Vos parents ne sont plus de ce monde. Cette phrase avait claqué dans sa tête en un écho assourdissant la vieille de ses douze ans. La gamine fut proie à des vertiges, qui n'étaient cette fois-ci pas causé par la chaleur étouffante de l’Été. Décédé, clamsé, disparut, fini... Morts, bel et bien morts. Elle ne fut évidemment pas chargée de reconnaître les corps, mais bien sa soeur aînée, Alice, a qui on confia également le privilège de devenir la tuteur de sa petite soeur Rose grâce à sa majorité fraîchement acquise. Pour les Hudson cette année là fut : le succès d'une majorité et d'un diplôme en poche d'un côté, d'une admission à Gryffondor et d'une première année achevée à Poudlard de l'autre et d'un statut d'orpheline pour les deux... Leur maison dut être décorée d'une petite affiche « à vendre » collée sur la grande fenêtre du salon pour subvenir aux besoins de la première et dernière fille Hudson, ce qui rajouta à la liste des succès : une vente bien réussie. Deuxième déchirure pour Rose-Rumer qui après avoir perdue ses êtres les plus chers, dû renoncer à cette maison bordée d'odeurs et d'objets qui représentaient ses souvenirs d'enfances. La cadette Hudson cette année là, pu rentrer dans l'adolescence comme il le fallait.

« S'il te plait Rose, fait un effort... Pour maman et papa. » C'est de cette phrase prononcée de façon si douce par sa soeur Alice, que s'acheva le premier trimestre de sa troisième année à Poudlard. Rose-Rumer, comme toujours, grogna en cachant le nez dans son bol de céréale, finalement indifférente à son comportement que les professeurs qualifiaient de : « studieux, mais pourtant désagréablement turbulent ». En une année et demi, d'autres succès s'étaient alors ajoutés à la liste : écrire plus de cinq-cents fois « Les conflits ne se règlent pas à l'aide d'une baguette dans l'enceinte de Poudlard » sur de vieux parchemins miteux (que l'on appelait respectivement une feuille de brouillon chez les moldus), connaître son premier chagrin d'amour (qui ne dura finalement que vingt-quatre heures), cinq fractures de nez portées sur un élève avec explication "pour se faire respecter" à l'aide du sortilège Cracbadaboum - qu'elle aurait secrètement appris dans un livre piqué dans la bibliothèque du château-, inonder trois fois les toilettes des filles à l'aide du sortilège aguamenti (simplement pour apprendre à maîtriser ce dernier) ce qui lui valut un blâme supplémentaire. Autant dire que ses années à Poudlard fut des plus mouvementées ; son caractère durcis par le troisième succès qu'elle avait obtenu l'année de ses onze ans (celui donc d'être orpheline), Rose-Rumer ne manquait pas de défendre ses idéaux, derrière son visage typiquement angélique. Il ne faut évidemment pas oublier non plus, que c'était un excellent moyen d'attirer l'attention de sa soeur Alice, qui s'était depuis l'accident, renfrognée dans un deuil sans fin. Mais cette raison, personne, pas même Rose, ne s'en rendirent compte.

« Espèce de lâche ! », insulter sa soeur pour la première fois s'ajoutait à la liste de succès à l'âge de ses seize ans. Qualifié de crise d'adolescence par la plupart, son comportement n'était au faite que son premier geste de justice provoquée par la neutralité de sa soeur face à cette ombre grandissante qui revenait progressivement s'abattre sur le monde magique. Rumer- surnommée récemment Romie-, comme beaucoup d'autres sorciers, pensaient qu'il n'était qu'une légende dépassée depuis une dizaine d'année, et pourtant il avait refait surface dans l'enceinte même de Poudlard, ce mage noir surnommé Voldemort qui ré-annonçait alors des heures bien sombres. La tendance d'une répugnance pour les moldus, qui implosait progressivement le monde magique, ré-ouvrit pour Romie, la cicatrice encore trop brûlante de la mort de ses géniteurs -tout particulièrement de sa mère, qui était elle, une moldue. Son comportement à Poudlard devenu des plus enflammant, tout droit sortie de bandes dessinées de super-héros moldu, Romie défendait chacun des sorciers -né-moldu ou pas- qui était persécuté devant ses yeux, ce qui lui attira alors le courroux de certain professeurs, comme l'affection d'autres.

C'est en regardant au loin le Poudlard express disparaître dans la propre fumée qu'il crachait que Rose marqua la fin de son adolescence. Deux nouveaux succès acquis pour la demoiselle ; désobéir pour la première fois à sa soeur et ne pas monter dans le Poudlard Express. L'école n'était désormais plus sa maison, suite à la mort de Dumbledore et Severus Rogue qui trônait fièrement en tant que successeur, Rose s'engagea à ne plus y mettre les pieds en tant qu'étudiante. Comme la plupart de ses actions, Rose avait agi sur un coup de tête et c'est ainsi qu'elle s'éclipsa sur les quais de la gare pour échapper à l'autorité d'Alice. Soeur en qui elle avait perdu la foie, préférant se renfrogner sur le passé plutôt que de défendre une cause du présent, Rumer avait arrêté d'essayer de la comprendre depuis bien trop longtemps. Munie de sa baguette magique, de son permis de transplanage fraîchement acquis et de ses bagages -dont la moitié se retrouva finalement au fond d'un lac et l'autre tassé dans un sac traficoté par un sortilège d'Extension- la jeune femme débuta ses premiers jours de fuite en solitaire.

« Stupefix ! » Un nouveau sorts qui s'écrasa contre la roche en un éclat de lumières scintillantes. Rumer dans sa solitude bornée, affronta ce qu'elle croyait des adversaires pour la deuxième fois à la fin de son trentième jour de fuite. La première fois, ayant gagné grâce à ses grandes compétences en désarmement contre un partisans faiblard de Voldemort, elle avait réussi à sauver de la torture gratuite un enfant qu'ils appelaient « sang-de-bourbe ». Aujourd'hui, Rumer face à trois d'entre eux, seule une lumière lunaire pouvait dessiner d'un trait bleuté les arrêtes de leurs silhouettes. « Expelliarmus! » Touché, coulé. Une injure s'était perdue entre les coups de baguette, une injure qu'elle put reconnaître entre mille. Maddox...

« Bouge ton cul Romie, on doit y aller là. » Abandonnant la solitude pour rejoindre le groupe d'élèves qu'elle avait cru affronté comme Mangemorts, Romie grommela des paroles à elle-même en guise de mécontentement. Finalement semblable à un premier Job dans un curriculum vitae, Romie avait entamé sa carrière de super-héros façon sorcier grâce à ce groupe d'ancien élève de Poudlard. Collectionnant les sabotages divers, grâce à une taupe nichée dans le château même. Même si la fierté ne manquait pas d'animer les jeunes élèves, l'ambiance était de plus en plus maussade face à leur exile choisis. Alice...Alice. Romie avait peur pour elle, peur de ce qu'elle deviendrait seule, de sa fragilité qui pourrait engendrer des choix. C'est avec la peur au ventre, mais les yeux bordés d'espoir qu'elle avançait à tâtons dans l'obscurité, un très grand sorcier un jour avait dit ; « Mais vous savez, on peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres... Il suffit de se souvenir d'allumer la lumière. »