Les choses avaient mal tourné. Ils étaient trois Mangemorts contre deux membres de l’Ordre du Phénix, ils auraient du les anéantir sans que cela ne pose aucun problème. C’était ce qui était convenu, c’était ce qu’ils attendaient. Tendre un piège au milieu de la nuit, torturer les sang-de-bourbe, leur soutirer quelques informations précieuses, et les tuer. Simple. Où les choses avaient-elles dérapées ? Elle n’en avait aucune idée, les souvenirs de Pandora se mêlaient en un brouillard confus qui n’arrangeait pas son humeur. Elle avait perdu connaissance un bref instant, juste le temps pour perdre le fil et se faire distancer. D’une façon ou d’une autre, ce qui devait être une embuscade meurtrière s’était retournée contre eux et ils s’étaient retrouvés pris au piège par au moins deux fois plus de membres de l’Ordre que ce qui était prévu. Il y avait eu une bataille, et voilà qu’elle se retrouvait seule, à présent. Seule, dans le noir complet, et forcée à avancer à la manière moldue sans éclairer son chemin. Le troisième Mangemort – quel était son nom déjà ? Denver ? Rover ? cela n’avait plus d’importance – était mort, elle avait vu son visage quand elle avait utilisé Lumos un court instant, juste le temps de retrouver ses esprits. Quant à Daley … Celui-là avait disparu. Pas tué, l’Ordre ne s’encombrait pas d’emporter les cadavres des Mangemorts. Vivant donc, c’était déjà ça. Mais il l’avait laissée derrière, elle ! Sa presque future femme ! Elle n’était pas morte comme ce crétin de Rover, il aurait au moins pu s’en soucier avant de disparaître ! Qu’il soit parti terminer sa tâche en suivant les sang-de-bourbes ou qu’il soit retourné à Londres, le résultat était le même. Et même s’il prévoyait de revenir – il avait intérêt – cela ne justifiait pas qu’il ne se soit pas soucié d’elle. Dès qu’elle le reverrait, elle allait le tuer. Mais avant ça, elle allait retrouver les membres de l’Ordre du Phénix qui avaient survécu à l’attaque. Et ceux-là, elle allait les massacrer à coup sûr.
Loin devant elle flottait l’infime lueur projetée par la baguette d’un des sang-de-bourbe, et Pandora la suivit pendant ce qui lui sembla être des heures. Rongée par l’impatience et l’envie de se battre, elle dut pourtant se plier à une discipline stricte pour rester à distance raisonnable. Les attaquer maintenant revenait plus ou moins à une mission suicide, et elle ne tenait pas à se faire tuer aussi rapidement. Elle devrait attendre qu’il la mène à un endroit où elle pourrait les frapper les uns après les autres, en douceur. Et si possible … Dans une de leur planque. C’était pour ça qu’elle était là, en premier lieu : pour débusquer un de leurs petits trous et le détruire. S’ils la menaient jusque là, le fiasco de sa mission pourrait peut-être être effacé. Mais alors qu’elle se rapprochait, son excitation grandissant à chaque pas, elle réalisa que si elle ne les voyait pas entrer dans leur planque, elle ne pourrait jamais y accéder – ils avaient la fâcheuse habitude de se prémunir des opportuns avec des sortilèges de Fidélitas partout où ils allaient. Il fallait qu’elle les rejoigne avant, ou il faudrait qu’elle trouve un moyen en attendant que l’un d’eux ressorte … Elle accéléra le pas, réduisant la distance à chaque enjambée. Elle les voyait approcher d’un minuscule village et elle se mit à courir, sans aucune idée de ce qu’elle ferait une fois qu’elle les aurait rattrapés. Mais elle ne courut pas assez vite. Ils disparurent soudain de son champ de vision, et quand elle tourna au coin de la rue, ils avaient disparu. Mais alors qu’elle grinçait des dents, furieuse d’avoir raté le coche si près du but, un cri retentit. Il dura à peine une seconde et fut coupé immédiatement de façon très peu naturelle, mais Pandora releva la tête, aux aguets. Elle connaissait cette voix, elle l’aurait reconnue n’importe où. Et si elle avait pu l’entendre, c’était qu’aucun Fidélitas n’avait été jeté sur la planque où ils s’étaient réfugiés. Elle pourrait donc y entrer sans problème … Et accessoirement, sortir Daley de là. Prisonnier de l’Ordre, c’était la meilleure ! Il n’était donc pas parti pour Londres … C’était un très bon point, même si le fait qu’il soit prisonnier et en train de se faire torturer était légèrement plus mauvais. Elle grimaça à cette idée et s’approcha de la bâtisse d’où était venu le cri. Bien contre son gré, elle ne pouvait s’empêcher d’être légèrement inquiète.
Pandora dut pourtant patienter avant de pouvoir entrer. S’ils étaient assez nombreux pour avoir fait Daley prisonnier, elle ne ferait pas le poids contre les membres de l’Ordre qui étaient à l’intérieur. Elle dut se résoudre à mettre le feu à une grange délabrée accolée à la bâtisse, pour voir enfin sortir un homme qu’elle stupéfixa avant même qu’il ne puisse la voir. Un second vint le rejoindre, plus prudemment cette fois, mais elle le stupéfixa avec la même efficacité. Alors seulement elle se risqua à entrer dans l’édifice, qui se révéla extrêmement décevant. La première pièce où elle pénétra ne comportait aucun meuble, seule une épaisse couche de saleté recouvrait le sol. Des éclats de voix retentissaient derrière une porte entrouverte, et elle avança le plus silencieusement possible, jusqu’à ce qu’un homme fasse irruption devant elle. Il sembla stupéfait de trouver une femme dans ce lieu, mais il réagit plus rapidement que ses deux collègues, et transplana avant qu’elle ne puisse faire le moindre geste. Un peu agacée qu’il ait pu s’échapper, Pandora continua pourtant d’avancer, et poussa prudemment la porte. Elle analysa rapidement la situation, et un sourire narquois vint étirer ses lèvres. La nouvelle pièce contenait comme seul mobilier une table en piteux état et deux chaises qui avaient été fracassées contre le sol, mais le plus intéressant résidait en son occupant. Attaché à un radiateur encastré dans le mur, assis à même le sol, Daley semblait s’être gracieusement plié au code de la maison : tout comme le maigre mobilier, il faisait grise mine. Il ne semblait pas blessé trop sérieusement néanmoins, et cette vision confirma à Pandora le droit qu’elle s’était accordée de se moquer de sa situation. C’était la première fois depuis qu’elle le connaissait qu’elle le voyait perdre totalement le contrôle au point d’être fait prisonnier. Elle s’approcha de lui et s’accroupit à ses côtés, son sourire toujours plaqué aux lèvres. Oh, elle aurait du montrer un peu plus de compassion, elle en était bien consciente. Mais c’était délicieusement risible, de le voir dans cette situation. Et puisqu’il était vivant, elle n’avait aucune raison de s’inquiéter plus longtemps. Elle n’avait jamais été bien douée en compassion, elle n’allait pas faire semblant aujourd’hui. « Et bien, tu t’es mis dans une sacrée merde, mon grand. » Lâcha-t-elle finalement en lui adressant un sourire condescendant, avant de se relever et d’étirer ses jambes en soupirant. « Tu as de la chance que je sois là pour couvrir tes arrières. Franchement. Tu devrais penser à me remercier, de temps à autres. »
La mission avait été un fiasco du début jusqu’à la fin, totalement ratée, complètement ruiné. Attaché à un pauvre radiateur miteux, privé de sa baguette et laissé avec les effets de quelques doloris bien sentis, Daley avait la tête basse et maugréait avec mauvais humeur dans sa barbe comme un vieux gâteux mécontent. Il était plus que cela en réalité, il était carrément furieux. S’ils avaient été plus nombreux, si tout cela n’avait pas été un piège, il serait déjà de retour à Poudlard pour profiter de son lit douillé et de la sécurité que le château lui apportait. Avant de retourner dans l’immense bâtisse, il aurait fait un saut dans la maison de son enfance pour voir sa petite fille, lui aurait souhaité bonne nuit, l’aurait embrassé, bercé et même s’il se serait disputé avec son père à coup sûr, la situation n’aurait pas été pire qu’elle ne l’était à présent. Il avait vu les mangemorts qui travaillaient avec lui se faire abattre comme des lapins et Pandora… il ne savait même pas si elle était vivante, la dernière fois qu’il l’avait vu, elle n’était pas consciente en tout cas. La jeune femm s’était faite une place dans sa vie, en tant qu’amie précieuse, maîtresse occasionnelle mais pour l’heure, il était hors de question qu’elle devienne plus. Et pourtant, il semblait condamné à l’épouser, ce qu’il se refusait à faire à tout prix, préférant se planter lui-même d’un sortilège mortel plutôt que de s’enchaîner avec une femme pour le restant de ses jours. Malheureusement pour lui, l’heure n’était pas non plus aux pensées amères sur un hypothétique mariage mais plutôt au fiasco de sa mission et les voix qu’il entendait de le rassurait pas. Il essayait de tirer sur le lien qui l’emprisonnait au radiateur comme un vulgaire moldu vulnérable et il pesta encore une fois, s’arrachant presque le poignet à force de tirer comme une brute sur le lien pour s’en défaire. Mais il n’avait pas le temps de faire dans la dentelle, il devait se libérer avant que les choses ne tournent mal. Parce qu’avant de penser à sa presque fiancée, ou du moins dans ses rêves uniquement, il pensait avant tout à sa sécurité et à se sortir de là. Assis sur le sol froid, les membres encore tremblant des sortilèges qu’on lui avait lancé, il s’efforçait de se libérer lorsque la porte s’ouvrit sur un membre de l’Ordre, celui qui n’avait pas hésité une seule seconde à le torturer la première fois lorsqu’il s’était réveillé dans cette maison sordide et cette pièce lugubre. « Inutile de tenter de te libérer mangemort, le lien tient par la magie et seule la magie peut le défaire, tu as une baguette sur toi ? » Se moqua le membre de l’Ordre tandis qu’un rictus se dessinait ironiquement sur ses lèvres. S’il ne savait pas que cet homme était chez les gentils, il aurait pu se reconnaître dans sa façon de parler et de faire. Se moquer de l’ennemi, lui faire croire que tout tentative de s’échapper était vouée à l’échec, le pensait-il stupide à ce point-là ? S’il avait sa baguette, il se serait déjà transformé sous sa forme animagus et son lien magique, il pouvait se le mettre où il le pensait. « Tu ne m’en voudras pas d’essayer, j’ai un peu de mal à croire qu’un né-moldu puisse faire des liens dignes de ce nom ! » La provocation était si facile, pourtant Daley n’en pensait pas un mot, il se fichait de son sang, il jouait un rôle qu’on attendait de lui qu’il joue à la perfection et s’y donnait à cœur joie. Il n’eut pas le temps d’ajouter quoique ce soit en revanche que deux doloris lui tombèrent dessus en même temps, il en avait visiblement agacé deux plutôt qu’un. S’il avait su rester plus ou moins silencieux sous les assauts cruels d’un sorcier, deux en même temps, c’était bien trop pour son corps et un cri lui échappa. L’un d’eux se rendit compte que la pièce n’était pas insonorisée et se chargea de cela d’un coup de baguette, coupant probablement le cri qui lui échappait toujours de la gorge en plein milieu.
Il reprit péniblement sa respiration quand l’un d’eux stoppa son sort et un troisième s’écria. « Il y a le feu à côté ! » Celui qui pointait toujours sa baguette sur Daley envoya les deux rigolos s’occuper de ça. Les minutes défilèrent et pourtant, aucun ne revenait, alors le chef prit la décision de partir à leur recherche. Laissé seul, il chercha une nouvelle fois à se libérer de son lien, il transpirait légèrement sous l’effet de la douleur et commençait à désespérer de se sortir de là rapidement quand la porte s’ouvrit. La vue de Pandora sur le pas de la porte qui croisa presque immédiatement son regard ne lui augurait rien de bon, il devait bien se l’avouer. Elle sembla analyser la situation et se permit un sourire narquois, sourire qu’il lui aurait fait avaler s’il avait été plus près et en pleine possession de sa chère et tendre baguette magique. Mais il devait se résoudre à la voir entrer dans la pièce sans broncher, attendant le premier mot de sa part pour dire quoique ce soit. Elle s’accroupit et il l’interrogea du regard, il s’était déjà redressé et avait relevé le menton pour avoir l’air encore fier, si on pouvait l’être encore après que l’on nous ai attaché à un radiateur, assis à même le sol. Mais il y parviendrait, surtout devant Pandora. « Et bien, tu t’es mis dans une sacrée merde, mon grand. » Il serra les dents, il savait qu’elle n’allait pas compatir à son malheur et jouir pleinement de cette situation et il la détestait déjà pour ça. D’ailleurs, au lieu de le libérer, elle se redressa et s’étira, comme si ce n’était pas lui qui avait mal à chaque membre, chaque articulation et qui rêvait de s’étirer à son tour. « Merci, je l’avais remarqué mais c’est très aimable de le souligner » Grinça-t-il avait amertume. Il avait touché le fond, il avait été bien bête de ne pas s’en être aperçu. « Tu as de la chance que je sois là pour couvrir tes arrières. Franchement. Tu devrais penser à me remercier, de temps à autres. » Il lui adressa le sourire le plus faux qu’il avait en stock et redressa la tête, détestant déjà de devoir la regarder d’en bas lui qui en général dominait son entourage et particulièrement la petite taille de Pandora. « J’y songerai lorsque tu penseras à me libérer, je suppose que tu n’es pas venue jusqu’ici uniquement pour me narguer alors passons directement à la phase où tu défais ce fichu lien ! » Protesta-t-il entre ses dents, peu désireux de mener une conversation alors qu’il était en aussi mauvaise posture qu’à présent. Pourtant, il ne put s’empêcher d’ajouter. « D’ailleurs et pour ta gouverne, si je suis là, c’est parce que j’étais le seul encore debout et qu’ils se sont intéressés à moi parce que j’ai détourné leur attention, si je ne l’avais pas fait, tu serais à ma place et si j’étais toi, je me dépêcherai de me libérer parce j’ai des crampes et que je suis de mauvaise humeur et tu sais ce que ça donne quand je suis en rogne, ne m’énerves pas davantage ! » Un avertissement qu’il savait inutile et pourtant, il savait, sans savoir pourquoi, que Pandora allait abuser et profiter de la situation, il pouvait le sentir et en être certain et il avait déjà des envies de meurtre à cette simple pensée.
Il fallait avouer que la situation était inédite, et devait se savourer avec un plaisir tout particulier. Pour une fois, le bourreau était la victime, le fier Mangemort n’avait plus tant de superbe. Et Pandora avait l’immense privilège de le découvrir ici, de pouvoir le délivrer de sa prison de misère. Il avait énormément de chance que ce soit elle qui vienne le sortir de là et non pas un autre Mangemort, car il avait ainsi la certitude – ou quasi certitude ? – que personne ne serait au courant de sa déchéance. Personne, sauf elle bien entendu … Elle avait beau être plus proche de Daley que de n’importe qui d’autre, aussi bien physiquement qu’amicalement, elle avait très vite compris le potentiel de la situation.
« Merci, je l’avais remarqué mais c’est très aimable de le souligner » Elle inclina la tête sur le côté, prenant gracieusement cette phrase pour le compliment qu’elle n’était absolument pas, tout en sachant que cela ne ferait que le hérisser d’avantage. Il était à bout de nerfs, elle pouvait facilement l’imaginer. Et c’était évident à deviner sur chacun de ses traits, elle le connaissait si bien … Et ses tentatives pour garder un air digne malgré les liens qui l’entravaient avaient quelque chose de touchant. Pitoyablement touchant. Il avait un sacré orgueil, même devant elle, il ne baisserait pas sa garde aussi facilement. Elle savait par quoi il était passé, elle se doutait que la nuit avait été bien plus dure pour lui que pour elle, il n’avait pas à faire semblant. Qu’il redresse les épaules et lève le menton ne feraient pas disparaître les cernes sous ses yeux ou les plis qui creusaient son visage. Et pourtant il faisait cet effort, refusait de laisser paraître plus de faiblesse que son corps trahissait déjà. C’était une des raisons pour lesquelles elle appréciait tant Daley. Même après une séance de torture carabinée, il ne s’abaissait pas à pleurnicher, il continuait de se battre. Même devant elle, alors qu’elle devait bien être une des seules Mangemorts avec qui il pouvait se montrer plus humain. Elle connaissait ses faiblesses, elle connaissait ses forces, mais elle aurait été déçue s’il avait cessé de se battre en la voyant entrer pour le sauver. Déçue, parce que cela aurait été une faiblesse autrement moins avouable que celles qu’elle lui connaissait, une faille dans son caractère de cochon qui lui plaisait tant. Et également déçue parce qu’elle comptait bien jouer encore un peu avec son côté combatif. Elle n’avait pas l’intention de le détacher aussi vite, et elle ne voulait pas de suppliques larmoyantes. Ce qui tombait bien, parce qu’il n’était pas prêt à lui en donner … « J’y songerai lorsque tu penseras à me libérer, je suppose que tu n’es pas venue jusqu’ici uniquement pour me narguer alors passons directement à la phase où tu défais ce fichu lien ! » Le sourire de la jeune femme s’agrandit. « Mauvaise réponse ! » Elle n’était pas ici uniquement pour le narguer, c’était la vérité. Mais elle n’était pas non plus venue pour lui mâcher le travail, et s’il voulait qu’elle le libère, il faudrait veiller à se montrer légèrement plus coopératif que cela. A sa décharge, il fallait bien avouer qu’il réagissait de façon admirable, étant donné qu’il ne savait pas encore ce qu’elle attendait de lui.
Néanmoins, quand il reprit la parole, le sourire de Pandora se figea sur son visage. « D’ailleurs et pour ta gouverne, si je suis là, c’est parce que j’étais le seul encore debout et qu’ils se sont intéressés à moi parce que j’ai détourné leur attention, si je ne l’avais pas fait, tu serais à ma place et si j’étais toi, je me dépêcherai de me libérer parce j’ai des crampes et que je suis de mauvaise humeur et tu sais ce que ça donne quand je suis en rogne, ne m’énerves pas davantage ! » Elle le fusilla du regard, dans une très belle imitation de sa propre colère. Oh, il n’était pas le seul à pouvoir se mettre en rogne ! Elle détestait se faire rappeler de cette façon qu’elle avait elle aussi échoué dans cette mission, et pire encore, qu’elle avait été mise ko par les sang-de-bourbe. Et s’il croyait qu’en lui mettant sous le nez son échec il allait se retrouver libéré plus rapidement, il avait des problèmes de jugement ! Mais alors qu’elle allait lui resservir un "mauvaise réponse" sur un ton acide, elle se fendit soudain d’un nouveau sourire, terriblement mielleux cette fois. Quittant sa table branlante, elle retourna s’accroupir devant Daley. « Tu m’as donc sauvé la vie ? Par un acte de chevalerie absolument gratuit, tu as détourné leur attention de mon pauvre petit corps inconscient et tu t’es exposé à la torture pour moi. C’est beau. » Si ses paroles suintaient le sarcasme, son ton était d’une douceur extrême, de celui qu’elle aurait pu utiliser si elle avait été une jouvencelle transie d’amour pour son sauveur. Elle avait été prête à jouer avec lui avant de libérer, c’est vrai. Mais il avait prononcé les mots de trop, et elle allait jouer d’une façon tout à fait différente, à présent. Il pensait être en rogne ? Il devait pourtant bien se douter qu’elle pouvait faire tellement, tellement plus que ça pour l’énerver. Il n’y avait pas que les sortilèges de torture qui pouvaient jouer avec ses nerfs … Elle avança sa main vers la joue du jeune sorcier et la posa dessus délicatement, presque amoureusement. Elle se rapprocha ensuite, passa ses jambes de chaque côté pour se retrouver bien en face de lui. Elle approcha son visage du sien jusqu’à ce que ses lèvres frôlent sa joue, puis remontent le long de sa mâchoire jusqu’à son oreille. « Je te remercie, Daley O’Donnell, ton geste me touche énormément. » Souffla-t-elle du même ton amouraché qui lui arrachait la langue tant cette mièvrerie était loin de lui ressembler. Mais sitôt ces paroles prononcées, elle recula son visage pour lui faire face, sa main quitta sa joue pour lui prendre le menton, et son sourire se transforma en un rictus narquois. « Alors dis-moi, ô mon chevalier servant, iras-tu réclamer ma main à mon père, maintenant que ma vie est rattachée à la tienne ? »
« Mauvaise réponse ! »S’il avait pu prendre des paris dans une quelconque autre dimension à cet instant, il aurait remporté une sacrée fortune sur ces simples mots. Il aurait été prêt à y mettre sa main au feu également. Mais Daley savait à quoi s’attendre avec Pandora, même si elle restait un mystère féminin à elle toute seule, cruelle et impitoyable, il savait pourtant qu’elle n’avait pas construite cette carapace par hasard. Sous bien des aspects, ils se ressemblaient tous les deux. Toujours devoir se protéger et préserver leurs sentiments, leur orgueil mais aussi leur vie, ils devaient sans cesse lutter pour survivre et pour cela, ils devenaient les prédateurs plutôt que les proies. Il savait d’où venait la cruauté de Pandora, il n’avait pas échappé à ses changements tout comme elle savait tout de lui. Ils se connaissaient, pour ainsi dire, corps et âmes. Et pourtant, Daley avait un mal fou à se laisser aller devant elle, il devait sans cesse se montrer fort parce qu’il ignorait quel degrés de sadisme Pandora avait atteint, que ce soit une journée plus tard ou près d’un mois après, elle continuait d’évoluer, de changer, de se transformer et s’il avait toujours confiance en elle, les évènements de ces derniers temps l’avaient amené à se méfier à présent. Il fallait aussi bien dire que la cause des mangemorts commençait à lui être bien plus qu’indifférente, il avait juste envie de sortir vivant de cette guerre, de retrouver son enfant et de s’enfuir avec… il chasse ses pensées qui n’avaient pour l’instant rien à faire dans son esprit. Il devait protéger Eden des mangemorts, à commencer par la magnifique blonde qui lui faisait face. Alors il prenait sur lui de ne rien laisser paraitre à cette simple réponse, comme il s’y était attendu, il n’avait rien à répondre à son tour, il se contentait de scruter Pandora des yeux, cherchant dans son regard ses véritables intentions. Toujours assis quand elle était debout, il aurait pu tuer pour se retrouver à égalité avec elle, à pouvoir la dominer à nouveau de sa hauteur mais pour l’instant, c’était chose impossible si elle décidait de faire durer ce petit jeu un peu plus longtemps que nécessaire.
Il pensait la convaincre en lui démontrant sa colère ou au moins l’énerver assez pour qu’elle le mette au défi et le détache mais il la vit sourire et il fronça les sourcils en la voyant s’approcher à nouveau et s’accroupir près de lui. La voir libre de ses mouvements le mettait relativement en colère et dans un réflexe, il tira sur son bras pour tenter une nouvelle fois de se dégager sans succès, ne parvenant qu’à réveiller la douleur de son membre et provoqué par le sort qui le maintenait lié. « Tu m’as donc sauvé la vie ? Par un acte de chevalerie absolument gratuit, tu as détourné leur attention de mon pauvre petit corps inconscient et tu t’es exposé à la torture pour moi. C’est beau. » Il fronça davantage les sourcils mais avant qu’il ait pu dire quoique ce soit, il sentit sa main sur sa joue, il la vie se placer quasiment sur lui et se rapprocher à nouveau. Instantanément, il se raidit et tenta de se dégager mais son champ d’action était assez limité. Cette attitude provocante ressemblait davantage à Pandora que ces mots d’un sentimental écœurant qu’il ne s’imaginait pas vraiment sincères. Elle jouait la comédie mais à quelles fins ? Il détourna la tête et soupira, agacé. « A quoi tu joues Pandora ? » Il était irrité et elle ne faisait rien pour le faire changer d’humeur, se rapprochant pour atteindre son oreille. Il cessa de bouger, comme si elle allait lui révéler ce qui pourrait le sortir de cette situation impossible. « Je te remercie, Daley O’Donnell, ton geste me touche énormément. » Hein ? Il la vit s’écarter, l’air de plus en plus perplexe mais en voyant son sourire changer, il comprit que rien de tout cela n’était sincère. Elle lui attrapa le menton et aussitôt, il se dégagea d’un mouvement de tête. Se sentir ainsi impuissant était extrêmement frustrant et la belle semblait s’en réjouir et en jouer. Il n’eut pas à attendre longtemps avant de savoir pourquoi exactement elle venait de mettre en scène tout cela. « Alors dis-moi, ô mon chevalier servant, iras-tu réclamer ma main à mon père, maintenant que ma vie est rattachée à la tienne ? » S’il n’avait pas eu une parfaite maîtrise de lui-même, la mâchoire aurait pu lui en tomber à cet instant et il recula la tête d’elle si vivement qu’il tapa directement contre le mur derrière lui. Mais il n’eut pas le temps de s’arrêter sur la douleur, il gigota à nouveau autant qu’il le put pour la déséquilibrer et la faire quitter son corps. Daley avait beau prôner son indépendance, détester qu’on lui force la main et être intéressé par une autre, le fait était que Pandora était une femme magnifique et qu’ils avaient longtemps profité de leur condition respective de célibataires pour prendre du bon temps ensemble. La vérité était que malgré toute sa rage, elle parvenait à ne pas le laisser totalement indifférent. Mais la colère qu’il éprouvait à la suite de ses mots compensa largement la subtile attirance qu’il avait encore pour elle. Elle jouait avec lui et il ne le supportait pas, elle aurait pu obtenir d’autres choses de sa part mais ça, elle faisait fausse route. « J’espère que tu plaisantes ! C’était pour ça tout ce cirque ? Tu aurais pu en venir directement aux faits, ma réponse reste la même ! » Il était froid, catégorique, le regard planté dans celui de la jeune femme pour lui faire entendre chacun de ses mots, pour lui montrer combien il était sincère et qu’elle n’avait aucune chance de ce côté-là.
Absolument intenable, il continuait de s’acharner sur ses liens comme si cela allait changer quoi que ce soit et au bout de quelques secondes, il sut que la partie contre ses liens était perdue. Il leva les yeux de nouveau vers la blonde et toujours aussi glacial il continua. « Libères moi Pandora parce que tu n’aurais jamais ce que tu veux, je n’ai pas détourné leur attention de toi pour m’entendre dire ce genre de choses, tu as une bien de drôle façon de me remercier pour ce soir ! » Il aurait tout tenté à cet instant, pour la convaincre de le libérer, de lui rendre ses membres pour qu’il puisse à nouveau circuler librement. Il n’y avait que sur elle qu’il pouvait compter et malheureusement, elle semblait décidée à lui imposer des conditions contre son aide, quelle vile femme elle faisait ! Sachant qu’il ne parviendrait pas à la convaincre en étant d’autant plus méchant, il continuait de parler, parce qu’ainsi, il s’éviter de tirer sur ses liens encore plus fort, ce qui le blessait un peu plus à chaque fois. Il ne pouvait pas croire qu’il ait pu se mettre dans un pétrin pareil, il ne pouvait pas croire que sa seule porte de sortie résidait en Pandora qui à cet instant, désirait visiblement l’épouser. « J’espère sincèrement que c’était une blague de ta part ma belle parce que je ne t’épouserai jamais, il va falloir que tu te mettes ça dans le crâne, il n’est pas question que l’on se marie ! Maintenant libères moi et je pourrais peut-être oublier que tu as essayé de me faire chanter pour que je consente à t’épouser ! »
« A quoi tu joues Pandora ? » Elle jouait avec sa patience, voilà à quoi elle jouait. Elle s’amusait de le voir impuissant face à lui, elle jouissait terriblement de le voir se demander ce qu’elle pouvait bien lui vouloir. Elle n’avait pas l’habitude de parler avec tant de mièvrerie, mais elle n’avait pas non plus l’habitude qu’on lui parle sur le ton qu’il avait employé : aux grands maux, les grands remèdes. Il n’y avait plus qu’à attendre le moment où il comprendrait … Et ce moment fut souligné par un grand bruit sourd, de celui que fit sa tête quand il la recula brutalement pour se soustraire à son contact. Elle eut une grimace emplie de fausse compassion, mais sa réaction l’énerva bien plus encore. Elle savait parfaitement ce qu’elle récolterait en évoquant leur union, et il réagissait exactement comme il l’avait toujours fait. Même attaché, il tenta de reculer le plus loin possible d’elle, à croire qu’elle dégageait soudain une odeur pestilentielle, et il lui jeta un regard des plus noirs. Rien de nouveau sous le soleil. Mais cette réaction au mariage était complètement ridicule, un gamin capricieux n’aurait pas eu de réaction différente et elle en fut prodigieusement agacée. Car si pour lui cela n’avait jamais rien eu de sérieux, leur mariage était pour elle quelque chose d’acquis depuis le premier jour où cela avait été évoqué devant eux. Elle avait toujours redouté le moment où son père lui parlerait de mariage : tout en souhaitant par-dessus tout lui plaire et lui donner une descendance dont il serait fier, elle détestait l’idée qu’il lui désigne un soupirant. Elle voulait choisir elle-même, et surtout pas se faire refouler un vieillard pour la seule raison qu’il était riche et de sang-pur. Elle n’avait pas imaginé que ledit soupirant puisse être Daley, et entre tous, il était le seul avec qui elle consentait de s’attacher pour le restant de ses jours. Il était comme elle, et il était le seul avec qui elle se sentait bien. Pas au point d’en être amoureuse, mais qui avait parlé d’amour ? C’était un mariage arrangé, où les profits avaient plus d’importance qu’un paramètre aussi pitoyable que l’amour, et dans cet arrangement les profits faisaient d’elle la gagnante. Et il était le gagnant également, comment pouvait-il ne pas s’en rendre compte ? Son père le forcerait à se marier qu’il le veuille ou non, et elle était le meilleur parti qu’il puisse obtenir. Il aurait au moins pu avoir la décence de le reconnaitre. S’il la refusait elle, ils savaient tous les deux que son père ne s’arrêterait pas là. C’était la colère de son père qu’il souhaitait ? Voir de nouvelles menaces s’amonceler sur la tête de sa précieuse petite fille, tout ça parce qu’il avait refusé de prononcer quelques mots ? Ce n’était pas comme s’ils n’avaient pas déjà consommé leur mariage, et il travaillait trop loin d’elle pour que vivre ensemble ait un réel sens. Leur union ne changerait pas grand-chose, à part qu’elle leur assurerait un peu de tranquillité du côté de leurs paternels …
Mais non, bien sûr, il ne pouvait pas reconnaître ce genre d’évidence. Puisque c’était imposé, ça lui déplaisait. « J’espère que tu plaisantes ! C’était pour ça tout ce cirque ? Tu aurais pu en venir directement aux faits, ma réponse reste la même ! » Elle haussa les épaules et leva les yeux au ciel, exprimant clairement ce que sa réaction lui inspirait. Il se débattait encore, comme s’il pouvait se libérer seul, et elle l’observa sans rien dire, jusqu’à ce qu’un soupir agacé lui échappe. « Tiens-toi tranquille, ça ne sert à rien. Il n’y a que ta réponse qui te libèrera, alors épargne toi une douleur inutile, j’aimerais que tu ais l’esprit clair pour réfléchir sérieusement. » Sérieusement, elle savait qu’il y avait déjà bien assez réfléchi. Mais comment se faisait-il qu’il restait bloqué au même point ? Il était encore plus borné qu’elle, c’était impressionnant. Et si ce trait de caractère pouvait lui plaire en d’autres circonstances, elle le trouvait bien inutile ce soir. Il était en face d’elle, pas en face d’un faible d’esprit qui pouvait céder pour lui faire plaisir. Elle ne reculerait pas cette fois, c’était à lui de changer d’avis. Mais il semblait loin d’y consentir. « Libères moi Pandora parce que tu n’aurais jamais ce que tu veux, je n’ai pas détourné leur attention de toi pour m’entendre dire ce genre de choses, tu as une bien de drôle façon de me remercier pour ce soir ! » Il remettait ça ! Elle dut se retenir pour ne pas lui envoyer une gifle bien méritée, et elle se leva d’un bond, remettant assez de distance entre eux pour qu’il comprenne bien que ce n’était pas ainsi qu’il la convaincrait de le délivrer. « Et tu as une bien drôle de façon de quémander ta liberté. » Lâcha-t-elle d’un ton froid en croisant les bras sur sa poitrine d’un geste volontairement insolent. Elle ne lèverait pas le moindre doigt pour lui, dans les conditions actuelles. « J’espère sincèrement que c’était une blague de ta part ma belle parce que je ne t’épouserai jamais, il va falloir que tu te mettes ça dans le crâne, il n’est pas question que l’on se marie ! Maintenant libères moi et je pourrais peut-être oublier que tu as essayé de me faire chanter pour que je consente à t’épouser ! » Cette fois, un rire narquois s’échappa de la gorge de Pandora, et elle le regarda d’un air franchement amusé. « Est-ce que tu te rends au moins compte que tu n’es pas en très bonne position pour me menacer ? J’en ai maté des plus coriaces que toi, mon cher ami. » Ajouta-t-elle avec un sourire doux, en insistant sur le dernier mot. Elle le considérait réellement comme un ami, mais cela ne le protégerait pas plus qu’un autre. Il n’aurait pas droit à un traitement de faveur uniquement parce qu’ils connaissaient les secrets de l’autre, ou qu’ils avaient couché ensemble – bien au contraire.
Pandora considéra Daley de haut, laissant le silence s’installer pendant quelques instants. Elle le dominait de toute sa hauteur – pour une fois ! – et il s’échinait sur des liens qui ne pourraient être brisés que magiquement. Et plus il se sciait les poignets dans ses vaines tentatives, plus elle réalisait qu’il ne prononcerait jamais les mots qu’elle attendait. Et plus cela l’agaçait. « C’est quoi ton problème ? » Finit-elle par exploser. Elle s’accroupit à nouveau devant lui et lui saisit le devant de sa robe, avant de le tirer brutalement vers elle sans se soucier un instant de la douleur qu’elle pouvait provoquer chez lui. « Pourquoi ça te dégoûte tant que ça ? Tu n’as pas envie que ton père te lâche la grappe une minute ? » Elle serra plus fort son emprise, avant de se rapprocher soudain et de plaquer ses lèvres sur les siennes. Elle força le passage pour goûter à ses lèvres, à sa langue, retrouvant sa saveur si familière. Ils avaient toujours si bien réussi à se retrouver, et aujourd’hui ne faisait pas exception. Elle avait envie de lui quoi qu’il en dise, et ce n’était qu’un léger rappel de ce qu’elle pouvait lui offrir … Elle l’embrassa avec fougue, ses bras entourant son cou, ses mains se perdant dans ses cheveux. Et quand elle mit fin au baiser, ce ne fut que pour l’embrasser dans le creux du cou, remonter jusqu’à son oreille. Finalement elle le lâcha, sans toutefois s’éloigner, et elle planta ses yeux dans les siens. « Suis-je devenue si repoussante, que tu préfères encore perdre ta fille plutôt que de m’épouser ? »
La situation ne pouvait pas être pire. Lui qui pensait, en voyant Pandora franchir la porte, qu’il allait enfin être débarrassé de ses liens, qu’il allait pouvoir sortir de là, dépoussiérer sa robe de sorcier et s’en aller aussi vite qu’il le pourrait. Et même, si Pandora s’était dépêché de le détacher, peut-être l’aurait-il invité à finir cette soirée désastreuse ailleurs, dans un pub sorcier pour boire quelques verres. Ils se seraient amusés, comme au bon vieux temps, comme si personne ne leur avait jamais demandé de se marier. Il avait naïvement cru que Pandora ne souhaitait pas de ce mariage, pas plus que lui, qu’ils allaient pouvoir protester contre leurs pères autoritaires, qu’ils allaient pouvoir faire front pour se sortir de cette situation impossible. Mais voilà qu’elle était consentante et lui s’y opposait violemment. Comment alors se sortir de ce complot ? Elle n’avait pas l’air de plaisanter, de vouloir le taquiner, elle était on ne peut plus sérieuse et c’est bien ce qu’il l’agaçait le plus et qui le rendait franchement perplexe. Elle semblait ravie de devoir l’épouser pourtant il savait qu’elle n’avait plus assez de cœur pour l’aimer. Certes ils s’appréciaient, quoique Daley commençait sérieusement à revoir sa propre position sur cette affirmation, ainsi attaché comme un vulgaire animal de compagnie, dominé par une femme cruelle qui ne manquerait pas de le laisser là tant qu’il ne lâcherait pas l’affaire. Il aurait été si simple pour lui de consentir à ce mariage avec des mots, lui promettre pour mieux briser son serment une fois détache, il savait qu’il pouvait se montrer persuasif, il était le roi du mensonge, de la dissimulation et pourtant, il ne le faisait pas. Pourquoi ? La première raison était probablement son esprit de contradiction. Il ne voulait pas lui donner ce qu’elle était en train d’exiger vulgairement, il ne voulait pas lâcher prise devant elle, même s’il le faisait de façon totalement mensongère. Il lui était insupportable de s’écraser devant qui que ce soit, surtout devant quelqu’un comme Pandora, même si elle avait gagné son amitié, ils étaient égaux, il n’avait pas à faire la carpette et à la supplier pour qu’elle le libère. Il serra les deux en pensant à sa seconde raison. S’il faisait un truc aussi grotesque que lui promettre ce mariage pour ensuite se défiler, il redoutait fortement sa réaction et malgré tout ce qu’il avait en tête de lui faire à cet instant précis, il ne souhaitait pas la perdre. Elle avait été d’un rare soutien et ils s’étaient toujours bien entendus, même si cela commençait à se transformer en amour vache. Mais non seulement il obtiendrait sa libération autrement qu’en acceptant son chantage mais en plus, il commençait déjà à préparer sa vengeance. Une douce et lente vengeance.
Mais pour l’instant il tentait de se libérer et se faisait plus de mal que de bien en essayant. La réaction de Pandora ne l’encourageait pas, elle semblait exaspérée par son comportement. Voilà qui tombait bien, ils étaient deux à être agacés. « Tiens-toi tranquille, ça ne sert à rien. Il n’y a que ta réponse qui te libèrera, alors épargne toi une douleur inutile, j’aimerais que tu ais l’esprit clair pour réfléchir sérieusement. » Il releva les yeux et une nouvelle fois, sa mâchoire se serra, parce qu’il avait tout un tas de paroles en tête qui n’avaient pas franchement leur place dans cette conversation et qui pouvaient être vexantes, il pourrait le regretter plus tard. Il ferma les yeux une seconde, arrêtant un instant de s’acharner sur son lien magique. « Pandora, c’est complètement ridicule, tu sais très bien que j’y ai déjà réfléchi et je ne te donnerais pas ce que tu veux alors épargnes nous cette perte de temps ! » Oui ils perdaient du temps et lui sa patience en même temps. Sa voix était moins froide, espérant l’appâter par un air fataliste mais il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle ne s’y laisserait pas prendre une seule seconde. D’ailleurs, sa remarque suivante la fit bondir loin de lui et il en éprouva une certaine satisfaction, au moins, elle n’était pas la seule à pouvoir l’agacer, c’était déjà une bonne chose, il se sentait déjà suffisamment diminué ainsi assis par terre. « Et tu as une bien drôle de façon de quémander ta liberté. » Il grogna quelque chose de sûrement incompréhensible et tira une nouvelle fois sur son lien. « Tu ne me donnes aucun autre choix, si tu attends que je te supplie et implores de me libérer, tu t’es trompé de type à emmerder ! » Il redevait froid et cassant parce que la situation commençait à ne plus lui plaire. Il tenta de se redresser mais n’y parvint que pour se mettre sur ses genoux, un progrès, au moins n’était-il plus assis faiblement au sol, prêt à s’en aller lorsqu’elle aurait décidé de le défaire de ses liens. « Est-ce que tu te rends au moins compte que tu n’es pas en très bonne position pour me menacer ? J’en ai maté des plus coriaces que toi, mon cher ami. » Il eut un sourire en coin, amusé par sa remarque. D’un geste de la tête, il désigna ce qui le maintenait attaché par magie et déclara avec un aplomb insupportable. « Ma belle, est-ce que tu te rends compte que malgré tes grands airs, je sais que tu ne me laisseras pas pourrir ici et que je finirais par être libre… Alors à ce moment-là, je pense que tu regretteras le petit tour que tu es en train de me jouer, je me sens en parfaite position pour te menacer ! » La fin était dit sur un ton bien moins enjoué que le début, il fallait bien que le message passe après tout ! Il savait qu’il commençait à l’agacer et il voulait qu’elle comprenne que cette partie, elle ne la gagnerait pas. Malheureusement, ils étaient tous les deux aussi bornés l’un que l’autre, un mélange carrément détonant.
Et elle finit par comprendre qu’il le lâcherait pas le morceau parce qu’elle s’agaça à son tour, laissant un sourire naître sur le bord des lèvres de Daley. « C’est quoi ton problème ? » Il releva la tête en la sentant s’approcher et fronça les sourcils lorsqu’elle vint s’accroupir devant lui. Elle l’attrapa par le devant de la chemise et le tira vers elle, élançant son bras mais sa proximité l’empêchait à présent de raisonner. « Arrêtes ça tout de suite… » Il était menaçant, il détestait qu’on s’amuse avec lui comme s’il était un jouet, malheureusement, elle ne prit pas compte de son avertissement et enchaîna. « Pourquoi ça te dégoûte tant que ça ? Tu n’as pas envie que ton père te lâche la grappe une minute ? » Il ouvrit la bouche pour lui répondre lorsqu’elle le rapprocha suffisamment pour plaquer durement ses lèvres sur les siennes. Totalement impuissant, il essaya de reculer mais elle le tenait trop fermement et il sentit qu’elle forçait le passage de ses lèvres. Inconsciemment ou non, il la laissa faire, enrageant de ce baiser forcé. N’était-ce pas les hommes qui obligent les femmes d’habitude ? Son baiser était fougueux, elle était au plus proche de lui et il y a une chose qu’il ne pouvait pas nier : elle avait toujours su s’y prendre lorsqu’il s’agissait d’embrasser. Elle était douée, faite pour ça et son baiser avait toujours quelque chose d’agréable. Mais presque immédiatement, l’esprit de Daley compara cette violence avec la douceur innocente d’Eden et son cœur se révolta contre cette information. Il n’eut pas à s’arracher à son étreinte, elle se détacha d’elle-même, le laissant à cours de souffle. Il déglutit tandis qu’elle posait un baiser dans son cou et enchaînait, sans lui avoir laissé placer un mot. « Suis-je devenue si repoussante, que tu préfères encore perdre ta fille plutôt que de m’épouser ? » Immédiatement, son corps se crispa à l’évocation de sa fille et il fronça les sourcils, tentant de dégager son cou de l’emprise de ses bras et essayant de la déstabiliser en jouant avec ses jambes, continuant de s’écorcher les poignets à force de mouvements. « Arrêtes, arrêtes ça, je ne peux pas ... qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Pandora, ne vas pas me faire croire que tu vois un avantage dans ce mariage ! Nous n’avons aucun sentiment l’un pour l’autre, cette histoire est simplement en train de détruire la seule chose qu’on avait ! » Il parlait évidemment de leur amitié. Il soupira longuement avant de poursuivre. « Je ne veux pas de ce mariage parce qu’il est hors de question de donner la satisfaction à mon père d’avoir un petit-fils, je sais qu’il en rêve mais un moyen de pression sur moi me suffit amplement, il s’amuse bien avec ma fille, je ne veux aucun autre enfant et ne te fais aucune illusion, c’est la première chose à laquelle nos parents pensent ! » Un héritier mâle, voilà ce que son père voulait, un sang plus pur que le sien, toujours plus pur et avec la lignée de Pandora, il l’obtiendrait facilement. Mais avoir un autre enfant ? Très peu pour lui ! « Tu sais très bien qui tu es, ça n’a rien avoir avec toi, je ne peux pas me marier, c’est hors de question ! » Et il ne reviendrait pas là-dessus. Eden avait accepté son histoire avec sa petite fille, pas sûr que s’il lui confie qu’il était marié, elle soit aussi magnanime. Elle refusera de jouer les maîtresses, quand bien même ce mariage ne serait que principe et il se rendait compte de plus en plus que la perdre n’était pas une option envisageable.
« Pandora, c’est complètement ridicule, tu sais très bien que j’y ai déjà réfléchi et je ne te donnerais pas ce que tu veux alors épargnes nous cette perte de temps ! » Oh oui, elle le savait. Cela n’empêchait pas qu’elle souhaitait qu’il y réfléchisse jusqu’à ce qu’il change d’avis, jusqu’à ce qu’un argument – un des siens ou un autre, peu importe – lui fasse réaliser qu’il avait tout à perdre s’il s’entêtait, et tout à gagner s’il cédait. Est-ce que c’était ça, le problème ? Une simple question d’orgueil ? Parce que c’était son père qui le lui imposait, parce qu’elle remettait le sujet sur le tapis quand il était en position de faiblesse, il refusait d’y songer ? Elle croyait avoir plus d’égo que beaucoup sur cette terre, mais elle avait trouvé quelqu’un qui en avait encore plus qu’elle en la personne de Daley. Cela ne l’étonnerait finalement que très peu qu’il ne refuse que par principe. « Moi j’ai tout mon temps. Mais si tu veux être délivré plus rapidement, tu sais ce qu’il te reste à faire. Tu finiras peut-être par te lasser d’être attaché, non ? A moins que ça te plaise ? » Puisqu’il voulait jouer sur l’orgueil, elle pouvait appuyer là où ça faisait mal également. Lui renvoyer dans les dents que c’était lui qui était en position de faiblesse, qu’elle le dominait sans avoir besoin de faire le moindre effort, et qu’elle jouirait de cette position sans aucun scrupule jusqu’à ce qu’il laisse de côté son égo surdimensionné. « Tu ne me donnes aucun autre choix, si tu attends que je te supplie et implores de me libérer, tu t’es trompé de type à emmerder ! » C’était donc bien ça. Une simple question d’orgueil mal placé. Monsieur ne supportait pas qu’une femme le domine, et il supportait encore moins l’idée de devoir faire des concessions pour qu’elle le libère. Ce qu’elle pouvait aisément comprendre, finalement, parce qu’à sa place elle aurait préféré avaler sa langue plutôt que de supplier qu’on la délivre. Il n’était pas homme à ramper à la moindre menace, ou au moindre chantage, elle appréciait cela, cette force de caractère. Mais il n’avait nullement besoin de supplier. Même si elle aurait adoré ce spectacle, ce n’était pas ce qu’elle lui demandait, et ils le savaient très bien tous les deux. Il n’y avait pas d’humiliation à accepter ce qu’elle attendait de lui, elle était prête à cesser sur-le-champ tout son petit manège de moqueries et de remarques blessantes s’il prononçait les petits mots magiques. Personne n’entendrait parler de ce moment ô combien humiliant où Daley O’Donnell avait été fait prisonnier par des sang-de-bourbe, et où il avait du baisser la tête devant une femme pour être libéré. Si humiliation il y avait, elle resterait entre eux jusqu’à la fin des temps, il pouvait compter là-dessus. Mais puisqu’il continuait à s’entêter, elle continuerait à jouer, et elle était très forte à ce jeu là. « Au contraire, j’ai trouvé le type parfait. J’en ai soupé des mecs qui s’écrasent trop facilement et qui pleurent pour leur liberté. Un peu de difficulté devrait rendre les choses intéressantes pour moi … Et douloureuses pour toi, mais c’est le jeu, non ? Tu sais bien comment je travaille. » Ajouta-t-elle avec un sourire carnassier. Aucune pitié pour le gibier, c’était son credo. Malheureusement pour lui, ce soir il était à la place du gibier. La torture serait tout à fait différente de celles qu’elle pratiquait habituellement, mais le but était le même … Il craquerait, un point c’est tout.
« Ma belle, est-ce que tu te rends compte que malgré tes grands airs, je sais que tu ne me laisseras pas pourrir ici et que je finirais par être libre… Alors à ce moment-là, je pense que tu regretteras le petit tour que tu es en train de me jouer, je me sens en parfaite position pour te menacer ! » Le sourire de Pandora s’élargit, et elle s’accroupit en face de lui pour le regarder dans les yeux. Il faisait sans doute trembler nombre de gens avec son air froid et sa voix cassante, mais il oubliait à qui il s’adressait. Ses menaces ne faisaient qu’accentuer la certitude de Pandora, qu’elle ne cèderait pas d’un pouce devant lui. « C’est là que tu te trompes. Tu n’as aucun moyen de pression sur moi, et si tu comptes me torturer, tu risques d’avoir quelques ennuis. En supposant que tu réussisses à te sortir d’ici tout seul. » Sur ce dernier point, elle bluffait légèrement. Elle n’avait bien entendu aucune intention de l’abandonner ici, mais elle n’avait pas non plus l’intention de le libérer s’il ne lui donnait pas ce qu’elle souhaitait. Et comme elle l’avait dit, elle avait tout son temps pour le faire craquer. Néanmoins, elle savait aussi très bien qu’il lui en voudrait très longtemps pour ça, et dans le fond, elle n’avait pas envie que cela détériore leurs relations. Elle l’aimait bien, Daley. C’était une des rares personnes qu’elle considérait comme un ami, et elle ne voulait pas le perdre. Mais il était en train de la mettre devant un autre choix, celui de trancher entre lui et son père. Et la dernière chose qu’elle souhaitait, c’était de décevoir son père. Il valait mieux pour Daley qu’il change rapidement d’avis, s’il ne voulait pas que Pandora s’énerve réellement … Parce que sincèrement, elle ne voulait pas qu’il la force à faire ce choix. Elle ne décevrait pas son père, mais elle ne voulait pas abandonner sa relation avec Daley. Et rien que penser à ce dilemme la mettait dans une rage noire, alors autant ne pas y penser …
Elle vit immédiatement qu’il se raidit quand elle s’approcha, et que sa première réaction à son baiser fut de chercher à y mettre fin, mais il cessa finalement de se débattre, et elle en ressentit une grande satisfaction personnelle. Même s’il resta sans réaction, loin de lui rendre son ardeur comme il l’avait fait par le passé, cette petite capitulation avait un goût de victoire. Elle en connaissait d’autres qui lui auraient arraché la langue ou les lèvres pour marquer leur refus devant ce genre de baiser forcé … Mais pas lui. Et cela renforça Pandora dans sa pensée qu’il la désirait toujours, dans un certain sens. Elle ne l’avait pas encore perdu … Mais cette trêve ne dura pas longtemps, et il recommença son petit manège en cherchant à lui échapper dès qu’elle évoqua sa fille. Mais cette fois elle ne recula pas, restant proche de lui malgré ses ruades, pour bien signifier sa volonté à elle. « Arrêtes, arrêtes ça, je ne peux pas ... qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Pandora, ne vas pas me faire croire que tu vois un avantage dans ce mariage ! Nous n’avons aucun sentiment l’un pour l’autre, cette histoire est simplement en train de détruire la seule chose qu’on avait ! » Elle écarquilla les yeux, un peu surprise de l’argument qu’il présentait. Des sentiments ? Bien sûr qu’ils n’avaient aucuns sentiments l’un pour l’autre, et encore heureux ! Elle n’était pas une de ces gourdes à la cervelle creuse, qui s’amourachent du premier venu ! L’amour était la dernière de ses préoccupations, actuellement, et il lui avait bien semblé que c’était la même chose pour lui … Non ? « Mais qui t’as parlé de sentiments ? C’est un mariage arrangé Daley, on nous force à nous marier, personne ne nous demande notre avis, et encore moins nos sentiments ! Mais l’avantage, c’est justement qu’il y a déjà quelque chose entre nous, et qu’on n’a pas besoin de sentiments pour ça ! C’est toi qui es en train de détruire ce qu’on avait, ça pourrait très bien continuer sans problème si tu faisais un peu moins la tête de mule. Oublie ton fichu orgueil et réfléchis un peu, je suis la meilleure proposition que ton père puisse te faire ! » Elle comprenait un peu mieux les arguments qu’il lui présenta ensuite, déjà plus rationnels de sa part qu’une simple question de sentiments amoureux. Elle avait eu le temps, à travers les années, de voir à quel point il aimait sa fille, et surtout à quel point il souffrait de la séparation que son père lui imposait. Et elle savait très bien que le but de leurs pères respectifs était de les marier pour qu’ils aient des héritiers, mais cela ne lui posait aucun problème. « C’est la guerre, Daley ! Et je ne suis pas une vache reproductrice ! Je n’ai pas l’intention d’avoir des enfants pour l’instant, je vais me battre jusqu’à ce que nous ayons gagné cette guerre. Mais une fois que ce sera fait, on y réfléchira. Ton père n’aura plus de raison de te faire du chantage, une fois que le Maître aura gagné et que tu auras suffisamment prouvé ta loyauté. Tu crois qu’il peut nous demander d’avoir des enfants, et garder Liadan avec lui ? Et tu crois sérieusement que j’ai l’intention de faire des enfants pour qu’il vienne me les enlever ? » Ce n’était certes pas son père qui allait faire sa loi dans son foyer ! Mais une fois qu’ils seraient mariés, elle ne voyait pas pourquoi il viendrait remettre son nez dans leurs affaires. Pandora n’avait absolument rien à se reprocher, et Daley avait assez prouvé qu’il était Mangemort jusqu’au bout des ongles pour que son père les oublie un moment. Il aurait ses héritiers, son nom serait assuré, son fils serait rangé. Une fois la guerre gagnée, ce genre de questions ne se poseraient plus. « Dis plutôt que tu ne veux pas te marier. Mais je suis sûre que Liadan adorerait avoir un petit frère ou une petite sœur. » Elle était également sûre que Daley ne rechignerait pas à avoir un autre enfant qu’il pourrait élever lui-même, dont il pourrait profiter pleinement … Mais elle lui épargna ce genre de réflexion, sachant que cela ne ferait qu’augmenter sa fureur de se voir rappeler qu’il n’avait pas vraiment participé à l’enfance de sa fille.
A chaque seconde qui passait, à chaque mot qu’elle prononçait, elle pouvait presque voir la jauge à mauvaise humeur de Daley se remplir un peu plus. Elle ne doutait pas un instant que dans cette situation, les cordes qui l’attachaient au radiateur la tenaient, elle, en vie. A force de jouer avec le feu, elle allait se brûler … Du moins, elle se brûlerait si elle ne savait pas comment le manipuler, mais elle avait une grande expérience là-dedans : elle n’était pas téméraire au point de le faire enrager en lui laissant la capacité de se venger. Actuellement, elle pouvait faire exploser tous ses compteurs sans prendre aucun risque, et elle s’amusait beaucoup à repousser les limites de la résistance de Daley. « Si je ne te connaissais pas mieux, je pourrais presque croire que tu as tout orchestré toi-même pour me piéger… Nous savons tous les deux que même si je te dis que je consens à t’épouser, je peux revenir sur ces mots une fois libéré. Je serais fort étonné que tu te contentes de ma parole et il ne me semble pas que l’on puisse se marier ici alors ton petit jeu ne nous mène nulle part ! » Un sourire flatté s’épanouit de façon hypocrite sur les lèvres de Pandora. Il n’avait pas tout à fait tord, mais elle n’était pas tordue au point de manigancer une prise d’otage pour le seul but de lui arracher la promesse d’un mariage. Elle n’avait d’ailleurs même pas eu l’intention de lui parler du mariage avant qu’il ne lui envoie au visage qu’elle s’était fait mettre KO par des incapables de l’Ordre tandis qu’il était capturé. Il l’avait cherchée. « Et nous savons tous les deux que si tu avais eu la moindre intention de me mentir, tu l’aurais fait depuis longtemps au lieu d’essayer de me persuader de te délivrer. Pour un Mangemort, tu as beaucoup trop d’honneur, ça te perdra. Tu préfères me menacer, ou toucher ma corde sensible, ou je ne sais quoi d’autre, plutôt que de me faire une promesse que tu ne tiendras pas. Tu vois, moi aussi je te connais très bien. » Ajouta-t-elle d’un ton railleur. C’était bien sur ce trait de caractère qu’elle jouait depuis le début, s’il avait cédé tout de suite en acceptant le mariage, elle aurait su qu’il mentait pour obtenir sa libération. Mais il n’avait pas accepté, et à présent elle était certaine que s’il prononçait les mots qu’elle souhaitait, ce serait de façon irrévocable. Alors non, ils ne se marieraient pas ici, mais ils se marieraient tout de même s’il cédait enfin. Franchement, elle s’inquiétait quelquefois pour lui quand elle voyait à quel point il était l’esclave de son sens de l’honneur. Sa vie serait définitivement plus drôle s’il pouvait l’oublier quelques instants … Pas qu’elle s’en plaigne ce soir, néanmoins.
Elle sentit toute sa résolution quand il reprit la parole : il était convaincu par ce qu’il disait, il savait qu’il ne céderait pas. Elle l’avait déjà vu torturer des hommes, faire preuve d’une cruauté impitoyable pour leur soutirer des informations, et effectivement, il était aussi au courant qu’elle des méthodes qui marchaient. Elle n’avait jamais voulu en arriver là, pourtant. La torture, qui restait purement psychologique dans leur cas, était une façon extrême d’en finir avec un problème, et généralement, cela n’avait que des conséquences désastreuses. Mais la victime et son bourreau n’étaient pas censés avoir des relations cordiales, et le bourreau n’avait donc absolument aucun état d’âme à écraser sa victime. Ici, cela serait différent. Si Daley cédait après le traitement peu délicat de la jeune femme, leur relation en serait changée, Pandora en était consciente. Mais c’était par sa faute à lui qu’ils en étaient arrivés à ce point ! Il avait eu bien d’autres occasions pour accepter ce mariage, qu’était-elle censée faire d’autre ? Elle n’avait plus d’options pour le faire changer d’avis, mais elle devait quand même y parvenir. Ce n’était tout simplement pas négociable. A moins qu’il ne parvienne à convaincre son père que ce mariage n’était pas bénéfique pour sa famille, elle ne pourrait pas aller contre sa décision. « Tu te trompes sur toute la ligne. Il suffirait que tu veuilles les prononcer, ces mots, pour supprimer tout un tas de nos problèmes. Mais si tu t’entêtes, très bien ! Vu que tu connais mes méthodes, tu sais que ma patience a des limites qu’il vaut mieux éviter de franchir. » Lâcha-t-elle d’un ton qui commençait à montrer son agacement. « Mais je suis comme toi ma belle, j’aime la difficulté alors si mon intention est de te torturer, je ne serais pas contre ces quelques ennuis… Puisque je sais que je ne resterai pas ici éternellement, je sais aussi que j’aurais ma revanche. » La façon dont il avait dit ces mots, avec cette expression presque cruelle sur le visage, tira un sourire à Pandora, effaçant pour quelques instants son agacement face à son comportement borné. Elle adorait quand il était comme ça, qu’il se mettait dans la peau du grand méchant Mangemort. Il était un grand méchant Mangemort, certes ! Et il y avait de quoi s’inquiéter sérieusement quand il commençait à être comme ça, mais c’était plus fort qu’elle, elle trouvait ça … Attirant. Même si sa colère était dirigée contre elle, cela n’enlevait rien au fait qu’elle trouvait ce comportement séduisant, elle avait développé un penchant assez malsain pour les hommes sans cœur. « Je meurs d’impatience de te voir essayer, chéri. » Susurra-t-elle à son oreille, en faisant passer son doigt le long de sa joue d’un geste presque tendre, avant de se reculer avec un éclat de rire moqueur. Il allait être fou de rage. Elle ne s’éloigna pas suffisamment pour qu’il soit débarrassé d’elle, et elle s’assit sur ses genoux, s’amusant de voir qu’il semblait détester cette proximité. Il avait été tellement moins regardant, par le passé ! Mais cela faisait un moment qu’il avait changé de comportement avec elle, cette annonce du mariage avait douché sa libido, visiblement. Quel gâchis !
Il se lança ensuite dans un grand discours sur ses raisons pour refuser le mariage, et pour refuser d’avoir des enfants avec elle. La moitié semblait complètement hors de propos à Pandora, les autres terriblement ennuyeux. Jusqu’à ce qu’il bute sur un mot, et qu’il perde soudain de sa hargne au profit d’une hésitation, certes infime, mais que la jeune femme ne manqua pas de remarquer. Pendant une fraction de seconde, elle faillit prendre ça pour ce que cela semblait, une simple hésitation due à une trop forte émotion, mais il détourna les yeux, et elle sut que quelque chose avait échappé à son contrôle. « Et ? Tu penses à ta fille, et ? » Répéta-t-elle d’un ton brusque, sa main volant à son visage pour lui attraper le menton et le forcer à la regarder. Son imagination était lancée, et il n’était plus question de laisser le moindre répit à Daley tant qu’elle n’aurait pas sa réponse. A quoi, ou à qui pouvait-il penser d’autre ? Que lui cachait-il ? Ils n’avaient pas de secrets l’un pour l’autre, ils avaient décidé de ça il y a longtemps, en découvrant qu’il était bien plus simple de partager les peines plutôt que de les enterrer. Ils se faisaient confiance, c’était la base de leur relation ! Mais il lui cachait quelque chose, et elle n’aimait pas ça du tout. Cette simple pensée, étrangement, lui faisait presque peur. « Daley ? Tu penses à une autre femme ? C’est pour ça que tu ne veux pas te marier ? » Sa voix vibrait de colère, mais elle tenta de son mieux de la maîtriser. Ce n’était absolument pas le moment pour qu’il s’imagine qu’elle était jalouse. Elle pouvait supporter la pensée qu’il soit amoureux d’une autre. Elle-même n’était pas amoureuse de lui, et ne comptait pas lui être fidèle toute sa vie. Mais cela résoudrait leurs problèmes s’il laissait tomber sa fierté pour avouer qu’il en voyait une autre. « Si ce n’est que ça, je ne vois pas pourquoi tu en fais toute une histoire. Réponds-moi, Daley. S’il te plaît. » Et bien, voilà un mot qui n’était pas ressorti dans son vocabulaire depuis très longtemps …
« C’est donc ça que tu voulais ? Que je te promette de me marier avec toi et une fois libéré, que j’éclate de rire, que je me moque de ta naïveté ? Si tu me connais, tu sais alors que ce n’est pas mon genre, je ne peux pas te promettre quelque chose que je ne pourrais pas respecter et honorer parce que nous sommes amis et que ce ne sont pas des choses que je fais à mes amis. » Effectivement, elle le connaissait, et elle savait qu’il n’était pas capable de lui faire une chose pareille. Il était resté bien trop sensible, bien trop attaché à ses anciennes valeurs, pour pouvoir trahir de cette façon. « Du moins c’était l’impression que j’avais, que nous étions amis. » Elle leva les yeux au ciel. Que cherchait-il en insistant de cette façon ? Invoquer sa clémence, chercher en elle une once d’humanité ? Elle ne marchait pas comme ça, il y avait bien longtemps qu’elle avait abandonné ces parties là de sa personnalité. A quoi bon faire preuve d’humanité, quand cela n’aboutissait jamais à rien ? Sa miséricorde était morte quand sa mère avait été massacrée par ceux qu’elle imaginait être des héros. Même Daley ne pouvait pas faire renaître cette partie d’elle. Ils étaient amis, bien entendu, et elle était prête à faire pour lui des sacrifices qu’elle n’aurait fait pour personne d’autre. Bien qu’elle ne l’ait pas souvent montré, elle tenait à leur relation et elle ne traitait pas ses amis comme elle traitait le reste du monde. Mais ce qu’il lui demandait là allait bien au-delà de leur amitié. « Oh, pitié ! Ne commence pas avec ça ! Si tu ne faisais pas l’enfant, je n’en serais jamais arrivée là. Tu te plains constamment de ce que je te demande mais tu n’as pas pensé un seul instant à ce que ça représentait pour moi ! Je n’ai pas plus envie que toi de me marier, mais je n’ai pas non plus envie de perdre mon père. » Elle pinça les lèvres, et prit une grande inspiration. « C’est la dernière personne qu’il me reste, Daley. Je ne peux pas le perdre. Et s’il faut que je t’attache pendant toute une nuit à un radiateur pour qu’il ne m’abandonne pas, alors c’est un prix que je paierais. Et plutôt deux fois qu’une. » Ajouta-t-elle d’un ton hargneux. Elle détestait se confier, montrer ses faiblesses. Il était le seul qui la connaisse si bien, il était le seul à connaître son histoire. Et pourtant, il venait de la forcer à se dévoiler une nouvelle fois. Il avait beau être la victime, elle avait beau être le bourreau, elle avait la sensation d’avoir perdu la partie en étant contrainte à lui parler de cette façon, et cela ne la poussait pas du tout à être clémente envers lui. Il voulait s’entêter ? Très bien, qu’il s’entête ! Mais qu’il ne vienne pas lui parler de la valeur de son amitié, parce qu’il n’était pas le seul à devoir faire des efforts dans cette histoire. Il ne mettait que son orgueil en jeu comme si cela avait une importance vitale pour lui, mais elle jouait le dernier membre de sa famille, et elle risquait bien de le perdre si elle ne réussissait pas à le convaincre d’accepter ce mariage, ne s’en rendait-il pas compte ? Elle n’avait pas seulement envie de se marier pour le seul plaisir de faire enrager Daley – cette raison était jouissive, mais elle ne durerait qu’un temps. Elle voulait avant tout gagner l’estime de son père, et Daley ne lui facilitait vraiment pas la tâche.
Il reprit la parole, montant toujours plus haut dans l’énervement, allant jusqu’à mettre en doute ses capacités à le torturer. Il était bien trop sûr de lui, pour quelqu’un qui était attaché depuis des heures à un radiateur, sans aucun accès à une baguette magique … Son regard noir et ses menaces en l’air n’étaient pas du genre à effrayer Pandora, et elle ne vit pas l’intérêt de répondre une nouvelle fois. Oui, elle allait le torturer, mais pas de la façon dont il l’avait déjà vue faire des centaines de fois sur de misérables sang-de-bourbes. Et il allait vite perdre ce petit air supérieur qu’il s’évertuait à garder malgré la criticité de sa situation. Mais elle n’eut pas besoin de le torturer pour qu’il fasse un faux pas, et pour qu’il s’en rende compte de lui-même. Une hésitation qui sortait de nulle part, et voilà qu’il dégringolait de sa montagne enragée pour balbutier comme un adolescent pris en faute … Avec plus de contrôle de soi qu’un adolescent, sans doute, mais il ne faisait pas non plus face à une débutante dans l’art du mensonge. A sa première question, il s’enferma dans un silence qui parla de lui-même, à la seconde, il tenta de s’esquiver, et à la troisième, enfin, il tomba dans le panneau. Elle-même s’était surprise à prononcer des mots qu’elle avait bannis de son vocabulaire, préférant généralement se servir sans demander d’autorisation, mais pas cette fois. Encore une preuve qu’il était son ami et que c’était un fait assez spectaculaire pour qu’il en prenne conscience ! Mais il en fut aussi surpris qu’elle, visiblement, car sa langue se délia … Un peu. « Que ça ? Tu crois que ça n’implique rien ? Mais ce n’est pas l’important, tu te fais des films, je ne vois personne d’autre. » Pandora se raidit et recula imperceptiblement. C’était un mensonge, et pas un de ses meilleurs. Il suffisait d’entendre la façon dont son cœur cognait dans sa poitrine pour le savoir, il n’avait pas perdu contenance de cette façon avec elle depuis … et bien, jamais. Même s’il réussissait très bien à garder son masque impassible si familier, il ne pouvait pas réguler son rythme cardiaque aussi facilement. Elle se sentit étrangement mal de se rendre compte qu’il lui mentait, ressentant pour la première fois le goût amer de la trahison. Elle ne tenait plus compte du fait qu’elle le gardait attaché et qu’elle le faisait chanter depuis un bon moment, elle voyait uniquement ce mensonge, ce manque de confiance. Il ne voulait plus se confier à elle, même pas sur ce sujet ! Elle était pourtant la mieux placée, la seule à qui il pouvait en parler ! Et la première intéressée également, étant donné qu’ils étaient promis l’un à l’autre. Il lui devait bien la vérité, elle ne comprenait pas pourquoi il la lui cachait … Elle n’aimait pas du tout cette sensation, elle perdait pied sans pouvoir rien y faire. « Mais qu’est-ce que ça implique, à ton avis ? Tu crois que je vais aller me plaindre à ton père parce que tu n’es pas fidèle ? Ou que je vais te faire une crise de jalousie ? Je ne suis pas une adolescente qui va pleurer parce que tu l’as mal traitée, O Donnel, qu’est-ce que tu imagines que je vais te faire si tu avoues que tu es amoureux d’une autre ? » Rien, elle ne lui ferait rien du tout, parce qu’elle se contrefichait des femmes qu’il pouvait culbuter tant qu’il n’en faisait pas une affaire d’état ! Par contre, elle ne supporterait pas qu’il lui mente de cette façon. « Lâches l’affaire Pandora, tu as raison, il n’y a que mon orgueil en jeu dans cette histoire… » Cette fois, elle se leva tout à fait, et le toisa de toute sa hauteur. « Je dois avouer que ton discours sur l’amitié de tout à l’heure a failli m’avoir. Je me suis trompée, tu n’as pas autant d’honneur que ce que je pensais. Mais il faudra faire encore mieux pour que je gobe à tes mensonges. »
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Sujet: Re: Bittersweet salvation ₪ Daley & Pandora Jeu 4 Oct - 23:00
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Sujet: Re: Bittersweet salvation ₪ Daley & Pandora Dim 7 Oct - 21:34
Pandora n’avait jamais eu de relations très cordiales avec son père. Durant son enfance, il était la figure froide et intimidante, pour ne pas dire effrayante, qu’il fallait contenter mais qu’elle ne réussissait jamais à dérider. Elle avait toujours été blessée par cette distance entre eux, mais elle était si proche de sa mère que cela compensait, un peu, la froideur de son père. Mais il était à présent la seule famille qui lui restait, et elle avait cru le perdre une première fois quand sa mère était morte. Le regard qu’il lui avait lancé, toute la déception dans son regard, était quelque chose qui la hantait encore aujourd’hui, même si elle gardait ça soigneusement pour elle. La lumière avait réapparu dans son regard quand elle lui avait annoncé son désir d’intégrer les Mangemorts, et pour la première fois depuis très longtemps, il lui avait souri. Elle avait enfin trouvé le moyen de le rendre fier. A partir de ce moment, elle avait été prête à absolument tout pour qu’il ne cesse jamais de la regarder ainsi. Elle était devenue un monstre impitoyable, elle avait mis de côté tout ce qui avait compté pour qu’il ne reste plus que lui. Et elle était heureuse ainsi, du moins c’est ce dont elle était persuadée. Elle ne voulait pas que les choses changent. Quand il lui avait parlé de son projet de mariage avec Daley, elle n’avait pas songé une seule seconde à discuter. Daley ? Quelle merveilleuse idée ! Ils avaient déjà partagé le même lit bien des fois, et ils s’entendaient très bien. Elle ne voyait pas de difficulté majeure, et elle savait que son père serait content d’elle. Mais c’était Daley qui faisait obstacle à leur volonté à présent, et Pandora pressentait que la faute serait rejetée sur elle si elle ne parvenait pas à le convaincre d’accepter. Même s’il avait des relations plus que tendues avec son propre père, elle espérait qu’il comprendrait son argument. C’était sa famille ! Lui-même était prêt à tuer tout Londres pour sauvegarder la vie de sa si précieuse petite fille, alors il pourrait sans doute concevoir ce qu’elle faisait pour sauver son lien avec son père. « Tu ne risques pas de le perdre, tu tues et tu tortures pour son maître, tu es aussi impitoyable qu’il a voulu que tu sois et tu lui obéis comme s’il était le Seigneur des Ténèbres en personne et tu crois qu’il va abandonner sa si précieuse arme seulement parce qu’elle ne consent pas à un mariage avec un sang mêlé ? Que crois-tu qu’il va te demander ensuite ? Un enfant, un héritier et après ? S’il te demande de te jeter du haut de la falaise, tu le feras parce que tu crois que ça te feras grimper dans son estime ? Ton père est comme le mien, j’ai parfois l’impression de l’entendre à travers les paroles de mon père et inversement, tu lui es trop utile pour qu’il t’abandonne, pourquoi ne le vois-tu pas ? » La bouche de Pandora se tordit en une grimace, mais pendant un instant elle ne parvint pas à trouver la moindre réplique cinglante. Comme s’il pouvait avoir raison, elle n’arrivait pas à le contrer … Pourtant il avait tord, elle le savait ! Il sous-entendait que son père se servait d’elle, qu’il ne faisait ça que par intérêt, mais c’était son père, elle était sa fille. Il ne pouvait pas le comparer avec le sien propre, ils n’avaient rien en commun ! Et pourtant … Elle secoua la tête, tentant de chasser de sa tête ces pensées indignes. « Tu ne sais pas ce que c’est, tu ne comprends rien ! Ce n’est pas parce que tu hais ton père que tout le monde doit en faire de même ! » Lui cria-t-elle, furieuse. Et d’autant plus furieuse que cette réplique était largement au-dessous de ce qu’elle aurait du être capable de produire, mais il l’avait empoisonnée par ses paroles perfides, il l’avait déstabilisée. Mais il ne l’aurait pas aussi facilement, cela renforçait son envie de le laisser attaché là pour encore une nuit ou deux … Rien que pour faire rentrer la leçon !
Le fait qu’elle découvre qu’il était amoureux renforça encore sa conviction qu’elle ne le laisserait pas sortir de cette baraque avant un petit bout de temps. Il lui avait caché ça ! Et il tenait encore à le lui cacher, alors qu’elle savait qu’il mentait. « Tu cherches à me culpabiliser maintenant ? Ce n’est pas moi qui maintiens l’autre enchaîné comme un animal pour obtenir ce que je veux ! Si tu te fiches que je sois amoureux d’une autre, si tu n’as pas l’intention de me faire une crise de jalousie ni de dire quoique ce soit, cela ne changera rien que je parle ou que je me taise. Je croyais que mon sens de l’honneur était une faiblesse et quand je l’abandonne, tu me le reproche. Décides toi Pandora, tu veux que je sois aussi impitoyable que toi ? Que je ne pense qu’à servir mes intérêts ? Tu as gagné, tu ne m’as pas donné envie d’agir autrement. » Elle émit un petit bruit de bouche méprisant. Il ne comprenait vraiment rien à rien ! Est-ce qu’il avait vraiment besoin d’entendre clairement qu’elle ne lui reprochait pas d’être amoureux, mais de ne pas avoir assez confiance en elle pour le lui avouer sans faire de chichis ? Il pouvait toujours courir ! Elle ne lui ferait pas ce plaisir, plus maintenant. Passé le moment étrangement déroutant où elle s’était sentie trahie, elle ne ressentait plus maintenant qu’une immense colère envers Daley. « Parfait ! J’espère que ta nouvelle conquête est dans le coin, dans ce cas, parce que tu … » Elle n’eut pas le loisir de terminer sa phrase. « Attends, tu as entendu ça ? » Oui, elle avait entendu ça. Elle s’approcha de la fenêtre pour scruter l’extérieur, presque certaine que ce bruit n’était rien d’autre qu’un craquement du bois, cette vieille baraque étant une ruine, c’était tout à fait probable – mais mieux valait vérifier quand même. Daley semblait bien plus inquiet qu’elle, mais elle ne lui accorda pas la moindre attention. « Pandora, détaches-moi, je crois qu’on a de la compagnie ! » Elle fronça les sourcils, trouvant cette tactique vraiment faible de sa part, mais elle n’eut pas le temps de lui répondre quoi que ce soit : dans un bruit fracassant, trois hommes venaient de faire exploser la porte.
Pendant une fraction de seconde, Pandora regretta presque d’avoir mis en doute la parole de Daley. Et de ne pas l’avoir détaché quand il le lui avait demandé. Puis elle dégaina enfin sa baguette magique et lança de justesse un sortilège du bouclier où vinrent s’écraser un jet d’étincelles vertes. Elle recula vers Daley, tout en esquivant les sortilèges qui fusaient vers eux, faisant de son mieux pour protéger également son ami encore attaché au radiateur, mais une barrière de feu jaillit soudain entre eux deux, et elle dut reculer précipitamment pour ne pas se faire griller vive. D’un geste de sa baguette, elle fit voler la table vers un des trois hommes, puis jeta un sortilège impardonnable à un autre, qui le dévia sans se faire toucher. Tout en évitant une nouvelle salve d’étincelles, elle vit du coin de l’œil qu’un des hommes se dirigeait vers Daley, mais un de ses acolytes l’arrêta, lui faisant un geste sans équivoque de la main tandis que ses lèvres formaient le mot « Mangemort ». Pandora sentit son sang se glacer – jusque là, ils avaient épargné Daley en pensant qu’il était son prisonnier, c’est pour ça qu’ils les avaient séparés. Mais leur avis venait de changer en le reconnaissant. Et le fait qu’il soit encore attaché leur donnait un avantage certain. A présent complètement focalisée là-dessus, Pandora lança une salve de sortilèges sur les trois hommes, presque à l’aveuglette, sans se soucier de savoir s’ils étaient touchés ou non. L’important étant de les tenir occupés, de ne pas leur laisser la moindre seconde de répit, et surtout de les éloigner de Daley. Mais ils étaient trois, et elle était seule. Peu à peu, ils gagnaient du terrain, et c’était eux qui l’éloignaient de Daley. Elle se baissa vivement pour éviter un sortilège, recula et se retrouva le dos au mur. En jetant un regard autour d’elle, elle vit qu’un des trois membres de l’Ordre s’était à nouveau rapproché de son ami. Elle en oublia immédiatement les deux autres, et s’échina à faire reculer l’homme. « Avada Kedavra ! Expulso ! Avada…aaah ! » Elle s’était jetée par terre juste à temps pour éviter un jet de flammes, qui lui roussit une mèche de cheveux et laissa une trace brûlante sur sa joue, mais au moins elle avait pu gagner du terrain, et se retrouvait à moins d’un mètre de Daley « Finite Incantatem ! » Les cordes qui entravaient le Mangemort disparurent, enfin. « Protego ! Destructo ! » Un bouclier se forma devant eux, tandis que le mur derrière eux explosait pour leur ouvrir un passage vers l’extérieur. Elle attrapa Daley par sa robe de sorcier et le tira en arrière, à travers les décombres jusqu’à ce qu’ils atteignent la pelouse. Il fallait maintenant qu’ils sortent du champ anti-transplanage … Et ils pourraient sortir de cet enfer. Toujours sans le lâcher, sans se soucier qu’il pouvait très bien se mouvoir par lui-même maintenant qu’il était détaché, elle continua de le tirer jusqu’à ce qu’ils soient sortis du périmètre de la bâtisse. De là, et sans regarder un seul instant en arrière, elle les fit transplaner loin d’ici. Quand ils réapparurent, dans une rue à quelques pas de chez elle, elle relâcha enfin Daley. « Coup de chance ce soir, O Donnel. Va donc fêter ça avec ta copine, elle doit sans doute t’attendre sagement et je ne voudrais pas qu’elle s’inquiète pour toi. » Lâcha-t-elle entre ses dents, sans le regarder.