A l’intérieur, l’ambiance relève plus de la saint valentin que de noël. Et si nous n’en sommes pas encore au diner aux chandelles, nous n’en sommes toutefois pas loin. Partout, des couples se forment, entamant des slow au rythme des chansons d’amour que délivrent les divers groupes de musique, passant l’un après l’autre sur scène. Peut-être est-ce parce que l’atmosphère s’y prête particulièrement bien, que mon cœur se met ainsi à faire des palpitations qu’il n’a jamais faites auparavant. C’est pourquoi je remercie grandement Hester – intérieurement tout du moins – pour avoir eu l’idée de s’éclipser, loin de ce lieu dont Cupidon semble avoir pris possession. « Sans doute oui. C'est n'importe quoi, ils auraient du empêcher Potter de participer, c'est de la folie ce tournoi et les trois autres ont un niveau en sorcellerie bien plus élevé que le sien. Ce tournoi va le tuer. » Potter a toujours eu une passion particulière pour le danger, force m’est de l’admettre. Pourtant, il ne me semble pas qu’il soit forcément perdu. Bon nombre de poèmes, écrits par des demoiselles un peu niaises, à son sujet, laisse entendre qu’il a récupéré une partie des pouvoirs du seigneur des ténèbres en le détruisant. Auquel cas, il se pourrait fort bien qu’il s’en sorte. Seul l’avenir pourra nous dire ce qu’il adviendra de lui de toute façon. « Si tu avais pu, tu aurais mis ton nom dans la coupe ? » me demande finalement avec douceur la jeune femme en se tournant de nouveau dans ma direction. Son visage laisse empreint une attitude mélancolique que j’ai rarement vu chez elle. « On m’avait destiné à serpentard, aussi ne m’a-t-on jamais appris à avoir la bravoure des rouges et or. Et mon désarroi m’a ôté tous les traits de caractère des serpentards. » je soupire finalement. Comme toujours, la relation que j’ai avec ma famille y est pour beaucoup, dans un cas comme dans l’autre. « Alors non, je ne pense pas. J’aurais très mal représenté l’école et je n’ai pas envie de risquer la vie aussi bêtement non plus. » je susurre à l’attention de la jeune femme, la gorge nouée. Il m’arrive souvent de ne pas me sentir à ma place dans l’enceinte de Poudlard depuis un certain temps, cultivant ainsi une légère nostalgie me ramenant à mon âge le plus tendre. « Et toi ? Tu aurais certainement eu l’esprit assez vif pour réussir chaque épreuve, ainsi que l’élégance d’une championne. » je lui lance afin de lui renvoyer la question.

Depuis le début de la soirée, il m’est arrive de nombreuses fois de me dire que ce bal de noël a simplement été organisé afin que des couples puissent se former entre les maisons, développant ainsi l’entente magique à échelle internationale. Peut-être les divers directeurs de maison espèrent-ils que tout cela n’est pas uniquement composé d’amour d’un soir et que le tout ne se fanera pas au dernier slow. Peut-être même espèrent-ils qu’ensemble, les élèves des diverses écoles puissent composer des familles, unissant ainsi plusieurs sorciers de nationalité différente. Cela éviterait certainement la consanguinité chez les sang-purs d’ailleurs. Mais peu importe, tout cela ne m’intéresse guère, puisqu’il faut avouer que ce brave Cupidon et moi, n’avons jamais été réellement amis. Il ne m’est même jamais arriver de tomber amoureux – ni de souhaiter que cela arriver d’ailleurs – ne me sentant certainement pas près à entamer une relation et n’ayant surtout, jamais rencontrer mon âme sœur. Du moins est-ce ce que je tente de continue à croire, malgré les quelques palpitations de mon cœur, qui se met à battre à la chamade. Chose tout à fait inhabituelle. « Tu as la bravoure des gryffondors Joshua. J’en suis convaincue. Mais je n’aurais pas aimé te voir participer à ce tournoi. Je t’aurais sans doute fait cadeau de tout mon dévouement, mais l’inquiétude aurait finie par me tuer. » Sans le voir, je suis à peu près sûr que mes joues se teintent d’une couleur rouge à l’entente de ses mots. Je le devine à la peau de mon visage qui s’embrase. Jamais je n’ai eu le désir d’entendre pareille chose sortir de la bouche d’Hester, mais je dois avouer que je prends ses paroles comme un réel cadeau. Pour un peu, je l’embrasserai tellement ces mots me rendent heureux. « Non, certainement pas. Trop dangereux. J’aurais fait une attaque cardiaque s’il avait fallu que je me retrouve en face de l’un de ses dragons. » Je n’ai pourtant pas souvenir du fait qu’elle soit cardiaque, mais peu importe, je la crois sur parole. Je le dois au nom de l’affection que je lui porte, de toute façon. « Ce n’est pas faux. Et puis, ça me tuerai si jamais tu te blessais en y participant à vrai dire. Personne ne pourra m’empêcher de venir à ton secours, même si je serai plus un poids contre chose. » j’élude finalement en haussant brièvement les épaules. « Sans compter que ça pourrai nuire au brillant avenir qui t’es destiné. » j’ajoute alors qu’un frisson me parcourt de part et d’autre. Depuis un moment déjà, je suis la vie d’Hester avec passion, ne pouvant qu’imaginer un futur brillant pour elle. Au moins autant que l’est son parcours scolaire.

Je ne comprends pas pourquoi la température semble ainsi s’évertuer à changer en permanence. Tantôt c’est le froid glacial du dehors qui s’empare de moi, tantôt une chaleur venue de nulle part. Peut-être est-ce les palpitations de mon cœur qui l’engendre, mais je me demande d’où elles viennent elles-mêmes, puisque depuis toujours, je ne ressent que des sentiments amicaux pour la blonde. Et ce n’est certainement pas ma prétendue âme sœur – que l’on pourrait se contenter de qualifier de cavalière de la soirée – qui crée ce genre de sensations à l’intérieur de mon être. Peu importe à vrai dire, lorsque nous sommes ensemble avec Hester, je ne préfère pas m’évertuer à tout analyser, préférant profiter de l’instant présent. « Merci. Si jamais je me retrouve en face d'un dragon un jour, je compte sur toi pour venir me secourir alors. » me signifie-t-elle, un grand sourire peint sur les lèvres. Sourire que je lui rends aussitôt, bien que je doute fortement d’être en mesure de la défendre face à un dragon. Enfin, je pourrai toujours lui laisser du temps pour s’enfuir alors que je serai occupé à me faire lacérer par ses griffes, mais ce n’est pas une pensée très héroïque. « Je t’avoue que toi et moi, on ferait mieux d’éviter la Roumanie. Je ne suis pas très certain de t’être d’une grande aide face à un dragon. » Cette déclaration ne doit pas réellement l’étonner à vrai dire. Je suis persuadé qu’elle se doute déjà de cela d’ailleurs. « Quant à mon avenir, j'ignore s'il sera brillant ou pas, mais je pense pas que tu pourras un jour y nuire, au contraire. » Je remarque une fois de plus que la jeune femme n’est pas réellement du genre à s’envoyer des roses. Contrairement à elle, je suis persuadé qu’elle aura un avenir tout à fait brillant, à son image, tout simplement. Aussi je me contente de hausser les épaules de manière désinvolte. « Tu parles. A ta place, j’éviterai de tenter de vérifier. » je lui lance en riant légèrement. Après tout, ce n’est pas de ma faute si j’ai la conviction que je pourrai lui nuire malgré moi. Et j’ai beau ne pas posséder le troisième œil, je ne peux m’empêcher de me dire que cela est possible.

La fraicheur hivernale me fait frémir alors que, appuyé contre la rambarde de la terrasse extérieure, je fixe un instant le parc. Le fait qu’il soit baigné par les rayons lunaires et que le sol soit entièrement recouvert d’une fine couche de neige, donne à la scène un aspect féérique. Bien sûr, cela n’est pas suffisant pour faire dévier mes pensées de ce bal de noël ainsi que de son ambiance bien trop romantique à mon goût, mais cela me permet au moins de me changer quelque peu les idées. Je ne sais pas ce qu’il en est du côté d’Hester, mais comme c’est elle qui m’a entrainée au dehors, j’imagine que le calme environnant doit faire le même effet de baume apaisant que pour moi. Lorsque je tourne le visage dans sa direction, je remarque que ses pommettes sont légèrement rougies mais j’associe simplement ce phénomène au froid environnant qui lui brûle la peau. « Evitons la Roumanie alors, ce sera mieux pour nous deux, et puis la Roumanie ne fait pas particulièrement partie des pays que j’aimerais visiter. » Je hoche doucement la tête, lui confirmant ainsi que j’approuve ce qu’elle dit. Encore faut-il que nous voyageons ensemble un jour, ce qui semble plutôt mal parti. En effet, en dehors de Poudlard, le seul endroit où nous nous sommes rencontrés – sans compter Pré-au-Lard, puisque j’estime que cela fait presque partie intégrante du château – est le quai de la gare de King’s Cross. Et encore, nous ne nous sommes jamais adressé la parole lorsque nous étions là-bas tous les deux, soumis à la pression de nos parents respectifs. Aussi je doute que l’on aille quelque part ensemble un jour et par conséquent, encore moins en Roumanie. Ainsi pouvons-nous être rassurés, quelque part. « Tais-toi donc. Tu es mon meilleur ami, tu ne peux être que bénéfique à mon avenir et n’essaie pas de me contredire. » siffle-t-elle en posant sur moi un regard dur. Aussitôt, je lève les bras en signe d’apaisement, jugeant préférable de ne pas l’énerver. Pas ce soir du moins, alors que ce bal de noël doit sûrement l’exaspérer autant que moi. « Très bien, je te crois sur parole dans ce cas. » je lui souffle alors que je laisse finalement mes bras retomber le long de mon buste, lui adressant un sourire mutin. Pourtant, rapidement, je me sens mal à l’aise. Comme-ci quelque chose s’était brisée. Ou tout au contraire, comme-ci quelque chose était soudainement apparu. Je déglutis alors que je porte une nouvelle fois mes prunelles sur le parc, toujours plongé dans l’obscurité. Je secoue alors doucement la tête, tandis que je baisse la tête. « C’est dégueulasse ce qu’on fait. » je laisse finalement échapper, alors que je redresse le visage, le tournant dans sa direction pour plonger mon regard dans le sien. Je hausse brièvement les épaules, comme pour montrer que je ne suis pas tout à fait sûr de ce que j’avance. C’est vrai en même temps. Car si j’ai une petite pensée pour ma cavalière en ce moment même, je ne suis tout de même pas certain de vouloir la rejoindre. Hormis pour faire bonne mesure ou pour échapper à cette chaleur oppressante qui commence à m’envahir, lorsque je me trouve auprès de la blonde. « Enfin, je veux dire, on a accepté d’être leurs cavaliers et on fuit comme des peureux ? » Me détachant de la rambarde, je continue à fixer la jeune femme, droit dans les yeux. Avec toutes les conneries que nous avons déjà faites ensemble, il est difficile de penser que nous puissions nous cacher pour échapper à des personnes que nous n’avons à supporter qu’une seule soirée au final. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer après tout et puis, nous leur avons quand même fait la joie d’accepter d’être leurs cavaliers, alors peut-être n’avons-nous pas le droit de nous enfuir ainsi à la manière de lâches. Pas alors qu’il n’y a en jeu qu’une seule soirée. Enfin, ceci-dit, je ne considère pas du tout Hester comme une lâche. Car si elle a été la première à se rendre à l’extérieur, c’est tout de même moi qui lui ai proposé que nous sortions. Ce pourquoi je me sens sans doute un peu coupable. « On vaut mieux que ça. » je lui souffle sans réelle modestie, mais lui montrant bien à mon sourire que je n’ai pas encore un ego assez surdimensionné pour prendre mes propres paroles, cent pour cent au sérieux. « Et puis, ça nous fera des choses à raconter demain. Comment ton cavalier t’aura merveilleusement écrasé les pieds au cours d’un slow et comment ma cavalière aura magnifiquement finie dans les bras d’un autre. Parce que je ne doute pas qu’elle va finir par me trouver tellement chiant qu’elle va finir par se trouver un autre cavalier. » Un sourire triomphant se dessine sur mon visage. Autant parce que je sous-entends que je ne vais pas avoir à finir la soirée avec ma cavalière contrairement à Hester, mais aussi parce que c’est une sorte de nouvelle pique à l’attention de la blonde. Comme quoi je ne suis pas quelqu’un d’aussi bien qu’elle semble le prétendre. « Ce sera drôle. » Je hoche doucement la tête, comme pour appuyer mes paroles, bien que je ne suis pas sûr moi-même que ce le sera. Si ça se trouve, nous allons tous deux finir en larmes dans les bras l’un de l’autre, à pleurnicher que ce bal de noël consistait la pire soirée de notre vie. Enfin, pour la blonde qui a l’habitude de passer noël en famille, on ne doit pas pouvoir faire pire catastrophe. Alors que pour moi, qui ai l’habitude de rester à Poudlard, m’ennuyant souvent à ne rien faire ; cela représente tout de même un divertissement, aussi léger soit-il. De toute façon, il est fort peu probable que nous finissions en larmes, alors rien ne sert de débattre là-dessus. « Pour te donner du courage. » je lui glisse alors, tandis que je viens délicatement embrasser son front, avant de l’étreindre un instant. A la façon d’un argument ultime. Alors que je me détache d’elle, je me permets de lui adresser un sourire, avant de l’entrainer à ma suite vers l’entrée du château. Bien décider à l’accompagner jusqu’à ce que nous soyons obligés de nous séparer.