---

NOM : tout comme l'Argent, son nom de famille est immuable, froid et inflexible ; les racines de son nom vont jusqu'en France, où, à l'époque du Moyen-Âge, de nombreuses rumeurs bien étranges entouraient ses ancêtres. PRÉNOM(S) : il décrit une certaine douceur, cet aspect fragile qui s'est gravé sur sa peau d'opale, Serah est un prénom qui rattache à la sensiblerie, une fragilité de cristal qui s'effrite sous des mains violentes. Violet est une fleur, aux pétales éclatants de couleurs, fragiles pourtant sous les rayons du soleil ; de par les profondeurs de sa personnalité, elle n'a jamais cherché à être un Ycarus atteignant le soleil, mais elle est une fleur à éclore pour laisser déborder sa nature. ÂGE : enfant qui a tout juste quitté les bras de ses parents, la brune flirte à peine avec sa dix-huitième année et à chaque aurore, il lui semble que le jour qu'elle vit sera le dernier. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : c'est le jour du vingt-deux juin que cette petite graine de vie a fleuri d'entre les bras de ses parents ; portée par leur amour, leur bonté, c'est dans la ville française de Lyon qu'elle a passé ses premières années, pleine de candeurs, de doucereux souvenirs qu'elle ne touche plus guère désormais. STATUT DU SANG : elle est une tare, une impie bannie par ce monde qui lui a ouvert les bras sans qu'elle n'en demande rien - au creux de ses lèvres, son sang est de fer et de globuline, rouge comme une rose en pleine floraison ; mais Serah est une sorcière d'ascendance moldue, longtemps regardée étrangement par des parents débordés par ce qu'elle était. Aujourd'hui, dévisagée comme si elle portait sur sa face, le masque de la disgrâce. MAISON : ce sont les jaunes et argent de Poufsouffle qui l'ont accueillie à leur table le jour de son arrivée : sept années de bonheur intense, d'une candeur démesurée qui la rendent presque trop vulnérable dans le monde actuel. NIVEAU D’ÉTUDES : brillante élève très appliquée et impliquée, touche à tout ayant soif de connaissances, Serah est détentrice de la totalité de ses diplômes, BUSES et ASPICS. L'on a dit depuis qu'elle a triché, que sa légitimité envers ce savoir est nul et volé à autrui, la brune n'en reste pas moins une brillante sorcière. EMPLOI : tremblante, instable, Serah n'est aujourd'hui que l'ombre de ce qu'elle avait été ; autrefois appliquée et doucereuse, elle avait été l'employée modèle de chez Fleury et Bott sur le Chemin de Traverse, jamais plus il ne semble qu'elle aura d'avenir dans le monde de la magie désormais. LIEU DE VIE : comme une ombre, un démon de vieilles légendes, un spectre qui s'est envolé dans le néant, Serah se fond dans la noirceur des rues, erre jusqu'à en perdre l'équilibre. Elle ne vit plus nulle part, n'existe plus dans aucun esprit ni aucun cœur, dans le monde qui l'a arrachée, trop jeune, aux bras de ses parents, elle n'est désormais qu'un parasite sans maison. BAGUETTE : bois de tremble, plume de phénix, 33cm, il lui est impossible de savoir où elle l'a perdue, quand elle a été dépossédée de ce qui faisait toute son identité de sorcière ; dans sa tête, c'est le néant, et sa plus fidèle compagne n'est plus qu'un lointain souvenir. GROUPE : Live Bait. CÉLÉBRITÉ : Zoey Deutch. CRÉDITS : tumblr.

A savoir sur ton personnage

---

Serah, c'est le charme au naturel, un sourire qui trace la commissure de lèvres rosées, un regard qui pétille avec naïveté sur le monde ; simple, gracieuse, généreuse, Serah était cette petite fleur qui s'épanouissait à longueur d'année : elle trouvait le sourire dans n'importe quelle circonstance, apportait douceur et tendresse dans le plus froid des cœurs ◊ dans les reflets de sa crinière, les éclats de ses iris, se cache l'élan rebelle de la née-moldue attaquée qu'elle est : Serah a révélé un ardent caractère, une attitude bornée à toute épreuve. De ses yeux sombres, dénués de sentiments, elle a toisé nombre de ses ennemis avec défiance, sans la moindre prudence. Déterminée, ingénieuse, calculatrice, elle est de ceux qui s'accrochent à leurs assurances comme les chaînes qu'on impose à leurs poignées ; Serah puise ses forces des injustices dont elle est victime, et sa volonté ne faiblira jamais ◊ de ses yeux sombres, la jeune femme a toujours ardemment désiré voir le monde tel qu'il était : réaliste, pragmatique, elle s'octroyait le luxe d'être un brin rêveuse qu'en certaines circonstances, se contentant la plupart du temps d'être mature, réfléchie et avec les pieds sur terre. Dans n'importe quel paysage, elle est capable de distinguer une certaine beauté, un esthétisme indéniable propre à tout ce qui l'entoure. ◊ elle a toujours aimé passionnément, en offrant tout son cœur ; détesté avec toute la haine qu'elle pouvait avoir en elle, ressentir une trahison avec la moindre de ses entrailles, s'accrocher avec une volonté à même de l'aider à déplacer des montagnes, à retourner le cours de la terre. Non pas ambitieuse, mais déterminée et farouche, Serah est de ces indomptables beautés sauvages et impérieuses. ◊ passionnée, ardente, c'est à gorge déployée que Serah a vécu ses passions, plus moldues que sorcières la plupart du temps : si la magie est un monde auquel elle s'est accoutumée plutôt vite, ses origines, elle les tire d'une famille moldue, d'un monde duquel elle sait déjà tout. Jamais le Quidditch n'a attiré Serah, tant de son père, elle a appris la passion pour le rugby, l'avalanche de joie qui pouvait s'étendre dans un gradin de supporters, vibrant à l'unisson. Serah est une fan déterminée, prête à s'égosiller au moindre match de l'équipe qu'elle supporte ; droite comme un "i" elle vit la moindre compétition sportive moldue comme la plus grande guerre qui soit. ◊ petite biche au regard attendrissant, Serah est une amoureuse douce, taquine, maligne, impliquée ; Eyron est l'homme qui a su décrocher son cœur, celui qui l'habite complètement, la fait vibrer plus encore que les plus heureux moments de son existence. Il habite le voile de ses paupières, l'écran de sa rétine, ses rêves les plus réconfortants, où elle se blottit contre lui sans ne plus jamais penser aux horreurs derrière elle : le corps endoloris, l'esprit épuisé, le naturel piquant de Serah s'est éteint du fond de ses yeux, elle n'en reste pas moins celle qui s'accroche éperdument à ce qu'elle veut, coûte que coûte, retrouver. ◊ l'esprit sanglant de la née-moldue se traduit aujourd'hui par les profondes cicatrices qui parsèment sa peau : nerveusement, d'une peur assassine la dévorant de l'intérieur, Serah s'est déjà gratté plusieurs parcelles de peau jusqu'au sang. Ses doigts, si impeccablement soignés à une époque, ne sont désormais plus que des ongles rongés jusqu'au sang, une peau qui craquèle, blanchit, se meurt lentement mais sûrement. Sur les bras de la brune, il est possible de voir des plaques, traduction corporelles du mal qui s'est emparé d'elle, la pousse peu à peu à se détruire. ◊ a germé dans l'esprit de la rebelle sorcière, une toute autre part, un genre de démon qui prend parfois le dessus sur celle qu'elle avait été : littéralement changée par l'expérience qu'elle a vécu au Ministère de la Magie et au sein de la prison d'Azkaban, elle est rattrapée par les démons de ses cauchemars, des visions qui frôlent son épaule, la poignardent dans le dos et électrifient tous ces sens. Serah  ne maîtrise plus rien, et chaque jour passant dans cette solitude froide ne fait qu'agrandir son malêtre : perdue, désorientée, Serah ne se guère plus compte au combien elle est affamée, assoiffée, perdue. ◊ il semble bien qu'il s'est écoulé une décennie déjà, depuis qu'un mot est sorti d'entre les lèvres de la brune : autrefois farouche, si encline à ouvrir la bouche pour déverser son venin dédaigneux sur ses ennemis, aujourd'hui, il semble que la gorge de la jeune femme est si asséchée, qu'il n'y a que le silence d'un mutisme profond, qui peut lui servir d'expression. ◊ fille d'un féru de musique, Serah a grandi dans un environnement porté par les groupes mythiques du pays anglais, elle est une guitariste et une pianiste hors pair, pratiquant depuis sa plus tendre enfance, et toujours encline à garder ses dons d'origine, quitte à, parfois, délaisser la magie qu'elle a découvert il n'y a que quelques années à peine. Très attachée aux siens, quitter son pays natal avait été une épreuve, un déchirement qui l'avait dépossédée d'une part de son cœur, celle qui survit encore, quelque part, avec ses parents, les siens. Eyron.


TON PERSONNAGE ET LA SITUATION ACTUELLE ?

---

Ses pensées, ses songes s'effacent, s'envolent. Rien. Vide. Noir sans fond. Dans sa tête, c'est un trou noir qui s'est ouvert, et happe chacune de ses pensées à peine nait-elle. Serah frôle la folie, Serah s'effrite à mesure que chaque jour passe ; de ses yeux vides, elle observe, de loin, le monde qui devient Enfer, pavé d'aucune bonne intention. Il fait froid jusqu'à lui glacer les os, il fait noir jusqu'à la rendre effrayée par le moindre souffle de vent. Qu'importe ce que devient le monde, tandis que la brune ne devient qu'un fantôme flottant à quelques centimètres du sol, quelques songes égrenés de la réalité. Serah n'arrive plus à la toucher, l'effleurer de quelque sorte que ce soit : ses moments de clairvoyance sont contrebalancés par la peur, la rage, la folie. La haine pure et dure, aussi glaciale qu'un métal fiché dans ses côtes. Serah déteste. Serah se meurt, sa peau, son être tout entier se flétrit, abandonné, oublié. Elle s'en fiche du monde de la magie ; elle s'en fiche des autres tant le désespoir l'absorbe et la dévore, tant elle voudrait tout détester, tout renier. Remonter sept années en arrière, tout oublier, ne jamais être devenue une sorcière.

---

TON PETIT PSEUDO+PRÉNOM : nemeton (elsa). TON ÂGE : 21 ans. PAYS : the shire, cul-de-sac, imma hobbit. TU AS TROUVÉ PI PAR : ANNABELLE !   ramène tes fesses caramélisées mon salsifis. TON AVIS SUR PI : il pue du cul, mais crottin de cheval, y'a des copines que je peux pas saquer partout, mais je fais un effort pour ma prune d'amûr. DÉSIREZ-VOUS UN PARRAIN ? : tu veux être mon parrain ? j'te montre mes seins    UN DERNIER MOT : femme ! tu nous abaubis les oreilles ! rabats un peu ta casquette !

---

Au creux du cou d’Eyron, elle humait le parfum de sa peau. Enivrant, comme un voyage en bateau sur le plus imprévisible des océans. Être loin de lui faisait un mal de chien, le retrouver était encore pire, pour quelques secondes, le temps qu’elle se sente à nouveau vivre, le cœur battant à toute allure, tout contre lui. De ses bras puissants, il venait d’entourer sa taille, provoquant au fond de son ventre ces petits papillonnements sur lesquels il n’y avait aucun mot, aucune expression à mettre. C’était indescriptible, la joie toute logique et imprenable qu’elle ressentait : c’était comme une épaisse barrière qui se dressait entre elle et tout le reste du monde, ce qui pourrait la blesser. Ne la blesserait jamais tant qu’ils étaient tous les deux. Il y avait des mauvaises nouvelles qui gravitaient tout autour d’eux ; des histoires de famille qui poursuivaient Eyron. Pour une fugace seconde, ils effaçaient pourtant tout l’un pour l’autre, et survivaient un tant soit peu dans l’espoir que tout ne soit que loin. Loin. La guerre avait cependant frappé Londres de plein fouet, quelques rues plus loin d’où ils se trouvaient : et à nouveau, contre la peau de son petit-ami, Serah dû se faire bataille pour ravaler un sanglot. Les choses tournaient mal, et le sourire innocent, doucereux qu’elle avait eu, n’avait été que de courte durée. Comme leur tranquillité. Parler les blesserait. Parler ramènerait la réalité autour d’eux, le monde et tout ce qu’il se passait dans celui-ci : elle ne voulait pas, alors quitte à se couper la respiration sans plus avoir d’air dans les poumons, la brune plaqua ses lèvres contre celles d’Eyron. Une seconde. Deux. Plusieurs, d’infinis instants qui s’envolèrent comme une poignée de sable au vent. « Serah. » Qu’il ne parle pas. Surtout qu’il ne parle pas : la supplication manqua de sortir d’entre ses lèvres d’un ton plaintif. Que pourraient-ils faire ? Elle savait ce qu’elle avait à faire, elle savait ce qui lui arriverait. C’était ici qu’il y avait sa famille pourtant, cette vie qu’elle avait choisi de faire dans le même chemin qu’Eyron, pour quelques kilomètres en tout cas. Qu’il ne parle pas, pitié, qu’il ne parle pas. Ses fins bras se resserrant autour des épaules du jeune homme, ses mâchoires se collèrent l’une contre l’autre avec force. Ses parents ne voudraient pas qu’elle se mette en danger ; elle devait vivre, elle devait les protéger. Elle devait…

« Fais pas ça, pas maintenant. » Un souffle, une supplication qu’elle venait de glisser au creux de son oreille. Elle voulait retarder l’instant, même si tout ceci était vain, comme une fuite désespérée face un ennemi beaucoup trop grand : celui-ci aurait tôt fait de les engloutir s’ils restaient paralysés de la sorte. Depuis deux ans déjà, c’était comme si cette ombre avait pesé dans le sillage d’Eyron, ses origines revenant à la surface tout comme les siennes en viendraient à le faire également. La gorge serrée, Serah aurait voulu hurler qu’elle n’en avait rien à faire ; du sang qui coulait dans ses veines à lui, d’au combien elle n’était pas assez bien pour lui à l’avis de certains. Elle ne voulait pas partir, rester accrochée à ce sol comme si elle y avait été clouée. Être avec ses parents, avec Eyron. A Londres, où elle construisait sa vie. Prête à partir pour Poudlard d’ici peu ; curieusement, c’était bien la seule fois qu’elle voyait Eyron en dehors des couloirs de l’école, préférant passer son été en compagnie de sa famille, et consacrer toute l’année scolaire à sa petite idylle avec Eyron. Mais tout était différent aujourd’hui, et ce n’était pas pour profiter d’une belle journée d’août qu’ils s’étaient retrouvés. C’était, en quelque sorte, pour tourner une page. Se dire Adieu. S’accrocher irrémédiablement à ce qui les enchaînait l’un à l’autre : un regard, la douceur de ses caresses, l’odeur de ses cheveux ; tant de spectres qui la poursuivraient, où qu’elle aille.

---

---

Imperturbable, silencieuse comme une statue de marbre, la brune n’avait pas cillé depuis de longues secondes déjà : peu à peu, par la petite meurtrière creusée dans l’épaisse paroi de sa cellule, le soleil était venu lécher sa peau blanchâtre pour la bénir d’un peu de douceur. Une infime trace de bonheur, au milieu du chaos qu’elle traversait, pieds et mains enchaînées au sol : alors qu’elle n’avait trouvé pour seule occupation que de gratter le sol humide de sa prison, Serah avait désormais les ongles plus noirs qu’elle ne les avait jamais, douloureux comme si on les lui avait arrachés un à un. S’ils la torturaient encore, sans doute le quotidien serait-il moins insupportable encore, que la solitude atroce qu’elle ressentait, l’ennui qui avait fini par paralysé chacun de ses muscles endoloris. A longueur de journée, elle restait assise ici, le regard dans le vague, la gorge sèche, les lèvres gercées par l’air marin et iodé qui arrivait jusqu’à ses narines. La brune savait exactement où elle était, rien que par l’aspect perturbé et cauchemardesque de ses nuits, elle avait su. Azkaban n’était pas un lieu pour elle, Azkaban abritait aujourd’hui des êtres qui n’avaient aucune légitimité à être ici : ils voulaient la marquer au fer rouge comme un bovin, s’assurer que plus jamais elle ne volerait de baguette à un sorcier véritable. Des paroles qui lui avaient brûlé les tympans, et l’avaient faite hurler pendant plus de deux jours du fin fond de sa cellule : Serah n’était pas un animal à même d’être maltraité, elle n’était pas tout juste bonne à être bannie d’un monde auquel elle n’avait rien demandé, avant que l’on vienne l’arracher de chez elle pour l’emmener à l’école de magie. Une situation qu’elle regrettait amèrement désormais : qu’ils la reprennent, leur baguette, qu’ils lui ôtent ses pouvoirs s’ils le voulaient ; ce que les Détraqueurs lui prenaient cependant, à chaque fois qu’ils passaient à quelques mètres d’elle, ce n’était cependant pas ce qui faisait d’elle une sorcière. Mais ce qui faisait d’elle Serah, la douce, la gentille ; la fille de ses parents : peu à peu, leurs visages s’effaçaient à ses souvenirs, et quand elle fermait les yeux, parfois, elle voyait des têtes de mannequins, dénués de traits à la place de ceux des gens qui l’avaient élevée, aimée, pendant toute sa vie. Un roc profondément ancré dans son estomac, la brune rebelle n’accorda pas la moindre œillade au plat vulgairement jeté dans sa cellule par un gardien qui passait par là : comme d’habitude depuis quelques temps, celui-ci frappa sur les barreaux de sa cellule, lui harcelant les tympans jusqu’à lui arracher une grimace.

« Tu sais ce qui arrive, si tu manges pas. » Ils avaient été prêts à lui laisser crever la dalle au fin fond de son instinct rebelle jusque-là, pourtant, depuis quelques temps, ses gardiens lui paraissaient farouchement déterminés à la garder en vie : qui pouvait bien avoir décidé ça pour elle ? La rage brûlant au fond de ses veines, Serah ramassa le bout de pain rance qui accompagnait cette espèce de bouillie qui constituait tous ses repas de la journée, et le lança en pleine tronche du sorcier. La punition ne se fit pas attendre, dans un sortilège électrisant l’air et vidant littéralement les poumons de la brune ; elle tomba, roulée en boule sur le sol, tous ses muscles déchirés par le Doloris que son gardien se faisait un plaisir de lui lancer. Des larmes acides roulant sur ses joues, la farouche née-moldue serra les dents pour retenir le moindre cri, quelque manifestation de douleur que ce soit, si ce n’est la crispation incontrôlable de chaque fibre de son corps, de sa peau fragilisée. Si elle n’avalait pas son soi-disant repas avant le retour du gardien, il n’hésiterait pas à lui lancer un nouveau sortilège impardonnable, un Impero pour la forcer à manger. Il lui arrivait bien souvent de régurgiter ce qu’elle avalait, rien que pour la forme, quitte à s’affamer, s’affaiblir à mesure que les jours passaient. Mais le tourbillon dans lequel elle avait été avalée ne semblait pas avoir la moindre issue, ni aucun œil à l’ouragan qui lui volait tout son air ; elle préférait mourir ici que survivre avec cette rage germant au fond d’elle.

---

---

Au bout de la rue, à quelques mètres de là, c’était comme si un spectre la poursuivait, près à l’assassiner aussitôt qu’il arriverait à sa hauteur : à bout de souffler, son cœur se cognant avec rage au fond de sa poitrine, Serah, les yeux humides, ne savait même pas où elle allait. En se recroquevillant contre un pan de mur, elle plaqua ses deux mains sur son visage, essuyant les traces de sueur qui avaient manqué de couler devant ses yeux : il lui était impossible de reprendre sa respiration, déchirée entre des sanglots de tristesse infinie et de peur froide. Que lui arrivait-elle ? Dans sa tête, résonnaient des voix, des hurlements qu’elle aurait été prête à faire sortir en se fracturant le crâne s’il le fallait. Plus fort encore, elle pressa ses paumes contre son front, prête à se frapper jusqu’au sang, jusqu’à faire taire la vague de cris qui la submergeait. Tout dans la ville l’agressait, le bruit des klaxons à quelques pas de là, les voitures tournant dans l’artère principale un peu plus loin ; la pluie, qui s’échouait avec force sur ses épaules. Etait-elle en Enfer, échouée ici jusqu’à la folie ? Il lui semblait pourtant l’avoir déjà épousée sans concession, la folie pure et dure. Pourquoi était-elle ici ? Pourquoi ? Serah ne se souvenait plus ; dans sa tête, c’était une explosion de souvenirs et de sentiments qui se bousculaient sans ordre logique et ne donnaient aucun récit précis. Pourquoi ? A ses tympans résonna à présent le râle sourd des Détraqueurs, la froideur qu’ils avaient fait glisser sous sa peau à force qu’elle ne les côtoie quotidiennement : sursautant comme frappée par la foudre, Serah reprit sa course désespérée et effrénée, renversant sur son passage les poubelles derrière lesquelles elle s’était cachée. Pourquoi, pourquoi ? Que lui arrivait-il ? La gorge sèche, elle était prête à mourir, épuisée, déchirée de part en part, chaque muscle de son corps endoloris plus qu’elle n’aurait pu imaginer que ce soit possible : comment pouvait-elle survivre ? Pourquoi survivait-elle ? Son cœur, son être tout entier étaient si vides. Si froids. Ses mains tremblantes, ensanglantées, Serah ne comprenait pas, et à chaque seconde qui passait, ses songes s’envolaient encore plus vite que précédemment, lui échappaient nerveusement pour disparaître dans le néant.