couloirs ne connaissaient que l’activité constante des elfes de maison. La présence de Shae-Layne lui manquait. Doucement, la jeune femme se redressa sur ses avant-bras, portant son regard visiblement exténué sur la fenêtre qui laissait filtrer les derniers rayons lumineux. Il lui restait un peu moins de deux semaines avant la prochaine pleine lune. Elle parvenait à ressentir la fermeté des chaînes autour de ses poignets, de ses chevilles, de sa taille, de son cou. Un long frisson parcourut sa colonne vertébrale. Elle roula sur le flanc gauche et posa ses pieds nus sur le plancher glacé. Un léger craquement se fit entendre alors qu’elle déplia son corps gainé de tissu bleuté et se mit debout. Ses boucles blondes tombaient en cascade sur ses épaules. En geste, elle les ramena en un chignon désordonné. Elle posa sa paume sur le bouton de la porte et fit pivoter le battant boisé dans son chambranle. Elle fit passer sa figure chafouine dans la fine ouverte, zieutant attentivement les moindres recoins du couloir. Elle n’avait qu’à faire deux pas pour accéder à la chambre de ses parents mais quelque chose – un petit rien, sans aucun doute – la retenait. Depuis quelques mois, sa mère n’était plus exactement la même et ce, malgré les nombreux efforts dont elle usait pour dissimuler cette mélancolie grandissante qui semblait parfois l’ébranler. Pour Isolde, c’était très déstabilisant. Et elle était persuadée que les forces de sa mère s’amoindrissaient à cause de la distance qui la séparait dorénavant de son époux. La cracmolle n’était pas aveugle. Son optimisme l’intimait toutefois à espérer un arrangement, rapide et sensible, de la situation. Peut-être se méprenait-elle sur le comportement pour le moins inhabituel de sa mère, mais son intuition lui soufflait qu’elle n’avait pas tort. En réalité, cela l’aurait arrangée d’avoir raison car, à ses yeux, la profonde affection qui autrefois liait Shae à Silas pouvait aisément être rétablie. Sa naïveté, relativement attendrissante, frisait pourtant l’idéalisme. Elle n’arrivait pas à discerner les problèmes qui comblaient les fondations du mariage de ses parents. Se rendre à l’évidence, cette triste évidence qui l’effrayait, aurait poussé Isolde dans ses derniers retranchements. Elle détestait ne pas être dans la confidence mais elle aurait souffert de tout savoir, de tout connaître. Tout. Les terribles desseins que son père projetait de lui faire accomplir, l’adultère, la trahison de Shae et la perte de son seul amour. Isolde ne savait pas que c’était à cause d’elle si sa mère se morfondait seule, dans la fraîcheur de sa chambre, que c’était parce qu’elle était ce qu’elle était. A savoir une malheureuse moldue utilisée par son père adoptif comme moyen de pression. Elle n’en avait nulle idée, pas la moindre. Lorsqu’elle le saurait, Silas subirait les foudres de sa colère mais pas seulement – Shae serait assurément aussi coupable que lui. Ne faisait-elle pas partie des mangemorts ? Si son mari était mauvais, l’était-elle aussi – autant – sinon pire ? Replaçant fébrilement une mèche de ses cheveux dorés derrière son oreille, Isolde esquissa deux petits pas dans le couloir. Le fin cliquetis de la porte résonna derrière elle. En quelques rapides enjambées, elle se retrouva devant la porte de la chambre de ses parents. Le poing serré et levé, elle s’apprêtait à signaler sa présence avant de se raviser. Il n’y avait aucun bruit. Rien ni personne n’était susceptible de lui faire dire que sa mère était véritablement présente.
Si on lui avait donné le choix, elle aurait exploré les autres pièces du manoir, elle aurait interrogé les elfes. Elle posa doucement ses phalanges sur la poignée, qu’elle n’hésita pas bien longtemps avant d’abaisser, et donna un coup d’épaule à la porte. Celle-ci ne grinça qu’à peine. Elle passa sa tête dans l’encadrement, son regard vif furetant dans toute la pièce. L’azur de ses iris rencontra alors la silhouette de Shae, postée non loin de la fenêtre. Isolde était trop loin pour remarquer les larmes qui roulaient le long de ses joues pâles mais, à en juger par les soubresauts qui secouaient sa poitrine, sa mère pleurait. Son cœur se serra de manière telle qu’elle en eut la nausée. Sa mère ne pouvait pas pleurer. Même lorsqu’elle avait été mordue par un loup-garou, huit ans auparavant, Shae n’avait pas versé la moindre larme. Elle avait cependant contrôlé la situation d’une main de maître. Sa mère ne se laissait jamais dépassée par ses émotions ; c’était une femme incroyablement forte qui jugeait les regrets stériles et désobligeants. Isolde ne comprit pas immédiatement l’étrange sensation de trahison qui meurtrissait son palpitant mais, en y réfléchissant, cela ne l’étonna guère. Les grandes filles ne pleurent pas. Ses dents mordillèrent brièvement sa lèvre inférieure alors qu’elle était tentée de faire marche-arrière et de réintégrer sa chambre au plus vite. Elle ne voulait pas briser le mythe qui englobait le personnage qu’était sa mère. Mais voilà, elle grandissait – Shae n’était pas la créature parfaite qu’elle avait tant idéalisée et à qui elle rêvait de ressembler. Elle devait panser ses propres blessures, affronter ses démons et surmonter un nombre incalculable de problèmes dont Isolde ne comprenait pas encore l’ampleur. Sa mère était forte, incroyablement puissante, mais les cicatrices qui marquaient son âme étaient indélébiles. Doucement, la jeune fille se glissa dans la pièce et claqua la porte derrière elle. Elle signalait ainsi sa présence à la principale intéressée. Si elle désirait lui cacher ses pleurs, Isolde ne lui en voudrait pas – au contraire, elle la comprendrait et sa gêne se ferait sûrement moindre. Entrouvrant les lèvres, un léger soupir s’y échappa. Timidement, Isolde avança d’un pas vers Shae, refoulant l’envie mordante de se précipiter vers elle et de se jeter dans ses bras. Seule sa mère savait de quelle manière la consoler et apaiser ses maux. A vingt ans, la jeune fille pouvait avoir toute l’indépendance qu’elle souhaitait mais, rien à faire, elle préférait se cacher dans les jupes de sa supposée génitrice. « Maman ? » commença-t-elle. Sa voix, habituellement douce, était étrangement éraillée. « …Maman ? Tout va bien ? » demanda-t-elle bien inutilement. Elle ne se rendit pas immédiatement compte de l’idiotie de sa question. Non. Evidemment, non, tout n’allait pas bien. Les joues rougies de sa mère en témoignaient. Une seconde, un pas. Lentement, Isolde quitta son repaire – qui se situait non loin de la porte – et s’approcha timidement de Shae. Elle s’immobilisa près du lit, ne sachant pas s’il était préférable de tourner les talons ou bien de s’installer aux côtés de son interlocutrice. Sagement, les mains jointes au niveau de son ventre, elle se tint tranquille. Son regard doux scrutait les traits du visage de sa mère et, à nouveau, elle eut l’impression de basculer dans un bain d’acide.
Arabella Fleming
ADMIN ❖ we are the champions
≡ ton pseudo : sweet poison (anaïs).
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≡ date d'arrivée : 27/03/2013
≡ tes points : 185 points.
≡ ta disponibilité rp : free.
≡ ton avatar : sophie turner.
≡ tes crédits : jukebox joints (avatar).
≡ âge du perso : dix-sept ans.
≡ amoureusement : fiancée, contre sa volonté.
≡ son emploi : étudiante, 7ième année à poudlard.
≡ statut de sang : sang-pur.
≡ sa maison : poufsouffle.
≡ niveau d'études : 7ième année, elle a déjà 7 buses.
≡ sa baguette : bois de noyer. Elle mesure 20,5 cm et contient une plume de phénix.
≡ son patronus : un panda roux.
≡ son amortencia : l'odeur de la cire à polir les balais, de l'herbre fraichement coupée et cette délicieuse odeur qui caractérise la grande salle de poudlard lors des repas.
Sujet: Re: a rush of blood to the head. (shae-layne) Ven 19 Avr - 18:35
“ a rush of blood to the head ”
hold me now 'til the fear is leaving. i am barely breathing, crying out these tired wings are falling.
« Je dois retourner bosser. » Son énième verre de vin en main, Shae-Layne leva les yeux vers la pendule accrochée contre le mur de la pièce. Il était tard. Trop tard pour aller bosser. Elle laissa échapper un soupire sans même essayer de rattraper son mari. Qu’il aille faire ce qu’il voulait, elle n’en avait que faire. Quelques mois plus tôt, elle aurait profité de cette absence pour retrouver Aodhan ou lui demandé de la rejoindre. Mais cette époque était belle et bien terminée où qu’il puisse être, il n’avait certainement pas envie de la revoir. Elle l’avait trahi alors qu’il avait du lui faire confiance. Suffisamment pour qu’elle ait connaissance de sa position dans l’ordre du phénix. Il n’aurait jamais du la prévenir, il n’en serait pas là aujourd’hui et pour l’importance que ça avait pour elle, elle aurait pu se passer de l’information. Dans un nouveau soupire, elle se leva du fauteuil dans lequel elle était assise depuis de nombreuses minutes, prenant soin de remplir à nouveau son verre, à croire que le vin était l’une des rares choses qui lui restait dans sa vie et qu’ainsi elle se permettait d’en profiter avant que Silas n’arrive à l’en priver aussi. Il en serait capable après tout, elle avait souvent l’impression qu’il essayait de lui prendre chacune des choses pouvant la rendre heureuse. À commencé par Aodhan. Il était celui qu’elle avait toujours aimé. Depuis Poudlard et même si ce n’était pas facile à admettre, ça faisait des années et des années que le château était derrière elle. Même dans les instants où à force de se forcer, elle s’était crue capable d’aimer Silas, l’ombre de son ancien amour avait plané sur son couple. Il avait été là. L’ami fidèle, toujours près d’elle et pourtant si loin. Il continuait sa vie, ses histoires d’amour pendant qu’elle, elle essayait de construire quelque chose avec un mari qu’on avait choisi pour elle. Elle n’avait jamais voulu épouser Silas, mais elle était une fille Fleming, elle n’avait pas le choix. Elle avait bien l’impression que ses parents avaient cherché à se débarrasser d’elle, à la minute même où elle avait quitté Poudlard. C’est ce qu’ils avaient fait. La mariant au premier venu en leur souhaitant d’avoir plein de bébé dont elle s’occuperait bien sagement et qui lui prendrait suffisamment de temps pour pas qu’elle ait besoin de revenir un jour vers eux, prise par l’ennuie. Comble de la malchance, elle n’était jamais tombée enceinte et d’après Silas, le problème venait d’elle. Il y avait quand même eu une époque où il l’avait comprise, il avait essayé de l’aider en lui ramenant la petite Isolde. Petite fille orpheline dont Shae-Layne s’était toujours occupée comme s’il s’agissait de sa propre fille. Evidemment, une enfant – moldue à l’origne – cracmolle, au sang – prétendu – Fleming-Hackett, ça avait rapidement été très mal vue de la part des autres membres de la famille. De Isolde ou encore ‘ta fille’ elle était passée à ‘ta cracmolle’ expression qui avait bien vite sonné comme une insulte aux oreilles de Shae-Layne, comme à celles de Silas, et rapidement, tout ce qu’elle avait pensé avoir construit un jour avec Silas s’était envolé en fumée. Jamais elle n’avait reçu de lettre de Poudlard, jamais elle n’avait montré le moindre petit signe de magie. Ça n’avait pas d’importance aux yeux de Shae-Layne. La magie ressemblait bien souvent à du poison. Pratique, admirable, magnifique mais destructrice. Il n’y avait qu’à posé à cette nouvelle guerre qui faisait rage pour le comprendre. Isolde ne perdait rien, si ce n’était l’amour de son père et du reste de sa famille, ce qui, aux yeux de Shae-Layne, ne représentait qu’un détail. L’estime qu’elle avait pour son mari comme pour le reste de sa famille était bien basse. Au moins, le statut de cracmolle d’Isolde lui évitait qu’on lui trouve un mari comme on l’avait fait pour elle. Personne ne voulait voir son fils épouser une cracmolle. Tant mieux. Shae-Layne n’avait pas envie de voir sa fille donnée à un homme comme le prix d’une tombola, comme ses parents l’avaient fait avec elle. Avançant lentement dans le salon, la sorcière s’arrêta près du calendrier lunaire accroché au mur depuis bien des années. Parce qu’il fallait que le malheur s’acharne sur elle, Isolde avait été mordue par un loup-garou. Elle termina rapidement son verre avant de le poser sur le premier meuble à portée de main. La prochaine pleine lune serait là dans quelques semaines. Shae n’avait plus qu’à prier pour que son mari ne décide pas d’envoyer des chasseurs aux trousses de leur fille.
Dans un nouveau soupire elle quitta la pièce gravissant les marches de l’escalier pour aller rejoindre sa chambre. La même chambre froide et vide qu’elle connaissait depuis trop longtemps déjà. Assise sur le bord du lit elle regrettait la chaleur des bras d’Aodhan dans lesquels elle s’était souvent retrouvée. Sa présence avait toujours été un véritable réconfort pour elle et elle l’avait trahi. Pour la bonne cause d’après elle, mais ça n’effaçait en rien la culpabilité qu’elle ressentait vis-à-vis du sorcier. Celui qui était l’homme de sa vie, même si, de toute évidence, ce n’était pas lui qui avait passé une alliance à son doigt. Elle était sûre que si elle était devenue Madame Crowley plutôt que Hackett, sa vie aurait été moins morose. La seule chose qu’elle n’aurait pas eu et la seule chose qu’elle ne pouvait pas sacrifier, même au profit du plus grand bonheur possible inimaginable, c’était Isolde. Le cœur lourd, elle se leva de son lit pour s’accroupir au dessus de quelques planches de parquet qu’elle tapota rapidement à l’aide de sa baguette, ses dernières s’ouvrant aussitôt. Elle en retira une boite, vestige des souvenirs qu’elle gardait de Poudlard, de très vieux souvenir puisque ça faisait déjà vingt-trois ans qu’elle n’avait plus remis les pieds dans l’école de sorcellerie. Elle n’avait gardé que très peu de chose de cette époque où, ouvertement elle pouvait se lover dans les bras d’Aodhan. Sa relation avec le sorcier n’avait jamais été secrète, juste vouée à l’échec. À l’aide de sa baguette, elle remit en place les planches de parquet avant de s’asseoir sur un fauteuil non loin de la fenêtre à travers laquelle passaient les rayons de la lune. D’un nouveau mouvement de baguette elle alluma les bougies de la pièce, y apportant ainsi un éclairage bien plus important. Rapidement elle se replongea dans ses vieux souvenirs, à travers les lettres qu’elle avait reçues du sorcier, les mots qu’il lui avait glissés en plein cours, quelques bijoux qu’il lui avait offert au fil des anniversaires, des noëls, des saint-valentins, qu’elle avait pu passer avec lui. A chacun des objets qui étaient dans cette boite, elle pouvait attribuer un souvenir très précis, gravé dans sa mémoire à jamais. Cette époque où, tout semblait plus simple, tout semblait plus beau. Bien-sûr, il arrivait à Silas de lui offrir des cadeaux. Des trucs souvent très beaux et possédant une grande valeur, mais ils n’étaient rien en comparaison des babioles qu’elle avait reçu d’Aodhan. Elle n’avait jamais été le genre de femme qu’il suffisait de couvrir d’or et de bijoux pour qu’elle soit satisfaite et heureuse. En définitive, jamais Silas ne lui avait apporté un tiers du bonheur qu’avait du lui apporté Aodhan, à Poudlard ou bien ses dernières années quand elle avait enfin retrouvé son amour. Elle l’avait perdu à nouveau, livré entre les doigts malsain de Silas et elle ignorait s’il était eu moins encore vivant, mais elle savait qu’entre deux, c’était fini à jamais. Cette pensée lui arracha une larme et bien vite plusieurs coulèrent sur ses joues. Elle était seule, elle pouvait se permettre de pleurer. Sans doute qu’elle en avait besoin, à force de trop endossé comme si de rien n’était, comme si elle était la femme forte et résistante à toute épreuve qu’elle se plaisait à montrer. C’était ainsi qu’elle avait été élevée, il fallait qu’elle soit forte et fière envers et contre tout comme le voulait le sang Fleming qui coulait dans ses veines. La porte de sa chambre qui claqua la ramena bien rapidement sur terre. Elle n’était plus seule. Elle avait sursauté et dans un reflexe débile elle avait rapidement attrapé sa baguette. Elle laissa tomber cette dernière d’un geste tremblant alors qu’elle reconnaissait sa fille, elle ne fit plus attention à sa baguette, ne remarquant presque pas qu’elle avait glissé et roulé sur le sol. Ça n’avait pas d’importance. D’un geste rapide, elle passa ses mains sur ses joues, effaçant ainsi ses larmes, avant d’adresser un sourire à sa fille, ses deux mains ayant rejoint le couvercle de sa boite à souvenir pour la refermer bien fermement. Isolde n’avait pas à connaitre les trop nombreux secrets qui planaient sur le couple que formait ses parents. « Oui, ça va. C’est rien. » Ce n’était pas rien. C’était la lamentable impression que toute l’histoire de sa vie se résumait à de trop nombreux échecs qui la plongeait aujourd’hui dans une solitude dont elle ne pouvait plus sortir. Mais Isolde ne saurait pas. Elle était une jeune femme idéaliste. Elle croyait en l’amour entre ses deux parents, cette comédie qu’ils montraient au reste du monde mais que tout deux savaient complètement fausse. « Et toi ? Tout va bien ? » Elle continuait de lui sourire avec tendresse, ignorant ses joues encore humides et ses yeux bouffies par ses larmes, elle ne pleurait pas en public, même s’il ne s’agissait que de sa fille.
a rush of blood to the head. (shae-layne)
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