(event, eyron) if we weaken now, they'll destroy us

≡ ton pseudo : · **≡ date d'arrivée :** 17/01/2013

Il y avait une petite musique qui résonnait dans l’air : à l’humble avis de Rearden, il n’y avait rien à célébrer pourtant, rien qui puisse mettre qui que ce soit d’humeur si joyeuse. On l’ignorait complètement, il dévisageait ceux qui passaient trop près de sa table, l’esprit embué : c’était comme s’il avait trop bu et qu’il était victime d’une cuite infernale, pourtant, il n’avait pas touché à une goutte d’alcool depuis bien longtemps déjà. Malheureusement pour lui, il avait bien trop conscience que de sa sainteté d’esprit, dépendrait sa survie : les temps étaient durs, et même alors qu’il était assis là depuis un certain temps, il n’avait pas encore réussi à faire le ménage dans sa tête. En quelques semaines, tout le fonctionnement du Ministère avait changé : ils avaient rompu tout contact avec la Russie, sous des prétextes politiques que Rearden avait trouvé ronflants et inintéressants. Puis il y avait eu des attaques sur les membres du Ministère qui avaient été rapportées. Et puis, un beau jour, on était venu le voir parce qu’il avait été choisi pour initier le projet Live Bait II. Il ne savait même plus comment il avait fait pour se sortir de là, mais il était en vie, assis à cette table, devant un festin frugal, fait de frites et de poisson pané, les yeux plongés dans les images mouvantes de la Gazette du Sorcier, qu’il avait réussi à obtenir, dans l’espoir de se tenir informé de tout ce qui se passait encore : ils avaient parlé en gros titres de la fermeture de Poudlard, un vrai gâchis selon lui, la fin de ce qui avait représenté pour lui, irrémédiablement, une belle époque. Malgré ses mauvaises notes. Quelque chose que les générations futures ne connaîtraient plus : encore une bonne raison de se barrer de ce pays, se disait-il. Rien ne le retenait en Angleterre, pas même Doraleen, de laquelle il s’était rapproché pour finalement mieux tout déchirer, sur un coup de tête, un coup de sang qu’il ne comprenait même pas : était-ce à cause de ce qu’il avait vécu au fin fond du Ministère. Ce n’est qu’à ce moment là que Rearden se rendit compte qu’il tapotait nerveusement du pied sur le sol, au point d’attirer de nombreux regards sur lui. Un rire nerveux passa ses lèvres, avant qu’il ne daigne lever la tête vers la serveuse qui passait pour lui demander une boisson. Elle disparut, et Rearden repartit dans ses songes, se rongeant sans même s’en rendre compte le doigt à présent : la nervosité ne le quittait jamais, il n’était pas fait pour être en fuite, la preuve étant qu’il était toujours à Londres, comptant sur les événements et les célébrations du monde moldu pour passer inaperçu. La porte s’ouvrit, faisant presque sursauter Rearden sur sa chaise : à raison, puisqu’il reconnut avant tout la tenue que le type qui venait d’entrer portait. La tenue des Exécuteurs, un truc qui criait «bizarre» dans un endroit pareil, mais qui dénotait ouvertement l’appartenance au monde magique : et subitement, Rearden aurait voulu disparaître, mais son regard se porta sur le visage de celui qui venait de passer cette porte. Et instinctivement, sans même s’en rendre compte, le jeune homme se dressa sur ses pieds, droit et rigide comme un I, à dévisager son meilleur ami, accoutré d’un tel déguisement ; tout ce qu’il trouva à faire pour se donner un minimum de contenance, c’est avaler l’âpre apéritif que la serveuse venait de lui amener, dévisageant Eyron, à quelques pas de là, et, sans crier gare, il se dirigea dans la direction de celui-ci, n’osant ciller : si Eyron avait changé au point d’être parmi les Exécuteurs, il y avait de fortes probabilités pour qu’il sorte sa baguette et l’attaque, mais rien ne vint, et Rearden l’ignora ouvertement au moment de passer à côté de lui, de sortir à toute vitesse de l’endroit.

Faire parti des exécuteurs, ce n’était vraiment pas un cadeau. Peut-être que certains voyaient le moyen de tirer de l’honneur d’un emploi pareil, Eyron lui, il avait du mal à se supporter lui-même à présent. Il faisait ça pour Serah. Du fin fond de sa cellule à Azkaban elle méritait bien que quelqu’un se batte pour elle. Il la connaissait suffisamment bien pour savoir qu’elle ne ferait pas la fête le jour où elle apprendrait ce qu’il avait fait pour elle, sans doute qu’elle n’aurait même pas envie de célébrer sa sortie de prison de quelque façon que ce soit, en apprenant quel avait été le prix à payer. Elle avait toujours été fidèle à l’armée de Dumbledore, durant la guerre, elle avait cru en la victoire de l’ordre. Pourtant, la mort d’Harry Potter avait fait taire tous les espoirs. Elle devait encore y croire un minimum, malgré la victoire de Lord Voldemort, sans quoi, elle ne serait pas en train de lutter toute seule dans sa cellule, elle aurait accepté la marque. Elle ne voulait pas se soumettre au gouvernement, elle avait peut-être plus de courage que lui. Au fond, ça n’avait rien de surprenant. Lui, né de l’union entre une Nott et un Fleming, sa trahison ne devait qu’à peine être une surprise pour les gens qu’il connaissait. Il aurait voulu que les choses se passent autrement, qu’il puisse fuir sa famille sans se poser de questions, mais les choix qu’il avait fait l’avaient condamné à cette vie. Il ne pouvait plus faire marche arrière, c’était ce qu’il se répétait alors qu’il poussait la porte d’un bar dans lequel on disait qu’il y avait beaucoup de traitres. Un bar moldu, il aurait certainement l’air d’un clown avec son costume d’exécuteur, mais au moins, il savait que certaines personnes sauraient le reconnaitre et aurait le temps de s’enfuir. Son père dirait certainement qu’il aurait dû laisser tomber ce déguisement pour effectuer cette mission incognito et il aurait raison. Son but était cependant de laisser le temps aux prétendus traitres de quitter le bar. Il avait envisagé d’aller jusqu’au bar, de commander n’importe quelle boisson contenant un minimum d’alcool et ensuite … Il ne savait pas trop ce qu’il aurait fait ensuite. Il reconnu trop vite son meilleur ami pour pouvoir clairement réfléchir à tout ça. Il avait fallu que Rearden se trouve dans ce bar, bien évidemment. Il devait lui expliquer la tournure des événements, ça semblait essentiel, comme s’il avait besoin de justifier ses actes. Il avait ce besoin, dans l’espoir que quelqu’un puisse le comprendre et aux dernières nouvelles, Rearden l’avait, toujours compris. Bien vite il ignora les rires , les bruits et la musique derrière lui pour rejoindre Rearden qui était bien vite sorti du bar, quand bien même il l’avait clairement remarqué. Il ne pouvait pas le blâmer pour ça. Déjà en ayant l’histoire en entière, il se trouvait particulièrement con, alors forcément, du point de vu de Rearden, ça devait être pire. Il laissa tomber sa mission pour le rattraper. « Rearden attends ! » Il pouvait lui expliquer, il pouvait tout expliquer, une partie de lui continuait après tout de penser que ce qu’il faisait était légitime, quand bien même l’autre lui disait qu’il n’était qu’un imbécile. S’il devait faire un vœu ce soir, ce serait de ne pas perdre définitivement son meilleur ami à cause des choix pourris qu’on l’avait obligé à faire.

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Il n’y avait pas à dire, les événements s’étaient précipités ces derniers temps : en ce qui lui avait semblé être l’espace de quelques jours, le nouveau gouvernement s’était mis en place, suite à la victoire de Voldemort, et avait enchaîné les décisions tyranniques. De la loi Bloodstream au projet Fronde, en passant par l’alliance avec la Russie, le pays était tombé dans le chaos. Rearden n’avait cependant jamais jeté l’éponge, il n’avait pas voulu - question de fierté, à croire que c’était une part de Poufsouffle que beaucoup de gens ignoraient. Seuls les Gobelins s’étaient joints à ce petit mouvement de rébellion ; une décision pour laquelle ils paieraient tôt ou tard les conséquences, quand bien même pour le moment, ils étaient encore en sécurité dans les murs de Gringotts. Alors qu’il avait l’impression d’avoir pris des années tant il avait perdu de gens autour de lui, Rearden avait tenu bon : sa soeur était morte, sa meilleure amie avait disparu, la bataille de Poudlard s’était terminée sur la mort de Harry Potter. Qu’avait-il bien pu lui rester ? Une chance de profiter de la pseudo-générosité du Nouveau Régime ; il pouvait sembler être rentré dans le moule, ce n’était pourtant pas le cas : il n’était pas aussi malléable qu’un gâteau à peine cuit, contrairement à ce que beaucoup pouvaient croire de lui, en voyant ce jeune homme plutôt chétif. Son travail au sein du Ministère n’avait pas été un cadeau, chaque jour avait eu son lot de mauvaises surprises, mais au moins cela avait permis au jeune homme de faire une différence. Avait-il aimé le croire, pendant tout ce temps, avant que le projet Live Bait ainsi que Sara ne perturbent tout. Qu’est-ce qu’elle avait bien pu devenir elle ? Qui lui avait lavé le cerveau au point qu’elle passe de sa meilleure amie, à la fille qui l’avait poignardé dans le dos ? Ils avaient fêté bien des anniversaires l’un avec l’autre, il se souvenait des nombreux cadeaux qu’il lui avait ramené de Pré-Au-Lard, dévorant son petit argent de poche - tout ceci semblait bien loin, et pire encore, la jeune femme avait complètement sapé la confiance qu’il avait placée en elle. Il était loin le temps des cotillons, des fêtes et des chapeaux pointus, où ils riaient sur le temps qu’il leur restait avant la majorité, et la chance de se prendre une cuite avec de nombreuses boissons alcoolisées : sangria, punch, des tas de recettes qu’il avait apprises dans des livres moldus, qu’il aurait bien voulu tester avec Sara. Ou avec Eyron. Parce que ça aurait été amusant, ça aurait fait de sacrés souvenirs - bien plus joyeux que celui de la fermeture de Poudlard en tout cas. Il découvrait finalement que son meilleur ami était aussi un traitre : pas au sens propre du terme, quelqu’un qui s’était rangé du côté de ceux qui nageaient dans la vague d’horreur qui paralysait tout le pays : et condamnait ceux qui ne correspondaient pas à l’idéal, à une fuite éternelle. Rearden faisait partie des fugitifs aujourd’hui, parce qu’il avait fait partie de l’Armée de Dumbledore, parce qu’il avait cru en Harry Potter et parce que jamais il ne serait capable d’être un mouton dans l’armée du Mage Noir. Il avait cru que quelqu’un resterait toujours à ses côtés dans de telles circonstances, Eyron, indéniablement : il n’était pas juste son meilleur ami, il avait toujours été ce bout de famille qu’il n’avait jamais eu avec sa soeur, cette complémentarité exemplaire. Dans le noir de la rue, à chaque pas qui l’éloignait du pub, la musique descendait peu à peu aux oreilles de Rearden, mais bien vite, l’appel d’Eyron ne stoppa net. Mains dans les poches, Rearden serra les dents : devait-il transplaner, histoire de ne pas laisser la moindre chance à Eyron de le trahir plus encore ? L’avait-il vraiment trahi ? Il ne pouvait pas croire ça venant de lui - pourtant, ses yeux ne l’avaient pas trompé. En quelques secondes, il choisit ses mots pour faire face à Eyron, le toiser un instant de haut en bas, ce qu’il faisait tâche dans ce déguisement ridicule : « Où est Serah ? » Demanda-t-il sans fioritures ni jolis décors, la voix impérieuse - Eyron avait toujours aimé sincèrement Serah. Serah la née-moldue, l’ennemie du nouveau régime, alors qu’est-ce qui pouvait lui prendre, bon sang ?! Il aurait bien envie de le secouer, mais faute de le faire avec ses gestes, il comptait bien le faire avec ses mots.

Eyron se demandait parfois comment il avait pu en arriver là. Quelques années plus tôt, il était encore ce gamin insouciant qui faisait régulièrement la fête dans la salle commune de poufsouffle. Celui qui recevait des sucreries de la part de sa mère, des gâteaux en tous genre - du dessert à la chantilly en passant par le clafouti aux cerises - et sans doute un peu trop d’amour. Désormais, il s’estimait heureux quand elle lui envoyait une carte avec quelques mots dessus. Il avait l’impression qu’elle l’avait tout simplement abandonné aux griffes de son père. Elle disait qu’il pourrait faire de lui un grand sorcier, elle disait qu’en le laissant à son père, elle assurait son avenir. Lui, il avait surtout l’impression qu’elle avait détruit sa vie. Il avait été un garçon simple. Après la victoire de voldemort, il s’était rangé, il n’y avait plus d’ordre et la mort d’harry potter avait fait cesser les combats. Elle n’avait plus à s’inquiéter d’une quelconque mauvaise affiliation. Elle aurait pu le laisser s’occuper de la ménagerie magique sur le chemin de traverse, après tout, ça valait mieux d’avoir un fils vendeur plutôt qu’un alcoolique qui ne ferait rien d’autre de ses journées que de se noyer dans les boissons contenant de l'alcool. Non satisfaite, il avait fallu qu’elle le laisse avec Moses Fleming. C’était fini les bonnes attentions, les cupcakes au chocolat avec des beaux glaçages comme elle lui en avait déjà fait plein, souvent pour ses anniversaires ou juste pour lui faire plaisir, parce qu’elle disait qu’elle n’avait besoin d’aucun événement pour faire plaisir à son fils. Maintenant c’était plutôt magie noire et base de la torture. Rien qui donne envie au jeune sorcier de sauter de joie. Ses histoires de famille avaient pris un grand pas sur sa vie et aujourd’hui, il était là où il en était, avec son beau costume d’exécuteurs, aux ordres de son père. Il venait de voir son meilleur ami l’ignorer, lui tourner le dos sans même lui adresser un mot alors qu’ils ne s’étaient pas vu depuis quelques mois, quelques longs mois qui avaient été tellement longs qu’il avait l’impression que cela faisait des années. Ils avaient connus des jours meilleurs tous les deux à rire dans la salle commune de leur maison, dans le château. Maintenant avec la fermeture de Poudlard, ça semblait encore plus loin. Eyron était bien évidemment parti à la poursuite de Rearden. Il lui devait des explications, il ne voulait pas que son meilleur ami soit persuadé qu’il n’était qu’un traitre, malgré le déguisement qu’il portait sur le dos, il voulait se persuader lui-même, qu’il valait encore mieux que ça, expliquer les choses à Rearden semblait être un bon début pour ça. Où était Serah, c’était la question qu’il venait de lui poser, celle qui revenait souvent à son esprit, alors que les jours passaient et que son père n’avait pas l’intention de lui laisser la chance de voir la jeune femme. Le jour où il réussira à convaincre son père de quelque chose, il sortirait le champagne. « Elle est à Azkaban. » C’était bien ce que disait le dossier que son père lui avait montré quand il l’avait convaincu de travailler pour lui, il avait la certitude que là-dessus, il pouvait le croire. « J’essaie de la sauver, elle a refusé la marque. Mon … » Il marqua un temps d’arrêt comme si ça lui brûlait la langue de le dire à haute voix. « Mon père, il a dit qu’il la ferait sortir si je lui obéissais et qu’il la ferait exécuter si je ne le faisais pas. » Il n’avait clairement pas eu le choix. Il savait que Serah ne voulait pas être sauvée comme ça, mais il ne pouvait pas simplement la laisser mourir.

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Poudlard fermait ses portes, et c’était à croire qu’avec cette annonce, s’effondrait tout ce que Rearden avait toujours connu dans ces murs : les fêtes dans la salle commune de Poufsouffle, les gâteaux aux beaux glaçages servis lors des festins de la Grande Salle, les blagues et autres mauvaises surprises qu’ils faisaient à Rusard lorsqu’ils s’ennuyaient. Tout ça, Rearden ne l’avait connu qu’avec une seule personne en particulier, parmi tant d’autres, qui composaient une masse à part : depuis des années, aussi loin qu’il s’en souvienne, Eyron était son meilleur ami, celui sans lequel il n’avait pas pu passer un jour au sein de l’école sans s’ennuyer à mourir. Rearden se souvenait encore avoir donné de mauvais conseils sur l’amour à Eyron, il se souvenait s’être foutu de sa gueule lorsqu’il s’était pris un premier râteau ; il se souvenait aussi de quand leurs rôles avaient été inversés. Comment ils avaient siroté quelques verres de Bièraubeurre, certes, un alcool peu fort, entrecoupé de chocolat et autres sucreries, lorsque Rearden s’était séparé de Doraleen. La victoire de Lord Voldemort avait mis fin à tout ça, et la simple pensée de la mort de Harry Potter suffisait à rendre tous ces souvenirs plus amers qu’il n’aurait voulu qu’ils le soient : combien d’anniversaires avait-il fêté avec Eyron ? Tout ceci lui semblait presque désuet dans le monde dans lequel ils vivaient désormais, un monde fait de camps, de lois tyranniques, de projets Live Bait et autres lois Bloodstream qu’il ne pouvait que fuir à l’heure actuelle. Il ne pourrait plus aider personne : cependant, il ne s’était pas attendu, jamais, dans les pires moments, retrouver Eyron dans un déguisement pareil. Le costume des Exécuteurs, il le connaissait bien, pour l’avoir croisé des dizaines et des dizaines de fois dans les couloirs du Ministère de la Magie. La colère de Rearden s’envola dès qu’Eyron ouvrit la bouche cependant : l’indécision marqua son visage, alors qu’il observait son ami de loin - il pouvait prétendre le connaître assez pour savoir interpréter les expressions sur son facies. Et il semblait dire la vérité. Serah était vraiment à Azkaban : la gorge sèche, il sentit un vague frisson le parcourir. Il connaissait Serah, et Eyron l’aimait : l’imaginer dans un tel endroit lui donnait froid dans le dos. « Attends, attends. » Ses sourcils se fronçant, Rearden plissa les yeux un instant, le temps de faire quelques pas en direction de son interlocuteur. « Ton-ton père ? Il sort d’où celui là ? » D’Azkaban à ce qu’il avait retenu de l’histoire de son meilleur ami, mais toujours Rearden n’avait inclus dans la famille d’Eyron que sa mère sur-protectrice ; jamais il n’avait envisagé qu’ils en viennent à parler du père meurtrier fou de celui-ci.

La victoire de voldemort avait eu des conséquences sur chacun des sorciers habitant en Grande-Bretagne. Eyron avait longtemps cru que sa vie serait la même, même après tout ça, même après la mort d’Harry Potter, quand bien même ses espoirs disparaissaient avec lui, il avait cru pouvoir continuer sa vie de façon à peu près correcte. Cependant, son père était entré dans sa vie et avait tout dévasté comme l’aurait fait un ouragan. Il regrettait les trop nombreuses fois où il avait râlé à propos de sa mère qui le couvait beaucoup trop. Recevoir des sucreries et des gâteaux de sa part, ça avait toujours eu quelque chose de gênant ; ça avait cependant, à plusieurs reprises permis d’alimenter des fêtes à Poufsouffle. Il aurait facilement pu lui écrire des cartes, pour lui demander d’ajouter des cotillons ainsi que des serpentins ou encore des ballons dans le prochain paquet qu’elle lui enverrait, elle l’aurait fait, pour le plus grand amusement de ses camardes et le sien bien entendu. Finalement, avec sa mère, sa vie avait été remplie de joie. Maintenant qu’elle l’avait laissé à son père, il regrettait amèrement tout ça. Ses souvenirs heureux qui étaient enfermés dans l’enceinte d’un château, sans doute à jamais, depuis la triste fermeture de Poudlard. Il y avait également des souvenirs de Serah dans ce château, elle qui avait fuit le pays avant d’être soumise au bannissement des nés-moldus ou à la loi Bloodstream. Elle s’était enfuie parce qu’elle ne pouvait pas imaginer se soumettre au gouvernement, elle aurait dû être en sécurité en France, mais il n’en était rien. Elle n’était pas en France. Elle était au fond d’une cellule à Azkaban à refuser la marque. Sa vie désormais ne semblait dépendre que des choix que lui il ferait. Il ne voulait pas être responsable de la mort de la femme qu’il aimait. Peut-être que ses choix ne lui plairait pas, qu’elle prétendrait qu’elle préférait Azkaban, ou la mort à ça, mais c’était une chose que lui, il ne pouvait pas accepter. Il voulait croire qu’un jour, il célébrerait sa sortie de prison avec une coupe de champagne. Très certainement tout seul dans son coin, mais ça, ça n’avait pas d’importance pour lui. Une fois qu’elle serait libre peut-être qu’il aurait l’occasion de fausser compagnie à son père. Il en doutait fortement mais bon. L’espoir faisant vivre, il faisait en sorte d’en garder un minimum. Encore des années comme ça avec son père et il était clair qu’il se jettera du haut d’un pont pour en finir. Son père était un homme insupportable, mauvais par nature, impossible de tirer quoi que ce soit de bon venant de ce dernier. « D’Azkaban, il a fait parti de ceux qui se sont enfuis un peu après le retour de Voldemort. » Ou le seigneur des ténèbres comme on disait par chez lui, il n’avait cependant pas envie de lui donner une telle dénomination, ce serait lui accorder plus de respect qu’il n’en méritait. « Je dois sauver Serah et je ne sais pas comment faire autrement … » Il laissa échapper un long soupire. Il avait choisi la solution la plus simple sans doute, celle que son père lui avait offerte. Peut-être que ce n’était qu’un simple jeu pour Moses, sans doute qu’il ne voyait en lui rien d’autre qu’un gamin stupide, même pas un membre de sa famille, juste un gamin à qui il pouvait faire de belles promesses sans même les tenir. Il avait bien conscience qu’il ne ferait peut-être jamais libérer Serah, peut-être s’était-elle envolée, Dieu seul savait où suite aux disparitions à Azkaban, mais Eyron n’en savait rien et son père était bien le seul espoir qu’il avait pour revoir un jour Serah en vie.

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Il y avait eu une époque, avant la mort de Harry Potter, alors que celui-ci était seulement un élève parmi les autres à Poudlard, où le quotidien d’Eyron et Rearden s’était limité à des choses bien simples. Ensemble, ils avaient connu leurs premières expériences avec les filles, les déceptions, les soirées passées dans la cuisine à dévorer les restes de festin, de gâteau au chocolats et autres préparations que les elfes de maison se faisaient un plaisir de leur offrir. Tout ceci était loin, et Rearden n’avait jamais imaginé qu’il cherrirait ces années simples comme un véritable cadeau. Lui qui s’était toujours ennuyer en cours, et qui avait rêvé d’aventures, avec la victoire de Voldemort, il en avait eu plus qu’il ne se l’était imaginé. Maintenant, avec le projet Live Bait tout s’était compliqué pour lui : se retrouver fugitif, c’était une grande première, tant et si bien qu’il était simplement ici, dans les quartiers de Londres, accompagné d’une boisson alcoolisée pour se remonter le moral : il n’avait pas été taillé pour être un fugitif, il était, après tout, un sorcier de sang-mêlé. Il avait fallu qu’il lutte cependant, et la seule récompense de tout ça, c’était la trahison qui rendait l’air qu’il avalait plus amer qu’il ne l’aurait cru. Peut-être qu’au fond, ce n’était pas le fait que Poudlard ferme ses portes qui changeait tout, mais bien chacun de ses amis d’autrefois qui avaient viré de bord. Il ne pouvait pas croire qu’il en était de même pour Eyron cependant : ils avaient partagé tellement de choses, qu’il ne pouvait pas croire qu’une fois la majorité atteinte, il avait rejoint les rangs de Voldemort et tout ce pour quoi ils avaient tant combattu il y a peu. Entendre Eyron parler des nouvelles branches de sa famille laissait Rearden suspicieux, de son côté de la rue, à toiser son meilleur ami comme s’il cherchait à décrypter, dans chaque réponse d’Eyron, ce qu’il ne lui disait pas. Sans doute que lui aussi avait connu son lot de mésaventures, Rearden ne pouvait pas se permettre de sous-estimer ce que les autres avaient connu sous prétexte qu’il s’était retrouvé dans la merde lui aussi : la preuve, avec Doraleen, qui en avait bien plus bavé que lui. Peut-être que les derniers mois s’étaient avérés plus éprouvants pour Eyron que pour lui. Soufflant finalement, Rearden passa une main dans ses cheveux, à l’arrière de son crâne, cherchant ses mots. Serah était une née-moldue, ils lui avaient sans doute proposé la Marque, à moins qu’ils ne la considèrent elle aussi comme une traitresse, dans ce cas... les choses étaient encore plus compliquées. « A Azkaban, hein... » Il baissa les yeux, un instant, et dire qu’il n’avait même pas été au courant, alors qu’il avait bossé sous les ordres de Lysander Barrowman dans l’espoir de changer les choses. Ça, c’était une indélicate surprise. « Désolé je... je crois pas que je puisse vraiment aider. » Pour tout argument, il haussa les épaules, il y avait sans doute à deviner qu’il était un fugitif, pour se retrouver ici. « J’espère qu’elle ne finira pas dans le projet Live Bait, tu sais... » Il avait failli y passer, lui, et si Eyron devait vouer sa vie à une cause horrible et détestable, il voulait que ce ne soit pas pour rien, mais bel et bien pour protéger sa petite amie.

Elles étaient loin derrière eux, les années passées à Poudlard dans l’insouciance la plus totale. Elles lui manquaient amèrement à présent. Maintenant, la victoire de voldemort avait compliquée les choses. La fermeture de Poudlard faisait du château un lointain souvenir. Ils l’avaient quitté à la fin de l’année précédente, après la bataille qui avait déchiré le château. Tout avait changé à ce moment là. Harry potter était mort et avec lui, tous les espoirs avaient été perdus. Il n’avait pas revu Rearden depuis ce moment, il n’avait pas revu grand monde. Il avait échappé à bien des problèmes lui, grâce à sa famille. Il n’avait connu ni Azkaban ni la marque. Il ne savait pas ce que Rearden, lui, il avait connu. Maintenant, tout ce qu’il savait c’était que Serah était à Azkaban et qu’il devait la sauver. Il ne voulait pas qu’elle meure, elle avait déjà échappé aux exécutions publiques devant Gringotts, maintenant sa vie n’était plus liée qu’aux choix qu’il faisait lui. C’était d’ailleurs bien trop de responsabilité pour lui. Il aurait voulu abuser de la boisson pour s’échapper de tout ça, avoir trop d’alcool dans les veines pour pouvoir avoir conscience de tout ça. Il ne pouvait cependant pas se le permettre. Il savait que son père était attentif à ce qu’il faisait, il savait qu’il avait déjà commis des erreurs et que tôt ou tard, son paternel serait las de le voir agir de la sorte et qu’il ferait tuer Serah pour lui montrer qu’il ne plaisantait pas. « Je crois que personne ne peut m’aider de toute façon. » Son père était le directeur du bureau des exécuteurs, il n’avait rien d’un homme agréable, pas le genre de personne avec qui on voudrait faire la fête, il faisait clairement peur ce type. La seule chose qu’il pouvait faire pour aider Serah, c’était obéir à ce monstre, même si ce n’était pas aussi facile que ça pouvait en avoir l’air. Il était du genre à laisser filer toutes ses cibles, il devait sûrement passer pour le plus nul des exécuteurs ou celui qui faisait preuve de mauvaise volonté. C’était le cas. Il n’avait pas envie de faire ce boulot, même si la vie de Serah en dépendait c’était compliqué. Il espérait aussi qu’elle ne finirait pas dans projet Live bait, il fallait qu’elle s’en sorte. Elle ne méritait pas de mourir pour une cause perdue. Il fallait qu’elle accepte la marque qu’elle sorte de là, tant pis pour le bannissement des nés-moldus ou pour la loi bloodstream, il voulait juste qu’elle s’en sorte et si possible sans qu’il ait besoin de faire tout ça. « J’espère aussi. » Il laissa échapper un léger soupire. « Sinon, toi, comment ça va ? » Assez discuté des problèmes de sa petite vie, il avait aussi envie de savoir comment Rearden s’en sortait. Il était son meilleur ami et malgré tous les problèmes qu’ils rencontraient il était content de le revoir là, même si la joie ne semblait pas vraiment au rendez-vous.

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Il semblait subitement qu’il n’y avait pas que la fermeture de Poudlard qui séparait la dernière génération de sorciers de cette bonne époque. La guerre faisait encore rage, plus désespérée que jamais à présent que Voldemort avait gagné et que plus aucun espoir ne semblait en valoir la peine. La joie des temps lointains dans l’école magique avait peu à peu déserté Rearden ; il se sentait désormais être trop sérieux, trop volontaire, trop autoritaire, pas assez souriant, à mille lieux de ses amis et de ses repères d’autrefois. Il avait beau avoir échappé à la Marque, ne pas avoir été un né-moldu banni du monde magique, il n’en restait pas moins une victime des batailles qui s’étaient jouées ici, indéniablement affecté par tout ce que la mort de Harry Potter avait causé : tout autour de lui, l’ambiance n’était plus à la fête et à la célébration de quoique ce soit - alors qu’il avait cru qu’il ne pourrait jamais oublier l’ambiance des festins de Poudlard ou la musique du bal de Noël de quatrième année où il avait dansé avec Doraleen, tout ceci était à présent bel et bien révolu. Tout comme le sentiment qu’il avait toujours eu, d’être parfaitement compris, parfaitement à l’aise en compagnie de son meilleur ami : il faisait face pourtant ce soir, au visage blessé par la guerre d’Eyron, à l’Exécuteur qu’il était devenu. Peut-être pour de nobles causes ; mais Rearden était bien incapable de lui trouver le moindre prétexte, tandis que c’était Sara elle-même qui l’avait trahi, et une troupe d’exécuteurs qui était venue le trouver pour le jeter comme cobaye pour le projet Live Bait. Après tout, il suffirait à Serah d’accepter la Marque pour pouvoir quitter Azkaban, dans la logique des choses : elle serait, certes, bannie par la Loi Bloodstream, mais en des temps si pitoyables, ce n’était pas forcément une mauvaise chose. « Tu me demandes sérieusement si ça va ? » Dans un léger ricanement, une de ses mains passant dans sa nuque, Rearden se sentit plus épuisé que jamais : il n’allait pas bien, indéniablement. « A ton avis ? Je me retrouve dans un pub de fugitif, avec officiellement le statut de fugitif. J’ai été trahi par ma meilleure amie et je découvre que tu es un Exécuteur. » Avant qu’il n’ait pu répondre, Rearden esquissa un geste comme pour lui concéder qu’il avait peut-être de bonnes raisons d’être devenu ce qu’il était devenu, qu’importe. Il aurait voulu pouvoir lui parler de Doraleen également, du projet Live Bait dans lequel il avait failli tomber, mais sa méfiance réflexe le poussa à ne rien n’en faire. Doraleen était officiellement morte, et c’était mieux ainsi pour elle. « Avec la rupture des frontières, y’a peu de chances que je puisse aller où que ce soit... mais à part ça, tout va bien. » C’était un bon bilan de ce qu’il était devenu, avec une pointe de sarcasme dans la voix : indéniablement, Eyron semblait mieux se porter que lui, même s’ils semblaient avoir connu tous les deux leurs lots de mésaventures.

Un rien de temps avait suffit à rendre la vie d’Eyron plus compliquée qu’il ne l’aurait imaginé. Il avait été habitué à la simplicité de la vie à Poudlard. Il avait l’habitude des rires de joie dans la salle commune de poufsouffle, il avait l’habitude des fêtes et de tous les trucs simples qui avaient longuement été son quotidien. Maintenant, bien qu’il ne soit pas le plus à plaindre, sa vie ressemblait d’avantage à un cauchemar. La victoire de Voldemort était la pire chose qui puisse arriver au pays, bien que son père ne pensait certainement pas la même chose. Le mangemort devait se réjouir des lois bloodstream ou du bannissement des nés-moldus, de tous ces gens qui étaient enfermés à Azkaban en disparaissait sans explications ou qui ne pouvaient sortir qu’en recevant la marque, quand on ne se contentait pas de les exécuter en publique devant gringotts. Cette situation plaisait certainement aux gens comme Moses Fleming et Eyron aurait largement préféré se retrouver en fuite avec son meilleur ami plutôt qu’en sécurité aux côtés de son père. Il ne manquait de rien et n’avait certainement pas besoin de se cacher au quotidien, mais ça ne rendait pas les choses plus faciles à vivre. Il était condamné à une vie qu’il n’avait pas choisie et il ne pouvait s’empêcher de penser à Serah à tout ce qui allait lui arriver s’il désobéissait à son père. Il avait déjà désobéi un certain nombre de fois, incapable de rester dans les rangs. Ce soir, par exemple, il aurait dû attraper Rearden, ou les autres fuyards du bar, mais il n’en ferait rien et comme toujours, il trouverait de bonnes excuses pour expliquer les choses à son père. Ça pouvait durer un moment, jusqu’au jour où il aurait trop joué avec les nerfs de Moses Fleming et ce ne serait pas lui qui en paierait les conséquences. « Désolé, mauvaise question. » Il aurait mieux fait de tourner sa langue dans sa bouche avant de parler, c’était d’ailleurs souvent le cas, parler sans vraiment réfléchir, un terrible défaut qu’il avait depuis des années, certainement depuis qu’il savait parler. « C’est Sara qui t’a trahi … » Il baissa les yeux au sol un moment, cette même Sara qu’il allait devoir épouser, parce que c’était une sang-pure, qu’il était un sang-pur et que forcément, leur union était évidence. « Elle est bizarre ces derniers temps … » Impossible de savoir pourquoi elle était si bizarre, elle était devenue aussi bavarde qu’un mur. « Moi, je ne te trahirais pas. Si tu connais d’autres fugitifs qui on l’habitude de venir dans le coin, dit leur d’arrêter. Je peux gagner du temps, mais quelqu’un d’autre viendra. » Et il y avait aucune chance pour que ce quelqu’un soit plus sympathique que lui. Gagner du temps pour aider quelqu’un, ce ne serait pas la première fois qu’il le ferait, certainement pas la dernière non plus.

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C’était comme si le corps de Rearden était subitement devenu aussi froid que la rue dans laquelle il se trouvait ; face à face avec son meilleur ami. Meilleur ami ? Une part de lui ne pouvait s’empêcher de calculer les probabilités pour qu’ils soient encore amis, d’une certaine manière. C’était pourtant avec Eyron, qu’il avait fait le mur certains soirs à Poudlard, pour rôder dans des endroits interdits – c’était avec Eyron, qu’il avait traversé un pan de la forêt interdite, persuadé qu’il s’y passerait quelque chose de palpitant. C’était avec Eyron qu’il avait été assez stupide pour croire qu’il pourrait trouver lui-même la Chambre des Secrets. Avec Eyron qu’ils avaient préféré les cuisines aux grandes aventures nocturnes, d’autres fois. C’était même ensemble, qu’ils avaient traversé la dure épreuve du Bal de Noël en quatrième année, assommés par leurs cavalières à certains moments. Eyron, sans prétention, pouvait se vanter de tout savoir sur le jeune homme qui lui faisait face, et subitement, Rearden doutait du cas inverse. C’était cette foutue guerre qui les avait séparés, qui avait transformé les couloirs de Poudlard en de longs chemins pavés d’infernaux instants. A mesure que l’ambiance était devenue de moins en moins joyeuse, quelque chose avait faibli entre les deux meilleurs amis ; peut-être la possibilité d’être naïfs, de ne penser à rien d’autre qu’aux quatre cents coups qu’ils feraient ensemble. Ce soir, le glas de leur amitié sonnait, et subsistait une intuition en le sorcier qui lui murmurait que ce n’était pas plus mal comme ça : au fond, si Eyron l’aidait, il mettrait Serah en danger, et Rearden portait déjà assez de morts sur sa conscience. D’un autre côté, pouvait-il vraiment prétendre lui faire totalement confiance ? Oui, aurait-il répondu sans l’once d’une hésitation la veille à peine. Mais là, la gorge sèche, le corps tendu prêt à agir au moindre geste potentiellement menaçant, la situation s’avérait plus compliquée qu’il ne l’aurait cru, au plus profond de lui. « En ce moment ? Tu veux dire quand elle a dénoncé la moitié des membres de l’Armée de Dumbledore aux Carrow ? Quand elle a rejoint les Mangemorts pendant la bataille ? » Il lâcha un ricanement, carrément amer, avant de hausser les épaules. « Vous devriez vous marier, vous avez apparemment tous les deux des très bons prétextes pour expliquer ce que vous faites. » Et encore une fois, Rearden connaissait bien Serah, ne savait même pas ce qu’il ferait dans la situation d’Eyron – mais il n’avait pas pu s’empêcher de parler, sa langue de fourcher. Il pinça les lèvres, avant de soupirer. « Je reviendrai pas. Mais on fait quoi des gens que je connais pas ? Je les laisse crever ? » Ce n’était pas son genre – à défaut d’avoir sauvé sa sœur, Rearden était pris de l’ego du héros, il voulait sauver tout le monde, quitte à en faire trop.

Si seulement il avait été possible de revenir dans le passé, Eyron aurait accepté sans poser de question. Le présent tout comme le futur qui se dessinait lentement mais sûrement devant lui étaient bien trop sombres. Ils avaient perdu la guerre et même la pureté de son sang n’avait pas réussi à lui épargner les ennuis. Il avait pourtant beaucoup compté là-dessus pour s’en tirer. Résigné alors que le combat était perdu et que Serah n’était plus là, il avait voulu croire que son sang allait le protéger et qu’on lui foutrait la paix. Qu’il puisse vivre assez longtemps tranquillement, économiser suffisamment d’argent grâce à son boulot pour pouvoir rejoindre Serah en France sans avoir à demander quoi que ce soit à sa mère. Il n’aurait jamais retrouvé la jeune femme, même en allant en France. Elle avait été enfermée à Azkaban, il l’avait appris bien tard et son père s’était servi de ça pour le manipuler. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça. Est-ce qu’il avait un autre but derrière tout ça que celui d’emmerder son fils ? C’était une question qu’il se posait bien souvent mais à laquelle il n’aurait jamais de réponse. Il aurait voulu pouvoir effacer tout ça. S’enfuir avec Serah avant la bataille de Poudlard, partir le plus loin possible avec elle pour éviter qu’ils ne se retrouvent dans cette situation. Peut-être même qu’il n’aurait jamais dû remettre les pieds à Poudlard. Nombreux étaient ceux qui avaient fait ça. Doraleen avait fuit l’école, elle ne s’en sortait peut-être pas mieux aujourd’hui, puisqu’elle était morte, mais n’empêche qu’il aurait peut-être dû faire comme elle. Les choix qu’il avait fait avaient de toute façon étaient mauvais, ils l’avaient mis dans une position qu’il détestait. Il avait perdu Serah et en cet instant, il réalisait qu’il était également en train de perdre Readen. Sa petite amie, son meilleur ami et tout ça au profit de quoi ? D’une famille qu’il maudissait plus que tout au monde. « Ouais ça aussi … » Sara avait complètement pété les plombs depuis un moment, mais Eyron était sûr qu’il y avait une raison à ça. Il voulait croire qu’il y avait une raison à tout ça, qu’elle n’avait pas simplement retourné sa veste. Il fallait qu’il y ait une explication dans le comportement de Sara. Il ne voulait pas penser le contraire. Il ne pu s’empêcher de lever les yeux au ciel quand Rearden suggéra qu’il épouse Sara, il ne savait pas sur quoi il venait de mettre le doigt. « Au moins tu serais bien d’accord avec nos parents sur ce point. » Malheureusement, il ne savait pas trop pourquoi, mais il avait été décidé qu’il allait épouser Sara, il fallait bien conserver la pureté du sang et compagnie, alors forcément Sara serait forcément mieux que Serah. « Je suis désolé, je ne peux pas faire mieux. » Ils avaient sans doute tous les deux appris durant cette guerre qu’il était impossible de sauver tout le monde. Ils essayaient, mais c’était impossible. Lui-même malgré sa position et sa volonté de sauver Serah au profit des autres, il ne pouvait pas s’empêcher d’essayer, c’était ce qu’il faisait encore ce soir, après tout, aucun autre exécuteur n’aurait laissé l’opportunité à Rearden de sauver sa propre peau ainsi que les vies de ceux qu’il connaissait.

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La guerre était si épuisante, si dangereuse qu’elle semblait déjà avoir duré des années ; parfois, Rearden avait le sentiment qu’il avait perdu Iris dans une autre vie, mais que la douleur était toujours aussi tangible, glaciale au creux de ses veines. Sans sa petite-soeur, que lui restait-il ? Il avait Doraleen, ce secret bien caché entre ses lèvres, qu’il devait absolument préserver de la mort qui l’avait soit-disant frappée. S’il ne pouvait la détester pour avoir agi ainsi pour sauver sa peau, voir le trait de bravoure et de volonté dans les actes de son meilleur ami, était bien plus difficile ; peut-être bien parce qu’à Poudlard encore, il avait tenté encore et encore de saisir les changements de Sara, quels lourds secrets l’avaient poussée à changer de la sorte. Passer de sa meilleure amie, à sa meilleure ennemie, trahissant tout ce qu’il avait pu lui confier, les promesses silencieuses qu’ils s’étaient faites l’un à l’autre en commençant à se lier. Rearden avait ressenti une affection sincère pour la brune, se perdant à imaginer que ce lien ne disparaîtrait jamais ; mais Sara avait tout envoyé en l’air. Eyron envoyait tout en l’air. Pourquoi est-ce qu’il fallait que les choses soient si compliquées ? A sa manière, comme un meilleur ami gravitant trop souvent dans leurs petits moments en tête à tête, Rearden était rentré lui aussi dans la vie de Serah, avait découvert sa fraicheur, sa bonne humeur, cette douceur qui avait fait craquer Eyron - impossible de ne pas l’apprécier ; Merlin seul savait à quel point Azkaban pourrait la changer, la détruire. Il ne voulait pas y penser, ne pouvait blâmer Eyron pour essayer, même si ça se sentait à plein nez, que toutes ses tentatives pour la sauver seraient vaines. Et les paroles d’Eyron ne firent que remuer le couteau de sa rancoeur dans une plaie béante ; si l’instant auparavant le jeune homme avait eu le regard fuyant, il décocha un coup d’oeil à son meilleur ami, le désignant du doigt. « Ah, parce que toi et Sara, vous... ? » Il ne finit pas sa phrase, haussant les sourcils, circonspect, un brin inquiet subitement - si Sara avait fini par changer du tout au tout, combien de temps leur restait-il avant que ce soit Eyron qui le vende au plus offrant ? Elle était presque loin de lui, la jalousie amère qui avait glissé dans ses veines ; Eyron savait bien dans quelle position il se trouvait, à épouser celle que son meilleur ami avait prétendu aimer il y a à peine quelques mois - Eyron n’avait cependant pas trouver de meilleur moyen d’annoncer la nouvelle. Il soupira, faisant un pas en arrière quand son interlocuteur ouvrit à nouveau la bouche, en des mots qui ne lui ressemblaient déjà plus ; il était abattu, c’était normal, pourtant jamais il n’aurait cru le voir baisser les bras, s’incliner de la sorte aux forces qui se jouaient ici - Rearden luttait, mais Rearden avait tout perdu. « Tu sais quoi ? Félicitations, parce que vous êtes vraiment faits l’un pour l’autre. » La voix tremblante d’un énervement palpable, glissant à ses veines, Rearden reprit finalement, toisant son meilleur ami : « C’est pas grave de toute manière, je ne connais plus personne qui mérite d’être sauvé. » Un frisson le parcourut ; il y avait une part de lui qui parlait à travers ces mots, pourtant, c’était une colère insoupçonnée qui le dominait - il se souvenait bien de la dernière fois qu’un tel sentiment pur et dur comme l’acier, l’avait traversé. Ça avait été avec Doraleen, il avait manqué de la blesser, lui faire du mal sans même s’en rendre compte ; depuis, il n’avait même pas osé retourner la voir, fuyant, fuyard. Là, tout lui revenait en pleine face, lui faisant crisper un poing comme s’il cherchait à s’ouvrir la paume de ses ongles, dans un souffle, Rearden tenta de se reprendre, serrant de son autre main son poignet douloureux. « Je-je dois y aller. » Son ton de voix avait déjà bien changé, il n’aurait pas eu l’intention de battre en retraite de la sorte, mais Rearden ne savait pas ce qui pouvait arriver à nouveau, s’il perdait les pédales, il ne comprenait même pas encore ce qui lui arrivait.

Eyron avait toujours su que ses choix seraient difficilement compréhensibles par ses proches. Ils l’étaient déjà pour lui. Avec cet uniforme sur le dos, espérer retrouver Rearden dans de bonnes conditions était impossible. Il n’avait pourtant jamais voulu imaginer le pire. Il était las de toujours voir le pire. Il aurait voulu que pour une fois, les choses soient simples. Impossible, bien-entendu. Depuis le début de la guerre, plus rien n’était voué à être facile. Maintenant que l’ordre du phénix avait perdu le combat, c’était pire encore. Il ne savait pas à présent, si un jour, ils pourraient retrouver tout ce qu’ils avaient pu avoir. Avec Rearden comme avec les autres. Peut-être que si la guerre se terminait un jour, les choix qu’on l’avait forcé à faire le conduirait tout droit à Azkaban. Est-ce que quelqu’un se donnerait pas peine d’essayer de voir les motivations derrière l’uniforme ? Il semblait que Rearden lui-même, son meilleur ami, avait bien du mal à les voir, alors des personnes qui ne le connaissait pas ? Ils n’en auraient rien à faire. C’était fini. Tout ce qu’ils avaient pu être était fini et rien ne pouvait changer ça. Il ne pouvait pas revenir sur ses choix. Il avait choisi Serah face au reste du monde et il ne voulait pas la laisser tomber. Tant pis pour ce qu’il perdait à côté, il était prêt à vivre avec, ou du moins, il se croyait prêt à vivre avec ça. Dans les faits, c’était, bien évidemment plus compliqué et même s’il cherchait à le nier, cette rencontre avec Rearden allait hanter ses pensées pendant un moment, peut-être pour toujours. Il soupira. Sara et lui. Oui. C’était inattendu pour lui et peut-être qu’il aurait dû trouver un autre moyen de dire les choses à Rearden, bien que de base, il n’avait pas eu l’intention de lui en faire part, pas pour l’instant, il était son meilleur ami, mais garder le silence sur cette union lui avait paru la meilleure chose à faire, cependant, il s’était senti obligé de rebondir sur ses paroles, stupide comme il était. Il retint difficilement un nouveau soupire suite aux paroles de son camarade, comme si ça l’enchantait lui, de se retrouver fiancé avec Sara quand, chaque choix qu’il faisait dans sa vie, il le faisait dans le but de sauver la femme qu’il aimait et qui n’était pas Sara. « Je suis désolé, mais crois moi je ne suis pas franchement enthousiaste non plus. » Il n’en voulait pas de ses fiançailles, il ne voulait pas de Sara à ses côtés, même s’il essayait de la comprendre, de savoir pourquoi elle agissait comme elle le faisait, ça ne voulait pas dire qu’il voulait l’épouser. « Serah le mérite. » Elle méritait d’être sauvée elle. Au fond de lui Rearden devait au moins savoir ça. Serah était une fille bien. Elle n’avait jamais retourné sa veste comme l’avait fait Sara, elle n’avait pas choisi une voie qui n’était pas la sienne comme lui il le faisait. Elle méritait d’être sauvée et s’il fallait que Rearden retienne une chose de ce qu’ils s’étaient dits ce soir, il voulait que ce soit celle là. Il aurait dû le savoir par avance, au terme de tous ces moments où il lui avait parlé de Serah et de ce qu’il éprouvait pour elle ; il n’y avait rien qu’il serait incapable de faire pour la jeune femme. Le ton de son camarade avait bien changé, plus froid que jamais. Il n’y avait plus rien à tirer de cette rencontre. Partir chacun de leur côté était la meilleure chose à faire à présent. « Ouais, moi aussi. » Mieux valait en finir ainsi plutôt que de rendre les choses encore plus compliquées qu’elle ne l’était déjà. « Je suis désolé, vraiment. » Il l’était, mais il n’allait pas revenir sur ses choix. Il adressa un dernier regard à son ami avant de lui tourner le dos, prêt à s’éloigner, à partir et ce dernier regard était peut-être le dernier qu’il poserait jamais sur Rearden, à présent toutes les années d’amitié qu’ils avaient partagé à Poudlard étaient brisées.

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