Agir comme mon père, devenir lui ou du moins son parfait sosie. Chose qui n’était déjà pas particulièrement aisée au début de cette nouvelle année scolaire, mais qui est aujourd’hui devenu encore bien plus difficile avec les récents évènements. Car je sais que mon paternel se délecte bien de la situation actuelle et qu’il vit comme un véritable divertissement le fait de savoir qu’un né moldu est mort au château. Cela ce voit rien qu’au sourire satisfait qu’il affiche lorsque l’on aborde le sujet. Et cette haine que je lui voue pour rire autant d’une pareille chose – la mort d’un être n’est pas rien, lorsque l’on y regarde bien – je sais que d’autres me la voue également, pour tenter d’agir exactement de la même façon. Sauf qu’eux ne savent pas que je joue un rôle. Si Hester n’est pas parvenue à le voir en ce début de septième année, personne d’autre ne peut y parvenir, c’est une certitude. C’est ce à quoi je pense avec amertume alors que je sors de son bureau, m’enfuyant à pas rapides à travers les couloirs afin de rejoindre au plus vite la salle commune des gryffondors, dire de pouvoir me plonger sous la couette et dormir jusqu’au lendemain. Car dormir est la seule chose que j’attends avec impatience ces derniers temps, peut-être même plus que mes rendez-vous clandestins avec la blonde, qui sont quelques peu devenus inexistantes ces derniers temps, il faut bien l’avouer. Alors que je continue à m’enfoncer dans le château d’une démarche rapide, je n’hésite pas à bousculer un quatrième année – un serdaigle, si je me souviens bien –, poussant un grognement alors que mon épaule heurte la sienne. Mais il ne bronche pas, se contentant de fuir au plus vite vers je ne sais où alors qu’il reprend sa route. Courbant ainsi l’échine comme je le fais moi-même tous les jours, car à Poudlard, la vie se rythme sans aucun doute par la loi du plus fort, surtout depuis que le château est infesté de mangemorts. « Nan mais merde Joshua, pour qui tu te prends ? » s’élève alors une voix que je ne connais que trop bien. Je redresse la tête, découvrant alors face à moi Ainsley qui me fixe d’un air dur, les sourcils froncés. Jamais je ne l’ai vu revêtir une expression de visage si énervée. Et savoir qu’elle dirige cette haine – en est-ce vraiment ? – contre moi, me fend le cœur plus que cela ne le devrait. « Pour un sang-pur, descendant de la noble famille Panderman. Un problème avec ça, sang mêlée ? » Je pince les lèvres, la dévisageant d’un air froid, tentant de dissimuler l’amertume qui née en moi à l’annonce de ces quelques mots. Pourtant, je ne rajoute rien, me contentant de fixer mes prunelles inquisitrices sur sa personne, tentant de ne pas ciller. Car Ainsley ne doit pas savoir pourquoi j’agis ainsi. Pour elle. Pour sa sécurité.

Les prunelles d’Ainsley s’agitent de façon frénétique, essayant de scruter mon regard, mon âme ou je ne sais trop quoi. J’essaye pourtant de ne pas flancher, me contentant de serrer la mâchoire alors qu’il me faut lutter contre ma gorge nouée, qui risque de me trahir à tout instant. Aussi je m’imagine mon paternel face à moi, ce qui est suffisant pour me faire davantage froncer les sourcils. Car l’imaginer se tenir devant moi est la meilleure chose que j’ai trouvé pour continuer de faire briller cette lueur de haine dans mes yeux. « Nan mais tu t'entends parler ? » me crache la rousse au visage alors que je la vois serrer les poings. « Tu as toujours été mieux qu'eux Panderman, qu'est-ce qu'ils ont contre toi pour te faire agir comme un petit con, hein ? » Mieux qu’eux ? Est-ce être mieux qu’eux, de sans cesse courber l’échine face à leur autorité ? Car c’est ce qui s’est toujours passé, à chaque fois que je suis rentré chez moi durant les vacances d’été, me contentant de me poster dans mon coin. Et c’est ce que je suis en train de faire en ce moment même, alors que mon père parcourt les couloirs de Poudlard, quand bien même il ne soit pas juste derrière moi. Autant pour protéger mes amis que pour qu’il soit fier de moi. Alors que je sais que c’est impossible, que je l’ai déjà bien trop déçu pour que ce soit possible. « Je me suis simplement rendu compte qu’ils sont ma famille. Qu’eux ne peuvent pas me mentir et qu’ils seront toujours là pour moi. Toi et moi, on ne se verra même plus l’année prochaine, alors rien ne t’empêche de me mener en bateau. » Elle se rapproche alors de moi et j’avoue que je le sens assez mal, voir très mal même, alors qu’elle plante son regard dans le sien. Et je jure que si elle était capable de lancer le sortilège de la mort à l’aide de ses prunelles, je serais déjà mort à l’heure qu’il est. Je reste pourtant camper là où je suis, alors que seule l’envie de me reculer s’empare de moi. Mais mon père ne reculerait pas. « Je peux savoir ce qu'Hester en pense ? » me lance-t-elle finalement. Et si ses yeux ne m’ont pas tué, ce sont ses mots qui vont le faire. Ma gorge se noue instinctivement et il me faut lutter contre mes prunelles qui menacent de s’embuer. Mon dieu, non, pas Hester. « J’en ai rien à foutre de ce qu’en pense Hester. Mets-toi à la page, on est plus ensemble. Son existence m’importe peu, tout comme la tienne d’ailleurs. Vous n’êtes que des sangs mêlées, rien de plus. » Les mots m’écorchent la bouche et il me faut faire un effort de titan pour ne pas ciller. Mais c’est dur, affreux même. Et intérieurement, je me traite de monstre pour proférer de pareilles choses.

Elle fronce les sourcils, paraissant outrée par mes paroles, avant de faire un pas en arrière. Elle est visiblement choquée, aussi je me dis que proférer de pareilles atrocités peut au moins avoir un avantage. Car il ne faut pas qu’Ainsley tente de se rapprocher de moi, plus loin elle se tient et mieux ce sera pour nous deux, surtout pour elle d’ailleurs. Moi, j’ai l’habitude des sautes d’humeur de mon paternel, là où elle ne doit le connaître que de vue. Et c’est bien ce qui fait toute la différence, car il osera plus s’emporter sur elle que sur moi. J’en suis à peu près convaincu. Ainsi, malgré les apparences, le fait que j’apprécie beaucoup la jeune femme, m’aide à ne pas fléchir, me contentant de planter un regard froid dans le sien. « De mieux en mieux ! » finit-elle par lâcher avant de me regarder de haut en bas d’un air dédaigneux. Et sous son regard, je prends un peu plus conscience du connard duquel j’ai l’air. Mais c’est exactement ce que je cherche à être, alors je ne cille pas, me contentant de prendre sur moi. « Faut que t'aille te faire exorciser, c'est pas possible. » Je contracte un peu la mâchoire, grinçant des dents. T’es sûre que c’est notre fils ?, résonne la voix de mon paternel dans mon esprit. C’est suffisant pour me donner le courage de répliquer. « Tu vois ? C’est ça votre problème. Vous parlez tous comme de véritables moldus, où est la fierté du monde sorcier ? » je lui crache presque au visage. Parce que ce sont les moldus qui parlent d’exorcisme, il me semble. Peu importe, ce n’est qu’un détail assez futile au final. Du coin de l’œil, je vois que des personnes s’agglutinent autour de nous, ce que semble également remarquer Ainsley. « Circulez, y'a rien à voir. » Suffisant pour que des élèves passent leur chemin, mais ce n’est certainement pas le cas pour les mangemorts qui ne voient en Ainsley qu’une sang mêlée, inapte à leur ordonner quoi que ce soit. Du moins, je pense que c’est ce que mon père verrait en elle, même si je suis incapable de le savoir réellement. Intérieurement, je prie d’ailleurs pour qu’il ne vienne pas voir la cause de ce remue-ménage. « T'es un vrai salaud. » me lance finalement la rousse alors qu’elle plonge son regard toujours aussi dédaigneux dans le mien. Je hausse brièvement les épaules, faisant mine de n’avoir que faire de ce qu’elle peut bien me dire. « Si c’est être un salaud que d’être moi-même, alors je le vis très bien, merci. » je lui réponds d’une voix froide avant de pincer un instant les lèvres. « Maintenant, si vous pouviez vous pousser, toi et ta jalousie de ma pureté de sang, ça m’arrangerait. J’aimerai passer. » je lui lance d’une façon dédaigneuse avant de faire mine d’épousseter ma robe de sorcier, adoptant un air impatient et légèrement agacé du fait qu’elle se trouve face à moi. Comme l’aurait fait mon père.

Alors que je lui demande de se pousser pour me laisser passer, je vois bien qu’Ainsley s’énerve un peu plus. Ses paroles se font toutefois violentes, bien plus que je ne l’aurais cru possible. Je n’ai jamais vu la rousse s’en prendre ainsi à quelqu’un et le fait que pour la première fois que je vois cette rage émaner d’elle, celle-ci est dirigée à mon égard, me laisse tout de même un arrière goût d’amertume. Mais pas à l’encontre de la jeune femme, plus envers mon paternel, à cause duquel je me retrouve dans des histoires semblables. « Sinon quoi ? Tu vas appeler tes petits copains sang-purs à la rescousse ? Oh non, tu vas appeler gentiment ton petit papa chéri qui va accourir et te débarrasser de cette pauvre petite conne d'Ainsley Green. Et t'en seras fier, pas vrai ? Mais vas-y mon petit chat, vas-y. » Instinctivement, je sers les poings, mes ongles me rentrant dans les paumes de mes mains alors que je reconnais dans les paroles de la jeune femme, la même façon de dire les choses que mes sœurs et cousines, tandis qu’elle sous-entends ouvertement quel soumis je peux être. J’ai pourtant conscience de courber facilement l’échine face à mon paternel, mais je refuse que l’on me le dise ainsi. « J'ai hâte de voir une autre démonstration du toutou Panderman, en show à Poudlard jusqu'à la fin de l'année scolaire. » Je déglutis, il ne faut pas que je me laisse gagner par l’ivresse du moment. Il ne faut pas que je me transforme véritablement en ce salaud qu’elle voit en moi ou en l’un de mes frères. Je doute que cela soit véritablement possible de toute façon, mais je préfère prendre du recul par rapport à la situation, sait-on jamais. Car malgré toutes les paroles acerbes qu’elle m’envoie au visage, Ainsley continue d’être une amie, sans quoi elle ne prendrait certainement pas la peine de me vociférer de telles choses à la figure. « Je n’ai aucunement besoin de mon père pour te faire regretter tes paroles. » je crache, les dents serrés. Pourtant, cela reste clairement à voir, puisque je ne suis pas certain moi-même de l’exactitude de mes paroles. La rousse s’est toujours montrée plus brillante que je ne l’ai jamais été et j’aurais certainement grand mal à lui faire regretter quoi que ce soit à coups de sortilèges. « Maintenant, si tu veux bien arrêter de te donner en spectacle au milieu des couloirs, ça m’arrangerait bien. Parce que pour l’instant, ce n’est pas moi qui fait mon show. » Toujours cette peur de voir mon père débarquer sans prévenir au détour du couloir non loin, attiré par cette troupe de badauds qui nous regardent fixement. « Si t’as envie de déballer ton sac, on fait ça ailleurs. » Mauvaise idée. Je suis en train de fléchir et cela ne doit pourtant pas se produire. Je ferme un instant les yeux alors que je pousse un profond soupir. Mais lorsque je rouvre les paupières, ce n’est pas sur Ainsley que je fixe mes prunelles, de peur de me soumettre un peu plus à son autorité apparente.

Je regrette mes paroles à l’instant même où celles-ci passent la frontière de mes lèvres pour se porter jusqu’aux oreilles d’Ainsley. Car si j’ai cru un instant être une bonne idée de lui proposer d’aller ailleurs pour discuter, espérant ainsi fuir l’agitation des couloirs, je le regrette désormais. Aller dans une salle juste avec elle, comme-ci je n’avais réellement pas d’idée plus stupide à fournir. Mais déjà, la rousse saute sur l’occasion, ne me laissant pas le temps de me raviser. « Très bien. Je serai ravie d'entendre ce que tu as à me dire, tiens donc. » ironise-t-elle de façon acerbe en dodelinant un peu de la tête de façon victorieuse. Elle me montre alors la porte d’une salle, non loin de la bibliothèque. Et visiblement, elle semble aussi avoir remarqué à quel point cette proposition peut paraître décalée, par rapport à l’image que j’essaye de montrer de moi-même. « A moins que tu aies peur que tes petits copains te surprenne seul dans une salle avec une sale sang-mêlée bien sûr. » ajoute-t-elle sans détourner un seul instant son regard du mien. Je finis par hausser brièvement les épaules, adoptant un air quelque peu je-m’en-foutiste, j’en conviens bien. « Ils penseront simplement que je te lance les doloris que tu mérites. Ce que je ne vais pas tarder à faire si tu continues à m’agacer ainsi. » j’élude finalement avant d’hausser une nouvelle fois les épaules. J’adopte ainsi l’air désabusé que mon père déteste tant. Et baissant un instant les yeux, je ne peux m’empêcher de lâcher un léger rire alors que j’hoche doucement la tête, appréciant à sa juste valeur le fait de continuer de faire des choses qu’il déteste alors que j’essaye de me montrer aussi détestable que lui. Je finis de rouler des yeux, avant de reposer mes prunelles sur elle. « A toi l’honneur, je te suis. » je finis par lui lancer en désignant à mon tour la porte d’un signe de tête, enfouissant mes mains dans mes poches alors que j’attends qu’elle esquisse le premier geste en direction de la salle, me contentant de rester planter face à elle en attendant qu’elle se décide.

Ainsley ne se fait pas prier pour tourner les talons et se diriger vers la porte de la salle. A croire qu’elle n’attend que ça depuis tout à l’heure. Je sers la mâchoire alors que je l’observe sans bouger pendant un instant, avant de me mettre à avancer à sa suite, restant sur ses talons. Je la vois jeter un coup d’œil derrière elle, comme-ci elle cherche à savoir si je la suis bien ou non, et cela a le don de m’exaspérer. Il faut dire que cela me fait aussi comprendre l’ampleur de la situation et me met au pied du mur, alors que je me rends enfin compte de comment je me suis piégé tout seul. Elle entre alors dans la salle et je fais de même. Et à sa façon de s’attarder près de la porte, je crains un instant qu’elle ne m’enferme à clé avec elle. Je ne sais pas si c’est pour que les autres évitent de nous rejoindre ou pour me garder prisonnier en quelque sorte, mais peu importe au final, puisqu’elle semble se raviser finalement. « Alors, Panderman, qu'est-ce qu'ils ont contre toi pour te faire agir de la sorte ? Parce que laisse moi te dire, t'as l'air d'un petit toutou plus que d'un noble sang-pur, là. » me demande-t-elle à nouveau alors qu’elle pose finalement ses livres sur une table de bois, ceux-ci émettant un bruit sourd alors qu’ils rencontrent la surface de bois. Je secoue un instant la tête alors que je me gratte le menton d’un air ennuyé, tandis que je m’appuie contre une autre table. « Il me semble avoir déjà répondu à cette question et la réponse n’a toujours pas changé depuis tout à l’heure. » je finis par répondre d’un ton froid. J’en suis véritablement désolé qu’Ainsley puisse mal vivre se retournement de situation, mais je ne peux vraiment pas me permettre de me trahir, quand bien même elle a toujours été une bonne amie. Et cela me fait certainement autant de mal qu’à elle d’ailleurs. « En plus, je ne sais pas quelle est ton obsession soudaine pour les chiens, mais tu en parles un peu trop souvent à mon goût. Enfin, j’imagine qu’entre bâtards, vous vous comprenez. » j’ajoute en haussant brièvement les épaules. Je ne suis pas fier de moi, mais tous les moyens sont bons pour la tenir éloignée de moi.

Je vois la rousse descendre de la table, au même moment que la remarque acerbe passe le seuil de mes lèvres. Paroles que je regrette instantanément, sans aucun doute. Mais je ne peux pas me permettre de m’excuser, pas si je veux tenter de garder cette couverture que je me force de créer, celle censée creuser un fossé entre mes amis et mon père. Pour les protéger. Pourtant, ma gorge se noue instinctivement, alors que je me hais simplement pour proférer de pareilles choses. Si bien que lorsqu’elle s’approche de moi pour me donner un coup de poing, qui vient percuter violemment la mâchoire. « Petit con. » Je porte aussitôt la main à l’endroit où elle a porté le coup, frottant vigoureusement ma mâchoire alors qu’un goût de sang commence à se répandre dans ma bouche. Complètement écœurant, mais il me faut pourtant accuser le coup. « Tu crois être un homme mais tu n'es qu'un petit garçon apeuré. » Je retire ma main de l’endroit que son poing a percuté, afin de lui servir une pseudo-révérence, lui montrant ainsi que je prends en compte ses paroles, les ancre dans mon esprit. Alors que je me redresse, je laisse un sourire narquois apparaître sur mes visages. Ainsley peut l’interpréter comme elle le souhaite, mais étant donné que je n’ai pas besoin de me forcer pour l’esquisser, je sais pertinemment qu’il est présent uniquement parce que je suis heureux qu’elle m’ait frappé. C’est le mal qui fait bien en somme. « Merci de t’inquiéter de savoir ce que je deviens. Je suis donc un petit garçon apeuré, mais pour le moins épanoui. » Le rire qui m’échappe témoigne de la démence qui commence à s’emparer de moi. Je n’ai jamais été plus anéanti qu’en ce moment même, quand bien même Hester sait à présent que je ne fais que jouer un rôle. J’ai l’impression d’être en train de dépérir, de mourir à petit feu. Le destin que je voyais déjà tout tracé, s’est évaporé d’un seul coup, comme de la fumée soufflée par le vent. « Tu sais quoi ? Je vais sûrement garder un bleu de ce que tu viens de me faire. Mais je ne dirai pas que c’est toi, en souvenir de notre amitié passée. Mais tu n'obtiendras rien d’autre de ma part. » Ou tout simplement parce que je ne veux pas qu’elle ait d’ennuis parce que je joue les petits cons. Je déglutis, essayant de chasser le goût de sang qui continue à se répandre dans ma bouche.

Alors que je lui fais un cadeau en lui significant que je ne la dénoncerai pas pour le coup qu’elle vient de me donner, au risque de m’en prendre une deuxième tournée par mon propre père – j’espère d’ailleurs qu’il ne va pas tenter d’user de veritaserum sur moi, auquel cas je suis complètement foutu –, la jeune femme se contente de froncer les sourcils en adoptant un air abasourdi. Comme-ci elle ne comprend pas ce que je viens de lui dire. Ce qui n’est pas bien compliqué à faire pourtant. « Tu.. Tu vas me laisser m'en sortir aussi facilement ? » me demande-t-elle finalement, en bredouillant légèrement. Cette fois, c’est à moi de froncer les sourcils. Ainsi j’ai tant baissé dans son estime qu’elle ne me croit pas capable de lui faire une fleur ? Ou alors c’est simplement qu’elle ne m’a jamais véritablement connu ? Je ne le sais pas, ne parviens pas à trancher. Quand bien même il me serait possible d’y arriver, je ne préfère pas m’engager dans ce genre de chemin. Il est déjà suffisamment dur de supporter le présent pour en plus se mettre à regretter le passé et se dire que l’on a finalement passé trop de temps avec une personne qui ne nous connaissait pas vraiment. Surtout que je suis sûr qu’au fond, Ainsley sait très bien que je suis capable de laisser passer cela, de ne pas lui tenir rigueur d’un simple – mais douloureux – coup dans la mâchoire. Si bien que je finis par retrouver une expression du visage décontractée, alors que je hausse brièvement les épaules. « On dirait bien. » je soupire finalement avant de me hisser sur la table sur laquelle je m’appuis depuis tout à l’heure, pour finalement essuyer le sang que j’ai sur les lèvres, d’un simple revers de manche. Et tant pis si cela tâche ma robe de sorcier. J’imagine qu’un peu de sang sur un bout de tissu noir, ça ne doit pas tant se voir que cela. « Pourquoi, tu espérais que je te jette au sol pour te rouer de coup ou que je te lance véritablement un doloris à la figure, peut-être ? » je finis tout de même par demander, cédant ainsi à ma curiosité. Au risque que cela fasse mal et que la réponse puisse s'avérer être blessante.

La gorge légèrement nouée, j’attends sa réponse avec une certaine appréhension. A vrai dire, celle-ci me fait peur, bien plus qu’elle ne le devrait. Un frisson me parcourt d’ailleurs l’échine alors que je la vois ouvrir la bouche. « Oui. » Je m’empresse de détourner le regard alors que je me mords l’intérieur de la joue. « Franchement oui. » reprend-t-elle, comme un écho à ses propres paroles. Sans la regarder, je me mets à hocher la tête de façon nonchalante alors que mes yeux s’embuent légèrement. Je ne veux pas qu’elle le voit cependant. Pinçant les lèvres, je tente de prendre sur moi afin qu’elle ne voit pas ce moment d’égarement. « Parce que vu la façon dont tu me parles depuis tout à l'heure, j'voyais pas d'autre possibilité. » J’ai l’impression qu’elle tente de se justifier. Si bien que je finis par me tourner de nouveau dans sa direction. Je fronce les sourcils alors que je la vois remonter doucement la manche de sa robe de sorcier, pour découvrir son avant-bras. Celui-ci est constellé de bleus, trace qu’on dû laisser sur elles, quelques autres attaquants. D’autres n’étant pas moi. D’autres allant jusqu’au bout – parce qu’ils ne se forcent pas à paraître pour ce qu’ils ne sont pas, à tous les cas. « Et puis c'est ce que tous les autres font. » ajoute-t-elle. Comme hypnotisé, je ne parviens pas à détacher mon regard de son bras pendant quelques instants. Je remonte finalement mon regard jusqu’à son visage, plongeant mes prunelles dans les siennes, qui me fixent depuis tout à l’heure. Un instant, j’hésite à lui demande les noms des personnes qui lui ont fait ça, pour lui promettre de la venger. Mais cela ferait sans aucun doute voler en éclats, le rôle que je tente de jouer. « C’est à croire que certains sont plus cléments que d’autres. » je me contente de commenter en haussant brièvement les épaules, alors qu’au fond, cela me révolte complètement. Aussi je détourne le regard, espérant qu’elle n’ait pas encore remarqué cette lueur d’horreur que j’ai eu dans les yeux, lorsque je regardais ses bleus. « Tu devrais aller à l’infirmerie, dire de vérifier que tu n’as rien d’abîmer, en dessous. Le dernier bleu semble assez important pour qu’il soit arrivé quelque chose à ton os. » Je pince les lèvres, fermant les yeux, convaincu que je suis allé trop loin. Cet excès d’attention envers sa personne, pourrait lui amener quelques suspicions.

Je la vois pincer les lèvres alors que je lui suggère d’aller à l’infirmerie pour aller se faire ausculter par madame Pomfresh ou je ne sais quelle autre infirmière de Poudlard. Pourtant, je sais que cela ne lui prendra que quelques minutes et qu’après, elle sera tranquille. Elle aura la certitude que rien ne lui soit véritablement arrivé, qu’elle puisse garder son bras entier et qu’il ne lui restera aucune lésion dans les années futures. C’est pourquoi je pince les lèvres à mon tour, voyant mal comment je pourrais lui forcer la main un peu plus, alors que pour elle, je ne suis plus rien qu’un étranger. Un imbécile de plus, comme il y en a déjà tellement dans les couloirs du château. « J'ai déjà été, ce n'est rien qu'un méchant bleu. Ça doit être parce que j'ai eu le bras cassé il y a quatre semaines qu'il est aussi impressionnant. » Mes yeux s’écarquillent à l’annonce de cette terrible nouvelle. Vraiment, cela m’attriste que l’on puisse s’en prendre à elle, à tel point que l’on en vient à lui casser le bras. Les gens se sont véritablement transformés en fou furieux, je le crains. Je me reprends pourtant bien vite, de peur qu’elle ne voie ma réaction. « Et qui te l’a brisé ? » J’ai l’impression de parler d’un vulgaire vase, adoptant un ton détaché, alors qu’au fond je suis complètement affolé. Dis le moi et je lui ferai payer, c’est ce que j’aurais aimé pouvoir véritablement lui dire. Au lieu de quoi je me contente de la laisser plonger ses prunelles dans les miennes alors que je me redresse, mal à l’aise. Je suis coincé entre mes envies et le rôle que je m’efforce d’apprivoiser. Un jour, mon ordure de paternel me payera tout ça. « Ça va guérir, l'organisme est plus surprenant qu'on ne le croit. » me dit-elle en me scrutant du regard, j’ai l’impression qu’elle sonde mon esprit, qu’elle tente de le pénétrer par tous les moyens pour savoir ce qu’il se cache. Aussi je ne tarde pas à me détourner. Je me doute bien qu’elle n’est pas légilimens, mais cela à tout de même le don de me mettre mal à l’aise. « Et bien, j’imagine que c’est une bonne chose. Maintenant, tu m’excuseras mais je n’ai pas de temps à perdre pour parler médicomagie. Prends soin de toi. » Je m’arrête sur le seuil de la porte, fermant les paupières. Mais quel idiot je fais. Je ne suis pas censé lui dire de prendre soin d’elle. Je suis censé ne pas avoir cure de ce qu’il peut bien lui arriver. Et si mes paroles pouvaient alors être prises pour des sarcasmes, il ne fait aucun doute à présent, que les paroles sont parties toutes seules. Et leur spontanéité veut tout dire.

Je n’attends pas trop longtemps pour détourner le regard alors que la jeune femme s’empresse de recouvrir son bras roué de coups, à l’aide de la manche de sa robe de sorcier. Mais même après que son bras soit ôté de ma vue, je continue à voir les hématomes qui couvrent sa peau, à chaque clignement de paupière. Et j’ai mal pour elle, affreusement mal. C’est sans doute pourquoi je lui demande le nom de son agresseur, avec la certitude que je pourrai lui faire payer ce qu’il lui a fait un jour. « Daley O'Donnell. » Le nom claque dans l’air comme une gifle. Car je sais que je ne peux rien faire contre lui. Mangemort et professeur, se pliant de temps à autre face aux requêtes de mon paternel, qui constituent généralement à m’apprendre les bonnes manières. « Ah. » je commente, restant un moment bouche bée avant de secouer la tête. « Retenue, j’imagine. Que t’as valu cet honneur ? » L’interrogatoire a changé de camp. C’est moi qui joue désormais le rôle de l’inspecteur alors qu’elle est la personne à qui l’on pose toutes les questions. Et à présent que j’ai partiellement le dessus sur elle, je ne compte pas non plus m’attarder trop longtemps. Il serait idiot de ma part de tenter le diable alors que je peux partir, remettre ce trop peu de distance entre nous, pour la préserver. « Est-ce... Est-ce que tu joues un rôle Josh ? » Deuxième gifle. La main posée sur la poignée, je me stoppe soudainement, mon cœur cognant brutalement contre les parois de ma poitrine alors que je reste figé. Fermant les paupières, je prends une profonde inspiration avant de me mordiller légèrement la lèvre inférieure. Grillé. « Qu’est-ce qui te fait croire ça ? » Ou peut-être pas. Je peux toujours essayer de dissimuler la chose, de lui faire croire qu’elle fonce droit dans le mur en envisageant une chose pareille. Peut-être même sans mentir. Mais il faut que je fasse quelque chose pour l’écarter de tout cela. Car si jamais elle reste convaincue que je joue un rôle, cela risque de très mal se terminer, pour elle. « Le professeur O’Donnell t’a-t-il donné un coup sur la tête en plus de te casser le bras, pour que tu croies en de telles absurdités ? » je lui demande d’un ton redevenu sec, en me retournant pour vriller mes prunelles dans les siennes.

Voir son bras recouvert d’un énorme bleu, me rend malade. Je n’ose même pas m’imaginer comment je réagirais si je voyais Hester avec les mêmes bleus sur les membres. L’unique point positif au fait que nous ne nous voyons pas souvent, doit donc résider dans le fait que cela m’empêche de voir les éventuelles traces des coups qu’il lui a fallu subir. « J'ai refusé de lancer un sortilège sur un première année. » Bien sûr, impossible d’oublier le fait que le professeur qui lui a fait ça, est ici pour enseigner les forces du mal. De l’initiation qu’ils appellent ça. Je regrette le fait d’avoir à prendre des cours du soir avec lui d’ailleurs, mais c’est l’un des seuls moyens que j’ai trouvé pour ne pas griller ma couverture auprès de lui. « Je suis un terrible personnage. » ajoute-t-elle alors, sans tenter de cacher l’ironie perceptible dans sa voix. Je passe ma langue sur mes lèvres, haussant les épaules dans le même temps. Je ne sais pas quoi répondre à ça, ne sait pas que faire contre ça. Et si Ainsley savait la situation délicate dans laquelle je me trouve à chaque instant, il ne fait aucun doute qu’elle n’aurait pas de mal à comprendre. Aussi je me détourne d’elle, m’apprêtant à sortir de la salle de classe vide dans laquelle nous nous trouvons, mais la rouquine arrête mon geste par de simples paroles qui me prennent complètement au dépourvu. Une nouvelle fois, je déglutis, quelque peu vexé qu’elle parvienne à s’orienter sur la piste de mon secret. « Ce serait bien son genre donc je suppose que oui. » répond-t-elle alors du tac-au-tac, semblant s’amuser de la situation. Je pince les lèvres, secouant légèrement la tête d’un air blasé. « Laisse tomber. Je ne veux pas jouer à ce jeu-là. Pas avec toi. » Je veux pouvoir partir de cette pièce avant que l’on ait le temps de nous y surprendre tous les deux. Et j’ai comme le sentiment que la cloche ne va pas tarder à sonner, qu’il va y avoir de l’agitation dans les couloirs alors que les élèves y sortiront en masse. Que de plus nombreuses personnes pourraient nous surprendre à passer la porte. « Je dirai juste qu'il y a quelques failles auxquelles il faut que tu fasses attention si tu ne veux pas que ton clan de chiens aient des doutes sur toi. Tu peux partir, je ne te retiens pas. » me glisse tout de même Ainsley, alors qu’elle se penche nonchalamment vers la mappemonde à côté d’elle. Je me mords l’intérieur de la joue, passablement agité parce qu’elle vient de sous-entendre. Hester a déjà découvert le pot aux roses – parce que je lui ai dit, il me faut l’avouer – et c’est suffisant, je n’ai pas besoin que d’autres personnes s’y impliquent. Pas même Ainsley. « Mais qu’est-ce que tu comprends pas dans le fait que je ne sois pas en train de jouer ? Tu fais chier Ainsley. » Je passe une main sur mon visage alors que mon cœur se met à battre un peu plus fort dans ma poitrine, alors qu’un frisson me parcourt l’échine. Je suis à deux doigts d’avoir des sueurs froides, chose tout de même assez déplaisante, avouons le. « Je suis désolé, c’est pour ton bien. » je souffle à mon tour en direction de la rouquine, alors que je sors ma baguette de ma poche, afin de la pointer sur elle.