falling to pieces

e. sage blackheart & evander j. winters
« it hurts to be here,
i only wanted love from you. »
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Il lui avait déjà semblé, dans sa vie, qu’Evander était l’être le plus agaçant que cette terre ait porté : c’était l’idée qui les avait suivis pendant toute leur scolarité à Poudlard, à chaque fois que Sage en était arrivée à le croiser dans un couloir, ou à soutenir son regard plus de trois secondes. Jamais dans leur histoire commune, il n’avait été possible qu’ils restent plus de quelques minutes dans une même pièce sans s’envoyer une quelconque griffe téméraire l’un à l’autre – c’était ce qui avait été – curieusement – la base de leur relation, le commencement de tout. Difficile de croire qu’ils aient pu muter en quoique ce soit, mais peut-être était-ce la guerre qui avait fini par avoir raison de leurs préjugés, afin de leur permettre de faire un pas en avant. Et quel pas en avant, qu’ils avaient finalement définitivement refait dans le sens inverse, lorsque Sage avait abdiqué, lançant ce sortilège d’Oubliettes à Evander parce qu’il le lui avait demandé. Parce qu’irrémédiablement, il avait pris sa décision : l’Ordre avant tout le reste, même avant eux. Ou alors ce fieffé mensonge que l’esprit de Sage avait fini par créer, alors qu’aucune réponse convaincante ne venait pour expliquer quelles étaient les missions si précieuses et dangereuses, les raisons si secrètes qui avaient poussé Evander à prendre des décisions aussi radicales ? Restait qu’il avait même sacrifié sa famille pour ça, et que la sorcière était encore aujourd’hui incapable de savoir pourquoi. Ca n’avait sans doute plus d’importance à l’heure actuelle : le passé devait rester au passé, quand bien même il remontait en des réminiscences scandaleuses aux pires moments possibles. En une fraction de seconde ils transplanèrent, Evander l’ayant attrapée au vol sans même qu’elle ne puisse réagir. Rudement, elle retomba sur le sol, manquant de vaciller, le souffle lui manquant encore, tandis que maintenant en plus, la tête lui tournait – il l’avait lâchée et elle s’écarta brusquement de lui, plaçant ses mains sur ses genoux pour reprendre son souffle : ça faisait bien longtemps qu’elle ne gambadait plus à travers bois pour prendre des nouvelles de qui que ce soit. Et bêtement, elle croyait qu’elle ne l’aurait fait pour personne – personne sauf lui. C’était une pathétique erreur, un raccord au passé qu’elle ne devait plus avoir : le passé avait disparu, il s’était évanoui en un claquement de doigts, et jamais il ne reviendrait. Amère, Sage laissa ses yeux sombres vagabonder autour d’eux, à la recherche d’un repère dans la pénombre. Evidemment, elle ne fut pas surprise d’entendre à nouveau le sorcier prendre la parole, se retournant brusquement vers lui en le toisant, chuchotant rageusement à son adresse. « Tu es imprudent. Rien que venir ici c’est totalement imprudent. Et pour rien, en prime. » Elle avait finalement réussi à calmer sa respiration, se redressant dans un même mouvement que lui, pour le suivre à travers les bois. Le coin semblait plus tranquille qu’il n’y paraissait et, soupirant comme pour souligner une certaine lassitude, Sage ne daigna pas reprendre la parole plus longuement – puisque visiblement, ils n’étaient plus là pour parler – ce n’est pas comme si elle en avait envie à présent.

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Ils n’avaient définitivement pas la même vision des choses : au fond, leurs routes respectives s’étaient séparées depuis des mois déjà, ce qui semblait brusquement être toute une durée de vie, pendant laquelle bien des choses avaient évolué. Sage avait fait son bonhomme de chemin dans l’Ordre du Phénix, découvrant brusquement l’envers du décor qui avait fait tuer son père, tandis qu’Evander... Evander avait fait elle ne savait quoi, vouant sa vie à elle ne savait quoi, si ce n’est du vent qui finalement, le laissait plus seul que jamais : il l’avait oubliée, et ses parents avaient quitté le pays, parce qu’il s’était lui-même effacé de leur mémoire, comme si c’étaient les meilleurs choix à prendre. Parfois Sage se demandait s’il n’avait pas simplement pris la solution de facilité, envisageant presque par automatisme de mourir pour cette foutue cause sans queue ni tête. Et la simple idée qu’il puisse encore voir un intérêt à cette course contre le temps, contre le néant, c’était comme la pire révélation qui soit, éclatant au visage de la sorcière. Evander ne se méfiait de rien, Evander ne voyait pas le mal là où il était : partout, pourrissant ce monde jusque dans ses plus secrètes profondeurs. C’était malheureusement ainsi qu’il tournait à l’heure actuelle, en devenant pourris jusqu’à la moelle, on survivait - en idéalisant le monde, on mourait ; que ce soit au milieu d’une forêt pour trouver ou aider Harry Potter, ou pour d’autres raisons bien moins plaisantes. Elle ne répondit rien à ses questions, butée dans son silence, qui représentait alors un bon refuge : il lui avait fait comprendre que parler, ou s’énerver était une mauvaise idée en un endroit pareil, alors mieux valait qu’ils ne s’enfoncent pas dans un débat du genre, sans quoi, ils finiraient irrémédiablement par parler. Bien entendu, elle ne tint nullement plus de quelques secondes, éludant les questionnements qu’il avait pu avoir pour s’acharner sur le reste : elle fit quelques pas, pour venir se glisser juste devant lui, le forçant à se stopper pour soutenir son regard un instant. « Oh mon dieu. Parce que tu crois vraiment que tu te bats pour ta liberté là ? Tu te crois libre de tes choix, à courir ici, est-ce que t’aurais fait le déplacement si t’avais été à l’autre bout du pays à essayer de vraiment sauver ta peau ? » Parce qu’il ne savait pas ce que c’était, de devoir défendre sa place avec acharnement, pour ne pas s’effondrer : lui, restait encore dans les rangs, naïf et idéaliste, ou alors tellement persuadé qu’il n’avait rien à perdre, qu’il ne cherchait pas plus loin. « Grande nouvelle, monsieur le génie. Ta seule utilité ici, c’est de crever pour protéger un gamin de dix-sept ans, qui soit disant va, un beau jour, rétablir l’ordre du monde : enfin «rétablir» étant un bien grand mot, puisque ce ne sera pas toi qui seras récompensé pour ce que tu auras fait, mais tous ceux qui te traitent comme un larbin et t’envoient pourrir ici. » Ici, ou dans des missions qui lui faisaient renoncer à elle, ou à sa famille. Elle serra nerveusement la mâchoire, se détournant finalement d’Evander pour reprendre sa marche, la vérité n’était de toute manière pas belle à entendre, mieux valait qu’elle s’arrête ici pour les révélations. Elle, elle était peut-être chiante, mais elle espérait presque qu’il comprendrait que ce n’était pas l’idéalisme stupide qu’il avait lui, qui la faisait crapahuter dans cette forêt, mais bel et bien quelque chose de plus compliqué que ça, quand bien même il se croyait seul dans ce monde.

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Avec le temps, Sage avait appris à ne jamais essayer de convertir Evander à sa vision des choses : avant tout parce que ça les amenait sur des prises de tête sans fin, tandis qu’ils étaient tous les deux assez têtus pour vouloir rester sur leurs positions avant tout. Avec le temps, leur duo avait appris à fonctionner de cette manière, quand bien même il leur arrivait parfois de se prendre la tête, voire de manquer de se sauter à la gorge. Pendant un moment, la jeune femme avait apprécié la pensée que ça avait été ça aussi, qui les avait rapprochés. Mais ce soir, dans les bois, alors qu’aucun des deux n’était décidé à mâcher ses mots, leurs avis divergents semblaient plus destinés à les séparer qu’autre chose. Ce n’était pas faute cependant de devoir surtout être soudés comme personne, alors que la forêt autour d’eux était plus hostile qu’accueillante, pleine de potentiels ennemis prêts à débusquer de tous les coins, visibles ou invisibles. Mais ces résolutions de bonne entente et d’union parfaite s’étaient déjà envolées, alors que Sage reprenait sa marche, ignorant toute potentielle réponse d’Evander face à ses propos : à nouveau de toute manière, il lancerait quelque chose pour la contredire, ou du moins, lui soigner au combien elle avait tort, alors à quoi bon continuer à parler ? Ils avaient sans doute mieux à faire, bien qu’il semblait surtout que les Mangemorts qui pouvaient entendre leur conversation, étaient comme le cadet de leurs soucis : après tout, il l’avait très bien fait comprendre lui-même ; il s’en fichait de mourir, et elle également, selon les circonstances en tout cas, alors ils pouvaient bien se mettre à se battre en duel au milieu de cette forêt à force de s’être énervés l’un l’autre, que ça ne les dérangerait qu’à peine. Ou presque. En entendant la voix du jeune homme à nouveau, plus ironique qu’autre chose, la sorcière leva les yeux au ciel, poussant un long soupir : à quoi cela pouvait bien lui servir, de demander l’opinion qu’elle avait sur la question ? Il ne ferait que dénigrer son point de vue, ou alors s’en foutre complètement. Elle n’allait certainement pas le laisser gagner, ou du moins, se laisser elle gagner par une nouvelle crise de colère - elle mit donc un certain nombre de secondes/pas avant de répondre, tentant de se faire la plus discrète possible à travers les bois. Les branches craquaient sous leurs pieds, et ils avaient beau avancer dans le noir, ils n’étaient sans doute pas très discrets. « Ca t’intéresse vraiment, ce que je crois ? » Comme beaucoup de gens dans l’Ordre depuis quelques temps, Evander semblait s’être fait déjà une petite idée (préconçue) de la fille qu’elle était devenue - chose qu’il n’aurait jamais faite, en d’autres temps, lorsqu’ils avaient été un tant soit peu proches. A ce souvenir, elle fit volte-face, toisant un instant le jeune homme, tentant de feindre une indifférence quelconque. « Sauver sa peau ça ne veut pas dire fuir pour autant. Tu devrais penser à survivre à cette guerre plus qu’autre chose - plus qu’à faire survivre Harry Potter, ne t’en fais pas, il se bat assez bien tout seul pour sa propre vie. » C’était un fait indéniable, depuis des mois déjà, Potter parcourait le reste du pays, et s’il était encore en vie à l’heure actuelle, c’était bien parce qu’il avait su se sauver lui-même sans avoir besoin de l’aide de l’Ordre du Phénix. « Si tu meurs ici, tu ne seras qu’un fantôme au milieu d’une guerre. Si tu survis, tu peux devenir quelqu’un. » Quelqu’un pour elle à nouveau. Ou pour n’importe qui d’autre. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle entendait par-là. Un instant, elle cherchant le regard d’Evander dans la pénombre, avant de finalement reprendre sa route sans ajouter un mot, elle attendait son contre-argument à présent.

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Discuter, argumenter, Sage avait le sentiment d’en faire vite le tour. Alors qu’ils crapahutaient dans la forêt, au beau milieu d’une nuit profonde et épaisse, ils auraient certainement eu quelque chose de plus constructif à faire. Paradoxalement, et contrairement à ce qui semblait même, elle n’avait certainement pas envie de se prendre la tête avec Evander. Fut un temps, elle avait eu les mêmes avis que lui, naïfs et quelque peu idéalistes : les choses avaient changé lorsqu’elle s’était retrouvée plus seule que jamais, avec ses propres souvenirs pour la torturer. De tout ce qu’elle avait perdu, tout ce qu’elle n’aurait plus jamais, quand bien même elle y mettait toutes les volontés du monde. Peut-être était-il préférable pour elle de ne jamais plus le revoir, de l’évincer finalement de sa vie plutôt que de sans cesse revenir vers lui avec l’infime volonté de le faire survivre à cette guerre. En quoi cela pouvait-ce avoir la moindre importance, pour Evander plus que pour qui que ce soit d’autre ? Il ne se souvenait pas d’elle, et qui plus est, manifestement, il l’appréciait assez peu pour avoir assez d’énergie pour la contredire quoiqu’elle dise. A ce rythme là, ils n’en finiraient jamais, c’était incontestable. Elle souffla lourdement devant les paroles du sorcier, levant les yeux au ciel à nouveau - cette fois, au moins, elle ne se donna pas la peine de s’arrêter ou de le regarder : ça n’avait plus d’importance à l’heure actuelle. Plus rien n’en avait : s’il ne voulait pas mourir, tant mieux pour lui, il ne serait jamais le Evander qu’elle avait connu, quelques mois plus tôt. « Peu importe, fais comme tu veux. » Marmonna-t-elle vaguement. Ils avaient des visions des choses bien différentes, et puis c’est tout. « On va trouver une bonne âme à qui te confier. Et je pourrai partir. » Pour toujours et à jamais. Comme pour se donner raison, et pour chasser l’humeur exécrable qui la prenait à présent, elle écrasa plus ferment les branches sous ses pieds, afin d’accélérer l’allure : ils n’avaient pas de temps à perdre, elle voulait passer à autre chose à présent.

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Plus elle y réfléchissait, moins Sage ne savait comment gérer cette situation : pour Evander, tout devait être infiniment facile, facile comme la vie elle-même d’un pauvre type solitaire qui n’avait besoin de penser qu’à lui. Seulement, avant de lui demander de disparaître de sa mémoire, il n’avait pas pris la peine de laisser un manuel pour expliquer comment elle pourrait sortir la tête de l’eau, ce qu’elle pouvait faire pour éviter de se noyer dans sa haine et sa rancoeur. Plus elle parlait, plus elle pourrissait le passé qu’elle avait connu avec Evander, rendant ses souvenirs empoisonnés par cet agacement et cette haine pour lui qui naissait peu à peu à chacune de leurs joutes. Quand bien même elle le disait, quand bien même ces mots avaient bien facilement passé ses lèvres, Sage se révélait incapable de détester le sorcier qui était avec elle : c’était bien pour ça qu’elle était autant en colère, parce que chaque regard qu’elle laissait glisser sur elle ne faisait que lui rappeler l’écorchure de son âme, la mort lente et douloureuse de la jeune et idéaliste femme qu’elle avait été. Qu’il avait aimée. Elle ne voulait plus être ce genre de personne, tout simplement parce qu’elle avait été niaise, naïve, assez stupide pour attirer un homme comme Evander dans ses filets. Ou tomber dans les siens à lui, jusqu’à ce qu’il lui brise le coeur plus qu’il ne pourrait le soupçonner. Et quand bien même elle le lui dirait, elle pourrait le lui cracher à la figure qu’il ne se rendrait pas compte - pas compte d’à quel point ça faisait mal, à quel point c’était dur à porter. Il pourrait avoir pitié pour elle, culpabiliser, ça n’aurait rien à voir avec les cendres de ce qu’ils avaient été, et qu’elle portait seule. Qu’elle porterait seule, comme une insoutenable croix pesant plus fort encore sur ses épaules à chaque fois qu’elle le regarderait. Elle ne pouvait décemment pas s’imposer un tel martyr à chaque nouvelle journée : pourtant, elle était là, à tenter de faire la fière, tandis que l’incessante indifférence d’Evander la blessait plus qu’elle n’aurait voulu l’admettre. Ca faisait bien longtemps déjà, qu’elle ne s’était plus arrêtée, posée pour longuement pleurer son malheur dans le carcan silencieux qu’était la grande maison des Blackheart - elle devrait pourtant, expulser tout ça plutôt que de vivre dans l’illusion de parvenir à tout canaliser. Elle devenait juste plus haineuse à chaque nouvelle journée qui se profilait dans sa vie : ça finirait par la bouffer, par la détruire mais en quoi est-ce que ça pouvait être important. Par orgueil malgré tout, elle lâcha un léger rire, avant de se retourner à nouveau. « Très bien, je vais partir. Avant j’aimerais savoir une chose. Tu crois vraiment qu’être seul est la pire chose qui puisse t’arriver dans cette guerre ? » Elle aurait voulu être seule, elle, avant que tout ça n’arrive, au moins, elle n’aurait pas à porter avec elle, le poids de plusieurs fantômes réduits en cendres à présent, qui ne représentaient qu’avec amertume sa vie passée, ou la fille qu’elle avait pu être. Dans la pénombre, elle trouva le regard du jeune homme, y arrachant un courage quelconque pour reprendre la parole, se penchant légèrement vers lui, dans un ultime jugement - elle avait besoin de savoir, elle avait besoin de... le dire, peut-être. « Dans les derniers trois cents mètres que t’as fait, où tu t’es fait une joie de faire rimer notre conversation a rien, est-ce que tu as seulement pensé à ce que j’ai pu dire ? » Elle se rapprocha, d’un pas, de deux, pour arriver à sa hauteur, haussant les sourcils. « Sérieusement, pourquoi tu penses que je suis là ? Pour faire joli au milieu des arbres ou ajouter un peu de présence féminine au milieu de toute cette testostérone étouffante ? » Non, elle ne s’énerverait pas cette fois, elle se défoulerait bien sur quelque chose d’autre, n’importe quoi. Un Mangemort, pourquoi pas. Un long moment, elle le regarda à nouveau, cherchant quoique ce soit qui fasse écho dans l’esprit du sorcier. « Un jour, quand tu auras mis ton ego de côté et bien entendu, ton esprit suicidaire totalement stupide et immature, peut-être que tu réfléchiras. Et peut-être que tu te souviendras de moi. » Ce n’était qu’un espoir vain, elle savait malheureusement bien pratiquer le sortilège d’Oubliettes, elle aussi. Elle ne cilla pas, ne décrocha pas son regard du sien cependant. « Parce que bien entendu, tu n’as aucune idée de qui je suis. N’est-ce pas ? » Pour lui en tout cas. Pour le reste du monde, elle était l’insaisissable Sage Blackheart : lui il avait réussi à lui mettre la main dessus. Pour toujours, malheureusement pour elle. Elle était venue jusqu’ici pour lui, bravant ses ordres, bravant ses volontés ; elle l’avait sauvé, soigné, supporté, écouté - peut-être bien qu’ils étaient quittes, à force.

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Avouer quoique ce soit de cette étouffante vérité, à Evander ou à n’importe qui d’autre, c’était un peu comme faire un grand saut dans le vide. Elle n’avait jamais été spécialement friande des sauts dans le vide, de ces vertigineuses sensations d’épouvantes et d’abandonner. Sage aimait tout gérer, avoir réponse à tout ou du moins, fournir l’illusion aux autres qu’elle maîtrisait tout ce qui se mettait sur son chemin. Mais là, ce soir, sous le regard incandescent du jeune homme, seule, dans cette épaisse forêt, avec pour seules compagnies, la sienne et celle du risque acidifiant sa salive, elle ne maîtrisait rien. Pas même les vagues de colère qui venaient sans cesse s’écraser contre les murs de ses assurances - elle ne savait pas quoi faire, elle n’avait jamais su comment faire pour affronter les cendres de ses sentiments pour Evander. Alors bien entendu, jusque-là tout avait été facile, elle les avait fuis, enfouis derrière ses volontés de vengeance, se persuadant qu’il y avait plus sain à faire que de ressasser des souvenirs sentant le vieux. Mais c’était marcher sur une corde sensible, qui menaçait sans cesse de se briser sous ses pieds, comme un lac gelé - le lac gelé de ses sentiments, figés à tout jamais dans un passé, appelant les rayons brûlant d’un soleil qui ne renaîtrait jamais. Elle le savait, elle le savait bien alors qu’elle fichait ses prunelles droit dans celles du jeune homme face à elle : il n’avait aucune idée de qui elle était, qui elle avait été pour lui ; parce qu’elle lui avait lancé un sortilège pour qu’il l’oublie, conformément à ce qu’il lui avait demandée. Et elle avait regretté ce geste avant même de le faire - pourtant, à quoi bon, à quoi bon ? La pensée tournait inlassablement dans son esprit, alors qu’elle s’empourprait légèrement dans la pénombre. Elle finirait pas se perdre dans cette haine constante qui consumait tout son être et même avec Evander, plus rien ne rimait à rien : au moins, elle pouvait toujours savoir à présent qu’elle non plus, rien ne l’attendait après cette guerre. Ses paroles semblaient au moins avoir résonné en un quelconque écho dans l’esprit du sorcier : il réfléchissait à ses paroles, quand bien même les mots qu’il prononçait n’avaient aucun sens. Elle serra la mâchoire devant les sentences prononcées par Evander, cherchant réconfort d’une oeillade autour d’eux , mais ils étaient seuls et même les Mangemorts semblaient passer leur chemin à présent. Elle souffla finalement. « Y’a quelques mois, oui. » Releva-t-elle d’un ton plus ironique qu’autre chose : elle se sentait déjà faire une brusque marche-arrière : parce qu’à quoi bon ressasser, ou même indiquer à Evander ce qu’il lui avait fait faire il y a de cela quelques mois à peine ? Il ne reviendrait pas pour autant, et il ne se souviendrait de rien. Jamais de rien. Lui la connaissait depuis quelques mois à peine, l’avait vue deux ou trois fois à tout casser - elle, c’était une autre histoire. Il ne savait plus rien d’elle. « Reprenons la route, tu veux. » Finit-elle par ajouter, sa mâchoire s’affaissant légèrement alors qu’elle faisait volte-face, décidée à abandonner une nouvelle fois - il fallait qu’elle arrête de s’accrocher, il fallait qu’ils arrêtent de parler. Ou qu’elle parte, mais elle s’en découvrait bien incapable.

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S’il te plaît. Je ne veux pas parler de ça. L’orgueil bloquait ces mots au creux de sa gorge ; elle la découvrait serrée dans un étroit nœud alors qu’elle relevait la tête lorsqu’il lui rattrapait le poignet. Elle n’aurait jamais dû s’engager dans cette voie-là, commencer à parler d’un passé trop révolu pour être quoique ce soit d’autre que synonyme de douleur. Des peines dont elle ne parvenait, elle, pas à se débarrasser, et qu’elle ressassait irrémédiablement. De son esprit, ces souffrances silencieuses avaient fini par glisser dans son corps, dans chaque fibre de son être qui en devenait alors plus lourd que jamais. Vivre était devenu bien difficile, quand bien même la jeune femme souriante et niaise qu’Evander avait connue avait, elle, pris la vie d’une manière bien moins pessimiste. Mais Sage traînait avec elle sa dose de démons à l’heure actuelle, les ombres l’englobaient dans l’épaisseur de la forêt, alors qu’elle se stoppait net, évitant soigneusement le regard du jeune homme. Elle le sentait pourtant, posé sur elle avec cette intensité impérieuse et dérangeante, comme s’il cherchait à la sonder, la transpercer pour lui arracher ces lourds secrets. Elle ne voulait pas parler, elle ne parlerait pas… Pas. Ses mâchoires se serrèrent à lui en faire grincer des dents ; plus elle creusait au fond d’elle-même, à la recherche d’un quelconque courage, moins elle était capable de comprendre quel était ce gouffre sans fond dans lequel elle se perdait. Parler du passé avec Evander ne rimait à rien, simplement parce qu’ils n’avaient pas de passé. N’en auraient plus jamais, plus comme ce qu’ils avaient connu à une époque. A quoi bon ? A quoi bon ? Saisissant une bravoure fougueuse, la sorcière releva finalement les yeux vers le sorcier face à elle – dans ses azurs, elle se sentit défaillir une fraction de seconde durant, avant de tenter de reprendre contenance. « La guerre. Plein de choses. Tu as dû faire des choix. » La gorge sèche, elle avait trouvé de quoi fournir ces quelques paroles, tout simplement, dévisageant un instant son interlocuteur. Elle ne voulait pas aller plus avant dans tout ça, elle ne pouvait pas… Parce qu’ils ne pouvaient pas revenir où ils en étaient, parce qu’Evander l’avait choisi, parce qu… Il ne serait sans doute plus capable de retrouver la Sage à laquelle il avait pu tenir, un jour. Il la détestait à présent, et c’était sans doute mieux ainsi. Elle se défit de sa prise autour de son poignet, non sans une certaine hésitation. « Et tu les as faits. » Ils étaient là, quelque part, gravés entre eux, indélébiles – une part de ce qui faisait qu’elle était tant en colère contre lui. Il avait choisi la guerre, la mort sans intérêt, la solitude plutôt qu’elle. Eux, ce qu’ils avaient été. Ça ne comptait plus à présent. Ça n’avait jamais compté pour lui.

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Sage parlait, Evander avait visiblement tenu à avoir une part de la vérité, aussi infime soit-elle. Elle ne savait pas quel genre de connexions commençait à s’établir dans sa tête, s’il avait compris ou s’il ne cherchait pas à comprendre, et nageait simplement dans un océan d’inconscience. Aucune de ces deux options lui semblait préférable, quand bien même régler leurs comptes ici, au milieu de cette forêt remplie de Mangemorts ne s’avérait pas être la meilleure chose qui soit. Il voulait savoir ce qu’il lui était arrivé, elle était sans doute dans la même situation que lui ; jamais Sage n’avait jamais vraiment su ce qui avait traversé l’esprit du sorcier lorsqu’il avait décidé que c’était mieux qu’il l’oublie – que ça la protégerait d’une quelconque manière. Jamais elle ne saurait ; jamais ils ne sauraient. A peine avait-elle prononcé ses paroles que la sorcière s’était défait de l’éteinte d’Evander, détournant vivement le regard : cette fois-ci, elle aurait presque aimé que des Mangemorts les attaquent, afin qu’ils ne s’attardent pas plus longtemps sur ce qu’elle venait de dire. Ce que ça pouvait impliquer dans l’esprit de son vis-à-vis. Il n’avait pas l’air de s’être donné la peine de tout saisir jusque-là, alors pourquoi est-ce que maintenant ce serait différent ? Je suis désolé. Les mots percèrent malgré tout le silence – subitement épais – de la frondaison des arbres, et c’est la surprise qui poussa Sage à poser à nouveau un regard sur lui. Est-ce qu’il savait seulement ce qu’il disait ou est-ce qu’il envisageait cette réponse comme la seule acceptable ? « Désolé pour quoi ? » Lâcha-t-elle, non sans sentir une amertume certaine dans sa voix. Plissant les lèvres, Sage poussa un léger soupir, les traits de son visage s’adoucissant quelque peu. « Juste… ne meurs pas. Sinon ça n’aura servi à rien. » Elle attarda un regard sévère sur lui, comme si elle cherchait à lui faire comprendre qu’elle ne lui en laissait pas le choix de toute manière. Tout ce qu’elle avait vécu jusque-là, tout ce qu’elle avait supporté au point d’en être brisée, elle ne voulait pas que ce soit pour rien. S’il avait un jour pensé que ça en valait la peine… qu’il en soit ainsi.

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L’amertume avait remplacé l’animosité – peut-être était-ce une bonne chose pour eux, dans le sens où, à parler ainsi, ils attireraient moins les Mangemorts. Mais définitivement, pour Sage, se planquer derrière sa colère envers le jeune homme s’avérait être une chose bien plus facile que le fait d’affronter la triste réalité des choses. Au fond, il s’excusait sans vraiment savoir pour quoi et envers qui. Si, envers Sage, hormis Sage qu’il connaissait depuis quelques mois à peine et dont il ne comprenait sans doute pas tout à fait tous les songes ; peut-être la prenait-il encore pour une folle. Il y avait une chose de sure en tout cas, quoiqu’il se passe dans la tête du sorcier, il ne pensait sans doute pas que leur lien allait plus loin encore que ce qu’il avait imaginé ; peut-être qu’avec le temps, hors de ces bois et de la frénésie qui hantait silencieusement ceux-ci, il prendrait le temps de plus y songer, peut-être qu’un jour il mettrait le doigt sur cette plaie béante qui suintait, saignait encore et encore. Pas pour ce soir visiblement, mais les traits du visage de la jeune femme se décrispèrent malgré tout, alors qu’elle tentait un léger sourire, presque mélancolique et sympathique à la fois. « Merci. » Répondit-elle tout simplement, lèvres pincées, expression contrite sur le visage ; s’il ne savait pas pour quoi il s’excusait, elle ne savait pas non plus pour quoi elle le remerciait. Parce qu’il reconnaissait – une part de lui en tout cas – que sa décision avait été stupide ? Ou parce qu’il avait enfin compris, ouvert les yeux ? Tôt ou tard, il ferait un pas en avant dans la compréhension de leur relation, ce qu’ils avaient été et ce qu’ils ne seraient plus jamais. En attendant… est-ce qu’il y avait quoique ce soit à ajouter ? La jeune femme avait baissé les yeux un instant, comme pour chercher ses mots – mais définitivement, il n’y avait pas à épiloguer là-dessus plus longtemps ; peut-être qu’Evander en viendrait à lui poser des questions, s’il le désirait, ou à les fuir plus intensément que jamais. Et elle… elle, elle n’avait pas envie d’aller plus loin dans les révélations. « On devrait continuer. On n’est plus très loin. » Sans doute en tout cas, elle n’en savait rien – ils se retrouveraient à l’endroit où ils devraient se retrouver : après tout, cette forêt était vaste et Harry Potter pouvait très bien être à l’autre bout de celle-ci sans qu’ils n’en aient la moindre idée – elle en tout cas, elle préférait croire qu’ils n’étaient plus très loin.

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Ces bois semblaient presque interminables, maintenant que la présence d’Evander s’avérait plus pesante que réconfortante. Avait-elle seulement été un jour réconfortante, depuis que bien des sentiments amers rattrapaient Sage depuis qu’elle attardait un regard sur lui ? Sûrement pas, mais maintenant que le voile entre eux se levait sur une pseudo-vérité déroutante et inavouable, la jeune femme aurait sans doute préféré se trouver à une autre endroit – même torturée par des Mangemorts plutôt que là, exposée au regard que le sorcier allait poser sur elle. Allait-il la juger ? Ou croire qu’elle mentait ? Pourquoi mentirait-elle de toute manière, quel intérêt y avait-il à cela ? Parfois, elle se disait que ce serait bien mieux si tout ceci n’avait été qu’un mensonge, qu’elle n’avait qu’à passer l’éponge sur cette histoire et passer à autre chose – mais sans cesse, trop de souvenirs lui ramenaient la réalité en plein dans la tête. Le fait était qu’elle ne savait pas quel événement, quelle folie avait poussé Evander à prendre cette décision, mais il l’avait fait pour la protéger. Ou du moins, il l’avait fait en pensant que c’était le mieux – tout comme il avait pensé que c’était pour le mieux, que de s’effacer de la vie de ses parents et leur faire changer de pays. Il avait un sacré sens du sacrifice, c’était indubitable, mais dans la décision qu’il avait prise pour eux deux, il s’avérait que c’était plus Sage qui en pâtissait que lui. Lui, il ne se souvenait pas d’elle, il n’en avait rien à faire d’elle ; alors qu’elle… elle était sans cesse accrochée à du néant. Pourtant rien ne vint, et la sorcière en fut presque surprise : elle aurait cru qu’il voudrait en savoir plus, quand bien même elle était incapable d’en dire plus. Tout ce qu’elle faisait en prononçant ces paroles, c’était trahir la promesse qu’elle avait faite à Evander lui-même, mais elle n’avait pas soupçonné à l’époque, au combien la tâche pour elle s’annonçait ardue. Insurmontable. Mais peut-être fuyait-il l’évidence, comme elle l’avait longtemps fait. Le faisait encore, même. Aussi, elle n’ajouta rien sur le sujet également, emboîtant le pas au sorcier sans se faire prier : ils ne savaient pas vraiment où ils allaient, et plus ils marchaient, plus il semblait qu’il y avait d’arbres. Sage sourit malgré tout à la phrase d’Evander, pas y passer toute la nuit, évidemment qu’ils y passeraient toute la nuit, et certainement que des membres de l’Ordre resteraient ici pendant des jours, des semaines encore à la recherche d’un signe, ou pour inciter les ennemis à abandonner les lieux : si la forêt grouillait de Mangemorts, elle en grouillerait encore d’ici quelques jours, mieux valait prévenir que guérir. « J’ai entendu dire que ce n’était pas vraiment une lumière. » Avoua-t-elle, non sans une certaine amertume dans la voix : Potter était tombé d’une manière bien pitoyable dans le piège que Voldemort lui avait tendu au Ministère de la magie ; peut-être que sa présence ici était également un piège tendu par les Mangemorts, et qu’il avait été assez bête pour foncer droit dedans. Non, quand même, pas deux fois. « Il a dix-sept ans… on va dire. » Sage avait en tout cas la prétention de croire qu’elle ne serait pas aussi idiote, si elle était le seul espoir du monde magique, même si elle avait dix-sept ans seulement. Au moins, Potter avait survécu jusque-là, à bien des épreuves, et c’était plutôt remarquable. « Et il est plein de ressources. » C’était sûrement la seule qualité que Sage était capable de reconnaître à Harry Potter, mais c’était toujours mieux de parler de ça que d’autres sujets qui pouvaient potentiellement fâcher.

falling to pieces

e. sage blackheart & evander j. winters
« it hurts to be here,
i only wanted love from you. »
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Parler de Harry Potter et de ses potentielles capacités de sorcier – ou « d’espoir pour le reste du monde » - était bien la dernière chose à laquelle Sage s’était attendue ce soir, lorsqu’elle avait décidé de se lancer à la recherche d’Evander au milieu de cette épaisse forêt. La nuit ne semblait pas vouloir se terminer, quand bien même elle aurait voulu, quelques instants plus tôt, que le temps passe plus vite, que les heures s’allègent afin que l’aube approche plus vite encore. Rien de tout ceci n’était arrivé, et ce n’était qu’à peine que la sorcière sentait l’étau de leurs disputes passées se défaire autour de sa poitrine – et pour quoi ? Pour ça, parler de Harry Potter alors que l’un comme l’autre n’y voyaient pas le moindre intérêt, sûrement. Au moins, ils étaient encore assez doués pour fuir tout ce qui leur était insupportable, et Sage devait s’avouer quelque peu reconnaissante vis-à-vis du jeune homme pour ne pas insister. Pourtant, elle ne put s’empêcher d’attarder un regard plein de jugements (elle qui le connaissait si bien) et quelque peu complice, lorsqu’il sembla évoquer ses propres mauvais travers lorsqu’il avait eu dix-sept ans. Car oui, elle avait été là, pas forcément au premier poste pour voir ce qu’il avait été, mais une des grandes victimes de son caractère de sale gosse insatiable et impétueux ; Sage l’avait longuement détesté pour tous les défauts qu’il avait si longuement fièrement exposés à la vue de tous. Quel imbécile, avait-elle forcément pensé à chaque fois qu’elle l’avait regardé, et il semblait qu’il s’en rendait enfin compte, des années plus tard. Sans même savoir quelles fautes il avait pu commettre envers elle – rien de bien majeur en tout cas, pour ce qui était de leur passé à Poudlard. « J’avoue. J’ai rencontré mon lot de… parfaits crétins à Poudlard. » Il était insidieusement inclus dedans, mais elle ne chercha pas à explicitement le souligner, gardant son regard dans le vague, comme si elle surveillait la route qu’ils empruntaient à travers les bois : non pas qu’elle soit particulièrement douée pour se repérer dans la nuit, mais juste pour veiller à ce qu’aucun sortilège ne leur tombe dessus par surprise. « Reste à espérer que ses amis soient plus malins que lui, alors. » Ajouta-t-elle simplement, dans un vague haussement des épaules pour clore le sujet Harry Potter : elle avait souvent entendu dire qu’Harry Potter était surtout une tête brûlée presque trop orgueilleuse, qui ne réfléchissait absolument pas lorsqu’il s’agissait de sortir sa baguette et agir concrètement. Heureusement qu’il avait ses amis en somme – il n’y avait que les gens un tant soit peu malins qui pouvaient se permettre de ne pas en avoir.

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e. sage blackheart & evander j. winters
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Le jeune âge de Harry Potter n’avait jamais été un prétexte pour Sage, que ce soit pour le railler, le trouver incapable ou même pour le considérer comme un sorcier digne de ce nom. Au fond, il pouvait parfaitement bien avoir quinze ans et être assez ingénieux pour déjouer les plans de l’ennemi plutôt que de se jeter dans la gueule du loup sans réfléchir. Et inversement, il pouvait avoir vingt-cinq ans déjà, et agir de manière totalement stupide : comme le faisait Evander depuis qu’il pensait avoir perdu ses parents, à chaque jour de cette guerre où il considérait ne rien avoir à retrouver après celle-ci, ne rien avoir à perdre au cours de celle-ci. Lui, elle l’avait toujours considéré comme un crétin, à Poudlard même et parfois plus tard encore, alors qu’ils s’étaient retrouvés sur les mêmes missions pour l’Ordre du Phénix dans cette bataille. Il s’avérait bien plus sanguin qu’elle, irréfléchi selon l’avis de la jeune femme, mais peut-être également plus imprévisible qu’elle ne pouvait l’être, elle. Au moins reconnaissait-il ces tares, à en croire du moins ce qu’il avouait ce soir, dans l’épaisseur de ces bois : un petit con ? C’était sûrement l’expression qui convenait le mieux pour décrire quel genre de mec il avait été, prétentieux et arrogant, lorsqu’ils avaient suivi leur scolarité à Poudlard. A cette époque, Sage n’avait sûrement jamais soupçonné pouvoir découvrir un bon côté dans le caractère du sorcier, et c’était sans doute parce qu’il l’avait sans cesse surprise, poussée à tout remettre en question sur ses présomptions qu’il avait si aisément su se tracer un chemin jusqu’aux tréfonds de son âme. Elle ne put que hausser les sourcils cependant devant ses paroles, ce ne serait pas elle qui le contredirait, mais elle ne pouvait pas non plus appuyer ses dires, au risque d’éveiller à nouveau sa curiosité, des questionnements auxquels elle ne voulait pas répondre qui pourraient venir lui brûler les lèvres. Ca aurait été plutôt dérangeant pour lui, de toute manière, de découvrir qu’elle connaissait presque tout de lui là où elle demeurait une énigme fumeuse. « Avoir dix-sept ans ne les a pas empêchés de se lancer à travers le pays pour détruire la plus grande menace du monde actuel. » Releva-t-elle finalement, dans un regard à l’adresse de son interlocuteur : si elle prenait Harry Potter pour un imbécile qui réfléchissait bien peu à ses actes et à leurs conséquences (qui avaient coûté la vie à bien des gens), elle ne le voyait en rien comme un gamin. « Je pense qu’il est parti. Et que finalement on cavale ici pour rien... » Lâcha-t-elle finalement dans un soupir, alors qu’elle laissait son regard s’égarer autour d’eux, à la recherche de rien en particulier : ses prunelles de toute manière ne captaient que de l’ombre, épaisse et froide.