Rosalie avait eu une journée assez monotone. Des heures de cours à n'en plus finir et pas une seule fois elle avait vu le professeur McGonnagall. Non pas qu'elle souhaitait la voir et s'entretenir avec elle, mais elle adorait le cours de métamorphose et était donc toujours ravi de participer. Mais aujourd'hui, son emploi du temps n'affichait pas le cours de la directrice des Gryffondor. Au lieu de ça, elle eu droit à un cours de potion, de soins aux créatures magiques, de sortilège et enfin de botanique. Bien que Rosalie aimait aussi tous ces cours, la métamorphose embellissait sa journée à coup sûr et ce jour elle, la jeune fille devrait se trouver une autre occupation.
En sortant du cours de botanique, Rosalie avait filé dans sa salle commune afin de se débarbouiller mais aussi de se changer. Elle était pleine de terre et ses affaires aussi étaient sales. Toutefois, la jeune fille ne pouvait s'habiller comme elle le souhaitait. Avec le nouveau directeur et ses directives, les couleurs étaient plutôt restreintes dans le choix vestimentaire. Mais elle s'y pliait sans faire d'histoire, comme tous les élèves présents ici. Rosalie mit un peu d'ordre dans ses affaires et regarda si des devoirs avaient été oubliés mais tout était en règle. Elle se noua alors les cheveux avec un long turban de couleur mauve et fit une ganse à la fin de sa longue chevelure cette fois-ci avec un ruban de couleur jaune, afin de rappeler les couleurs de sa maison.
La nuit tombait petit à petit sur Poudlard et Rosalie se promenait tranquillement, seule, comme elle aimait le faire le soir. Ses idées s'envolaient autour d'elle et elle se plaisait à y réfléchir posément. Il fallait avouer que la jeune fille pensait à beaucoup trop de choses et que tout se chamboulait dans son esprit. Alors elle prenait l'initiative de choisir les idées et les pensées auxquelles elle accorderait du temps les soirs de la semaine. C'était souvent comme cela et certainement que beaucoup d'élèves se moquaient d'elle. Pourtant Rosalie n''y accordait pas d'importance. Ses amis de l'Armée de Dumbledore et son poste de préfète lui suffisaient pour avoir un semblant d'autorité et d'importance. Et puis, après tout, la jeune Poufsouffle ne courait pas après le succès. Elle aimait être discrète.

Elle venait de faire le tour d'un petit jardin carré où des élèves trainaient. C'était un des moments où ils étaient tranquilles, eux aussi. Personne ne les surveillait, personne ne venait les embêter. Mais Rosalie ne s'attarda pas, cherchant un endroit où se mettre. Elle monta quelques étages, entra dans un couloir désert et s'installa à une fenêtre qu'elle ouvrit de quelques centimètres pour avoir de l'air. Elle restait là sans bouger, contemplant quelque chose au loin, une chose que personne ne pouvait voir, tout simplement car rien n'était réel. C'était simplement une projection de son esprit. Mais pour autant elle n'était pas coupée du monde, puisqu'elle entendit des pas discrets dans le couloir qu'elle habitait.. Elle tourna discrètement la tête et aperçu un garçon de Serpentard qu'elle connaissait de vue. Disons qu'ils ne s'étaient jamais parlés mais que Rosalie l'avait déjà aperçu dans le château et ses amies parlaient parfois de lui. Il était un peu connu de la gente féminine qu'il côtoyait souvent pour des raisons que des adolescents connaissaient bien. Toutefois, elle ne lui en tenait pas rigueur. Elle ne connaissait de lui que son nom et ne se serait pas permise de le juger sans en savoir plus sur son compte.
Il s'appelait Lorenzo et Rosalie ne pensait pas pouvoir plaire à un Serpentard. Car avouons qu'elle le trouvait vraiment très mignon. Mais par grande surprise, le garçon s'arrêta à sa hauteur et lui demanda s'il pouvait s'installer près d'elle. Rosalie ne s'était pas retournée mais l'avait très bien entendu. Elle attendit quelques secondes et se retourna, persuadée que tout cela n'était le fruit que de son imagination débordante. Pourtant il était là à afficher un sourire béa. Elle répondit à son sourire et se décala pour lui faire une place à ses côtés. Elle avait les jambes croisées en tailleur et ses robes de sorcier dépassaient de toute part. Elle rassembla le tout sur elle et tapota la place à côté d'elle pour qu'il puisse s'installer. Puis, pour la première fois de la soirée, Rosalie laissa échapper le son de sa voix. " Bonsoir " Elle avait une petite voix cristalline et chantante.

Rosalie écoutait avec attention le garçon assis à côté d'elle. La proximité de leurs corps ne la dérangeait pas plus que cela, et se fichait bien de savoir les conséquences de cette proximité. Après tout, beaucoup de choses avaient changé à Poudlard, depuis la mort du professeur Dumbledore et la place de Directeur prise par le professeur Rogue. Et malgré tout ce qu'on pouvait dire sur l'ancien professeur de potion, elle se refusait à salir son nom en enlevant l'article Professeur devant son nom de famille. Certes, il n'avait pas toujours été sympathique avec elle mais Rosalie ne connaissait pas suffisamment le professeur pour s'oser à l'insulter comme beaucoup. Bien évidemment, elle ne le portait pas dans son cœur mais elle ne souhaitait pas sa perte.
Lorenzo avait fini de se présenter et il sourit alors. Rosalie lui rendit son sourire et ne prit pas la parole immédiatement. Elle s'imprégnait de ses paroles. " J'ai déjà entendu parler de toi mais je n'accorde pas d'importance à ce qu'on peut dire sur ta personne. Je ne te connais pas pour prétendre te juger. Je m'appelle Rosalie. " Elle lui sourit et replia ses genoux contre sa poitrine, afin de poser la tête sur ce petit porteur que formaient ses genoux. Elle regarda ses yeux et devinait la danse infernale à laquelle se prêtaient ses pensées, avant de tourner la tête et de sourire. Rosalie avait envie de danser. Danser éternellement une valse infernale sous la neige et entre les sapins. Mais elle ne se leva pas pour danser. Elle s'affaira plutôt à produire des petits oiseaux qui voletaient autour d'eux et laissa leur chant entrer dans ses oreilles.
" C'est beau, de regarder par cette fenêtre. On voit le lac se perdre à l'infini et les petits bruits de la nuit qui s'installent. Le reflet du petit soleil sur l'eau trouble. C'est une façon d'oublier le quotidien et de la répression qui s'est installée au château. ... ... Ma vision te gêne peut être ? Après tout, je ne sais pas dans quel camp tu es. " La fin de sa phrase lançait un peu de suspens, une énigme peut être. Elle montrait une certaine curiosité et vivacité d'esprit. Et pourtant, Rosalie détestait le mot camp. On parlait alors de deux armées qui se livraient guerre et ce n'était pas la vision qu'elle préférait. Mais elle avait parlé avec franchise, dévoilant ce qu'elle pensait de Poudlard sans en dire trop. Elle n'avait pas peur de parler avec ce garçon qu'elle ne connaissait pourtant pas. Elle n'avait rien à cacher après tout. Et, avant de mettre quoi que ce soit à propos de ses paroles au clair, Rosalie préférait attendre la réponse du beau garçon qui s'était assis près d'elle.

Rosalie ne montrait aucun signe de peur, mais ne laissait pas non plus apercevoir qu'elle était plutôt satisfaite de la réponse du brun assis près d'elle. Une petite voix, qui était souvent là, lui disait de se méfier, que ce garçon n'était peut être pas fiable. Mais encore une fois, elle n'y fit pas attention. Pour elle, cette petite voix était embêtante et voulait simplement lui pourrir la vie, et c'est pourquoi elle n'y prenait jamais garde. Toutefois, même si elle conversait avec elle même en silence et qu'elle ne montrait rien de ses pensées, Rosalie avait quelque peu mal pris le 'tu n'as rien à craindre de moi'. Montrait-elle un quelconque signe de faiblesse ou de peur ? Car si tel était le cas, Rosalie se verrait blessée. Elle qui avait toujours su montrer du bonheur et aucune crainte n'aimait pas qu'on puisse le lui reprocher. Mais là encore, elle souhaitait faire confiance à ce garçon prénommé Lorenzo. Peu importe sa maison. Et Rosalie se convainc alors que ses paroles étaient quelques peu maladroites et non faites pour la blesser. Son sourire se raviva de nouveau et elle se leva avec une telle grâce qu'on aurait pu la comparer à un petit oiseau dansant et fragile. Sa longue natte entourée de rubans fouettant doucement le bas de son dos et Rosalie se redressa, s'étira tout en grâce alors que les petits oiseaux s'étaient comme évaporés, le sort ayant pris fin. " J'ai envie d'aller me promener à l'extérieur, dans la petite cour carrée. Tu m'accompagnes ? "
Rosalie n'attendit pas sa réponse et avança en sautillant gracieusement. Elle pouvait paraitre bizarre mais elle n'avait pas l'intention de changer pour plaire à un garçon qui avait, avouons-le, une belle réputation de tombeur sur les bras. Et même si Rosalie n'y prêtait pas attention, une autre petite voix lui disait de ne pas changer pour lui car elle ne connaissait pas ses intentions à son égard. Pourtant la jeune fille ne faisait pas attention à ses gestes, ses paroles, ses actes. Elle accordait sa confiance peut être trop facilement et pourtant Rosalie n'appelait pas accorder sa confiance. Ceux qui avaient su la saisir n'étaient autres que ses braves amis de l'armée de Dumbledore. Pour les autres, il fallait qu'ils fassent preuve d'un bon sens peu commun et aux critères spéciaux propres à Rosalie pour qu'elle laisse enfin sa confiance les entourer. Et là encore, une petite voix lui disait qu'elle pouvait déjà la laisser filer.