Courir après les fugitifs, faire en sorte que quoi qu’il arrive, les mangemorts et le Seigneur des Ténèbres étaient satisfaits, laisser ses sentiments de côtés sans se poser de question… C’était un beau résumé du quotidien d’Osha depuis un petit moment déjà. La blonde ne cherchait même plus à comprendre pourquoi elle devait trouver telle ou telle personne, elle se contentait juste de faire son travail de rafleuse de la manière la plus professionnelle qui soit. Le reste, ce n’était pas son problème. Cette soudaine prise de position, on le devait évidemment aux récents événements. Si Potter et ses amis n’avaient pas voulu jouer les malins, Osha ne serait pas en train de faire le sale boulot. De même, si Vous-Savez-Qui n’avait pas joué les trouble-fêtes en voulant imposer ses idéaux au monde magique, Osha n’aurait pas été obligée de prendre parti pour sa propre survie. Enfin bref, ce n’était plus le moment de tout refaire avec des hypothèses à deux mornilles. La guerre était belle et bien installée et seuls les faibles avaient décidé de rester inactifs dans le conflit. Osha pouvait être tout ce que vous voulez, mais elle était loin d’être faible et c’était pour cette raison qu’elle avait décidé de jouer un rôle dans un conflit qui en soi était très loin de l’intéresser. Vous l’aurez compris, la benjamine Hawkins était une opportuniste bien décidée à enfin exister en dehors de ses parfaites sœurs, peu importe si ses actes étaient moraux ou non. Avec la rumeur concernant Potter et la résistance féroce des membres de l’Ordre du Phénix, une agitation non dissimulée avait commencé à envahir les rangs des mangemorts. Contrairement à ce qu’ils s’amusaient à crier sur les toits, les partisans du plus célèbre des mages noirs n’avaient pas encore gagné la guerre. Certains, les plus faibles et les plus influençables, commençaient à douter tandis que les autres, les plus chevronnés, avaient décidé de renforcer la politique de recherche des fugitifs pour montrer qu’ils tenaient fermement leur victoire du bout des doigts. Les rafleurs avaient fort à faire, et ce n’était pas le moment de chômer pour Osha si elle voulait rester tranquille.
Accompagnée de deux autres rafleurs, Osha devait retrouver la trace d’une née-moldue en fuite ayant travaillé pour la Gazette des sorciers et donc susceptible de détenir quelques informations. Lesquelles ? Bonne question à laquelle Osha n’était pas censée s’intéresser. Arrivés dans la forêt de Craik en Ecosse, lieu où la demoiselle en question avait été vue pour la dernière fois, Osha et les deux autres rafleurs qui l’accompagnaient se séparèrent avec l’espoir de la retrouver au plus vite. C’était visiblement le jour de chance de la jeune Hawkins. Après même pas trente minutes de chasse, Osha reconnut la silhouette de la fugitive qu’elle était venue chercher. « Je serais à ta place, je ne tenterais pas trop de m’enfuir, Bell. », lança-t-elle une fois à sa hauteur. Baguette pointée sur la jeune femme, Osha était bien déterminée à mener à bien sa mission.

Même si Osha se répétait à dire intérieurement qu’elle ne chassait que pour survivre dans cette guerre, il fallait avouer qu’elle commençait à y prendre un certain plaisir pour la simple et bonne raison qu’elle se sentait utile. C’était assez étrange comme sensation, mais tellement vrai pourtant. Au sein d’une famille où la perfection était incarnée par les deux aînées – Orphée et Oksana – mais aussi par les cousines – Fleur et Gabrielle –, Osha avait toujours eu du mal à se sentir utile sinon aimée à sa juste valeur. Elle était loin de s’apitoyer sur son sort (à quoi bon ?) mais son rôle de rafleuse l’élevait à un niveau qu’elle n’avait pas l’habitude d’atteindre d’ordinaire, et ce n’était pas désagréable. Au moins en ayant choisi le camp des partisans de Vous-Savez-Qui, elle exerçait un certain pouvoir sur ses proies, souvent bien trop apeurées pour défier son autorité. Sa rencontre avec miss Bell en était la preuve même. Cette ancienne Gryffondor de trois ans son aînée n’avait vraiment rien à envier à Osha en ce qui concernait ses capacités magiques – sauf peut-être son don de métamorphomage mais ça peu de gens le lui connaissait – et pourtant elle s’était exprimée avec une voix légèrement tremblante loin de l’assurance d’une ancienne rouge et or. « Je n'ai pas vraiment le choix, de toutes façons. ». Excellente déduction, elle n’avait pas le choix. Sa seule chance était de faire en sorte qu’Osha retire un intérêt plus qu’intéressant si elle la laissait en vie. Que voulez-vous, en tant que pure opportuniste le naturel revient toujours au galop… « T’as de la chance d’être tombée sur moi, tu sais. Mes amis n’auraient pas hésité une seconde à te capturer immédiatement. », commença-t-elle avec une voix doucereuse. Sur ce point-là, Osha n’avait pas tort du tout. Les rafleurs ne se posaient aucune question d’ordinaire, tout comme elle. Pour autant, Osha connaissait Alanis un minimum et avec un peu de chance la blonde pouvait la renseigner sur ses sœurs et ses cousines. Bien évidemment, Osha n’allait pas lui demander directement, elle préférait laisser une chance à la demoiselle pour le faire d’elle-même car ne l’oublions pas, aux yeux du monde entier Osha est une demoiselle sans cœur proche des idéaux des partisans du Seigneur des Ténèbres. Pour qui passerait-elle si elle venait supplier une fugitive de lui dire comment allait sa famille ? Ce serait tout à fait pathétique. « Je te laisse une chance Bell. Si tu veux revoir ta chère petite cousine, t’as plutôt intérêt à coopérer. ». Eh oui, Osha connaissait très bien Katie pour être de la même année qu’elle. Qui sait, utiliser la corde sensible de la famille pourrait peut-être motiver Alanis à la renseigner…

Plus la guerre avançait, et plus Osha commençait à prendre un malin plaisir à torturer les proies à sa disposition. C’était assez paradoxal quand on la connaissait vraiment, mais elle se devait d’être un minimum convaincante aux yeux de ses collègues, n’est-ce pas ? Elle ne faisait ça que pour sa survie mais il fallait avouer que c’était bien marrant de voir la peur dans les yeux de ses victimes. Heureusement pour elle et sa morale, la blonde n’était encore pas prête à tomber sous l’influence des partisans du mage noir le plus connu de tous les temps. Dès qu’elle le pouvait, elle préférait marchander avec ses victimes avant de décider de leur sort, histoire de leur laisser une chance tout en restant dans son rôle de parfaite petite rafleuse pro-Voldemort. Qui aurait cru qu’un rafleur pouvait être doté d’un cerveau…et pourtant sans lui Osha serait sûrement déjà morte un bon nombre de fois. « En quoi suis-je sûre de m'en sortir après ? », avait répondu Alanis à la perche tendue par Osha. L’ancienne Gryffondor avait repris un semblant de courage, ce qui n’était pas pour déplaire à la jeune rafleuse. Alanis avait toujours été gentille avec elle, ça devait lui être d’une grande désillusion de la voir reconvertie en rafleuse sans cœur. « Je ne suis pas comme tous les autres, je n’ai qu’une parole. », lui répondit Osha parfaitement sincère. Si elle lui donnait une chance, ce n’était certainement pas pour s’en prendre à elle derrière. Et puis, sa parole était bien la seule et unique chose qui lui restait. « Dis-moi. J'ai appris à me méfier des sorciers comme toi. ». C’en était presque flatteur dis donc. « Et tu as bien raison. Sauf qu’en l’espèce, tu n’as pas tellement le choix. ». Elle n’avait pas tort : soit la blonde décidait de lui faire confiance en lui livrant des informations utiles et elle s’en sortait vivante, soit elle ne disait rien et Osha serait contrainte et forcée de la livrer. « A tes risques et périls. », conclut-elle parfaitement. En résumé, son destin était dans ses propres mains à moins qu’elle ne décide de déjouer les plans d’Osha d’une quelconque manière, ce qui restait malgré tout peu probable.

S’il y avait bien une chose qui rendait son travail de rafleuse plus difficile à mener, c’était bien d’être confrontée à une connaissance de son passé. Avec les inconnus, Osha n’avait pas le temps de se poser des questions, mais avec les gens qu’elle connaissait, c’était une autre affaire. Alors en face d’Alanis, Osha se sentait assez mal et espérait vraiment pouvoir la laisser s’échapper en y gagnant quelque chose. « Très bien. Pourrais-tu simplement me dire ce que tu veux ? », répondit Alanis aux remarques d’Osha. Ce qu’elle voulait ? C’était simple, elle voulait juste avoir des nouvelles de sa famille. C’était d’ailleurs plus que paradoxal quand on savait que la jeune blonde les avait quittés sans se poser de question. Que voulez-vous, les remords pouvaient atteindre tout le monde, même une soi-disant rafleuse sans cœur. Pour autant, elle n’était même pas sûre qu’Alanis puisse la renseigner comme elle se devait. Après tout, Orphée ne devait pas souvent se montrer, et Oksana devait patrouiller avec l’Ordre à l’instar de Fleur et ses parents… Or Osha n’avait absolument aucune preuve qu’Alanis soit proche de l’Ordre d’une quelconque manière. « Je voudrais juste que tu éclaires ma lanterne sur certains points, je suis légèrement coupée du monde en ce moment. ». Ok, c’était vraiment vague comme réponse mais elle ne pouvait pas se permettre d’exprimer sa pensée à voix haute comme ça, au risque de perdre toute sa crédibilité. « Le temps file, n'oublie pas ta parole. Tes amis mangemorts ne vont pas tarder à te rejoindre. ». Alanis n’avait pas tort, si elle continuait à faire joujou avec la blonde sans rien n’y gagner les autres rafleurs ne tarderaient pas à se ramener. « [color=indianred]Ne t’inquiète pas pour eux, il n’y a que toi et moi pour le moment. Et si tu ne veux pas te retrouver nez à nez avec eux, tu devrais te dépêcher de trouver quelque chose à me dire. ». Alanis n’avait certes pas tort, mais la situation était clairement à l’avantage d’Osha. Après tout, si les autres se ramenaient ce n’était plus son problème, elle avait laissé sa chance à Alanis, ce qui suffisait à lui donner bonne conscience le temps d’un instant. « Allez Bell, je te donne un indice. Si tu étais à ma place, tu chercherais à savoir ce que fait Katie. Eh ben moi, c’est pareil. ». Sauf que contrairement à Alanis, les intentions d’Osha pouvait paraitre plus que douteuses. Après tout, elle était du côté des « méchants » désormais.

Plus le temps passait, et plus Osha commençait à comprendre qu’elle ne pourrait pas tirer grand-chose de miss Bell. C’était désolant, surtout qu’Osha appréciait vraiment Alanis, même si dans le cas présent elle ne lui montrait pas vraiment. Le fait est que la demoiselle n’avait jamais fait aucune entorse à ses principes : elle ne relâchait ses fugitifs que s’ils avaient quelque chose à lui donner en retour. Alors dans une telle situation, Osha ne savait plus trop quoi faire : se montrer impitoyable ou écouter sa conscience. « Je crains que tu ne t'adresses à la mauvaise personne ». Oui, c’était bien là le dilemme de miss Hawkins. Elle se devait de trouver une solution, sinon elle perdrait sa crédibilité en tant que rafleuse, et sûrement sa vie en plus de cela. « C’est bien dommage. », trouva-t-elle uniquement à répondre. Que pouvait-elle bien dire d’autre en même temps ? Elle commençait à se faire avoir à son propre jeu, c’était très désagréable comme sensation. « Allez, Bell. Tu faisais partie de la Gazette tout de même, tu dois bien savoir quelques trucs ! » comme par exemple ce que faisait Oksana en ce moment. Ce n’était pas insensé, Oksana était une joueuse de Quidditch réputée, Alanis aurait très bien pu entendre parler d’elle d’une quelconque manière… « Effectivement. Et donc tu es à la recherche des tiens ? Rien d'intéressant à te transmettre. », répondit la blonde aux sous-entendus d’Osha. Si elle était à la recherche des siens ? Plus ou moins. Juste de ses sœurs et de Fleur pour être plus précise, ses parents, elle s’en foutait pas mal. Rien d’intéressant, c’était quoi cette insinuation à deux mornilles ? « Qu’est-ce que tu veux dire, rien d’intéressant ? Si tu sais quelque chose, tu ferais bien de me le dire. » Alanis avait attisé sa curiosité, peu importe s’il s’agissait d’une ruse de sa part pour gagner du temps, Osha devait en savoir plus. « J’espère vraiment pour toi que t’as quelque chose à me dire à ce sujet, je ne te ferais pas de cadeaux dans le cas contraire ». Voilà, son dilemme était maintenant à moitié réglé, sa décision dépendrait d’Alanis, ni plus ni moins.

Alanis avait beau être quelqu’un d’agréable, elle commençait sévèrement à énerver Osha. Ce n’était pas bien de jouer avec ses nerfs comme ça, elle était loin d’apprécier. Non, c’était elle qui était censée jouer pour ensuite lui soutirer des informations, pas le contraire ! Et si en plus Alanis la pensait assez bête pour ne pas s’en apercevoir, ça n’allait pas du tout arranger les choses ! La rafleuse avait voulu lui laisser une chance, mais son interlocutrice ne semblait visiblement pas apte à le saisir ou à vouloir s’en sortir simplement, sans aucune complication. « N'oublie pas que je ne suis qu'une novice. » Foutaises ! Même en étant une novice, Alanis devait bien connaitre certaines choses. Elle ne pouvait pas lui faire croire qu’elle n’avait rien appris en travaillant pour la Gazette. « Tu es en train de te payer ma tête, et je dois avouer que je n’aime pas tellement ça. Tu sais très bien ce que je veux, et je sais très bien que tu peux me renseigner. », répondit-elle toujours aussi calme. Elle n’avait pas le droit de s’énerver. De un, la colère ne ferait qu’empirer les choses et Osha avait vraiment envie d’arriver à ses fins, et de deux, si elle ne faisait pas attention elle risquerait de dévoiler son don de métamorphomage à une future potentielle ennemie. Eh oui… Elle avait beau maitriser parfaitement son don, la colère ne faisait que révéler sa véritable nature. Or, si quelqu’un d’autre que les personnes que le savaient déjà l’apprenait, son plan de secours au cas où elle devrait changer de camp, voire fuir, avait bien des chances de tomber à l’eau. « Si tu parles d'Oksana, saches que je ne lui ai jamais vraiment parlé ». Ah, mais ça commençait enfin à avancer, ce n’était pas trop tôt ! Osha se doutait bien qu’elle ne pouvait pas savoir beaucoup de choses sur Oksana, mais le pas grand-chose était toujours mieux que rien du tout. Et apparemment, elle était toujours en vie, c’était une bonne nouvelle. « Tu vois quand tu veux. », lâcha-t-elle, satisfaite. Si Alanis pouvait lui en dire plus sur sa sœur, elle ne dirait pas non. De tous les membres de sa famille réunis, c’était bien Oksana qui lui manquait le plus avec Fleur. En même temps, elle n’avait pas le droit de se plaindre, c’était elle qui avait choisi de mener sa vie loin d’eux, loin de leurs idéaux… Elle s’était exilée toute seule par simple rébellion et besoin de reconnaissance. « Quelques rumeurs, des bruits qui courent. Mais je t'assure, rien qui ne servirait à t'aider dans ta quête d'une quelconque manière. » Oh, vraiment, elle voulait jouer, avec elle. Elle était marrante la petite Alanis. « Je ne te conseille pas de jouer à ça avec moi Bell. Je commence à reconnaitre les menteurs. Si tu n’as rien de plus à me dire, je vais devoir prendre une décision. Et avec les maigres infos que tu m’as lâché… ». Une fois encore, Osha comptait sur son talent de joueuse de poker pour forcer son interlocutrice à lui en dire plus. « Et puis, si tu tentes quoi que soit contre moi, qui sait ce qui arrivera après. ». C’était une gentille manière de l’informer que Katie pourrait être concernée dans de possibles représailles. « Décide-toi. Si tu te montres conciliante j’effacerai quelques noms dans nos listes, si tu vois ce que je veux dire. »