« SURPRIIIISE. » Violer la serrure de Milo avait été un jeu d’enfant. Mener une espèce de double-vie, prétendre être quelqu’un d’autre pendant presque cinq mois, ça c’était compliqué. Entre s’échapper pendant quelques heures lors d’une sortie à pré-au-lard pour pouvoir le voir, ou prétendre être en stage à l’étranger pour ne pas avoir à expliquer que si elle ne pouvait pas le voir pendant tous le mois de mai et une partie de juin c’était parce qu’elle serait à Poudlard, ça c’était déjà plus compliqué. Pourtant c’était une bonne menteuse, mais se souvenir de chaque invention pouvait s’avérer fatiguant. Heureusement, Milo et elle n’avaient pas pour habitude de converser pendant des heures. Parce qu'elle devait bientôt retourner à Poudlard pour débuter sa sixième année, elle voulait lui faire un dernier au revoir. C’est-à-dire s’il était bel et bien chez lui, ce dont elle ne pouvait être certaine, puisqu’elle lui avait dit qu’elle devait repartir pour un autre stage deux jours plus tôt. Refermant la porte derrière elle, elle s’avança vers la chambre du jeune homme d’où s’échappaient quelques bruits. « EXCUSEZ-MOI » hurla-t-elle une fois qu’elle eut atteint le seuil de la pièce, surprenant son petit-ami avec une autre. « Oh merde. Zeyna… » L’inconnue fut soudain repoussée et prise de gêne, elle attrapa sa robe qui traînait sur le sol. La turque ne lui accorda pas un regard. « Fils de Troll t’es vraiment qu’un… » « C’est qui elle ? » lança la blonde visiblement confuse. Autant dire que l’interruption ne plu pas vraiment à la Gryffondor. « Mais ta gueule toi. Dégage, tu vois pas qu’on est occupés ? » Déjà rhabillée et n’ayant pas envie d’assister à une scène de ménage, la sorcière haussa les épaules et esquissa un mouvement pour quitter la pièce. « Oh et je reviens tout juste de sainte-mangouste, je te conseille d’aller y faire un tour, il t’a sûrement refilé quelque chose à toi aussi. » Le visage horrifié de la jeune femme fut une maigre consolation pour Zeyna qui ne lui laissa pas le temps de poser la moindre question claquant la porte de la chambre au nez de la blonde. Enragée, elle se retourna vers Milo, faisant craquer ses jointures, presque menaçante malgré sa petite taille. « Sale co… » « Attends c’est vrai ce que t’as dit t’as chopé… » il était paniqué et ne faisait aucun effort pour le cacher. Elle l’aurait bien torturé plus longtemps, mais elle n’avait pas très envie de rester en sa présence. Sa trahison la touchait bien plus qu’elle ne l’admettrait jamais. À quoi aurait-elle pu s’attendre d’un homme de six ans son aîné, rencontré dans un bar miteux et qui l’avait ramené chez lui dès le premier soir ? Cinq mois d’illusion avait réveillé en elle une naïveté qu’elle ignorait posséder. « Non. C’est pas vrai. » fit-elle sèchement, ne lui laissant toutefois pas le temps de partager son soulagement. « Par contre tu sais ce qui l’est ? J’ai pas dix-neuf ans. » Il haussa les sourcils, le pauvre ne voyait pas encore où elle voulait en venir. « Non j’en ai seize. Et quand on s’est rencontrés ? J’en avais quinze. Tu sais ce que ça veux dire ? T’as couché avec une mineure, non attends…c’est pire que ça t’as couché avec une mineure de moins de seize ans. Ouhhhh ça peut t’entrainer quelques problèmes ça non ? » Elle posa un doigt contre son menton dans une fausse expression pensive. En moins d’une minute elle avait trouvé comment lui rendre la monnaie de sa pièce. L’effroi visible de Milo en valait largement la peine. « Enfin c’est-à-dire si quelqu’un venait à le reporter, ou à porter plainte même… » Elle pencha la tête de côté, l’air innocent, mais il savait très bien à quoi s’en tenir. Impossible de savoir si elle bluffait ou pas, pleine de surprise, l’adolescente n’avait surtout aucune limite et il ne voulait pas prendre de risque. « Zeyna je peux t’ex-…» « M’expliquer ? Moi j’ai une meilleure idée. » Elle sourit, prenant de plus en plus d’assurance. « Pourquoi être la seule à bénéficier de ce qui, j’en suis sûre, doit être une tirade plus que passionnante ? Je te propose que tu m’expliques ça, à moi et à quelques membres du Magenmagot, quand j’aurais traîné tes pauvres fesses de menteur en justice. » Elle ne lui laissa pas le temps de répliquer, ou de supplier et quitta tout simplement la pièce et l’appartement à toute vitesse, courant même dès qu’elle fut arrivée dans la rue, essuyant avec précipitation les larmes amères qui s’échappèrent du coin de ses yeux.