Acte 1
house of many ghost

C’était une petite maison aux abords de la mer. Les vagues s’écrasaient sur la falaise en un ressac violent. Le sable blanc bordait la maisonnette. Le paradis sur terre. Les lueurs matinales perçaient à peine à travers les rideaux de lin. Dahlia s’extirpa doucement de ses draps blancs. Ses cheveux d’or forment une auréole derrière sa tête. On dirait un ange. Lentement elle se dirige vers la porte de sa chambre, prenant bien garde à ne pas réveiller Ann. Le planché grince sous ses pieds menus. Elle s’interrompt, sa bouche se tord en une grimace peu gracieuse. Elle ne tient pas à être surprise. C’est son moment, son instant. Pour une fois elle ne désire pas partager. Ce spectacle est unique. Ses orteils s’enfoncent dans le sable fin, Dahlia savoure ce ressentit. C’est la première fois qu’elle a l’opportunité d’observer la mer. Elle est majestueuse. La jeune fille retient son souffle. Le soleil perce à l’horizon. Ses rayons orangés captivent l’attention de Dahlia. Les vagues envahissent ses pieds. Cette sensation est délicieuse. Elle s’enfonce plus profondément encore dans les abysses marins. Le vent caresse son visage. Quelle idée miraculeuse, ces vacances en Sicile. Peut-être sa mère a-t-elle parcouru la même plage, embrasé le même soleil du regard. Dahlia est lucide. Elle n’a que sept ans mais sait pertinemment qu’elle n’aura jamais l’opportunité de voir sa génitrice. Ni son père d’ailleurs. Elle secoue la tête, mécontente. Elle s’était juré de ne jamais avoir de telles pensées. C’est Esméralda sa mère. Sa tante et son oncle sont ses parents. Il n’y a pas à discuter. C’est eux qui la nourrissent et la blanchissent. Le soleil s’élève davantage dans le ciel, reprenant ses droits sur la sombre nuit. Dahlia n’a pas réalisé que l’eau l’avait dévorée jusqu’au nombril. Les vagues se font plus agressives, resserrant de plus en plus leur étau autour de la gamine. Elle veut hurler, prévenir Ann, Esméralda ou Sofia. Il est trop tôt, personne ne l’entendra. Sa sottise aura eu raison d’elle. Des larmes glacées roulent sur ses jouent de marbres, se mêlant à l’eau qui envahit peu à peu son corps. Elle ne renonce pas, hurlant de plus belle. Dahlia ne veut pas se plier à la volonté de Dieu. Elle ne mourra pas. Elle se débat. Lutte pour sa survie. Elle sent le liquide salé s’introduire dans sa bouche. Elle suffoque.
Soudain une force l’attire vers le rivage. Et là un seul nom sur ses lèvres gelées. Sofia.

Acte 2
Hogwarts is my home

Tes doigts se posent sur tes tempes alors que le bavardage incessant de tes camarades n’en finit pas. Les oscillations de la barque se font de plus en plus persistantes. Tu trembles telle une feuille. Les vagues lèchent le bois de l’embarcation telle les flammes dans l’âtre de ta maison. Tu en viens même à regretter ce foyer que tu avais hâte de quitter quelques heures plus tôt. Les caramels mou et le jus de citrouille servit dans la locomotive n’avaient pas calmé cette tension palpable, ce stress qui se déversait en toi. Tu cherchas du regard une chevelure blonde. Ann. Ta sœur, ta moitié, ta jumelle, ensemble vous étiez un tout. Tu avais toujours été la plus introvertie des deux. Celle qui se plonge assidument dans ses bouquins des journées entières. Celle qu’on juge ennuyeuse, indigne d’intérêt. Le stéréotype récurant de l’intellectuelle, juste bonne à sortir quelques références ennuyeuses qui n’intéressent personne. Inutile, si ce n’est pour demander l’orthographe correcte d’un mot où son exacte définition. Tu n’as jamais demandé à être ainsi. Dès ton plus jeune âge la calligraphie, les mathématiques, les sciences, t’ont attirées. Les livres avaient progressivement remplacés tes jouets, remplissant tes armoires, envahissant ton bureau. Ann, elle, c’était la brave, la courageuse. Celle qu’on remarquait en premier. La vaillance et la vivacité d’esprit. Voilà comment on aurait put vous qualifiées. Tu respires plus lentement. Tu vois le visage d’Esméralda, il s’imprime peu à peu dans ta tête. Tu ne réalises pas que tes doigts se sont promenés sur le bois humide et froid et que tes ongles s’y enfoncent comme si ta vie en dépendait. Tu saignes. Tu as cette peur dévorante de l’eau qui te submerge depuis tes cinq ans. Tu sens un jet d’eau qui te caresse la main. Tu hurles. Tu ne peux pas, tu ne veux pas sombrer. Sofia. Où es-tu ? « Dalia. Dalia ouvres les yeux. » Tu obtempères. Tu te vois. Penchée, la mine soucieuse. Ton âme aurait-elle quitté ton corps ? Non. C’est Ann. Ton portrait parfait. Si ce n’est la couleur de vos yeux qui vous trahis. Les tiens sont d’un pers tirant sur le gris.

« C’est pas grave Dal’ » psalmodia Ann. Tu ne l’écoutais pas, trop obnubilée par le prestige des lieux. Des bougies par centaine éclairaient le hall d’entrée. La cire s’agglutinait sur les bougeoirs en cuivre dorés. « Ca arrive à tout le monde. » Assura-t-elle en guettant ta réaction. Mais toi tu faisais fit de ses remarques, dévorant avec une envie non dissimulée ce château qui allait devenir ta maison, ton foyer. Lentement les élèves se mirent en rang, Ann et toi vous fondiez dans la masse lorsqu’un garçon te projeta au sol. Tu l’observais, la hargne se lisait dans tes orbes glacés. Un autre garçon se joint à ton agresseur et le prit par le bras. « Pas besoin de t’excuser, ce ne sont que de sales sang-mêlées. » cracha-t-il plein de haine. Tu le fusillas du regard. La guerre était déclarée.

Acte 3
as radian as the sun

« Salut Barbie. » Dahlia leva les yeux au son de la voix. De sa voix. Pivotant sur sa chaise, la belle prit son sourire le plus angélique. « Bonjour Rhett. » Sa voix était froide. Glaciale. Ses yeux lançaient des éclairs. Elle le détestait. Sa nonchalance, son côté je m’en foutiste. Son arrogance. Sa vanité. Sa suffisance. Il était proprement insupportable. Elle lui avait fait comprendre par maintes façons qu’il ne l’intéressait pas, mais il s’obstinait. Il aimait la torturer, la faire souffrir. « Pourquoi tu restes toujours enfermée dans la bibliothèque ? » La question de Rhett sonnait bizarrement comme une proposition aux oreilles de Dahlia. « Et toi, pourquoi y mets-tu les pieds ? Pour essayer de saisir la définition du terme intelligence ?» Répondit-elle sur la défensive. Un sourire mauvais se dessina sur le visage d’albâtre du jeune homme. La genèse de leur haine mutuelle était connue de tous. Dès le premier septembre une profonde animosité les opposait l’un à l’autre. La frêle et fragile Dahlia contre le vil et le séducteur Rhett. Nul ne doutait de l’issue de cette bataille. Mais Dahlia s’était montrée plus résistante qu’on aurait put le croire. Les souffrances physiques infligées par Rhett ne l’avait pas touchée aussi fortement que le jeune homme ne l’aurait voulu. Il saisit son poignet, brutalement, violemment, l’écrasant contre le bois de la table de lecture. Dahlia sentait ses os résister sous la force cruelle de son assaillant. CRAC. Des larmes de douleurs coulèrent silencieusement sur les joues de Dalhia. Elle réprima un cri de douleur. Surtout ne pas crier, ce serait lui concéder la victoire. De sa main valide, elle asséna une grande gifle à Rhett. Les deux ennemis se jugèrent. Leur haine implacable n’allait pas s’arrêter là.

Acte 4
betrayal.
FLASH-BACK
La femme aux longs cheveux d’encre se tenait, avachie, devant le feu de bois crépitant dans la cheminée. Son mari l’observait, se demandant comment il était possible qu’elle l’ait trahie à ce point. Elle avait l’air si angélique, prostrée dans le fauteuil, l’air paisible. Le seul détail déconcertant était le ventre anormalement gonflée qu’elle arborait. L’accouchement était prévu pour dans quelques jour à peine. Esméralda était constamment épuisée par sa grossesse. Quel était le mal ? Tout simplement la paternité de l’enfant qu’elle portait. Il ne pouvait pas en être le père. Depuis son accident, il était totalement exclu qu’il puisse engendrer de nouveau. Mais Esméralda était tombée enceinte. La disgrâce l’avait touché à un point inimaginable. Mais c’était loin d’être fini. Antonio Manccini avait-il été maudit des dieux ? Nul ne saurait le dire. Car ce n’était pas un, mais deux filles qu’attendait Esméralda. Deux magnifiques petites filles, conçues lors d’un soir d’été, alors que son époux était partit on ne sait ou. C’était le seul écart commis par la belle italienne. Mais l’écart de trop. Antonio ne lui pardonnerait pas, il ne voulait pas céder à la tentation d’effacer les péchés commis par sa femme ! Mais il l’aimait tellement… L’amour est un sentiment bien traitre. Par amour il était prêt à tout. Peut-être même à accepter de côtoyer quotidiennement le fruit de la trahison de sa femme. Elle gémit dans son sommeil, ses mains se crispèrent sur son ventre. Tout à coup elle s’éveilla en un sursaut. « « j’ai perdu les eaux. »
Doucement elle prit sa cadette dans ses bras. Elle avait vu le jour quelques minutes après sa sœur jumelle, Ann. Un duvet sombre garnissait le sommet de son crâne. Mais Esméralda se doutait qu’il finirait par s’éclaircir avec le temps. « Dahlia. » murmura-t-elle avec émotion. Elle se nommerait Dahlia, à l’instar de la sœur d’Esméralda. Elle posa affectueusement le regard sur sa fille avant de la remettre à la médicomage. C’était sa fille. Mais pour tous elle serait sa nièce.