(2.2) high hopes •• eugenie w.

J'en avais assez. Assez d'errer sans but, assez de cette vie de nomade, je voulais un toit, être chaud, pouvoir manger à ma faim et surtout être en sécurité, c'était trop demander ? Apparemment, oui, puisque cela faisait un mois et quelques que je vivais dans des conditions aussi précaires, m'apprêtant à fuir de nouveau à tout moment. Je n'avais pas été préparé à ça, en fait, je n'avais même pas signé pour ça. J'en avais marre de la guerre, des Mangemorts et de leurs horreurs. Vivement qu'Harry Potter leur botte les fesses une bonne fois pour toutes. Si je regrettais de ne pas être restée à Poudlard ? Jamais de la vie. Pour le coup, c'était me demander de choisir entre la peste et le choléra. Oui, j'avais lu le journal, et oui, j'avais appris qu'un élève avait été tué. Cette histoire allait beaucoup trop loin et il fallait que cela cesse. Ce matin, il m'est apparu évident que je devais quitter Londres. L'idée me trottait en tête depuis quelques jours déjà, mais je m'étais refusée à la mettre en application. Quitter Londres, oui, mais pour aller où ? Je ne connaissais pas grand chose d'autre en Angleterre et retourner à Dartmouth était exclu. En réalité, je me sentais quelque peu désemparée. J'avais besoin de me poser. De réfléchir. De faire le point. D'envisager toutes les options & possibilités qui s'offraient à moi. Ces derniers temps, tout avait tellement tendance à s'accélérer que je n'avais pas eu le loisir d'établir un plan d'action bien défini. J'avais besoin de savoir où j'allais, j'étais comme ça. D'ordinaire, je ne faisais jamais rien sans réfléchir, et je vivais assez mal cette situation : ces jours-ci, j'avais commis plusieurs erreurs qui avaient bien failli m'être fatales. Tout en poussant un lourd soupir, je me laissai tomber sur le premier seuil de maison qui vint. Je ramenai mes genoux tout contre moi, et du bout des doigts je me massais les tempes. J'étais tout simplement lasse, lasse de tout. Je me sentais écrasée par le poids de cette vie qui n'était pas faite pour moi. Être fugitif faisait partie des choses auxquelles on ne s'habituait pas. C'était tout simplement impossible.

Ginnie avait transplanné au sommet d’une des tours du Tower Bridge. Elle avait besoin de recul, de temps pour réfléchir à ses prochains mouvements. Elle contemplait la ville de Londres tout autour d’elle, un gigantesque labyrinthe où n’importe qui pouvait se trouver, aussi bien raffleurs que fugitifs. Trouver des Né-Moldus ou Sang-Mêlés en fuite n’avait rien d’une partie de plaisir. Ils ne planifiaient que très rarement leur déplacements, ce qui les rendaient extrêmement difficile à prédire. Ginnie devait également compter avec les raffleurs, qui pouvaient faire la même déduction qu’elle et croiser son chemin, pire, la suivre, ou plus terrible encore, la précéder lorsqu’elle arrivait trop tard…

Ginnie regarda la liste d’élèves de Poudlard en fuite, désemparée. Elle ne cessait de changer. Des noms s’ajoutaient sans cesse, mais d’avantage s’en effaçaient, heureusement ou malheureusement, selon qu’ils aient été trouvés par un membre de l’Ordre ou un Mangemort… La première de cette liste, celle qu’elle avait cherché depuis des semaines, était Tracey Davis. La jeune fille était agée de 18 ans, et n’avait heureusement plus la Trace sur elle. Elle n’avait également pas fini sa 7ème année et n’avait donc pas son permis de transplaner, ce qui la rendait plus facile à trouver, aussi bien pour elle que pour les raffleurs. Le temps pressait…

Quelques heures plus tard, Ginnie se trouvait dans une auberge de jeunesse moldue, consultant le registre à la réception. « M. Davis. » La jeune sang-mêlée avait eu le bon sens de se cacher d’avantage dans le monde moldu que sorcier, et d’utiliser son deuxième prénom. Ginnie observa sur le registre le numéro de sa chambre. 14. Son regard se porta sur les clés derrières la réception. Tracey était sortie. Elle ne l’avait ratée que de peu, elle avait peut-être encore une chance de la retrouver… Ginnie se précipita dans la rue, suivant son instinct au fil des intersections. Moins d’une minute plus tard, la sorcière s’arrêta net. Une jeune fille, adolescente, brune, à l’air perdue et désemparée, était recroquevillée sur un perron, la tête dans ses genoux… « Tracey... » Et à l’autre bout de la rue, une femme toute vêtue de noire, aux vêtements d’époque, observait elle aussi la jeune sorcière. Il aurait pu ne s’agir que d’une moldue gothique, si elle n’avait pas sortie sa baguette magique… « TRACEY !!! »

Lentement, je reprenais mes esprits, c'était déjà ça. J'avais quitté mon auberge il y a quelques instants déjà. Devoir remplir un registre m'ennuyait, mais je me pliais aux formalités sans rechignais. En lieu et place de mon vrai prénom, j'utilisais mon deuxième prénom, pour brouiller les pistes. Melissande. C'était peu courant, et ça pouvait facilement passer pour un pseudonyme, ça faisait mon affaire. Davis, par contre, était un nom courant, extrêmement courant, il y avait très peu de chances pour qu'on me retrouve directement, sauf si évidemment les rafleurs se ramenaient à l'auberge avec une photo de moi. D'où la nécessité de changer souvent d'endroit pour ne pas me faire repérer, voire même carrément quitter Londres, je n'avais plus rien à y faire ici. Je m'apprêtais alors à me relever, prête à reprendre la route, lorsque soudain j'entendis quelqu'un crier mon prénom. Je levai rapidement la tête pour scruter les alentours, maudissant cette personne. Merde. C'était un coup à me faire repérer par les rafleurs, ça ! Mais un coup d'oeil rapide vers la femme qui venait de m'appeler m'indiqua qu'elle semblait paniquer. Je me levai alors, manquant de me prendre les pieds dans les sangles de mon sac. Je me rattrapai de justesse au mur de pierres. Je tournai davantage la tête pour regarder dans la même direction que l'inconnue. Quelqu'un d'autre arrivait par là. Je laissai échapper un juron avant de dégainer ma baguette, prête à me défendre si nécessaire. Lorsque ma sauveuse arriva à ma hauteur, je lui ai demandai alors, oubliant toutes les règles élémentaires de prudence, mais peu importait puisqu'elle m'inspirait confiance. « Mais d'où vous savez mon prénom ? Et qui êtes vous au juste ? » Des questions, toujours des questions. De toute évidence, elle n'allait certainement pas me répondre avant un bout de temps, il y avait plus urgent à faire que les présentations. Comme...prendre la fuite par exemple. Ou combattre.

La Mangemorte n'attaqua pas tout de suite. Elle s'approchait lentement de Tracey, l'air menaçante. A son nom, Tracey se leva et se tourna vers Ginnie, au lieu de se tourner vers le danger et de se mettre à l'abri. Ginnie courru vers elle, la faisant reculer et se prendre les pieds dans son sac posé par terre, se rattrapant de justesse au mur. « Restez où vous êtes!!! » Ginnie était arrivée deva,t Tracey et s'était mise devant elle, l'abritant derrière son dos. « Mais d'où vous savez mon prénom ? Et qui êtes vous au juste ? » l'entendit-elle par-dessus son épaule. « Je suis avec l'Ordre. Je suis là pour te protéger. » lui répondit-elle sans quitter la Mangemorte des yeux. « Très bien! Je n'aime pas attaquer les sang-de-bourbe dans leur dos. Je préfère voir la peur dans leur yeux avant de mourrir... » dit elle-ci en levant sa baguette, mais Ginnie était la plus rapide. Sans un mot, elle ne visa pas la Mangemorte (elle répugnait encore à faire du mal à un autre être vivant, même après des mois de guerre). Elle visa sa baguette, et Ginnie était excellente viseuse. L'expelliarmus informulé toucha la Mangemorte à la seconde où elle-même lançait son sort sur elles, qui fut dévié vers une fenêtre alors que sa baguette lui échappait des mains. Les débris de verre tombèrent sur les deux sorcières, et Ginnie tira Tracey contre elle pour les arbiter sous sa cape... Lorsqu'elle la relâcha et releva son regard, la Mangemorte avait disparu... sa baguette aussi... Ginnie sentit la panique l'envahir, se retournant de tous les côtés pour tenter de la retrouver. Elle pouvait être n'importe où, et attaquer à n'importe quel moment...

Encore une fois, la situation échappait à mon contrôle. Encore une fois, les évènements dérapaient sans que je puisse faire quoi que ce soit pour les en empêcher. Aujourd'hui, j'avais de la chance, il y avait quelqu'un pour me protéger, mais les choses n'allaient pas être toujours ainsi, d'autres fois je serai seule face à mon destin. Mais le fait d'être tombée sur cette personne – providentielle, il fallait le dire – allait-il mettre un frein à la série de mésaventures que je vivais en ce moment ? Si seulement...« Je suis avec l'Ordre. Je suis là pour te protéger. » L'Ordre ? Mais quel Ordre, par Merlin ? Mais soit...Elle était de mon côté, puisque l'autre – une Mangemort, apparemment – venait de la traiter de sang-de-bourbe. Pour le coup, nous étions dans le même panier. Tout se passa alors très vite, beaucoup trop vite pour moi. L'inconnue désarma l'autre sorcière, et la baguette ennemie quitta les mains de sa propriétaire. Il y eut une déflagration et la vitre la plus proche, percutée par le sort explosa. Je laissé échapper un cri tandis que je levai mes bras au dessus de ma tête pour me protéger des débris de verre. Quelques uns m'éraflèrent, me blessèrent sans doute, mais le pire fut évité encore une fois grâce à l'inconnue qui m'avait protégée de sa cape. Tandis que je tremblais comme une feuille, je tournai la tête pour tenter de voir où était passée cette horrible bonne femme. « Il faut partir. » murmurai-je d'une voix chevrotante, paniquée. « On est dans un quartier résidentiel moldu, l'un d'entre eux ne va pas tarder à débarquer...et les oubliators également. » Je ne tenais vraiment pas à ce que les agents du Ministère nous mettent la main dessus, surtout lorsque l'on savait que la moitié du Ministère était à présent à la botte des Mangemorts. Il fallait faire vite, d'autant plus qu'il m'avait semblé voir les premiers passants arrivér, alertés par le bruit de la déflagration et du verre brisé, mais aussi, par l'alarme d'une des voitures garées dans la rue, qui venait de se déclencher.

L'adrénaline coulant dans ses veines l'empâchait de ressentir la douleur de ses coupures. Eugénie regardait partout, à droite, à gauche, devant et derrière, les fenêtres, les toits, prête à réagir dès que la Mangemorte ré-attaquerait. Car elle allait ré-attaqué, c'était certain... Elle n'avait pas disparu sans raison... « Il faut partir. » murmura le souffle paniqué de Tracey. « On est dans un quartier résidentiel moldu, l'un d'entre eux ne va pas tarder à débarquer...et les oubliators également.. » Ginnie réalisa seulement qu'une alarme de voiture retentissait dans tout le quartier. Au bou de la rue, des passants les observait d'un air curieux. « Tu as raison. Prends ton sac. » Elles ne pouvaient pas transplaner maintenant, trop de moldus s'étaient rassemblés; Ginnie se tourna vers le perron sur lequel était assise Tracey quelques secondes plus tôt, et ouvrit la porte d'un léger coup de baguette sous sa cape. « Entre, on transplanera une fois à l'interieur. Je vais t'emmener quelque part où tu seras en... » La voix de Ginnie s'étrangla dans sa gorge. Alors qu'elle refermait la porte après avoir fait entrer Tracey, Ginne s'aperçu que quelqu'un les attendait dans le hall... « Nulle part n'est en sécurité! » Cette fois, Ginnie n'attendit pas que la Mangemorte ne lève sa baguette. Tracey était trop exposée. Ginnie lui saisit le bras, se concentra sur le chêne voyageur de la forêt de Craik, et tournoya sur elle-même...

La sensation familière d'écrasement enserra les poumons de Ginnie, mais l'Auror sentit autre chose. Des ongles s'étaient plantés dans son bras droit, sa main gauche toujours agrippée à l'épaule de Tracey. Le sol gelé de la forêt de Craik heurta soudain ses pieds, et Ginnie perdit l'équilibre. Se relevant, Ginnie réalisa avec horreur que la Mangemort les avaient suivies. Elle était là, debout sous les branches du chêne voyageur, un sourire triomphant sur son visage... Soudain, Ginnie eut un terrible préssentiment..« Tracey?!!! » Avait-elle subit le transplanage sans être blessée?

« Tu as raison. Prends ton sac. » Je m'exécutai sans plus tarder. Il fallait agir vite avant que notre assaillante ne revienne nous attaquer, et accessoirement, avant que les moldus ne s'approchent trop. Heureusement que je pouvais utiliser la magie comme bon me semble, car sinon j'aurais eu le Ministère sur le dos et c'était bien la dernière chose dont j'avais besoin en ce moment. « Entre, on transplanera une fois à l'interieur. Je vais t'emmener quelque part où tu seras en... » L'inconnue n'eut pas le temps de finir sa phrase. La Mangemorte s'était réfugiée à l'intérieur, et elle nous attendait, prête à attaquer. Tout se passa alors très vite, encore une fois. La sorcière venait de transplaner, m'emmenant avec elle. J'avais rarement eu l'occasion de transplaner dans ma vie, et la sensation était toujours autant désagréable...à l'atterrissage, j'eus du mal à tenir sur mes deux jambes. La tête me tournait, et j'eus vaguement envie de vomir. C'était trop pour moi. Je n'étais pas une aventurière, j'étais même une trouillarde par moments. .« Tracey?!!! » Ma sauveuse semblait paniquer. « Je suis là. » haletai-je, m'appuyant sur l'arbre pour retrouver un semblant d'équilibre. « Je suis encore entière, enfin...je crois. » je vérifiai alors rapidement si j'avais encore tous mes doigts ou tous mes membres, se désartibuler quand on débutait en la matière étant tellement facile. « Où est-elle ? » demandai-je en un souffle paniqué, regardant frénétiquement de droite à gauche pour m'assurer qu'on était seules. « On l'a semée ? » Est-ce qu'on allait devoir se battre ? Je me crispai à cette seule pensée. Je n'étais pas prête pour ça, d'autant plus que je peinais à reprendre ma respiration. J'étais encore moins disposée à engager une course dans les bois poursuite le cas échéant. Quelque chose n'allait pas. Il m'a simplement fallu lever la tête pour comprendre. « Oh non ! » J'échangeai un regard paniqué avec la jeune femme, avant de sortir ma baguette, au cas où. J'attendais sagement la suite des opérations au lieu de me lancer dans une opération suicide qui aurait réduit à néant tous les efforts qu'avaient fait l'inconnue pour me protéger jusqu'alors.

« Tracey? » « Je suis là. Je suis encore entière, enfin...je crois... Oh non! » La voix de Tracey changea en apercevant la Mangemorte. Ginnie se releva les dents serrés, se sentant habité d'une nouvelle fureur. Protéger une fugitive était une chose. Mais cette fois, la Mangemorte avait tenté de les suivre jusqu'au camp, où tous les gens qu'elle avait réussi à sauver, tous ceux qu'elle aimait et protégeait, résidaient. La Mangemorte du voir le changement sur son visage, car elle sembla un moment déstabilisée et fit un pas en arrière. Elle se reprit vite cependant, car Ginnie vit en un clin d'oeil un éclair rouge se diriger droit sur elle. « Protego! » Ginnie réussit in extremis à dévier le sort, qui heurt un arbrbe tout proche, faisant tomber une gigantesque branche non loin des trois sorcières... « Tracey! Mets-toi à l'abri!!! » Les éclairs fusaient de toutes parts. La Mangemorte évita le sort de Ginnie en se baissant et le trait de lumière se perdit dans la forêt. Son deuxième sort la manqua de peu mais ne fit que faire voler un éclat d'écorce à sa gauche. Ginnie enchaînait les sorts, mais la Mangemorte était la plus rapide... Elle lança un sort que Ginnie évita aisément, à se demander si elle n'avait pas fait exprès de la rater... Derrière elle, le sol trembla et un craquement effroyable se fit entendre. L'arbre derrière elle s'était élevé au-dessus du sol, et s'effondra sur elle... Ginnie roula sur la sol en brandissant sa baguette au-dessus d'elle dans une dernière tentative de se protéger, mais disparu au milieu des branches... Puis ce fut le silence...

Ce n'était toujours pas fini. Notre ennemie nous avait suivies, et elle voulait à tout prix en découdre. Ma sauveuse semblait en colère, j'ignorais si c'était contre moi, ou encore contre elle-même mais j'imaginais de toute façon que je ne tarderai pas à le savoir si on sortait d'ici vivantes. Entre la femme qui prétendait être de l'Ordre et la Mangemort, le combat faisait rage et pendant tout ce temps là j'hésitais, ne sachant pas si je devais me jeter dans la bataille ou non car nous étions deux et elle était seule, et de toute évidence nous finirions par avoir le dessus sur elle. Cela dit, si je me faisais tuer par cette femme, ma sauveuse n'allait pas être plus avancée. « Tracey! Mets-toi à l'abri!!! » Apparemment, elle ne voulait pas que je prenne part au combat, et vu comment les sortilèges pleuvaient, ce n'était pas insensé, j'étais bien incapable de faire de même, je ne savais pas me battre en duel, j'étais un boulet pour elle. J'allais me cacher plus loin quand j'entendis moi aussi ce craquement et avec horreur, je vis l'arbre s'effondrer sur celle qui m'avait sauvée la vie aujourd'hui. « NON ! » m'écriai-je avant de jeter un regard vers l'endroit où la Mangemort était censée se trouver...qui n'était plus là, d'ailleurs. Elle venait de transplaner, mais peut-être pas définitivement, peut-être qu'elle allait revenir, et avec du renfort, éventuellement. En tout désespoir de cause, je m'agenouillai au sol et commençai à soulever les branches à la main, mais de toute évidence je n'avais pas assez de force dans les bras pour pouvoir déplacer l'obstacle. Par Merlin, c'était à se demander si j'avais conscience d'être une sorcière car je n'y avais même pas pensé. Ma baguette. Je m'en saisis à nouveau avant de m'approcher de l'arbre. « Wingardium Leviosa. » lançai-je fermement, tentant de masquer les tremblements qu'il y avait dans ma voix. Pourvu que l'arbre ne prenne pas feu, ce serait la catastrophe. « WINGARGIUM LEVIOSA ! » m'écriai-je avec rage, voyant que l'arbre ne bougeait pas. Alors, cette fois, l'arbre se déplaça légèrement, mais il était de toute évidence trop lourd pour pouvoir être soulevé aussi facilement qu'une plume. « Hé ! » lançai-je à l'inconnue, dégageant quelques branches cassées pour y voir plus clair. « Vous allez bien ? » Avec angoisse, j'attendais sa réponse, tout en m'escrimant à jeter des sorts de découpe sur les branches et à les repousser à la main ou avec des sorts de lévitation quand les branches était trop lourdes. Je me promis alors de foutre le feu à ce putain d'arbre une fois que ma sauveuse serait tirée d'affaire.

Ginnie ouvrit les yeux, et fut surprise de constater qu'elle se trouvait allongée dans un arbre. Un arbre, avec les branches tout autour d'elle, et le ciel hivernal derrière elles. Quand avait-elle grimpé ici?... Puis Ginnie se souvint. Elle n'était pas dans un arbre... Elle était sous un arbre! « Tracey?!!! » Tout lui revint en même temps, les souvenirs aussi bien que les sensations. Mais la peur était encore la plus forte de toute. Que s'était-il passé depuis qu'elle avait perdu connaissance? Qu'était-il advenu de sa protégée? C'est alors que Ginnie l'entendit jeter sorts après sorts pour essayer de se frayer un chemin dans la masse végétale. Elle allait bien. Avec le soulagement, Ginnie commença à se soucier d'elle-même. Une branche s'était abattue sur ses jambes, la paralysant. Ginnie regarda autour d'elle, puis saisit sa baguette...

Quelques secondes plus tard, Ginnie réapparu aux côtés de Tracey après s'être extirpée de l'arbre en transplanant. La sorcière atterit sur ses pieds, puis tomba à genou en hurlant. Sa jambe droite la brûlait d'une douleur insupportable et sa jambe gauche ne supportait pas son poids. « Fracture et mauvaise entorse! » dit la voix de Béatrice dans sa tête. Ginnie retint un juron in extremis qui ne finit pas de franchir ses lèvres. Sorcière ou non, dans la santé comme dans la maladie, elle restait Princesse de York. Tenant sa jambe à deux mains, légèrement haletante et grimaçante sous la douleur, Ginnie releva le regard vers l'adolescente à ses côtés. « Tu... Tu veux bien m'aider s'il-te-plaît? » lui demanda-t-elle en lui tendant le bras pour qu'elle l'aide à se relever.

L'angoisse montait crescendo tandis que le silence était revenu dans la forêt, brutal et oppressant. On n'entendait plus que le son de ma respiration saccadée et les quelques jurons que je laissais échapper de temps à autres sous l'effet de la frustration. Je détestais me sentir aussi impuissante, surtout dans une situation aussi cruciale. Je ne pouvais pas me permettre de perdre quelqu'un d'autre. Que je la connaisse depuis cinq minutes n'y changeait strictement rien, ces jours-ci, de toute évidence, il y avait trop de morts, trop de sang avait été versé, il fallait que cet engrenage meurtrier cesse. La guerre était loin d'être finie, je le savais, mais plus on saurait minimiser les pertes et mieux ce serait. Le désespoir, la rage ainsi qu'un profond sentiment d'injustice m'avaient poussée à m'attaquer à cet arbre à mains nues. Dégager les branches une à une allait prendre un temps phénoménal, et malheureusement le temps m'était compté. Il nous était compté. Chaque seconde passée amenuisait les chances de cette femme de s'en sortir. Oui, je dramatisais peut-être un peu trop la situation, mais il y avait de quoi ! D'autant plus que la jeune femme ne répondait pas à mes appels désespérés. Je faillis hurler lorsqu'elle transplana brutalement à mes côtés. Dire que j'avais cru que c'était l'autre qui revenait à la charge ! Le soulagement pouvait d'ailleurs se lire aisément sur mon visage. « Tu... Tu veux bien m'aider s'il-te-plaît? » Je hochai vivement la tête, avant de glisser son bras autour de mes épaules, pour la soutenir. « Vous êtes blessée... » constatai-je, complètement mortifiée. Et tout ça, c'était de ma faute. Je ne laissai cependant pas la culpabilité s'épanouir davantage. Je pointai ma baguette sur la jambe blessée de ma sauveuse, priant de toutes mes forces pour que ce fichu sort soit lancé correctement. Ce n'était certes pas une question de vie ou de mort, mais ça n'en était assurément pas loin. « Ferula » L'attelle de fortune s'enroula autour de la jambe de la sorcière. « C'est rudimentaire. » convins-je avec un sourire contrit. « Mais ça tiendra le temps qu'on aille chercher de l'aide. Enfin, je l'espère. » Ce n'était pas encore gagné puisque nous étions en pleine forêt, et les chances de croiser quelqu'un qui veuille bien nous aider étaient moindres voire nulles. Qui plus est, nous étions ralenties car nous étions blessées. « Où faut-il aller ? » questionnai-je enfin d'une voix blanche, en regardant autour de moi pour tenter de me repérer dans cette jungle. Je tâchais de rester calme, mais je fus forcée d'en arriver à une bien sinistre conclusion : on n'était pas sorties de l'auberge.

Ginnie se laissa hissée sur l'épaule de la jeune sorcière, regardant autour d'elle pour savoir ce qu'il était advenu de la Mangemorte. Elle avait tout simplement disparu. « Elle a du être appelé par d'autres Mangemorts. J'espère que ce n'était rien d'important. » Ginne pensait à Harry Potter, et croisait les doigts pour que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom n'ait pas mis la main dessus...avant que la douleur ne la ressorte de ses pensées. « Vous êtes blessée... » s'exclama Tracey, la voix lourde de culpabilité. « Ne t'en fais pas, je t'assure que j'ai connu pire. » lui répondit l'Auror, serrant les dents, pendant que la jeune sorcière lui faisait apparaître une attelle autour de la jambe. « C'est rudimentaire. Mais ça tiendra le temps qu'on aille chercher de l'aide. Enfin, je l'espère. » « C'est absolument parfait! » dit-elle avec enthousiasme malgré la douleur qui lui contractait les traits. « Tu peux me croire, ma soeur est médicomage! Au fait! Je m'appelle Eugénie Windsor. Désolée, je n'avais pas encore eu le temps de me présenter... » « Où faut-il aller ? » demanda Tracey une fois les présentations faites. « Où on veut! » Ginnie poursuivit à voix basse, par précaution. « On ne peux pas trouver le camp en le cherchant. Il faut se perdre pour le trouver. »

« Elle a du être appelé par d'autres Mangemorts. J'espère que ce n'était rien d'important. » j'acquiesçai doucement, sans mot dire. Le calme était revenu dans la forêt, et ma sauveuse était tirée d'affaire, tout du moins, pour le moment. Quelque part, je me sentais soulagée. On avait évité le drame de peu, et malgré tout, j'étais quand même fière de moi. Cela dit, je n'eus pas le temps de me reposer sur mes lauriers, puisqu'il fallait déjà se remettre en route, et vite. Ne serait-ce que pour être hors de portée de notre ennemie. « C'est absolument parfait! Tu peux me croire, ma soeur est médicomage! Au fait! Je m'appelle Eugénie Windsor. Désolée, je n'avais pas encore eu le temps de me présenter... » Un sourire timide fleurit sur mes lèvres, tandis qu'elle me félicitait pour mon attelle de secours. Il fallait dire que pour moi, c'était une première, et en toute honnêteté, j'espérais de ne pas avoir à y recourir trop souvent. Elle s'était présentée. Windsor. Je tournai alors la tête vers elle, arborant désormais un sourire en coin. « Windsor...Comme la reine d'Angleterre ? » Oh, comme je me sentais piteuse tout à coup. Celle-là, on avait dû la lui faire des dizaines de fois. C'était après tout le lot de ceux qui avaient le même nom qu'une personne célèbre, ils devaient toujours se justifier quant à l'existence ou non d'un quelconque lien de parenté avec cette personnalité. « Désolée. » ajoutai-je précipitamment, comme pour m'excuser de l'extrême impolitesse dont je venais de faire preuve. « Enchantée, moi, c'est Tracey Davis, mais j'imagine que vous le savez déjà. » Cela dit, j'étais quand même contente de savoir à qui j'avais affaire, ça allait être plus pratique pour la nommer dans ma tête. « Où on veut! On ne peux pas trouver le camp en le cherchant. Il faut se perdre pour le trouver. » Se perdre ? À dire vrai, l'idée de me perdre en forêt ne me plaisait pas vraiment, mais bon, j'étais avec une connaisseuse, alors je n'avais rien à craindre, n'est-ce pas ? « Hum, je vous suis, mon sens de l'orientation est plutôt foireux. » Mon sourire en coin se mua alors en un rictus désabusé, tandis que je jaugeais du regard l'immense étendue de végétation qui se dressait tout autour de nous et loin devant.

La jeune Tracey sourit en entendant le nom de Ginnie. « Windsor...Comme la reine d'Angleterre ? » « Tout à fait! Ma grand-mère. » Granny Liz, comme Béa et Ginnie l'appelaient entre elles. Elles-même étaient princesses de York, mais Ginnie avait cessé depuis des années de s'en vanter. Pour les sorciers, elle n'était qu'Eugénie Windsor, une née-moldue comme les autres. « Désolée. » « Pourquoi donc? Pour avoir un minimum de culture générale? Regardes, moi aussi je sais faire! Davis, il n'y aurait pas un avocat qui s'appelerait Davis? » Ginnie n'avait absolument aucun mérite, contrairement à Tracey. Lorsqu'elle cherchait un fugitif, elle s'informait beaucoup sur elle et ses proches, et savait que la jeune sorcière de Dartmouth avait un père avocat et une mère médecin. « Hum, je vous suis, mon sens de l'orientation est plutôt foireux.» « Mais c'est exactement ce qu'il nous faut pour y arriver! » Tout sourire pour tromper la douleur, Ginnie remis son bras autour des épaules de Tracey pour préserver sa cheville dans son attelle. Elle avait hâte d'arriver au camp pour pouvoir enfin rayer le nom de la sorcière de sa liste. Cette liste où tous les jours des noms s'ajoutaient, et où parfois, d'autres s'effaçaient après une annonce de la Radio Pirate. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, le nom de Tracey s'effacerait car elle était en sécurité, saine et sauve au camp de Craik... Et avant qu'elle ne le sache, au détour d'un gigantesque sapin aux ramures opaques, une clairière s'enfonçait dans un petit vallon, au creu duquel se trouvaient un cercle de tentes blanches. Le camp de Craik...

Ma petite plaisanterie ne semblait pas avoir choqué la jeune femme, puisqu'elle ne s'en offusqua pas. Si toutefois elle était vexée, elle le cachait vraiment bien. Pourtant, Eugenie Windsor semblait tellement spontanée qu'il était difficilement envisageable qu'elle soit vexée, autrement dit, je l'aurais su tout de suite. « Tout à fait! Ma grand-mère. » Je me tournai alors vers elle, sous le choc. Merde alors. Je me mis à rougir de honte. Une fois encore, j'avais mis les pieds dans le plat, en plein dans le mille. Je me sentais soudainement toute petite face à elle. Une princesse. Et j'osais parler de la sorte face à une princesse ? Je ne pouvais certes pas le savoir mais quand même, j'avais fait preuve d'une extrême impolitesse. « Pourquoi donc? Pour avoir un minimum de culture générale? Regardes, moi aussi je sais faire! Davis, il n'y aurait pas un avocat qui s'appelerait Davis? » Elle ne m'en tenait pas rigueur. Tant mieux, même si je me sentais toujours aussi mal. « Pardonnez mon impolitesse, votre altesse royale, mais je ne sais pas faire la révérence, alors... » finis-je par avouer, assez piteusement, il fallait le dire. « Mais l'intention y est. » Cela dit, je doutais qu'en pleine forêt, étant fugitives toutes les deux – je supposais, vu que le roi et la reine d'Angleterre étaient tous deux des Moldus – elle soit attentive au protocole. Mais tout de même, j'avais face à moi une princesse, une vraie de vraie et qui m'avait sauvée des griffes d'une Mangemort de surcroît. Cependant, plus que le reste, ce qui me faisait tiquer, c'était l'allusion à mon père. « Oui, c'était mon père. » avouai-je alors à contrecœur, le sujet étant encore très douloureux à évoquer. J'eus alors un doute. Que savait-elle exactement sur moi ? Sur ma famille ? Savait-elle les querelles intestines qui nous avaient séparés de la famille du côté de mon père ? Savait-elle que j'avais une cousine qui était encore à Poudlard ? Je n'eus cependant pas le temps de poser la question, mais ce n'était que partie remise. Déjà, je voyais le camp se profiler un peu plus loin, les tentes blanches qui le composaient étaient parfaitement alignées, et régulièrement disposées. « on n'a pas eu besoin de beaucoup se perdre, on dirait. » fis-je remarquer, légèrement amusée. « Tant mieux pour votre pied, plus vite nous y serons, et plus vite vous pourrez recevoir des soins. » Et de mon côté, j'allais pouvoir faire soigner les quelques égratignures et blessures résultant de notre affrontement avec l'affreuse bonne femme, mais aussi de mon duel acharné contre l'arbre qui avait coincé ma sauveuse. J'avais en effet l'intérieur des mains complètement écorché d'avoir attrapé à mains nues des branches lourdes, ça piquait un peu, mais rien de bien dramatique, Eugenie, elle, devait certainement souffrir plus que moi.

« Pardonnez mon impolitesse, votre altesse royale, mais je ne sais pas faire la révérence, alors... Mais l'intention y est. » « Tu as au moins la bienséance de l'avouer! Je préfères encore qu'on me traite comme n'importe qui plutôt qu'en faisant cinq erreurs au protocole rien qu'en faisant une révérance loupée! » lui répondit l'Auror avec un sourire complice. « Et tu peux m'appeler Ginnie, ici, nous ne sommes que deux nées-moldues l'une comme l'autre... » En abordant le camp, des sorciers réfugiés les avaient aperçues et s'approchaient d'elles. Plusieurs avaient reconnu Ginnie et s'inquiétaient de la voir boitante, mais elle les arrêta avant qu'ils n'aient eut le temps de vraiment s'en faire, visiblement mal à l'aise. Elle n'aimait pas attirer l'attention et la dirigea rapidement vers sa protégée. « Tout le monde, je vous présente Tracey Davies. » Plusieurs sorciers la saluèrent personellement sur le champ, lui demandantd éjà d'où elle venait et combien de temps elle voulait rester. Il y eut même une jeune sorcière de quelques années sa cadette qui lui proposa de partager sa tente. L'ambiance était chaleureuse au camp. Les temps difficiles avaient resserés les liens entre fugitifs. « La tente de ma soeur est celle-là » indiqua Ginnie en murmurant à Tracey entre deux présentations. « Je te reverrai très vite! »

Merde alors. Si plus tôt dans la journée quelqu'un m'avait dit que je rencontrerais une des prétendantes au trône britannique, je l'aurais traité de fou, voire même de débile mental. En même temps, je n'aurais jamais soupçonné les petites filles de la Reine d'être des sorcières, le secret devait être trop bien gardé, voire même classé secret d'état. Imaginez la panique des moldus s'ils venaient à apprendre qu'il y avait des sorciers jusque dans la famille royale elle-même. D'où la bourde que je venais de faire. Heureusement, la princesse d'York ne semblait pas s'en offusquer. « Tu as au moins la bienséance de l'avouer! Je préfères encore qu'on me traite comme n'importe qui plutôt qu'en faisant cinq erreurs au protocole rien qu'en faisant une révérance loupée! » Malgré ma gêne, je me surpris à esquisser l'ombre d'un sourire. En effet, j'imaginais le tableau, et l'image que j'en avais était assez burlesque dans son genre. Paraissait-il qu'il fallait avoir ça dans le sang pour le faire correctement. Ce n'était donc pas moi, simple roturière, qui allait m'y coller. « Et tu peux m'appeler Ginnie, ici, nous ne sommes que deux nées-moldues l'une comme l'autre... » Même si j'étais plutôt flattée qu'elle m'autorise à l'appeler par son surnom, qui impliquait déjà une certaine proximité, je sentis un léger malaise m'envahir lorsqu'elle me qualifia de née moldue, qualification que je m'empressai de rectifier. « Sang-mêlée, en réalité, mon père...était un sorcier. » Qu'elle ne m'en tienne donc pas rigueur, c'était un automatisme que j'avais acquis au fil des années. On m'avait tellement insultée de sang-de-bourbe que rétablir la réalité était devenu machinal, pour ne pas dire complètement obsolète. Enfin, soit, je n'allais pas me formaliser pour si peu. « Tout le monde, je vous présente Tracey Davies. » Le rouge me monta alors aux joues, alors que j'esquissais un sourire timide de la main. De l'attention, je n'en avais jamais vraiment eu, j'étais de ceux qui restaient dans l'ombre, qui étaient des ombres, alors me retrouver sous les feux des projecteurs, c'était inhabituel, pour ne pas dire déstabilisant. Je gardai le silence face à leurs questions. Je ne savais pas moi-même combien de temps j'allais rester, comment je pouvais espérer les renseigner ? « Aussi longtemps que nécessaire. » me contentai-je de murmurer en serrant légèrement les poings, grimaçant quelque peu car j'avais oublié que mes paumes étaient dans un sale état. « La tente de ma soeur est celle-là » Je me retins à grand peine de sourire en pensant que j'allais rencontrer une autre princesse. Pourtant, j'étais presque inquiète à l'idée que Ginnie - autant m'habituer à l'appeler ainsi, même dans ma tête – m'abandonne dans un endroit que je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam. Enfin, je ne pouvais décemment pas la monopoliser plus longtemps, elle avait sans doute des choses à faire à côté, comme se faire soigner par exemple. « Je te reverrai très vite! » J'acquiesçai d'un hochement de tête, avant de lui adresser un léger signe d'au-revoir. Je regardai alors autour de moi, n'arrivant pas encore à croire que j'étais en sécurité, qu'on allait s'occuper de moi. Peut-être allais-je y trouver une famille de substitution, allez savoir, après tout, nous étions tous dans le même sac. Je jetai alors un regard absent à mes mains écorchées. Je ferais mieux d'aller me faire soigner, moi aussi, et de me poser quelque part, histoire de me remettre de mes émotions. D'un pas résolu, je me dirigeai alors vers la tente de la médicomage, prête à faire sa connaissance.

RP TERMINE
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