Sujet: (daemon) ‹ where my demons hide Dim 19 Jan - 4:07
So this is where you fell.
‹ THE PATH TO HEAVEN RUNS TROUGH MILES OF CLOUDED HELL RIGHT TO THE TOP ‹
It's time to begin, isn't it? I get a little bit bigger but then I'll admit: I'm just the same as I was. Now don't you understand? I'm never changing who I am! So this is where you fell And I am left to sell. The path to Heaven runs through miles of clouded Hell right to the top. Don't look back, Turning to rags and giving the commodities a rain check. I don't ever wanna let you down... I don't ever wanna leave this town! 'Cause after all this city never sleeps at night...
Assise au chevet de l’enfant dont elle s’occupait depuis plusieurs jours déjà, Cerwenn tentait désespérément de faire tomber la fièvre de sa patiente. Découragée par la vacuité de ses efforts, elle retint difficilement un grognement de frustration. Si les choses continuaient ainsi, Carole, l’enfant, n’allait pas passer le mois. Et elle ne pouvait rien faire, juste l’observer- impuissante. Enfin, ce n’était pas tout à fait vrai… Il y avait bien quelque chose qu’elle pouvait tenter, mais c’était son dernier recours et également le plus dangereux. Bien entendu, cela importait peu pour la jeune sorcière. Caressant doucement les cheveux de Caro d’un air rêveur, elle se remémora comment elle les avait trouvées elle et sa mère. L’enfant plongée dans un coma qui n’avait rien de naturel et la mère, désespérée. Elles s’étaient toutes les deux réfugiées dans une des planques de Cerwenn. D’abord alertée par la présence d’inconnues, Cerwenn avait vite baissé sa baguette en découvrant l’état alarmant des deux inconnues. La sorcière avait alors tenté d’amadouer la mère qui- telle un animal blessé, était acculée dans un coin de la pièce et protégeait le corps inerte de son enfant. Au bout d’un long moment, la femme avait fini par parler. Elle était une née-moldue, tout comme elle et se prénommait Judith. Elles s’étaient rendues en juillet pour recevoir la marque elle et sa fille. Seulement, porter cette marque n’avait été que le début de leur calvaire à en juger par l’état de Carole… Dés la fin du récit de la mère, Cerwenn avait su qu’elle avait pris sa décision. Elle allait les soigner et les aider. Comme Deirdre l’avait aidée elle. Soigner Judith fut une chose aisée pour la jeune-femme, mais Carole, sa fille, souffrait de maux bien plus graves. Pour la traiter, Cerwenn avait besoin de certaines potions. Or les ingrédients servant à fabriquer ces potions lui étaient à présent inaccessibles puisqu’elle était une fugitive. Et, se présenter mine de rien sur le chemin de Traverse pour se les procurer n’était pas une option. Tout ce qu’elle réussirait à récolter en agissant de la sorte serait un allé simple pour Azkaban. Or, elle ne pouvait pas se laisser avoir. Pas maintenant que deux autres vies pesaient dans la balance. Pas après tous les sacrifices que Deirdre avait pu faire pour elle. Aussi avait-elle essayé de jouer des rares contacts lui restant, mais aucun n’avait semblé enclin à risquer autant pour elle. Cela n’avait pas vraiment été une surprise pour la jeune-femme. Ca faisait trop longtemps à présent qu’elle n’avait plus compté sur personne d’autre qu’elle-même, au final. Plus depuis la mort de Deirdre. Ne lui restait donc plus qu’une dernière solution. Daemon, le frère de Deirdre. A n’en pas douter, certainement lui serait prêt à l’aider. Ou du moins tentait-elle de s’en convaincre. Après tout, il était le frère de celle qui lui avait sauvé la vie à de maintes reprises. Aux yeux de Cerwenn, cela suffisait-il sans aucun doute à le considérer comme une personne de confiance. Ses contacts, pourtant, l’avaient mise en garde en lui indiquant le lieu où elle serait certainement à même de le trouver. Mais elle avait balayé tout leur scepticisme d’un simple haussement d’épaules. Après tout, c’était ces mêmes personnes qui- il n’y avait pas si longtemps que ça- avaient tenté de lui faire croire à la trahison de Deirdre. Et si, aujourd’hui encore, elle était persuadée de l’innocence de son amie, elle pouvait bien suivre son instinct concernant le frère de cette-dernière.
Un regard rapide à sa montre lui indiqua qu’il était temps d’y aller. Se relevant prestement, non sans jeter un dernier coup-d’oeil inquiet au corps amaigri de Carole, Cerwenn s’habilla pour sortir. L’instant d’après, elle avait transplané. Pressée, elle remontait à présent une allée aux allures assez lugubres de Londres, sa baguette bien ancrée dans sa main; cachée sous le plis de son manteau. L’endroit était calme, dépourvu de monde- exactement ce qu’elle avait cherché. Arriver sans bruit, ne surtout pas se faire remarquer. Elle n’était plus très loin à présent, mais sentait l’appréhension monter au fur et à mesure que ses pas la rapprochaient de sa destination. Et, pour la énième fois depuis que l’idée avait germé dans son esprit, la blonde se maudissait intérieurement. C’était une mauvaise idée, très mauvaise même. Et si elle se faisait prendre? Qui s’occuperait de sa patiente? C’était un risque qu’elle n’avait d’autre choix que de courir, puisqu’elle n’était absolument pas prête à laisser tomber Carole, au final. Non, ce n’était certainement pas dans son caractère. Médicomage un jour, médicomage toujours. Peu importait ce que le reste du monde magique pensait de sa place dans ce monde: elle ne pouvait laisser une enfant souffrir sans rien faire. Surtout qu’elle était douée. Si elle n’avait jamais semblé posséder les qualités requises pour lancer des grands sorts d’attaque ou de défense, la demoiselle avait toujours excellé dans l’art des potions et de la guérison dans un sens plus large du terme. Après sa sortie de Poudlard, le métier de guérisseuse s’était d’ailleurs tout naturellement imposé à elle, comme d’une évidence. Elle était faite pour ça et s’était battue pour ça - allant jusqu’à obtenir des efforts exceptionnels en métamorphose et défense contre les forces du mal- matières qui lui donnaient pourtant énormément de fil à retordre à l’époque, mais indispensables pour entrer à Ste Mangouste. Malheureusement, cela n’avait plus aucune sorte d’importance à présent. Pas aux yeux du gouvernement en place, du moins. Considérée comme une moins que rien par le monde auquel elle appartenait, Cerwenn n’avait techniquement plus le droit d’exercer la magie. Peu importait ses diplômes puisqu’ils la considéraient comme indigne de la sorcellerie. Bien entendu, elle avait toujours été assez bornée dans son genre et ne s’arrêtait plus depuis longtemps à des choses aussi basiques que des détails techniques. Contrairement à Judith, l’idée de se rendre n’avait jamais traversé l’esprit de Cerwenn, pas même un seul instant. La jeune sorcière aurait très certainement préféré mourir plutôt que d’abandonner la magie- ce qui serait surement le cas si elle se faisait prendre aujourd’hui étant donné ses piètres performances en défense. Mais bon: la magie était une partie intégrante d’elle-même. Elle ne pouvait renier sa propre identité aussi facilement, après tout. Sans aucun doute son raisonnement aurait-il été égoïste si elle avait eu un enfant ou quelqu’un à faire survivre avec elle- mais elle était seule; la plupart du temps en tous cas.
Cerwenn arriva enfin en vue de l’endroit qu’elle cherchait: une petite place isolée et tranquille de la banlieue de Londres. On lui avait indiqué que Daemon s’y trouverait ce soir-là précisément. S’arrêtant à la lisière du square, Cerwenn prit bien garde de rester dans la pénombre. Dieu seul savait qui d’autre que Daemon pouvait se trouver dans les environs. Or, elle se trouvait peu désireuse de faire une rencontre impromptue. Sentant l’appréhension monter en elle, la blonde tenta de calmer les battements frénétiques de son coeur et jeta un regard circulaire à la petite place. L’endroit était mal éclairé, aussi avait-elle l’impression d’apercevoir une silhouette pouvant correspondre à celle de Daemon, mais elle n’en était absolument pas sure. Il n’y avait qu’un seul moyen d’en avoir le coeur net: se rapprocher de l’endroit. Si cela se serait avéré mal-aisé pour n’importe qui d’autre d’avancer sur la place sans se faire remarquer, Cerwenn avait plus d’un tour dans son sac. Après s’être assurée d’être à l’abris des regards indiscrets, elle se transforma donc prestement en un minuscule écureuil roux. Furtive, elle longea ensuite la place aussi rapidement qu’elle le pu. Et quel ne fut pas son soulagement quand enfin elle reconnu sans aucun doute possible le frère de sa défunte amie. Elle n’aurait su dire pourquoi elle lui faisait tant confiance sans même le connaître et par quelle magie il arrivait à la rassurer sans le savoir. Elle lui avait quand même avoué son plus lourd secret, au final. Celui sur ses origines, se mettant par la même occasion en danger. Mais, préférant ne pas se poser de questions, Cerwenn mettait cela sur le compte de son lien de parenté avec Deirdre. Peu encline, en y réfléchissant bien, à prendre son interlocuteur par surprise, la jeune sorcière évita d’apparaitre d’un coup derrière lui. On ne savait jamais, après tout, quelles pouvaient être les réactions de l’autre face à la surprise. Or, elle n’était pas vraiment désireuse de risquer qu’il alerte tous les environs ou l’attaque avant de la reconnaitre. Réfléchissant donc à la meilleure façon d’apparaitre, elle resta encore quelques instants sous sa forme de rongeur. Elle trouva finalement la solution la moins risquée, à défaut d’être totalement sure. Cerwenn s’enfonça donc rapidement dans la ruelle la plus proche, afin de reprendre sa forme humaine sans se faire voir. Elle sortit ensuite un minuscule bout de papier de sa poche et y griffonna quelques mots à la hâte. « La ruelle derrière toi. Cerwenn. » La demoiselle plia ensuite le papier et le tapota doucement de sa baguette. Comme soulevé par une douce brise, celui-ci s’envola pour se diriger vers l’endroit où se trouvait Daemon. De longues minutes s’écoulèrent ensuite, mettant les pauvres nerfs de la sorcière à mal. Elle triturait ses cheveux, tout en priant pour que le message n’ait pas été intercepté quand enfin elle aperçu l’imposante et familière silhouette se diriger vers elle. La tension de son corps se relâcha d’un cran, comme elle sentait soudainement un sentiment de sécurité l’envahir. Parfois elle se disait qu’il fallait vraiment qu’elle arrête de se sentir autant rassurée par la présence d’autres personnes. Edwyn, Deirdre, maintenant Daemon. Elle devait arrêter de compter sur autrui, définitivement. « Bonsoir. Je suis désolée de te tomber dessus de la sorte. » Si elle se sentait moins en danger, Cerwenn n’en était pas pour autant à l’aise, bien au contraire. D’ailleurs, à force de chipoter à ses cheveux, elle allait carrément finir par s’en arracher une poignée entière. Essayant tant bien que mal de se calmer, elle détailla la personne lui faisant face. Daemon était beau, c’était un fait indéniable. Une réflexion qu’elle s’était faite dés la première fois qu’elle l’avait aperçu. Il avait également cet air indéchiffrable et posé qu’elle n’arrivait pas toujours à cerner. Et si elle n’avait jamais mis aucune malice dans ces réflexions auparavant, aujourd’hui elle le remarquait plus que d’ordinaire. Comme d’une évidence s’imposant à son esprit. Si bien qu’elle en eut presque le souffle coupé. Tentant pourtant de ne rien laisser paraître de son trouble, elle poursuivit sur sa lancée. « Je ne devrais pas être là, mais je n’avais pas le choix… J’ai un service à te demander. » Alors qu’elle formulait la pensée pour la première fois à haute voix- ou presque puisqu’elle chuchotait plus qu’autre chose, la jeune-femme se rendit compte de l’absurdité de la situation. Elle était là, à demander de l’aide à une personne qu’elle ne connaissait pas vraiment, au final. Rien n’obligeait Daemon à l’aider, ni même à simplement l’écouter- si ce n’était cette sorte de lien qu’ils avaient tous les deux avec Deirdre. Et pourtant, il était là. Il était quand même venu suite à son petit mot porté par le vent. Cerwenn tentait de voir un encouragement en cela; même si certains la traiteraient de naïve et d’idiote. « Ce n’est pas pour moi, mais une enfant. » Ne sachant pas trop comment continuer sa requête, elle s’était empressée de donner cette dernière précision. Comme pour justifier sa venue ou alors expliquer les risques qu’elle prenait, voire peut-être tenter de convaincre l’homme lui faisant face plus facilement. Peut-être tout à la fois, au fond. Elle n’en était pas bien sure, en réalité.
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Sujet: Re: (daemon) ‹ where my demons hide Mer 26 Mar - 20:37
C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Ou une aiguille dans toute une botte d’aiguille : les rues des quartiers moldus regorgeaient tant de gens que c’était le parfait endroit pour les lâches qui décidaient de se cacher, tout en restant à proximité des zones intéressantes : Londres plus particulièrement était menacée par des fantômes, se mêlant au reste de la population, silhouettes parmi tant d’autres qui se fondaient parfaitement dans le décor. Tom Flintcher était un lâche : et après un trop long séjour à Sainte Mangouste, la détermination de Daemon à retrouver cet individu n’avait pas faibli. Bien au contraire : si, jusque-là, il avait été décidé à retrouver cet homme le plus vite possible pour pouvoir retourner à son emploi confortable au sein du Département de la Justice Magique, il en allait maintenant de sa fierté de rafleur. Au moins, cette fois-ci, il n’avait plus cette moldue blonde et fouineuse pour lui traîner dans les pattes, il pourrait déjà agir avec largement plus de liberté. La présence de la femme flic dans ses précédentes affaires n’avaient fait que le ralentir, flouer les traces que Flintcher laissait derrière lui et amenuiser ses chances à lui d’avoir ce qu’il voulait, et ainsi récupérer un minimum de crédibilité face à ses collègues. Tout ça, lui était pour le moment passé sous le nez, et le sorcier s’échinait à rattraper ce qui pouvait encore l’être, quitte à ne pas retourner tout de suite à son poste confortable, derrière son bureau : le travail sur le terrain était, de toute manière, quelque chose qui lui correspondait mieux. Malheureusement, les tâches impropres comme celles-ci, réservées jusqu’à il y a peu aux rafleurs, ne rapportaient pas beaucoup d’argent à toutes les bonnes âmes qui se décidaient à se lancer dans de telles aventures : s’asseoir sur une chaise, lire des papiers et condamner des gens à Azkaban rapportait plus de gallions que courir après les criminels, de ce Nouveau Régime tout comme de l’ancien. La monnaie de ce monde n’était vraiment pas quelque chose de très équilibré, bien évidemment, et la réalité avait fait de Daemon un homme très pragmatique, déterminé : cette chasse à l’homme ne lui rapporterait rien ce soir, ou lorsqu’il mettrait la main sur cet imbécile, mais il comptait bien le faire malgré tout, rien que pour ne pas avoir à baisser les yeux lorsqu’on lui demandera des comptes. Ce Tom Flintcher n’était, après tout, qu’un traître qui se cachait parmi les moldus, un rat se planquant parmi les souris, qui ne trouvait rien de mieux à faire que transplaner pour fuir une pauvre moldue blonde à talons hauts, il n’y avait franchement pas de quoi être fier. Tôt ou tard, quelqu’un comme lui se rendrait, pour une raison ou une autre, il y avait toujours moyen de faire aisément pression sur certaines choses. Au premier abord, le fugitif semblait solitaire, sans attache et assez discret, pourtant, en creusant ses recherches plus profondément, Daemon avait eu tout le loisir de découvrir l’existence d’une soeur, sorcière certes, mais mariée à un moldu avec lequel elle avait trois enfants : trois adorables petites filles aux cheveux bouclés, blonds ou bruns : déjà bien souvent le rafleur avait eu l’occasion de croiser (par hasard bien entendu), le chemin de la jolie famille, ça lui avait suffi pour glaner quelques informations qui pouvaient lui être précieuses. La soeur du dénommé Tom n’était pas suspectée de la moindre trahison, qui plus est, elle s’était volontiers portée volontaire pour se soumettre à la Trace et ainsi protéger ses enfants, son mari et la petite vie tranquille qu’ils semblaient avoir. Seule ombre au tableau, le frère, toujours fugitif : soit elle représentait une indéniable faiblesse que Daemon pourrait utiliser à son avantage, soit il serait, quelque part, bien aisé de lui tirer les vers du nez, si cela pouvait signifier se débarrasser d’un potentiel danger pour sa jolie vie. A première vue, la jeune femme ne voulait rien avoir à faire avec le monde de la magie, qui sait, peut-être était-elle assez déloyale pour vendre son frère contre un peu plus de libertés.
Absorbé par ces masses de pensées, Daemon jetait quelques regards distraits, d’un côté et de l’autre du square. Le décor qui l’entourait avait de quoi détonner avec le climat auquel il était habitué, depuis quelques temps : certaines fenêtres des maisons étaient déjà éteintes, à croire que certains moldus ne trouvaient tellement peu à faire dans leur soirée, qu’ils se couchaient aussitôt le soleil disparu sous l’horizon. Par d’autres fenêtres, il distinguait certaines silhouettes, quelques éclats de lumière qui suggéraient que les propriétaires de telle ou telle habitation regardaient la télévision, cette chose qui avilissait toute la société moldue. C’était il y a plusieurs jours de cela, que Daemon avait premièrement posé pied ici, brisant les ampoules de quelques uns des réverbères de l’endroit grâce à sa baguette magique : personne n’était venu les réparer jusque-là, au moins, il n’avait pas besoin de veiller à ce que personne ne le voit, dans sa pénombre environnante. Une quelconque personne observant par une fenêtre ne le verrait pas, et qui plus est, la plupart des maisons de cette rue avaient des rideaux, irrémédiablement synonymes qu’il y avait plus de secrets à garder à l’intérieur qu’à l’extérieur. La maison de la soeur Flintcher était à quelques pas de là, à l’étage, une lumière s’éteignit, il avait dores et déjà eu l’occasion d’associer cette fenêtre à l’une des chambres d’enfants, à croire qu’il n’avait que ça à faire, prendre son temps, observer. Perdre son temps, en somme. Si la rapidité ne pouvait plus marcher à cause de l’idiote blonde, il fallait bien qu’il use d’autres subterfuges pour atteindre sa cible : irrémédiablement, la deuxième alternative qui se présentait à lui était celle passant par maints chemins de patience et de discrétion, ce qui n’était pas son fort en somme. Concentré dans cette mission de laquelle dépendait une grande part de sa fierté personnelle, Daemon n’avait pas pensé à demander la moindre aide à qui que ce soit : un seul homme pouvait encore passer discrètement, mais une troupe rendrait les choses plus compliquées, et s’il avait le réflexe de pouvoir se fondre dans la foule bien souvent, ce n’était pas le cas de la plupart des autres, qui portaient avec fierté leurs robes de sorciers, déterminés à montrer qui ils étaient. Dans la nuit noire, il apparut dans son champ de vision, flottant paisiblement dans l’air comme la plus étrange des visions : sa baguette entre ses doigts, Daemon laissa un froncement de sourcils percer le marbre de son visage, avant de s’emparer du petit bout de papier qui semblait lui être destiné. Pouvait-il être imprudent au point d’avoir laissé un sorcier s’approcher si près ? Sa première tentation fut de passer l’endroit au peigne fin, observer soigneusement qui pouvait être ici, mais, après un instant de réflexion, il opta pour encore quelques secondes de prudence. Entre ses doigts, il déplia donc le papier, ne reconnaissant guère l’écriture, détaillée en quelques mots énigmatiques, jusqu’à ce que le prénom ne glisse sous ses yeux, son coeur manquant un battement. Cerwenn. C’était un nom associé à ce visage, doux, à la peau si blanche, qu’il associait généralement à un autre décor que celui d’une nuit si sombre, d’un endroit si secret. Il savait ce qu’elle était, il savait ce qu’elle avait pu faire, ou comment elle avait pu connaître Deirdre, mais jamais Daemon ne s’était laissé à imaginer Cerwenn dans le monde brutal de la guerre, dans celui où le Nouveau Régime s’émancipait toujours plus : elle était cette fille, cette voix douce, ce soutien silencieux qui était raccroché à la tombe de Deirdre, comme un spectre, uniquement rattaché à ça, non pas victime de cet univers hostile dans lequel ils évoluaient. Il évoluait ; en étant un tortionnaire parmi d’autres tortionnaires. Ses yeux sombres cherchèrent la silhouette de la maison à quelques pas de lui, il distingua la silhouette d’une femme à travers la fenêtre, mais s’en détourna, presque sans hésitation : la seule qui aurait pu le faire fuir, ce serait une crainte viscérale qu’une vérité non désirée n’éclate aux yeux de Cerwenn, mais son esprit ne semblait pas vouloir y penser, ses tripes lui dictaient d’y aller.
Il rejoignit ladite ruelle, oubliant pour une fraction de seconde la soeur Flintcher, ainsi que le fuyard qui ne cessait de lui glisser entre les doigts : au détour d’un coin de rue, il distingua la silhouette de Cerwenn, quand bien même il ne pouvait guère la reconnaître tant il faisait noir. Suspendant le bout de papier dans l’air, il l’enflamma en quelques braises s’émiettant en cendres, avant de prestement faire les derniers pas les séparant. Pourquoi est-ce qu’il avait fallu qu’elle vienne ? Pourquoi était-il venu ? Et encore, il semblait qu’il ne voulait pas se poser les vraies question, quant à savoir comment elle l’avait trouvé, ce qu’elle pouvait en venir à penser. « Bonsoir. Je suis désolée de te tomber dessus de la sorte. » Commença-t-elle : s’il avait écouté cette part de lui qui avait toujours aimé la présence de Cerwenn sur la tombe de Deirdre, il lui aurait répondu d’un ton mielleux, que ce n’était rien, qu’elle pouvait lui demander ce qu’elle voulait, tant elle pansait en lui des cicatrices ouvertes et saignantes depuis trop longtemps. « Tu ne devrais pas être ici, comment tu m’as trouvé ? » Ses tripes ne commandaient jamais à son esprit finalement, l’instinct déterminé de Daemon refaisait toujours surface, un regard flamboyant croisant celui, azur, doux de Cerwenn : comment pouvait-elle encore avoir un oeil aussi bienveillant après tout ce qui avait pu lui arriver ? Tout ce qui arrivait, tout simplement ? « Je ne devrais pas être là, mais je n’avais pas le choix… J’ai un service à te demander. » Elles avaient toujours toutes de bonnes excuses, bien évidemment : il s’apprêta à la couper avec une certaine froideur dans la voix, ses instincts de chasseur pris en faute se réveillant peu à peu. Quelque part, il était évident que s’ils devaient en venir à se battre en duel, il pourrait aisément prendre le dessus, mais il préférait éviter que leur relation ne tombe dans un quelconque mélodrame, atteigne ce point de non retour qu’avait connu sa relation avec Deirdre lorsqu’elle avait découvert ce qu’il était. Ce qu’il avait fait. Tant d’erreurs, pourtant des choses en lesquelles il finissait par croire, à force de se le répéter : le regard accusateur de Cerwenn aurait pourtant quelque chose de bien plus déroutant que la haine que sa soeur semblait avoir toujours eu pour lui. « Ce n’est pas pour moi, mais une enfant. » En quelques mots, elle lui coupa la chique, le forçant au silence, à mieux choisir ses mots. Peut-être le prenait-elle pour un bon samaritain, qui serait ému par le sort d’une petite fille, pourtant aucun éclair de compassion ne trahit son visage, seule une préoccupation nerveuse se lisait dans le regard qu’il posa sur elle. Finalement, il attrapa son bras, non sans une once d’obligation, mais avec une certaine douceur également, il la tira avec lui plus loin encore dans l’ombre de la ruelle, contre le mur où il la coinça presque, pour la défier du regard : « Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je ne suis pas médicomage. De toute manière, je ne peux pas partir, je suis occupé. » Il aurait voulu que sa voix se fasse moins fatale et tranchante, mais pour autant, il ne voulait pas donner la moindre chance à la jeune femme de lui poser une quelconque question, ou de remuer dans sa plaie le couteau de ses doutes : elle éveillait chez lui la culpabilité d’être impuissant, de se sentir désarmé face à cette oeillade suppliante qu’elle lui lançait, cette inquiétude qu’il avait lue dans sa voix. Que pouvait-elle attendre de lui, de toute manière ? « Tu devrais partir, Cerwenn. » Ajouta-t-il d’une voix impérieuse, fuyant subitement l’idée de la regarder, comme s’il risquait de s’y brûler, s’il croisait la déception, l’amertume qui devait se lire dans son visage.