(hlw) please stay away from my soul

L’après-midi avait à peine commencé, pourtant il faisait déjà si sombre que Pandora se croyait déjà à la tombée de la nuit. Le brouillard s’installait partout, dans cette maudite région, et le ciel était lourd de nuages noirs, présageant une pluie imminente. Mais malgré ce temps lugubre, Pandora se sentait relativement bien. C’était sa première véritable sortie depuis qu’elle avait quitté Sainte-Mangouste, la première qui ne se limitait pas à tourner comme une âme en peine dans son village ou sur le Chemin de Traverse. Depuis qu’elle était rentrée, Pandora se sentait vide, inutile et sans but. On lui avait fait comprendre, à la brigade, qu’elle ferait mieux de rester chez elle pour se reposer encore un peu, et elle avait pris ça pour une injure. Certes, elle était encore éprouvée et elle n’était pas certaine de pouvoir gagner un duel si elle tombait en face d’un sorcier un peu expérimenté … Mais malgré tout, elle ne voulait pas qu’on la considère comme un objet cassé. Alors, elle avait pris les devants … Elle avait fouillé dans les dossiers de la brigade, sans trop savoir ce qu’elle recherchait, si ce n’est quelque chose qui l’occuperait. Et elle avait trouvé. Un loup-garou renégat avait été détecté en Ecosse : c’était parfait. Pandora en voulait à leur race entière pour le guet-apens dans lequel elle était tombée en Bulgarie, et qui lui avait coûté ce qui aurait du être sa plus belle réussite. Si elle pouvait avoir l’occasion de se défouler sur un de ces immondes hybrides, elle n’allait pas se gêner … Elle avait également noté qu’un Exécuteur avait été envoyé sur la trace du loup-garou, mais Pandora n’en avait pas tenu compte. Elle était au-dessus des Exécuteurs, elle aurait la primeur du meurtre si jamais il le trouvait avant elle. Et c’est ainsi qu’elle se retrouva, frigorifiée, dans une lande écossaise, entourée par un brouillard qui s’épaississait d’heure en heure. Après avoir passé quelques heures à interroger des locaux, elle était à peu près certaine du lieu où se cachait l’hybride, et elle se dirigeait avec assurance vers les ruines d’un château qui veillait un cimetière abandonné, ses fenêtres mortes fixant le paysage désolé. L’atmosphère parfaite pour le meurtre que Pandora avait en tête, pourtant elle frissonna, comme prise d’un soudain pressentiment. Et quand un craquement retentit derrière elle, elle sursauta et fit volte-face en envoyant un sortilège droit vers la source du bruit … Qui se révéla être un vieil arbre, qui encaissa son sortilège sans broncher. Pandora soupira, se traita d’idiote, et se retourna à nouveau. Pour sursauter à nouveau en se trouvant nez à nez avec un homme, qu’elle n’avait pas du tout entendu arriver.

La journée n'avait pas été de tout repos et Samaël était déjà fatigué alors qu'il touchait à peine au but et que sa mission commençait réellement seulement lorsqu'il fut arrivé à destination. Le brouillard épais rendait l'endroit lugubre et particulièrement inquiétant mais pas de quoi faire frissoner le jeune homme sous son épaisse cape de sorcier. La baguette entre les doigts, il guettait l'endroit qu'il avait trouvé et identifié comme étant le repaire de la créature qu'il devait trouver et abbattre pour son travail. Ce travail qu'il détestait tant et qu'il aurait préféré ne jamais avoir à faire. Et pourtant, il repartait à chaque fois, il acceptait chaque mission sans broncher, chaque remarque acerbe, chaque comportement déplacé envers lui. Il supportait chaque insulte, la moindre bousculade, il ne disait rien, il était à présent bien au delà de ça. Beaucoup avaient misé sur sa tête mais il était encore en vie et il devait s'en estimer heureux, la situation aurait pu être pire. Même si à présent, cela faisait de lui un meurtrier. L'ironie du sort, probablement. Il n'avait jamais eu autant de sang sur les mains que depuis qu'il avait revendiqué son appartenance à l'Ordre. Un bruit lui fit tourner la tête vivement et il eut le temps d'apercevoir une silhouette non loin de lui. A pas de loups, sans faire le moindre bruit, il s'approchant, découvrant une jeune femme blonde, visiblement sur les nerfs qui lui tournait le dos. Il en profita pour s'approcher plus encore pour arriver tout près d'elle sans qu'elle ne le remarque, elle semblait absorbée par autre chose. Il n'eut pas à attendre pour qu'elle se retourne et sursaute en lui tombant dessus et un sourire ne put s'empêcher de s'immiscer sur ses lèvres. Il n'avait pas revu Pandora depuis des mois. « Tu m'as l'air nerveuse. » Ne put-il s'empêcher de remarquer d'une voix traînante, comme s'ils s'apprêtaient à partager une tasse de thé dans le salon de la jeune femme. Il était calme, posé et serein, comme souvent, comme toujours en réalité. « Je ne savais pas qu'ils envoyaient du renfort pour cette mission, la journée n'est pas encore terminée. » Il pensait qu'elle était là parce qu'il n'avait pas accompli sa mission mais son délai était très loin d'être écoulé. Il avait des délais à respecter, cela amusait beaucoup ses supérieurs de lui mettre la pression sur le dos. « A moins que tu ne sois venue admirer la beauté du paysage. » Il la trouvait assez nerveuse en réalité, il l'avait rarement vu sursauter pour un arbre trop bruyant ou se laisser surprendre de la sorte, même par lui. Mais elle avait sûrement une bonne raison de se trouver ici et même si l'envie de savoir si elle allait bien et ce qu'elle avait fait ces derniers mois était forte, il ne se risqua pas à poser de questions. Elle lui apporterait les réponses si elle en avait envie et par elle-même.

Samaël. C’était Samaël qui se tenait devant elle, qui s’était approché furtivement et qu’elle avait prit pour une menace. C’était lui qui avait été envoyé pour cette mission, elle l’aurait su si elle s’était renseignée un peu plus … Mais elle n’avait pas songé un seul instant que parmi tous les Exécuteurs, ce serait lui qui serait désigné, et lui sur qui elle tomberait si elle se rendait en Ecosse. Sa première pensée fut celle d’une humiliation certaine à l’idée d’avoir paniqué devant lui, sa seconde fut de pester contre le sort qui la plaçait à nouveau devant lui alors qu’elle l’avait très bien évité depuis des mois. Quelle poisse ! « Tu m'as l'air nerveuse. » Lui était aussi calme qu’à son habitude, comme s’ils s’étaient quittés en très bons terme la veille et que cette rencontre était tout à fait normale. Elle carra les épaules et tenta de reprendre contenance, imitant tant bien que mal sa sérénité. « Je ne le suis pas. » Rétorqua-t-elle immédiatement, en vain sans doute, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de démentir. « Je ne savais pas qu'ils envoyaient du renfort pour cette mission, la journée n'est pas encore terminée. » Pandora retint de justesse la perplexité de s’afficher sur ses traits, et garda un visage neutre. Il lui fournissait lui-même une excuse à sa présence, c’était parfait ! « A moins que tu ne sois venue admirer la beauté du paysage. » Elle croisa les bras sur sa poitrine et haussa les épaules. « Ce n’est pas du renfort qu’ils t’envoient mais quelqu’un pour vérifier ce que tu fais. Bizarrement, tout le monde n’a pas confiance en toi au Ministère. » Lâcha-t-elle avec un sourire un peu acide. En vérité, elle n’avait rien entendu de tel, mais elle se doutait qu’un ancien traître à la cause Mangemort ne devait pas être le plus apprécié des Exécuteurs, même s’il y avait beaucoup de traîtres dans son genre dans leurs rangs. Elle-même avait eu bien du mal à digérer son changement de camp, et c’était une pilule qui lui restait encore au travers de la gorge à chaque fois qu’elle y pensait. « Alors, où en es-tu ? Je n’ai pas envie de me geler ici jusqu’à ce que la nuit tombe, donne-moi une bonne nouvelle et dis-moi que tu es près du but. » Elle voulait tuer ce loup-garou rapidement et s’en aller, ce n’était pas une question de froid, mais plutôt de fuir Samaël une nouvelle fois … Elle ne pouvait plus faire demi-tour maintenant qu’il savait qu’elle était là, mais elle craignait que si les choses s’éternisaient, il ne se mette à lui parler … Et elle ne voulait pas de ça. Elle ne voulait pas d’une conversation qui aille au-delà de leur mission, et il fallait donc expédier ça en vitesse.

Revoir Pandora après tous ces mois passés sans avoir de nouvelles d'elle ou de ce qu'elle pouvait bien faire de ses journées, sans savoir si elle était en sécurité était un peu comme respirer à nouveau un air sereinement. Il ne s'était pas rendu compte combien il s'était posé de questions à son sujet avant de la revoir, bien vivante et visiblement en pleine santé. Au détail près qu'elle lui paraissait un peu sur les nerfs et qu'elle n'avait pas vraiment de raison de se trouver ici, si ce n'était pour lui apporter de l'aide mais il n'avait même pas encore terminé sa mission, il n'avait même pas encore eu le temps de la terminer pour tout dire. « Je ne le suis pas. » Il eut un petit sourire en coin, il osa même un petit rire qu'il essaya pourtant de contenir pour éviter de la vexer, elle était plutôt susceptible lorsqu'il s'agissait d'avouer quelque chose de ce genre. « Tu fais très bien semblant alors. » Oh oui, il aimait la taquiner, faire en sorte qu'elle s'énerve un peu, peut-être était-il légèrement masochiste sur les bords, il n'en savait trop rien mais il ne pouvait s'empêcher de lui répondre avant de finalement lui demander ce qu'elle pouvait bien faire dans le coin alors qu'il n'avait pas besoin d'aide et n'en avait pas encore demandé. « Ce n’est pas du renfort qu’ils t’envoient mais quelqu’un pour vérifier ce que tu fais. Bizarrement, tout le monde n’a pas confiance en toi au Ministère. » Il arqua légèrement un sourcil mais ça se tenait mieux qu'elle ne l'espérait certainement. Il était la cible de bien des ragots et des méchancetés depuis qu'il était chez les exécuteurs et il était fliqué sans arrêt. « Ça n'a rien de nouveau mais ça m'étonne que tu aies accepté en sachant que c'était moi. » Mais il avait trouvé une faille, il n'était pas stupide au point de croire que s'ils ne s'étaient pas revus depuis qu'il avait quitté Askaban, c'était parce qu'elle ne s'employait pas à l'éviter. Ou alors elle ne savait pas que c'était lui et ça remettait son excuse en question. « Alors, où en es-tu ? Je n’ai pas envie de me geler ici jusqu’à ce que la nuit tombe, donne-moi une bonne nouvelle et dis-moi que tu es près du but. » Il jeta un coup d'oeil à la tanière présumée du loup-garou et la désigna d'un petit coup de tête en tournant les yeux vers elle, un sourire calme et serein sur les lèvres. « J'ai trouvé le loup-garou, il y a fort à parier qu'il soit là-dedans, je cherchais la meilleure stratégie pour entrer sans me faire repérer pour ne pas tomber dans un piège. » Il se fichait de tuer ce loup-garou et aurait préféré l'éviter mais si elle y tenait tellement, il la laisserait y aller sans la retenir mais non moins sans assurer ses arrières. Il finit par désigner l'entrée avant de reprendre. « Et si tu te montres raisonnable et patiente, on pourrait attendre qu'il pointe son nez pour avoir l'avantage sur lui. Mais la patience, ce n'est pas vraiment ton fort, alors si tu es si pressée, après toi. » Conclut-il en la regardant dans les yeux. Elle semblait pressée d'en finir mais lui avait jusqu'à minuit pour accomplir sa mission, il n'avait pas l'intention de rentrer plus tôt pour accepter une autre mission d'ici là.

Pandora était déjà nerveuse en arrivant sur place, mais l’apparition de Samaël la rendait plus nerveuse encore. Mais c’était une toute autre sorte de trouble, qui n’avait plus rien à voir avec l’adrénaline qu’une mission pouvait faire monter en elle. Elle était mal à l’aise face à Samaël, elle voulait disparaître loin de lui. Elle n’aimait pas ce sentiment, inconfortable et très inhabituel. « Tu fais très bien semblant alors. » Elle lui jeta un regard noir, comme s’il était impensable qu’il ose se moquer d’elle en ces conditions – alors qu’il l’avait toujours fait, d’autant qu’elle se souvienne. « Ça n'a rien de nouveau mais ça m'étonne que tu aies accepté en sachant que c'était moi. » Pandora resta silencieuse pendant un instant, ses yeux parcourant la lande déserte autour d’eux. Elle ne serait jamais venue si elle avait su qu’il serait là, c’était évident. Elle avait quitté le pays pour ne plus le voir, ce n’était pas pour retomber sur lui dès qu’elle revenait … « Je ne savais pas que ce serait toi. Juste que j’aurais à surveiller un potentiel traître. » Mentit-elle en haussant les épaules, comme si ça n’avait aucune importance. Elle ne savait pas pourquoi elle mentait là-dessus, elle aurait pu lui donner la vraie raison de sa présence ici, mais elle ne voulait pas se confier à lui, sur quoi que ce soit. Elle craignait de trop s’approcher d’un terrain déjà très glissant. Elle détourna donc rapidement le sujet sur sa mission, se concentrant sur le concret plutôt que sur une discussion quelconque. « J'ai trouvé le loup-garou, il y a fort à parier qu'il soit là-dedans, je cherchais la meilleure stratégie pour entrer sans me faire repérer pour ne pas tomber dans un piège. » Elle suivi son regard pour observer la tanière qu’il avait désignée, son estomac se contractant brusquement à la seule idée qu’il soit si près. « Et si tu te montres raisonnable et patiente, on pourrait attendre qu'il pointe son nez pour avoir l'avantage sur lui. Mais la patience, ce n'est pas vraiment ton fort, alors si tu es si pressée, après toi. » La jeune femme soupira, n’appréciant pas la petite pique, d’autant plus parce qu’elle visait tout à fait juste. Elle ne pouvait pas patienter, pas aujourd’hui. Elle voulait que cette créature meure, et vite. « On est en plein jour, que crois-tu qu’il puisse te faire ? » Demanda-t-elle d’un ton raide, le souvenir de sa propre embuscade encore bien vivace dans son esprit. Elle avait été attaquée en plein jour. « Il est seul, il n’a pas de baguette, ce n’est pas une menace. » Elle brandit sa baguette magique vers la tanière qu’il avait désignée, dans hésiter une seule seconde, et des flammes en jaillirent, embrasant immédiatement tout le talus. Elle se rapprocha alors, sans se soucier de savoir si Samaël était derrière elle ou non. Elle avait une furieuse envie de massacrer l’être qui sortirait du trou, et cela l’empêchait de réfléchir correctement, de même prendre la moindre mesure de précaution. Elle voulait sa vengeance, elle voulait le sang … Mais quand l’homme jaillit de sa cachette, hirsute et tout en muscles, le regard fou, elle resta figée, incapable de réagir. Et elle le regarda foncer vers elle, le cœur battant.

Le jeune homme avait toujours aimé taquiner Pandora, c'était un jeu pour lui, depuis toujours et les choses n'avaient pas vraiment changées, rien n'était vraiment différent, à part le fait que la jeune femme avait renoncé à l'idée de le tuer dans d'atroces souffrances évidemment. Et même s'il s'interrogeait sur les raisons de sa présence ici, il n'aurait pas trouvé meilleure partenaire pour finir le job qu'on lui avait confié. « Je ne savais pas que ce serait toi. Juste que j’aurais à surveiller un potentiel traître. » Il savait que cela lui faisait particulièrement plaisir, ou du moins le pensait-il. Le traiter de traître et le voir remis à sa juste place, comme tous les mangemorts qu'il avait trahi en même temps qu'elle, comme tous ceux qui ne se privaient pas de lui rappeler le traître qu'il était et il conserva le silence, ne cherchant pas les mots dans ses paroles et se contentant d'hocher la tête, c'était la seule chose à faire, il le faisait au quotidien et s'en sortait définitivement très bien. Il préféra se concentrer sur la mission pour laquelle il était là et il finit par lui avouer qu'il avait un plan, du moins pensait-il en avoir un puisqu'à en croire le soupire de Pandora, il était le dernier des abrutis. « On est en plein jour, que crois-tu qu’il puisse te faire ? » Il allait répondre quand elle ajouta. « Il est seul, il n’a pas de baguette, ce n’est pas une menace. » Et elle enflamma la tanière du loup-garou sans le consulter et prit les devants, le laissant derrière, marmonnant que c'était lui qui était censé effectuer la mission. Il se redressa, passant une main sur la poussière de sa cape de sorcier et releva la tête en voyant le sorcier sortir en courant de sa cachette. Il allait regarder Pandora le tuer avec un petit sourire en coin, elle adorait montrer qu'elle était capable de faire toujours plus. Mais quand il ne la vit pas lancer le sort, il fronça les sourcils et constata qu'elle était figée et ne semblait pas prête à bouger alors que le loup-garou fonçait sur elle, menaçant. « Pandora ! Bouges ! » Ordonna-t-il à la jeune femme en courant vers elle, il finit par la pousser suffisamment pour qu'ils roulent tous les deux loin du champ du loup-garou qui dût se retourner pour les prendre à nouveau pour cible mais Samaël avait déjà levé sa baguette pour lui lancer le sort auquel personne ne pouvait survivre. Samaël, toujours au sol, détendit les muscles de son corps en soupirant de soulagement. « Tu le connaissais ? » Demanda-t-il en tournant la tête vers la belle blonde, c'était la seule explication qu'il voyait à son geste, ou à son absence de réaction plutôt. Il ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer mais il avait l'intention de le découvrir.

Pandora avait agit sur un coup de tête, sans réfléchir aux conséquences. Mais elle avait été attaquée une fois par des loups-garous et elle ne s’était pas encore remise de cet échec qu’ils lui avaient infligé. Elle serait morte si un de ses Exécuteurs n’était pas passé par là au même moment : elle devait sa vie à un Exécuteur ! Elle, tueuse expérimentée et Mangemort depuis des années, avait été défaite par une bande d’hybrides même pas transformés, et avait été sauvée par un subalterne. Alors le loup-garou qu’elle avait à sa merci aujourd’hui, elle ne voulait pas le laisser filer … Et d’une certaine façon, elle voulait prendre sa revanche, se prouver qu’elle était parfaitement capable de gérer ça toute seule. Pourtant, quand l’homme jaillit elle eut l’impression que son corps s’était transformé en pierre, le souvenir de l’attaque se superposa à la scène actuelle, et elle vit l’homme s’approcher, s’approcher … Et une bourrade sur le côté la fit rouler au sol. Le choc la fit revenir brutalement à la réalité, et elle vit Samaël tuer le loup-garou tandis qu’elle-même était encore incapable de penser à quoi que ce soit. « Tu le connaissais ? » Elle tourna la tête vers Samaël et se releva prestement, brossant du plat de la main sa cape pour en enlever le gros des feuilles mortes qui s’y étaient attachées. « Jamais vu de ma vie. Je ne côtoie pas les hybrides. » Lâcha-t-elle d’un ton qu’elle voulait sec, mais qui, à son grand dam, trembla légèrement. Elle tourna rapidement le dos à Samaël et s’approcha du cadavre pour se donner une contenance. Une bouffée de haine l’envahit en voyant son visage flasque, qui semblait la narguer même dans la mort. Elle n’avait pas été capable de l’éliminer, elle avait encore du se reposer sur quelqu’un d’autre. Dans un geste plein de rage, elle abattit sa baguette sur le cadavre, lui ouvrant de larges plaies sur tout le corps. « Ce n’est qu’un monstre ! Un fichu monstre qui mérite de pourrir en enfer ! » Elle le charcuta ainsi pendant plusieurs minutes, avant que l’odeur de sang et de charogne ne lui retourne l’estomac. Elle recula alors, une main sur la bouche, et se trouva nez à nez avec Samaël. « Pourquoi est-ce que je n’ai pas pu le tuer ??? Pourquoi est-ce que j’ai toujours besoin qu’on le fasse à ma place ?!? Ils ne m’ont pas tuée, je vaux mieux que ça ! » Elle ne s’adressait pas vraiment à lui, même si elle lui lançait les questions en pleine face. Elle était tellement énervée, tellement tendue qu’elle ne réalisait même pas qu’elle avait tout fait pour s’éloigner de lui, mais qu’elle lui était maintenant redevable.

Samaël ne quitta pas Pandora des yeux tout en se redressant rapidement pour l'observer faire la même chose. Il l'imita en débarrassant ses vêtements de la poussière qui venait de les souiller en se roulant au sol tout en attendant une réponse à sa question. Le comportement de la jeune femme n'avait aucun sens, il ne s'expliquait pas réellement. « Jamais vu de ma vie. Je ne côtoie pas les hybrides. » La réponse n'était pas tout à fait ce qu'il attendait et il arqua un sourcil, comme si cela allait l'inciter à en dire davantage, à se dévoiler et à lui expliquer la raison de son comportement qu'il ne comprenait pas réellement. Mais déjà, elle lui tournait le dos et se dirigeait vers le cadavre du loup-garou. Samaël s'efforçait de ne rien ressentir et de ne rien laisser paraître mais tuer ne lui avait rien apporté de satisfaisant, même pas la satisfaction d'avoir mené sa mission à bien. Il ressentait toujours une gêne, un malaise à l'idée d'avoir ôté la vie à quelqu'un. « Ce n’est qu’un monstre ! Un fichu monstre qui mérite de pourrir en enfer ! » En revanche, il fronça largement les sourcils en voyant la blonde charcuter le cadavre devant elle avec une violence qu'il ne lui connaissait pas réellement. Elle s'emportait sans qu'il ne comprenne pourquoi et il allait intervenir quand elle recula, se retourna et qu'il se retrouva face à elle qui semblait au bord de la crise de nerfs. « Pourquoi est-ce que je n’ai pas pu le tuer ??? Pourquoi est-ce que j’ai toujours besoin qu’on le fasse à ma place ?!? Ils ne m’ont pas tuée, je vaux mieux que ça ! » Il fronça davantage les sourcils même si cela paraissait difficile et afficha une mine contrariée. Il savait que l'erreur à ne pas commettre serait de toucher la jeune femme ou de lui témoigner pitié et compassion. Il se contenta donc de rester un instant inexpressif, tout en demandant. « De quoi tu parles ? Que s'est-il passé ? » Il commençait en revanche à remettre les bouts petit à petit, à comprendre la haine, la rancœur et peut-être même, son incapacité à bouger quand le loup-garou lui avait foncé dessus. Il eut même l'idée assez folle de supposer les raisons qui l'avaient amené ici. « C'est pour ça que tu es venue ? Pour le loup-garou ? Que t'est-il arrivé Pandora ? » Il voulait savoir, il brûlait de connaître ce qu'il s'était passé, tout en prenant soin de ne pas avoir l'air de compatir à ce qui s'était passé. Il savait qu'elle se braquerait et ne le laisserait pas la réconforter, de quelque manière que ce soit. Faire parler Pandora ne serait pas une mince affaire, il devait l'éloigner. Il aurait voulu lui proposer de partir mais il n'était pas sûr qu'elle accepte de venir avec lui. Il n'était pas sûr qu'elle lui réponde de toute manière, ni qu'elle prenne la peine de lui raconter son histoire.

C’était l’angoisse de sa vie, et elle était mise devant le fait accompli encore une fois. Elle n’était pas capable de se protéger elle-même, elle était faible, elle était une perdante. Les actes qu’elle avait accomplis en tant que Mangemort, et même ensuite dans la brigade de police, tout ça avait été balayé par un seul échec, qui l’empêchait maintenant de réussir quoi que ce soit. Elle se fichait de se réveiller la nuit en hurlant, tant que les cauchemars ne sortaient pas de sa tête elle pouvait les gérer. Mais visiblement, les cauchemars prenaient vie et la tétanisaient quand elle avait besoin de pouvoir agir … « De quoi tu parles ? Que s'est-il passé ? » Elle sembla réaliser que Samaël était toujours là, devant elle. Il n’avait pas esquissé le moindre geste vers elle et la distance qui les séparait éloignait de l’esprit de Pandora la dernière image qu’elle avait de lui, bien trop proche d’elle, pour revenir à l’homme qu’il avait toujours été pour elle. Le mentor, le roc solide sur lequel elle pouvait se reposer sans se poser de questions. « C'est pour ça que tu es venue ? Pour le loup-garou ? Que t'est-il arrivé Pandora ? » Elle s’était bien gardée d’en parler à qui que ce soit depuis qu’elle était revenue, même à Daley elle n’avait rien dit. Elle ne voulait pas qu’on la regarde avec pitié ou avec condescendance, cela signerait sa fin pure et simple. Mais il était trop tard pour Samaël, qui venait de toute façon d’assister au pire qu’elle puisse offrir à ce monde, et il n’avait jamais été mauvais juge avec elle … Ce fut sans doute pour ça qu’elle baissa les armes, ce qu’elle avait juré qu’elle ne ferait jamais. « Le loup-garou, c’est ça … » Lâcha-t-elle dans un ricanement rauque, tandis qu’elle tournait son regard pour fixer le cadavre. Elle ne s’était jamais sentie aussi perdue, des pulsions de violence inouïe déferlaient en elle, qu’elle était incapable d’assouvir et qui la laissaient plus faible qu’une enfant. « A quelques heures près, je serais devenue une des leurs. Ils m’ont attaquée, toute une bande de ces foutus lâches, ils ne méritent même pas Nurmengard mais de brûler tous ensemble ! D’ailleurs, c’est ce qui leur est arrivé, c’est moi qui ai donné l’ordre. Le dernier ordre que j’ai donné, à qui est-ce que peux bien donner des ordres maintenant ??? » Elle finit tout de même par se rendre compte que ses paroles n’avaient ni queue ni tête, et qu’elle s’enfonçait dans l’incohérence qu’elle essayait de combattre depuis qu’elle était sortie de Ste Mangouste. Elle soupira, se passa les mains sur le visage et secoua la tête, avant de reprendre d’une voix plus calme, mais avec des accents plus douloureux. « Je me suis fait attaquer en Bulgarie. Par les loups-garous que je devais ramener en prison. Et je n’arrive plus à me défendre correctement à présent … » Elle releva la tête pour regarder Samaël, un sourire sans joie sur les lèvres. « Ironique, hein ? Tu as le droit de te moquer. » Mais elle n’apprécierait pas du tout qu’il le fasse.

Samaël avait l'habitude de voir une Pandora provocante, sûre d'elle et arrogante. Elle pouvait prendre de haut n'importe qui, paraître parfois méchante, cruelle, sans pitié et sans cœur. Il l'avait vu combative, il l'avait connu alors qu'elle cherchait à apprendre, et sans jamais rien lâcher, il avait vu sa hargne, sa rage de vaincre, sa cruauté, ses manières de torturer. Il avait assisté à beaucoup de choses venant de la jeune blonde, il lui était arrivé de la trouver dans toutes ces positions, il l'avait vu à travers touts ces émotions. Mais la peur et l'angoisse ? Voilà bien quelque chose qu'il ne lui connaissait pas. S'il n'était pas sûr qu'elle était humaine, il aurait même pu penser qu'elle ne les avait jamais ressenti de sa vie. Qu'elle ne savait plus ce qu'était la peur, qu'elle n'était plus capable d'être impressionnée par quoi que ce soit. Mais il avait suffi d'un loup-garou pour qu'elle perde pied et qu'elle lui montre une facette de sa personnalité qu'il ne connaissait pas. Mais il ne risquait pas de le lui dire, il n'était pas question de montrer qu'il était abasourdi de le découvrir, il était hors de question de lui faire voir sa propre stupeur face à son comportement, c'était le meilleur moyen qu'il avait pour la braquer et qu'elle ne dise jamais ce qui venait de lui arriver. Le regard perdu dans le vide un instant, elle sembla se rappeler de sa présence, comme si elle ne revenait pas elle-même de la situation, de ce qu'il s'était passé à l'instant. Il aurait pu parier qu'elle ne lui dirait rien, qu'elle ne se confierait jamais à lui, qu'elle n'avait pas à le faire et que finalement, il comprendrait pourquoi. Ils n'étaient plus proches, même s'il en avait vu assez pour tirer ses propres conclusions, elle n'avait pas à lui faire de confidences et il était idiot d'espérer une réponse de sa part. « Le loup-garou, c’est ça … » Il ne cessait de la fixer mais à aucun moment il ne lui montra la moindre impatience. Il resta calme, comme à son habitude, les deux bras croisés dans le dos, il la regardait tandis qu'elle ne lâchait pas le cadavre du loup-garou des yeux, comme s'il pouvait se réveiller à n'importe quel instant et lui sauter dessus, ce qui semblait la terrifier. « A quelques heures près, je serais devenue une des leurs. Ils m’ont attaquée, toute une bande de ces foutus lâches, ils ne méritent même pas Nurmengard mais de brûler tous ensemble ! D’ailleurs, c’est ce qui leur est arrivé, c’est moi qui ai donné l’ordre. Le dernier ordre que j’ai donné, à qui est-ce que peux bien donner des ordres maintenant ??? » Il ne comprenait pas tout ce qu'elle disait mais il en saisissait le sens en quelque sorte, enfin, quand il arrivait à mettre toutes les informations qu'il possédait bout à bout. Elle avait été attaquée par un groupe de loups-garou et se sentait impuissante à présent, un sentiment qu'il comprenait si bien. « Je me suis fait attaquer en Bulgarie. Par les loups-garous que je devais ramener en prison. Et je n’arrive plus à me défendre correctement à présent … » C'était bien ce qu'il avait compris et même si sa dernière phrase le surprenait, il resta parfaitement stoïque, sans la moindre réaction. « Ironique, hein ? Tu as le droit de te moquer. » Il resta parfaitement imperturbable et releva même légèrement le menton avant de déclarer. [colot=lightslategray]« Comme si tu allais me laisser me moquer de toi. »[/color] Il savait qu'elle lui arracherait la langue et les yeux s'il osait le faire. Mais ce n'était pas pour ça qu'il ne le faisait pas en réalité, il n'avait pas du tout envie de rire ou de se moquer d'elle, bien au contraire.

Il fit quelques pas jusqu'au loup-garou et contourna son corps un instant, avant de reprendre. « Si tu me l'avais dit, je t'aurais laissé le tuer, ça aurait pu te soulager. » Il releva la tête vers la jeune femme en ajoutant. « Mais ce n'est pas parce que tu tueras tous les loups-garou que tu pourras croiser que tu te sentiras mieux ou moins impuissante face à eux. Tu as eu de la chance, tu n'as pas été transformée, tu en ressortiras plus forte et non plus faible. Mais il faudra peut-être du temps. » Il finit de faire le tour du loup-garou, toujours aussi calmement, comme s'il avait tout le temps du monde pour discuter avec la jeune femme et comme s'il ne souhaitait pas s'en aller le plus rapidement possible. Ce qui, étrangement, n'était pas le cas. « Et tu pourras toujours donner des ordres aux exécuteurs de seconde zone comme moi, si ça peut te rassurer. » Il devait répondre de tous ses supérieurs, même si cela lui coûtait plus qu'il ne voulait l'admettre, il fallait bien qu'il le fasse et si cela pouvait apporter un léger soulagement à la jeune femme, alors pourquoi ne pourrait-il pas lui rappeler ce simple état de fait ? Il s'éloigna légèrement du cadavre et le désigna d'un signe de tête à la blonde. « Si tu veux avoir l'honneur de le faire brûler. » Ce serait un moyen simple et efficace de se débarrasser de la carcasse encombrante et si cela pouvait lui faire du bien, alors il n'avait plus rien à faire ici. Ce qui ne l'empêchait pas de rester.