Sans aucune douceur, je signifie à la brune que ce n’est pas à elle que je parle. Et je la vois aussitôt pincer des lèvres, se retenant sans aucun doute de me lancer au visage une réplique cinglante. « Au temps pour moi. » lâche-t-elle en levant les mains en signe d’apaisement. Réaction inattendue venant d’elle, mais qui me fait pourtant quelque peu plaisir. Au moins n’en ajoute-t-elle pas une couche, alors que les choses se montrent déjà assez compliquées ainsi. « De mieux en mieux. » peste-t-elle tout de même, à peine quelques instants après. Je me doutais bien que cela n’allait pas durer. En même temps, Tracey n’a jamais réellement été une jeune femme docile, alors il est normal que le naturel revienne au galop au bout d’un moment. « Lâche-moi pour commencer. Je peux encore tenir toute seule sur mes deux jambes. » Je secoue la tête en signe de négation. Je ne suis pas certain que cela soit une bonne idée. La dernière fois que je l’ai écartée un peu de moi, elle en a profité pour partir en courant à travers la forêt. « Tu viens de te prendre un stupéfix dans les dents. Laisse-moi mettre ta parole en doute. » Après tout, elle doit encore avoir les jambes ankylosées, alors il semble normal qu’elle ne puisse pas complètement tenir debout toute seule. Bien que mon aide semble tout de même être un peu brutal, je le conçois. « Je ne ferai rien de stupide. » ajoute-t-elle. Et j’ai comme l’impression qu’elle m’implore. Chose tout à fait impossible venant d’elle à vrai dire. Pourtant, je me sens contraint de détourner le visage, afin de ne pas voir le sien. Je ne veux pas avoir à plonger mon regard dans le sien. « Comment le pourrais-je alors que je suis encerclée de toutes parts et qu'il suffit que je fasse un petit pas pour qu'ils se mettent à me tirer comme un lapin. » continue-t-elle tout de même, comme-ci elle tient l’argument irréfutable. Ce qui est certainement un peu le cas, à vrai dire. Il est vrai qu’elle ne peut pas fuir. Mais avec sa baguette, elle est toujours en mesure de blesser quelques uns d’entre nous, avant de se faire rattraper. Que ce soit par stupéfix ou sortilège de la mort d’ailleurs. Je tourne de nouveau mon visage dans sa direction, fixant mes prunelles dans les siennes. « Donne moi ta baguette et je te lâcherai. » je lui souffle. Je ne dois pas me montrer trop clément ou naïf face à d’autres rafleurs non plus. Autant de témoins pouvant faire remonter mes actes au vieux Harkness. « Donne la moi et je te lâche. » je répète en adoptant une voix plus forte. Plus assurée. Je desserre alors mes phalanges de l’un de ses bras, afin de tendre une main à côté d’elle, prête à recevoir la baguette.

Le moins que je puisse dire, c’est que la jeune femme possède tout de même une certaine hargne qui lui donne un air pour le moins tout à fait noble. Suffisamment pour qu’elle attise un peu de mon respect, bien que je ne sois pas en droit de lui montrer. Tout comme elle retient aussi mon agacement quelque part, en rendant la situation encore plus compliquée. Et j’imagine qu’autour de moi, les autres rafleurs doivent surtout la qualifier d’idiote, dans leurs pensées – pour peu qu’ils soient en mesure de faire une telle chose, ils me semblent tellement débiles. « Oh, ça va, j'ai connu pire. » répond-t-elle, comme-ci je viens de lui poser une question de courtoisie, comme-ci je m’inquiète simplement de son état de santé. Ce n’est évidemment pas le cas. Je crispe la mâchoire, commençant à la trouver véritablement agaçante à force. Je fais comment pour nous sortir d’affaires si elle s’évertue à agir ainsi ? « Et tu connaitras bien pire si tu ne coopères pas. » je lui souffle, tout de même honteux que nous ayons à nous donner ainsi en spectacle face aux autres rafleurs. Comme-ci ils n’ont pas déjà suffisamment de raisons de se moquer de moi, pour que Tracey en rajoute une couche supplémentaire. Aussi, dire de garder un peu de contenance face à mes congénères, je lui demande de me donner sa baguette. « Non. » répond-t-elle aussitôt d’un ton sec, inquisitrice. Je lève un sourcil, étonné qu’elle me refuse pareille chose alors qu’elle ne se trouve clairement pas en position de force. « Hors de question. » Elle se moque de moi, il n’y a pas d’autre moyen d’interpréter la chose. Je suis en position clairement délicate. Elle pourrait se montrer plus conciliante, dire que les soupçons ne me tombent pas dessus dès que je l’aurai libéré. Mais cela, elle semble royalement s’en ficher. « Tu fais chier Tracey. Donne-moi cette putain de baguette ! » je commence à insister, élevant la voix. Quand le vieux Harkness sera mis au courant du fait que je me sois fait mater par une fugitive, face à l’ensemble des autres rafleurs, il entrera dans une colère tellement noire que je ne donne pas cher de ma peau. Mais cela doit bien plus arranger les affaires de la jeune femme que de raison, je présume. « De la même façon que je ne peux pas m'enfuir, je ne peux pas non plus lancer des sorts car à la moindre tentative d'attaque, je me prendrai une bonne dizaine de sortilèges en pleine face. » Elle pince les lèvres, me défiant du regard. Je soutiens ses prunelles, n’ayant que faire de l’énervement qui commence à monter en moi. Et tous ces regards qui me piquent la nuque, ils deviennent véritablement insupportables. « Certaines personnes font des actions suicidaires lorsqu’ils savent qu’ils n’ont aucune porte de sortie. Nous savons tous les deux que tu es impulsive. Sois gentille, donne moi cette baguette. » Je passe ma langue sur mes lèvres alors que je tends un peu plus ma main dans sa direction, m’attendant toujours à ce qu’elle finisse par me donner le bâton de bois ensorcelé. « Je suis peut-être stupide, mais pas complètement suicidaire non plus. Tu ne parlais pas d'instinct de survie tantôt ? » me défie-t-elle une nouvelle fois. Je laisse échapper un grognement de dépit. Elle commence tout de même un peu à abuser de ma patience. « Parce que tu crois qu’ils vont attendre que tu t’attaques à eux pour te faire regretter le fait de garder ta baguette en main ? » La réponse coule de source ; non. Parce qu’ils sont stupides. Parce qu’ils n’ont rien à faire de pouvoir détruire quelqu’un et de le torturer à coups de doloris jusqu’à ce qu’il s’écroule. Presque mort à force de torture.

Je ne suis même pas capable d’affirmer si ce qui est en train de se jouer, se trouve être un bras de fer ou non. Car justement, cela peut être un véritable jeu d’acteur comme de la haine véritable. Des mises en garde haineuse que je prends à la légère, mais qui restent tout de même dans un coin de mon esprit. Comme-ci celles-ci revêtaient une véritable importance. Peut-être que c’est le cas d’ailleurs. Bien que je n’espère pas que la jeune femme se jette sur moi pour me tordre le cou, si jamais je parviens à nous libérer tous les deux. Mon regard toujours planté dans les siens, la main tendue en avant face à elle, je déglutis en réfléchissant à cela. Car en effet, Tracey peut véritablement se montrer plus dangereuse que ne laisse croire son statut de jeune femme innocente lorsque la voix de loin, ou encore de personne proférant des menaces qu’elle ne tiendrait pas. Il faut dire que la brune est toujours parvenue à se montrer différente de la majorité, se détachant de celle-ci avec une aisance presque malvenue tellement elle se montre fluide. Comme-ci sortir de la norme est quelque chose qu’elle a fait toute sa vie et qu’elle se complait véritablement dans le fait de briser des préjugés pourtant vieux de plusieurs décennies voir plusieurs siècles. « De toute manière, ils en profiteront pour m'attaquer quand même et encore plus quand je serai complètement désarmée. » me répond-t-elle en me décochant un regard noir. Et elle a sûrement raison. Peut-être qu’eux le feront, mais pas moi. Et je ne commande pas leurs actes, n’ai aucune autorité sur eux à vrai dire. Je me trouve autant à leur merci qu’elle-même, si le rafleur situé à seulement un pas ou deux de nous, en vient à la conclusion que je fais quelque chose qui ne lui plait décemment pas. « Tant qu’à faire, mieux vaut ne pas leur donner de raison de frapper plus fort dans ce cas. » je me contente de répondre en haussant brièvement les épaules. Elle adopte de nouveau une expression agacée, alors qu’elle finit par déposer sa baguette entre mes doigts noueux. Je fixe un instant le bout de bois ensorcelé, avant de lui adresser un léger signe de tête. « Merci. » Aucun sourire, aucun nouveau signe dans sa direction. Je me détourne d’elle, lâchant enfin ses épaules alors que j’enfouis sa baguette dans ma poche. Bien à l’abri, pour qu’aucun des autres rafleurs ne lui subtilise – ou me, puisque c’est à présent moi qui l’ai en ma possession – l’objet. Puis, me mettant en route, je lui fais alors signe de suivre par-dessus mon épaule. « Allez, avançons. Autant finir ça le plus rapidement possible. » Je sers la mâchoire alors que d’un regard vide, j’avance en fixant la forêt face à moi sans la voir. Je me demande comment je vais pouvoir nous sortir de là. Derrière moi, j’entends crisser des bouts de bois sous le poids de quelques individus et je me doute que les autres rafleurs se sont eux-mêmes mis en route. Visiblement, j’avance dans la bonne direction. En même temps, je les reconnais bien là, ces rafleurs qui m’ont accompagné par ici, alors il ne fait aucun doute sur le lieu vers lequel me rendre, puisque c’est exactement celui que j’ai quitté quelques instants plus tôt.

Alors que j’avance, je vois tout d’abord la jeune femme émettre une quelconque résistance, n’ayant pas l’air de vouloir me suivre aussi docilement. Pourtant, bien vite, je la vois se mettre à avancer du coin de l’œil. Volontairement, je ralentis mes enjambées, afin de la laisser me rattraper. Il ne sera que plus aisé de lui expliquer l’idée qui vient de me germer au creux de l’esprit, si elle se trouve plus près. « Où va-t-on ? » lance-t-elle soudainement. Trop fort, beaucoup trop fort. Mieux vaut pour elle, faire en sorte que l’on oublie le son de sa voix, si elle veut obtenir une chance de se sortir vivante d’ici. Mais cela, elle ne semble pas réellement l’avoir compris. « Ils m’ont laissé par là-bas quand on est arrivés, ils doivent avoir installé un camp. » je lui lance à mon tour, alors que je désigne la forêt devant moi d’un geste vague. Derrière moi, j’entends une espèce de grognement, monter des entrailles de je-ne-sais-quel rafleur. On ne fait pas ami-ami avec les prisonniers, signifie-t-il à n’en pas douter. Mais cela, je me fiche plus que de mesure. Je m’éclaircis doucement la gorge alors que je m’approche un peu plus de Tracey, soutirant un nouveau grognement de désapprobation dont je n’ai cure. « As-tu peur de finir démembrée ? » je lui demande en baissant la voix, de façon à ce qu’elle seule puisse m’entendre. Et aussitôt, je me mets à penser à mes faibles qualités en ce qu’il s’agit de transplaner, du nombre incalculable de fois où j’ai failli y laisser un membre en route. Eventualité presque préférable que de rentrer au camp, au milieu des rafleurs, où je suis presque certain que Tracey passera un sale quart d’heure. « Si non, ta baguette se trouve dans ma poche droite. Fais semblant de tenter de me la reprendre et dès que tu me toucheras, je nous emmènerai loin d’ici. » Je déglutis. Je sais que ce n’est pas le plan le plus intelligent du monde, ni le plus réfléchi, mais il ne me reste pas beaucoup de temps pour parvenir à trouver quelque chose à faire. Car une fois que nous serons au campement, je sais que la cause de la brune sera perdue, car il y aura encore plus de rafleurs. Au moins le double de ceux qui nous escortent présentement. Par contre, je ne garantis ni le fait que les rafleurs derrière nous ne tenteront pas de lui envoyer un sortilège à la figure, ni le fait qu’elle puisse arriver entière dans un autre coin de la forêt. C’est à elle de décider si c’est un risque qu’elle veut prendre ou pas.

Je me laisse ralentir afin que la brune puisse me rattraper, sans que cela n’attire forcément l’attention. Et cela à l’air de fonctionner, puisque les rafleurs derrière moi, ne m’ont pas encore crié après. Se contentant sûrement de m’insurger mentalement pour le moment. Aussi je me presse de poser une question rapide à Tracey, avant que l’on ne prenne l’initiative de nous écarter l’un de l’autre. Heureusement qu’ils sont censés avoir confiance en moi, sinon je serais déjà roué de coups de doloris, cela ne fait aucun doute. « Je suppose qu'il est préférable d'être démembrée de cette façon plutôt que ce soit eux qui s'en occupent. » Je hoche doucement la tête, ne préférant pas répondre. Il faut dire aussi qu’il vaut mieux économiser les instants qu’il me reste, afin de lui expliquer ce que je prévois, au lieu de perdre mon temps à répondre à toutes ses paroles. Aussi je m’empresse de lui exposer mon plan – si l’on peut véritablement appeler cela un plan. Je la sens aussitôt se raidir à côté de moi, adoptant une expression que trop peu naturelle. Je la vois devenir quelque peu livide du coin de l’œil, mais je ne dis rien. « Super. » je l’entends enfin grogner. Je sers la mâchoire. « J'espère que tu sais ce que tu fais, sinon tu vas devoir te démerder pour réparer les dégâts. » Je retiens un rire nerveux. Cela semble s’apparenter à des menaces. En est-ce réellement ? Je ne l’espère pas. Auquel cas, elle peut toujours se débrouiller avec les autres rafleurs, je trouverai bien quelqu’un d’autre pour m’aider dans ma recherche de Cersei. Après tout, des élèves de Poudlard censés être en septième année et ayant fuit le château, ça court les forêts dans tous les sens. Je n’aurai aucun mal à mettre la main sur l’un d’entre eux. Et avec un peu de chance, celui-ci connaitra même personnellement la rousse. « Tout autant que toi lorsque tu as prononcé son nom. » je grommelle à mon tour à l’attention de la jeune femme. « Libre à toi de rester avec eux si tu le désires. Ta vie, ton choix. » En même temps, je ne peux décemment pas me jeter sur elle pour la faire transplaner avec moi, auquel cas, le fait que ce soit moi qui la fasse transplaner, ne serait que trop flagrant. Dans mon idée, j’espère bien que les rafleurs seront assez idiots pour se poser la question, surtout que l’un d’entre eux a dû m’emmener ici en transplanage d’escorte, censé montrer que je ne sais pas le faire du tout. Ou alors pas suffisamment bien pour emmener quelqu’un avec moi. Chose que je n’ai jamais testé, maintenant que j’y pense. Et cette constatation me fait quelque peu grimacer. J’espère que cela fonctionnera. Du coin de l’œil, je perçois Tracey lancé des regards derrière nous. La discrétion, elle ne connait pas. Du moins, je ne pense pas. Peu importe finalement. « Ça aussi tu me le paieras, O'Leirigh. » me glisse-t-elle alors qu’elle commence à approcher sa main de ma poche. « Je pourrais très bien te laisser à leur bonne grâce, Davis. » je m’efforce de lui rappeler le plus calmement possible. Encore, tout à l’heure, la frontière entre le rôle et la véritable jeune femme, se voyaient confondues. Mais à présent, il n’y a aucun doute possible en ce qu’il s’agit de la haine qu’elle me voue. « Hé, qu'est-ce que tu fais toi ? Où tu crois aller comme ça ? » Paroles venant de derrière nous, aussitôt suivies par un coup de coude dans les côtes, envoyé par la jeune femme. « Grouille-toi ! » me presse-t-elle d’une voix sèche. « Maintenant ! » siffle-t-elle à mon attention. Je ferme les yeux, la touchant à mon tour alors que je visualise une portion de forêt. Celle que nous avons visitée hier. Celle où il n’y a certainement plus de rafleurs ou de mangemorts aujourd’hui. Ma gorge se noue alors que je presse un peu plus mes paupières, me concentrant un maximum. Et il survient enfin, le craquement sonore, annonciateur du transplanage. Nous nous engouffrons aussitôt dans la brèche. Il ne faut pas beaucoup de temps pour que je commence à me sentir compresser, ayant l’impression d’entrer dans un tunnel trop petit pour moi, de forcer le passage. La douleur se fait intense. Et au bout de ce qui me parait être une éternité, je rencontre enfin le sol, m’écroulant sur celui-ci en lâchant la main de Tracey. Allongé sur le dos, je contemple la clairière qui se dessine au dessus de moi. Similaire en de nombreux points avec celle que nous venons de quitter, à la différence près qu’ici il n’y a effectivement pas de rafleurs. « C’était mon premier transplanage d’escorte. » j’admets à l’attention de la jeune femme alors que je me redresse maladroitement, la tête me tournant quelque peu.

Allongé sur le sol, tout simplement heureux d’en sortir la dureté sous moi alors que pendant un instant, j’ai tout de même douté d’arriver entier, je ne peux m’empêcher de sourire légèrement. Notamment lorsque j’avoue à la jeune femme qu’elle vient là de participer à mon premier transplanage d’escorte. Chose pour laquelle je ne suis pas peu fier à vrai dire, étant donné la précarité du voyage quand je suis seul déjà. Après avoir repris mes esprits, je m’autorise finalement à me redresser, faisant de même que Tracey, alors qu’elle s’est déjà relevée quelques instants plus tôt. « Tu ne t'es pas trop mal débrouillé pour un débutant. L'atterrissage est clairement à revoir, car si je n'ai pas d'hématomes d'ici les prochains jours, je devrai m'estimer plutôt heureuse, cela dit... » me lance-t-elle de son habituel air moqueur. Je hausse les épaules, sans parvenir à me défaire de mon sourire cependant. Heureux, plus que la raison ne l’exige en cet instant. J’époussette méthodiquement mes vêtements, devenus quelque peu crasseux entre la fois où je suis tombé dans la boue et celle où il m’a fallu m’écraser au sol après le transplanage. « C’est surtout du fait de toujours avoir des membres pour accueillir ces hématomes dont tu devrais te réjouir. Rien n’était moins certain. » Je la sens alors ce mettre à tapoter doucement mon épaule, si bien que je me trouve contraint par la force des choses de me tourner vers elle – la nature humaine et sa curiosité… « Je suis fière de toi, O' Leirigh, on va pouvoir faire quelque chose de toi, si les petits cochons ne t'ont pas mangé avant. » Mon sourire disparait aussitôt de mes lèvres alors que roule des yeux. Des sarcasmes, toujours des sarcasmes. Mais je commence à avoir l’habitude à vrai dire. Enfin, il reste tout de même que dans mon esprit, je ne suis le grand méchant loup que pour les fugitifs, les autres n’ayant sensiblement rien à craindre de moi. Aussi, le fait qu’elle se compare à un cochon reste tout de même quelque peu risible. « Ah, je ne suis plus perdu ? Que d’honneur. J’imagine que j’ai monté d’un cran dans ton estime alors. » je lui réponds, adoptant un ton aussi sarcastique que le sien. Rien n’est moins sûr à vrai dire. Elle me déteste, je le sais. Ses paroles le prouvent sans aucun doute. Et le ton qu’elle emploie également. « Merci. » finit-elle par souffler, adoptant ainsi un ton plus sincère. Je fais une légère moue alors que je lui signifie que ce n’est rien, d’un simple signe de tête. C’est juste parce que j’ai besoin d’elle à vrai dire. Du moins, je me plais à croire que c’est juste pour ça. Parce que je sais que dans l’immédiat, elle ne m’est d’aucun secours. Fille généralement solitaire, j’imagine qu’elle ne connait Cersei que de vue. Mais bon, contrairement à moi, elle sait tout de même à quoi elle ressemble, ce qui doit plutôt être un bon point. Je remarque qu’un silence gêné s’est subitement installé entre nous et je pince les lèvres, faisant une grimace alors que je détourne le regard. « Je... Comment tu comptes leur expliquer... ça ? » La voix de Tracey vient fendre une nouvelle fois l’air, mettant un terme à ce silence quelque peu inopportun. Je déglutis, jugeant sa question plutôt bonne à vrai dire. Pourtant, bien vite, je me mets à hausser les épaules. « Tu voulais récupérer ta baguette mais quelqu’un t’as vu faire avant que tu n’en aies le temps. Alors tu t’es jetée sur moi en tentant de me faire porter le chapeau, alors que tu étais occupée de m’embarquer. Parce que tout seul, je suis quelqu’un de faible et de vulnérable. » Je roule des yeux alors que je me tourne une nouvelle fois vers la brune, plantant mon regard dans le sien sans ciller. Le mensonge est sorti tout seul, comme une évidence. « Ils me considèrent pas comme étant assez intelligent pour avoir inventé une telle chose. Et puis, ils savent que j’ai du mal à transplaner seul, alors avec quelqu’un, ils doivent juger cela impossible. » Ils me prennent pour un imbécile. Parce que c’est ce que mon feu frère leur a toujours fait croire lorsqu’il était encore là et que c’est quelque chose que j’entretiens depuis que j’ai laissé partir la rousse. Ainsi, les gens me laissent plus ou moins tranquille. Ce qui n’est clairement pas une mauvaise chose. « Enfin, au pire, tu t’en fiches de ce qu’ils en pensent. N’est-ce pas ? » Ou comment retarder le moment fatidique où il me faudra lui reparler de Cersei. Parce que j’ai peur d’essuyer un nouveau refus, je ne m’en cache pas. Auquel cas, je serai obligé de laisser tomber, n’ayant pas d’autre idée de comment la convaincre de me venir en aide. J’avoue tout de même que le fait de l’avoir libérer des autres rafleurs pour me dire ensuite que cela ne va pas me servir, m’embête un peu. Mais je ne vais tout de même pas la ramener. Je suis contre le faux espoir.

La discussion prend une tournure assez puérile, tandis que les minutes s'égrainent. Sans doute parce que c'est moi qui la mène. Mais peu importe, je ne vais pas non plus m'excuser de dire des choses inutiles, je l'ai sorti d'un mauvais après tout et je juge cela comme étant déjà amplement suffisant pour racheter toutes les imbécilités ou énormités que je pourrai sans aucun doute lui souffler, au cas où je ne l'ai pas déjà fait. Sans compter que c'est sans aucun doute elle qui a ouvert le bal du sarcasme, alors il serait triste qu'elle espère y danser seule, bien que j'avoue volontiers être un piètre joueur face à elle. A croire que c'est elle la rafleuse et moi le fugitif, certaines fois, alors que je ne me retiens qu'à grande peine de courber l'échine face à ses paroles. Est-ce qu'elle m'aurait aidé à m'échapper, si les rôles avaient été inversés ? Seulement si elle en avait quelque chose à retirer, tout comme moi, certainement. « Vrai. » finit-elle par souffler en réponse à ma question. Un léger rictus s'échappe de mes lèvres alors qu'un sourire victorieux prend place sur mon visage. Elle vient de m'annoncer que ma vie lui importe peu au final, et moi je parais heureux. Rien de plus normal. « Alors, rien ne sert de s'attarder là-dessus. » j'élude alors en haussant une nouvelle fois les épaules. Chose que je fais sûrement bien trop souvent en présence de la jeune femme. Celle-ci ne tarde d'ailleurs pas à reprendre la parole, ne semblant pas en avoir fini avec moi. « Cependant...je pense aussi que personne ne mérite d'être exposé ainsi à un de leurs châtiments. Je ne souhaite cela à personne, pas même à mon pire ennemi. » Je me retourne vivement dans sa direction, haussant un sourcil face à ses paroles grandement inattendues. Le fait qu'elle puisse éprouver une certaine pitié à mon égard ne me réjouit pas le moins du monde, mais force m'est d'admettre que cela à le don d'attiser ma curiosité. « J'ai beau ne pas t'apprécier... » J'adopte tout de suite une expression plus blasée. Elle ne m'apprend rien. « J'ai pas envie de te savoir en mauvaise posture...à cause de moi. Car un tel acte mérite représailles, n'est-ce pas ? » Ils ont déjà fait de ma vie un véritable Enfer depuis que la rousse est parvenue à s'enfuir, je ne vois pas bien ce qu'ils pourraient me faire de plus. Pas alors qu'ils ont encore besoin de moi pour au moins une chose. « Personne ne mérite ça. » laisse-t-elle s'échapper alors que son regard se perd dans un coin de la clairière, songeur. Je l'observe un instant, avant de me détourner moi-aussi. Je passe ma langue sur mes lèvres, réfléchissant à ce qu'elle vient de me dire, avant d'enfin lui répondre. « J'ai choisi de suivre mon frère, de quitter Poudlard plus tôt et de m'enrôler dans un groupe de rafleurs avec lui. Si j'ai à subir quelques représailles, je l'aurai sans doute bien cherché, tout au contraire. » Dire que j'ai choisi de devenir rafleur est sans aucun doute un peu exagéré. A vrai dire, je n'aurais choisi ce métier de mon plein gré, pour rien au monde. Mais mon frère m'a forcé la main et je l'ai suivi docilement au lieu de me braquer contre son autorité. Alors j'ai ma part de responsabilité, et je compte bien l'assumer s'il se passe quoi que ce soit, comme avec Cersei. « Ils ne me feront rien tant que je ne l'ai pas retrouvé de toute façon. Ils veulent que je répare mon erreur et me laisseront le faire sans encombre, du moment que je n'y passe pas trop de temps. » Je déglutis. Oui, car si je mets plus de temps que ce qu'ils ne le jugent nécessaire, je risque fort d'avoir de sérieux ennuis, sous prétexte que je fais exprès de ne pas la retrouver, que je prends trop de temps ou que je n'y mets pas assez de cœur. Et je me doute d'à quel point le vieux Harkness peut se montrer dur en ce qu'il s'agit de sa protégée, comme le mangemort impitoyable qu'il est. Je glisse ma main dans ma poche, en sortant la baguette de la brune afin de la tendre dans sa direction. « Maintenant, on va voir si tu dis vrai en ce qu'il s'agit que je ne m'attire pas d'ennuis. Je te rends ta baguette et tu choisis de partir en courant ou de m'aider dans ma quête, ta conscience et toi, vous choisissez. » je lui souffle alors que je continue à tendre un peu plus sa baguette dans sa direction, le "pommeau" tendu pour qu'elle puisse s'en saisir directement alors que je la tiens par le bout. De mon autre main, j'envoie ma propre baguette au sol, signe que je ne m'en servirai pas contre elle, avant de lever ma main libre vers le ciel, en signe de non-violence. Toujours pour lui montrer ma bonne foi, comme l'idiot que je suis.

Je lui tends sa baguette pour qu’elle puisse s’en saisir directement, mais rien n’y fait. Elle ne daigne pas tendre le bras pour s’en saisir cependant, se contentant de me dévisager pendant un instant, avant de me lancer : « Si tu n'as pas envie de le faire, alors pourquoi tu le fais ? » Je secoue légèrement la tête avant de déglutir. La chose n’est pas si simple, sans quoi, il y a bien longtemps que je me serais empressé de refuser la tâche que me confiant le vieux Harkness, que ce soit de la surveillance de Cersei au sein du camp, au fait d’avoir à la retrouver à présent. « Si tu n’as pas envie de fuir, pourquoi le fais-tu ? La question est toujours la même. La réponse doit te paraître évidente. » je finis par éluder en haussant les épaules. Ce n’est en aucun cas un sarcasme, juste une simple constatation. Tout comme elle, le fait d’avoir à faire avec des rafleurs, me complique la vie, quand bien même j’en suis un moi aussi. Mais les choses sont dures pour les deux camps et les personnes du mien, ne se montrent pas particulièrement inclines à être indulgentes ou particulièrement bienveillantes les unes envers les autres. Je ne sais pas comment cela fonctionne pour ce qui est du camp auquel appartient Tracey. « Ça ne te pose pas de problèmes, à toi, de livrer des innocents à tes copains Mangemorts ? Tu parles de conscience, mais ça ne te pèse pas de devoir faire tout le sale boulot ? Non, vraiment, je ne comprends pas. » Tout dépend où elle trouve sa notion d’innocence. La barrière entre la présence ou non de celle-ci, n’est décemment pas la même pour tout le monde, ce qui est sans doute pourquoi il arrive qu’il y ait quelques erreurs. Comme le fait que l’on me juge coupable de la fuite de la rousse alors qu’à priori, je ne suis pas forcément le plus responsable. D’accord, j’ai eu un moment d’inattention et elle est partie, mais je ne pense pas que cela soit uniquement en raison du manque d’intérêt que je pouvais alors bien lui porter. « Pour le coup, je ne parlerais pas d’innocence. Regarder son père torturer des gens devant soi sans s’interposer, j’appelle ça être complice. » Mais qu’aurait fait son mangemort de père si jamais Cersei avait tenté quoi que ce soit en faveur du torturé ? Je ne préfère même pas y penser. On ne choisit pas sa famille et parfois, les membres de celle-ci peuvent se montrer particulièrement idiots. Même si ce n’est pas un qualificatif que j’emploierai face à lui. « De façon générale, je fais plus de la figuration qu’autre chose. J’ai peine à l’avouer, mais je n’attrape pas grand monde. Et quand je le fais, je laisse partir la moitié alors que l’autre moitié est relâchée par les autres. Tu en as un exemple juste là. » Je la désigne d’un simple geste de la main. Après tout, je l’ai bien laissé partir. Pire, je suis parti avec elle. Peut-être même qu’en raison du transplanage, j’ai risqué ma vie pour elle. Pourtant, je ne me considère pas comme un héro, ni comme un traitre. Je fais simplement ce qu’il me semble bon de faire. « Et puis, c'est qui cette fille, au juste ? Pourquoi tu veux la donner aux Mangemorts ? » Je ne lui ai pas déjà dit ? Je le pensais, pourtant. Tant pis, cela ne me coûtera rien que de lui refaire un topo au pire. Mieux vaut refixer les bases de toute manière, même s’il se peut que je l’ai déjà fait – chose dont je ne me souviens que trop peu. « Cersei-Jane Harkness. Elle est fille de mangemort et son père désire la voir plus que tout au monde. Tout simplement. » Je fais une légère moue. Bien sûr, j’ai fait exprès de ne pas préciser pourquoi celui-ci veut reprendre contact avec la rousse, mais visiblement, la brune parvient à s’en rendre compte par elle-même. Aussi ne perd-t-elle pas de temps pour me demander de lui apporter quelques précisions. « Raconte-moi donc ton histoire. » Et sans que je n’ai le temps de répondre quoi que ce soit, elle s’empresse d’ajouter : « Je ne t'aiderai pas tant que je ne saurai pas tout. Et n'omets aucun détail. » Au moins, cela a le mérite d’être clair, mais également de me laisser entrevoir la possibilité d’une entraide. J’adresse un léger signe de tête dans sa direction, pour lui indiquer que je ne vais pas tarder à répondre. Il me faut juste un petit instant pour réfléchir à comment transporter la chose simplement et surtout, rapidement. « Son père voulait faire d’elle un mangemort, alors il l’a mis avec nous dans un campement de rafleurs. On m’a chargé de la surveiller, mais je ne faisais clairement pas attention à elle. Je la laissais vivre sa vie quoi. » Je commence alors, avant de me stopper net. Je lui laissais vivre sa vie ou alors je décidais de ne pas lui porter d’attention par jalousie ? La frontière entre ces deux choses est mince, et au plus profond de moi, je sais que c’est surtout la jalousie qui a animé mon manque d’intérêt pour sa personne. Pas une quelconque envie de lui laisser quelques libertés. « Mais une nuit, elle a tout simplement disparu, d’un seul coup. J’étais en train de dormir quand son père est venu me sortir de mon sommeil à l’aube, pour m’apprendre lui-même la disparition de sa fille. Et on m’a donc chargé de la retrouver, pour me rattraper, si je puis dire. » Je déglutis, passant ma langue sur mes lèvres alors que je me détourne, esquissant quelques pas au milieu de la clairière pour me dégourdir les jambes. Je passe alors une main dans mes cheveux, légèrement nerveux. « J’imagine que lorsque je la ramènerai, son père va juste lui demander pourquoi elle est partie. Et si elle lui dit qu’elle ne veut pas devenir un mangemort, il la laissera faire. Parce qu’il l’aime. » Je me mordille la lèvre inférieure alors que je me rends compte que rien n’est moins sûr. C’est pourtant une supposition qui m’habite depuis un certain temps à présent. Mais je n’ai jamais eu l’occasion de la dire à voix haute, si bien que je me rends compte à présent, que les paroles sortant d’entre mes lèvres, sonnent désespérément faux. Mon cœur se sert à l’idée que le vieux Harkness s’en prenne à elle et que la confrontation se transforme en bain de sang – peut-être est-ce un peu abusé – si jamais sa fille lui annonce une pareille chose.

Alors que la jeune femme me demande de lui expliquer ce pourquoi je désire tant retrouver Cersei, je ne peux m’empêcher de pincer un instant les lèvres. Je me plie déjà assez suffisamment aux désirs des mangemorts et autres rafleurs à mon sens, pour en plus me soumettre à répondre aux questions d’une fugitive que je viens de sortir d’un mauvais qui plus est. Mais mon honneur a déjà disparu depuis longtemps, alors rien ne sert de résister, si bien que je ne tarde pas à accéder à sa demande. Et comme je m’y suis attendu, elle ne tarde pas à commenter ce que je viens de lui dire. « Tu déconnes ? » demande-t-elle, les yeux écarquillés. Je me contente de lever un sourcil, me demandant où peut bien se trouver le problème. « Il t'a dit ça et tu as tout gobé, comme ça ? » Je ne vois pas trop où elle veut en venir. Je passe rapidement ma langue sur mes lèvres alors que je la dévisage. Aussi je finis par secouer la tête de façon négative, avant de lui répondre. « Non, il m’a juste demandé de lui ramener. Le reste, c’est ce que j’en déduis. » Juge-t-elle mes déductions fausses ? C’est visiblement le cas. Un peu vexé, je croise mes bras sur mon torse, adoptant ainsi une position quelque peu défensive. Car la seule chose que je puisse faire, face à l’attitude de Tracey qui, elle, commence clairement à se faire menaçante. « C'est un Mangemort, Saireann. Tu penses sincèrement que le vieil Harkness va pardonner à sa fille de s'être enfuie alors qu'il lui promettait un destin plein de ténèbres ? » me demande-t-elle avant de se mettre à secouer la tête, signe qu’elle ne le croit décemment pas. Mais je ne suis pas certain d’y voir la même chose qu’elle. Après tout, s’il veut la retrouver, c’est parce qu’il l’aime. Sans quoi il préférait la laisser vagabonder, plutôt que d’avoir à essuyer un refus face à de nombreuses personnes. « Tu te trompes Saireann, lourdement. J'ai eu l'occasion de les voir à l'œuvre lorsque j'étais à Poudlard, et lorsque j'ai entendu parler de cet élève qu'ils ont tué, plus que jamais, je me suis félicitée d'avoir eu les couilles de partir. J'ai eu de la chance de ne pas m'être fait pincer – les circonstances ont sans doute aidé mais... généralement, ceux qu'ils prennent la main dans le sac le paient très cher. » Je me mordille légèrement la lèvre inférieure, ne souhaitant toujours pas croire à une telle version. Et ce malgré le ton dur qu’elle prend. Sa voix qui veut se faire plus sûre, afin de me convaincre. Mais elle ne peut pas juger ce que ferait véritablement le mangemort. Parce qu’elle est de l’autre côté. Et même si elle se trouvait du mien, cela ne changerait pas le fait qu’elle n’est pas en mesure de lire dans les pensées du vieil Harkness. « Il n’userait pas de son sadisme sur Cersei. Pas sur sa propre fille. Il lui demandera d’abord ce qu’elle avait derrière la tête et peut-être qu’elle lui dira que c’était pour se rebeller contre le fait qu’elle ait à avoir un babysitter derrière elle. On ne peut pas savoir ce qu’elle avait derrière la tête non plus. » je réponds en adoptant un air butté. Après tout, c’est possible aussi. Certaines personnes ont une telle soif de liberté qu’ils peuvent en venir à faire tout et n’importe quoi, pour prouver qu’elles peuvent se débrouiller seules. Peut-être est-ce le cas de Cersei, bien que je ne sois pas en mesure de le savoir, étant donné que je ne la connais que de vue, et que même le souvenir de sa silhouette commence à s’estomper. « Tu veux que je te dise ? Si tu ramènes à la maison ta Cersei, je suis prête à parier que le vieil Harkness oubliera que c'est sa fille et qu'il lui fera payer sa trahison de la pire des manières qu'il soit. » Son ton se fait soudainement plus tranchant. Si bien que je me retrouve contraint de déglutir pour pouvoir assumer le coup. « Je ne veux pas croire qu’un père puisse faire du mal à sa fille en ayant pleinement conscience de ce qu’il fait. On dit toujours que la famille passe avant toute chose… » Je m’arrête en pleine phrase, laissant mes paroles en suspens alors que me revient le souvenir de ce qu’il s’est passé dans ma propre famille. Mon frère qui a tué mon père. Ce même frère que j’ai moi-même laissé mourir alors qu’il baignait dans son propre sang, après m’avoir annoncé fréquenter la même femme que moi. Je balaye la question d’un simple geste de la main, ne souhaitant pas y repenser pour le moment. « La question qui se pose est désormais de savoir si toi, tu es prêt à endosser cette responsabilité, sachant que tu risques quand même d'être puni si tu la ramènes, ne serait-ce que pour avoir laissé la tendre Cersei s'échapper. » me glisse-t-elle alors pour me ramener à la réalité des choses, plongeant alors son regard dans le mien. « Alors je serai puni. Je ne suis plus à ça près. » je soupire, essayant de ne pas penser aux choses, plus terribles encore, qui pourraient m’arriver une fois que mon travail sera accompli. Car l’on n’aura alors, plus besoin de moi. « Ta conscience le supporterait-elle, Saireann ? Savoir que cette pauvre fille se fait torturer par ta faute ? » Je secoue bêtement la tête, me mordant l’intérieur de la joue alors que je me détourne de la jeune femme, ne pouvant plus supporter de la voir. Laissant retomber mon bras le long de mon buste, j’éloigne de nouveau sa baguette d’elle. Tracey ne semble pas vouloir s’en saisir tout de suite, de toute façon. « Elle ne se fera pas torturée. S’il arbore une attitude menaçante à son égard, je la sortirai de là. Comme je l’ai fait avec toi. Il ne lui arrivera rien de mal. » je finis par éluder à mi-voix, en haussant brièvement les épaules. Et je ne sais pas qui j’essaye de convaincre ainsi, si c’est la brune ou bien moi-même. Peut-être bien les deux à la fois.

Comme toujours, la brune semble mettre un point d’honneur à me contredire. A faire passer mes réflexions pour des choses véritablement puériles, débiles même. Comme-ci il n’y a en moi absolument aucune jugeote. A moins qu’elle ne tente tout simplement de me faire changer d’avis en ce qu’il s’agit de retrouver Cersei, pour ne pas avoir à se lier à moi pour le faire, contrairement à ce que sa conscience lui dicte de faire, puisqu’elle se sent redevable à mon égard. « Crois-moi, les parents peuvent faire beaucoup de mal à leurs enfants et cela sans même s'en rendre compte. » Je lève un sourcil, la dévisageant un moment. Parle-t-elle par expérience ou par intuition ? Facteur qui peut tout de même déterminé si cet avis est à prendre en compte, et s’il me faut effectivement la croire. « Tout comme les enfants peuvent faire du mal à leurs parents. Peut-on vraiment dire dans quel cas de figure l’on se retrouve ici ? » Et aussitôt, je me mets à penser à ma mère, qui m’a déjà montré de nombreuses fois à quel point elle a le cœur meurtri, par le simple fait de croire que je suis pour quelque chose dans la mort de deux êtres de ma famille. Que c’est moi qui ai commis ces actes malveillants. « Quel genre de père pourrait souhaiter cela à son enfant ? Être Mangemort. Tu parles. » souffle-t-elle en venant s’enlacer elle-même, comme-ci elle tente ainsi de se protéger d’une menace que je ne suis pas en mesure de voir. « S'il est capable de vouloir un tel destin pour elle, alors il est capable de lui faire du mal. » conclut-elle d’une voix forte. Comme pour donner encore un peu plus d’appui à ses paroles. Pour tenter de me convaincre un peu mieux, y mettant toute la persuasion qu’elle possède pour cela. Je la dévisage encore un instant, avant de simplement détourner mes prunelles. « Tout le monde ne voit pas le monde de la même façon. Pour certains, c’est un honneur que de devenir mangemort. » Un frémissement me parcourt alors que je repense à cette fois où j’ai mis les pieds dans le bureau du vieil Harkness, afin de lui demander de devenir un mangemort, poursuivant ainsi ce rêve que mon frère avait avant moi. Tentant ainsi de finir ce qu’il n’a pas pu achever lui-même. « Et toi, alors ? Tu tiens à elle ? » me demande subitement la jeune femme. Nouvelle gifle qu’accompagne cette question pour le moins inattendue. Je secoue vivement la tête en signe de négation. « Je ne la connais même pas ! » je m’insurge aussitôt, comme-ci la brune se montre idiote de poser une pareille question. Ce qu’elle est sans doute un peu, à mon sens. « Si tu tiens à elle, alors, ne l'amène pas à son père. Quand on tient à quelqu'un, on veut le protéger, pas le livrer à un ennemi commun. » précise-t-elle, ne prenant même pas garde à ma réponse négative, comme-ci elle se trouve intimement persuadée du contraire. « C'est à toi de décider quelle solution te paraît la mieux adaptée. Le choix t'appartient. Tu as encore la possibilité de désobéir, de dire merde à tout ça. Et si tu as peur d'être puni, je suppose que si tu tiens suffisamment à elle, ça te paraîtra bien dérisoire à côté du fait de la savoir saine et sauve. » Je déglutis, tournant et retournant encore les paroles de la jeune femme dans mon esprit. Suis-je vraiment censé en retirer quelque chose ? Je ne le sais pas. Peut-être que oui, peut-être que non. Quoi qu’il en soit, je décide de ne pas me poser la question bien plus longtemps. « Il ne lui arrivera rien, je peux le promettre sur ma propre tête s’il le faut ! » je m’emporte soudainement, mes poings se serrant de manière instinctive. « C’est bon. Plus besoin de t’évertuer à tenter de m’en dissuader. J’ai compris que tu voulais simplement que je me retrouve dans la merde. Va-t-en. » Je ne me retiens qu’à grande peine de ne pas hurler, me mordant la lèvre inférieure alors que je lui relance sa baguette sans plus de manière, des larmes de rage encombrant ma vue. Ils souhaitent tous me mener la vie dure. Tous autant qu’ils sont.

Alors que je lui jette sa baguette dans sa direction, ne prenant pas garde à ce que celle-ci lui atterrisse entre les mains, la laissant tomber au sol sans aucun remord, je remarque l’air consterné que revêt la jeune femme. Ainsi, elle n’est pas contente que je lui dise de partir, alors que c’est tout simplement ce qu’elle attend depuis que nous nous sommes croisés dans les bras. Elle me semble plus indécise que ce qu’elle ne veut me le faire croire, au final. « Très bien. » déclare-t-elle simplement alors qu’elle se penche pour reprendre sa baguette, l’enserrant fermement entre ses phalanges. « Je m'en vais. » ajoute-t-elle en m’adressant un profond regard noir. Si bien que je ne peux parvenir qu’à me sentir quelque peu perdu face à elle, fronçant les sourcils à mon tour, alors que je cherche à comprendre ce qui peut bien ainsi la déranger, pour qu’elle se montre encore plus brutale que précédemment. Elle finit néanmoins par se détourner, esquissant quelques pas en direction de la forêt, avant de finalement se stopper dans ses gestes. « Où est-on ? » Question pertinente, lorsqu’il s’agit de partir à l’aventure sans savoir transplaner. Elle se tourne vers moi, ses prunelles se mettant à sonder les miennes à nouveau. Si bien que je finis par hausser les épaules, avant de lui répondre. « Au nord de la forêt de Craik, dans une forêt adjacente. » Réponse qui ne semble pas pleinement la satisfaire, puisqu’elle ne tarde pas à reprendre la parole. Ou alors, plutôt comme-ci elle est tellement persuadée que je ne lui répondrais pas, qu’elle n’en a pas entendu mes paroles. Les deux possibilités se valent, et il est, somme toute, assez idiot de débattre sur laquelle se trouve être la bonne. « Je te propose un marché. » s’empresse-t-elle ainsi d’ajouter, en finissant de retourner son buste dans ma direction. « Je peux t'aider à trouver Cersei. Mais ce sera selon mes conditions. » J’esquisse quelques pas dans sa direction, soudainement intéressé, les sens bien plus en alerte qu’auparavant. Je me demande ce qui l’a fait revenir sur sa décision. Ce n’est pas non plus comme-ci c’est une chose qu’elle a pour habitude de le faire, si bien que je vis cela, un peu à la manière d’un somptueux privilège. « Je t’écoute. » je lui souffle, lui témoignant ainsi le fait qu’elle a obtenu toute mon attention. Mais elle ne semble pas attendre que je lui demande de continuer pour se lancer dans les dites conditions, ses paroles chevauchant les miennes tellement elles s’extirpent dans la précipitation, de la paroi de ses lèvres. « Premièrement, sors-moi d'ici. Deuxièmement, j'aurais encore quelques questions à poser, j'ai besoin de connaître un maximum de renseignements. Troisièmement, ramène moi pas loin de là où nous étions lorsque tu nous as fait transplaner. » Je hoche un instant la tête, avant de passer ma langue sur mes lèvres, faisant mine de réfléchir. « La première et la troisième condition, sont exactement les mêmes. » je me permets de lui faire remarquer, avant de finir de réduire la distance qui nous sépare, en à peine quelques enjambées. Me postant face à elle, je la toise pendant un court instant, avant de finir par hocher la tête de façon positive. En signe d’acquiescement. « Alors, commençons par là. Nous devons être à deux ou trois jours de marche de l’endroit que nous venons de quitter, voir même un peu plus… Tu préfères peut-être reprendre le risque de transplaner ? » je lui demande, alors que je lui offre mon bras, signe qu’elle peut s’en saisir, si jamais elle souhaite vraiment transplaner de nouveau, mais sans avoir la certitude d’arriver entière là où elle m’a demandé de l’emmener. Autant commencer par là, au niveau des conditions. C’est certainement la plus simple à remplir, de toute façon.

Les conditions posées par Tracey, me laissent entrevoir une certain lueur d’espoir en ce qu’il s’agit d’obtenir son aide pour retrouver Cersei. Bien sûr, elle souhaite poser ses conditions et je me doute qu’elles ne seront pas toutes à mon goût, mais j’imagine tout de même que c’est toujours mieux que rien. M’apprêtant à répondre à l’une de ses conditions, je lui tends alors le bras pour qu’elle puisse s’y accrocher, si jamais elle souhaite repartir en transplanant. Auquel cas, il nous faudra simplement marcher pendant plusieurs jours, pour que je puisse la redéposer à l’endroit que nous venons de quitter. Mais le transplanage à mes côtés comporte tout de même un risque assez conséquent pour que je lui laisse le choix de ce qu’elle préfère. Tout le monde ne veut pas courir le risque de finir démembrer, après tout. « De toute façon, que je marche ou que je transplane avec toi à l'arrivée j'aurai quand même les jambes en coton. » répond-t-elle finalement, après m’avoir lancé un regard froid. Je hausse les épaules, lui montrant ainsi qu’elle a peut-être – voir sans doute – raison. De mon côté, je commence à avoir l’habitude des deux, même si je préfère clairement marcher au fait de transplaner. Déjà parce que la situation reste somme toute, assez désagréable, mais aussi parce que j’ai toujours cette peur de finir démembrer. Mais si la jeune femme n’a pas envie de marcher, je ne vais pas non plus l’y obliger, si bien que je la laisse décider pour moi de ce que nous allons faire. « En espérant que tu saches quoi faire en cas...hum...de désartibulation. Même si soit dit en passant, j'ai comme qui dirait une impression de déjà-vu. » souffle-t-elle en se saisissant de mon bras, se rapprochant alors de moi. Je l’observe un instant alors qu’elle tient fermement mon bras, avant de relever mes prunelles vers son visage. « Pour dire vrai ? Je n’ai absolument aucune idée de comment faire. » je lui confesse, en lui adressant une légère moue, avant de me tourner vers l’autre bout de la clairière, en inspectant un instant les arbres qui s’y trouvent du regard, avant de déglutir. D’habitude, c’est moi que l’on prend en transplanage d’escorte, si bien que je ne me suis jamais trouvé confronté à cette situation, pour dire vrai. « Prête pour une autre impression de déjà vu ? » Et sans lui laisser le temps de répondre, je clos mes paupières pour me concentrer sur la portion de forêt dans laquelle je dois la déposer. Il ne me faut pas beaucoup de temps pour me sentir de nouveau happer dans ce genre de tube, qui me donne l’impression d’être compressé, n’apposant aucune résistance alors que le sortilège fait son effet.