falling to pieces

e. sage blackheart & evander j. winters
« it hurts to be here,
i only wanted love from you. »
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Quand bien même elle avait trouvé Evander, quand bien même ils étaient tous les deux dans une relative sécurité, l’un avec l’autre ; Sage continuait d’être persuadée que cette partie de cache-cache au sein de la forêt de Dean ne rimait à rien. Elle, ils avaient préféré l’envoyer à l’autre bout du pays plutôt qu’ici, mais elle avait accompli sa mission londonienne plutôt rapidement, se débarrassant aisément du Mangemort qui avait eu, lui, pour mission de faire le pied de grue devant Sainte Mangouste. Elle n’aurait cependant jamais souhaité crapahuter à travers ces bois, si ce n’était pour aider le jeune homme qui était à présent à côté d’elle, ou n’importe quelle personne qui lui tenait assez à cœur pour qu’elle ne souhaite pas voir celle-ci mourir d’une manière aussi stupide que ce soir. Sans doute que toutes les paroles qu’elle pourrait prononcer pour convaincre Evander de se défendre autrement, d’agir autrement pour l’Ordre qu’en se jetant dans des combats aussi incertains et hasardeux, ne suffiraient pas à le convaincre, et ne feraient qu’attiser le débat entre eux – comme trop souvent déjà, alors qu’il s’était sûrement déjà fait toute une vision d’elle, relativement similaire à ce que beaucoup pensaient d’elle lorsqu’il s’agissait de s’en méfier. Mais Harry Potter n’était plus là – et heureusement, sans quoi il aurait alors été un officiel suicidaire dans l’esprit de la sorcière, et cette lutte, ici, ne voulait plus rien dire : que ce soit pour les Mangemorts ou l’Ordre, dont les pantins continuaient de mourir aux quatre coins de la forêt de Dean. Elle n’en avait rien à faire du sort des larbins de Voldemort, mais le sort d’Evander lui importait beaucoup plus, contrairement à ce qu’il pouvait croire. Au moins ils s’accordaient pour penser que le jeune sorcier avait eu la décence d’esprit de partir, et Sage lança un nouveau regard réflexe à Evander, incapable de savoir si elle pouvait se lancer dans cette voie-là à nouveau, ou s’il valait mieux à l’éviter. Elle souffla finalement, admirant l’invisible alentour encore une fois. « Tu devrais retourner à un des camps de l’Ordre. Là-bas au moins ils pourraient te donner une vraie mission plutôt que ça. » Courir dans les bois n’avait plus d’importance, il était maintenant question d’obtenir des informations, aider les blessés, ou même attraper des Mangemorts s’ils en avaient encore la possibilité. « Moi j’ai une livraison à faire. » Ajouta-t-elle dans un vague haussement des épaules, en désignant le sac qu’elle avait avec elle, depuis Londres, et qui s’avérerait bien important à présent. Ils s’étaient sans doute assez pris la tête pour ce soir.

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e. sage blackheart & evander j. winters
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Ils étaient d’accord sur un point. Même dans la mémoire de Sage, c’était quelque chose qui lui semblait être arrivé très rarement. Trop rarement. Evander et Sage, aux souvenirs de beaucoup, c’était un duo qui s’était souvent pris la tête, mais ils s’étaient également bien plus souvent sauvé la vie l’un à l’autre. Elle n’était en rien la pauvre fille chétive que beaucoup voyaient en elle, son père avait pris un soin précis à la former, à l’éduquer à se défendre toute seule comme une grande, et ce bien avant qu’elle n’émette le désir d’un jour lutter contre le mal de ce monde. Il avait toujours dit qu’il ne voulait pas risquer de répéter ce qui était arrivée à la mère de sa fille, quelques années auparavant ; alors avant même que les pouvoirs de Sage ne se manifestent, il lui avait appris bien des choses, des talents moldus sur lesquels bien de rares sorciers s’attardaient. C’était un avantage indéniable, qui lui avait sauvé la vie bien des fois, mais dont elle se servait relativement rarement, en comparaison de sa baguette. Mais tout ça en tout cas, Evander l’avait compris - l’avait su à une époque, du moins. Maintenant c’était autre chose, elle ne savait pas vraiment ce qu’il pouvait penser d’elle, parce qu’elle-même ne percevait qu’à peine le sommet de l’iceberg de rage et de tristesse qu’elle était devenue. En tous les cas, sans doute la prenait-il pour une folle, et croyait-il qu’il la détestait, un sentiment qu’elle ne se savait pas capable de chasser de l’esprit d’Evander, quand bien même c’était douloureux pour elle de soupçonner qu’ils en soient arrivés là. Après tout, si elle s’énervait avec tant de force contre lui, c’était pour des raisons bien plus complexes que cela, sans doute. Sage souffla légèrement à la question du sorcier, s’arrêtant avec lui. Doucement, elle hocha la tête, dans une légère expression contrite. « Ca ira. Forcément. On est juste dans une forêt pleine de Mangemorts. » Lâcha-t-elle dans un léger rire amer. Mais malgré tout ce qu’elle pensait de l’Ordre, la répugnance que certains sorciers là-dedans lui inspiraient, elle n’allait pas laisser tomber ceux qui ne le méritaient pas. Evander en faisait partie, car qui sait, peut-être que ce soir lui aussi aurait besoin des quelques médicaments qu’elle emmenait avec elle. Cette pensée, elle essaya de la supprimer de sa tête, alors qu’elle laissait ses prunelles sombres observer les alentours. « Je suis désolée. » Finit-elle par ajouter, s’étonnant elle-même du malaise que cela lui inspirait, de ce noeud de fierté autour de sa gorge - elle savait qu’elle s’engageait dans une pente glissante, mais restait en elle ce sentiment que s’ils devaient définitivement s’arrêter là, mieux valait que ce soit dans les meilleures conditions possibles. « Si j’ai dit, ou fait quelque chose de déplacé. Ce qui est sans doute le cas. Je n’avais pas vraiment prévu de me retrouver là, ou de dire quoique ce soit. Ou n’importe quoi d’autre. » Comme trahir la promesse qu’elle avait faite à Evander lui-même, cet autre Evander. Celui qu’elle avait en face de lui ne savait peut-être bien qu’une infime par de la vérité, mais il chercherait - il trouverait. Pour elle, ce ne serait pas forcément une mauvaise chose, mais elle aurait alors manqué aux dernières paroles qu’elle avait prononcées à l’égard du sorcier. « Prends ça. » De sa botte, elle sortit un petit poignard, l’inspectant un instant, elle le tendit au sorcier. « C’est froid, c’est impersonnel. C’est moldu - tu sais comment on s’en sert, donc. Mais ça peut te sauver la vie. Sans que tu n’aies forcément à tuer l’autre. » Comme désireuse de se défendre malgré tout, elle ajouta brusquement, pinçant les lèvres. « Je n’ai jamais tué personne avec. Mais ça m’a toujours rassuré de l’avoir, les sorciers ne cherchent pas souvent quelque chose comme ça. Alors que ta baguette, c’est la première chose qu’ils te prendront, si... » S’il se faisait capturer. Mais elle n’ajouta rien, il comprenait. C’était la guerre après tout, mais c’était bien avec ces quelques petites tactiques typiquement moldues qu’elle avait réussi à avoir le Mangemort de Sainte Mangouste, elle ne pouvait décemment pas laisser Evander sans un minimum de protection avec lui. Une part d’elle, toujours là pour garantir sa sécurité dans le pire des cas.

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e. sage blackheart & evander j. winters
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Sûrement que c’était ainsi que tout devait se terminer - ce soir en tout cas. Eux deux, leur dose d’incompréhension, les questions qui tambourinaient à leurs esprits respectifs. Celles de Sage, qui n’auraient jamais de réponse, car elles s’adressaient presque - ces questions - à une autre personne. Celles qu’Evander fuyait sûrement en se trouvant tous les prétextes du monde : s’il avait déjà compris le coeur du problème, peut-être même qu’ils venaient de se condamner à l’inaction, qu’ils ne feraient jamais un pas en avant l’un vers l’autre à nouveau, de peur que ça dépasse ce qu’ils avaient eu, ce que le sorcier avait chassé de sa vie sans se retourner. Pas quelque chose envers quoi il avait assez d’affection pour s’y accrocher, au risque qu’ils en payent le prix fort - paradoxal, venant d’une personne qui face à elle hurlait à tout va que la mort n’avait pas d’importance, tant que le combat en valait la peine. N’en avaient-ils pas valu la peine, alors ? Encore une fois, le torrent de ces songes étrangers glissait en l’esprit de la jeune femme, sans qu’elle ne puisse l’arrêter car à chaque fois qu’elle appuyait d’un doigt sur l’hémorragie, le sang, la douleur s’évadait par autre part, se répandait partout. Toujours plus vive, toujours plus tortionnaire. Sage voulait parfois que ça s’arrête, que tout revienne en arrière, que le destin décide enfin de leur foutre la paix et qu’ils ne croisent plus jamais le chemin l’un de l’autre : elle aurait voulu, une part d’elle en tout cas, que ce soit, dans la forêt de Dean, ce soit un point final. Parce qu’il pensait qu’elle le détestait, et qu’il lui avait alors expressément demandé de partir, sans envisager en quoique ce soit revenir - mais peut-être que le ton s’apaisant, leurs esprits se calmant, quelque chose était revenu. Quelque chose qui ne devrait pas être là ; les dernières paroles d’Evander la piquèrent à vif, alors qu’elle relevait brusquement les yeux vers lui. Une fraction de seconde en plus et toutes ces vérités non dites auraient passé ses lèvres : elle ne voulait pas qu’il revienne. Jamais. C’était trop dur, cette peine au coeur qui renaissait à chaque fois qu’elle le regardait - trou sans fond qu’il creusait, creusait sans même s’en rendre compte. Il n’y avait pas à se demander pourquoi elle s’escrimait à chasser du mieux possible les dernières parcelles d’humanité qu’elle pouvait encore avoir en elle : celles-ci étaient sûrement bien trop brisées, bien trop baignées de ce malheur palpable au fond de son coeur pour pouvoir continuer à vivre. Elle ne pouvait pas vivre comme ça ; elle ne le voulait pas - elle frémit un instant, détournant vivement les yeux pour ne rien laisser paraître, mâchoires crispées. « Comme tu veux. » Répondit-elle d’un ton étonnement neutre, dans un haussement des épaules qui ne laissait rien transparaître de ce glacial malaise en elle. Qu’il le garde, ce foutu poignard, elle en avait d’autres, digne héritage de son père et de la paranoïa qui avait bercé toute une partie de sa vie ; il n’y avait pas à chercher plus loin, et s’il ne voulait pas la revoir bel et bien, que ce choix ait appartenu au passé ou à un temps présent, qu’il s’y tienne. Qu’il fuie, se barre à l’autre bout du pays. A nouveau il ne comprendrait rien, Sage laissa son regard vaquer sur lui, avant de se détourner. « Je suppose que je peux te faire assez confiance sans que tu ne te sentes obligé de faire le détour. » Ajouta-t-elle finalement, croisant les bras un instant, avant de se reprendre, une main glissant dans ses cheveux, qu’est-ce que ça pouvait bien changer, un détour l’un vers l’autre juste pour ça ? Elle s’arrangerait pour ne pas être là, alors. Ne plus être là. « Je dois y aller. » Se reprit-elle, alors que son regard avait eu tendance à se perdre dans le vide ; sans demander son reste, elle transplana, sans un regard en arrière, saisie d’une bravoure éphémère qui se serait effacée une seconde après, elle avait simplement saisi sa chance, quitte à ce que ce soit brusque, c’était un juste retour des choses.