“Things change and friends leave and life doesn't stop for anybody.”
La rentrée à Poudlard lors de ma première année était un événement que j’avais toujours appréhendé. Il faut dire que dans ma famille c’était un événement très important, une sorte de rite de passage. Peut-être pas à l’âge adulte mais à une autre phase de nos vies. Et évidemment, ce qui m’effrayait le plus, c’était la décision du choixpeau magique. Voyez-vous, tous les Mills, absolument tous, avaient soit été à Serpentard, soit à Serdaigle. Pas d’exception. Aucun Gryffondor ou Poufsouffle. Ou alors, c’était bien caché et nous n’en parlions jamais. Quoi qu’il en soit, pour mes parents, il était certain que le choix de ma maison – enfin, nos maisons, puisque ma sœur jumelle passait par le même événement – se réduisait à deux options. Et pourtant, j’avais de plus en plus l’impression que ces options ne m’allaient pas du tout. Je n’étais pas particulièrement brillante et détestait travailler d’arrache-pied, si bien que Serdaigle me semblait inaccessible. Quant à Serpentard… je ne pensais tout simplement pas avoir le caractère pour. Je n’étais pas fourbe ou manipulatrice ou que sais-je encore. Et je n’avais certainement pas d’aspiration à la magie noire. Bon, il faut dire qu’à onze ans, on ne pensait pas forcément à ce genre de choses et je ne dis pas que tous les Serpentards sont comme ça. Mais en ce qui concerne ma famille, tous ceux qui viennent de cette maison remplissaient ces traits de caractère. C’est pourquoi je ne tenais pas en place ce jour-là, dans la Grande Salle, plantée-là à attendre que mon nom soit appelé, à attendre que tout le monde passe avant moi. J’avais à la fois aucune envie d’y aller et hâte que ce soit fini. Le nom Malefoy fut appelé et je sus que je serais certainement la prochaine à passer, venant avant ma sœur sur la liste. La table des Serpentards acclama l’entrée du blondinet dans la maison et je me doutais qu’ils n’allaient pas être les prochains à s’enthousiasmer. Pas pour moi en tout cas.
« Mills, Daedra ! »Je me frayai un chemin jusqu’au tabouret sur lequel le choixpeau était posé, tremblant comme jamais. Cette histoire n’allait pas bien finir. Je soulevai le choixpeau, m’assis et le mis sur la tête. De là où j’étais, je voyais parfaitement ma jumelle, qui me souriait, confiante. Je n’arrivai pas à le lui rendre. Sans mentir, à chaque fois que je la regardais, c’était exactement comme si je me regardais dans un miroir. Les expressions en moins, étant assez différentes chez l’une et l’autre. Le choixpeau semblait hésiter, ce qui ne fit qu’ajouter à ma panique. Après quelques instants de silence, il rendit son verdict. La table des Gryffondors hurlait de joie, m’acclamant. Je n’arrivais pas bien à saisir ce qu’il se passait. Mon regard croisa celui de ma sœur, dont le visage s’était décomposé. J’éprouvai tout de suite un sentiment de honte grandissant mais je ne pouvais pas m’empêcher d’être complètement soulagée. Je descendis du tabouret et Skyler Mills fut appelée. En descendant, je la croisais et son regard en dit long. J’allais avoir des soucis avec mes parents.
“I would die for you. But I won't live for you.”
« Père, arrête, je t’en supplie ! » suppliais-je pour la énième fois.
Mon père me dit de me taire et continua ce qu’il était en train de faire. Sky et moi étions rentrées de Poudlard pour Noël et cela faisait seulement quelques jours que nous étions là que la situation tournait déjà au vinaigre. Prendre le train pour rentrer chez moi ne m’enthousiasmait pas du tout. Je préférais largement l’ambiance conviviale de Poudlard à celle tendue et stricte de notre château familial situé au fin fond de l’Ecosse. Nos parents venaient nous chercher en transplanant à la gare de Londres mais ça se voyait qu’ils le faisaient à contrecœur. Ils auraient préféré qu’on se débrouille toute seules et qu’on reprenne un train vers la gare la plus proche de chez nous. Mais même là, il aurait fallu qu’ils transplanent pour nous récupérer parce que la gare était quand même trop loin. Autant qu’ils fassent un effort et qu’ils pensent un petit peu plus loin. C’est donc en nous agrippant chacune fort au bras de chacun de nos parents que nous arrivâmes devant le portail de notre immense château. C’était une grande bâtisse perdue au milieu de nulle part, un héritage qui était dans la famille depuis la nuit des temps. Rien qu’à le regarder j’en avais froid dans le dos. Cet endroit me mettait mal à l’aise au possible et pourtant c’était
chez moi. J’y avais passé toute mon enfance, je n’avais connu que cet endroit et pourtant. Pourtant, je ne pouvais chasser de mon estomac ce nœud persistant, cette sensation de dégoût qui me prenait aux tripes à chaque fois que je passais le pas de la porte. Cette impression que cet endroit était horriblement malsain, que des choses horribles s’y étaient produites et se produiraient encore. Il faut dire qu’avec un père qui prenait un malin plaisir à torturer psychologiquement son fils ainé, il y avait de quoi. Et c’était exactement ce qu’il était en train de faire à cet instant précis. Sauf qu’aujourd’hui, il y allait plus fort que d’habitude. Mon frère était une forte tête et n’obéissant que rarement, si bien que mon père utilisait des méthodes peu habituelles pour le punir. Il recourrait au sortilège de l’imperium, bien que ce soit un des trois sortilèges impardonnables – ce dont il se fichait éperdument – pour forcer Setheleh à faire ce qu’il voulait. Il ne nous avait jamais infligé ce genre de choses à Skyler et moi, préférant corriger l’héritier de la famille, celui qui allait reprendre le flambeau. Il y avait des soirs où mon frère restait collé à sa chaise jusqu’à ce qu’il finisse de manger. Mais ce jour-là, c’était bien pire. Les larmes coulaient à flots sur mes joues et je continuais à supplier mon père d’arrêter. J’avais beau ne pas adorer mon frère et même le prendre carrément pour un psychopathe, il restait ma famille et je l’aimais. Et voir ceux que j’aimais souffrir m’étais insupportable. Mon père ignora mes plaintes et continua ce qu’il faisait. Seth avait refusé de finir un travail que notre géniteur lui avait demandé de faire, préférant aller faire un tour sur son balai dehors. C’est à ce moment-là que mon père était intervenu, recourant d’abord à la méthode douce, c’est-à-dire essayer de le convaincre, sans magie. Mais ça avait dérapé, mon frère lui avait répondu de manière bien trop insolente et j’avais vu les yeux de mon père briller de colère. Il avait immédiatement attrapé sa baguette et lui avait lancé le sort. Sauf qu’il ne s’était pas contenté de le forcer à faire ce qu’il avait refusé d’exécuter. Ça durait depuis des heures, mon frère était exténué, ça se voyait. Il en était à présent à nettoyer les chaussures de mon père avec rien d’autre que sa langue et ses yeux étaient sur le point de se révulser, comme s’il allait tourner de l’œil tellement il était fatigué. Mon père l’avait crevé avant, à faire des taches impossible à l’aide seulement de sa force physique. Ça me faisait physiquement mal de le voir dans cet état et je ne pouvais plus contrôler mes sanglots. Je jetais un regard à Skyler, qui était à côté de moi. Elle n’avait pas l’air plus perturbée que ça. Comment ne pouvait-elle pas l’être ? Je comprenais qu’elle porte mon frère en horreur depuis qu’il lui avait fait les pires crasses imaginables mais le spectacle qui se déroulait sous nos yeux était révulsant. J’abandonnais l’idée de chercher de l’aide de son côté et me retournais vers la scène.
« Père ! Arrête, il a compris ! »C’est à ce moment que mon père stoppa net et se tourna vers moi.
« Je t’ai dit de la fermer. Ce n’est certainement pas une Gryffondor que je vais écouter. »Il repartit de plus belle avec mon frère et j’enfouie la tête dans mes mains. Quoi que je fasse, je restais la honte de la famille, celle qui n’était pas ‘‘normale’’ et jamais on ne m’écouterait, jamais on ne me prendrait au sérieux. J’étais totalement impuissante.
“That's the thing about pain...it demands to be felt.”
Je l’avais à présent bien compris, je n’étais pas comme ma famille. Je n’avais pas les mêmes centres d’intérêts, pas les mêmes idées, pas les mêmes goûts. Même avec ma jumelle, je me sentais complètement différente, à l’écart. Il n’y avait qu’avec mes amis de Poudlard, la plupart étant à Gryffondor, que je me sentais à ma place. Ce jour-là, j’étais particulièrement contente d’aller en cours de Défense contre les Force du Mal. C’était un de mes cours préférés, tandis que Skyler préférait les matières plus ‘‘intellectuelles’’, moins pratiques. Je venais de fêter mes treize ans avec elle, le dix-huit septembre et pourtant, je me rendais déjà compte à quel point ce cours était important, à quel point le monde dans lequel nous vivions était dangereux. De plus, les cours du professeur Lupin était plus que passionnant. Il nous annonça au début de l’heure qu’on allait étudier les épouvantards et mettre en pratique le sort qui permettait de les contrer. Je jetais un regard à Skyler qui se tenait à côté de moi, excitée mais elle ne partageait pas mon enthousiasme. Il n’était pas rare que nous nous retrouvions dans des cours ensemble, les cours communs entre maisons se faisant assez souvent. J’attendais donc mon tour avec impatience, le cours était plutôt amusant dût aux formes que prenait l’épouvantard après avoir reçu un énième
riddikulus. Skyler se tenait juste derrière moi mais ne rigolait pas vraiment, ayant l’air de s’ennuyer. La personne juste devant moi réussit son tour et l’épouvantard retourna dans l’armoire que Lupin avait mis en place. Je fis quelque pas, baguette prête et il la rouvrit. Un corps en tomba lourdement sur le sol, comme endormi. On aurait dit… on aurait dit moi. Moi étalée de tout mon long sur le sol, immobile. Mon œil fut attiré immédiatement par le vert de Serpentard qui ornait la robe et la cravate qu’elle portait. Pas moi. Skyler. Elle était d’une pâleur maladive, les paupières fermées et sa poitrine était immobile, ne se soulevant pas sous l'effet de la respiration. Morte. Les larmes vinrent piquer mes yeux mais je les ravalais, tentant d’ignorer le nœud qui se formait dans ma gorge. J’avais envie de hurler. De tout casser. De perdre contrôle de mes émotions. Cette scène criait la vérité. Malgré nos désaccords, malgré le fait qu’on se provoque en permanence et se dispute à longueur de temps et bien que ses opinions si proches de celles mes parents m’irritaient au plus haut point, je l’aimais. Elle faisait partie de moi autant que je faisais partie d’elle. Nous étions liées par le sang et bien plus encore. Elle comptait plus que tout au monde pour moi, elle était la personne la plus importante à mes yeux, la moitié de mon être. Et la perdre reviendrait à signer mon arrêt de mort, car je n’imaginais pas une vie sans elle. Je levai ma baguette en tremblant, essayant de ne pas montrer mes émotions.
« Riddikulus ! » prononçais-je avec autant de conviction que je le pouvais.
L’épouvantard se mit à ronfler bruyamment. Tout le monde éclata de rire mais pas moi. Je me retournais et croisais le regard de ma sœur, pleins de questions. Je lui laissais ma place et retournais me mettre au fond de la salle, sachant déjà que la prochaine forme que prendrait l’épouvantard serait une poupée de porcelaine.
“At some point, you gotta stop looking up at the sky, or one of these days you'll look back down and see that you floated away, too.”
Revenir l’été à la maison pour deux mois était l’une des choses que je redoutais le plus. C’est vrai que depuis que mon frère était parti et avait rejoint les rangs de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, c’était plus calme. Mais je ne supportais toujours pas tous les dîners où j’entendais des propos tous plus horribles les uns que les autres à propos de moldus ou de nés-moldus. Même les sang-mêlés y passaient. Le pire dans tout ça restait que Sky participait avec enthousiasme à la conversation, dégradant tous ceux qui se trouvaient à Poudlard. On aurait pu croire que c’était la situation actuelle qui leur donnait encore plus envie d’alimenter le débat mais non. Ça avait toujours été comme ça et à vrai dire, mes parents ne se souciaient pas du tout de ce qui se passait dans le monde de la Magie. Ils savaient qu’ils seraient épargnés et ça leur suffisait. Ils n’étaient pas non plus particulièrement d’un côté ou de l’autre. C’est vrai qu’ils partageaient les idéaux du Seigneur des Ténèbres mais ils n’étaient pas forcément pour les méthodes qu’il employait pour les affirmer. Je pense qu’au fond, ils s’en fichaient comme de leur première chemise. Ils avaient toujours vécus reclus dans leur château, loin de tout le monde et ça ne changerait pas de sitôt. Ce soir-là, au dîner, la discussion sur les nés-moldus avait repris de plus belle, Skyler pariant sur qui reviendrait à Poudlard et se ferait arrêté. J’essayais de ne pas prêter attention, de ne pas prendre part à leur petit jeu quand je remarquai qu’ils ne parlaient plus beaucoup. Ils avaient épuisé le sujet et le diner tirait à sa fin. Mon père s’essuya la bouche et posa les mains sur la table, prêt à prendre la parole.
« Votre mère et moi avons quelque chose à vous annoncer. Nous avons tout planifié durant l’été et tout est en ordre, » annonça-t-il avant de marquer une pause, nous sondant du regard.
Je posais mes couverts et relevais la tête. Je n’avais plus très faim, ayant un mauvais sentiment sur ce qu’il allait nous dire.
« Vous allez toutes deux avoir dix-sept ans dans un mois et étant majeure, vous êtes désormais en âge de vous marier, une fois vos études achevées, évidemment. »Non. Ça ne pouvait pas arriver, ce n’était pas possible, pas maintenant. J’avais limite envie de vomir rien qu’à l’idée. Des mariages arrangés. Qui faisait encore ça. Et pourtant, je m’en doutais au fond de moi, cette pratique étant plus que courante chez les Mills. Lier deux familles de sang-purs par les liens du mariage. En l’occurrence, ça serait trois puisque j’imaginais qu’ils voudraient se lier à plus de familles possibles et n’allaient certainement pas nous promettre à des frères. L’idée me révulsait jusqu’au plus profond de mon être. Justement, il l’avait dit, nous allions être majeures, dans le monde de la magie du moins. N’avions-nous pas le droit de décider pour nous même ? Je regardais ma mère, cherchant du soutien de son côté mais elle avait les yeux baissés. Elle avait toujours été de nature plus douce que mon père, n’allant pas jusqu’à nous faire des démonstrations d’amour mais elle s’était toujours écrasé derrière son mari. Il disait qu’ils avaient décidés tous les deux mais il était évident qu’il avait été le seul à prendre la décision et faire les démarches auprès des familles. A côté de moi, Skyler jubilait. Elle, au contraire, avait toujours rêvé de ce jour, rêvé de plus de puissance. Elle croyait à fond aux vieilles idées selon lesquels les sang-purs devaient se marier entre eux.
« Skyler, nous t’avons trouvé le fiancé idéal, » continua-t-il.
« Il est à Serdaigle dans la même année que toi et est très brillant. Il s’agit de Phoenix Blackstone, peut-être que tu le connais déjà. »Phoenix. Moi je le connaissais, il était d’ailleurs l’un de mes très bons amis. Ca ne pouvait pas tomber plus mal, puisque ma meilleure amie Marion était raide dingue de lui et je savais qu’elle ne le laissait pas indifférent non plus. Je savais déjà que j’allais devoir lui annoncer moi-même et qu’elle m’en voudrait, inconsciemment, même si ce n’était pas moi qui allait l’épouser.
« Quant à toi, Daedra, » reprit mon père, le ton beaucoup plus sec,
« nous avons pensé à t’unir à quelqu’un du même âge, toujours, qui serait à Serpentard. Cela rattrapera peut-être la honte de t’avoir chez les Gryffondors. »Il dit le nom du concerné mais je n’y prêtais pas attention. Je ne l’écoutais plus et de toute manière, je ne voyais pas de qui il parlait. Je me levais brutalement, le coupant presque dans sa lancée.
« Très bien. Je peux sortir de table maintenant ? »On m’y autorisa et je filai dans ma chambre, prête à pleurer toutes les larmes de mon corps, prête à mourir de désolation.
“And then something invisible snapped insider her, and that which had come together commenced to fall apart.”
Je ne savais pas très bien ce que je faisais là. Je ne voulais pas être là. Je jetai un œil autour de moi et vis tout un tas de gens qui pleuraient l’être cher qu’ils venaient de perdre. Mais moi je ne le connaissais qu’à peine, je ne l’avais vu qu’une fois, qu’est-ce que je faisais là ? Tout ça par ce que j’étais supposée l’épouser lors d’un mariage arrangé. Et en plus, il était mort parce qu’on avait découvert qu’il était traître à son sang, qu’il aidait des nés-moldus de Poudlard et les choses avaient mal tourné. Ma famille n’aurait pas dû accepter ça. Et pourtant, nous étions là, à son enterrement et j’étais censée être en deuil. Sauf que je m’en fichais puisque je le connaissais à peine. Après, c’est vrai que j’avais quand même de la peine pour lui, avoir été tué pour avoir fait ce qui était juste, c’était aberrant. Mais à vrai dire, j’avais été infiniment soulagée à l’annonce de sa mort. C’était assez dégueulasse, je le concevais mais j’avais presque cru que j’allais échapper à un mariage. Mais la réalité des choses m’était revenue avec fracas : jamais mon père n’accepterait que je ne me marie pas. Il trouverait surement un autre prétendant, bientôt qui plus est. Histoire de rattraper le fait que j’étais à Gryffondor, comme il disait. Du coup, j’avais l’air complètement déprimée pendant la cérémonie mais pas pour les mêmes raisons que les autres. Je n’allais pas échapper à mon destin, mon père ne le permettrait pas et ça me tuait. Il était assis à côté de moi et se pencha pour me chuchoter à l’oreille.
« J’ai une famille d’amis très bien qui ont un fils qui fera un parfait fiancé. Je vais leur parler bientôt, ne t’en fais pas, » me glissa-t-il.
Ce qu’il venait de dire me mettais hors de moi pour diverses raisons. Non seulement, c’était complètement irrespectueux pour la famille de me dire un truc pareil alors qu’on était en train d’enterrer mon précédent fiancé mais en plus, il disait ça comme si j’étais réellement triste de ne pas pouvoir me marier. Car je le savais, il devait se douter et même savoir que je n’étais pas sur la même longueur d’onde que Skyler sur ce point-là. Bon, à vrai dire, je n’étais pas sur la même longueur d’onde que Sky sur beaucoup de points mais je me gardais bien de le dire. Seulement, je n’avais pas réussi à m’enthousiasmer autant qu’il aurait fallu à l’idée de mon mariage et je pense que mon père l’avait remarqué. A peine eut-il prononcé ces paroles que je laissais les larmes couler sur mes joues. Les larmes que je retenais, à l’idée que je ne pourrais jamais échapper à ce que je considérais comme une fatalité. Que je ne pourrais jamais connaître l’amour, le vrai, celui où on n’est pas déjà marié à quelqu’un d’autre et où on n’a pas besoin de se cacher. Celui où si on se fait découvrir, on ne se fait pas déshonorer pour adultère. Je ne pensais pas être en mesure d’aimer mon futur mari, pas si on m’y forçait. Alors je me levais du banc, usant de mes larmes pour prétendre que le chagrin à l’idée d’avoir perdu mon fiancé était trop intense et quittait la pièce. Je ne pouvais pas m’en aller seule, n’ayant pas mon permis de tranplanage et étais donc obligée d’attendre ma famille. Mais je ne voulais pas qu’on me cherche pour me ramener à la cérémonie. J’avais besoin d’être seule donc je me cacherai et ne ressortirai qu’une fois ce manège terminé. La seule pièce ouverte que je trouvais était un placard à balais mais ça me conviendrait. Je m’assis par terre et renfermai la porte, à présent seule avec mes pensées.
« Lumos, » murmurais-je à ma baguette, qui s’illumina.
Je n’aimais pas particulièrement le noir et quelque part, cette petite lueur me rassurait. J’étais à peine là depuis quelques minutes que la porte s’ouvrit. J’aurais dû la verrouiller. Skyler se tenait de l’autre côté et sans poser de questions, vint s’assoir à côté de moi, refermant la porte. Nous étions vraiment à l’étroit mais ça n’avait pas l’air de la gêner. Elle posa la tête sur mon épaule et me tapota le bras.
« T’inquiètes pas, ça va aller, » me dit-elle et pendant un instant, je cru qu’elle me comprenait. Et surtout, qu’elle ne m’en voulait pas, qu’elle n’essayait pas de me faire changer d’avis, qu’elle avait de la peine pour moi parce qu’on me forçait à me marier. Mais elle reprit la parole :
« Père va te retrouver un fiancé digne de ce nom et tu pourras faire ton deuil. »Je baissais la tête, ayant presque envie de rire. Elle avait tout faux. Parfois je me demandais comment elle pouvait être ma
jumelle.