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s-w. cedrella levinston & w. clive burgess-holmes
« for nothing makes me stronger than your fragile heart. »
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Noël. Dans un autre monde, à une autre époque, il aurait été plus facile de planifier tout ça. De chercher, par exemple un cadeau pour Clive, s’accrocher au vague espoir que des détails de ce genre-là pouvaient arranger les choses entre eux, là où c’étaient les paroles et les décisions de Cedrella elle-même qui avaient tout brisé entre eux. Elle n’était pas experte en ça, de toute manière, tout comme elle n’était pas experte avec les sentiments ou pour trouver un tant soit peu de courage afin de remettre les choses au clair avec Clive. Ou oser, oser dire la vérité, aussi dangereuse pouvait-elle être. Au fond, elle ne savait pas si repousser Clive avait été une preuve de courage, de loyauté envers lui ou si elle n’avait fait que prouver toute la lâcheté dont elle était tristement capable quand il s’agissait de faire un pas de plus dans l’engagement, dans le concret et le risque d’y être blessée. C’était bien la dernière chose qu’elle se sentait apte à surmonter ça, perdre Clive pour de bon, sans avoir le vague espoir de le revoir passer cette porte, pour une raison x ou y et ce, parce qu’il en était venu à bêtement se sacrifier pour la cause perdue qu’elle était. La douceur de la main de Clive sur la sienne la tira de ses songes, elle laissa un vague sourire étirer ses lèvres, chasser cette mélancolie traitre, bien qu’elle soit incapable de soutenir le regard du sorcier bien longtemps. A chaque fois qu’ils avaient été ensemble jusque-là, tout avait toujours été facile, naturel et celui-ci avait presque du mal à revenir, ce trouble opaque continuant de planer, quelque part. Ou peut-être était-ce cette culpabilité, ces questionnements sans fin qui ne mouraient pas dans l’esprit de la sorcière. Par réflexe, avec douceur, elle laissa ses doigts glisser quelques caresses sur la main de Clive. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle n’en savait rien, au fond, elle avait juste ce vague sentiment de l’avoir retrouvé – une part de lui, au moins et ce viscéral besoin de l’enlacer, de concrétiser cet instant, embrasait complètement ses sens et ses pensées. Mais elle avait tellement attendu ce moment, tellement chéri leurs potentielles retrouvailles qu’elle ne voulait pas tout faire basculer, frôler la dispute et le perdre à nouveau, si près du but. « Clive... » Elle se tut, trahie par le besoin de parler, le désir ardent de parler, d’avouer les trahisons qu’elle avait commises à son égard, ou cette peur qui la dévorait complètement, qu’elle refoulait sans cesse, mais qui l’empêchait d’avancer, d’aller plus avant que les regards échangés, les palpitations discrètement camouflées, les attentions qui portaient à confusion et les gestes de tendresse – indéniablement, elle ne pouvait pas masquer, elle ne pouvait pas chasser son affection – non, son amour pour le sorcier bien facilement. « Je, je ne sais pas combien de temps ça va durer, encore, cette guerre. J’ai fait des erreurs, et parfois je n’ai pas eu le choix que… de faire avec. Mais il y a des choses que je ne pourrais jamais regretter. Et tout ce que j’ai fait, c’était pour toi, pour te protéger et t’aider. Même si parfois ça n’en avait pas l’allure. » Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle pinça les lèvres, serrant distraitement la main de Clive entre les siennes, comme pour l’empêcher de s’enfuir – au combien elle n’osait même pas le regarder. « Je ne veux pas que tu regrettes quoique ce soit. Ou que tu t’en veuilles pour quoique ce soit. Je n’ai jamais voulu que tu viennes à mon secours quand… et je ne veux pas que tu le fasses. Jamais. Parce que je sais, non je veux que tu puisses faire plus que ça… » Il faisait partie de l’Ordre, il méritait sa place et il avait réussi à pousser l’autrefois invisible Cedrella à se soulever, à lutter elle aussi. Elle ne savait pas, au fond, s’il pouvait lire entre les lignes complexes, si complexes qu’elle avait tracées dans leur histoire commune, mais en relevant le regard vers lui, elle espérait, quelque part, que cette déclaration ait fait écho au bon endroit.

Pouh, adieu les 20 lignes

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Elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Elle obéissait aux désirs qu’elle avait si longtemps refoulés, aux affections auxquelles elle avait toujours résisté, ces instants fugaces où un simple regard de Clive faisait s’embraser chaque parcelle de son être, avec une douceur à nulle pareille. Elle ne savait même pas ce qu’elle disait, le regard ailleurs, une certaine honte rendant ses joues rouges au fur et à mesure que les hésitations se faisaient de plus en plus marquées à son esprit – peut-être qu’elle aurait mieux réussi à faire ce genre de déclaration à travers un poème ou une lettre d’amour bien que, lectrice acharnée qu’elle était, elle avait cependant toujours été incapable de faire de belles phrases représentatives du fond complexe de ses songes. Peut-être était-elle trop compliquée, justement. Main dans la main avec lui, elle n’osait qu’à peine le regarder, au combien elle sentait parfois les yeux clairs de Clive la sonder dans l’espoir d’une parole plus claire que celles qu’elle prononçait jusque-là. Comment lui avouer qu’elle était l’auteur de la pire trahison qui soit ? Non pas seulement parce qu’elle l’avait repoussé, mais parce qu’elle avait lâché prise entre les mains de l’ennemi, et que si l’Ordre comptait ses morts par dizaines, peut-être que, quelque part, c’était à cause d’elle. Il n’en savait rien, et bêtement, elle se trouvait incapable de lui faire de telles révélations, alors qu’elle venait tout juste de le retrouver : l’avoir repoussé n’avait en rien stoppé cette hémorragie de culpabilité qui la vidait de toute énergie. Paradoxalement, il n’y avait qu’avec Clive, qu’elle se sentait reprendre des forces, retrouver vie et presque espérer que l’avenir soit plus clément. « Je ne le mérite pas. Tout ça. » Finit-elle par lâcher, son trouble s’ouvrant sous ses pieds comme un gouffre sans fond. Cedrella se retrouva à pincer les lèvres, son regard s’attardant trop longuement sur la sculpture du visage de Clive, là, tout près d’elle. Elle se souvenait encore de la saveur inattendue de ce baiser, cette douceur, cet amour glissant entre eux – et elle, qui faisait tout déraper. Dépitée, dépassée, elle sentit son cœur manquer un battement, s’emportant alors dans une chamade incontrôlable. Déposant sa main sur la joue du sorcier, elle laissa sans se maîtriser, glisser une vague caresse sur celle-ci, du bout de ses doigts, laissant retomber celle-ci alors qu’elle se laissait tomber, la tête contre son épaule, saisissant cet instant de flottement pour s’emparer des quelques nouvelles traces de présence de Clive. « Ne me déteste pas, s’il te plaît. » Il n’avait eu le temps de rien dire, qu’elle s’était déjà dérobée de son regard, se redressant de manière à capturer l’attention de Clive dans son regard impérieux, quelque peu perdu. Ses yeux, errèrent un instant à graver son visage dans sa mémoire, comme un souvenir parmi tant d’autres, avant de s’arrêter sur ses lèvres. Ces lèvres. « Je ne voulais pas te mentir. Tu sais. » Ces paroles, elle les avait susurrées, rien que pour lui, à son attention alors qu’elle se laissait happer par cette attirance brûlante qui lui faisait faire n’importe quoi. Faire n’importe quoi, c’était chacun son tour – s’essayait-elle en tout cas à le penser, alors qu’elle tentait le diable – alors que c’était à son tour, ce soir, de lui dérober un baiser.

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A quoi est-ce qu’elle jouait ? Ses sentiments ne pouvaient décemment pas changer en l’espace de quelques mois, comme un rien – comme si elle avait été frappée par la magie des flèches de Cupidon. Ce n’était pas elle, pas elle de jouer ainsi sur cette corde raide, sur la relation qu’elle avait pour Clive, ou l’affection que celui-ci lui portait. Qu’elle lui portait, elle aussi. Elle avait pris une décision, ce jour-là, sous cette pluie battante, des paroles qui restaient encore fraîches à ses souvenirs, des mensonges éhontés, une trahison qu’elle lui avait lancée en pleine figure pour de bonnes intentions, un quelconque désir de le protéger, de le sauver du triste avenir qui l’attendait elle. Qu’elle ne voulait pas lui promettre. Pourquoi, était sans doute le questionnement adéquat, celui qui brisa le silence, qui brisa cet instant hors du temps, ce passage à vide, empli de folie par lequel elle venait de passer. Il semblerait que Clive soit plus doué pour faire semblant, oublier, enterrer ses ressentiments au fond de ses entrailles, là où elle ne les laissait que trop s’exprimer. Parce que. Alors que la gêne embrasait tout son corps, toute sa conscience – elle fut quelque peu piquée à vif par l’ironie de la situation. Ce n’était que le juste retour des choses, le cercle infini de leur incompréhensible relation. A voir au fond, si elle était mieux capable de faire face que Clive lui-même. A se chercher, se trouver et se fuir chaque fois plus intensément, ils avaient tout d’âmes sœurs maudites, qui se maudissaient elles-mêmes, sans doute. Son cœur ayant fait un bon vertigineux au fond de sa poitrine à l’instant où elle l’avait senti se défaire de son baiser, Cedrella serra les mâchoires, incapable de retenir cette virulente haine qu’elle ressentait à l’instant, envers elle-même et rien d’autre. Juste elle et sa bêtise, et les engagements qu’elle était incapable de tenir, même pour Clive. « Rien. » Lâcha-t-elle finalement, sa gorge sèche, son regard absent – à vrai dire, tentait-elle sans doute de reprendre contenance, de tenir bon, assez pour pouvoir se lever. « J’essayais de... » De rien du tout, elle se releva enfin, plus nerveuse qu’elle ne l’aurait prévue. « C’est pas important. C’était… n’importe quoi, de toute manière je fais n’importe quoi depuis que tu es là, je veux dire, t’es mon ami et on a mis les choses au clair et tu viens seulement de revenir et je fais n’importe quoi. » Elle reprit son souffle, serrant les dents, laissant une vague volonté traverser ses gestes. « J’en sais rien, t’es parti pendant des mois, pendant des mois je suis restée là, à réfléchir et – et ça n’a servi à rien. Parce que ça n’a rien changé, et parce que j’essaye mais t’es définitivement trop stupide, à attendre des années, à attendre qu’il n’y ait plus rien pour faire tes déclarations d’amour et m’embrasser au milieu d’une rue, sous la pluie ! » Elle détestait cette stupidité chez lui, tout ce qui les rendait si maudits, si seuls au milieu de cette guerre. Elle avait détesté chaque jour qu’elle avait passé loin de lui, mais indéniablement, elle se détesterait plus encore s’il fallait que leur attachement l’un à l’autre ne finisse par coûter la vie de Clive. Elle passa nerveusement une main sur son visage, effaçant les trahisons de quelques larmes, de rage, de cette tristesse qu’elle refoulait depuis… « Et le pire c’est que je suis juste aussi stupide que tu l’es, ou même plus. Et que ça finit toujours mal. » Au fond, ce n’était certainement pas lui qu’elle détestait, ni même cette incapacité à déclarer sa flamme, ou cette nonchalance qu’il avait avec ces choses là - ça le rendait trop attachant ainsi, mais c’était elle, ces instincts, ces idées qui n’avaient de cesse de tout remettre en cause.

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Elle ne savait pas ce qu’elle faisait, pas ce qu’elle disait, ni même à quoi elle jouait. A croire qu’elle cherchait à revivre les mêmes semaines, les mêmes mois que ceux qu’elle avait déjà traversés jusque-là, qu’elle aimait sans cesse remettre en question son affection ou même tout simplement sa relation avec Clive. Elle nageait en eaux troubles, entre ses sentiments et ses responsabilités, celles auxquelles elle essayait de se tenir depuis que son avenir lui semblait tout tracé, et non pas fait d’une existence heureuse, d’un mariage ou d’une quelconque vie de famille. Paradoxalement, il lui était arrivé, parfois, à ses souvenirs de souhaiter pouvoir avoir une vie pareille… avec Clive. Ou même d’avoir juste une chance de connaître ces facettes-là de l’existence. Cette guerre remettait tout en question et pendant si longtemps, elle avait refoulé et son béguin pour Clive et les peurs insatiables qu’elle n’avait eu de cesse de ressentir – tout revenait, toujours, en des vagues déferlant dans son esprit ou au fond de ses entrailles, la troublant plus qu’il lui était supportable, bien souvent. Peut-être qu’elle ferait mieux de fuir, de fuir cette ville, cette vie, cette place qu’elle avait dans la vie du sorcier, vivant du seul désir qu’il l’oublie, qu’il construise une vie avec une autre, si tant est qu’il puisse en être un tant soit peu heureux. Elle ne savait pas… et au combien les déclarations de Clive sonnaient juste dans sa tête, elle ne répondait pas, fuyante, regard dans le vide et lèvres closes. Elle l’avait embrassé et pourtant, pourtant… tout n’était qu’un bordel sans nom dans son esprit. Il n’y avait pas de mot, juste… pas de mot. Il la prendrait pour une folle, une schizophrène ou au pire une gourgandine jouant de ses sentiments si elle le repoussait à nouveau, si elle laissait cette raison l’envoyer sur les roses. Si elle fuyait, fuyait la vérité à nouveau, et tout ce qu’elle incombait. Si elle avait jusque-là réussi à fuir l’impérieux regard de Clive, elle ne put faire autrement que de le regarder, lorsqu’il déposa une caresse pleine de tendresse sur sa joue – sa gorge se serrant, une mélancolie amère la prenant, elle déposant sa main sur celle du sorcier, comme pour s’y accrocher, chercher quoi faire, quoi dire au fond des prunelles de son vis-à-vis. Aucune réponse ne semblait y être écrite – bizarre, de se dire qu’elle-même ne savait pas ce qu’elle voulait. Ou ne le savait que trop bien, et se détestait pour ça, pour agir ainsi en de telles circonstances. « Je peux pas... » Finit-elle par lâcher, resserrant son étreinte autour des doigts de Clive. « Je peux pas te laisser te raccrocher à ce qui n’a aucun avenir. Un jour, les Mangemorts vont venir ici, m’emmener et tu le sais autant que je le sais. Je savais ce que je faisais, quand tout a commencé, mais je ne peux pas te demander d’en payer le prix, toi aussi… » Elle se tut, son regard cherchant un refuge, l’air lui manquant. « Ce baiser. Tu sais pour quoi c’était… ou combien il était vrai. Mais je ne voulais pas – je ne veux pas, accepter tout ça avec l’assurance qu’on finira par en souffrir. » Peut-être était-ce égoïste ou peut-être était-ce là, le maximum qu’elle pouvait faire pour ne pas le perdre, pour le pas lui nuire. Elle ne pouvait pas être claire avec elle-même au fond, parce qu’elle prenait sans doute trop de décisions pour deux.

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Trop longtemps durant, Clive et elle avaient nagé dans un océan de non-dits, de sentiments refoulés desquels ils se contentaient de laisser percer quelques gestes d’affection, rares signes de tendresse – en s’appliquant à se voiler l’un l’autre la face sur la réalité de ce qui les unissait. Peut-être était-ce le baiser de Clive qui avait tout changé, ou le fait qu’elle l’ait repoussé, pour mieux l’embrasser il y a quelques minutes à peine, qui les forçait ainsi à devoir faire face à leurs relation et à tout ce qui composait celle-ci. Malgré elle, elle se retrouvait incapable de refouler les déclarations de Clive, cet espoir qu’il semblait avoir ou du moins, cette volonté de la protéger et ce, coûte que coûte. Malgré tout, il n’avait pas été là, quelques mois plus tôt quand elle s’était retrouvée face au Mangemort qui l’avait torturée pendant des semaines, trop occupé sans doute à la fuir, elle et cette amère sensation de cœur brisé que les paroles de la sorcière avaient laissées derrière elle. Elle retint malgré tout cette pique pour lui répondre, lui faire comprendre qu’il pouvait vouloir sans le pouvoir pour autant. Indécise, perdue, troublée par le regard impénétrable et impérieux de Clive, elle désirait pourtant parvenir à choisir, à faire ce qu’il y avait de mieux à faire, si tant est qu’une des décisions qui s’offraient à elle puisse leur promettre un avenir moins désastreux que cette soirée. Elle sentait malgré elle tous ses sentiments pour Clive se répandre dans son corps au rythme des pulsations précipitées de son cœur, s’accrochant à ses yeux dans un vague sourire. Avec douceur elle s’approcha encore, venant délicatement se blottir contre le sorcier, l’enlacer entre ses bras pour de fugaces secondes. « Ça finira mal, Clive. C’est tout ce que j’arrive à croire. » Et ils n’auraient plus que de pauvres souvenirs à chérir pour ne pas se maudire, ils se seraient finalement perdus à un tournant qu’ils n’auraient pas vu venir – cette guerre, les combats de Clive, cette destinée en une route toute tracée à la vie de Cedrella, ils ne pouvaient pas déjouer tout ce qui s’annonçait pour leur avenir, elle le savait.

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Elle ne savait pas de quoi elle tirait ce pessimisme qui embrasait chaque parcelle de ses entrailles : si c’était les incessantes visites des Mangemorts dans sa boutique où elle était désormais la dernière digne représentante du courage des tenancières du Chat Noir, si c’était la longue absence de Clive qui avait laissé derrière lui un atroce sentiment de trahison ou si c’était enfin une clairvoyance inattendue ressortant de ces mois sans nouvelle, ces mois pendant lesquels elle avait remué ses souvenirs et les derniers instants échangés avec Clive. Peut-être n’était-ce même pas du pessimisme, mais du réalisme enfin, au milieu de tout ça, de cette ivresse d’espoir insensé qui lui avait brouillé la vue jusqu’à présent. Peut-être était-ce ce ressentiment-là, qui l’avait faite se reculer, fuir lors de son dernier baiser avec Clive, au moment fatidique de s’engager avec lui plus avant dans leur histoire commune. Lui, il semblait encore se bercer de la mélancolie de l’ancien temps, le temps qui était mort avec Dumbledore cette fameuse nuit-là – des illusions et de l’espoir fou que Harry Potter portait avec lui, Dieu seul savait où. Si c’était ce trait-là du caractère du sorcier qui l’avait faite tomber amoureuse, elle se prit à sourire légèrement à ses paroles, en rien apaisée cependant dans ces craintes qu’elle refoulait, qu’elle remuait depuis trop longtemps. Peut-être auraient-ils dû arrêter de se voir il y a bien longtemps, peut-être aurait-elle dû lui cracher une fausse haine au visage lorsqu’il l’avait abandonnée aux mains des Mangemorts et ainsi s’éviter – leur éviter – de pareilles embuches insurmontables. Mais aujourd’hui, le désir de tout changer était bien dérisoire. Elle finit par trouver assez de courage pour le regarder, déposant une nouvelle caresse sur sa joue, son attention, le bout de ses doigts s’attardant sur cette barbe qui ne le rendait pas sous son plus beau jour. Mais ça l’en rendait presque séduisant, en quelques sortes – cette guerre le changeait, les changeait tous les deux, de toute manière. Malgré elle, elle continuait de sourire presque amoureusement, avec cette vague tendresse pour Clive qui n’était jamais morte, qui ne mourait jamais. « Nous verrons. » Susurrait-elle vaguement, son regard s’accrochant à chaque parcelle de son visage, au fond de ses yeux tant emplis de dévouement, de cette vague de douceur qu’il ne perdait pas, alors qu’elle oscillait dans un océan d’incompréhension – elle-même, ne savait ni où elle voulait en venir, ni où elle pouvait aller. « Je n’arrive pas vraiment à croire que mon avenir soit entre les mains d’un adolescent de dix-sept ans. » Marmonna-t-elle, presque amère. « Notre avenir, Clive. » Elle le sonda un instant, yeux dans les yeux. « J’ai fait plein d’erreurs, je sais. Surtout ce soir. Et la dernière fois. C’était la dernière chose que je voulais, te blesser et… et j’ai fait tout l’inverse. Je-je ne voulais pas te perdre ce jour-là, sous la pluie – je n’arrive même pas vraiment à me souvenir de ce que j’ai dit. Mais je suppose que si tu crains pour les déclarations d’amour – je pense que je ne suis pas vraiment meilleure que toi, à ce niveau-là. » Ces longueurs incessantes ne faisaient que le prouver, ils étaient sans doute des causes perdues, des amas de non-dits depuis trop de temps – et peut-être bien qu’au final, malgré leurs efforts maladroits quelque chose s’était fané, flétri, perdu. Mais sans doute pouvaient-ils se raccrocher à l’espoir qu’apportait tout le reste, tout ce qu’il subsistait encore d’eux, de Cedrella et Clive.

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Inlassablement, elle tournait autour du pot, comme si elle avait peur de se brûler, de faire les déclarations qu’il ne fallait pas et trahir quoique ce soit de tout ce qu’elle s’était acharnée à garder en elle pendant si longtemps. De cet attachement, cette passion brûlante pour Clive, pour chaque moment qu’ils passaient ensemble sans se poser de question, autrefois. Elle pouvait toujours se moquer de lui, de la façon impulsive qu’il avait eu de l’embrasser au milieu de cette rue sans crier gare, mais elle ne faisait guère mieux. Elle n’avait fait guère mieux en le repoussant, pour mieux lui subtiliser un baiser à son tour : visiblement, malgré les mielleuses confidences qu’ils avaient partagées jusque-là, Clive ne s’était pas attendu à un tel retournement de situation – à croire qu’elle devenait folle, qu’elle jouait avec leurs sentiments réciproque sans savoir dans quoi elle se jetait. « Ce n’est pas ce que je voulais dire. » Lâcha-t-elle presque automatiquement lorsque Clive sembla s’orienter vers la mauvaise direction. Elle n’était pas douée pour faire comprendre les choses avec des sous-entendus, des intenses regards silencieux. Grisée par la mélancolie, une peur brutale naissant au fond d’elle-même, Cedrella laissa le silence s’étendre, accrochée au regard de son vis-à-vis. Si elle ne faisait rien, ses yeux quant à lui ne cessaient de caresser intensément le visage de Clive. « Ce que je voulais dire, c’est que tu n’es pas mon ami. Pas juste mon ami. Je pensais juste qu’en se contentant de ça, ce serait moins… plus facilement acceptable de te perdre, ou de mourir dans cette guerre – pour l’Ordre du Phénix ou pour n’importe quelle autre raison. » Elle aurait bel et bien souhaité si elle l’avait pu, que leurs sentiments soient aussi facilement manipulables. La gorge serrée, voix hésitante, elle avait vaguement détourné le regard, avant de serrer les mâchoires, s’armer de courage. « Je t’aime, Clive. Pour tellement de choses que ça finit par faire mal. Tu ne peux sans doute même pas imaginer depuis combien de temps j’attendais un signe, que les choses changent. Mais… tu sais ce que cette guerre va faire de nous. Ou ce qu’elle nous a déjà fait. » Clive qui s’engageait à devenir un meurtrier au nom de leur dévouement l’un envers l’autre, elle, qui avait participé au meurtre de membres de l’Ordre dans le fugace espoir de sauver Clive, ça n’avait sans doute jamais été ce à quoi ils avaient voulu ressembler.

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Sa déclaration avait des allures de révélations, lorsqu’elle posait les yeux sur Clive pour voir toute la surprise qu’il avait à l’entendre prononcer de telles paroles – avait-il vraiment cru ce qu’elle avait dit, ce jour-là, sous la pluie ? Pendant toute une période de cette solitude qu’il avait laissé planer entre eux, elle avait souhaité nulle autre chose qu’il n’ouvre les yeux pour comprendre ses intentions, ce qui la poussait à sacrifier tant de leurs sentiments communs pour le bien de tous, le bien de leur mission. Qui s’était fanée peu à peu au cours du temps, en même temps que leur relation, et les jours avançant, elle s’était presque persuadée que la lutte ne servait plus à rien. Peut-être que le retour de Clive tombait à point nommé, que ces Mangemorts ayant décidé de s’attaquer à lui avaient fini par avoir de bonnes répercutions, pour l’un comme pour l’autre. Un instant, silencieuse, rendue muette par cette indescriptible surprise gravée sur les traits de Clive, elle s’accrocha à la douce caresse qu’il aventura sur sa joue – malgré elle, elle sentit un dévastateur frisson la prendre – c’était comme si elle sentait ses mains pour la première fois pleinement, comme s’ils assistaient ensemble à une épiphanie brûlante de leurs attachements l’un pour l’autre. C’était leur dévouement pour l’Ordre du Phénix qui avait tout mis de côté, cette bataille qui faisait rage et, alors que son cœur manquait un battement, Cedrella sentit une larme solitaire lui échapper. Elle détourna brièvement le regard, essuyant celle-ci d’un simple geste avant d’afficher un sourire de bonnes convenances. L’avenir – elle, elle n’avait que trop l’amer sentiment de savoir de quoi était fait le sien, de mort, de regrets, de mélancolie dévastatrice. Les palpitations de son cœur s’accéléraient sous la prescience de Clive, cette subite réalité qui lui éclatait aux yeux, il semblait s’accrocher à sa décision, quelle qu’elle soit et, fronçant les sourcils, la sorcière le jaugea du regard un instant. « Tu te rangerais à ma décision ? Tu penses vraiment après tous ces mois que j’ai pris la bonne décision quand je t’ai repoussé ? Quand je t’ai menti ouvertement, que j’ai tout balayé entre nous d’un revers de la main et que tu n’es plus jamais revenu ?! » Peut-être y avait-il une pointe de colère qui sifflait dans sa voix, il l’avait sans doute détestée pour ce qu’elle avait fait, autant qu’elle s’était détestée elle-même, ce n’était pas à elle d’avoir les cartes de leur destinée en main. N’était-ce pas tant une colère envers Clive et ses paroles qu’envers elle-même, cette culpabilité qui acidifiait sa gorge subitement. « Je peux pas être la seule à décider pour nous, Clive. Regarde où ça nous a menés. Sinon à quoi bon m’embrasser, ou me fuir si tu es prêt à tout accepter de ce que je décide ? » Etait-ce ça, Clive qui ne savait pas prendre de décision ? Clive qui n’était ni parti à sa recherche, mais qui n’avait pas non plus réussi à accepter les faux sentiments qu’elle lui avait vendus ? Clive, dans toute la lâcheté dont il était capable ? Elle sentit sa gorge se serrer en un souffle, elle se détourna de lui, le contournant pour venir trouver refuge contre le comptoir déserté de sa boutique. « Je ne le ferai pas une deuxième fois – c’est ensemble qu’on avance. Ou on n’avance pas. » C’était cette témérité qui l’avait faite tenir bon au fond des geôles des Mangemorts, celle-là même qui lui avait fait garder la tête haute lorsqu’elle avait décidé de sacrifier son amour pour Clive pour servir des fins plus vastes encore. Peut-être avait-elle espéré qu’après tout ça, une partie de ça ait pu alimenter l’esprit de Clive – ils avaient après tout, traversé tant de choses main dans la main.

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Leurs retrouvailles se perdaient dans un ouragan de sentiments, aux insaisissables travers, qui rendaient leurs paroles bien souvent incompréhensibles l’un pour l’autre. Si les volontés de Clive lorsqu’il l’avait embrassée avaient été on ne peut plus claires, Cedrella, elle, ne savait pas ce qui l’avait poussée à arracher un baiser à son ami, ou ce qui la poussait à tant s’avouer amoureuse, désespérément attachée à l’existence de Clive. Ces longs mois de séparation avaient parfois fait comprendre à la sorcière que c’était mieux ainsi, qu’ils feraient mieux de faire route séparés plutôt qu’ensemble – avant que, le lendemain à peine, elle ne souffre que plus encore de l’absence grisante de son ami. L’ambiance entre eux oscillait entre mielleuses confidences, soufflées au creux de l’oreille de l’un et de l’autre et incandescentes disputes qui trouvaient vite une fin, coupés en plein élan par les révélations qui tombaient entre eux à présent. Encore une, vint se ficher entre les entrailles de Cedrella, son cœur se serrant douloureusement, alors que c’était la gêne, cette gêne qui embrasait ses joues – qui lui faisait détourner le regard. Le silence se posa entre eux, pour de fugaces secondes qui parurent éternelles ; c’était le remord, les regrets et une vague de tendresse indescriptible qui arrachèrent à la sorcière une nouvelle larme discrète, solitaire. Il ne remarqua rien, occupé à s’aplatir en excuses qui n’avaient aucun sens. D’une main discrète, Cedrella effaça sa larme, laissant une trace rouge au coin de sa joue. « Fais-le. » Elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait articulées de telles paroles, qui vinrent acidifier de crainte le fond de sa gorge. Elle releva les yeux, mimant la détermination, s’approchant de Clive pour venir prendre ses mains dans les siennes. « Si c’est ce que tu veux, demande-le. On n’a jamais été un couple, ou quoique ce soit d’aussi terre à terre, mais nous deux, on sait ce que ça vaut. » Elle chercha son courage autour, avant de reprendre. « Je veux dire. Fais-le, comme une promesse de ne jamais abandonner, de survivre quoiqu’il en coûte, pour qu’on finisse par se retrouver si cette guerre nous sépare, peu importe le temps que ça durera. Si je dois voir de l’espoir dans cette guerre, ce ne sera que pour toi. » Malgré elle, elle avait serré les doigts de Clive si fort entre ses mains, qu’elle avait presque le sentiment de sentir les palpitations du bout des doigts du sorcier entre les siens. Ou peut-être était-ce son propre cœur parti dans une embardée folle. D’une caresse elle retrouva la joue de Clive. « De ce que je sais, avec tous ces mois de guerre… c’est qu’on a pu essayer autant qu’on voulait de réprimer tout ça, on a toujours été plus que des amis. » Dans le silence, son palpitant battant la chamade, Cedrella laissa un sourire gêné trahir ses lèvres – les convenances et les mariages en bonne et due forme, peut-être que ça n’avait pas d’importance en temps de guerre.

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« for nothing makes me stronger than your fragile heart. »
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Elle ne savait pas ce qu’ils faisaient – encore moins qu’elle ne savait de quoi leur avenir serait fait. Il s’était approché, lui attrapant les mains dans une caresse à nulle pareille, qui la laissa frissonnante, silencieuse et le regard baissé alors qu’elle sentait Clive tout près d’elle, le front contre le sien, son souffle écorchant sa peau avec délice. Un instant durant, elle ferma les yeux, tentant de retenir ses émois, ces parcelles incontrôlables d’émotions si longuement refoulées, de sentiments qui vibraient, palpitaient au fond de son poitrail avec rage et passion. Elle sentait le sang battre à ses tempes – ou peut-être était-ce son cœur, emporté dans une chamade brutale et enivrante à la fois. L’ivresse lui séchait la gorge, ses dernières paroles avaient été celles qu’elle avait longtemps tues, de ces pensées, ces désirs qu’elle avait ignorés ce jour-là, sous la pluie lorsqu’elle avait pris cette décision fatidique de repousser Clive. Pour le bien de tous. Leur bien à eux, qui sait. Elle n’en avait rien su, elle n’en savait toujours rien, mais là, ses doigts entre ceux de Clive, une onde charnelle glissant le long de son dos sous l’impérieux regard de Clive, elle savait, elle voulait survivre – pour lui, pour eux, pour cette promesse qu’ils se faisaient, ce pas en avant qu’il faisait. Son souffle se suspendit à ses mots, ce n’était pas romantique c’était fougueux, insensé, complètement délirant mais elle n’en avait rien à faire, c’était vertigineux, grisant au point qu’elle pouvait sentir son palpitant tambouriner avec rage au fond de ses entrailles. Glacée sur ses jambes, tremblante contre les doigts de Clive, c’est en réprimant un incontrôlable sanglot qu’elle susurra à peine sa réponse, contre ses lèvres, son souffle embrasé glissant contre la bouche de Clive. Un oui à peine audible, qu’elle appuya d’un hochement de tête presque téméraire – ainsi, ils traversaient cette guerre, ils y survivraient, d’une quelconque manière. Coûte que coûte. C’était une évidence, et à cet instant précis, aucune crainte, aucune culpabilité ne semblait égaler la force furieuse de l’amour qui grondait au fond d’elle, pour lui, juste pour lui. Pas le plus séduisant des hommes, ni un expert en déclarations amoureuses, ou même pour faire de ses mots des poèmes oraux : ça n’avait pas d’importance. C’était Clive. En cette certitude, cette arrogance qu’ils dégageaient de cet instant, cette rencontre pour le moins imprévue, Cedrella revint voler les lèvres de Clive dans un suave, chaleureux baiser – peut-être bien d’un commun accord, cette fois.

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s-w. cedrella levinston & w. clive burgess-holmes
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Cette folie n’appartenait qu’à eux, ou à la guerre – s’étaient-ils à peine déclarés leur flamme commune qu’ils se retrouvaient promis à un mariage presque officiel. Peut-être n’était-ce pas des fiançailles comme les autres, une promesse chuchotée entre eux de finir vivants cette guerre violente, malgré les obstacles, les silences qui les séparaient, et les secrets encore inavoués. Restait que leur route était encore pavée de cauchemars à nuls pareils, d’un avenir on ne peut plus flou, changeant à chaque fois qu’ils décidaient de s’engager sur telle ou telle voie. Ce n’est qu’en détachant ses lèvres de celles de Clive que Cedrella comprit enfin jusqu’où ils étaient allés, combien, petite fille, elle avait imaginé son mariage ou la demande de son prince charmant de bien d’autres manières. Elle avait toujours idéalisé ce genre de cérémonies, mais pour ce qui était de Clive, étrangement, elle était possédée par le vaste sentiment qu’elle ne pouvait vouloir mieux que lui de la vie – pas un expert en séduction - dieu merci pas un beau-parleur – maladroit, avec une réputation qui l’avait toujours précédé à Poudlard lorsqu’il était question d’amour. La sorcière en avait toujours souri et à l’instant précis elle n’y pensait même pas, le passé, le futur, tout semblait loin de l’instant présent, juste l’instant. Croisant le regard de son vis-à-vis, Cedrella laissa un sourire étirer ses lèvres, fin, presque indécis – alors qu’elle ne savait pas ce qui vibrait au fond de ses entrailles, si c’était le brutal et désagréable instinct d’agir avec folie, ou une grisante sensation d’avoir accompli un dessein qu’elle n’aurait jamais cru connaître un jour. « On en fait des choses stupides. » Lâcha-t-elle dans un léger rire, sa main toujours collée contre la joue de Clive. Avec la même douceur que lui, elle revint coller son front contre celui de son désormais fiancé, frissonnant sous ce tourbillon de désirs secrets s’ouvrant sous ses pieds. Il n’y avait même pas à souhaiter que les choses se soient passées autrement, que les circonstances aient été différentes : peut-être bien que l’un comme l’autre, ils n’auraient jamais fait ce pas en avant si ce n’était pas leur dévouement, leur affection commune qui était remise en question par ces batailles incessantes qu’ils se livraient – que le monde se livrait à l’extérieur de cette boutique. Restait que c’était stupide, fougueux, vertigineux (tout sauf eux, en somme) – mais qu’elle ne pouvait s’empêcher de sourire sans vergogne et sans prudence. D’une caresse de miel, elle laissa glisser sa main du visage à l’épaule de Clive, contre son torse alors qu’elle lâchait un léger rire, presque gênée. « Je ne savais même pas que tu connaissais tous mes innombrables prénoms. » C’avait fait partie de l’originalité de la famille Levinston, trois prénoms au minimum, des que Cedrella n’avait sans doute que rarement évoqués avec Clive, aussi la réalité revenant les englober, c’était une pensée qui venait de percer à son esprit – totalement superficielle en effet, mais au moins lui permettait-elle de reprendre un peu de la contenance qu’elle avait perdue dans les dernières secondes de leur échange.

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Peut-être bien que cette guerre durerait encore une éternité, qu’elle ne finirait jamais dans leur vie à eux, que leur avenir ne serait fait que de ça, de peur, de batailles sanglantes, de conflits incessants qui déchireraient leurs destinées respectives dans le silence de la nuit. Elle n’en savait rien, et pour un fugace instant, elle n’en avait rien à faire. Rares étaient les fois où Cedrella Levinston se montrait aussi impulsive, elle, la Serpentard qui avait en commun avec les autres de sa Maison, la réflexion inflexible de chaque événement comme s’il était le plus crucial de son existence : à croire que Clive la changeait, que c’était les traces de leur amour commun qui la rendait si frivole, ou peut-être les marques d’affection du sorcier, les caresses de ses mains ou leurs baisers plein de douceur. Peut-être que leur dévouement, les promesses qu’ils venaient de se faire ne rimeraient à rien dans ce monde-là, qu’ils ne connaîtraient jamais les joies du mariage mais au fond, c’était bien la dernière chose à laquelle elle s’évertuait à penser. Le futur, l’indécis horizon qui se pointait là-bas, au large. Elle ne voulait pas y penser, elle ne voulait pas s’y accrocher aussi fortement qu’elle s’accrochait à la main de Clive, ce soir. Elle savait qu’elle pouvait avoir confiance en lui, en ces engagements qu’il n’avait pas besoin de lui susurrer à l’oreille avec cette demande, qu’il survivrait. Délicatement, elle rit contre le cou de Clive, lovée contre lui alors qu’il l’avait délicieusement enlacée contre lui – c’était reposant, un genre de calme avant les ravageuses tempêtes qui se déchaineraient une fois le plus dur de l’hiver posé par-ici. « Tu sais, des fois j’ai surtout le sentiment de les oublier moi-même. » C’était rapidement dans son enfance qu’elle avait demandé à sa famille qu’ils se contentent de Cedrella, là où sa mère cependant s’était toujours évertuée à l’appeler Slythein. S’écartant légèrement, la sorcière laissa glisser son regard vers le visage de Clive – comme si tous ses problèmes avaient disparu depuis qu’elle se retrouvait liée par des fiançailles imprévues à Clive. Elle laissa glisser ses doigts sur la joue de Clive, plus précisément dans ces poils de sa barbe qui devenait subitement disgracieuse. « Tu sais quoi ? Je pense qu’on devrait se débarrasser de cette barbe, maintenant. » Elle n’avait pas douté que le nouveau look de Clive n’avait rien eu avoir avec la guerre, mais plutôt avec ce qu’elle avait entendu comme les longues heures solitaires qu’il passait si loin des autres. A cause d’elle, ou à cause des circonstances qui les avait séparés. Peut-être bien qu’il était temps d’effacer tout ça.

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Son affection pour Clive avait été un handicap, depuis le début de cette guerre : elle l’avait appris à ses dépends, face au Mangemort tortionnaire qui avait eu raison de son dévouement à la cause de l’Ordre du Phénix. A tous les autres sorciers libres - et luttant pour la liberté des autres, elle préférait l’illusion d’avoir Clive à ses côtés. Peut-être qu’à présent, ces fiançailles pour le moins peu orthodoxes, rendaient justice au sacrifice qu’elle avait fait, il n’y a pas si longtemps que ça. Elle n’était pourtant pas assez niaise, ou égoïste pour croire que de telles promesses justifient la mort de qui que ce soit, ou même la trahison de tout ce qui avait été le ciment de sa relation avec Clive mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir l’assurance viscérale d’avoir fait ce qu’il fallait - pire, d’avoir pris la meilleure décision qui soit, face aux menaces de Lancelot. A présent, l’engagement du mariage ne les protégerait en rien de tous les risques dont était pavé ce monde en guerre, elle le savait, mais elle souhaitait au moins pouvoir chasser ses ressentiments et sa mélancolie, avancer main dans la main avec lui, coûte que coûte, loin, infiniment loin. Dans ce moment idéal, toute trace de dispute semblait avoir disparu, alors qu’elle adressait un léger sourire en réponse aux déclarations du sorcier : il les lui rappellerait, car il y aurait bien un jour où elle finirait par oublier tous les prénoms dont on l’avait affublée à la naissance - généralement, d’ailleurs, elle ne parlait pas de ses autres patronymes à qui que ce soit, préférant se limiter à la simplicité de Cedrella, mais sa relation avec Clive était allée bien au-delà des politesses et convenances et ce, depuis longtemps déjà. Après tout, elle connaissait tous ses prénoms à lui aussi, ainsi que bien des choses sur la famille peu recommandable qu’il avait, la façon disgracieuse qu’ils avaient de le voir, ou même l’impact que leur véhémence avait eu sur lui : il ne pensait pas valoir la peine, il se voyait dénué de charme, de tout ce qui pouvait éveiller le béguin d’une femme - peut-être bien qu’elle était la preuve du contraire. Elle n’espérait en tout cas pas que Clive, à la découverte de ceci, ne se mette à séduire toutes les demoiselles, mais soit. Au moins avec cette barbe, aux yeux de certaines femmes, il aurait l’air bien peu recommandable. « Je me dois d’admettre que ça te donne un certain genre. Clochard ? Je ne dirais pas ça... plutôt... quelqu’un qui essaye un nouveau style bien particulier. » Ou un type qui affichait «coeur brisé» à tous ceux qui voudraient le voir, mais elle ne voulait pas évoquer ce passé là : ils n’avaient qu’à se tourner vers l’avenir, et se débarrasser de cette barbe semblait être une étape à ça. Aussi, avec douceur, presque un instinct maternel comme s’il s’apprêtait à faire le plus grand pas de sa vie, Cedrella prit la main de Clive dans la sienne, l’entraînant vers l’arrière-boutique. « Je peux t’aider, si tu veux - tu sais, je me doute que ça ne doit pas être une étape facile pour toi, abandonner le look ermite. Peut-être que tu devrais essayer de la faire pousser, un peu comme Dumbledore. » Lâcha-t-elle dans un sourire qui voulait surtout dire «si tu fais ça, ce seront les plus courtes fiançailles de l’existence». Clive n’avait pas de barbe, dans l’ordre naturel des choses - et elle comptait bien reprendre cette bonne vieille marque de fabrique de chez lui, même si pour ça, elle devrai le raser elle-même pendant son sommeil.