Marion était tranquillement allongée sur son lit, dans le dortoir des Gryffondor. Quelques unes de ses camarades étaient en train de jouer aux échecs pour sorcier, enfin, deux jouaient et les autres regardaient. Le « combat » semblait être assez mouvementé. En temps normal, elle aurait essayé de défier l'une des filles dans l'assistance et aurait gagné la partie avec facilité. Mais Marion n'était pas de bonne humeur. Elle s'était encore disputée pour la énième fois avec son fiancé, Nathanael, et cela l'avait mis dans une sorte de bouillie sentimentale dont elle n'arrivait pas à sortir. A vrai dire, elle repensait à tout cet arrangement, et comment cela ne marcherait jamais. Un mariage entre Nathanael et Marion ne serait jamais quelque chose de normal, quelque chose qui se passerait bien. Avec le caractère de feu de Marion, rien que cela .. En temps normal, elle n'aurait jamais pu avoir un petit ami. Oh, elle en avait eu quelques uns, lors de ses années à Poudlard. Mais chacun d'eux s'était enfui en découvrant la vraie nature de leur amoureuse. Marion ou la fille à ne pas fréquenter. Celle qui se rebellait à la moindre provocation. Celle qui ne suivait pas les règles .. Jusqu'à un certain point. Elle ne voulait ni se faire renvoyer de Poudlard, ni attirer des problèmes à sa famille. Alors, elle jouait celle qui était sage lorsque tout le monde regardait. Comme là. Son livre de métamorphose entre les mains, elle feuilletait tranquillement en ayant du mal à se concentrer. Elle aurait pu sortir un journal mais elle craignait toujours de voir les listes de sorciers qui avaient disparu, ou plutôt qui étaient .. Non, il ne le fallait pas. L'ambiance à Poudlard était tendue et elle ne pouvait vraiment rien faire comme elle pouvait le faire il y a encore quelques années. De Nathanael, son esprit divagua vers Phoenix, le frère Blackstone. Son cœur rata un battement lorsqu'elle vit son visage dans ses pensées, et elle se leva précipitamment de son lit pour aller dans la salle commune. La fin de l'après midi arrivait à grands pas, et bientôt, ils seraient conviés dans la salle commune afin de manger en présence des quatre maisons et des professeurs. Tout le monde prétendant que tout allait pour le mieux. Marion haïssait ces moments et les fuyait comme la peste, préférant aller se terrer dans une salle abandonnée.

Elle s'assit dans un fauteuil et observa la cheminée qui était éteinte. Dans un autre monde, elle serait avec lui, et tout irait bien. Parfois, elle s'étonnait à avoir un esprit romantique. Ce n'était pourtant pas son genre, et c'était bien ce que ses précédentes conquêtes lui avaient reproché. Un homme, cela servait à certaines choses, mais ce n'était absolument pas indispensable. D'ailleurs, elle était plutôt en compagnie de femmes qu'autre chose, ce qui donnait un certain appui à ses paroles. Marion était pour la domination des femmes sur les hommes, mais uniquement pour s'amuser. Elle voyait Nath comme son égal, Phoe comme son égal .. Un soupir s'échappa de sa bouche. Parfois, elle se sentait tellement insignifiante. Comme si tout ne servait absolument à rien. Quoi qu'elle puisse faire, son avenir était décidé par ses parents. Et si elle révélait la nature de son sang ? La sanction serait plus grande que tout ce qu'elle n'avait jamais éprouvé auparavant. Non, il valait mieux se laisser faire. Sans crier gare, elle se leva, jeta son livre par terre en prenant soin de ne pas l'abîmer pour autant et sortit. Où se rendre ? Elle avait envie de se cacher, qu'on ne puisse la retrouver même si on y pensait vraiment fort .. Et elle se souvient d'une rumeur. Quelque chose dont on lui avait fait part. Sans attendre, elle se rendit jusqu'à une des tours, et essoufflée, arriva jusqu'à l'endroit où elle voulait se rendre. Un mur, une tapisserie. Rien de très spécial. Et elle commença à faire les cent pas, souhaitant à tout prix trouver un endroti où elle pourrait être seule. Où personne ne viendrait troubler sa tranquillité. Après un bon moment, une porte apparut sur le mur nu et étonnée, elle posa la main sur la poignée. Cela marchait donc. Des bruits de pas l'interrompirent dans son geste et elle se retourna pour voir une silhouette masculine. « Phoenix .. » Elle poussa un soupir de soulagement. « Tu as vu ce que j'ai trouvé ? » Mais en se retournant vers la porte, celle-ci avait disparu. « Je te jure qu'il y avait .. Tant pis. » Elle baissa les yeux. Se retrouver en présence du jeune homme la rendait toujours très bizarre.

Perdu dans ses pensées, Phoenix marchait dans les couloirs de Poudlard sans vraiment se soucier de faire attention aux autres et manqua à plusieurs reprises la collision, faut croire que les jeunes élèves avaient appris à ne pas traîner dans les pattes de leurs aînés, grande nouvelle ! A vrai dire, son esprit était trop ailleurs pour songer à s’excuser, mais de toute manière, les couloirs étaient presque vides. Du moins ils l’étaient si on les comparait aux années précédentes, quand Poudlard accueillait encore des élèves de toutes origines. Les nés-moldus avaient presque tous disparus de l’école, et ce n’est qu’à ce moment-là que Phoenix s’était rendu compte à quel point ils étaient nombreux en réalité. Bien plus que les Sang-Purs dont il faisait partie. Prenant soudain conscience de ses pensées, le jeune homme stoppa un instant sa marche. Ses parents et sa famille lui avaient toujours appris à haïr les moldus ainsi que tout ce qui leur était lié et tout spécialement la nature faible de leur sang. En parfait petit soldat, il ne s’était que rarement remis en question et pourtant, il lui arrivait de se ronger les ongles d’inquiétude quand son frère, véritable génie de l’invention, apportait des objets moldus chez eux pour mieux les étudier et les optimiser. Plus d’une fois il lui était arrivé de couvrir Nathaniel face à leurs parents, mais tout de même, son faux jumeau avait de drôles de passe-temps ! Dire que bientôt tout cela serait terminé. Ils n’habiteraient plus sous le même toit et chacun irait faire sa vie ailleurs, mariés avec des enfants peut-être, ce genre de choses. Comment Nathanaël s’en sortirait-il face à une femme, lui qui semblait davantage apprécier la compagnie d’un livre ou d’une éprouvette ? Cette idée aurait pu l’amuser si sa promise n’était pas la sauvage Marion Anna Pond. Celle qui faisait battre son cœur à lui, celle qui était sa plus grande faiblesse, son talon d’Achille, celle qui désormais lui serait interdite. Mais bon Sang qu’avait le patriarche en tête ! Ils n’auraient pu choisir des couples plus mal assortis que Nathanaël et Marion…et lui et Skyler Mills. Quelle idée ! Si encore on l’avait promis à Daedra, au moins ils n’avaient pas l’envie de s’arracher les yeux, mais non, il avait été uni à la jumelle maléfique. Le sort était contre lui. Ces pensées plombèrent instantanément son moral et c’est donc maussade qu’il continua son chemin, non pas vers la Grande Salle pour le repas qui se préparait, mais vers le sommet du Château, à la recherche de calme et tranquillité. Hasard, la salle Commune de Gryffondor était également située au septième étage.

Il traînait souvent dans les environs car il appréciait la pureté de l’air aux fenêtres les plus hautes, là-haut, il pouvait profiter à la fois de la fraîcheur de l’altitude, mais également de la douce chaleur des premiers rayons de soleil. Les Gryffondor avaient bien de la chance d’être si bien situés. Evidemment, ce n’était pas la seule raison de sa présence ici, il espérait voir Daedra ou mieux, Marion. Il culpabilisait beaucoup et s’en voulait d’aimer la promise de son frère, mais il était incapable de lutter. Il se battait déjà chaque jour pour ne pas laisser son cœur se noircir, il ne pouvait pas non plus lutter contre les émotions qui l’envahissaient en présence de la blonde, ces émotions étaient trop agréables pour qu’il puisse y renoncer. C’était purement égoïste et il le savait. Reprenant peu à peu conscience de ses faits et gestes, Phoenix remarqua une élève plus loin en train de toucher le mur d’un air perplexe. Il leva légèrement un sourcil en s’approchant quand son cœur se mit à battre plus fort : La loi de l’attraction avait une fois de plus fonctionné ! L’élève n’était autre que Marion ! Cette dernière semblait néanmoins contrariée, il s’approcha donc avec précaution, un léger sourire au bout des lèvres. « ça va ? Tu faisais quoi ? » Il ne le demandait pas sur le ton de la conversation mais se montrait inquiet devant son soudain soulagement, et curieux de savoir ce qu’elle fabriquait. Il n’avait hélas pas vu la porte apparaître. « Il n’y a rien derrière cette tapisserie… » dit-il perplexe devant son agitation, on aurait juré qu’elle avait vu un fantôme mais il ne voulait pas la faire passer pour idiote. « Tu es au courant de quelque chose ? » demanda-t-il avec un petit sourire amusé, il la connaissait bien, s’il y en avait bien une qui connaissait le château par cœur, c’était bien elle. « Je peux t’aider si tu veux, j’allais juste faire un tour là haut. » proposa-t-il dans l’unique but de prolonger le temps en sa compagnie, ces derniers temps, il aurait presque juré qu’ils s’évitaient mutuellement. Depuis la rentrée plus exactement. Il se rapprocha d’elle puis détourna légèrement le regard. « Tu n’es pas avec Dae… » une constatation. Il espérait qu’elle lui confirme que non, elle ne surgirait pas au détour d’un couloir.

S'il y avait une personne qu'elle n'avait pas pensé voir ici, c'était bien Phoenix. Et pourtant, ce n'était pas une mauvaise chose, au contraire. Ils n'avaient que trop rarement le temps de se retrouver, et Marion appréciait tellement les moments passés avec lui. Peut-être était-ce égoïste ou simplement stupide, puisqu'ils n'auraient jamais vraiment la chance d'avoir une quelconque relation, amicale ou plus. Être des amis signifiait avoir des sentiments qui allaient avec, et ce n'était pas du tout ce que ressentait Marion. Non, elle était attirée par lui d'une manière indéfinissable, et était attristée à chaque fois qu'elle réalisait la situation dans laquelle ils étaient. Oui, ils ne pourraient jamais être ensemble. Et ils ne pourraient jamais flirter innocemment, car rien entre eux ne l'était. La jeune femme ne se rappelait pas depuis combien de temps elle ressentait ce genre de choses pour Phoenix mais cela n'avait fait qu'aller en ascendant durant les années. Le oups ? Elle était promise à son frère. Nathanael n'était pas un méchant garçon, mais elle ne ressentait absolument rien pour lui. Dire qu'ils devraient se marier, peut-être avoir des enfants .. Cette possibilité la dégoûtait au plus haut point. C'était étrange, comme tout ce procédé du mariage devait vraiment aller avec l'amour pour avoir une chance d'être en lui même attirant. Ou peut-être était-ce totalement logique. Parfois, Marion se disait que tout serait plus simple si elle ne ressentait rien pour personne. Si elle était dépourvue de ce qui faisait la faiblesse des gens. Elle pourrait alors faire tout ce qu'elle voulait pour elle, sans penser aux autres. Bien entendu, cela n'arriverait probablement jamais. Elle avait un grand cœur et s'attachait bien trop vite aux personnes de son entourage. Comme à Phoenix qui avait une énorme place dans son corps entier. Le sourire qu'affichait le jeune homme ne fit que provoquer une réaction chez elle en parallèle. Elle affichait maintenant un demi sourire en regardant ses pieds, comme une jeune femme honteuse d'avoir été prise la main dans le sac. Ce n'était pourtant pas ça : elle n'avait pas peur de ce qu'elle faisait, découvrir cette salle, et partagerait sûrement le secret avec Phoenix si l'occasion arrivait. Il lui demanda ce qu'elle faisait, et elle resta silencieuse un moment. Cela devait sembler étrange, une fille qui était la main posée sur la tapisserie comme s'il s'y trouvait quelque chose.

« Oui, ça va bien .. Je .. » Elle se retourna vers la tapisserie et la caressa lentement. « Je pensais avoir vu quelque chose » Elle était déçue. Déçue que la porte ait disparu, ou peut-être avait-elle juste voulu voir ses désirs réalité et avait eu une hallucination. En tout cas, il n'y avait plus rien et elle ne savait pas si répéter son manège marcherait, maintenant que Phoenix était là. D'ailleurs, il lui fit remarquer qu'il n'y avait rien et elle rigola quelque peu. C'était un rire nerveux, le genre qu'on utilisait quand on était vraiment honteux et pas sûr de soi. « Oui je sais bien, j'ai juste cru voir .. Enfin, ça doit être mon imagination débordante qui a fait le travail. » Elle releva enfin le regard pour croiser celui du jeune homme. Comme d'habitude, elle se sentit toute chose, ses jambes semblant tomber sous elle. Et pourtant, elle restait debout et fermement. Heureusement, son corps n'était pas aussi faible que son cœur. « Au courant de quelque chose ? Peut-être, mais je ne sais pas si .. Je devrais te le dire. Après tout, tu es .. » préfet, allait-elle dire. Mais elle laissa sa phrase s'évanouir. Marion ne voulait pas qu'il croie qu'elle avait quoi que ce soit de problématique avec sa position, même si c'était un peu vrai. Après tout, elle ne pouvait pas tout faire devant lui, de peur qu'il la dénonce ou quelque chose dans le genre. Il était peut-être quelqu'un qui lui était proche, cela ne l'éloignait pas pour autant de ses obligations. Elle le sentit se rapprocher après avoir entendu sa proposition et elle se raidit, comme s'il était à une distance non respectable. Pourtant, il y avait encore un bon espace entre eux. Il fit une remarque qui lui fit lever un sourcil. « Non, je ne suis pas avec elle .. Depuis .. enfin, depuis la rentrée, on a moins le temps d'être ensemble. Avec les cours, tout ça. » ce n'était pas la vérité mais elle n'allait pas avouer à Phoenix qu'il était la raison pour laquelle les deux jeunes femmes étaient un peu en froid. « Tu sais garder un secret ? » dit-elle en se rapprochant de lui. Elle se retourna, lui faisant dos, pour observer la tapisserie. « Il paraît que si on passe assez de fois en pensant avoir besoin de quelque chose devant cette même tapisserie, une porte... Une porte apparaîtra. Mais ne le dis à personne, je t'en prie. »