(2.1) You want to escape but I'm Here | Judith

Maintenant directeur, Severus n'avait plus à assurer de cours ni à supporter des élèves plus mauvais les uns que les autres. Bien que la dernière réflexion se portait plus sur les cours de potions, l'homme s'était également rendu compte qu'assurer des cours de défense contre les forces du mal n'était pas non plus une extrême partie de plaisir. Les élèves étaient, certes, plus agités et plus enjoués, il n'en restait pas moins qu'ils n'étaient pas très bons lanceurs de sorts. Pourtant l'enseignement de Severus avait fait taire cette gaieté. Les élèves venaient plutôt renfrognés et Severus, ou tout au moins sa fierté, prenait un coup à chaque fois. Et même s'il ne montrait rien, cela se répercuter sur son être. Severus était peut être quelqu'un de sinistre, il ne fallait pas oublier les souffrances qu'il avait vécu durant toute sa vie. Il ne fallait oublier non plus la promesse, encore secrète de cet homme qui était une personne beaucoup trop courageuse pour ne pas être respectée.
Le mangemort, qui n'en était en réalité plus vraiment un, avait parfois besoin de se ressourcer et de chasser les mauvaises ondes de son esprit. Et, afin de protéger les élèves des Carrow qui prenaient plaisir aux tortures quand le directeur n'était pas là, Severus ne souhaitait pas quitter le château. Il ne souhaitait pas non plus aller faire à l'extérieur, pour prendre réellement l'air. Non. Alors, depuis quelques temps maintenant, et à dire vrai depuis que Dumbledore était mort, Severus faisait souvent les cent pas dans les couloirs à des heures tardives. Il n'y croisait pas d'élève, ces derniers ayant trop peur de lui. Ils le croyaient diable incarné et bras droit, ou une place du genre, de Lord Voldemort. En réalité, il avait sacrifié sa vie pour servir Dumbledore. Pour Lily.
Ce soir là, alors que Severus se promenait dans les couloirs du quatrième étage, il aperçut une élève qu'il connaissait plutôt bien. Son père était un mangemort et il connaissait à peu près leur histoire. Pourtant cette élève n'était pas mauvaise mais Severus n'arrivait à l'apprécier. Alors, quand il la vit près d'un passage secret, il s'approcha d'elle, plutôt mécontent. " Puis-je savoir que faites-vous ? "

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Judith avait de plus en plus de mal à supporter la pression à l’intérieur du château. Les années qui s’étaient écoulées avant celle-ci avaient été tellement plus simples, tellement plus agréables. Poudlard avait été un lieu béni aux yeux de la jeune femme qu’elle était. Dans ce château, elle avait trouvé une deuxième maison. Elle avait beau aimer passer du temps en compagnie de sa mère, être à Poudlard, c’était un peu comme être dans un autre monde, bien plus féérique. La roue avait tournée. Il n’y avait plus rien de féérique entre les murs humides du vieux château, juste les ténèbres. Jamais Judith n’avait envisagé de retrouver son père, il n’était qu’un lâche à ses yeux, elle n’avait nullement besoin de lui. Sa mère et elle, s’en sortaient très bien uniquement toutes les deux. Malgré tout, il lui était arrivé d’essayer d’imaginer de quoi pourrait avoir l’air leurs retrouvailles et le scénario ayant eu lieu ne lui était jamais venu à l’esprit. On pouvait difficilement faire pire à ses yeux. S’il n’avait pas été là, elle aurait été bien loin de Poudlard à l’heure actuelle. Là pourtant, elle était encore dans le château, à jouer un rôle qui n’était pas le sien. Bien souvent les gens la voyaient comme une jeune femme ravie de ce qu’était devenu le monde, mais ce n’était qu’un faux semblant, une apparence qu’elle donnait dans le seul but que son père reste assez tolérant pour ne pas tuer sa mère. Elle n’était pas comme ça. Au contraire et pourtant, elle jouait bien son rôle. Toutefois ce soir, alors que très récemment, un élève était mort au château, elle avait décidé de remettre à plus tard son obéissance pour son père. Ce qu’il ne savait pas ne pouvait pas lui faire grand-chose de toute façon. C’est ainsi qu’elle s’était retrouver à aider un jeune élève à s’enfuir du château, le laissant emprunter l’un des rares passages secrets non condamnés. Tout se passait bien jusqu’à ce qu’une voix trop familière parvienne à ses oreille. Elle n’eut pas besoin de se retourner pour savoir qu’il s’agissait du professeur Rogue, nouveau directeur de Poudlard. Elle se retourna pourtant lentement vers le sorcier qui venait de la prendre la main dans le sac. « Je voulais vérifier si le passage secret existait encore. » Elle esquissa un léger sourire. C’était débile comme réponse, elle aurait sans doute du se creuser un peu plus la tête pour trouver mieux, mais dans l’immédiat elle en avait été incapable.

La réponse de la jeune fille était insolente aux yeux et aux oreilles de Severus. Elle le prenait pour un idiot et il le savait pertinemment. Et au fond d'elle, Judith aussi devait le savoir mais elle n'allait revenir sur sa décision. Severus ne savait ce qu'elle faisait là mais il y avait plusieurs explications que celle qu'elle lui avait fourni. Soit, elle souhaitait s'en aller mais dans ce cas là, un sac serait à ses côtés tout au moins. Soit, elle avait aidé un élève à quitter l'enceinte du château. Quoiqu'il en fut, c'était une infraction qu'il n'allait pas laisser passer. Mais il se chargerait lui même de sa punition. Severus n'avait pas besoin des Carrow et de leur impertinentes tortures pour punir les élèves. " Je doute sérieusement de votre réponse, mademoiselle Abernathy. Mais peut être qu'une visite chez les Carrow vous ferez le plus grand bien ? "
C'était une menace qu'il ne tiendrait pas, étant donné qu'il allait s'occupait lui même de cette punition. Mais peut être que cela délierait sa langue. Du moins, Severus l'espérait. Il souhaitait en savoir d'avantage sur ce qui venait de ce passer. Et, si bien évidemment, la punition ne suffisait pas, il s'occuperait de lui délivrer du verita serum. Mais pour l'heure, il n'allait rien dire et attendait un peu, pour voir si ses menaces paieraient.
En attendant, il prit sa baguette et referma le passage secret. Pour l'heure il n'allait pas le condamner et la jeune élève devait certainement le savoir. Surtout que le sort utilisé n'était pas bien compliqué même s'il n'avait pas été formulé mais seulement pensé. Il n'espérait donc pas qu'elle pense que le passage soit condamné.
Il ne la quittait pas des yeux, avec son regard sévère, dans lequel se cachait la souffrance et le courage dont l'homme avait fait preuve durant tant d'années. Mais on ne voyait à présent qu'un homme cruel et manipulateur. Le meurtrier de Albus Dumbledore. Il avait hâte de révéler tout cela à Harry Potter qui, Severus en était convaincu, honorerait sa mémoire. Il le savait, Harry n'était pas un garçon idiot. Mais tout ceci faisait également un peu peur à Severus.
Le directeur n'avait pas quitté son élève des yeux. Il attendait toujours les explications.

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Judith avait l’impression que le sort s’acharnait contre elle ses derniers temps. Entre son père qui avait fait une entrée fracassante dans sa vie, Slevin qui avait déserté Poudlard et qui avait du l’attendre longtemps, alors qu’elle avait promis de venir avec lui et qu’elle ne s’était pas montrer. Sa mère dont la vie était menacée au quotidien et maintenant le professeur Rogue qui lui était tombé dessus alors que pour la première fois depuis le début de l’année, elle s’était permise d’enfreindre le nouveau règlement de l’école. Elle n’avait pas grand-chose à dire pour sa défense, de toute façon, le professeur Rogue n’était pas né de la dernière pluie, il savait bien ce qu’elle faisait là. Poser la question, semblait être complètement inutile aux yeux de Judith. Face au sorcier elle se contenta de hausser légèrement les épaules. « Je suis sûre que vous connaissez déjà la réponse à votre question de toute façon, Professeur. » Elle venait d’aider un élève à quitter le château et elle espérait à présent qu’il soit bien loin d’ici. Elle jeta un rapide coup d’œil derrière son épaule alors que le sorcier venait de refermer le passage secret se trouvant derrière elle. Elle reposa ensuite les yeux vers son interlocuteur. « Chez les Carrow ? Ils risqueraient de me tuer, on raconte qu’ils font ça maintenant. » Carrow avait bel et bien tué un élève dans l’enceinte du château, sous la direction du directeur Rogue. On pouvait dire qu’il avait vachement assuré pour le coup. Laisser un mangemort tué un élève de douze ans, félicitations. « Combien de morts votre conscience pourra-t-elle encore supporter ? » Elle aurait mieux fait de garder ça pour elle. Mais c’était sorti tout seul garder pour elle ce qu’elle avait sur le cœur, ce n’était pas quelque chose qu’elle savait faire. En tant que mangemort, il s’en fichait certainement du sang qui salissait ses mains, il ne valait pas mieux que le monstre qui lui servait de géniteur.

Severus connaissait en effet la réponse à sa dernière question et c'est pourquoi il ne répondit pas à la jeune fille. Tout comme il ne répondit pas à la provocation concernant les Carrow. En revanche, lorsque cette dernière fit malencontreusement sortir de sa bouche ce qu'elle avait sur le cœur, Severus la regarda avec un regard encore plus noir qu'à l'ordinaire. C'était une pique, une provocation que Severus ne pouvait accepter. Elle le traitait de lâche ou, du moins, c'était ainsi que le directeur le percevait. Il ne pouvait accepter plus de mort, ni plus de sang. Mais il ne pouvait hélas rien dire ni rien faire. Il devait accepter cela pour mener à bien sa réelle mission. Et cela, il ne pouvait l'avouer à personne. Alors, quand la jeune fille prononça ces mots, Severus ne pouvait que se mettre en colère. Elle ne comprenait rien, ne savait rien. " Je vois que votre impertinence n'a pas cessé et c'est pourquoi je me ferai une joie de vous infliger une punition. Suivez moi. "
Severus avait su garder son calme et son sang froid. Il la toisait sans sourciller. Puis il se tourna, faisant virevolter sa cape beaucoup trop longue par rapport à la hauteur de son corps. Il fit un pas, puis deux, mais sentait que sa punition allait lui filer entre les deux. Alors il se retourna, certainement encore plus vite que la première fois et pointa sa baguette vers l'élève. " Suivez-moi. " Il attendit qu'elle fasse quelques pas, tout en gardant sa baguette pointée vers elle.
Severus avait pris l'habitude de se protéger en pointant quiconque le défier de sa baguette, même s'il ne réservait l'attaque que lorsqu'il le jugeait nécessaire. Cette fois-ci, ce n'était que pour l'intimider. Elle le pensait mangemort et capable de tuer quiconque s'opposait à lui. Et beaucoup de personne pensait cela. Pourtant ... Severus n'avait tué qu'une seule et unique personne de toute son existence. Albus Dumbledore. Et en plus de cela, cette mort avait été programmée. Tout avait été programmé. Et c'était tellement difficile pour Severus d'affronter désormais les regards des personnes qui lui faisaient confiance. Tout ça pour Harry Potter. Il se devait de le faire, jusqu'au bout. Pour elle. Pour Lily.

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Judith pensait que même si la guerre faisait rage dehors, il était du devoir du directeur de Poudlard d’éviter que les cadavres s’accumulent dans les couloirs de Poudlard. Ça avait beau être la guerre, le château restait un lieu d’enseignement, un lieu dans lequel il n’y avait que des gamins qui finalement n’avait pas demandé grand-chose. Ils auraient du être en dehors de la guerre, parce que, la plupart d’entre eux, n’étaient même pas majeurs. Cependant, rien ne semblait à même de les protéger. Les mangemorts s’amusaient bien en leur collant des punitions relevant plus de la torture qu’autre chose et, le directeur ne pouvait plus leur assurer qu’ils resteraient en vie dans le château. En somme, Poudlard était devenu un enfer dont beaucoup cherchaient à s’échapper, comme Slevin l’avait fait au début de l’année, comme venait de le faire celui qu’elle venait d’aider, comme elle aurait sans doute du le faire, si seulement elle n’avait pas eu son père sur le dos. Ils fuyaient parce que le château n’était plus sûr et que le nouveau directeur de Poudlard ne bougeait pas ne serait-ce qu’un petit doigt pour éviter que les choses ne s’aggravent. Judith n’avait jamais apprécié le professeur Rogue, mais à une époque, elle avait quand même pensé qu’il était plus humain que ça, elle avait eu tord. « On ne change pas les bonnes habitudes. » Elle haussa les épaules pour terminer sa phrase. Une punition, très bien, c’était ce que les mangemorts faisaient de mieux de toute façon, punir les élèves. Il y avait toujours une bonne raison pour ça, que ce soit parce que comme elle, ils avaient aidé un camarade ou que, comme d’autres, ils avaient osé respirer un peu trop fort. Toutes les raisons étaient bonne pour eux, aussi stupides soient-elles aux yeux des personnes les plus avisées. Dans un soupire, elle se décida à suivre le directeur, elle n’avait de toute façon pas l’intention de fuir, ce n’était pas dans ses habitudes, elle était prête à assumer la punition, aussi injustifiée soit-elle, après tout, elle venait peut-être de sauver une vie, ça ne valait pas une punition selon elle, enfin les règles avaient changées cette année.

Severus savait bien que la jeune fille allait le suivre. Après tout, elle n'avait pas trop le choix. Le directeur n'avait pas encore eu idée de la punition qu'il infligerait à cette élève, mais ce qui était sûr, c'est que cela ne serait pas une punition corporelle. Après tout, Severus n'était pas un homme sanguinaire et, au bon sens, il ne voulait pas amocher une élève sous prétexte qu'elle avait aidé un garçon à fuir le château, surtout quand on sait quel type de père possédait-elle. Des mangemorts il en avait connu et il en côtoyait toujours mais disons que le père Abernathy n'était pas quelqu'un que Severus portait dans son coeur. Et pour le bon déroulement de sa mission, Severus ne comptait pas s'attirer les foudres d'un sorcier tel que lui.
Severus se dirigeait vers les escaliers, en silence. Il n'avait pas encore à questionner cette élève, et de toute façon, réfléchissait encore. Il écoutait alors les bruits de pas qu'elle faisait en le suivant et, évidemment, gardait sa baguette en main. N'était-on jamais assez prudent. Il emprunta les escaliers et se tourna alors quelques instants vers la jeune fille, avant de reprendre son chemin sans un regard de plus. Il marcha jusqu'à son bureau, duquel il enleva les protections et maléfices afin de passer, lui et l'élève. Puis, machinalement, une fois dans le bureau, les maléfices se remirent en place.
Le bureau n'avait pas changé. Il était certes moins vivant que lorsque Dumbledore l'habitait mais il était encore identique. Le tableau de Dumbledore étai désormais affiché aux côtés des autres directeurs de l'école. Mais, afin que tout se passe pour le mieux, le tableau ne parlait qu'à Severus que lorsque cela était nécessaire et ne se dévoilait pas aux personnes entrant dans le bureau. Ainsi Dumbledore dormait ou faisant semblant afin d'écouter les conversations. Severus prit place sur le grand fauteuil que Dumbledore avait voulu que le désormais directeur conserve, malgré le fait que Severus ne s'y sentait que très peu à son aise. " Asseyez vous. "
Il croisa ses mains sur le bureau et fixa la jeune fille. Il savait désormais très bien ce qu'il allait faire. " Je suppose que vous ne voudrez me dire le nom du camarade que vous avez aidé à fuir. Je verrai bien qui est-ce lors des prochaines heures d'appel. Toutefois, estimez vous heureuse d'être ici et non entre les mains des Carrow. Votre punition aurait été plus ... regrettable. "
Severus attendait qu'elle parle ou qu'elle se manifeste. Sinon, il s'emploierait à lui faire rédiger certaines choses qui n'étaient ni privées ni destinées à quelqu'un en particulier. Elle devra donc, durant deux heures, rédiger des traités qui seront affichés à Poudlard puis copiera des lignes. Au moins, elle sortirait avec un mal de cou et de poignée et cela serait suffisant.

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La liste des punitions de Judith depuis le début de sa scolarité était assez longue. Elle n’accumulait pas les grosses erreurs de conduite, juste des petites fautes qui lui avait valu quelques punitions au cours des dernières années. Cette année pourtant, elle avait vite compris qu’il était dans son intérêt que de se tenir à carreaux. Elle n’avait encore rien fait qui puisse être punissable, elle était assez obéissante et assidue même aux cours les plus horribles, elle pensait notamment à celui d’initiation à la magie noire. Elle détestait ce cours, elle n’y voyait aucun intérêt si ce n’est celui de former, contre leur gré des soldats pour l’armée de Voldemort. Malgré son dégout pour cette matière et pour l’idée qui allait avec, elle avait été présente à tous les cours. Elle s’était toujours parfaite conduite depuis le début de l’année. Jamais elle n’avait dépassé le couvre feu, pourtant c’était une habitude qu’elle avait eu ses dernières années alors qu’elle restait tardivement à la bibliothèque, cependant, sans Selvin, la bibliothèque avait perdu tout son intérêt. Ce soir pourtant, elle avait choisi de désobéir au règlement et forcément, il fallait que ce même soir, le directeur de l’école ait décidé de faire une ronde dans les couloirs. Elle avait suivit le professeur Rogue jusqu’à son bureau, celui qui avait été celui de Dumbledore, un homme qui avait beaucoup plus de mérite que l’actuel directeur selon Judith. Selon beaucoup d’autres élèves d’ailleurs. Elle prit place en face du bureau du directeur et croisa rapidement ses bras sur sa poitrine. Il avait bien raison, elle ne lui donnerait pas le nom de l’élève qu’elle avait aidé à fuir. Il l’aurait bien vite de toute façon, un nom de plus qui manquerait à la l’appel dès les premières heures de cours, le lendemain. « Vous avez raison, vous le saurez demain. Au moins, à ce moment là, il sera déjà loin. » En sécurité peut-être. Cependant, elle doutait que quelqu’un puisse vraiment être en sécurité ces derniers temps, quelqu’un qui ne serait pas mangemort ou rafleur en tous cas. « Est-ce que je suis censée vous remercier ? » Elle n’en avait pas envie, Carrow, Rogue, c’était du pareil au même à ses yeux, quoi que Rogue ne tuait pas encore les élèves alors peut-être que oui, elle pouvait s’estimer heureuse, mais de là à le remercier, il ne fallait pas exagérer.

Son arrogance s'élevait au fur et à mesure de la conversation. Pourtant Severus ne l'avait pas encore pris en considération. Il avait l'air d'humeur bavarde ce soir là et était bien décidé à parler avec cette élève. Il se sentait moins seul. Au moins, il parlait avec quelqu'un de vivant et non avec quelqu'un qui vivait à présent dans un tableau. " Loin ne garantit pas la sécurité. " La faire culpabiliser ? C'était fort possible, même si Severus n'essayait pas de la faire douter de son geste. Elle l'avait fait point. De toute façon, ce n'était pas lui qui allait aller le chercher. S'il préférait se trouver entre les mains des rafleurs, c'était bien son problème. " J'espère seulement que vous n'aurez pas à culpabiliser si ce dernier se retrouvait entre les mains des rafleurs ... En particulier si son sang n'est pas pur. " Severus ne savait pas de quel élève ils parlaient. Il était donc normal qu'il ne sache le sang de ce dernier. Il le découvrirait demain, à moins que la jeune femme ne craque. Mais bon, ce n'était pas son intention première.
Le directeur n'avait pas répondu à la dernière pique de l'adolescente. Après tout, s'il ne s'était pas ennuyé et s'il n'avait pas besoin de se vider l'esprit, il l'aurait envoyé chez les Carrow qui se seraient fait un plaisir de sortir leurs baguettes respectives. Pourtant, ce soir là, Judith était entre les mains de Severus qui agissait plus avec tact. La torture n'était pas un moyen d'obtenir quelque chose de fiable selon lui. Ce n'était que le salut du corps qui ne peut que plier sous les coups et la douleur. Cependant, cette méthode n'était pas fiable. La preuve réelle se prouvait sur les parents de Neville Londubat. Quelle tristesse. Severus ne voulait pas détruire une famille. On lui avait déjà brisé le cœur, inutile de briser celui de quelqu'un d'autre. Il ne souhaitait à personne de vivre ce qu'il vivait.

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La sécurité n’existait plus. Ni dans le château, ni même à l’extérieur. C’était une chose dont Judith était sûre. Elle n’avait pas besoin de mettre le pied dehors pour le savoir. Des gens mourraient dehors, mais des gens mourraient aussi à l’intérieur, alors elle n’était pas convaincue qu’on puisse être plus en sécurité à l’intérieur qu’à l’extérieur. Elle n’allait pas culpabiliser parce qu’elle avait aidé un élève à s’échapper. Si là était le but du professeur Rogue, il ne réussirait pas. Elle savait ce qu’elle avait fait et elle ne le regrettait absolument pas. « Poudlard non plus de toute évidence. » Quand les élèves n’étaient pas tués injustement, ils étaient torturés pour des raisons toujours plus absurdes les unes que les autres, ils n’avaient que très peu la possibilité de fuir. « Là-bas il pourra s’enfuir alors que qu’ici on l’aurait tué sans scrupule à la première occasion. » Elle haussa légèrement les épaules avant d’ajouter. « Alors je n’ai pas à culpabiliser. » La seule chose pour laquelle elle pouvait s’inquiéter, c’était pour son père. Celui la même qui la menait à la baguette depuis le début de l’année. S’il venait à apprendre qu’elle avait aidé quelqu’un à s’échapper du château, il aurait quelque chose à lui reprocher et elle n’avait pas envie que ce soit sa mère qui paie pour ses erreurs. Malheureusement pour elle, elle avait bien compris que son cher géniteur n’hésiterai pas à s’en prendre à sa mère si jamais elle faisait la moindre erreur, c’était bien pour cette raison qu’elle se portait particulièrement bien depuis le début de l’année. C’était aussi pour cette raison qu’elle avait laissé tombé Slevin au lieu de le rejoindre comme ils l’avaient prévus. Elle devait faire de son mieux afin d’aider sa mère, sans quoi en plus de la trahir elle, elle aurait l’impression de trahir une deuxième fois son ami, chose qu’elle n’avait guère envie de faire.

Son arrogance énervait de plus en plus le directeur qui ne montrait pourtant aucun signe de changement d'attitude. Il attendait le moment propice pour lui faire une petite déclaration sur ce qu'il comptait faire. Prévenir son père. Cet infâme mangemort que Severus n'appréciait pas particulièrement. Il le connaissait un peu et il savait de quoi il était capable, mais il savait surtout la peur qu'il posait sur sa fille et sa mère. Severus réfléchissait un peu à sa probable future action. A quoi cela pouvait bien l'avancer de dévoiler ce que Judith avait fait ? Mais ce que personne ne savait ni ne comprenait, c'est qu'il devait jouer son rôle jusqu'au bout. C'étaient la les dernières paroles de Dumbledore à travers la toile du tableau dans lequel il dormait paisiblement. " Si cela peut vous intéresser d'avantage, je crois que votre père serait heureux d'apprendre votre conduite de cette soirée. "
C'était dit et il ne reviendrait pas en arrière. De plus, Severus devait trouver une punition ni trop sévère ni trop légère à titre préventif pour les élèves qui voudraient jouer les héros comme Judith avait cru le faire ce soir. Mais le directeur n'avait pas de grandes idées. Lui faire copier des lignes ? Elle avait passé l'âge et lui de la surveiller. Le cachot ? Une ou deux heures ? Comme l'avait suggéré un jour Rusard, il faudrait revenir aux anciennes punitions. Une heure, attachés par les poignets, dans l'un des cachots. Pourquoi pas. Après tout, c'était une idée comme une autre. " Revenons sur votre punition. Un petit séjour dans les cachots vous ferez, je pense, le plus grand bien. " Il n'avait pas annoncé les poignets suspendus car il préférait simplement la lâcher dans un endroit froid, humide et sombre, sans baguette, le temps de quelques heures. Elle aurait le temps de réfléchir à tout cela, comme ça.

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Moses Fleming, ce type était tout droit sorti d’Azkaban et en un rien de temps il avait eu une emprise sur la vie de Judith que cette dernière regrettait vraiment. Elle n’avait jamais été plus malheureuse qu’une autre à cause de l’absence de son père, elle n’en avait jamais vraiment souffert, sa mère lui suffisant amplement. Elle tenait vraiment à cette dernière, c’était la seule raison qui la poussait à montrer à son paternel autant de respect qu’elle en était capable. Elle était sûre que si elle avait le malheur de le regarder un peu trop de travers, il était capable d’aller tuer sa pauvre mère. Elle ne pouvait pas le laisser agir de la sorte. Elle savait aussi que si le professeur Rogue annonçait à ce cher Fleming qu’elle avait aidé quelqu’un à s’échapper du château, ça risquait de chauffer pour son matricule et pour celui de sa mère, mais évidemment ça, le directeur de Poudlard, n’en avait que faire. Elle baissa les yeux un court instant avant de reposer son regard sur Rogue, un peu moins sûre d’elle. « Mon père, n’en a pas grand-chose à faire de moi. » Elle haussa légèrement les épaules. En vérité il s’intéressait un peu trop à elle, mais pas pour les bonnes raisons d’après elle, pas comme un père devrait s’intéresser à sa fille en tous cas. Ça n’avait pas d’importance, elle n’était même pas sûre de pouvoir le considérer comme son père, au-delà du fait que son sang coulait dans ses veines. Il fallait plus que de la génétique pour faire d’un homme un père et celui là n’avait que la génétique. Elle arqua les sourcils suite à l’évocation de sa punition par le directeur, juste enfermée dans le cachot quelques heures, c’était assez peu conventionnel par rapport à ce qui se faisait d’habitude. Elle aurait presque pu lui demander si c’était tout ce qu’il lui réservait, heureusement, elle avait retenu cette phrase qui aurait pu lui couter cher. « Je suppose que je n’ai pas mon mot à dire de toute façon. » Elle supposait certainement bien. Elle n’avait pas son mot à dire et elle n’avait pas l’intention d’aggraver son cas, elle préférait encore les cachots froids et humides à une séance de torture.

Severus venait d'ouvrir la porte d'un des cachots les plus sinistres de l'école. On y savait les rats errants et l'eau gouttant du plafond, ce qui, de toute évidence, n'était pas un lieu apprécié pour une punition. De plus, le directeur s'assura qu'aucune lumière ne parvenait à l'intérieur sauf celle des grilles extérieures. Car oui, c'était l'un des cachots ne se trouvant pas sous l'eau. Elle pouvait ainsi s'estimer heureuse, la température n'y serait que plus agréable. Lorsqu'il ouvrit la porte, il tendit la main vers la jeune fille afin d'obtenir sa baguett. Et, une fois celle-ci en main, il referma la porte et l'enchanta afin que personne autre que lui ne puisse venir libérer la jeune élève.
Severus afficha une petite mine satisfaite et retourna alors dans les escaliers pour se rendre à nouveau à son bureau. Une longue marche pour y parvenir quand on savait les étages qui séparaient les deux lieux. Toutefois, il put emprunter le passage de l'hippogriffe pour s'y rendre plus vite. Etant dans ses quartiers personnels, il posa la baguette dans une petite coupelle spécifique et alla ensuite s'installer à son bureau.
On ne savait pas réellement ce que Severus faisait assis derrière son bureau. Il avait lu la gazette et quelques notes qu'on lui avait fait parvenir, mais aussi plusieurs lettres et s'était entrepris à y répondre. Tout ceci lui prit une petite partie de la nuit, c'est à dire environ deux ou trois heures. Il n'avait pas fixé d'heure totale pour sa punition mais n'oubliait pas son élève. Seulement, il estimait que la laisser encore un moment là bas ne pouvait que lui faire le plus grand bien. Au moins, sa punition montrait qu'il agissait mais qu'il ne s'apprêtait pas à des méthodes vraiment peu conventionnelles. Pourtant, il n'espérait pas de reconnaissance pour cela.

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Sa punition aurait pu être bien pire, Judith en était convaincue. Pourtant, elle ne s’était pas sentie franchement motivée à l’idée de se retrouver dans un cachot pendant plusieurs heures. Elle n’avait pourtant rien dit. Confiant sa baguette au directeur de l’école sans faire le moindre commentaire. Elle essayait de simplement se dire qu’elle avait de la chance d’être enfermée au cachot plutôt que torturée de toutes les façons possibles inimaginables. De toute façon, dans un cachot ou ailleurs, c’était du pareil au même, elle était prise au piège. Rapidement, elle se retrouva seule dans le noir. Elle trouva un coin pas trop mouillé où s’assoir, tant pis si sa jupe se retrouvait un peu mouillée, elle survivrait à ça. Il faisait froid, c’était humide, ça puait, c’était sans doute le pire endroit du château. Il était vrai que d’une façon ou d’une autre elle était prisonnière dans ce château alors qu’elle avait, à un moment, rêvé de liberté en compagnie de Slevin. Cependant, elle préférait encore être enfermée dans la salle commune des poufsouffles, même si Slevin n’était pas là, que dans un cachot miteux. Elle laissa échapper un long soupire. Elle ne savait pas vers quoi elle avait mené cet élève qui s’était enfuit, elle ne savait pas ce que Slevin connaissait au quotidien et elle ne savait pas ce qu’elle aurait connu si elle s’était enfui avec elle. Peut-être que ça aurait été mieux. Forcément, avec lui ça aurait été mieux. Mais elle l’avait laissé tomber et maintenant elle était enfermée au beau milieu d’un cachot. Il était tard, mais elle n’était pas assez fatiguée pour trouver le sommeil en plus elle n’avait pas envie de s’endormir la dedans, avec les rats qui menaçaient de lui grimper dessus si elle arrêtait de les repousser en les menaçant de coups de pieds quand ils s’approchaient un peu trop. Le temps semblait long trop long et personne ne venait répondre à ses soupirs las. Elle ne savait pas combien de temps elle allait rester là à remuer ses pensées, mais elle savait que c’était déjà trop long, trop difficile. Elle était là toute seule à penser à trop de trucs à la fois, toutes ses choses qu’elle voulait pourtant oublier. Slevin, sa mère, celui qui se prétendait être son père. Tous ceux qu’elle avait perdus depuis le début de l’année. Son père, le professeur Rogue et puis à nouveau Slevin, il aurait forcément su lui dire quoi faire pour convaincre Rogue de ne pas dire à son père ce qu’elle avait fait, ou au moins trouver une excuse valable à sortir à son père, mais il n’était pas là et les heures avaient beau lentement filer, elle ne trouvait rien. L’improvisation semblait être d’avantage faite pour elle que les longs plans parfaitement échafaudés. C’est ce qu’elle ferait, auprès de Rogue quand il viendrait la libérer, auprès de son père s’il venait à apprendre qu’elle avait aidé quelqu’un à s’échapper.

Severus avait décidé que la jeune élève avait passé suffisamment de temps dans les cachots pour être désormais libérée. Il se leva alors de sa chaise, repositionnant sa tenue dans un geste maniaque. La baguette de Judith était encore posée dans cette épaisse de porte-baguette en bois, comme une espèce de plumier. Severus l'attrapa avec une certaine précaution puis se dirigea vers les escaliers qui l'emmenèrent à des étapes inférieurs. Il avançait, toujours ancré dans sa démarche plus ou moins rapide selon son humeur, et descendait les escaliers avec légèreté. Sa cape noire et tout de même assez longue, virevoltait dans son dos.
Il arrivait à présent dans des lieux qui lui étaient familiers. Les cachots étaient un pour lui un allié sans pareil. Après tout, il avait enseigné ici même l'art subtil des potions durant une bonne dizaine d'années et la froideur que renvoyait les murs ne l'intimait plus. Le directeur savait où se trouvait le cachot dans lequel il avait enfermé la jeune fille quelques heures plus tôt et s'y dirigea à grandes enjambées. D'un sort venant de sa propre baguette, la serrure laissa entendre le crochet qui s'ouvrait. Puis la porte laissa le champ libre pour entrer et sortir de la petite salle humide.
Severus attendit que la jeune femme soit à son niveau pour lui tendre sa baguette, toujours sans un mot. Estimait-il avoir suffisamment discuté pour la soirée ? Connaissant le directeur c'était fort possible. Après tout, il n'aimait pas discuter, que ce soit à propos de n'importe quel sujet. Ce n'était pas un grand bavard et aucun de ses sentiments ne se traduisaient de par ses paroles ou ses actes. Severus referma le cachot dont le crochet se verrouilla et tourna les talons. Il n'avait pas l'intention de ramener la jeune fille jusqu'à sa salle commune. Après tout, elle était en sixième année et devait alors savoir se repérer dans l'enceinte du château.

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with no problems.

Le temps avait été long. Trop long aux yeux de la jeune sorcière. Elle avait cherché plusieurs fois à ses poignets, une montre qu’elle ne possédait pas. Elle l’avait laissée dans la salle commune de Poufsouffle et maintenant, elle n’avait plus aucun repère temporel. Elle avait l’impression que la nuit entière était passée alors qu’elle était enfermée au fond du cachot dans lequel le professeur Rogue l’avait laissée. Il aurait très bien pu l’oublier pour la nuit, ce n’était probablement pas un problème pour lui. Pas autant que ça aurait pu en être un pour elle. Elle n’avait pas envie de passer sa nuit au fond d’un cachot, elle préférait largement la chaleur et le confort de son lit, sans la salle commune de poufsouffle qui n’était pas très loin d’ici. Cependant, quand elle quitta enfin le cachot après avoir entendu le verrou s’ouvrir, elle pu constater que les couloirs étaient toujours obscurs, même les couloirs près des cachots étaient un tant soit peu éclairés en journée. Elle récupéra bien vite sa baguette, puisque le directeur de l’école la lui tendait. « Merci. » Simple mesure de politesse. Elle regarda sa baguette un court instant avant de la ranger dans sa poche alors que le directeur s’éloignait déjà, sans le moindre mot. Elle aurait pu le laisser partir et retourner dans la salle commune de Poufsouffle. C’est ce qu’elle aurait du faire. Pourtant, elle se mit à lui courir après, comme une parfaite idiote. « Attendez, s’il vous plait. » Une idiote dotée de politesse c’était déjà ça. Si son père ne lui avait jamais rien appris et qu’il ne lui apprendrait probablement jamais rien, elle avait appris beaucoup de sa mère, dont la politesse. Sa mère, elle tenait vraiment à elle. c’était pour ça qu’elle avait soudainement eue l’idée stupide de rattraper le professeur, parce qu’il fallait qu’elle trouve un moyen de s’assurer que son père ne s’en prendrait pas à elle.

Severus entendit des pas le suivre et une voix lui demandant d'attendre. La conversation n'avait pas l'air d'être terminée. Il s'arrêta et se retourna, marquant des pauses entre chacune de ses actions. " Oui ? " Il avait cette voix roque et peu impatiente, montrant qu'il attendait la question sans empressement. Toutefois le directeur avait une petite idée de ce que son élève allait lui demander. Il l'avait intimé quelques heures plus tôt d'avertir son père sur son comportement et il connaissait un peu son père pour l'avoir côtoyé. Il savait de quoi il était capable et il avait senti de la peur émanant de la jeune femme lorsqu'il avait abordé la question. C'était un sujet sensible et par conséquent Severus aurait misé sa baguette que la jeune Poufsouffle allait lui demander de ne rien dire.
Severus n'était pas quelqu'un de méchant et il pouvait se montrer compréhensif. Toutefois il pouvait se tromper concernant les intentions de la jeune fille et préférait donc attendre qu'elle prenne la parole avant de répondre.
De toute manière, il n'avait pas l'intention de révéler quoi que ce soit à son père. Il préférait limiter les entretiens avec cet homme pour le moment et pour le futur également. Et Severus pensait bien que c'était le cas pour sa fille aussi. Mais sa curiosité avait été piquée et le Directeur voudrait peut être en savoir plus sur la vie privée de cette famille même si cela ne le regardait pas franchement.

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Judith n’avait jamais été le genre de personne à supplier qui que ce soit. Elle était encore jeune, mais elle possédait déjà suffisamment d’orgueil pour garder la tête haute en toute circonstance et ne jamais se mettre à demander la pitié d’autrui. C’était probablement son paternel qui lui avait appris à ravaler son orgueil, parce que quoi qu’elle fasse, face à lui elle ne serait toujours qu’une gamine impuissante alors que lui, il représentait son pire cauchemar. Il avait tendance à la terroriser suffisamment pour qu’elle soit capable de faire un dur travail sur elle-même et qu’elle renonce ainsi à une bonne partie de ce qu’elle était. Il avait trop de pouvoir entre les mains pour qu’elle puisse se permettre de le défier. Il était la raison pour laquelle elle était encore au château alors qu’elle avait promis à Slevin de le retrouver, il était la raison pour laquelle elle avait retenu le professeur Rogue alors qu’il l’avait abandonnée pendant quelques heures au cachot et qu’en d’autres temps elle n’aurait rien voulu lui demander après ça. L’expression du professeur lui suggéra d’elle-même de ne pas passer par quatre chemins et d’aller droit au but ; ce qu’elle aurait certainement fait de toute façon. « Je me demandais, est-ce que vous pourriez éviter d’évoquer ce petit malentendu avec mon père ? » Elle pinça légèrement les lèvres avant de baisser les yeux vers le sol un court instant, pensait à sa mère avant tout, bien plus qu’à la façon dont le directeur du château allait prendre sa requête. Elle releva cependant les yeux vers le sorcier, haussant nerveusement les épaules. « C’est que, notre relation est assez compliquée et cette histoire ne risque pas de l’arranger. » Compliquée, c’était encore un mot bien faible pour résumer la relation entre Judith et son père. Elle le détestait, ça ne faisait pas l’ombre d’un doute et lui, elle n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait ressentir pour elle, mais ça ne devait rien avoir de l’amour qu’un père pouvait ressentir pour sa fille. C’était beaucoup plus que compliqué.

Severus connaissait suffisamment le père de la jeune fille pour savoir qu'elle en disait moins que ce dont il était véritablement question dans leur relation. Certainement que cela était beaucoup plus compliqué qu'elle n'osait l'avouer au directeur. Mais, pour une fois, Severus n'était pas piqué par la curiosité. Il ne souhaitait pas se retrouver à dos avec le père de cette élève. Mangemort assoiffé de sang et de meurtre, enfin c'était comme ça qu'il le voyait, il n'avait en aucun cas envie d'être en guerre avec lui. Ne serait que pour lui ou tout simplement pour sa mission. Surtout quand on savait que beaucoup de mangemorts n'appréciaient pas Severus, resté libre quand eux croupissaient entre les mains des détraqueurs à Azkaban. Beaucoup pensaient que Severus n'était pas aussi proche du Seigneur des Ténèbres qu'il le disait. Il le prenait pour un traître mais le Seigneur des Ténèbres, lui, pensait que Severus était presque un de ses meilleurs espions et serviteurs. Severus avait su dupé un grand mage noir avec beaucoup d'aisance pour Lily. Mais toutes ces relations étaient tellement complexes que Severus préférait ne pas y penser. De plus, il se doutait que la jeune fille n'allait pas parler de tout cela avec son père et Severus préférait qu'il en soit ainsi.
Le directeur mit un certain temps à répondre. Ces temps-ci, il était assez préoccupé par de nombreuses choses et il n'avait pas réellement le temps de se prendre la tête pour une histoire entre une fille et son père. Alors, il fit quelques pas, de minuscules petits pas, vers la jeune Poufsouffle. " Votre père n'en saura rien. Je puis vous le garantir. " Puis, avant même qu'elle est pu parler, le directeur tourna les talons, sa cape volant encore une fois dans son dos, et il partit dans la direction de ses appartements.