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 ❝ what was before, we see once more ❞ (ft.cibràn)

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MessageSujet: ❝ what was before, we see once more ❞ (ft.cibràn)    ❝ what was before, we see once more ❞ (ft.cibràn)   Icon_minitimeSam 25 Mai - 20:27


“ what was before, we see once more ”
some folk we never forget, some kind we never forgive. haven't seen the back of us yet, we will fight as long as we live.
Cibrán-Yaexen and Clive
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Il était coincé à Poudlard. C'était assez ironique puisqu'il avait longtemps – trop longtemps – été celui qui ne voulait pas quitter le château, qu'importe les risques qu'il prenait, il avait décidé de rester à Poudlard et ce depuis la rentrée jusqu'à, quelques jours plus tôt, quand il avait retrouvé Cedrella à Pré-Au-Lard et qu'elle l'avait convaincu de partir avec lui. Ça leur avait valu une dispute et des larmes, mais il avait finalement abdiqué, il avait été prêt à quitter le château pour se lancer dans une fuite hasardeuse en compagnie de Cedrella. Ils auraient été ensemble, là pour veiller l'un sur l'autre, l’inquiétude qui les habitait à chaque fois qu'ils se quittaient les aurait enfin lâchés. Pourtant, il était encore à Poudlard. Cedrella était partie, mais lui, il était encore là, pas qu'il en ait particulièrement envie, mais parce qu'il avait commis une petite erreur qui lui avait coûté cher. Elle lui avait coûté Cedrella, il ne savait pas où elle était mais elle devait sans doute le détester, parce qu'il lui avait promis qu'il laisserait le château derrière lui pour s'enfuir avec elle et qu'il n'était jamais venu à sa rencontre. Ce n'était malheureusement pas la première fois qu'elle était réduite à l'attendre en vain. Il n'avait pas choisi de la laisser en plan, ni cette fois, ni quand elle s'était faite capturée par les mangemorts, c'était toujours Poudlard qui le retenait finalement, à croire qu'il était condamné à mourir dans ce château. Parce que Cedrella avait raison finalement, il risquait sa vie entre les murs de ce château. Il avait de plus en plus l'impression qu'à moins d'un miracle, il ne s'en sortirait jamais vivant, il ne reverrait jamais Cedrella. Il n'aurait jamais du remettre les pieds dans ce château, il aurait du s'enfuir avec elle en laissant derrière lui ses affaires (qui n'étaient pas très importantes) et Juliet puisque de toute évidence, il n'avait pas pu l'aider comme il le lui avait dit. Elle n'avait pas eu besoin de lui, alors il aurait vraiment pu se passer de revenir ici. À trop vouloir aider les autres, voilà ce qu'il récoltait ; des ennuis, des ennuis et encore des ennuis. Il fallait qu'il apprenne à laisser les autre dans leur coin et à se soucier de son propre bien un peu, sinon c'était sûr qu'il ne ferait pas long feu. Enfin, maintenant, il avait l'impression que, d'une façon ou d'une autre, il ne ferait pas long feu, il ne savait même pas ce qui retenait les baguettes des mangemorts. Il ne savait pas pourquoi ils ne l'avaient pas encore tué. Ce n'était pas comme si le fait que l'arithmancie ne soit plus enseignée à Poudlard le temps de lui trouver un remplaçant soit vraiment quelque chose de grave à leurs yeux. Les élèves eux-même devraient facilement s'en remettre, ils n'étaient pas nombreux à avoir choisi l'arithmancie comme option (ce qu'il trouvait bien dommage d'ailleurs) et un cours en moins dans leur emploi du temps finalement ça ne pouvait que leur faire du bien. Il n'y avait aucune raison pour que les amis l'épargne encore, ou alors il n'était pas en mesure de la comprendre et comme il n'avait pas l'intention d'aller leur demander il ne saurait sans doute jamais. Au pire plus longtemps il vivait, plus il pouvait garder espoir qu'un jour, on lui foute suffisamment longtemps pour qu'il puisse quitter le château sans être suivit et finalement ramené de force dans le meilleur des cas. Peut-être qu'un jour, il y arriverait et que ce jour il pourrait retrouver Cedrella et certainement affronter sa colère, parce qu'il l'avait, encore une fois, laissée tomber. Ça n'irait finalement jamais parfaitement bien entre Cedrella et lui, il fallait toujours que quelque chose leur tombe sur le coin du nez, les séparant malgré les promesses faites et bizarrement, il avait l'impression que ces choses qui s'acharnaient à les séparer faisaient toujours bien en sorte qu'il passe pour le connard de service pas fichu de respecter ses propres paroles. Pour une raison qu'il ignorait, le destin devait lui en vouloir suffisamment pour s'acharner sur lui et faire en sorte que jamais il ne soit heureux. Pas avec Cedrella en tous cas et comme il n'y avait qu'avec elle qu'il voulait être, forcément, le destin réussissait bien son coup. Quel gros nul celui-là.

Il avait toujours plus ou moins l'impression d'avoir un mangemort sur le dos. En dehors de son bureau, il n'avait limite plus de vie privée. Pourtant, ce n'était pas comme s’il représentait une quelconque menace après tout, il n’était qu’un sorcier parmi tant d’autres, appartenant à l’ordre du phénix certes, mais il n’empêchait qu’il ne représentait un danger pour personne. C’était lassant de ne pas pouvoir faire trois pas sans avoir l’impression qu’à la moindre erreur il allait être exécuté. Heureusement pour lui, il arrivait encore à s’éclipser du château quelques temps, même s’il était obligé de revenir, il avait quand même l’occasion d’aller prendre l’air. Echapper à cette ambiance morbide, sans jamais chercher à retrouver Cedrella, il avait définitivement trop l’impression d’être suivi pour risquer de la rechercher, elle était sans doute au camp de Craik, c’est là qu’ils étaient censés aller alors, si elle espérait encore qu’il vienne la rejoindre (ce qu’il espérait mine de rien), c’était sûrement là qu’elle l’attendait. Cependant, il n’était pas encore assez fou pour rejoindre le camp de l’ordre alors qu’il savait qu’il avait quelques mangemorts dans son dos. Finalement, c’était peut-être ça qu’ils attendaient, qu’il leur donne l’emplacement de ce camp, peut-être qu’il le jugeait assez con pour faire ce genre d’erreur. Des erreurs il en faisait beaucoup, c’était indéniable, mais d’ici à mettre en péril ses camardes de l’ordre et Cedrella (surtout Cedrella), il ne fallait pas exagérer. Il était clair qu’il voulait la revoir, qu’il voulait la serrer dans ses bras et s’excuser de toutes les façons possibles inimaginables pour qu’elle puisse trouver la force de le pardonner. Mais ce serait débile d’aller la retrouver maintenant en sachant très bien qu’il n’aurait même pas le temps de la saluer avant que le camp ne se fasse attaquer. Il avait souvent des idées complètement débiles, mais pour le coup, il était assez malin pour ne pas se faire avoir comme un attardé mental. Il valait encore un peu mieux que ça. S’il ne finissait pas par crevé au beau milieu du château, si jamais il arrivait vraiment à échapper à la surveillance des mangemorts, pour sûr qu’il irait retrouver Cedrella. Il lui avait promis. Qu’il n’ait à traverser qu’un passage secret, tout le pays ou même l’enfer, il reviendrait vers elle. C’était ce qu’il lui avait dit et aujourd’hui, c’était considérablement compromis, ou alors, c’était bien l’enfer qu’il était en train de traverser et il n’en voyait pas le bout. Il avait un peu trop l’impression qu’il n’en verrait jamais le bout. D’habitude, quand ça n’allait pas, qu’il perdait son optimisme habituel, c’était vers Cedrella qu’il se tournait, parce qu’elle avait toujours eu le don de lui redonner le sourire et l’espoir. Mais Cedrella n’était plus là et c’était justement ça le problème. Il espérait qu’elle avait quand même trouvé le camp ou qu’elle était en sécurité quelque part. Il s’accrochait à cette idée, sans quoi, il se serait sans doute déjà jeté de la tour d’astronomie depuis longtemps. Il devrait sans doute essayer de se ressaisir, ce n’était pas en désespérant sur son sort qu’il s’en sortirait. Ce qu’il pouvait encore faire en revanche, c’était se montrer totalement inintéressant, rien que pour montrer aux mangemorts qu’ils pouvaient aisément lui lâcher les baskets s’ils n’avaient pas envie de mourir d’ennui. Il pouvait facilement leur prouver qu’il n’était qu’un type ayant une vie totalement banale et peu passionnante, qui avait pris un jour le risque d’aider une amie à quitter le château et qui avait un peu trop tendance à vouloir aider les élèves. Il pouvait très bien être un type banal mais doté d’un cœur lui permettant d’aider ses amis et de ne pas supporter qu’on puisse torturer des gamins. Après tout, dans la logique des choses, ça restait des qualités humaines totalement banales, il n’y avait à peu près que les mangemorts qui ne les possédaient pas.

S’ils s’amusaient à le suivre partout où il allait, il pouvait facilement les faire tourner en bourrique, il pouvait passer des heures entières dans les librairies, que ce soit dans des lieux moldus ou sorciers, après il pouvait même aller faire quelques courses avant de rentrer à Cardiff pour faire toutes sortes de choses qui n’auraient aucun rapport avec l’ordre du phénix. Il s’était même surpris lui-même à faire le grand ménage de printemps chez lui, à tondre la pelouse, à tailler les haies et à repeindre la clôture, des activités tellement banales qu’il aurait presque pu lui-même trouver ça parfaitement ennuyeux, mais finalement ça lui avait pris suffisamment de temps pour lui occuper tout un week-end. Aujourd’hui, il ferait preuve de moins d’ingéniosité, il avait toute une journée à tuer de façon banale, mais en vu de la date, il n’avait pas l’intention de la passer encore à faire tout et n’importe quoi pour passer pour le mec le plus inintéressant de la planète. Aujourd’hui, ça faisait trois mois jour pour jour que Finnian Oswald était décédé. Un tragique évènement qui aurait presque pu passer pour une banalité au beau milieu d’une guerre, mais Clive était ami avec Finnian depuis de très nombreuses années, il avait combattu pour l’ordre et aujourd’hui, il n’était plus qu’un souvenir attaché à une pierre tombale au beau milieu du cimetière de Thurkellham. Clive avait l’impression qu’il avait beaucoup trop d’amis déjà tombés au combat c’était presque impossible de ne pas se dire qu’il était peut-être le prochain, forcément ça n’arrangeait pas son moral. Sans vraiment faire attention à qui pouvait avoir eu la brillante idée de le suivre, il n’en avait trop rien à faire de toute façon, il s’était rendu jusque dans la petite ville d’écosse. Il prit le temps de passer chez un fleuriste, acheter un bouquet à déposer au pied de la tombe de son ami avant de se rendre au cimetière, toujours sans faire attention à s’il était suivit ou non. Après tout, il s’en fichait déjà et là en l’occurrence, si un mangemort venait l’emmerder, il n’aurait aucune difficulté à lui dire d’aller se faire voir. C’était la guerre certes, mais il n’y avait aucun mal à aller rendre hommage à un ami. Il déposa le bouquet près de la pierre tombale avant de reculer de quelques pas afin de pouvoir l’observer. Face à cette dernière, il ne put retenir un soupire, il détestait vraiment cette guerre, elle avait pris la vie de Finnian et celles de tellement d’autres, elle ne cessait de se mettre en travers de sa route pour détruire ce qu’il essayait de construire avec Cedrella. Ça aurait sans doute été bien plus simple entre eux s’ils avaient été fichus de s’avouer leurs sentiments avant que le monde ne plonge au beau milieu du chaos. Enfin, il fallait croire que la simplicité n’était pas leur fort à ses deux là. Il fallait qu’il arrête de penser à Cedrella, ça finirait par le rendre fou, si tant est que ce ne soit pas l’abus de sortilèges doloris sur sa personne qui ne s’en charge. Un léger bruit derrière lui l’alarma soudainement, à croire qu’il était devenu suffisamment attentif et prudent ces derniers temps pour que son ouïe s’améliore. Il jeta un coup d’œil derrière son épaule, presque surpris d’apercevoir Cibran. Pourtant, c’était devant la tombe de son frère qu’il se trouvait en cet instant précis, ça n’avait rien de surprenant quand on y réfléchissait bien. Il ne s’attendait juste pas à le voir, ça faisait des mois après tout que leurs routes ne s’étaient pas croisées. Depuis l’enterrement de Finnian, à cette même place. « Cibràn. » Il aurait pu lui demandait ce qui l’amenait ici, mais ça semblait plutôt évident, il aurait pu lui demander comment il allait, mais ça semblait presque déplacé ces derniers temps. Finalement, il n’avait rien de mieux à dire que son prénom. Clive avait pourtant l’habitude d’être du genre loquace, mais ces derniers temps, il avait vraiment l’impression de ne plus rien avoir à dire, que ce soit à Cibran ou à quelqu’un d’autre. La seule personne avec qui il avait envie de parler était quelque part dans la nature, loin de lui et il n’avait aucun moyen de retourner vers elle. Sa fiancé, ironie du sort après tout, ne dit on pas souvent que dans un couple la communication est une chose fondamentale ? Cedrella et Clive étaient bien mal parti pour l’instant.


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MessageSujet: Re: ❝ what was before, we see once more ❞ (ft.cibràn)    ❝ what was before, we see once more ❞ (ft.cibràn)   Icon_minitimeMer 29 Mai - 0:03


they are only where they are now
w. clive burgess-holmes & cibrán-yaexen t. oswald
« This one's for believing if only for it's sake
Common friends get up now, love is to be made »

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Acquérir une patience flexible et méandreuse s’avérait être un art qui se travaillait tous les jours. Malgré lui, Cibrán découvrait avec de plus en plus de difficultés que la guerre devenait, au fil du temps, semblable à un immense jeu de patience, de calculs inlassables et de stratégies qui s’avéraient de plus en plus compliquées. A cela pourtant, le sorcier avait pour habitude d’exceller dans ces domaines-là – il était un Serdaigle après tout, mais novembre s’était fait lourd sur ses épaules. Et les mois suivants également. C’est en broyant du noir, retournant inlassablement ses songes qu’il avait passé les fêtes de Noël avec sa famille, se grimant du masque de l’impassible jumeau qui fuyait la mort de son frère ; qu’il avait également vu l’année 1998 pointer au bord du monde. Le temps passait vite, inlassablement vite (surtout quand une journée de travail débutait à sept heures le matin, pour se terminer généralement bien après vingt-et-une heures le soir), mais se détournant par bien des passages tortueux qui mettaient en péril chaque nouvelle journée qui s’annonçait dans un avenir proche : compliqué c’était, de pouvoir estimer pleinement comment une guerre pouvait se dérouler dans l’œil même de l’ouragan, mais le Ministère braillait sans cesse des cris d’horreur de ses victimes – déchiré entre les uns et les autres, les avis divergents et ceux qui se contentaient de détourner le regard – Londres était prise d’une frénésie palpable, quoiqu’invisible : dans la pénombre des rues abandonnées, lorsque la nuit se faisait épaisse, Oswald avait le pressentiment que des choses bien importantes se jouaient dans les coins de la capitale, mais encore jamais il n’avait jugé bon d’y prêter plus d’attention que quelques-unes de ses pensées. Quelques-uns trouveraient ça bien lâche de passer à côté du monde et de ses infranchissables obstacles en détournant simplement les yeux, d’autres trouveraient ça malin, ils ne s’en retrouveraient que plus envieux de tous ces fous qui n’en avaient rien à faire du reste du monde, ou de leur propre conscience. Tous les êtres humains n’étaient définitivement pas faits de la même manière, sans quoi, cette guerre intestine n’aurait aucune raison d’être – c’était stratégique cependant, car Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom n’en avait sans doute rien à faire des démarches politiques des uns et des autres, ou des fondements même du Ministère de la magie. Tout ce qui l’arrangeait, c’était d’avoir la main mise sur tous les réseaux sorciers (certains soupçonnaient que c’était uniquement dans le but d’arrêter Harry Potter, que le Mage Noir pensait assez idiot pour utiliser les réseaux officiels plutôt que ceux créés par l’Ordre du Phénix). Ces intrigues silencieuses sifflaient inlassablement dans l’air, rythmaient la vie dans le monde des sorciers depuis bien longtemps à présent – des mois, qui avaient la fâcheuse tendance parfois, de paraître à Cibrán comme durant depuis des éternités indéfinissables. Pourtant, ce jeu de pouvoir était incontestablement celui qu’il aimait jouer et ce, depuis toujours : preuve étant, son cul encore vissé sur son siège au Ministère de la Magie, lui offrait le statut d’insoupçonnable pour le moment, tout en lui garantissant de traverser les plus grosses batailles sans avoir le moindre problème. Tant qu’on ne lui demandait pas de rejoindre les rangs du Mage Noir, en tout cas. Car il y avait une parcelle lumineuse au fond du sorcier qui se découvrirait répugnée par l’idée d’avoir la Marque des Ténèbres au bras, et de côtoyer des parasites dégoutants comme l’avait toujours été Malefoy, errant encore et toujours dans les couloirs à la recherche d’un imbécile à berner avec un pot de vin. Cet idiot avait fini à Azkaban, pour quelques mois en tout cas, et à la place du Seigneur des Ténèbres, Cibrán ne se serait sûrement pas donné la peine de le sortir de ses geôles, rien que par stratégie parce qu’il n’avait même pas été capable de récupérer une prophétie des mains d’un gamin de cinquième année à Poudlard, mais également parce qu’il pouvait à tout moment retourner sa veste vers le plus offrant. Oui, en définitive, Oswald méritait bien la place qu’il occupait actuellement – manigancer dans le dos des gens était comme devenu un art de vivre, un réflexe vital qui vibrait dans ses cellules, dans chaque fibre de son corps au rythme du sang que pompait son cœur. Il avait commencé, et jamais il n’arrêterait, sûrement.

Jamais et pour personne – pas même Finnian, feu son frère jumeau, centre de gravité de toute la complexité des relations qu’il pouvait avoir dans un monde : en tant que frères, ils s’étaient toujours aimés, complémentaires comme deux ombres se mouvant sous les rayons du soleil. Et parfaitement opposés à la fois, là où Finnian avait été un digne Gryffondor inspirant admiration à beaucoup de gens (et enchaînant les conquêtes, il faut le dire, quand même), Cibrán avait toujours été l’âme solitaire, plongé dans un livre ou dans un jeu trop compliqué pour la plupart de son entourage. Cibrán avait toujours été celui qui s’avérait détestable, raillant les imbéciles et soulignant aux premières occasions sa supériorité naturelle : sa survivance jusqu’ici en était la preuve. Pourtant, tout ce que Finnian avait laissé derrière lui lorsqu’il avait été lâchement arraché à ce monde, Cibrán s’acharnait à le porter, comme une croix, une pénitence qu’il s’infligeait à lui-même, dans l’espoir de laver son âme avant que celle-ci ne doive rendre des comptes devant le Bon Dieu. Mais en tant que sorcier, il ne croyait nullement en une quelconque religion moldue, ni même aux soi-disant mythologies poussiéreuses racontées dans les livres d’histoire de la magie : son Dieu à lui, c’était sa conscience, mais malheureusement, celle-ci le torturait plus qu’un type barbu qui l’attendrait le jour de sa mort, soit pour le jeter en Enfer, ou lui offrir les portes du Paradis. Se repentir ne servirait à rien, se confesser non plus, c’était une tâche sombre qui dévorait lentement mais sûrement son âme, que la guerre étendait plus vite que jamais – il ne s’en débarrasserait pas de sitôt, et quoique il fasse, qui qu’il sauve, il avait toujours le poids de ses vieux cadavres sur le dos. Le doigt du sorcier s’arrêta finalement sur la fine sculpture de son verre : au cours de la journée, il l’avait rempli à de nombreuses reprises, comme une occupation réflexe qui accompagnait chaque lecture de dossier qu’il accomplissait, chaque pause qu’il faisait, ou chaque rendez-vous qui se prolongeait entre les quatre murs qui composaient son bureau. Certes, il n’avait pas à se plaindre, celui-ci était plutôt conséquent (loin d’être aussi richement décoré et grand que celui qu’il visait depuis qu’il était entré au Ministère, tout en bas de l’échelle, mais quand même assez imposant), mais en la présence d’un Mangemort trop extrémiste ou trop directif, l’air devenait vite irrespirable, et l’entretien tournait à l’épreuve de force. Patience, encore de la patience. Les volontés de fer d’Oswald n’avaient pas encore trouvé de quoi les mettre à plus dure épreuve que ceci, mais inlassablement aujourd’hui, celles-ci lui échappaient sans cesse, alors que ce n’était même pas son cerveau, ou son sens logique, mais bien d’autres choses chez lui qui quittaient ce bureau, le Ministère tout simplement, pour vaquer bien ailleurs. Vers sa maison, habituellement vide, qui pourtant en ce moment abritait une invitée inattendue : assez grande pour abriter trois familles à elle toute seule, Cibrán n’avait pas peur que Belle mette le désordre chez lui mais plutôt, paradoxalement, qu’il lui arrive quelque chose. Ou qu’elle s’ennuie. Ou qu’elle prenne une décision stupide qui la mettrait en danger. Les mettrait en danger. La mettrait en danger. Il ne savait pas, il ne voulait pas savoir. Alors que l’aube avait à peine léché l’horizon, il avait quitté sa grande demeure pour le Ministère, la laissant endormie dans la chambre qu’elle occupait, ne se donnant pas la peine de lui laisser le moindre mot : leurs conversations étaient rarement personnelles, l’un comme l’autre fuyaient les sujets qui auraient tendance à fâcher, mais elle savait ce qu’il faisait de sa vie, elle savait qu’il travaillait du matin jusqu’au soir et qu’elle devait alors s’occuper seule. Elle faisait partie de sa vie. Bizarrement, c’était bien la première fois que quelqu’un avait l’occasion – le luxe, même – de faire partie du quotidien de Cibrán de cette manière ; même Finnian n’avait jamais réussi à pénétrer dans son esprit jusque-là. Et plus loin encore, alors que le sorcier fuyait l’irrémédiable qui ramenait encore et encore chaque coin de ses songes jusqu’à elle. Parfois, il aurait préféré même rester chez lui plutôt que venir jusqu’ici, ce qui était une première dans toute l’histoire de sa vie. Et il ne savait pas pourquoi – sa logique avait fini par dresser l’hypothèse que c’était la culpabilité qui le faisait agir ainsi, et non pas une quelconque affection pour la née-moldue. Bien entendu que non, elle pourrait partir à tout moment qu’il n’en serait nullement affecté. Bien sûr. Ca faisait de toute manière partie de leur accord : elle ne pourrait pas rester dans la capitale, ni dans sa maison à lui, parce que si elle se faisait prendre, les conséquences n’en seraient que plus terribles.

Ou quelque chose dans ce genre-là. La pulpe de son doigt vibrant dans un léger son contre le cristal de son verre, Oswald eut un soupir ; cette journée était pleine de songes, pleine de complexité. Il y a trois mois, jour pour jour, il avait reçu un hibou le matin même, des rafleurs qu’il avait engagés. Un hibou qui lui apprenait la mort officielle de son frère, et la sûreté de toutes ses affaires passées et à venir. Et de leur famille. Quant à savoir ce qui avait le plus importé pour lui, entre sa famille et ses ambitions, c’était une autre histoire, mais Cibrán se souvenait comme si c’était hier des sentiments qui l’avaient pris à la lecture de ces quelques mots : un soulagement sans borne, sans limite, s’étendant à travers tout son corps – et ce poids, cet étau enserrant brusquement son cœur. De la peine, de la culpabilité, qui assombrissait encore son visage à chaque fois que le nom de son jumeau passait les lèvres de quelqu’un. Quelqu’un qui ne méritait forcément pas de prononcer ce nom, de soupçonner un tant soit peu l’avoir connu : car à la mesure de son cher frère, Finnian avait toujours eu une part d’énigme, que seul Cibrán avait été apte à mesurer. C’était ainsi qu’ils s’étaient toujours connus, compris, complétés. Opposés. Ses yeux sombres posés dans le vide, il finit par les fermer un instant, le temps que ses volontés remontent de son cerveau jusqu’à son bras, attrapant fermement son verre, pour avaler cul sec l’infime gorgée qu’il lui restait. Ce soir, il partait plus tôt : le soir n’était pas encore couché, mais il avait un détour à faire, et quand bien même l’idée déplairait à sa patronne, Oswald n’en avait cure. Shae-Layne Hackett avait uniquement obtenu son poste grâce à son statut officiel de lèche-botte, et de femme-victime de Silas Hackett, président du Magenmagot : elle ne le devait en aucun cas à ses capacités de directrice ou dans les relations sociales et cela, à chaque nouvelle journée de travail elle le prouvait. Les préjugés que Cibrán avait toujours eus sur les femmes se confirmaient chaque fois un peu plus quand il posait son attention trop longtemps sur cette femme : avec ses longs cheveux blonds, ses habits luxueux payés par son fou de mari, sa place était sans nul doute à faire la belle idiote dans sa maison, plutôt que de se pavaner en ne sachant qu’à peine user de son pouvoir au sein du Ministère. Entre de meilleures mains, ce poste aurait été bien mieux exploité ; car Cibrán se savait largement à la hauteur pour faire mieux que cette garce sans une once de sens stratégique. Au final, cette véhémence que le sorcier entretenait pour sa supérieure lui servait bien souvent de prétexte pour n’en faire qu’à sa tête (ce qui lui apportait plus que ça ne lui en pâtissait, en soit), et aujourd’hui ne ferait pas exception à la règle. De toute manière, au milieu des tas de paperasses que le Ministère diffusait, des incessantes surveillances de tout le pays pour débusquer Harry Potter ou n’importe quel fuyard digne d’intérêt, un type du département des Mystères qui quittait son travail avec quelques heures d’avance, ça n’avait pas de quoi attirer bien d’attentions. C’est ainsi sans ciller, sans passer par la porte dérobée et sans oublier de saluer ses collègues que Cibrán quitta le Ministère de la magie : personne ne se donna la peine de le retenir – ils le savaient tous déjà assez borné pour faire comme il l’entendait, et beaucoup savaient quel jour ils célébraient aujourd’hui. Et la pitié, l’humilité que certains de ses collègues avaient encore, les empêchait de s’opposer à sa décision : il se rendait sûrement sur la tombe de son jumeau, en ce funeste anniversaire (trois mois, déjà), c’était une excuse assez valable pour attirer plus de regards compatissants que d’incompréhension. Londres était toujours aussi froide, alors que février semblait s’étaler plus que de mesure – passant sa longue veste sur ses épaules, le sorcier s’éloigna de quelques pas du Ministère, sans se donner la peine de rejoindre une grande artère de la ville pour transplaner. La tombe de Finnian était bien loin de Londres, enterrée dans l’oubli, loin de cette guerre heureusement, malgré le fait indéniable que celui-ci ait toujours cherché à s’en mêler d’une manière indirecte ou directe. Finnian faisait partie de l’Ordre du Phénix, ou aspirait grandement à s’y engager plus encore en tout cas, et Cibrán n’avait pas pu accepter cette idée, la simple perspective de le laisser faire ainsi, et risquer de mettre toute leur famille en danger pour des histoires d’orgueil.

Etait-il seulement mieux, lui ? Les prétextes dont s’étaient bercés le sorcier pendant longtemps se retrouvaient brusquement entrechoqués les uns aux autres, s’échouant contre la peine qu’affichait sans cesse Belle, les lourds silences qui séparaient les derniers membres de leur famille, le chagrin qui n’avait pas encore quitté leur mère. Elle avait perdu un de ses fils aînés et elle semblait incapable de surmonter l’idée que la guerre prenait des vies et avait choisi, au hasard ou presque, celle de Finnian. Cibrán avait parfois l’amer sentiment de ne pas suffire pour sa famille, pour effacer l’absence de Finnian en tout cas, peut-être était-ce une arrogance déplacée de croire qu’un être aussi opposé à son jumeau mort puisse inverser la tendance et compenser son absence. Il ne le remplaçait pas non plus auprès de Belle, quand bien même il nourrissait, malgré ses propres envies, l’espoir et le désir silencieux de se faire une place en elle, dans son affection, ou tout simplement dans sa confiance (pour ce qu’il était, et non pas parce qu’il avait été, un jour, le frère de Finnian, celui qui avait partagé la même grossesse que lui, pendant neuf mois). Mais la guerre forçait son lot de méfiance, c’était bien connu – Cibrán non plus n’arrivait pas à faire confiance à grand monde dans ce nouvel univers, sans cesse bousculé, oscillant entre lumière et chaos. Mains dans les poches pour les protéger du froid glacial qui se faisait encore plus lourd dans l’Ecosse nordique du mois de février, Cibrán souffla quelques volutes de buée, avant de prendre le chemin vers le cimetière du village. Ce bled, il le connaissait comme sa poche, parce qu’il était né et il avait grandi ici, jusqu’à ce qu’un jour, un hibou frappe à sa fenêtre pour lui donner sa lettre pour Poudlard. A partir de là, il avait passé bien peu de temps à Thurkellham, contrairement à certains de ses cadets, qui décidaient de rentrer pour les vacances plutôt que de rester à l’école de magie. Pour le jeune élève qu’il avait été, le choix avait toujours été vite fait : il avait toujours préféré passer Noël avec ses rares amis, ou ses autres vacances à travailler et apprendre toujours plus de choses, plutôt que de faire d’inlassables trajets pour retrouver son foyer. Thurkellham s’était peu à peu effacé de sa vie, comme beaucoup de choses, alors que Londres, le Ministère et les ambitions de viser toujours plus haut, s’étaient imprimés à l’esprit de Cibrán : la guerre était finalement arrivée sans prévenir, détruisant bien des choses sur son passage et ce, même dans la vie d’un être aussi neutre que pouvait l’être Cibrán. Au fond, il n’y avait pas à se voiler la face, il agissait pour lui avant tout, pour suivre ses propres ambitions et les desseins qu’il s’était toujours imaginés – Finnian avait osé se mettre sur son chemin ; à jamais Oswald en garderait une trace d’amertume, de rancœur douce-amère au creux de sa gorge. Peu importait, car comme si les murs avaient des oreilles, les maisons une âme ou comme s’il risquait à tout moment de croiser quelqu’un de sa famille, Cibrán s’efforçait de ne pas penser à son implication dans la mort de Finnian aussitôt qu’il passait les frontières de Thurkellham. Il eut raison d’ailleurs, puisque dans son attention troublée par ses réflexions, il mit un certain temps à remarquer qu’il n’avait pas été le seul à avoir cette idée morbide de rendre hommage à son jumeau – une silhouette était déjà là, plus petite que lui, mais définitivement celle d’un homme. Qu’il n’eut aucun mal à reconnaître, même si le soleil se couchait déjà presque en charriant l’horizon, même s’il ne l’avait pas vu depuis des lustres, et qu’il avait meilleure allure qu’à leur dernière rencontre. Sans sortir ses mains de ses poches, ou manifester plus d’entrain que son visage placide habituel, Cibrán évalua Clive Burgess-Holmes à quelques pas de lui, répondant à sa salutation on-ne-peut-plus officielle par un simple hochement de tête. Clive, comme beaucoup de gens, avait toujours été plus proche de Finnian que de son jumeau, paradoxalement, on pouvait presque dire que le trépas de l’un avait participé à un rapprochement entre les deux autres. Franchissant les derniers pas qui le séparaient encore de la tombe de son frère – et donc irrémédiablement, de Clive – Cibrán l’inspecta un instant, affichant un sourire ironique devant l’aspect très officiel de la visite de son ami. « Tu as amené des fleurs. » Fit-il remarquer, non sans une once rieuse dans la voix – c’était quelque chose qui n’avait jamais ressemblé aux Oswald, et celles qu’il y avait eues à l’enterrement ne venait pas de quelqu’un de proche de Finnian, juste d’amis qui pensaient bien faire. Mais Finnian avait toujours eu des préoccupations bien plus importantes que les fleurs, et Cibrán avait toujours alimenté l’impression qu’il n’en voudrait pas sur sa tombe. Alors elle était simple, quoique la pierre richement décorée et d’une pierre très précieuse, protégée contre le temps par un sortilège qui conserverait à jamais l’épitaphe, sobre, comme ils l’avaient toujours été. « Tu as fait tout le trajet jusqu’ici pour rendre hommage à un vieil ami ? » Ajouta finalement le sorcier, comme rendu curieux par la présence de Clive : on n’avait sans doute du mal à y croire, mais bien souvent, Cibrán avait aventuré ses pas jusqu’ici, que ce soit un anniversaire ou un jour comme les autres, comme si ça pouvait l’aider à se repentir également, de visiter sans cesse son frère alors qu’il bouffait les pissenlits par la racine – et jamais il n’avait vu le professeur, à moins qu’ils se soient inlassablement loupés. Mais il était bien placé pour savoir que Clive pouvait avoir d’autres préoccupations – il aurait pensé que la guerre l’avait complètement happé, et qu’il n’aurait jamais pu, en de telles circonstances, revenir jusqu’ici. Alors oui, c’était intéressant de découvrir ce qui amenait Burgess-Holmes jusque-là, certainement pas sa seule dévotion pour Finnian.
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MessageSujet: Re: ❝ what was before, we see once more ❞ (ft.cibràn)    ❝ what was before, we see once more ❞ (ft.cibràn)   Icon_minitimeVen 31 Mai - 21:40


“ what was before, we see once more ”
some folk we never forget, some kind we never forgive. haven't seen the back of us yet, we will fight as long as we live.
Cibrán-Yaexen and Clive
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C’était la première fois en trois mois que Clive se rendait sur la tombe de son défunt ami. Il aurait pu venir plus tôt, dans ses moments de sa vie où rien ne l’empêchait de vagabonder librement à travers le monde s’il en avait l’envie. Peut-être qu’il avait été trop pris, entre sa longue déprime et ses retrouvailles avec Cedrella, leurs fiançailles et leur récente séparation. C’était une condamnation qui s’était glissée entre les deux sorciers, continuant à les séparer, jour après jour. Qu’est-ce qu’elle devait penser de lui aujourd’hui ? Qu’il était juste bon à faire des promesses en l’air, qu’inlassablement, il la laissait tomber comme s’il n’avait que faire d’elle. Qu’il l’aimait bien moins qu’il pouvait le prétendre, peut-être qu’elle pensait qu’il était mort quelque part dans le château, rompant tout autant ses promesses qu’il l’aurait fait s’il avait décidé malgré tout de rester à Poudlard. Il les avait rompu d’une façon ou d’une autre, contre sa volonté certes. Le fait était que Cedrella devait avoir une bien piètre opinion de lui aujourd’hui. C’était peut-être pour des raisons qu’elle n’imaginait pas et qui finalement ne dépendait absolument pas de lui, mais il avait bel et bien foutu en l’air les promesses qu’il lui avait faite. Il était coincé à Poudlard ou partout ailleurs dans le monde sans jamais pouvoir aller vers elle, sans même pouvoir tenter de lui faire savoir ce qui s’était passé ce soir là, quand il n’était pas venu au rendez-vous qu’ils avaient convenu ensemble. Il aurait voulu être là, il aurait dû être là, mais forcément, il avait fallu qu’un mangemort décide de se mettre en travers de sa route. Forcément, maintenant les choses étaient compliquées. Il ne pouvait pas juste retourner vers Cedrella, il y avait bien trop de mangemorts qui se feraient un plaisir de le suivre jusqu’au camp de l’ordre. Tout comme il y aurait bien trop de mangemorts qui seraient ravis de lui ôter Cedrella à la seconde même où il la retrouverait. C’était ce qu’il avait récolté à force de trop les provoquer. Ils n’étaient apparemment pas encore décidé à le tuer, mais s’ils pouvaient lui pourrir un peu plus la vie chaque jour, sans doute qu’ils s’en contenteraient. Peut-être même qu’ils préféraient, c’était bien plus divertissant qu’un simple meurtre. S’il devait mourir, on laisserait probablement son corps pourrir quelque part et on n’en parlerait plus. Là au moins, ils pouvaient continuer jour après jour à l’emmerder. Il avait depuis longtemps cessé de compter les sortilèges qu’il se prenait dans la figure, que ce soit parce qu’il avait décidé de protéger un élève (ce qu’il faisait toujours, quitte à être coincé dans le château autant servir à quelque chose) ou simplement parce qu’il aurait emprunté le même couloir qu’un mangemort mal luné. Cedrella avait raison, retourner au château n’était définitivement pas une bonne idée. Elle avait toujours raison de toute façon et lui il était trop stupide pour simplement l’écouter, trop borné, trop il ne savait quoi. Cette chose stupide qui le poussait systématiquement à tout sacrifier pour tenter de venir en aide aux autres. Il arrivait à un point où il était cependant bien las de tout sacrifier pour les autres, surtout pour au final ne leur être d’aucune aide. Il ne tenait certainement pas Juliet pour coupable de ses malheurs, mais il ne l’avait pas aidée, il avait tout sacrifié pour rien au final. Il savait pourtant qu’elle finirait par aller voir Sofia, parce qu’il le lui avait dit, alors pourquoi il s’était senti obligé de revenir pour elle ? Elle serait allée voir Sofia, que ce soit pendant qu’il était en train de s’enfuir avec Cedrella ou alors qu’il était coincé dans son bureau avec Daley. Il regrettait les choix qu’il avait faits ce soir là, il les regrettait amèrement, mais il ne pouvait pas remonter le temps. Toujours l’un de ses gros problèmes, il n’arrêtait pas de commettre des erreurs et n’avait toujours pas de machine à remonter le temps, pour faire en sorte de les éviter. Comme tout un chacun il devait vivre avec, les assumer et tenter de les réparer après coup. Sauf que là, c’était compliqué, il ne pouvait pas retourner vers Cedrella, il ne pouvait pas réparer ses erreurs, alors au lieu de ça, il fallait croire qu’il pensait enfin qu’il était temps d’aller rendre un petit hommage à un vieil ami.

Un ami qui était mort pour l’ordre du phénix, c’était peut-être leur destin à tous, eux les fous qui avaient décidé de s’opposer à ce gouvernement tyrannique. C’était ça, ou tôt ou tard, la fuite. Morgana avait été obligée de fuir, Cedrella avait été obligée de s’enfuir et lui il sentait peu à peu que même si ça semblait impossible, s’il voulait survivre, ça finirait par être sa seule option. Il serait traqué par des mangemorts ou des rafleurs à la minute même où il prendrait la décision de s’enfuir et les semer serait sans doute impossible, alors peut-être que même s’il s’enfuyait, il allait crever bêtement. Ça semblait être son seul destin pour le moment. Il avait définitivement perdu tout son optimiste, celui qui faisait qu’il avait décidé de se battre pour l’ordre, parce qu’il croyait en un avenir meilleur, parce qu’il savait qu’en se battant les choses finiraient par s’améliorer, aujourd’hui il en doutait. Ils étaient trop nombreux à tomber, trop nombreux à fuir pour leur survie, trop nombreux à abandonner. La dernière fois qu’il avait tant douté de l’ordre et de l’avenir du monde, Morgana avait été là pour le remettre sur les railles et rapidement, il avait retrouvé Cedrella. Aujourd’hui, il n’avait ni l’une ni l’autre. Plus de meilleure amie, plus de fiancée, plus qu’un château particulièrement hostile, des élèves chaque jour un peu plus en danger, quelques amis mais surtout beaucoup trop d’ennemis. Il espérait au moins Cedrella avait réussi à trouver le camp, ainsi, elle aurait trouvé Morgana, cette dernière ne pouvait que la reconnaitre, il lui avait confié une photo de la sorcière, une photo qu’il regrettait de ne plus avoir à présent. Ça aurait été la seule chose lui restant de la jeune femme. Enfin il avait toujours tout un tas de babioles, toutes plus inutiles les une que les autres qui trainaient sur son bureau et qui lui rappelait la jeune femme, parce qu’il avait souvent ramené des objets de sa boutique. L’avantage, c’était qu’au moins, personne ne pouvait apercevoir une photo sur son bureau, ainsi Cedrella restait un secret pour bien des gens et c’était mieux ainsi. Il n’avait pas franchement envie que les mangemorts apprennent qu’il existait quelque part une femme pour laquelle il serait prêt à donner sa vie. Les jours passaient et elle lui manquait. Il était déjà passé plusieurs fois devant la boutique qu’elle avait autrefois gérée, cette boutique à présent complètement vide, dans laquelle s’il avait osé franchir le seuil, il le savait, il ne retrouverait pas la sorcière. C’était fini cette époque où il pouvait descendre jusqu’à pré-au-lard rien que pour la voir, juste pour partager un moment avec elle, parler de tout et de n’importe quoi, loin de cette maudite guerre qui semblait bel et bien décidée à les séparer. Si seulement elle pouvait s’arrêter rapidement, ce ne serait vraiment pas du luxe. Mais ça avait l’air impossible. Dans ses yeux fatigués et tellement déçus par le quotidien, la guerre n’était pas prête de se terminer et il n’était pas prêt de retrouver Cedrella. Il ne baissait pas encore complètement les bras, elle était devenue sa raison de se battre pour sa propre vie, plus longtemps il survivait à cet enfer, plus il avait de chance de finir par la retrouver un jour. C’était logique, alors il faisait de son mieux, il était incapable de faire profil bas autant qu’il l’aurait voulu, défendre les élèves semblaient quand même une priorité, mais il était clair qu’il ne se faisait pas autant remarqué qu’auparavant. Il voulait juste qu’on finisse par lui foutre la paix, il s’était éloigné de l’ordre, il passait son temps à faire des choses dont les mangemorts se fichaient éperdument, alors il y aurait forcément un moment où ils en auraient assez marre pour décider de le laisser tranquille, ou de le tuer, il avait une chance sur deux finalement.

Ce soir, il était venu jusqu’à la petite ville d’écosse pour aller se poser devant une tombe et il pouvait aisément y rester des heures, malgré le froid de l’hiver qui s’était imposé à lui au moment où il avait quitté le château, parce que forcément on ne pouvait pas transplaner depuis le château. Il ne pensait certainement pas qu’il serait amené à croiser quelqu’un, pourtant c’était la ville d’origine du sorcier, ses parents y étaient peut-être encore, voir de la famille aujourd’hui, ça n’aurait pas du le surprendre plus que ça. Surprendre n’était pas forcément le terme adéquate, disons seulement qu’il n’avait pas envisagé que Cibran vienne aussi ce soir, mais en le voyait il n’avait qu’à peine sourcillé. Il ne l’avait salué que par son nom. Comme s’il n’avait rien d’autre à dire, comme si les formules de courtoisies seraient ici complètement déplacées. Un léger sourire étira un coin de ses lèvres à la réflexion du sorcier ; oui, il avait amené des fleurs, même si ça n’avait pas l’air d’être une coutume chez les Oswald. Il pouvait facilement le déduire rien qu’en regardant la tombe, aucun bouquet n’avait été laissé depuis un moment. « Ouais, il parait que c’est quelque chose qui se fait, en principe. » C’était normal de déposer des fleurs sur les tombes, même si le geste était finalement bien inutile. Décorer une tombe, c’était finalement une idée bien macabre et au fond complètement inutile. C’était peut-être juste histoire de prouver aux prochaines personnes qui passeraient devant la tombe que quelqu’un d’autre pensait encore à cette personne que la mort avait emporté. Les fleurs sur les tombes, c’était finalement un concept bien abstrait, mais c’était une coutume sans doute depuis toujours. Du coin de l’œil il regarda Cibran. Oui, on pouvait dire qu’il était venu ici juste pour rentre hommage à un vieil ami. Ou parce qu’il avait eu envie de se dégourdir les jambes et que c’était le jour idéal pour venir ici. Peut-être qu’il avait eu envie de se changer les idées, penser à quelqu’un d’autre qu’à Cedrella, mais finalement, penser à un mort ce n’était pas ce qu’il y avait de plus réjouissant. Pourquoi est-ce qu’il était venu ici au final. Il y avait tout un tas de choses plus gaies qu’il aurait pu faire aujourd’hui, des choses bien banales et sans le moindre intérêt. Ou alors peut-être que ses idées commençaient à s’amenuiser et qu’il avait besoin de vraies raisons pour sortir du château et celle-ci lui avait parut plutôt raisonnable, voir même honorable. « Il faut croire oui. » Il aurait du avoir bien mieux à faire que ça sans doute, parce qu’au beau milieu d’une guerre, perdre son temps sur une tombe, ce n’était sans doute pas la meilleure chose à faire. Mais apparemment, lui il en avait du temps à perdre. « Et toi ? Je pensais que ton boulot au ministère te prenait beaucoup trop de temps. » Il était encore plus ou moins tôt. Au ministère de la magie, bien des gens terminaient plus tardivement que ça et aux yeux de Clive, Cibran n’était pas le genre de personne à quitter le boulot plus tôt pour venir rendre un hommage, même à son frère jumeau. « Même moi, je devrais être encore en train de bosser, méfie toi, c’est mal vu de bosser moins qu’un prof. » Il sourit légèrement, il était sûr que Cibran bossait beaucoup plus que lui, tout comme il était sûr que son boulot à lui pouvait largement attendre les prochains jours, les élèves n’étaient pas encore trop impatients de recevoir leur copie d’arithmancie. Les notes de toute façon, ils s’en fichaient ces derniers temps et ils avaient bien raison. il y avait plus important en jeu que leurs examens cette année. Sans doute que le boulot que Cibran faisait était plus important que le sien, enfin, le département des mystères c’était un peu le Las Vegas des sorciers, ce qui s’y passait devait y rester.

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MessageSujet: Re: ❝ what was before, we see once more ❞ (ft.cibràn)    ❝ what was before, we see once more ❞ (ft.cibràn)   Icon_minitimeVen 2 Aoû - 20:07


they are only where they are now
w. clive burgess-holmes & cibrán-yaexen t. oswald
« This one's for believing if only for it's sake
Common friends get up now, love is to be made »

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Observateur inactif du monde, Cibrán s’octroyait presque le luxe de douter. Douter en temps de guerre, s’apparentait généralement à une trêve : tout était noir ou blanc en ces temps troubles, il ne pouvait en être autrement, une philosophie de vie manichéenne pour toute personne cherchant à survivre. Survivre, en luttant contre l’ennemi drapé de noir, ou en détournant le regard. Y avait-il seulement, dans ces seuls choix, une façon d’être plus digne ? Mourir, comme Finnian, comme beaucoup d’autres, ou être montré comme un lâche, une figure parmi la foule qui n’avait pas bougé d’un pouce, ne s’était pas détaché de la foule, pas même pour défendre un tant soit peu son honneur. Etait-il noir, ou blanc ? Choisir sa couleur, être fait de nuances de gris, de nuances de teintes mornes, c’était peut-être bien le seul luxe accordé aux neutres ; quelles pourraient bien être les raisons pour le faire bouger le petit doigt, de toute manière ? Le réfléchi, c’était lui, fin stratège dénué de bravoure (du moins, au premier abord), il pouvait plus aisément revêtir l’allure d’une figure de proue pour sortir du chaos, plutôt que celle du héros qui guidait la veuve et l’orphelin dans les chemins tortueux de l’Enfer. A Finnian, sa loyauté, sa bravoure, son sens du sacrifice ; il avait envie quelques parties de l’esprit de son frère, qui avaient fait de lui un Gryffondor, quelque chose de différent de lui, de mieux, quelque part. De pire, d’autres parts. Les rares justifications franches que les pensées de Cibrán acceptaient encore de se vendre pour excuser ses choix, volaient en éclat sous le regard insistant d’Eilidh – l’innocente Eilidh qui n’avait pas besoin dans sa vie d’un homme comme Cibrán, qui ne faisait que lui offrir le gîte, un endroit sûr où se réfugier, se terrer comme une lâche. Lâche, c’était comme une épidémie que Oswald transmettait à la jeune femme, là où, de Finnian, elle avait appris le courage et la volonté, cette volonté de fer qui brillait au fond de ses prunelles, désarçonnait si aisément le sorcier à chaque fois qu’il rencontrait ses yeux. Turkhellam, la tombe de son frère, le jugement flottant dans l’air – tout ceci n’était rien comparé à l’océan de doute dans lequel il se perdait lorsque les paroles d’Eilidh, la présence d’Eilidh, les volontés d’Eilidh lui rappelaient ce qu’il avait fait. Ce lourd secret, qui brûlait son esprit tantôt, s’apaisait d’autres fois, réveillait des douleurs au fond de son poitrail, une haine vivace qu’il avait pour le reste du monde. Cette guerre : oui, c’était si aisé de blâmer la guerre, les rafleurs, les circonstances, son instinct fervent de protéger sa famille plutôt que d’avouer, en des mots clairs et précis, l’implication pernicieuse qu’il avait dans la fin de Finnian. Sans lui, Finnian serait en vie – sans lui, il aurait rejoint l’Ordre du Phénix, se serait fait prendre un jour, et aurait condamné le reste de leur famille ; à la disgrâce, si ce n’est à la mort. Seraient-ce les convictions dont Cibrán se servirait, orateur calculateur, devant le Jugement Dernier, lorsque ce serait à son tour de passer l’arme à gauche ? Bien souvent, ces pensées parasites lui passaient devant l’esprit : devrait-il attendre de mourir, pour avoir à se trouver des prétextes pour ne pas finir comme un paria. Si une part de lui voulait crier la vérité – cette part humaine, qui avait encore une chance de renouer avec la nature d’homme dont il était, à l’origine, issu – une autre part, insidieuse et orgueilleuse, préférait largement ne jamais avoir à affronter le jugement de ceux pour qui tout était facile, de ceux qui n’avaient jamais eu à faire face à de tels extrêmes d’existence. Rares étaient ceux qui auraient l’honnêteté et le courage, comme lui, de prendre de telles décisions pour le bien de tous – l’arrogance lui donnait parfois l’impression d’avoir agi justement, à la hauteur d’un dieu, décidant de qui doit vivre, qui doit mourir – un dieu injuste, ou un dieu avec de l’esprit.

Justice et esprit n’allaient pas souvent de pair, de toute manière ; justice ne faisait plus partie de ce monde depuis quelques temps déjà, tandis que les mois s’allongeaient, les jours s’assombrissaient. L’hiver se prolongeait. Contrairement à Londres, au cœur du Ministère où la guerre rythmait son quotidien, son village natal offrait une certaine paix, un aspect paisible et reposant. Ici, le temps n’avait aucune prise, il s’écoulait à sa façon – une façon que Cibrán avait autrefois jugée lassante et épuisante, si lente qu’il avait l’impression de prendre dix ans en un été. A Turkhellam, il avait préféré l’école Poudlard, son agitation constante, et surtout, l’apprentissage incessant qu’il pouvait connaître là-bas : Serdaigle avait été sa maison, à l’égale de la grande bâtisse siégeant sur une colline, à quelques centaines de mètres de là, surplombant une partie de la ville. La demeure des Oswald avait toujours attiré bien des interrogations, des convoitises dans le reste du petit bled, alors que certaines personnes n’arrivaient qu’à peine à saisir l’énigmatique famille qui y vivait, et se mêlait très peu aux autres. Les Oswald étaient de sang-pur, et un certain orgueil avait continué de couler dans leurs veines pendant toute l’enfance de Cibrán ; il se souvenait encore de la façon soucieuse dont leur mère fusillait du regard les autres gamins du village quand ils jouaient avec, le peu de paroles qu’elle parvenait à échanger avec les autres parents, de peur de déraper et de dire une parole inconsciente. Cibrán, Finnian, Sohan, ainsi que les suivants, les enfants Oswald n’avaient sûrement jamais manqué à l’équilibre de cet endroit, et avec le temps, les autres enfants qu’ils avaient connus autrefois, avaient tracé leur propre route. Même les enfants moldus ayant grandi ici avaient préféré partir, voir ailleurs si l’herbe était plus verte – elle l’était forcément, tandis que chaque été, le soleil au raz-du-sol transformait l’herbe ici en une paille jaunâtre. Longuement, en arrivant à sa hauteur, Cibrán dévisagea Clive, tandis que celui-ci répondait à leurs premières répliques – les fleurs était un sujet bien banal pour échanger, après des mois à ne plus s’être croisés. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, c’était à ce même endroit exactement ; lui, le visage plus fermé, quoique l’esprit presque trop serein, et Clive, torturé jusqu’au bout des doigts, affichant un air abattu et une barbe broussailleuse. Et là encore, le temps prouvait son emprise, sa puissance impénétrable, glissant dans les veines de deux sorciers à vive allure – sang-pur, sang-mêlé, sang-moldu, ça ne semblait avoir aucune importance : le professeur avait laissé tomber la barbe, tandis qu’une fatigue harassante tiraillait les pensées de Cibrán – il était difficile pourtant de deviner, au premier abord, lequel était le moins victime des conséquences de cette guerre. Il était du quotidien de Oswald de ne rien révéler des meurtrissures qui naissaient en lui de plus en plus à chaque journée, des pensées qui l’obsédaient, qui allaient trop souvent en direction d’Eilidh, dans la direction de son frère, de ces amis qu’il avait perdus, retrouvés, perdus à nouveau. Sur lesquels il avait crachés, d’une certaine manière ; qu’il ignorait ouvertement en restant les bras croisés. Ou qu’il protégeait – seul le destin pouvait parler pour lui-même, révéler les cartes qu’il avait en jeu, et à quel moment il déciderait de les placer sur le grand plateau de la vie, mais Cibrán avait encore la trop fâcheuse tendance à essayer de le doubler, le contrer. « Nous avons pour philosophie de dire que rien ne vaut ce que l’on garde de la personne sous la tombe, plutôt que ce qu’on laisse sur celle-ci. » Remarqua simplement, amèrement, le sorcier tandis qu’il observait l’épitaphe de son frère. Sa mère avait voulu mettre une phrase en-dessous de celle-ci, quelque chose d’aussi classique que Fils, frère, ami, comme si personne ne pouvait deviner que ce cadavre avait été, en un temps, celui du fils de quelqu’un, du frère de quelqu’un, de l’ami de quelques autres personnes. L’option avait finalement été balayée, oubliée et envoyée dans le vent ; et la tombe de son frère décrivait avec exactitude l’humeur taciturne de Cibrán, ainsi que la froideur qui dévorait le restant de sa famille. S’il avait cru avoir fait ce qu’il fallait, il n’y a que trois mois de cela, aujourd’hui, il avait eu toute l’occasion de se rendre compte au combien sa mère était meurtrie par la mort de Finnian, au combien son frère lui lançait des regards emplis de suspicion. Au combien les Oswald s’éloignaient, se délitaient à travers ce vaste monde ; ça n’avait été que l’illusion de pouvoir tout contrôler, qui l’avait fait agir, et il perdait pieds, il perdait les pédales de manière plus vive encore à présent.

Un rire sans joie passa entre les lèvres du sorcier au moment où son ami lui souligna sa présence ici, l’interrogeant sur ses devoirs au Ministère. Bizarrement, il ne savait pas si c’était une lassitude grisant le fond de ses prunelles, ou le simple fait de sa nouvelle Directrice de Département, mais le travail était, ce soir, le cadet des soucis dans les pensées de Cibrán. Curieux fait, d’ailleurs, puisque son emploi au Ministère, ses ambition avaient, jusque-là, été le moteur de chacun de ses choix, chacun de ses actes : Shae-Layne Hackett, à l’image de tous les Mangemorts qui se prenaient pour des politiques et imposaient une tyrannie sanglante sur le monde de la magie, parvenait à le dégoûter de tout ce qui avait rythmé son existence. Et c’était ainsi que son monde basculait dans l’autre sens, les pôles directeurs de ses choix s’évanouissaient peu à peu : la guerre lui faisait peut-être bien, revoir ses priorités. Encore aujourd’hui, il ne savait pas, il ne voulait pas mettre de mot sur le mal qui le prenait depuis quelques temps. Etait-ce depuis qu’il avait ramené Eilidh chez lui, qu’elle parvenait à se faire un sillage dans ses songes ? Etait-ce depuis qu’il avait assisté à l’enterrement de son frère, et qu’il assistait trop souvent à des repas de famille tendus ? Etait-ce depuis qu’il avait trop souvent tendance à croiser des vieilles connaissances de son frère, comme Clive lui-même ? « Dire que les gens du Ministère travaillent, ce n’est qu’une légende urbaine. » Un brin sarcastique, un brin dépité, Cibrán se renfrogna un instant : il travaillait pour les Mangemorts aujourd’hui, alors tout manquement qu’il commettait à ses devoirs vis-à-vis du Ministère aurait dû arranger quelqu’un comme Clive. « Si toi tu es censé encore travailler, ça veut dire quoi ? Que tu sèches tes cours ? » A nouveau un vague sourire moqueur et blafard passa sur le visage sans expression de Cibrán, avant qu’il ne détourne les yeux à nouveau sur la tombe de son frère. Finalement, farfouillant dans une de ses poches, il en sortit un paquet de cigarettes, caprice du monde moldu auquel il avait cédé – auquel il cédait parfois, dans ces instants de tension intérieur qui le dévastaient silencieusement. Aux démons qui naissaient en lui-même, aux doutes qui persistaient dans sa tête, il ne pouvait bien entendu en parler à personne, puisque résidait là le secret de son implication dans la mort de son propre jumeau : les jugements iraient bon train, personne ne pourrait comprendre et encore moins quelqu’un comme Clive. Il était bien trop loyal, bien trop peu ambitieux, bien trop… serviable, disponible et ouvert sur le reste du monde pour comprendre les débats qui se jouaient dans son interlocuteur : c’est ce qui faisait que manifestement, il avait eu plus de points communs avec Finnian qu’avec le second Oswald. Trouvant également un briquet – alors qu’il aurait pu opter pour sa baguette magique – il alluma sa cigarette, esquissant un geste vers Clive pour lui en offrir une : il ne savait pas si, encore comme son frère, le professeur de Poudlard affichait une perfection à toute épreuve (manifestement, à leur dernière rencontre, cette potentielle réputation avait volé en éclat), et ne touchait pas à ce genre de choses, peu important les problèmes de sa vie, ou s’il s’avérait plus ouvert au désespoir, de la même manière que Cibrán, ici, dans son exil personnel. « Je ne savais pas que Poudlard fournissait des gardes du corps. » Remarqua-t-il dans un imperceptible haussement des sourcils, tout en désignant d’une œillade une silhouette, quelques dizaines de mètres plus loin, qui manifestement faisait un effort indéniable pour ne pas s’approcher, mais ne semblait pas occupé en quoique ce soit. Quand bien même il pouvait jouer meilleure comédie, Cibrán avait la prétention de connaître tout le monde dans ce minuscule bled, et cette personne lui était définitivement inconnue. « Tu devrais mieux sélectionner tes gorilles, la prochaine fois. » Ajouta-t-il, dans un vague haussement des sourcils, pour avoir dû inspecter bien des dossiers, il connaissait la tête de beaucoup de Mangemorts, quelques leaders importants de groupes de rafleurs, ces choses comme ça, et le type là-bas, n’avait certainement pas la tête d’un quelconque allié de Clive ou de tout ce qu’il prônait habituellement. Au fond, peut-être qu’ils avaient tous les deux choisi l’exil à la difficulté de cette nouvelle vie que leur offrait la guerre, à l’un comme à l’autre.
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