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NOM : Gedwyr depuis de très nombreuses années, son nom de jeune fille était Sparrow. Bien qu’être devenue une Gedwyr ait été un de ses plus grands moments de joie, elle envisage fortement de reprendre son ancien nom en brisant ses liens de mariage. PRÉNOM(S) : Sa mère l’a nommée Eiris, un prénom légué sur des générations, un prénom sans histoire pour une jeune fille qui se révéla pourtant bien différente des autres femmes de sa lignée. Son second prénom est Merida, qui est également porté par bien des femmes de son arbre généalogique. ÂGE : Elle a eu quarante ans, et ressent plus que jamais le poids des années. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : Fille de l’Irlande, elle est née dans une bourgade près de Dublin, le trois septembre 1958. STATUT DU SANG : Née moldue, elle ignorait tout de la magie avant de recevoir un professeur de Poudlard dans la demeure familiale, quelques semaines avant ses onze ans. MAISON : Le choixpeau n’a pas hésité avant de l’envoyer dans la maison des Poufsouffle, où elle a suivi une scolarité épanouie. NIVEAU D’ÉTUDES : Elève travailleuse, elle a obtenu il y a bien longtemps dix BUSES et neuf ASPICS. EMPLOI : Anciennement botaniste, elle n’a plus d’emploi pour l’instant. LIEU DE VIE : Forcée de quitter le monde sorcier, elle habite une petite maison dans la banlieue de Londres, côté moldu. BAGUETTE : Autrefois elle possédait une baguette en bois de laurier dont le cœur était un crin de licorne, elle la chérissait comme le symbole de son appartenance aux sorciers. On la lui a enlevée il y a des mois, et elle en aurait eu le cœur brisé si elle avait pu s’en soucier, mais la trahison avait déjà pris tout ce que son cœur pouvait ressentir. GROUPE : Live Bait. CÉLÉBRITÉ : Jessica Chastain. CRÉDITS : écrire ici.

   A savoir sur ton personnage

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Eiris est une artiste un peu touche-à-tout. Dans son enfance, elle a fait de la danse irlandaise, puis a appris la cornemuse. Ensuite, elle s’est mise à la peinture, qui est restée son hobby favori. ◊ A Poudlard, ses matières favorites étaient la botanique et les potions. Elle est devenue botaniste par la suite, puisant une grande sérénité dans la présence des plantes. ◊ Elle a fait partie de l’Ordre du Phénix dès la première guerre. A cette époque, elle a utilisé ses connaissances en plantes pour guérir les blessés. Lors de la seconde guerre, elle les a plutôt utilisées pour empoisonner des cibles soigneusement choisies. ◊ Perfectionniste dans l’âme, elle a fait en sorte que la maison qu’elle et Wayne avaient achetée soit leur petit cocon, elle a passé des mois à la retaper et la meubler pour qu’elle ressemble exactement à ce qu’elle avait en tête. Elle ne compte plus le nombre de fois où elle a rendu Wayne fou en lui demandant de changer le grand buffet et les canapés de place. ◊ Elle a eu une période difficile quand elle a du devenir mère, elle n’était pas du tout à l’aise avec son bébé. Mais elle a fini par trouver les bons réflexes, et sa fille est devenue la chose la plus précieuse qui soit. ◊ Elle aurait aimé avoir d’autres enfants, mais ils n’y sont jamais parvenus. Elle a envisagé d’adopter, à un moment, mais elle n’a jamais vraiment osé en parler avec Wayne. ◊ C’est une très mauvaise cuisinière, bien qu’elle ait absolument tout essayé pour s’améliorer. Son mari et sa fille ont très vite appris à fuir les parages quand elle se met aux fourneaux, et généralement, elle fini par commander des plats chez le traiteur plutôt que de risquer d’empoisonner toute la famille. ◊ Elle consomme énormément de thé, mais évite de boire du café, car ça l’excite beaucoup trop et elle devient une véritable pile électrique. ◊ Elle collectionne les livres anciens, notamment les contes, qu’ils soient moldus ou sorciers. Elle aime l’odeur des vieilles couvertures en cuir, ainsi que le bruit du parchemin quand elle tourne délicatement les pages. ◊ Elle a deux sœurs, moldues toutes les deux, mais elle a perdu tous contacts avec elle depuis son mariage. Sa famille a eut énormément de mal à accepter qu’elle soit une sorcière, et même ses parents se comportent encore avec elle comme si elle pouvait subitement les transformer en crapaud, mais elle fait de son mieux pour que ses quelques liens avec eux ne disparaissent pas. ◊ Elle a un faible pour les magazines féminins moldus, elle va souvent faire une razzia au kiosque pour le seul plaisir de dévorer des yeux les pages en papier glacé, où les photos de mode restent sagement immobiles.


   TON PERSONNAGE ET LA SITUATION ACTUELLE ?

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En tant que née-moldue, Eiris a évidemment vu d’un très mauvais œil la montée au pouvoir du nouveau gouvernement, la tournure qu’ont pris les choses, et enfin, la fin de la guerre. Elle a tout de suite su qu’elle serait mise de côté dans ce nouvel ordre des choses, mais elle avait gardé son implication dans l’Ordre suffisamment secrète pour espérer continuer à vivre une vie tranquille après ça. Elle a toujours su rester discrète dans toutes ses actions, et comptait bien continuer ainsi, malgré la dissolution de l’Ordre … Mais le gouvernement n’avait pas l’intention de simplement mettre de côté les nés-moldus, n’est-ce pas ? Et Eiris se serait indignée, révoltée contre toutes les lois si elle n’avait pas été abandonnée par son mari. Le feu qui l’habitait et qui aurait pu lui donner la force de mettre en place des actions concrètes pour renverser les choses l’a quittée, elle est devenue spectatrice impuissante tandis qu’on la poussait en-dehors de son monde, puis elle est devenue victime … A présent, elle n’a presque plus de volonté propre, et les actions du gouvernement lui passent à des milliers de kilomètres au-dessus de la tête.

   

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TON PETIT PSEUDO+PRÉNOM : april rain, emma. TON ÂGE : ne retenez pas ce chiffre il va bientôt changer (a) PAYS : dans le monde de Lyra avec mon daemon. TU AS TROUVÉ PI PAR : les voix dans ma tête me l'ont soufflé dans mon sommeil. TON AVIS SUR PI : même si je suis loin d'atteindre le bon chiffre, je vais commencer à avoir le droit de réclamer un lit dans l'hopital psy de PI, la claaaasse :face:Ouais je l'aime quoi (vu que c'était la kouechtion) DÉSIREZ-VOUS UN PARRAIN ? : y'a le risque que ça tombe sur moi alors non  UN DERNIER MOT : je vais faire des bébés au plus sexy  

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I still remember the world fom the eyes of a child

Son sac sur le dos, Eiris marchait seule dans un couloir de Poudlard. Le soleil éclatant laissait de grandes flaques de lumière sur le sol, et elle les traversait avec un sourire joyeux. Les vacances seraient bientôt là, si proches qu’elle avait envie de laisser tomber ses livres pour courir à travers le parc. Elle était une travailleuse acharnée, qui n’avait jamais aimé l’échec, mais la fatigue commençait à se faire sentir, et son esprit était de plus en plus souvent détourné de ses études par … « Eiris ! » Elle se retourna, sa bonne humeur dégringolant brutalement alors qu’elle se retrouvait face à face avec un élève de sa promotion. « Tu allais à la bibliothèque ? On marche ensemble ? » Eiris n’était pas quelqu’un de cruel, et la lueur d’espoir dans les yeux de son camarade lui pinça le cœur, mais immédiatement, un mensonge se forma sur ses lèvres. Elle n’avait aucune envie d’aller à la bibliothèque avec lui. « Non, je … » « Mary m’a dit que tu allais étudier pour l’examen de potion, ça tombe bien je suis en retard là-dessus, on pourra réviser ensemble. » La coupa-t-il, et Eiris formula mentalement une malédiction envers son amie trop bavarde. « Je … J’ai déjà révisé les potions, il faut que je m’entraîne aux sortilèges. » Un mensonge en entraînant un autre, elle sentit son visage s’enflammer, le malaise la faisant balbutier. A son grand désarroi, elle vit le visage de son camarade se décomposer légèrement, puis se crisper. « Tu ne veux pas étudier avec moi, dis-le clairement. » Sa voix pleine de ressentiment la fit frissonner, mais elle redressa les épaules et fit de son mieux pour ne pas détourner le regard. « Joram, il vaut mieux que tu ailles réviser avec d’autres personnes que moi. » Elle avait plus ou moins évité de parler de ce qu’elle avait envie, c’était pas si mal … A un moment, elle avait eu envie de lui, elle avait été amoureuse comme une fille de quatorze ans peut l’être, avec palpitations dans le cœur et papillons au ventre, mais comme une fille de quatorze ans, elle avait vu sa passion disparaître comme elle était arrivée après quelques mois de relation. A ses yeux, ils avaient à peine été en couple : pouvait-on l’être à cet âge ? Elle se souvenait de ses baisers mais ça ne la faisait plus rêver. Elle était passée à autre chose, et ce dont elle avait envie maintenant, c’était qu’il cesse de lui parler, de la coller. Elle ne pouvait pas vraiment le lui dire … N’est-ce pas ? La bouche de Joram se tordit en une grimace amère, et Eiris n’eut qu’une envie : tourner les talons et mettre fin à cette discussion qu’ils avaient déjà eue des dizaines de fois depuis leur rupture, six bons mois plus tôt. « Ouais, je vois. Tu préfères aller retrouver Gedwyr. » Le dégoût qu’il mit dans le nom de Wayne fit naître une curieuse colère en elle, et sans doute un peu de fierté aussi. Il était jaloux. Elle voulait que toute l’école soit jalouse de la relation si spéciale qu’elle partageait avec Wayne-Dryn Gedwyr, mais elle ne laisserait personne dire du mal de lui. « Ca n’a rien à voir avec lui. Je t’ai dit que c’était terminé, Joram, il n’y a plus rien entre toi et moi. Essaye de passer à autre chose. » Elle s’était exprimée avec fermeté, estimant que cela terminerait très bien cette discussion, mais avant qu’elle ait pu tourner les talons, il se rapprocha d’elle, la faisant reculer contre le mur. « Gedwyr se sert de toi, il te laissera tomber quand il t’aura tout pris, et tu seras malheureuse à cause de lui. Moi je t’aime, Eiris. Tu sais que je t’aime, je ne te ferais jamais de mal. » Le ton de Joram s’était transformé en une caresse doucereuse tandis qu’il se rapprochait encore d’elle, et bien qu’il n’ait pas posé les mains sur elle, cette promiscuité lui sembla soudain intolérable. S’il l’aimait, elle n’en savait rien, mais elle savait ce qu’il attendait d’elle et elle ne lui donnerait jamais ce qu’il désirait. Elle le repoussa brutalement et s’échappa de sa présence toxique, courant dans les couloirs comme une dératée, sans aucun but. Quand elle se retrouva devant la salle commune de Poufsouffle, elle ne se souvenait même plus du chemin qu’elle avait emprunté pour arriver ici, mais elle entra dans hésiter, et elle se dirigea droit vers un coin de la salle. Alors son cœur se gonfla à nouveau de bonheur en voyant Wayne se tourner vers elle et lui offrir un sourire chaleureux. Sans un mot, elle s’assit à côté de lui et prit sa main entre la sienne, provoquant chez lui une petite expression de surprise qu’il effaça très rapidement. Wayne et  Joram étaient comme le jour et la nuit, et elle préférait se blottir dans la lumière de Wayne que dans les ombres sournoises de Joram …


In that split second change when you knew we couldn't hold on I realized I lived to love you

Elle se souvient de cette terreur sans nom qui la prend aux entrailles quand elle comprend ce qui va se passer. Elle se souvient de ce choix qui n’en est pas un, la mort ou l’oubli. Elle se souvient de sa décision, car la mort de l’amour de sa vie n’est tout simplement pas envisageable, et que la douleur d’une séparation semble plus supportable à tout le reste. Elle se souvient de la haine qui la traverse envers cet être qu’elle avait un jour apprécié, alors qu’elle n’était qu’une enfant, et qui les menace à présent, elle et son mari. Elle se souvient avoir pensé que la rancœur devrait toujours pouvoir s’effacer avec le temps, parce qu’elle-même n’a jamais réussi à garder rancune envers qui que ce soit plus de quelques mois. Elle se souvient de l’absurdité de cette scène, qui donne envie de hurler. Elle se souvient s’être juré de ne jamais oublier cette haine vivace envers Joram et sa perversion sans bornes. Elle se souvient du regard de Wayne. Elle veut graver ce regard dans sa mémoire, elle veut le garder pour toujours. Il l’aime, il l’aime plus que tout. Elle se souvient de ses mains sur les siennes, son front contre le sien. Elle se souvient de sa promesse, elle se souviendra, bien sûr qu’elle se souviendra. Comment pourrait-elle oublier ? Elle se souvient de sa baguette, du filin enflammé qui en sort. Elle se souvient avoir prononcé les mots terribles. Elle se souvient avoir détourné le regard. Elle se souvient de cette autre baguette qui se dresse vers elle. Elle se souvient avoir envie de mourir plutôt que de subir l’oubli de ce qui vient de se passer. Mais elle ne se souvient déjà plus, et les deux hommes s’effacent dans son esprit, l’amour et la haine se diluent et se mêlent, ne reste qu’un réveil qui laissera un goût amer …

Without your love I am lost and I can never go back home

Il y eut un bruit de céramique brisée, puis un juron, et Eiris se laissa tomber sur son tabouret en passant une main tremblante dans ses cheveux. Elle contempla, atterrée, le spectacle de son atelier, la terre répandue sur le sol, le bulbe qui frémissait doucement dans l’humus en attendant qu’elle le récupère. C’était le troisième pot qu’elle faisait tomber depuis le début de la semaine, sans parler des rempotages qui avaient lamentablement échoué et de toutes les plantes qu’elle avait fait mourir en moins d’un mois. Depuis que Wayne était parti, tout ce qu’elle touchait finissait par être réduit en miettes ou dépérissait. Pourtant, la botanique était son domaine de prédilection, ce dont elle avait fait son métier juste après sa sortie de Poudlard, sa passion. Elle avait parcouru le monde pour rechercher des plantes rares, elle les avait ramenées en Irlande pour les cultiver avec amour, et ses échecs s’étaient comptés jusque là sur les doigts d’une seule main. Il n’y avait pas de mystère : la présence de Wayne à ses côtés avait toujours été son meilleur catalyseur, la source où elle puisait sa confiance en elle. Vingt ans de mariage, ses vingt meilleures années de sa vie, qui avaient été ruinées en quelques jours sans qu’elle ne voie absolument rien venir. Il était parti. Du jour au lendemain, sans un mot, sans une explication. La veille il l’entraînait sous les draps en riant comme s’ils avaient encore vingt ans, le lendemain il disparaissait en laissant des trous dans la penderie suffisamment évidents pour qu’elle ne puisse pas douter de ses intentions. C’était la guerre, il faisait partie de l’Ordre du Phénix au même titre qu’elle et elle savait qu’il pouvait lui arriver n’importe quoi, mais un mort n’aurait pas pris la peine de faire sa valise avant de claquer la porte. Eiris ramassa lentement les débris de céramique, ses pensées amères la dirigeant vers des rivages qu’elle ne souhaitait pas atteindre. Peut-être aurait-il mieux valut qu’elle voie arriver chez elle Kingsley lui annonçant que Wayne était tombé face aux Mangemorts … C’était ce qu’elle souhaitait de plus en plus souvent, et à chaque fois la culpabilité la frappait de plein fouet, mais c’était la triste vérité. Elle pouvait faire face à la mort, mais pas à cet abandon incompréhensible. Chaque jour elle se demandait ce qu’elle avait fait pour qu’il se lasse ainsi, à quel moment elle avait franchi la ligne invisible qui avait tout changé. Et quand ce n’était pas ça, elle le couvrait de malédictions pour avoir été aussi lâche … Mais la vérité, c’était que sans lui elle avait du mal à avancer, chaque obstacle lui semblait insurmontable, et il lui manquait affreusement. Il n’aurait pas pu choisir de pire moment pour disparaître, avec la guerre qui faisait rage et leur fille qui se tenait dans l’œil du cyclone. Lisea était encore à Poudlard, il avait été hors de question de l’en retirer malgré les évènements, mais Eiris aurait tout donné, en cet instant, pour qu’elle soit auprès d’elle. S’assurer qu’elle allait bien, la serrer dans ses bras … Si on lui enlevait Lisea, elle n’aurait plus rien. Alors elle comptait les jours qui restaient avant la fin de l’année, et elle priait pour qu’il ne se passe rien à Poudlard d’ici là. Et en attendant de revoir sa fille, elle faisait de son mieux pour avancer. Mais les pots se brisaient et sa volonté s’effilochait doucement … Elle releva soudain la tête en entendant frapper à sa porte, et elle alla ouvrir en essuyant ses mains pleines de terre sur son tablier en cuir. « Bonjour, Eiris. » Un sourire un peu étonné se glissa timidement sur les lèvres de la sorcière, qui s’effaça pour laisser entrer son invité. « Bonjour Joram. Quel prétexte as-tu bien pu trouver pour venir me rendre visite, aujourd’hui ? » Lui lança-t-elle, amusée. Joram s’était évanoui de sa vie dès leur sortie de Poudlard – du moins, c’était la dernière fois où elle se souvenait l’avoir vu – mais il était réapparu quelques semaines plus tôt, par le plus grand des hasards. Le revoir semblait avoir fait remonter en elle la légèreté de ses années d’adolescente, et elle s’était laissée prendre au jeu, ma foi fort agréable, des conversations amicales qui n’exigeaient rien en retour. Il avait bien changé, depuis Poudlard, il était loin de l’adolescent insistant qu’elle avait connu. Et bien des fois, elle s’était surprise à reléguer Wayne au second plan de son esprit, quand Joram se trouvait avec elle. Elle fit du thé, sans même casser une seule tasse, elle se mit à sourire, puis à rire tandis qu’il inventait une histoire abracadabrante qui l’aurait mené devant sa porte. Mais il posa soudain son bras sur le sien et elle se raidit. Jusque là, leurs échanges étaient restés amicaux, sans arrière-pensée, mais ce simple geste faisait ressurgir des souvenirs désagréables. Joram sembla s’en rendre compte, pourtant il ne recula pas sa main. « Je suis désolé de ce qui s’est passé avec Wayne. » Il avait l’air sincère, et  Eiris eut vraiment envie de le croire, mais elle ne pouvait s’empêcher d’entendre un « je te l’avais bien dit » résonner derrière sa compassion. « Mais tu n’es pas une veuve éplorée, Eiris. C’est lui le fautif, il t’a laissée et tu te conduis comme si tu méritais tout ça. » La colère qu’elle ressentit à ces paroles la laissa sans voix une seconde, et il en profita pour continuer sur sa lancée. « Je ne t’ai jamais oubliée. Nous avons grandi, mais tu es restée aussi belle et aussi parfaite que quand nous étions enfants. Si tu voulais … » « Ne prononce pas un mot de plus. » Le mit-elle en garde d’une voix tranchante. Elle se sentait mal à l’aise face à lui, comme s’il remuait un souvenir boueux qu’elle ne parvenait pas à voir avec clarté. Elle l’aimait bien, elle aimait ces discussions qui la sortaient de son morne quotidien, mais elle ne supportait pas l’idée d’aller plus loin avec lui. Pourtant, il aurait pu lui faire oublier Wayne, elle le savait bien … Mais c’était impossible. « Pourquoi est-ce que tu refuses de voir la réalité ? Je ne suis pas Wayne-Dryn, je ne te laisserai pas tomber. Je peux t’offrir cent fois plus que tout ce qu’il t’a donné. Je peux t’offrir la sécurité, pour toi et pour ta fille. » Elle fronça les sourcils, interpelée par cette étrange proposition, qui sonnait presque comme une menace. « Quoi ? Je n’ai pas besoin de ta protection ! Sors d’ici Joram, avant que je ne te fasse sortir. » Elle s’était énervée, mais il avait également laissé tombé tous ses efforts d’amabilité, et son visage haineux fit à nouveau remonter ce malaise indescriptible qui fit peur à Eiris. « Tu es une sang-de-bourbe, qu’est-ce que tu peux espérer ? Choisis-moi, ou tu le regretteras bien assez vite. » « DEHORS ! » Elle avait joint le geste à la parole, et d’un coup de baguette, elle l’avait expulsé de son atelier. Une fois seule, elle soupira. Le pire, c’était qu’il avait sans doute raison …


Everything is so dark and I know there's something wrong but I can't turn the light on

Elle sent les mains qui la tiennent, elle ne voit plus rien. Il y a eu la souffrance, si intense qu’elle s’est sentie perdre la raison, mais tout s’est arrêté et elle pressent que ce n’était rien en face de ce qui peut encore arriver. Elle ne sait pas où elle est, elle ne sait pas qui sont ces gens. Mais elle sait pourquoi elle est là, elle s’en doute. Ces visages la fixent comme si elle valait moins que les chaises sur lesquelles ils s’assoient. Elle soupçonne également qu’en refusant les avances de Joram, elle a accéléré sa venue ici. En étant née-moldue, ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne devienne une nouvelle cible. Elle a entendu d’autres hurlement autour d’elle, des suppliques également, mais elle, elle ne suppliera pas, ils n’attendent que ça. Pourtant elle a peur … Dans la torture elle a vu des images dans sa tête qu’elle ne connaissait pas, des choses qui la terrifient plus que la douleur elle-même. Elle a déjà été torturée, mais cette fois, c’est différent. Il y a un arrière-goût de non-retour dans l’obscurité de ce cachot, et si elle sort d’ici, elle ne sera plus la même. Quand les hommes reviennent elle se surprend à penser à Wayne. Elle espère qu’il reviendra pour s’occuper de leur fille quand elle ne pourra plus le faire. Sa dernière pensée cohérente est un souvenir du temps où ils étaient une famille heureuse, puis les hurlements déchirent sa gorge, elle sombre, et elle oublie, encore …

Lock the last open door, my ghosts are gaining on me.

Elle tordit la petite tige de métal entre ses doigts, puis l’entortilla sur elle-même, et la plia plusieurs fois. Quand elle commença à ressembler à quelque chose, Eiris se sentit un peu mieux, un tout petit peu. Les draps de son lit étaient trop blancs, les murs trop vides, sa tête trop remplie. Reproduire les plantes qu’elle connaissait avec des tiges de métal, ça l’aidait. Un peu. Parfois. Mais les voix ne restaient jamais bien longtemps silencieuses, même avec toute sa concentration. « Maman ? » Eiris releva la tête et regarda entrer sa fille, son rayon de soleil dans les ténèbres qui l’entourait constamment. Un visage réel, une voix bien vivante. « Ma chérie. Tu es en avance. » Lisea venait tous les jours une dizaine de minutes avant midi, et à la fin de sa journée. L’après-midi venait tout juste de commencer, elle était donc en avance. Eiris ne remarqua pas les regards inquiets que sa fille jetait vers la porte, ni le sac qu’elle remplit rapidement avec ses quelques possessions. Eiris ne remarquait plus grand-chose en dehors des visages qui la hantaient, et des voix qui murmuraient. « C’est parce que tu sors, aujourd’hui. Je t’emmène ailleurs. » Ailleurs ? Ca lui plaisait assez. Eiris pouvait espérer qu’ailleurs les murs étaient moins blancs, et que le bruit puisse atténuer les voix autour d’elle. Elle ne se fit donc pas prier, et suivi sa fille avec bonne humeur. Elle n’aurait pas su dire depuis combien de temps elle était à Ste Mangouste, elle y avait été admise l’esprit complètement ailleurs, victime de sévices qu’elle n’avait pas su décrire, et elle avait bien du mal à retrouver le chemin de ses pensées depuis. Elle était restée patiente anonyme dans l’aile des maladies psychiatriques, Lisea avait veillé à ce que son identité reste inconnue des guérisseurs. Le gouvernement venait jusque dans les hôpitaux déloger ceux qui n’avaient plus le droit de vivre dans le monde sorcier, et Eiris avait perdu ce droit bien des mois plus tôt, quand on avait brisé sa baguette. A présent, elles se dirigeaient toutes les deux vers une autre cachette, où Eiris pourrait se reposer en paix encore un moment, ignorée par les services de police du Ministère. Mais elle était de moins en moins en paix. Plus le brouillard que la torture avait infligé à son esprit s’effaçait, plus il révélait de choses désagréables, des visions notamment. Elles avaient été informes les premiers jours, puis elles avaient pris corps, et elles rodaient de plus en plus souvent autour d’Eiris. Visages grimaçants, corps mutilés, ils n’avaient d’abord été que des fantômes muets, mais ils venaient de retrouver la parole. Eiris faisait de son mieux pour les ignorer, mais c’était de plus en plus difficile. « Maman ? Je vais te laisser ici un moment, d’accord ? Je reviendrais te voir tous les soirs, c’est promis. En attendant, Jane et Henry s’occuperont de toi. Tu te souviens d’eux ? » Eiris du faire un effort pour focaliser son attention sur autre chose que les pâles figures qui l’entouraient, et elle esquissa un sourire à l’attention de Jane et de Henry. Oui, elle se souvenait d’eux, ils avaient été des amis de sa famille – sa famille moldue. Elle les aimait bien. Elle embrassa sa fille et entra dans la petite maison de banlieue avec les deux vieux moldus, qui l’installèrent chez eux avec autant d’attentions que si elle était une petite fille malade. Eiris n’était plus une petite fille, et elle n’avait pas vraiment conscience d’être malade, mais même les moldus pouvaient se rendre compte que quelque chose n’allait pas chez elle. Pendant de très longues heures, elle fixait le vide, quelquefois même elle se mettait à parler … Et au fil des jours, ses paroles devinrent moins confuses, plus déterminées. Eiris en avait assez de ces visages qui murmuraient autour d’elle, et elle envisageait de reprendre en main ses talents d’empoisonneuse. Les morts avaient passé un marché avec elle : si elle tuait pour eux, ils se tairaient. Que ce soit bien ou que ce soit mal, Eiris ne pouvait pas le juger, ces considérations morales étant bien au-delà de ses capacités actuelles. Mais elle voulait que les morts se taisent, et elle pouvait bien verser un peu de poudre dans des verres si ça pouvait aider à lui faire retrouver sa sérénité …