falling to pieces

e. sage blackheart & evander j. winters
« it hurts to be here,
i only wanted love from you. »
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Elle ne voulait plus rien avoir à faire avec l’Ordre. Plus jamais - les mensonges étaient devenus bien pesants pour elle et si elle avait réussi à se défaire des obligations de l’Ordre, ce n’était pas pour replonger la tête la première dedans. Pourtant, ce n’était pas pour le tourisme qu’elle avait rejoint l’un des quartiers généraux de celui-ci, se préparant tout juste pour se lancer à travers les sauvages forêts anglaises. C’était le calme avant la tempête ce soir, les tensions électrisaient l’air. Personne ne parlait, personne ne lui adressait la parole à elle, en tout cas, certains regards incrédules s’attardaient sur elle, mais rien ne venait percer le voile silencieux. En des gestes fébriles, Sage tira sa baguette du fond de la poche de son pantalon, la glissant dans la manche de sa cape, avant de rejoindre l’extérieur. Le vent était glacial, si froid qu’aucune odeur ne venait trahir quelque présence que ce soit : il n’y pas à douter cependant que la forêt grouillait de Mangemorts et de membres de l’Ordre - baguettes en garde et sens à l’affut. En temps normaux, elle n’aurait rien fait, elle n’aurait voulu rien faire. Les choses étaient différentes ce soir, indéniablement différentes. Quand bien même elle ne se l’avouera pas, quand bien même elle ne voulait pas y penser. D’un craquement, elle transplana ; rejoignant le coeur épais de la forêt, si sombre qu’elle ne voyait qu’à peine quelques mètres devant elle. Elle n’éclaira pas sa baguette cependant, et n’en eu aucunement besoin, quelques éclairs au coin de ses yeux lui attirant le regard - à toutes jambes, elle traversa l’épaisseur des arbres, pour rejoindre une intense cohue sans dessus-dessous : d’un regard, elle repéra Evander, détournant un sortilège la visant d’un geste de la baguette. Sonnant son adversaire d’un sortilège sifflant dans la nuit, elle rejoignit son coéquipier - un Mangemort transplana, abandonnant les deux derniers, d’un stupéfix, elle en paralysa un des deux, tandis qu’Evander avait déjà fait disparaître l’autre - cinq contre un, c’était du joli. Alors que le silence retombait sur les lieux, Sage pinça les lèvres à cette pensée, avant de concentrer son attention sur le sorcier encore debout à ses côtés. « On dirait que tu avais besoin d’aide. » Une vague amertume venait de tinter sa voix, comme si elle soulignait «qu’elle l’avait prévenu» mais elle n’en fit rien de plus.

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Sage se souvenait bien encore de l'époque - presque infiniment lointaine - où elle était réduite à ce genre de missions : celle où on ne savait pas trop quoi faire, entre se défendre pour survivre, et défendre un quelconque honneur, un stupide besoin de justice qui, au fond, en temps de guerre, ne devrait avoir aucune importance. C'était en jouant dans la cour des menteurs et des manipulateurs que la jeune sorcière avait réussi à se hisser hors de ces lois-là, se garantissant d'être encore en vie à l'heure actuelle. Restait qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de tracer son chemin jusqu'à la forêt de Dean lorsqu'elle avait saisi l'ébullition au sein de ses camarades de l'Ordre : pour Harry Potter. Et pour Evander. A la réflexion du sorcier, elle serra les dents, en un spasme qu'il ne remarqua sans doute pas ; ils étaient entourés par la pénombre épaisse d'une nuit aux rayons de lune bien faiblards. « L'attrait du paysage. » Lâcha-t-elle vaguement. Pouvait-elle seulement prétendre ne pas avoir eu la simple et déplaisante idée de le revoir ? Pouvait-elle prétendre ne pas avoir bondi sur ses deux pieds, toutes volontés affichées lorsqu'elle avait entendu que des membres de l'Ordre étaient en danger pour des pacotilles ? Elle détestait l'Ordre, la manière dont il était mené aujourd'hui - mais ceux qui méritaient le plus de survivre dans celui-ci étaient bien ceux qui constituaient sa base, les sous-fifres dont elle faisait encore partie - officiellement en tout cas. « Je connais un gars, qui connaît un gars. Qui savait ce qui se tramait par ici. Je suis passée pour aider. » S'humectant les lèvres un instant, elle observa les alentours, s'éloignant du sorcier pour rejoindre un Mangemort semi-conscient. D'un geste de la baguette, elle l'attacha solidement, avant de reprendre. « Et toi ? Tu trouvais assez honorable de crever tué par cinq Mangemorts au milieu d'une forêt ? » Il pouvait être orgueilleux tout ce qu'il voulait, c'était bien de ça qu'elle l'avait sauvé. C'était bien pour lui, qu'elle était venue jusqu'ici sans hésiter - parce qu'il crèverait sur ce champ de bataille, un jour ou l'autre, s'il continuait de vivre ainsi, pour l'Ordre, pour les illusions que celui-ci vendait encore. Elle avait déjà perdu Evander, sans doute - ils avaient déjà trop sacrifié pour lui ; qu'il perde la vie ainsi, et elle brûlerait cet Ordre de pacotille jusqu'aux cendres.

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Aux questions pointant à l'orée de son esprit, Sage ne voulait pas répondre : elle avait décidé de se détacher de l'Ordre, d'en abuser comme d'autres le faisaient et ce, rien que pour servir ses propres fins. Pourtant, elle était là, au milieu de cette forêt on ne peut plus hostile, à risquer sa vie pour une cause vaine - une cause de laquelle elle s'était détournée, épuisée par tout ce qu'elle lui avait pris. A croire que les mauvaises habitudes revenaient bien trop vite, se glisser sous sa peau comme un serpent venimeux. Une part d'elle savait qu'elle devait faire le deuil de l'Evander qu'elle avait connu, c'était cette parcelle de Sage qui la rendait amère, voire sarcastique, distante à outrance vis à vis du jeune homme, vers lequel l'autre part d'elle, n'avait de cesse de revenir. Elle pensait à lui, elle se préoccupait de lui constamment - bien malgré elle, ses songes s'égaraient à vouloir savoir ce qu'il faisait, à écouter les conversations lorsqu'elle avait l'impression furtive d'entendre le prénom d'Evander percer dans le silence. C'était cette imprudence là, ces sentiments-ci, siégeant toujours au fond d'elle qui l'amenaient ici, en plein froid de l'hiver lourd. « Eh bien il semblerait que Harry Potter n'ait pas fait le détour pour venir t'aider. » Marmonna-t-elle vaguement, dans un lever d'yeux au ciel. Harry Potter, l'espoir de tout le monde : et qu'est-ce qu'il ferait une fois Voldemort vaincu, il rendrait leurs vies à tous ceux qui l'avaient perdue dans cette guerre ? Sage était devenue amère, elle le savait bien, aucune magie ne pourrait faire revenir l'idéaliste gamine qu'ils avaient tous brisée. « Eh bien je m'arrangerais pour qu'il soit écrit "mort honorablement" sur ta tombe. » Malgré elle, elle avait adopté le ton de la réprimande ironique. Elle fit volte-face, rejoignant Evander. D'un geste de la baguette, elle éclaira les alentours, les observant un instant, avant que son regard ne s'accroche à quelque chose. « Tu es blessé. » Remarqua-t-elle, un ressentiment palpable dans la voix, en désignant une estafilade à son bras - ce n'était qu'une égratignure - l'un comme l'autre étaient habitués à pire, mais c'était déjà trop, pour une cause aussi vide de sens.

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Harry Potter ne sauvait pas les gens, Harry Potter ne se retournait pas sur les pions de l'Ordre du Phénix qui mouraient dans l'espoir d'un jour, le voir refaire surface. Voilà que cet idiot refaisait surface au mauvais endroit, au mauvais moment et qu'encore une fois, ce soir et pour cela, bien des membres de l'Ordre finiraient par le payer de leur vie : le père de Sage était mort pour cette soit-disant bonne cause. Evander était mort pour celle-ci également. Du moins, l'Evander qu'elle avait connu, l'Evander qui avait prétendu l'aimer, tenir à elle assez pour la protéger jusqu'à sacrifier tout ce qu'ils avaient. Était-ce ça, l'amour, ou s'accrocher coûte que coûte ? Souvent, la sorcière se posait la question lorsqu'elle égarait ses songes jusque là-bas : et irrémédiablement, une partie d'elle avait fini par croire qu'il avait sans doute préféré cette option de facilité pour se débarrasser d'elle. Manque de bol, elle, elle ne l'avait pas oublié. Elle, elle lui collait aux basques sans savoir pourquoi, sans savoir à quoi ça pourrait bien mener ; arrogante, fière, détestable en somme, mais incapable d'être quoique ce soit d'autre qu'amère, dès qu'elle posait les yeux sur lui. « Dans la nuit, tu ne devrais pas faire la différence. » Le ton railleur, un ricanement glissant à ses lèvres, Sage esquiva bien vite la déclaration du sorcier, préférant également oublier son histoire d'épitaphe : il ne mourrait pas. Pas tant qu'elle serait là, tant qu'elle, elle se souviendrait de lui. D'eux. Éclairée par le faisceau de sa baguette, Sage lança un regard désapprobateur à Evander à le voir agir avec tant de nonchalance face à la plaie qui coupait son bras - il suffisait que Greyback soit dans la bande pour qu'il soit repéré d'office. Son air sévère s'adoucit lorsque les mots suivants du jeune homme infiltrèrent le doute en elle - qu'est-ce qu'elle faisait là ? Elle poursuivait le même fantôme que depuis toujours, sans se l'avouer. Détournant les yeux du regard clair d'Evander, elle fit les quelques pas les séparant encore. « Enlève ça. » Sans lui laisser le choix, elle esquissa quelques gestes pour lui arracher sa veste, et, pour faire taire toute protestation naissante : « J'ai de quoi au moins arrêter le saignement, je n'aurais pas envie que certaines personnes nous repèrent à trois kilomètres à la ronde. » Au moins, elle avait eu le réflexe de se planquer derrière une fausse stratégie de préservation - elle ne l'accompagnerait officiellement pas tant qu'il saignerait comme ça. Ne lui laissant aucune option, elle lui tendit sa baguette, lui faisant comprendre de l'éclairer alors qu'elle farfouillait dans le sac qu'elle avait emmené avec elle.

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Aux piques d'Evander, Sage ne pouvait que se contenter de lever les yeux au ciel, imperceptiblement, vu combien il faisait nuit autour d'eux : officiellement, elle ne pouvait pas garantir être un jour capable de balayer son ego blessé, ainsi que les innombrables souvenirs douloureux qui revenaient à elle à chaque fois qu'elle posait les yeux sur Evander. Elle le détestait pour ce qu'il avait fait, le simple fait qu'il l'ait abandonnée, poussée à renoncer à lui d'une manière aussi impitoyable que celle qui était gravée dans ses souvenirs. Il ne comprendrait jamais, aussi devrait-elle se contenter de vivre en le laissant penser qu'elle ne l'appréciait pas, pour une quelconque raison. Ça n'avait pas d'importance au fond, et plus elle préservait une certaine distance entre eux, mieux les choses pouvaient se dérouler. Oui, c'était mieux ainsi. Il ne lui facilitait cependant pas la tâche : même le Evander qui l'avait oubliée restait Evander à cent pour cent ; un peu trop frimeur et vraiment trop charmeur, quitte à ne pas surveiller ses paroles - sans doute que s'il savait un dixième de ce qu'elle avait dû traverser à cause de lui, il en serait réduit à un impérieux silence qui s'avérerait bien reposant, mais soit : lui reprocher ses fautes ne leur permettrait pas de revenir en arrière, sans doute. Si elle avait eu sa baguette lorsqu'elle entendit les nouvelles paroles du jeune homme, sans doute qu'elle lui aurait envoyé un sortilège en pleine tronche, sans demander son reste, mais elle se contenta de lui laisser un regard noir, qu'il perçut bien à la lumière de sa baguette, avant de malencontreusement faire sa poigne trop assassine contre la plaie du sorcier. « Désolée. » Lâcha-t-elle sans le penser une seconde ; en d'autres temps, elle aurait pu être bien plus niaise que ça, mais elle n'avait certainement pas envie de jouer à ça avec lui. Un rire ironique passa les lèvres de la sorcière alors qu'elle avait sorti quelques trucs de son sac, ce qu'elle avait embarqué de Sainte Mangouste quelques heures plus tôt, s'avérait finalement bien utile. « Ça se saurait si Greyback avait besoin de la pleine lune : imagine toi avec la même balafre que Weasley, tu pourras m'attendre longtemps dans les bois à partir de ce jour là. » Finalement elle avait réussi à rebondir sur la petite pique de monsieur. Mais histoire de pouvoir ignorer toute réponse de la part de son vis à vis, Sage décida de se concentrer sur les précaires soins qu'elle put octroyer au sorcier : du fond de son sac, elle tira une fiole qui, apparemment, pouvait stopper les saignements et accélérer la cicatrisation - elle n'était pas experte en tout ça, mais à la guerre comme à la guerre. « Tu devrais être plus prudent. » Lâcha-t-elle, concentrée dans son travail - elle aurait tout de même préféré garder le silence, mais s'inquiéter pour lui semblait gravé dans ses réflexes.

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Dans tout ce qu’elle avait envisagé depuis qu’elle avait revu Evander pour la première fois, Sage s’était vue lui cracher ses quatre vérités à la tronche, lui révéler leur passif commun, sans crier gare – soit sur le ton doucereux de l’amour oublié, soit avec toute l’amertume dont elle était capable lorsqu’elle le regardait. C’était compliqué cette histoire, alors qu’au fond, le sorcier s’était dit obligé de la sacrifier au profit de missions dont la dangerosité leur nuirait à tous les deux, si jamais il venait à tomber entre les mains de Mangemorts. Mais il était là, à faire les mêmes missions qu’elle (ou presque), à se retrouver bêtement face à cinq Mangemorts, surtout à cause de son imprudence et du manque flagrant d’attention de l’Ordre plus qu’à cause d’un réel danger affiché. Sage, la naïve, doucereuse et amoureuse avait accepté. Mais Sage, celle épuisée par le temps et tout ce qu’il foutait sur son chemin, se posait bien plus de question et était bien moins encline au pardon. C’étaient ces malheurs-là, qu’elle traînait avec elle, qui avaient poli la gentille petite fille pour en faire une vraie garce – qu’est-ce que ça changeait au final ? Au pire des cas, son père se retournait dans sa tombe, personne d’autre ne semblait s’enquérir plus avant de la pitoyable fille qu’elle était devenue. Personne, sauf elle-même, la jeune femme pensive qu’elle était lorsque tout retombait, lorsque la prescience de la guerre se faisait moins forte à son esprit – lorsqu’elle se retrouvait seule, dans l’immense et vide maison qu’était celle des Blackheart. Dans ces moments-là, elle aurait chéri la présence de n’importe qui sans se grimer de faux-semblants, mais personne n’était jamais venu. « Je suis seulement dans les bois pour sauver les demoiselles en détresse. » Lâcha-t-elle avec une moue légèrement mutine sur les lèvres – jamais elle ne viendrait s’enterrer dans la forêt de Dean juste pour un moment avec lui. Sauf ce soir, visiblement. De longues secondes durant, elle sembla ignorer la question qu’il lui posa ; elle aurait sans doute préféré qu’il ne relève pas la phrase qui avait volé dans le silence autour d’eux. Bandant la plaie du sorcier (et sûrement captivée par ce qu’elle faisait), la sorcière choisit soigneusement ses mots. Bien entendu qu’elle s’inquiétait pour lui, parce qu’ils se connaissaient depuis toujours, parce que c’était son job de veiller sur lui. Ça avait été son job, d’ancienne équipière. Elle finit par pincer les lèvres, improvisant un pansement digne de ce nom. « Je me préoccupe toujours de mes chers amis de l’Ordre. » Lâcha-t-elle finalement, un brin d’ironie dans la voix. « Mais disons que je le souligne plus particulièrement aux plus imprudents. » Un nouveau mi-sourire passa ses lèvres, alors qu’elle reprenait sa baguette. « Tu vois, tu n’as pas fini tout nu dans les bois finalement. » Elle lui tendit sa veste, comme dans un petit signe de paix, bien qu’ils ne soient pas spécialement en guerre.

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Passer outre s'avérait parfois d'une facilité dérangeante : pour de fugaces secondes, elle en arrivait même à avoir l'impression qu'il était là, l'Evander qu'elle avait toujours connu (tantôt détesté pendant leur scolarité, certes) ; à chaque fois elle se rendait compte bien tard que ce n'était qu'une illusion, qu'il ne connaissait rien d'elle et devait avoir une opinion d'elle bien différente d'autrefois. Elle avait changé après tout, pas nécessairement pour le meilleur, c'était sûr, mais il n'y avait presque que sous son regard clair et brûlant qu'elle remettait tout en question. Ce qu'elle était devenue, cette vendetta qui guidait sa vie et qui, pourrait bien un jour la foutre dans le gang des traitres et des assassins si Voldemort venait à tomber. Mais il n'y avait eu aucune autre alternative lui semblant acceptable quelques mois auparavant, lorsque la solitude était devenue tellement prenante dans sa vie, qu'elle en avait été étouffée : elle était seule désormais, condamnée à ressasser des souvenirs qu'elle était la seule à conserver - à quoi bon tenter, s'accrocher encore un peu ? C'était irrémédiablement ce qu'une partie d'elle faisait - le regrettant amèrement à chaque parole d'Evander. Il ignorait que chacun des mots qu'il prononçait n'était qu'un coup de couteau supplémentaire dans les plaies béantes qu'avaient laissé son départ ; il ignorait tout d'elle, d'à quel point cette guerre, les circonstances et le reste du monde, lui avaient pris tout ce qu'elle pouvait posséder à une époque. « On est au milieu de la forêt, cernés par des Mangemorts et tout ce que tu trouves à dire c'est que tu aurais froid ? » Elle leva vaguement les yeux au ciel, au fond, elle préférait qu'il ne réponde pas, mais il semblait tellement branché par cette idée d'exhibition dans les arbres, qu'elle se doutait qu'il rebondirait. Soit, elle se détourna bien vite de lui avant qu'il n'en ait l'idée, revenant à la hauteur du Mangemort encore à moitié dans les vapes. « On en fait quoi de celui-là ? Si on le laisse là et que d'autres le trouvent, il aura sacrément envie de se venger... » Pourtant, l'option la plus évidente qui lui venait en tête ne lui plaisait guère - jamais encore elle n'avait tué qui que ce soit, même un Mangemort, contrairement à ce que certains pouvaient penser. Lindberg l'aurait fait lui, mais elle ne se voyait pas écraser encore plus ce type au sol, alors autant demander conseil à la bonne âme de leur duo.

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Les petites répliques d'Evander étaient mieux parfois ignorées - Sage l'avait appris avec le temps, malgré elle, c'était comme un orgueil mal placé à l'égard du jeune homme qui la poussait sans cesse à répondre. Au final, une petite phrase devenait une entière discussion parfaitement déplaisante (ou presque), qui avait au moins le don presque incroyable d'irriter Sage. Elle pouvait se montrer ironique et bien douée pour rebondir sur les petites phrases que lui servait son interlocuteur, restait que ces histoires de faux exhibitionniste, de nuit sauvage à la belle étoile avaient le don de ressasser de nombreux souvenirs : comme des petites répliques similaires qu'il lui aurait déjà servies, qu'elle avait ignorées avec plus de talent. Ou tout ce qui avait été entre eux et ne sera plus jamais à présent. Croisant les bras un instant, Sage arqua un sourcil à la parole du sorcier, comme pour souligner sa présence ici - ce n'était pas parce qu'elle avait joué les prudes qu'elle avait pour autant envie de le voir nu au milieu de cette forêt. « Je connais une chose à proximité qui te frapperait bien avant le froid. » Et puis s'ils pouvaient reprendre un tant soit peu de leur sérieux, ce ne serait pas plus mal. Cette idée, elle la souligna en snobant d'avance toute réponse qu'il pourrait lui servir, se concentrant alors que le pauvre Mangemort qui s'était bouffé son sortilège en pleine tronche, et était à moitié entravé par le stupéfix; et déjà attaché par les cordes magiques qu'elle avait déroulées. L'hypothèse qu'Evander lui servit ne la surprit guère, elle haussa les épaules, tentant de masquer une vague lassitude la rattrapant. « Au camp, avec d'autres gens il ne nous servira pas à grand chose pour repérer ses potes avant qu'ils ne nous repèrent. » Elle regarda autour d'eux un instant, comme intéressée par le paysage invisible tant il était sombre. « Et puis un détour par le camp, c'est du temps perdu dont on a pas besoin. » Pendant ce temps-là, d'autres Mangemorts s'attaqueraient à des membres de l'Ordre et vice-versa. Plissant les lèvres alors qu'elle semblait presque avoir fait exprès de balayer toutes les options qui s'offraient à eux, Sage finit par poursuivre. « On peut s'occuper de lui. » Mais elle savait qu'Evander n'avait pas goûté aux mêmes petits prémices déplaisants qu'elle. Aussi, finit-elle par se reprendre avant qu'il ne risque de se fâcher. « L'interroger gentiment et en toute amitié, bien entendu... ou s'arranger pour le planquer dans un coin afin que personne ne le trouve. » Si elle avait été seule, il aurait passé un mauvais quart d'heure, mais malheureusement, il semblait presque qu'à cet instant, Evander était la bonne petite conscience perchée sur son épaule. Ou alors le regard juge auquel elle n'avait pas envie de faire face.

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Aussi loin qu’elle s’en souvienne, il n’y avait jamais eu une époque où Sage avait un tant soit peu apprécié les blagues d’Evander – surtout les salasses, qu’il faisait inlassablement revenir sur le tapis, comme s’il n’avait rien d’autre à raconter. Elle savait pourtant que c’était un – pitoyablement astucieux – moyen pour lui de masquer toute la petite peur qui s’insinuait en lui à chaque fois qu’il se retrouvait dans une situation risquée : parce que oui, de ce qu’elle se souvenait, il en avait dit des sacrées, des blagues dans ce genre-là au cours de leurs nombreuses missions. Sage avait appris à faire avec, mais elle ne s’était guère étonnée, parfois, de voir des gens venir lui parler pour souligner qu’Evander était un mufle incapable d’avoir une discussion sans que celle-ci ne vire irrémédiablement à des délires dignes d’une cour de primaire. A ceux-là, Sage s’était contentée de répondre que, malgré les apparences, Evander était encore puceau, tellement frustré qu’il rapportait tout à ce qui se trouvait dans son pantalon sans même estimer importante l’existence de la chose toute molle sous son crâne. Bien entendu, tout le monde savait qu’Evander n’était pas puceau – Sage la première – mais elle avait parfois l’amusante impression que l’idée avait quand même bien souvent circuler chez les commères de l’Ordre. Sa patience, pourtant, atteignait bien vite ses limites, quand bien même elle ne laissait rien paraître : faisant volte-face pour toiser un instant Evander, elle haussa les épaules. « Et puis tu sais quoi ? Impressionne-moi donc. Vas-y, enlève tout. » Soit il était capable de la faire descendre aussi bas que lui, soit elle s’adaptait plutôt bien, puisqu’elle arqua un sourcil, dans une moue mutine. « Tu sais, je me suis déjà souvent demandée ce qu’il pouvait y avoir là-dessous. Alors n’hésite pas, je ne crierai pas. Et promis, j’essayerai de ne pas rire non plus. » On savait tout quels étaient les effets du froid. En parlant, elle avait fait quelques pas vers Evander, sans se départir de son assurance – parce que sans doute qu’elle crierait s’il venait à le faire. Mais elle espérait au moins avoir clôturé la discussion, il y avait plus important à penser, comme l’imbécile qui avait essayé de le tuer, par exemple. Alors qu’elle avait pris un malin plaisir à balayer l’hypothèse de son coéquipier, il en fit de même, et elle finit par croiser les bras, un air dédaigneux sur le visage. « Alors quoi, il nous reste : on le tue ou on le libère en espérant qu’il fasse preuve de pitié quand il nous recroisera ? Un peu comme les bébés lions ? » Ce serait la meilleure stratégie que celle d’essayer de le faire parler – sans compter que c’était sans doute ce que les Mangemorts faisaient avec tous les membres de l’Ordre qui leur tombait dessus : mais Evander ne semblait pas accepter l’idée qu’il faille s’adapter au niveau de l’ennemi. « Enfin pour Monsieur le pro de ‘je pars à l’aveuglette dans une forêt en pleine nuit’ je pense qu’avoir un plan ce n’est pas important. » Souligna-t-elle dans un sourire presque sarcastique – elle détestait en arriver à cette conclusion, mais Evander semblait être le roi des bourrins, celui qui ne réfléchit pas, quitte à le payer de sa vie.

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Comme elle l’avait pressenti, Evander fit rapidement marche arrière avec cette histoire de nudité au milieu de la forêt. Peut-être qu’avec le temps, Sage avait finalement appris à bien le mettre dans des situations gênantes, assez pour qu’il fasse rapidement marche arrière comme un petit animal apeuré. Il pouvait toujours faire son intéressant avec sa réplique, la jeune femme se contenta de lui répondre par une moue théâtrale, laissant transparaître sa déception – car oui, ça faisait déjà souvent qu’il parlait de se défaire de ses vêtements, sans jamais le faire pour autant. A croire qu’il pensait vraiment qu’elle en rirait si elle voyait ce qu’il y avait là-dessous – au moins, elle savait comment faire maintenant pour qu’il oublie bien vite ces petites piques stupides et passe à autre chose, de presque plus intéressant. Heureusement pour elle en tout cas, Sage avait changé, elle avait appris à prendre sur elle face à toutes les difficultés que cette guerre lui avait imposée – sans ça, la gamine influençable qu’elle avait été quelques mois plus tôt aurait simplement détourné le regard, tentant de masquer la rougeur à ses joues sans même avoir la finesse d’esprit de masquer ses faiblesses. Elle serait passée pour une vierge ou une prude, ou quelque chose s’y apparentant vraiment, une discussion qu’irrémédiablement, elle n’aurait pas voulu avoir avec Evander. Au moins se concentraient-ils enfin sur le clou du spectacle, à savoir le Mangemort toujours ligoté par terre, qui finirait tôt ou tard par retrouver pleine maîtrise de ses faits et gestes – ses souvenirs également, aussi ne tarderait-il pas à faire connaître leur position à bon nombre de ses collègues Mangemorts et ainsi de suite. Pour Sage, c’était une aubaine à ne pas laisser passer, qu’une source d’informations ennemie qui pourrait débiter une trentaine de mots à la seconde si elle trouvait comment faire – mais pour le sorcier qui l’accompagnait, admirable membre de l’Ordre, ces méthodes-là semblaient ne pas convenir. S’ils continuaient ainsi, ils passeraient leur nuit à argumenter ainsi, quitte à dériver encore une fois sur l’exhibitionnisme d’Evander et ce, juste sous le nez d’un Mangemort pleinement revigoré. « La ferme, des bébés lions ou des petits chiots, des loups enfin ce que tu veux qui pourrait, un jour vouloir ta mort, mais que tu trouverais trop mignon pour le tuer. » A vrai dire, elle ne savait pas ce qui pouvait retenir Evander de vouloir charcuter ce type – si les rôles avaient été inversés, sans doute que Monsieur l’Exhibitionniste se serait déjà retrouvé les tripes en dehors de son ventre et ce, malgré le froid. Elle se comprenait, elle, en tout cas ; c’était à la guerre comme à la guerre, et Evander pouvait fuir l’irrémédiable avec toute la force qu’il voulait, la réalité finirait par le rattraper, un jour ou l’autre. Il devrait tuer, il devrait blesser, détruire des gens pour le bien de tous, ce qui ferait de lui un soldat ou un héros de guerre, ceux-là mêmes qu’on condamnerait à la prison lorsque la paix serait rétablie – c’était la destinée qu’ils avaient bêtement choisie, tous les deux. Oubliettes – le sort siffla juste à côté d’elle, son corps se crispa nerveusement – elle, elle aurait presque eu assez de pitié pour retenir le geste d’Evander si elle l’avait vu venir. C’était une destinée pire que la mort qu’il lui promettait, elle le savait bien, elle. D’un regard en biais en direction du sorcier, elle se retrouva privée de toute parole, de toute cette verve qu’il avait éveillée depuis de nombreuses minutes déjà. Qu’en était-il de sa femme, à ce type ? Peut-être n’avait-ce été qu’un mariage arrangé, ou peut-être qu’il avait été capable d’aimer quelqu’un. Songeuse, devant ce cadavre d’existence, Sage n’avait qu’à peine remarqué que le sorcier à côté d’elle avait disparu. Finalement, d’un geste de la baguette, elle défit les liens qui retenaient le Mangemort, il put respirer à nouveau. Se penchant, elle récupérera la baguette désormais inutile de leur adversaire, la brisant avant de la balancer dans la noirceur de la nuit. Elle se découvrit plus fébrile qu’elle ne l’aurait voulu, essuyant ses mains moites sur son pantalon, attardant son regard sur le type au sol. Une longue seconde durant, elle hésita à le tuer malgré tout – il traverserait l’Enfer, les gens autour de lui traverseraient l’Enfer – le même que ce qu’elle connaissait aujourd’hui. Elle se retint finalement, faisant volte-face pour rejoindre Evander, tentant de profiter de la nuit autour d’eux pour effacer ces futiles faiblesses de son visage.

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Le temps faisant, Sage avait appris à être bien plus qu’un larbin de l’Ordre du Phénix – se faisant, elle avait appris bien des sortilèges, tous plus déplaisants à utiliser les uns que les autres. Elle avait repoussé ses limites, pour faire ainsi face à des ennemis redoutables, pour faire souffrir des gens bien plus qu’elle ne s’en serait crue capable. Elle s’était même découvert une résistance à la vue du sang qu’elle n’aurait pas soupçonné. Mais sa limite résidait là – à ses yeux, le sort dont Evander jouait impunément représentait la limite à ne pas franchir. L’Oubliette, c’était comme supprimer un pan de vie, prendre encore plus que la vie à quelqu’un – c’était lui arracher sa substance et la réduire en mille morceaux. Elle avait arrangé la substance de leur attachement, de leur amour du sein d’Evander, pour la détruire à tout jamais également, et depuis, elle s’était jurée de ne plus jamais utiliser de ce sortilège-là. N’importe lequel, voire même l’Avada Kedavra, tout ce qui pouvait lui empêcher de proférer de tels crimes à nouveau. Evander semblait avoir remarqué son absence, mais se contentait du lourd silence qu’amenait son retour également. A la pique de celui-ci, elle ne réagit même pas, se sentant plus fragile que jamais sous la brise glaciale de l’hiver – resserrant sa cape autour de ses épaules, elle tenta de faire passer son silence pour de l’attention, mais avec un type aussi peu discret – et bavard – qu’Evander, être discret s’apprêtait à une mission impossible. Surtout quand il parlait d’un sortilège tel que celui-ci, faisant irrémédiablement bouillonner l’esprit et les tripes de la jeune femme. Dans l’infime espoir de le faire taire, elle souffla bruyamment. « Manifestement, tu es très doué, à ne pas savoir à quelle intensité tu lui as jeté ce sort. Ce qu’il a oublié ou ce qu’il n’a pas oublié. » Elle aurait voulu que son ton soit moins grave et moins agressif, pourtant, ce n’était pas le cas. Et puis merde, elle avait parfaitement la légitimité de le juger là-dessus et ce, même pour des raisons dont il ne se souvenait même pas. « Tu devrais continuer de conter tes exploits avec ce type, au cas où toute la bande de Mangemorts autour de nous ne t’aurait pas encore entendu. Craignez-le, il vous lobotomisera jusqu’à ce que vous ne vous souveniez plus de rien ! » Oui, oui, peut-être qu’elle s’énervait légèrement, ou qu’elle se faisait vraiment excessive, qu’est-ce que ça changeait au final ? « Tu devrais essayer d’en balancer en plein duel, puisque tu ne sembles pas exceller dans le reste. » Elle détestait ce sortilège, elle détestait ces méthodes et elle détestait le fait d’entendre de telles paroles sortir d’entre ses lèvres. Serrant ses dents, Sage se reprit, esquissant un mouvement de tête pour faire comprendre à Evander de ne pas se formaliser – de ne surtout pas se formaliser, histoire qu’ils closent le débat, oublie ça et peut-être, restent silencieux pour le siècle à venir.

falling to pieces

e. sage blackheart & evander j. winters
« it hurts to be here,
i only wanted love from you. »
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On ne se connait pas. Malgré elle, Sage laissa la surprise transpercer son regard, alors qu’il prononçait ses paroles, la fixant droit dans les yeux, d’un air si impérieux qu’elle était incapable de détourner le regard. Incapable de fuir, de se planquer derrière cette fausse assurance dont elle jouait constamment. Heureusement sans doute, il faisait nuit et Evander semblait pris dans son laïus pour remarquer l’insécurité, la réalité qui fracturèrent le visage de la sorcière en une fraction de seconde. Ils ne se connaissaient pas. Elle se mordit l’intérieur de sa joue, soudainement privée de sa verve, alors que quelques secondes plus tôt, elle était prête à s’énerver toute seule : mais bien vite, devant l’assurance de marbre de son vis-à-vis, elle baissa les yeux, tentant de se faire bataille pour garder son calme. Garder son calme. Son calme. Mais déjà, c’était tout un bourdonnement de rage qui faisait battre le sang à ses tempes, les larmes d’amertume au bord de ses paupières. Il pouvait dire ce qu’il voulait, sauf ça. Pas ça. Elle aurait bien voulu, pour la peine, qu’il reprenne sa marche – mais il n’en fit rien, restant posté face à elle, à la mettre à défaut sans même s’en rendre compte. « Très bien. » Serrant les dents pour se forcer au silence, Sage esquissa quelques pas en arrière, comme pour lui signifier qu’elle décidait de partir ainsi, histoire de le contenter dans ses demandes. Froide et fière, elle alla même jusqu’à lever les yeux dans sa direction, se préparant à faire volte-face et à disparaître au milieu des arbres. C’est ce qu’elle aurait dû faire, mais elle se contenta de quelques pas à peine, avant de brusquement faire demi-tour, gagnée par l’impulsion. « Mais je crois bien que je n’ai aucune raison de te rendre des comptes. Surtout pas à toi. » Elle serra les dents, brisant la distance entre eux pour venir le pousser sans ménagement. « Et ne t’avises plus jamais de dire que je ne sais rien de toi. » Elle aurait voulu se contenter de ça – elle tenta de le faire, même, s’engageant à nouveau vers la fuite, mais l’orgueil la ramenant irrémédiablement à sa haine viscérale et à toutes les vérités qui lui brûlaient les lèvres, quand bien même celles-ci finiraient de les séparer définitivement. « Parce que tu sais quoi ?! Non, en fait, tu peux pas savoir, parce que tu ne sais rien ! T’es qu’un connard égoïste ! Et tiens, j’aurais bien tous les droits de rameuter une troupe de Mangemorts parce que je m’énerve ! Aux dernières nouvelles je t’ai sauvé la mise ! » D’un regard circulaire, elle darda les alentours avec provocation, avant de reposter son attention sur le jeune homme, assez rageuse encore pour lâcher son venin. « Je te connais parfaitement, Evander Winters. Assez pour savoir ce que t’as fait à tes parents, et à quel point t’es égoïste, parce qu’au final, j’en suis simplement le plus criant exemple ! » La pathétique Sage qui tournait dans les pattes d’un souvenir évanoui, quelle triste ironie – une mièvrerie à même de la réduire à néant, un beau jour, sans doute. L’amertume lui pinçant le cœur, elle chassa bien vite la larme qui glissait sur sa joue, elle n’en avait certainement pas fini. « Et devine quoi, je hurle au milieu de la forêt et à qui veut bien l’entendre à quel point je te déteste, toi et ton stupide sort ! » Elle aurait pu lui envoyer un sortilège en pleine tronche, mais tout ce qu’elle eut la décence de faire, c’est attraper une poignée de feuilles mortes pour la lui envoyer en pleine tronche (le manquant irrémédiablement, les feuilles n’allaient jamais dans la direction qu’on voulait), avant de brusquement se retourner comme pour fuir toute réponse de la part du jeune homme. En quelques pas, elle s’écarta de lui, passant ses mains dans ses cheveux pour se calmer – ce qui n’avait aucun effet, alors qu’elle tremblait de la tête aux pieds, lèvres frémissantes et des larmes (de rage, forcément) continuant de se tracer un sillage sur son visage. Brièvement, elle les essuya, encore et encore, masquant tout signe de faiblesse et de sanglot, rien que par fierté. Il semblait pourtant que sa crise avait attiré du monde, puisqu’un craquement au coin de son champ de vision la fit brusquement sursauter, lui coupant brusquement le souffle – un bon prétexte pour lui faire comprendre de ne rien répondre à son emportement quasi-incompréhensible.

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e. sage blackheart & evander j. winters
« it hurts to be here,
i only wanted love from you. »
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Elle aurait bien voulu envoyer valser sa fierté pour ne rien répondre aux provocations d’Evander, se contenter de garder le silence dans un haussement des épaules qui voulait tout dire et ne rien dire à la fois - les choses auraient été beaucoup plus simples, si elle ne s’était pas mise à dangereusement charrier avec les frontières de sa patience, et s’il n’avait pas cherché à l’agacer plus que de mesure. Car bien entendu, c’était de sa faute à lui tout autant que de sa faute à elle, si elle s’énervait (s’énerver étant un bien faible mot) au milieu d’une forêt remplie de Mangemorts, pestant entre ses dents des réalités qui ne faisaient sens qu’à son esprit. Et elle savait bien qu’en hurlant ainsi, le cadet des soucis de son interlocuteur serait de comprendre ce qu’elle disait, ce qui se cachait dans l’indicible, ce sur quoi elle était bien incapable de mettre des mots. Il ne la connaissait pas, tout simplement parce qu’il avait décidé de la bannir de sa vie sans crier gare, lui imposant ainsi le pire fardeau qui soit - devoir, elle, supporter son regard vide, devoir faire comme si de rien n’était, alors qu’elle l’avait perdu. Il n’en avait eu rien à foutre d’elle et pour ça, bien entendu qu’elle le détestait, elle le détestait probablement assez pour pouvoir lui balancer à la figure bien plus que des insultes et trois morceaux de feuilles mortes - mais à quoi bon, elle se viderait alors de toute sa rage, de ce moteur existentiel qui la faisait avancer, quand bien même ce n’était qu’uniquement dans la mauvaise direction. Mais elle ne se rendait compte qu’à présent, frémissante de colère, à quel point celle-ci la dominait largement, comme une bombe à retardement qui ne demandait qu’à exploser, et tant pis pour les conséquences. Et il ne comprenait pas - bien entendu, il ne cherchait même pas à explorer le fin mot de l’histoire : c’était du Evander tout craché, dont l’ironie acerbe lui arracha un ricanement sarcastique - ils étaient quittes... oui, ils devraient s’en tenir là sans doute. Silencieuse subitement, elle recula d’un pas, son regard sombre scrutant la noirceur de la forêt : c’était sans doute les missions les plus compliquées, celles qui se déroulaient dans de telles circonstances, mais beaucoup de gens (dont Evander) s’acharnaient encore à croire que Harry Potter en valait le coup. Le souffle lent, pesant, ignorant les quelques traces de larmes qu’il lui restait, Sage releva sa baguette, l’adrénaline balayant finalement bien vite son amertume. « Bien entendu, c’est tellement facile pour toi de croire que j’ai besoin de me faire soigner plutôt que de réfléchir un tant soit peu. » Elle venait de lui jeter un regard par-dessus son épaule, acerbe plus qu’autre chose, alors qu’elle se retrouvait à nouveau en replis près de lui. Un nouveau craquement lui fit tourner la tête. Ils ne bénéficiaient plus de l’effet de surprise, alors même contre cinq Mangemorts, ils étaient cuits. Car bien entendu elle n’allait nulle part, rien que pour une question d’orgueil ; elle n’allait pas le laisser se démerder avec les Mangemorts qu’elle avait rameuté, au moins, elle pourrait estimer qu’ils étaient quittes l’esprit tranquille après. Brusquement, sans crier gare, elle l’attrapa par le bras, l’entraînant à toute vitesse avec elle dans les épaisses frondaisons des arbres, où ils seraient bien moins repérables - un sortilège siffla où ils avaient été, quelques secondes auparavant : indéniablement, les scènes de ménage (ou les crises d’hystérie) attiraient du monde.