how does it feel to be so alone ? (thaddeus&rosalind)
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Sujet: how does it feel to be so alone ? (thaddeus&rosalind) Lun 18 Mar - 21:50
how does it feel to be so alone ?
9.02 p.m « Tom, un thé s'il-vous plaît ». Et comme par magie, une tasse fumante apparut devant la jeune femme. Assise à une table, dans un coin isolé, elle parcourait la salle du regard. Une salle presque déserte. L'animation d'autrefois lui manquait ; elle se souvenait avec nostalgie de ces fameuses soirées, plus qu'arrosées, avec les commerçants du Chemin de Traverse. Ceux qui n'avaient pas été tués avaient fui il y a de ça quelques années ... Ou n'était-ce que quelques mois ? Les jours se suivaient et se ressemblaient ; une rue vide de monde, sinistre, telle une seconde Allée des Embrumes. Quelques sorciers courageux s'y hasardaient, mais n'y restaient jamais bien longtemps ; leurs achats étaient contrôlés, leurs moindres faits et gestes analysés et parfois, certains manquaient de se faire coincer par quelque serviteur du mage noir. Tous les soirs, ils la guettaient lorsqu'elle rentrait chez elle, après son traditionnel passage par le Chaudron Baveur, ne serait-ce que pour remonter le moral de Tom, dont les journées étaient bien tristes. Ils la guettaient et leurs rires rauques la suivaient jusque dans son appartement. Elle ne se considérait pas comme frêle et fragile, mais l'attitude de ces Mangemorts ne faisait que la conforter dans l'opinion qu'elle avait d'eux. La guerre l'avait rendue paranoïaque. Complètement. Elle ne se sentait en sécurité que lorsqu'elle retrouvait le calme et le confort du château familial. Là, la jeune femme se réfugiait dans la bibliothèque ou dans la serre, et oubliait presque l'existence de Voldemort. Dans ses moments de faiblesse, elle se disait qu'elle pourrait partir, changer de vie, construire une famille. Puis sa mauvaise conscience l'emportait et elle se sentait coupable d'avoir eu ne serait-ce que la vague idée de fuir. Son rôle insignifiant au sein de l'Ordre du Phénix ne faisait qu'accentuer le sentiment de lassitude qui l'habitait depuis maintenant quelques semaines. La Rosalind guillerette et sûre d'elle n'était plus qu'un lointain souvenir — avait-elle réellement existé ? Elle tentait par tous les moyens de se rendre utile. Lorsque les clients se faisaient rare, elle s'efforçait de remettre un peu d'ordre dans les décombres des autres boutiques, elle s'affairait dans son laboratoire, sans but précis, juste histoire de faire quelque chose de ses dix doigts. Il lui arrivait de se rendre à Londres, mais l'insouciance des Moldus la déprimait d'autant plus. Comment pouvaient-ils rire aussi facilement, alors que de l'autre côté du mur, des hommes et des femmes mouraient, un peu plus chaque heure.
Ce jour-là, Rosalind était particulièrement découragée. Elle n'avait pas entendu parler de l'Ordre du Phénix depuis 3 jours et les nouvelles ne filtraient plus. Impossible de savoir ce qui se passait. Elle tournait en rond comme une folle dans son appartement et s'énervait contre ses employés, de plus en plus étonnés du comportement de la gérante d'Asphodel & co. Les pensées se bousculaient dans sa tête ; elle buvait son thé gorgée par gorgée, lentement, le savourant autant qu'elle le pouvait. Si les lieux n'étaient pas des plus propres, elle pouvait compter sur Tom pour lui procurer le meilleur des breuvages. Il ajoutait un ingrédient secret dont elle ne connaissait pas la nature ... Et elle n'était pas sûre vouloir le savoir un jour. Après avoir passé un coup de chiffon sur le comptoir et avoir rangé quelques chaises, il vint s'asseoir en face de la jeune femme, comme à son habitude. Ses cheveux roux retombaient sur ses épaules et contrastaient avec le noir de sa robe. Quelques clients discutaient à l'autre bout de la pièce principale, mais aucun signe d'un quelconque Mangemort. Ils pouvaient discuter sans crainte. « Des nouvelles, mademoiselle ? De ... Vous savez quoi ? » Un coup au cœur. Si seulement elle avait eu des nouvelles. « Pas depuis hier ». La déception se lut sur le visage du vieil homme. Il posait la même question depuis 3 jours et depuis 3 jours, il recevait la même réponse. Rosalind posa la main sur son bras ; malgré son humeur maussade, elle s'efforçait de faire bonne figure. « Je suis sûre qu'ils vont bien, ne vous en faîtes pas. Vous savez bien que mon rôle n'est que mineur. S'ils ne requièrent pas mes services, c'est plutôt bon signe, n'est-ce pas ? Pas même une égratignure à soigner ! » « Vous avez sûrement raison, mademoiselle, vous avez sûrement raison ... ». Le silence se fit. Aucun des deux n'osait parler. Ils restèrent ainsi quelques minutes. Les clients partaient un à un, certains vers Londres, d'autres vers le Chemin de Traverse. « Tom, vous pourriez quitter cet endroit, vous le savez. » « Je le sais. Mais, vous comprenez ... » Elle hocha la tête. Ce pub était un lieu historique, il avait vu tant de choses, survécu à tant de choses ; c'était aussi une passerelle entre deux mondes pas si différents que cela. Tom parti, il revenait aux mains des Mangemorts : la chose demeurait inenvisageable. « Prenez au moins un peu de repos. Je peux m'occuper du Chaudron, je peux ... » « Mademoiselle, je préfèrerais vous voir sauver des vies que rester enfermée ici ». Elle réussit à esquisser un sourire. Une dernière gorgée de thé et la tasse est vide. Le moment est venu de se quitter. Tom se lève et retourne derrière son comptoir. Rosalind regarde une dernière fois autour d'elle. Ou plutôt, comme si c'était la dernière fois qu'elle venait dans le pub. Au moment où ses yeux se posaient sur la sonnette au-dessus de la porte, celle-ci tintât.
Un nouveau client. À cette heure-ci ? Elle jeta un œil à l'horloge : 21h30. Ses sourcils se froncèrent et, instinctivement, elle alla chercher sa baguette dans la poche de son manteau. L'homme fit un pas en avant et la porte se referma d'un coup sec. Rosalind ne voyait pas son visage, encore plongé dans l'ombre, mais la silhouette lui rappelait quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Cela faisait si longtemps, sa mémoire devait lui jouer quelques tours. Il s'avança et s'installa au bar ; une flamme éclaira un instant ses traits et le cœur de la jeune femme s'arrêta de battre. Lui ? Ici ?! Le regard perdu dans le vide, la baguette toujours dans la main, elle ne savait que faire. Une voix lui disait de faire profil bas — certainement la voix de la raison. Une autre voix lui disait de l'attraper par le col et de lui faire la leçon, comme à un enfant de 10 ans qui aurait fait une vilaine bêtise. La première réaction était digne d'une lâche, la seconde digne d'une mère — et, malgré ses quelques années de plus, elle n'avait certainement pas l'âge d'être sa mère. La sorcière respira un grand coup et, déterminée, se leva, marcha d'un pas décidé jusqu'au bar, et s'assit non loin de lui, maintenant tout de même 2 sièges de distance, « au cas où ». « Un autre thé, Tom, s'il-te-plaît ». Il lui lança un regard qui devait signifier « fuyez tant qu'il en est encore temps », mais elle l'ignora. L'occasion était trop belle : ce n'était pas tous les jours que l'on pouvait remettre une âme perdue sur le droit chemin, non ? « Thaddeus, n'est-ce pas ? » Elle se tourna légèrement vers lui, un sourire sur le visage. Le jeu pouvait commencer.”
Sujet: Re: how does it feel to be so alone ? (thaddeus&rosalind) Sam 30 Mar - 17:10
a reason to start over new
« I'm not a perfect person there's many things I wish I didn't do. »
D’un coup d’épaule, Thaddeus Appleby poussa le battant de bois de son encadrement. Il ne s’aventurait que très rarement au Chaudron Baveur, préférant la douceur réconfortante de son domicile. Mais ce soir-là, alors que son regard bleuté s’était délecté des flammes orangées qui dansaient dans l’âtre de sa cheminée des heures durant, il s’était rendu compte que son envie de sortir, de sentir le vent frais caresser son visage, s’était intensifiée. Le fait d’avoir tué les parents de Tracey le rendait morose, lui faisant ressentir de lourds sentiments de culpabilité. Il ne portait pas le blâme de leur mort – s’il ne les avait pas assassinés, un autre mangemort s’en serait volontiers chargé – mais il regrettait d’avoir brisé une famille. Des regrets moindres comparés à d’autres mais qui avaient toutefois eu raison de sa motivation. Depuis près de sept jours, il se complaisait dans la solitude de son habitat, n’ayant cure des mangemorts qui se présentaient à sa porte. Ils pensaient que son comportement, pour le moins inhabituel, découlait du meurtre de son père. Majoritairement, ils respectaient son silence buté – sauf Oreste qui, inlassablement, revenait à la charge. Etouffant un soupir blasé, Thaddeus marmonna le nom de son elfe de maison qui apparut aussitôt à ses côtés. Adoptant une voix cruellement basse et éraillée, il lui recommanda de surveiller le feu puisque le Maître sortait un moment. La créature s’égosilla, se confondant en petits cris d’approbation – ce qui ne tarda pas à agacer le mangemort qui, sans souffler mot, se leva. Se postant non loin de la porte d’entrée, il enfila son long manteau noir et passa le seuil de sa maison. Il était encore susceptible de percevoir les élans nerveux de son elfe de maison. Ses doigts tremblants réajustèrent le col de son vêtement afin de se protéger de la bourrasque glacée qui le frappa de plein fouet. Quelques minutes plus tard, il s’était présenté devant le pub. Il voulait ressentir l’ivresse, il voulait oublier. Il avait vaguement conscience de se transformer en épave dès qu’il franchissait la limite fragile qui le séparait d’un bar ; plusieurs fois, depuis la disparition tragique de son père (dont il était le seul coupable), il s’était surpris à boire plus que de raison. Il n’en était pas au point où il glissait une flasque de whisky dans la doublure de sa veste mais la tentation était présente, profondément ancrée dans chaque parcelle de son corps. Les rares fois il s’abandonnait de manière telle qu’il en oubliait tout, jusqu’à son prénom, étaient ponctuées d’amertume. Celle que laissait l’alcool sur toutes les lèvres, sur les siennes en particulier. Il se consolait du mieux possible, ne pouvant pas compter sur grand monde pour pouvoir l’épauler – sauf sur les membres de sa famille. Ceci étant, même le mot « famille » paraissait surfait, abstrait. Seraient-ils toujours là pour si seulement ils savaient l’odieux mensonge qui planait au-dessus de sa mystérieuse naissance ? La réponse était évidente et la vérité le poussait à profiter des derniers moments de tranquillité qu’il s’octroyait. Bientôt, la ligne de sa vie serait froissée. Ce n’était qu’une question de temps, une interrogation à laquelle il serait forcé de se soumettre.
En pénétrant dans le pub, il n’accorda pas un seul regard aux deux protagonistes, traçant son chemin jusqu’au bar devant lequel il s’installa. Une voix féminine résonna à ses oreilles ; n’y prêtant guère attention, il ne sut pas la teneur de ses propos. Les yeux rivés fixement face à lui, en une ultime technique d’intimidation, il sentit une présence à ses côtés. A deux sièges de lui, les pieds d’un tabouret raclèrent le sol. En entendant son prénom, l’interpellé se raidit et pivota légèrement vers la femme qui l’avait rejoint. Elle avait maintenu une distance raisonnable entre eux ; si Thaddeus avait été d’humeur taquine, sûrement l’aurait-il invitée à se rapprocher. La commissure des lèvres de la jeune femme était étirée en un doux sourire, presque rassurant. Le mangemort acquiesça finalement, après quelques secondes d’hésitation. Il ne tarda pas à remettre un nom sur le visage de la sorcière, dont les cheveux flamboyants tombaient en cascade sur ses épaules. L’homme n’était pas de ceux qui se pâmaient de ne jamais oublier un nom mais, en cet instant, il aurait été mal venu de sa part de ne pas se rappeler de Rosalind Buchanan. Le descendant Appleby pivota vers le tenancier et le toisa de haut en bas. Sa voix forte et incisive trancha l’air. « Un whisky pur-feu. Laissez la bouteille. » Tom – puisque tel était son nom – hocha la tête, sans protester ; le mangemort n’était pas dupe, il pouvait aisément voir dans l’éclat maladif de ses prunelles qu’il exécrait servir quoi que ce soit à ce genre de grossier personnage, à la catégorie de sorciers à laquelle Thaddeus appartenait. Il tenait visiblement à la vie étant donné qu’il ne pensa pas à se dresser contre le nouvel arrivant ; un tel acte de sa part n’aurait pas spécialement été bien reçu. Mangemort, il l’était, comme son père avant lui. Comme la majorité des membres de sa famille. Le thé fut servi, ainsi que le verre et la bouteille. Thaddeus put remarquer que sa compagne eut le privilège de ne pas être éclaboussée par le liquide ambré et poisseux de sucre, alors que Thaddeus sentit une goutte d’alcool rouler le long de sa joue. Arquant un sourcil dubitatif, l’ancien serdaigle hocha la tête en guise d’unique remerciement. Saisissant le verre entre ses phalanges fébriles, il le porta à ses lèvres et but son contenu en une seule gorgée. Sa colonne vertébrale fut parcourue d’un long frisson ; il avait besoin de ce moment d’adaptation mais il savait qu’à partir du moment où le goût écœurant du whisky ne le dégoûterait plus, c’en serait fini de lui. Il claqua le récipient transparent sur le socle boisé du bar. Contrôlant encore à merveille ses moindres faits et gestes, il enroula ses doigts autour de la bouteille, versant alors un peu de liquide dans son verre. Il se tourna vers sa compagne, sachant qu’elle n’avait pas dévié son regard, observant ses agissements. Avec un plaisir certain, du moins l’espérait-il. « Je ne pensais pas que vous étiez du genre à fréquenter ce genre d'endroit. » avoua-t-il à demi-voix, peu enclin à faire la conversation. « Alors, que puis-je faire pour vous, Rosalind ? » demanda-t-il avec dédain, reportant son regard azuré vers le liquide qui comblait son verre.
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Sujet: Re: how does it feel to be so alone ? (thaddeus&rosalind) Dim 31 Mar - 11:25
Rosalind remerciait secrètement sa bonne étoile. En temps normal, face à un Mangemort, elle n’en aurait pas mené large, quoiqu’elle se serait forcément donné une contenance. Mais l’homme installé non loin était bien différent des Mangemorts habituels. Elle se souvenait avec nostalgie de leur première rencontre, sans véritablement se remémorer les circonstances ; après tout, ce n’était pas cela qui importait. Thaddeus avait toujours eu en lui cette dualité : il faisait son devoir, mais à reculons. La jeune femme se targuait souvent de réussir à percer les secrets des autres, sans vraiment le vouloir ; c’était comme ça. Bien sûr, cela n’avait rien de magique, il ne s’agissait pas non plus d’intuition, mais plutôt d’observation. Et ce soir encore, le jeune homme avait ce regard vide, fatigué, ses traits étaient tirés et l’on sentait une grande lassitude émaner de lui. À cette instant précis, elle ressentait probablement la même chose. Elle s’interrogea cependant sur les raisons qui avaient pu pousser Thaddeus jusqu’ici. Ce n’était pas le genre de bar qu’il fréquentait et il devait savoir que l’accueil ne serait pas de plus chaleureux. Effectivement, Tom n’appréciait pas ceux qui pillaient son quartier et nuisaient à son commerce, ce qui était tout à fait légitime. Pourtant, il avait peur. C’est pourquoi il le servit sans rechigner, posant la bouteille de Whisky Pur Feu violemment sur le bar et apportant en toute délicatesse le thé de Rosalind. Celle-ci garda son sourire bienveillant sur le visage, malgré ses propres soucis. Ce soir, c’était le soir. Elle le sentait. Il fallait qu’elle fasse quelque chose pour lui, qu’elle le réveille enfin de sa léthargie. Il buvait son premier verre, faisant la grimace. Elle-même savait que le Whisky pouvait avoir des effets dévastateurs — elle chassa le souvenir (enfin ce qu’il en restait) d’Oberyn de sa mémoire —, et c’est pourquoi elle se cantonnait au thé. Remarque, son ivresse la servirait peut-être ; il serait certainement plus malléable et rechignerait moins à l’écouter.
Rosalind ne connaissait pas l’histoire du jeune homme, simplement quelques bribes dont il fallait encore prouver la véracité. Bien qu’elle sût qu’il se trouvait dans une position délicate, balançant dangereusement entre le Bien et le Mal, elle ne parvenait pas à en savoir plus. Elle avait l’habitude de servir de « psychologue » à tous ceux qui croisaient sa route, plus par instinct que par réelle envie. Parfois, son attitude la fatiguait ; elle ne cessait de se préoccuper de la santé des autres, sans même faire attention à sa propre vie, se négligeant sur certains aspects. Depuis combien de temps n’était-elle pas sortie pour s’amuser ? Mais à vrai dire, qui aurait envie de s’amuser ? Oh bien sûr, elle aurait pu se rendre à Londres, dans n’importe quel bar moldu, mais ... Mais et si l’Ordre l’appelait à ce moment-là ? L’Ordre, toujours l’Ordre. Elle s’était engagée en connaissance de cause, mais la désillusion avait été grande. Pourquoi ne pas agir en solitaire ? Par manque de courage, peut-être, et par espoir de quelque chose de mieux, plus tard. La jeune femme pourrait partir avec son père, lors de son prochain voyage, et s’installer sur une île magnifique, entourée de plantes, vivant au jour le jour sans se poser de questions. Mais elle savait pertinemment que la guerre la hanterait, qu’elle ne pourrait pas la sortir de son esprit et qu’elle se sentirait forcée de revenir. Sa conscience la piégeait, comme à chaque fois. Comme à cet instant, au Chaudron Baveur, où elle ne pouvait détacher son regard de Thaddeus, suivant chacun de ses gestes, analysant chacune de ses réactions, tentant de pénétrer ses pensées. Il n’était pas heureux qu’elle soit là ; il voulait rester seul. Mais elle ne comptait pas filer. De plus, dans quelques minutes, il serait tellement saoul qu’il ne pourrait probablement plus lever les fesses de son tabouret. Il allait encore falloir jouer le rôle d’infirmière.
La sorcière choisit d’éluder la première remarque du Mangemort, pour se concentrer sur la seconde. Ils n’allaient pas commencer à parler chiffons, il fallait entrer dans le vif du sujet. Elle sirotait tranquillement son thé et prit son temps avant de répondre. Le pousser à bout, voilà la tactique, sans pour autant se montrer agressif. Rosalind était de nature patience, c’était bien connu, mais elle doutait que cette qualité put être attribuée au jeune homme qui avait de nouveau le nez perdu dans son verre de Whisky. Quel curieux personnage, tout de même, lui qui, lors de leur dernière entrevue, avait été plus qu’odieux avec elle, lui rappelant qu’elle ferait mieux de se mêler de ses affaires et que, s’il le voulait, il pourrait la tuer sans aucun remords. Ces menaces, loin de la faire fuir, la confortèrent dans sa position : sa nouvelle mission, c’était lui. Et elle ne le lâcherait pas tant qu’elle n’aurait pas réussi à le faire douter de lui-même, suffisamment pour qu’il passe dans l’autre camp. Le combat serait long, mais il en valait la peine. « Il ne s’agit pas de moi, vous le savez bien. » Le sourire était toujours là, ni moqueur, ni ironique, mais sincère. Elle prit de nouveau une gorgée de thé, fixant toujours son voisin, mais maintenant la distance. Tom était parti dans l’arrière-boutique ; ils étaient seuls. « De nous deux, celui qui a le plus besoin d’aide, c’est vous. Après tout, ce n’est pas moi qui m’accroche à cette bouteille de Whisky ... Elle ne vous empêchera pas de vous noyer, bien au contraire. » Elle y allait peut-être un peu fort pour commencer, mais c’était un grand garçon, il supporterait le choc. D’ailleurs, il ferait certainement comme si de rien n’était et lui balancerait une vacherie histoire de se donner bonne conscience. Mais avant qu’il puisse répondre, elle continua sur sa lancée. « Ce n’est pas dans vos habitudes de traîner ici. Qu’êtes-vous venu chercher ? Ce n’est certainement pas l’accueil et le charme des lieux qui vous aura attiré sur le Chemin de Traverse. » Son corps était désormais complètement tourné vers lui et elle lui faisait face, soutenant son regard. Il ne s’échapperait pas, cette fois-ci. Depuis la dernière fois, elle s’était endurcie, elle supporterait les paroles blessantes. Et s’il essayait de l’égorger, eh bien, sa baguette n’était pas loin. La soirée promettait d’être animée, enfin !
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Sujet: Re: how does it feel to be so alone ? (thaddeus&rosalind) Sam 13 Avr - 12:15
i don't hate you boy
« and there is no time like the present to drink these draining seconds. »
Cette femme n’avait peur de rien. Thaddeus le savait bien et, honnêtement, il n’en avait cure. En arrivant dans ce pub, il avait juste souhaité sentir son inconscient sombrer dans les méandres de l’alcool. Il désirait savourer cette chaleur intense et délectable, signe avant-coureur d’une longue nuit blanche – ou d’une cuite magistrale. Au point il en était, c’était du pareil au même. Tout le dégoûtait. Il était écœuré de voir à quel point le sourire de Rosalind était charmant et sans la moindre arrière-pensée (du moins lui semblait-il, mais il n’était malheureusement pas parole d’Evangile alors peut-être profitait-elle de ce moment d’intimité pour se jouer de lui). En somme, cet univers était jalonné de faux-semblants. Quelle hypocrisie. Qui oserait sourire à un mangemort, en de temps aussi sombres ? Les sbires de Voldemorts possédaient une bassesse rare et un orgueil démesuré. Le semblant de dépression qui assommait continuellement Thaddeus l’empêchait toutefois d’agir à sa guise, il préférait désormais laisser la rivière suivre sagement son cours. Si tout pouvait être aussi facile, il en serait ravi. Le venin de Ceinwen lui revenait en mémoire de manière éparse, tout en ne le quittant jamais réellement. A qui pouvait-il se confier ? Son regard toisa Rosalind de haut en bas. Sans s’en rendre compte, un léger sourire narquois étira ses lèvres – sourire bref qui disparut aussitôt. Pas à elle, en tout cas. Elle n’était pas de son côté, cela crevait les yeux. En réalité, elle n’avait pas d’autre but dans la vie que celui de lui faire perdre son temps. Ne cherchait-elle pas à l’ennuyer, lui, qui avait la décence de se morfondre silencieusement ? Si. Cette réponse, mauvaise et déstabilisante, pressa ses lèvres qui restèrent cependant closes. Pourquoi avait-elle cru bon de lui adresser la parole ? Leur dernière entrevue n’avait pas été de tout repos. En réalité, jamais pareille rencontre ne fut aussi mouvementée. L’entendre parler ne le surprenait pourtant guère. Cette femme n’était visiblement pas capable de garder sa langue dans sa poche. A nouveau, la voix de Rosalind claironna à ses oreilles. Il grinça des dents, concentré sur la bouteille dont il désirait vider le contenu. Au plus vite. Surtout si la jeune femme s’emportait dans de grands laïus. Son grand ami s’était d’ailleurs faufilé dans l’arrière-boutique, comme s’il s’était rendu compte que sa présence était de trop. Que pouvaient-ils attendre de la part d’un simple tenancier ? Thaddeus arqua un sourcil désapprobateur lorsque, une nouvelle fois, Rosalind ouvrit la bouche. Que savait-elle de lui ? Rien. S’il désirait s’accrocher désespérément à sa bouteille de whisky, cela le regardait. Le lui signifier aurait été une démarche totalement inutile, il le savait. Ou non, plutôt, il le sentait. La manière bien particulière qu’elle avait de le regarder le dérangeait ; elle ne se privait de rien, se délectant du thé dont elle s’abreuvait – et le dévorant du regard, comme si elle cherchait la faille qu’elle prenait un malin plaisir à creuser. Même si Thaddeus ne voyait pas clair dans son jeu, il avait l’étrange impression qu’elle s’était auto-proclamée défenseuse des opprimés. Malheureusement, il n’était pas l’une de ses missions, il refusait d’être un cobaye.
Le silence fut bref. Puis, élégamment – comme à son habitude, Rosalind continua sur sa lancée. Elle était dorénavant tournée vers lui, appréciant le spectacle qui se jouait sous ses yeux clairs. Thaddeus secoua la tête, sentant le liquide infâme de la haine ronger ses veines. Elle devenait pénible avec ses questions. Saisissant sa bouteille d’une main fébrile, il versa un peu de liquide ambré dans son verre. Il claqua ensuite avec force le récipient sur le comptoir, comme pour effacer d’un revers de main les dernières interrogations que les mâchoires de Rosalind avaient lâchées. Ce n’était pas un claquement sonore qui ralentirait les ardeurs de la jeune femme, il en était conscient – pourtant, cela ne l’empêchait pas d’essayer. Le désespoir, glacé et cruel, lui donnait des ailes. Le silence se réinstalla entre les deux sorciers. Thaddeus cogitait sa réponse, incapable de prononcer le moindre mot à cet instant. Il lui fallut quelques secondes pour se redresser. Son visage pivota en direction de Rosalind qu’il s’empressa de toiser. Que lui dire ? La vérité ne pouvait être clairement énoncée. De plus, cela ne la regardait en rien, alors pour quelles raisons s’y intéressait-elle ? La curiosité n’était pas un attrait auquel il souhaitait donner du sens – ou qu’il désirait satisfaire dans l’immédiat –, surtout venant d’elle. Doucement, il déglutit, laissant son regard se fixer dans celui de sa vis-à-vis. Il pouvait éluder ses nombreuses questions, car elle venait de faire de même avec les siennes. De ce dialogue de sourds, il n’en avait cure. Finalement, abaissant brièvement sa garde, il haussa les épaules. Il désigna sa bouteille d’un mince mouvement de menton. « C’est mon problème, pas le vôtre. » Ses dents grincèrent distinctement. Se justifier ? Très peu pour lui. Rosalind n’irait pas au-delà de sa carapace, c’était une certitude à laquelle il s’accrochait farouchement. L’idée de se murer derrière un silence buté était particulièrement séduisante mais impossible à tenir – l’apothicaire était le genre de femme qui, armée d’une patience inébranlable, ne cillerait pas face à l’adversité. Dans le pire des cas, elle ferait la conversation seule – et il était persuadé que cela ne la dérangerait pas. Quel étrange personnage, ne pouvait-il s’empêcher de penser. « Que suis-je venu chercher ? » Un fin sourire étira ses lèvres. Rien, strictement rien – hormis une longue soirée de beuverie, cela allait sans dire. Justement, c’était bien là le fond de son problème. « A votre avis ? Qu’est-ce qu’un homme comme moi pourrait chercher ici ? » Comme tout le monde. Du moins, il le présumait – de plus, la présence de la bouteille non loin de ses mains était un fait non-négligeable. Il se racla la gorge, conscient que cette réponse n’apaiserait sûrement pas la soif de Rosalind. Cette femme était sûrement pire qu’un mangemort car elle employait des techniques bien différentes des leurs. Elle paraissait gentille, clémente. Foutaises ! Ce n’était qu’un déguisement qu’elle avait enfilé. Si Rosalind pensait qu’il ne savait pas dans quelle organisation elle travaillait, elle se trompait lourdement. De la compassion à l’égard d’un mangemort – quelle idiotie. Sans lui donner le temps de répondre – sa question était rhétorique, de toute façon –, le jeune homme continua à parler. « Je vais vous donner la réponse : de l’alcool. Vous savez, c’est généralement ce que les gens recherchent lorsqu’ils vont dans un pub. Même si vous semblez préférer le thé, ce n’est malheureusement pas le cas de tous les sorciers ici présents. » A ceci près qu’ils n’étaient que deux dans la salle. Se tournant vers son verre, il le saisit et en vida le contenu d’un trait. L’appel du whisky se faisait plus fort, plus délectable. Sûrement parce qu’il avait une spectatrice qui ne manquait pas une miette de sa descente aux enfers.
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