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 you were the light in the darkness ≡ ennisaure

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Isaure Moriarty
Isaure Moriarty
MEMBER ❖ mischief managed
≡ ton pseudo : April Rain (Emma)
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≡ date d'arrivée : 03/08/2012
≡ tes points : 340 points.
≡ ta disponibilité rp : 1/3 rp dispo.
≡ ton avatar : Holland Roden
≡ tes crédits : faith (avatar), acidbrain (codes sign), tumblr (gifs)
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≡ âge du perso : 23 ans
≡ amoureusement : Célibataire, en proie à certains sentiments naissant qu'elle essaye de refouler.
≡ son emploi : Elle est couturière dans une petite boutique qui ne paye pas de mine. Un travail très éloigné de ses ambitions premières, dont elle n'a aucun souvenir.
≡ statut de sang : Sang-mêlé, rien de transcendant ni de particulièrement honteux.
≡ sa maison : Ancienne Poufsouffle, ce que personne ne parvenait à comprendre quand elle était encore à Poudlard.
≡ sa baguette : Bois d'aubépine, ventricule de dragon, parfaite pour les sortilèges.
≡ son patronus : Elle n'en possède pas, ses anciennes ambitions étouffant toute possibilité de créer un tel sortilège.
MessageSujet: you were the light in the darkness ≡ ennisaure   you were the light in the darkness ≡ ennisaure Icon_minitimeLun 4 Jan - 22:08


you were the light in the darkness
ennis & isaure


Isaure traversait les rues de Londres en courant, sans se soucier des gens qu’elle bousculait, sans se soucier des cris indignés qui jaillissaient derrière elle, et sans se soucier non plus de ceux qui ouvraient de grands yeux en voyant son accoutrement hors du commun. Rues moldues, rues sorcières, elle ne savait pas faire la différence et ça n’avait de toute façon aucune importance, elle courait, elle courait et elle se fichait de tout le reste. Elle ne savait même pas où elle courait. Elle fuyait, plutôt, et peu importait la destination, tant qu’elle mettait de la distance avec son point de départ. Elle réalisa tout en courant qu’elle pleurait. Des larmes roulaient le long de ses joues sans qu’elle n’en ait eu conscience, et elle les essuya d’un revers de manche sans s’arrêter. Pourquoi est-ce qu’elle pleurait ? Sans doute pour la même raison qu’elle fuyait. Pourquoi est-ce qu’elle fuyait ? Elle n’en était pas complètement sûre. Parce que l’homme qu’elle avait vu dans sa boutique l’avait terrifiée plus que de raison, et parce qu’elle avait peur de ce sentiment qui naissait en elle, cet espoir terrible et inquiétant qu’elle aurait voulu faire taire à jamais. Elle avait l’impression d’avoir un trou immense dans la poitrine, qu’elle ne savait pas trop comment emplir. Et dans sa tête régnait un chaos monumental qu’elle ne tentait même pas d’apaiser. Elle ne voulait pas y réfléchir, surtout pas ! Elle voulait juste rester ici, dans cette petite ruelle sans importance, sans personne autour d’elle. Seule au monde. Elle voulait disparaître et oublier … Non, pas ça. Elle ne voulait pas oublier. Plus jamais, elle ne voulait oublier. Mais se souvenir, soudain, lui faisait aussi peur que de replonger dans l’abysse de l’amnésie … Elle avait toujours désiré retrouver la mémoire et savoir d’où elle venait. Et aujourd’hui, elle n’était plus aussi sûre de vouloir apprendre la vérité. Elle se prit la tête entre les mains et poussa un gémissement frustré. Pourquoi fallait-il que ce soit si compliqué ? Pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas tout simplement retrouvé un gentil petit papa tout à fait normal qui l’aurait emmenée manger une glace sur le Chemin de Traverse, comme les papas étaient censés faire avec leur fille, surtout si celle-ci était portée disparue depuis des mois ? Elle savait bien pourquoi elle pleurait, finalement. Parce que ce qu’elle venait d’apprendre ne collait en rien avec ce qu’elle s’était imaginé depuis le tout premier jour où elle avait imaginé sa famille, avec Ennis …

Isaure continua de courir jusqu’à ce que son cœur lui semble à deux doigts d’exploser et qu’elle doive s’arrêter, haletante, pour reprendre sa respiration. Elle s’appuya contre le mur en briques de la ruelle, et réalisa qu’elle se tenait devant la devanture vieillotte qui cachait l’entrée de l’hôpital Ste Mangouste. Ses pas l’avaient menée directement jusqu’au lieu de travail d’Ennis. Elle n’était jamais venue à Sainte Mangouste avant aujourd’hui, du moins pas dans ce qui lui restait de souvenirs, c'est-à-dire pas dans les sept derniers mois. Ca comptait comme un jamais, puisqu’elle ne s’en souvenait pas. Elle n’avait jamais songé à venir déranger Ennis à son travail. Ca ne se faisait pas, même s’il lui avait dit de venir dès qu’elle en avait besoin. Elle en avait besoin. Elle avait besoin de le voir, de lui parler, de décharger cette chose affreuse qui lui pesait sur la poitrine et qui l’empêchait de respirer correctement. Alors elle n’hésita pas, et elle traversa la vitrine. Elle se retrouva dans un hall immense, bourré de monde. Il y avait là des gens qui gémissaient, des gens qui pleuraient, et des sorciers et sorcières en robes violettes qui couraient des uns aux autres pour leur offrir du réconfort. Elle fut frappée par ce spectacle, Isaure, plus frappée encore qu’elle n’aurait pu l’être en temps normal, et elle eut envie de fondre en larmes, à nouveau. Elle resta là pendant un bon moment, figée devant cet étalage de misère humaine, incapable de faire le moindre mouvement. Et puis elle détourna les yeux. Elle s’approcha d’une sorte de guichet, demanda où est-ce qu’elle pouvait trouver Ennis, et elle s’enfuit à travers les étages de l’hôpital. Elle ne s’était plus sentie aussi mal depuis le jour où sa vie avait commencé, quand elle s’était réveillée dans la cabane au fond des bois. Elle se sentait aussi perdue qu’alors, sans défenses, exposée. Et comme quand elle avait transplané, sept mois plus tôt, elle venait à nouveau de se diriger inconsciemment vers le seul qu’elle pensait pouvoir l’aider. Le seul qui pourrait lui apporter, si ce n’est des réponses, un peu de réconfort. Mais dans les longs couloirs de l’hôpital, il n’y avait pas d’Ennis. Que des médicomages anonymes, des patients hagards, des familles éplorées … Et Isaure qui ne savait vraiment pas ce qu’elle faisait là, qui n’osait plus demander à tous ces gens qui travaillaient là et qui ne devaient pas être dérangés pour une raison aussi futile. Elle déambula dans les couloirs, de plus en plus convaincue qu’elle n’aurait jamais du venir, jusqu’à ce que jaillisse d’une salle un boulet de canon violet, un boulet de canon qu’elle reconnu immédiatement. « Ennis ! » Il y avait un soulagement immense dans sa voix. Il suffisait qu’elle le voie, et déjà son monde retrouvait un peu de sa stabilité, un peu de sa douceur. Elle se jeta dans ses bras sans réfléchir une seule seconde, sans plus penser qu’elle était sans doute en train de le déranger dans une tâche importante.


(c) elephant song.


Dernière édition par Isaure Moriarty le Sam 9 Jan - 23:01, édité 1 fois
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Ennis Faulkner
Ennis Faulkner
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≡ âge du perso : vingt-cinq ans.
≡ amoureusement : célibataire malchanceux.
≡ son emploi : médicomage.
≡ statut de sang : sang-mêlé.
≡ sa maison : serdaigle, dont il a porté les couleurs avec fierté.
≡ niveau d'études : études complétées avec brio, malgré son ancienne réputation de fêtard insouciant.
≡ sa baguette : vingt-cinq centimètres de bois de charme, ventricule de dragon, prédisposée aux enchantements - capricieuse depuis quelques temps.
≡ son patronus : un singe capucin, qu'il a de plus en plus de mal à faire apparaître depuis qu'il a l'impression de se perdre.
≡ son amortencia : les effluves sucrées des patacitrouilles, mêlées à l'odeur du linge propre ; et en fond, une touche fruitée qu'il reconnaît trop bien, sans vouloir se l'avouer.
MessageSujet: Re: you were the light in the darkness ≡ ennisaure   you were the light in the darkness ≡ ennisaure Icon_minitimeMar 5 Jan - 1:18

– left your mark on me –
'cause you're a good one and you know it, you act so different around me. oh you're a good one and you know it, i know exactly who you could be. so just hold on, we're going home ; it's hard to do these things alone. you're a good one and you know it, gave you everything i love - think there's something.

C’est l’effervescence. Le Magicobus a eu un accident, et autant dire que les victimes sont nombreuses, allant de la simple égratignure jusqu’aux blessures les plus importantes. La question que tout le monde se pose, c’est : comment ça a pu arriver ? Certes, Ernie n’est plus tout jeune – c’est même carrément une antiquité ambulante si vous voulez l’avis d’Ennis – mais ses capacités ont jamais été remises en cause. La vérité, c’est que des soupçons commencent déjà à émerger. Il se murmure que des partisans du gouvernement seraient à blâmer, ayant ciblé le bus qu’ils jugent trop proche de la culture moldue. Et donc, indigne du monde sorcier. De la connerie à l’état pur, y a pas à dire. Ennis s’est bien gardé de donner son avis, préférant garder le silence et faire des pirouettes pour esquiver les discussions aussi délicates. C’est comme ça qu’il a réussi à s’en sortir jusque-là, et il compte bien garder cette stratégie aussi longtemps que possible.

Alors il dit rien, mais il en pense pas moins. Et ça le fait grincer des dents alors qu’il se lave les mains, encore tachées par l’hémoglobine de l’une des victimes. Il voit le pourpre se mêler à la clarté du savon, donnant l’impression que ça s’incruste au plus profond de ses pores avant de venir teinter l’émail du lavabo. C’est moche, c’est sale ; ça lui rappelle les peurs qui l’assaillent et les horreurs qui semblent peupler son inconscient ces derniers temps. Y a ses entrailles qui se tordent, sa gorge qui se serre. Ça lui file la nausée et il se force à frotter plus fort, jusqu’à en avoir mal, jusqu’à devoir s’arrêter de peur de s’arracher la peau s’il continue. Il lâche un soupir en se dirigeant vers le couloir, songeant qu’il a foutrement besoin d’être réquisitionné à une autre urgence pour se garder occupé. C’est le seul moyen pour faire taire ses pensées, et garder l’esprit relativement apaisé, ne serait-ce qu’un instant. Le seul moyen pour pas finir complètement cinglé.

Mais à peine a-t-il posé un pied dans le corridor qu’il entend son prénom résonner, de ce timbre qu’il reconnaîtrait facilement entre mille. Cette voix qu’il a l’impression de connaître par cœur, à force de l’avoir écoutée pendant des heures. Une lueur flamboyante apparaît dans son champ de vision et il se sent happé, des bras venant s’accrocher à lui, une petite silhouette venant se coller à la sienne. Instinctivement, ses propres bras encerclent la taille de la rouquine, la serrant contre lui alors que son parfum fruité vient lui chatouiller les narines. Ça fait comme un arrêt sur image – le monde a stoppé sa course folle, et tout ce qui compte c’est Isaure, là, blottie dans ses bras. Puis ses neurones reprennent leur travail, mais il s’éloigne pas d’elle pour autant, la gardant ici encore un peu. Il sait pas trop ce qui se passe, ce qu’elle est venue faire là et pourquoi elle s’est jetée sur lui comme ça. Il lui a toujours répété qu’elle pouvait venir si elle avait le moindre problème, mais elle l’a jamais fait. Alors il peut pas s’empêcher de se dire que si elle est venue cette fois-ci, c’est qu’il s’est passé quelque chose. Son palpitant accélère sa course tandis que ses nerfs se mettent à vif, l’inquiétude venant bouillonner au creux de son ventre comme de la lave en fusion. Manquerait plus que ça se mette à dégouliner pour tout éradiquer sur son passage.

Lentement, il s’écarte – juste assez pour que leurs regards puissent se croiser. Et dès le premier coup d’œil, il comprend qu’y a effectivement quelque chose. Qu’elle est pas là pour rien, qu’elle est bouleversée, qu’un truc est venu la tourmenter. Immédiatement, il la scanne plus globalement, ses mains se mettant inconsciemment à l’effleurer pour s’assurer qu’elle est toujours entière. Il la détaille de haut en bas, à la recherche du moindre signe inquiétant, de la moindre parcelle touchée, abimée. Mais il constate qu’elle n’a rien ; ou en tous cas, rien de visible à l’œil nu. Une vague de soulagement le traverse, rapidement balayée par l’anxiété qui ne l’a pas quitté. Il darde ses prunelles dans celles d’Isaure, cherchant à y entrevoir toutes les réponses aux questions qu’il n’a pas posé, cherchant la moindre lueur inhabituelle. « Qu’est-c’qui se passe ? Tu vas bien ? » Il vient tout juste de l’analyser de la tête aux pieds, mais il peut pas s’empêcher de demander quand même. Il a besoin de savoir qu’elle n’a rien, d’en avoir la certitude. « On dirait que t’as vu un fantôme. T’as fait une mauvaise rencontre ? » Les questions fusent, sans qu’il lui laisse vraiment le temps de répondre. Ses traits sont tirés par l’angoisse et il s’imagine déjà le pire. Peut-être qu’elle est tombée sur des Mangemorts ? Que quelqu’un qui la cherchait l’a retrouvée ? Peut-être qu’elle a été agressée ? Témoin de quelque chose qu’elle aurait voulu ne pas voir ? Il en sait rien mais les hypothèses se bousculent dans sa tête, réveillant un côté légèrement paranoïaque – inévitable, quand on a pris parti dans la guerre qui secoue leurs vies.

Les sens soudain plus alertes, il prend conscience qu’ils sont dans un vulgaire couloir, et qu’ils devraient pas parler aussi librement. Ses iris examinent momentanément les alentours, histoire de s’assurer que personne ne les a épiés et qu’ils ne se retrouvent pas bêtement en danger. C’est pas le bon endroit pour tout ça, faut qu’ils s’isolent. Doucement, il attrape les phalanges d’Isaure pour l’inviter à le suivre, refusant de la lâcher une seule seconde. Pas tant qu’il sera pas pleinement rassuré. « Viens. » Sans trop lui laisser le choix, il la guide à travers les corridors, ignorant les personnes qui croisent leur chemin au passage. Il l’emmène jusqu’à la partie réservée au personnel, qui sera déjà plus calme. Mais comme ça lui suffit pas – on déconne pas avec la sécurité – il la fait entrer dans une pièce sacrément exigüe. Et pour cause : c’est le placard où ils stockent les plantes nécessaires aux potions préparées pour soigner les patients. C’est étroit, mal éclairé et pas franchement accueillant, mais ils devront faire avec. Il prend la peine de lancer un assurdiato pour s’assurer qu’ils soient hors de portée des oreilles indiscrètes, puis il se tourne enfin vers Isaure. « Maintenant on est tranquilles, tu peux tout m’expliquer. J’suis là. » Il sait pas pourquoi il se sent obligé de préciser qu’il est là. C’est con ; elle le sait déjà. Mais c’est plus fort que lui. C’est ce besoin irrationnel de lui assurer qu’il la laissera pas. Dans le fond, c’est à se demander qui il cherche vraiment à rassurer. Isaure, ou bien lui-même ? Sûrement un peu les deux, au final.
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Isaure Moriarty
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≡ statut de sang : Sang-mêlé, rien de transcendant ni de particulièrement honteux.
≡ sa maison : Ancienne Poufsouffle, ce que personne ne parvenait à comprendre quand elle était encore à Poudlard.
≡ sa baguette : Bois d'aubépine, ventricule de dragon, parfaite pour les sortilèges.
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MessageSujet: Re: you were the light in the darkness ≡ ennisaure   you were the light in the darkness ≡ ennisaure Icon_minitimeDim 10 Jan - 20:50


you were the light in the darkness
ennis & isaure


Ennis. Les pas d’Isaure l’avaient sans doute conduite ici sans qu’elle s’en rende compte, parce qu’il était le seul vers qui elle pouvait se tourner. Elle venait de se découvrir un père et elle était bouleversée, mais il n’y avait qu’Ennis qu’elle voulait voir. Cet étranger qui n’était dans sa vie que depuis sept mois avait bien plus d’importance pour elle que l’homme qui l’avait conçue et vue grandir. Chaque matin, c’était lui qu’elle voyait, c’était lui qui la faisait sourire et qui lui donnait envie de continuer à avancer dans le brouillard constant où elle se trouvait. C’était lui qu’elle voyait chaque soir en se couchant, et grâce à lui elle ne se disait pas que la journée avait été inutile, parce qu’au moins elle avait discuté un moment avec lui. Son seul intérêt, sa seule motivation, c’était Ennis. Et son seul réconfort, en cet instant, c’était lui également. Elle s’était jetée dans ses bras sans penser à rien d’autre, il avait automatiquement refermé son étreinte autour d’elle, et elle avait poussé un soupir soulagé. Le monde lui faisait peur, découvrir qui elle était lui faisait peur, l’homme qu’elle venait de rencontrer lui faisait peur. Mais elle put enfin respirer quand elle fut contre Ennis, le visage enfoui dans son torse. Elle avait moins peur, ainsi. Elle était en terrain familier, quand tout le reste n’était qu’un vaste champ d’étrangers qui n’avaient aucun lien avec elle. Elle aurait voulu rester ainsi, peut-être pour toujours, qui sait. C’était tellement plus facile de se laisser aller dans les bras d’Ennis, là où elle savait qu’elle avait sa place, plutôt que de faire face à tout le reste. Mais même ça, ça ne pouvait pas durer bien longtemps. Il s’écarta un peu d’elle, et elle lui fut reconnaissante qu’il ne rompe pas le contact, mais qu’il garde ses bras sur les siens. Elle ne voulait pas être seule, elle ne voulait plus sentir ce gouffre sous ses pieds. Elle n’était personne, elle n’avait personne. Mais elle avait quand même Ennis … « Qu’est-c’qui se passe ? Tu vas bien ? » Elle secoua doucement la tête. Elle n’allait pas bien, non. Elle était perdue. Ca n’avait rien de physique – elle avait bien vu son regard qui l’avait scannée des pieds à la tête, cherchant peut-être du sang ou des hématomes – c’était bien plus profond que ça. « On dirait que t’as vu un fantôme. T’as fait une mauvaise rencontre ? » Elle releva les yeux vers lui, ses lèvres s’étirant en un maigre sourire devant cette question qui tombait si bien, et qui lui ressemblait parfaitement. Une question de moldu. Elle aurait pu voir un fantôme oui, c’était presque ça. Mais elle aurait préféré un fantôme. Il y en avait plein Poudlard, d’après ce qu’elle avait entendu, elle en avait sans doute déjà croisé plusieurs fois … Et aucun d’entre eux ne devait être aussi effrayant que l’homme qui se disait être son père. « J’ai vu ... » Elle ne termina pas sa phrase. Ennis venait de la prendre par la main pour la tirer hors du chemin, et elle se laissa faire sans protester. Il prenait les commandes, il avait toujours été bien plus doué qu’elle pour ça. Si ça n’avait tenu qu’à elle, elle se serait mise à déballer toute l’histoire, Mangemort compris, au beau milieu de ce couloir qui pullulait de monde. Quelle idiote elle faisait … Elle ne pensait pas à toutes les précautions qu’elle aurait du prendre pour se prémunir des risques contre lesquels Ennis la mettait pourtant si souvent en garde.

Il l’amena dans une salle vide, puis la fit pénétrer dans un tout petit bout de cagibi, où des plantes en pots prenaient la plus grande partie de l’espace. Il y avait à peine de lumière, ils ne pouvaient pas faire deux pas, mais ils étaient seuls. C’était tout ce qu’elle demandait, elle se fichait bien du reste. « Maintenant on est tranquilles, tu peux tout m’expliquer. J’suis là. » Elle dut résister à l’envie de se blottir une nouvelle fois dans ses bras quand il lui assura qu’il était là. Elle n’avait pas envie de parler, elle avait juste envie de sentir sa présence auprès d’elle, et de rester avec lui. Mais elle l’avait dérangé au beau milieu de son travail, alors qu’il y avait des dizaines et des dizaines de blessés dans le hall, en bas, qui attendaient sans doute qu’il vienne s’occuper d’eux. Elle, elle n’avait rien … Rien d’autre que cette sensation d’avoir tout perdu. Et comme il ne lui restait qu’Ennis, elle faisait l’égoïste, elle le gardait pour lui. Elle garda les yeux fixés au sol, ses doigts jouant avec une mèche de cheveux. « J’ai … J’ai vu mon père. » Elle releva la tête pour le regarder. « Il est venu à la boutique, il savait que j’étais là. » Elle frissonna. Elle avait attendu ce moment depuis sept mois, rêvant de la rencontre avec son père, celui qui représentait le pilier de sa famille. Un père qui serait peut-être héroïque comme celui d’Ennis, ou peut-être juste un homme normal, mais un père aimant qui l’aurait prise dans ses bras et qui l’aurait embrassé en riant. « Et c’était horrible. J’ai toujours cru … J’ai toujours cru que mon père serait fabuleux. Et que quand on se retrouverait, ce serait joyeux, et que je serais heureuse. J’ai essayé d’être heureuse mais … Mais je crois qu’en fait, j’ai peur qu’il soit vraiment mon père. J’ai peur de ce que je suis. Si je suis sa fille … » A nouveau, elle fut traversée par un frisson et ses yeux se remplirent de larmes. « Je ne veux pas être sa fille ! »


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Ennis Faulkner
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≡ son emploi : médicomage.
≡ statut de sang : sang-mêlé.
≡ sa maison : serdaigle, dont il a porté les couleurs avec fierté.
≡ niveau d'études : études complétées avec brio, malgré son ancienne réputation de fêtard insouciant.
≡ sa baguette : vingt-cinq centimètres de bois de charme, ventricule de dragon, prédisposée aux enchantements - capricieuse depuis quelques temps.
≡ son patronus : un singe capucin, qu'il a de plus en plus de mal à faire apparaître depuis qu'il a l'impression de se perdre.
≡ son amortencia : les effluves sucrées des patacitrouilles, mêlées à l'odeur du linge propre ; et en fond, une touche fruitée qu'il reconnaît trop bien, sans vouloir se l'avouer.
MessageSujet: Re: you were the light in the darkness ≡ ennisaure   you were the light in the darkness ≡ ennisaure Icon_minitimeDim 10 Jan - 23:50

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Quand Isaure est là, le monde s’arrête. La terre tourne plus, son cœur bat plus, le monde vit plus. Y a toujours un instant en suspens ; un instant durant lequel Ennis a les prunelles vissés sur elle, les sens orientés vers elle, l’esprit focalisé sur elle. Ça fait comme une bouffée d’oxygène qui vient lui rappeler qu’il était en apnée, et qu’elle est venue lui remplir les poumons. Faut croire qu’en l’espace de quelques mois à peine, elle a réussi à devenir vitale pour lui, indispensable sans qu’il s’en rende vraiment compte. C’est bien simple : il imagine même plus sa vie sans la rouquine dans son quotidien, dans son appartement et dans sa tête. Elle a pris de la place. Trop de place, peut-être. Sûrement. Il le sait bien, dans le fond. Mais il est pas prêt à l’avouer, y compris à lui-même. Alors il fait comme si de rien était, comme si tout était parfaitement normal, puis y a les moments comme celui-là. Les moments où plus rien ne compte si ce n’est elle, au point qu’il abandonne tout en court de route pour lui dédier toute son attention. Faut dire qu’elle a l’air d’en avoir besoin, sa princesse. Avec son air perdu et l’espèce de désespoir qui semble s’être accroché à ses traits – y a qu’à voir la façon dont elle s’est jetée sur lui. Elle a besoin de lui. Et ça suffit à effacer tout le reste.

Les questions s’accumulent mais au moment où elle essaie de parler, il la stoppe en l’attirant le long des corridors jusqu’à un endroit bien plus isolé – bien plus en sécurité. Il a même pas besoin de réfléchir. C’est automatique, des mécanismes adoptés au fil du temps et de son évolution dans l’Ordre du Phénix, des rituels devenus synonymes de survie. Sans ça, on les débusque. Sans ça, on leur fait la peau. Alors certes, on se sent foutrement à l’étroit dans un cagibi pareil. C’est ni confortable, ni agréable ; ça pourrait même les mettre mal à l’aise, s’ils supportaient pas d’être aussi proches. Une chance que ça gêne pas Ennis – reste qu’à espérer qu’il en soit de même pour Isaure. C’est même assez emmerdant mais c’est le prix à payer, alors faut faire avec.

Et ses yeux se baissent vers le sol, et ses doigts se crispent dans ses cheveux, et elle ressemble soudainement à une pauvre gosse en détresse. Ennis se contente de la fixer, attendant les explications, attendant les mots qui l’apaiseront ou ne feront qu’empirer la situation. Il garde son calme et reste de marbre, mais au creux de son ventre, ça tourne et ça bouillonne. Dans ses veines, ça chauffe à blanc et ça lui file l’impression d’avoir le cœur qui pompe de l’acide. Il est nerveux. Pas rassuré. Mais il s’efforce de ne rien montrer – pas maintenant, pas devant elle. Le couperet tombe. Elle a vu son père. La phrase résonne dans la boîte crânienne d’Ennis, se met à tourbillonner et à se répéter. Son père. Son père ? Non. Merde. Il refuse de le croire, Moriarty peut pas l’avoir retrouvée. Pas là, pas comme ça. C’est pas le moment. Sûrement que ça le sera jamais selon lui, mais là c’est pire que tout. Il a même pas eu le temps de digérer la nouvelle sur l’identité véritable d’Isaure qu’elle l’apprend à son tour. Il a pas décidé de si, quand, comment le lui dire ; et elle a déjà été frappée par la nouvelle. Il comprend mieux, maintenant. Pas étonnant qu’elle ait débarqué à demi en panique, après avoir appris un truc pareil.

Elle continue de parler, et il comprend que ça fait plus l’ombre d’un doute. Elle a réellement dû faire la rencontre de ce cinglé qui lui sert de géniteur. Lachlan Moriarty – rien qu’en pensant à ce nom, il en a froid dans le dos. C’est l’effet que toute cette nouvelle lui fait, de toute façon. Une putain de douche froide qui le paralyse de la tête aux pieds. Il sait ni quoi faire, ni quoi dire. Il voit la peur qui se planque dans le fond des iris d’Isaure, le vert qui devient humide, menaçant de se laisser déborder et de creuser des sillons salés sur les joues de la rousse. Elle veut pas être sa fille – ça sort du cœur, des tripes. Ça soulage Ennis, plus qu’il ne voudrait le dire. « Hey. » Ses mains se mettent en mouvement d’elles-mêmes, venant se poser sous les yeux de la belle pour essuyer les larmes qui demandent à couler ; éponger sa peine avant qu’elle ne vienne inonder sa peau. « Ça va aller. » L’hypocrite. Il en pense pas un mot.

Ses paumes restes apposées contre le visage d’Isaure, tenant son visage avec toute la douceur dont il est capable, alors que ses yeux se plongent dans les siens. À l’intérieur, c’est le chaos. Il sait. Il sait tout ça. Il sait que son père est un personnage franchement pas rassurant, voire carrément effrayant. Qu’il a un peu perdu la boule après son passage à Azkaban, et qu’il est un mangemort notoire. Il sait tout ça, putain. Il a pas voulu le croire, lui non plus. Ça lui fait même esquisser un sourire triste – elle fait preuve du même déni que lui. Mais faut se rendre à l’évidence : c’est la vérité. C’est de là, qu’Isaure est issue. Il sait pas vraiment qui elle était, avant de perdre la mémoire. Il sait pas si elle était comme son père, une sorte de cause irrécupérable, un peu dérangée, foutrement instable. Peut-être qu’elle était à l’opposé, qu’elle se battait pour les mêmes valeurs que lui, qu’elle était contre le gouvernement mis en place par Voldemort. Ou peut-être qu’elle n’était pas positionnée, cherchant simplement à vivre dans un monde qui part à vau-l’eau. Il en a foutrement aucune idée, de qui est réellement Isaure Moriarty. Il espère de toutes ses forces qu’elle n’a pas suivi les traces de son père, mais il a aucun moyen de le savoir. Il connaît rien, rien d’autre que ce qu’ils ont bâti ensemble ces derniers mois. Rien d’autre que le morceau d’histoire fait à deux.

« Il s’est passé quoi, exactement ? Comment il a fait pour te trouver ? » L’esprit logique reprend le dessus. Il a tellement cherché à la protéger qu’il accepte pas d’avoir échoué. Parce que ouais, c’est un échec. Lachlan l’a retrouvée. Ennis a perdu. « Il t’a dit quoi ? » Sait-elle qu’il est mangemort, et surtout qu’il a l’esprit sérieusement endommagé ? Elle l’a pas mentionné. Peut-être qu’elle a été préservée, qu’elle a pas eu à voir l’étendue du spécimen qui a participé à sa conception. Ennis aimerait y croire, mais il sait que c’est peine perdue. Elle serait pas dans un état pareil, s’il s’était présenté comme un homme tout à fait lambda et normal. Rien que de penser à Isaure, seule face à ce taré, il en a les mâchoires qui se serrent et le regard qui s’assombrit. Cette idée lui paraît insupportable. Et pourtant, c’est lui le coupable. C’est lui qui lui a caché tout ça. C’est lui qui a refusé de lui parler de ce qu’il avait trouvé. Maintenant, c’est trop tard. Ses mains quittent leur place pour venir se terrer dans sa tignasse brune, tirant légèrement sur ses cheveux alors qu’il lâche un soupir en baissant les yeux. Ils sont dans un sacré merdier. Si Moriarty a pu la retrouver, il mettra pas bien longtemps à découvrir où elle s’est réfugiée. C’est qu’une question de temps avant qu’il ne sache qui l’a recueillie, et qu’il vienne la récupérer. S’il est venu la voir, c’est bien qu’il veut la retrouver. Et Ennis, il sait plus quoi faire. Il sait pas comment il va pouvoir la protéger de ça. De lui. D’elle-même, aussi. Et si elle décide de le suivre ? Ça lui paraît tellement possible qu’il a envie de hurler. « J’veux pas que tu partes. » C’est sorti tout seul, dans un murmure pourtant audible vu la surface réduite dans laquelle ils se trouvent. Lentement, il relève son regard vers elle, teinté d’une culpabilité mêlée à l’inquiétude exacerbée. Peut-être qu’il devrait tout lui avouer. Lui dire qu’il savait. Qu’elle peut pas y aller. Que ce type est dérangé, qu’elle sera en danger. Il voudrait s’assurer qu’il pourra la garder à ses côtés. Mais y a rien qui sort. Tout ce qu’il peut faire, c’est continuer de la dévisager, avec une sensation lancinante au creux de ses entrailles. La sensation que c’est le début de la fin.
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