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 TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour

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MessageSujet: TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour   TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour Icon_minitimeVen 29 Mar - 19:54

« S'il-te-plaît, May, tu peux la fermer ? Tes histoires n'intéressent personne... » lâcha Katherine sur un ton las en roulant des yeux.

May, ou plutôt Maylinn, rougit aussitôt et plongea le nez dans son assiette, alors que les deux autres filles se mirent à glousser. Pour un peu, Katherine les aurait baffé : elles étaient tellement ridicules ! Tout ce qu'elle voulait, c'était déjeuner tranquillement et pas supporter des discussions aussi puériles qu'ennuyantes. Finalement, elle lâcha un long soupir puis repoussa son assiette avec une grimace. Elle se leva aussitôt et articula difficilement :

« Je n'ai plus faim. »

Elle s'éloigna sans attendre une réponse - ou plutôt une question - éventuelle de la part de ses « amies ». La sorcière n'avait aucune envie de rester avec elle, et certainement pas qu'elles la suivent comme des petits toutous. Elles pouvaient bien se plaindre de son comportement de chien en son absence, tiens, pour ce que cela lui ferait... Alors qu'elle marchait vers la sortie de la Grande Salle, son regard s'attarda sur la table des Serpentards, à l'extrême opposé de la sienne. Comme elle s'y attendait, il n'était pas là. Caïn brillait pas son absence, ces derniers temps ; même quand elle réussissait à le croiser au détour d'un couloir, il faisait mine de ne pas l'avoir vue. C'était ridicule, leur dispute était ridicule, tout comme le fait qu'elle dure aussi longtemps. Il aurait dû être content, pourtant : déjà, elle était prête à oublier tout ce qu'il avait pu lui dire ou lui faire. Lui pardonner, l'idée la rendait folle mais il semblait qu'elle n'avait pas le choix. Elle ravalerait sa fierté, enterrerait sa dignité juste pour être dans ses bras. Comme c'était pathétique... Elle accéléra soudainement le pas, s'assurant de mettre le plus de distance possible entre la Grande Salle et elle, espérant tout autant qu'elle craignait de croiser son beau brun dans les couloirs. Finalement, elle prit les escaliers, décidée à se rendre à la bibliothèque pour boucler un devoir de Métamorphoses. C'est en arrivant au troisième étage qu'elle aperçut la silhouette de Tracey Davis se glisser dans un couloir. Qu'est-ce qu'elle fichait ici, par Merlin ? Cette simple vue suffit à faire bouillir intérieurement Katherine. Depuis qu'elle avait appris que cette pétasse était allée au bal avec son petit-ami... La sorcière serra les dents, réfléchit une seconde aux options qui se présentaient à elle. Elle pouvait les ignorer superbement, elle et ses airs de Sainte-Nitouche et tâcher de se concentrer sur son devoir, ou bien passer à l'offensive. Il semblait qu'elle avait suffisamment fait profil bas, ces temps-ci, au point qu'elle se demandait si Caïn n'était tout simplement pas passé à autre chose. Peut-être même qu'on riait d'elle, et de ses cornes potentielles, dans son dos. Tout cela avait assez duré, décida-t-elle et, faute d'avoir sous la main le principal concerné, elle était bien décidée à passer ses nerfs sur la gamine qu'il avait invité à ce stupide bal. Elle se détourna donc des escaliers pour prendre le même couloir que la troisième année, marchant à grandes enjambées afin de la rejoindre. Elle devina rapidement, au loin, sa silhouette qui marchait, tranquillement et lutta contre l'envie de prendre sa baguette pour la faire trébucher, histoire de. Mais elle valait mieux que ces conneries d'adolescente et, de toute manière, dans quelques mois à présent, elle n'aurait plus jamais à subir sa vue. Katherine respira donc un grand coup avant de crier à l'intéressée :

« Hey ! » La demoiselle se retourna, à la plus grande satisfaction Kate qui s'approcha alors. C'est avec un large sourire qu'elle lui demanda, une fois arrivée à sa hauteur : « Tracey Davis, c'est bien ça ? »

Bien sûr que c'était elle. Une fois de plus, la sorcière l'imagina au bras de Caïn ; l'image la dégoutait. Pourtant, elle ne parvenait à penser à rien d'autre à chaque fois qu'elle avait le malheur de la voir, au loin. Il fallait que cela s'arrête, qu'elle lave son honneur et remette cette gamine à sa place. Son regard se durcit alors quand elle demanda :

« Tu sais qui je suis, non ? » Elle rit légèrement ; si ça se trouvait, Caïn n'avait pas jugé bon de lui faire part de ce détail, vu le personnage : « Pourtant, tu devrais. La moindre des choses, quand un type nous invite quelque part, c'est de s'assurer qu'il n'est pas pris. »

Pris, oui. Caïn était à elle, tout comme elle était à lui ; il n'y avait que lui qui la connaissait autant, qui devinait la moindre de ses pensées avant qu'elle ait eu le temps de les formuler, qui la défiait sans cesse. Ils étaient faits pour être ensemble, c'était une certitude et, à côté, cette fille ne faisait pas le poids. Mais tout de même, elle ne pouvait pas laisser passer un tel affront. Elle aurait dû s'en prendre au principal fautif plutôt qu'à sa victime, certainement. Disons juste que Tracey avait fait l'erreur d'être au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle poursuivit sur le ton de la conversation :

« Dis-moi... Est-ce qu'il a été un parfait gentleman ? Est-ce qu'il t'a attendu, dans la Salle Commune ? T'a complimenté sur ta robe ? Est-ce qu'il t'a tenu compagnie ? Est-ce qu'il a été te chercher un verre ? Est-ce qu'il a dansé avec toi ? Est-ce qu'il t'a embrassé pour te souhaiter bonne nuit ? »

C'était bien ça qui la rendait folle, dans cette histoire : ne pas savoir. Elle aurait dû être là, à ce maudit bal, avec un autre, histoire de rendre Caïn fou de jalousie, histoire qu'ils se prennent le bec pour mieux se réconcilier. Au lieu de cela, elle était rentrée et avait laissé champ libre à une autre, et à toutes les rumeurs à propos de la fin de son couple. Sans détacher son regard de Tracey, elle acheva :

« J'espère que tu as apprécié ta soirée, parce que c'est la seule que tu pourras jamais passer avec lui. »

Peut-être qu'il y en avait eu d'autres, même si cela semblait improbable. Cela dit, si tel était le cas, elle le saurait bien vite, guettant le moindre signe sur le visage de son interlocutrice.
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MessageSujet: Re: TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour   TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour Icon_minitimeDim 7 Avr - 1:01


TRACEY DAVIS & KATHERINE SHERATON.
I'm a bitch in disguise, i'm a bitch that never hides, i'm a bitch just realise, i'm a bitch all the time.

L'euphorie qui m'avait prise depuis le bal était retombée comme un soufflet au fromage mal cuit. Bien vite, il avait fallu renouer avec la réalité et ce n'était guère plaisant. J'étais d'ores et déjà retombée dans la routine, et je m'ennuyais ferme. Le carrosse était redevenu citrouille, fin de l'histoire. J'étais à nouveau le canard boiteux des Serpentard, le dos cassé par les dizaines de livres que je transportais au quotidien. Les filles de mon dortoir étaient sceptiques. Elles n'étaient pas certaines que tous étaient nécessaires, mais pour moi chacun avait son importance, si je les emportais avec moi, ce n'était pas pour rien. Et puisque tout ne pouvait pas rentrer dans mon sac sous peine d'en faire sauter les coutures, je portais le reste, si bien que je me promenais toujours avec trois ou quatre bouquins dans les bras. Autrement dit, je n'avais pas volé mon titre de rat de bibliothèque, d'autant plus que j'étais une abonnée des lieux, on pouvait même dire que je faisais partie des vieux meubles. Pour être honnête, je me fichais complètement de ce qu'on pouvait dire sur moi. Cela faisait bien longtemps que les racontars ne m'atteignaient plus. En fait, j'étais tout simplement blasée. Être blasée, à mon âge, c'était vraiment trop triste, pourtant, je ne me sentais pas spécialement malheureuse, j'étais juste indifférente à tout. Malgré tout, quelques bruits de couloirs me parvenaient aux oreilles, sans que je ne puisse les occulter, on en parlait partout et ça m'agaçait. On me regardait de travers, on chuchotait sur mon passage. Je détestais toute cette attention qu'on me témoignait soudainement, alors que d'habitude ils faisaient volontiers comme si je n'existais pas, fermant volontiers les yeux lorsque je me faisais insulter par un autre élève. Cela m'importait peu. Je n'avais pas besoin de qui que ce soit pour me défendre de toute façon, je n'étais pas la princesse en détresse qu'il fallait venir secourir, de toute manière, mon orgueil tolérait mal qu'on puisse se mêler de la sorte de mes affaires. Mais la rumeur persistait. Elle était tenace. Vue au bal, Tracey Davis avec Caïn Warrington. La rumeur enflait, encore et toujours, mais le pire, c'était sans doute que c'était vrai, totalement vrai. Rien n'avait été déformé et amplifié. Tout était réel, même si j'avais encore du mal à y croire. Déjà que j'avais pas l'intention d'aller à ce fichu bal, à la base, je n'aurais jamais cru être invitée par un élève plus âgé, de ma maison qui plus est. C'était normal qu'on accompagne Daphnée ou Pansy, parce qu'elles étaient belles, parce qu'elles étaient riches, parce qu'elles étaient convoitées. Même Millicent Bulstrode avait été parmi les premières à être invitées, c'était peu dire ! Je n'étais clairement pas le genre de filles que l'on s'arrachait, et en plus, je ne transpirais pas l'amabilité. J'avais même des airs de vieil ours mal léché. Alors oui, je me posais des questions, c'était légitime, non ?

« Hey ! » J'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'avais même pas remarqué qu'il y avait une autre personne dans le couloir. Par réflexe, je serrai mes livres contre ma poitrine, comme si je craignais que l'individu qui m'avait interpellée avait l'intention de me les voler. Pendant trente secondes, j'hésitais quant à l'attitude à adopter. Il fallait dire que j'avais tellement l'habitude qu'on m'interpelle pour me chercher des noises que je me demandais si ça valait vraiment le coup que je réponde. Une fois encore, la sonnette d'alarme venait de retentir dans ma tête. Devais-je l'écouter ? Finalement, je me retournai, ne sachant pas réellement à quoi m'attendre. Et là, je me figeais brusquement, ayant parfaitement reconnu la personne qui accourait vers moi. Katherine Sheraton. La petite amie du fameux Caïn. Vous savez, celui avec qui j'étais allée au bal pas plus tard qu'il y a quelque jours ? Enfin, son ex. Ou quelque chose comme ça. À dire vrai, je ne savais pas trop ce qui se passait entre eux et je m'en fichais, ce n'était absolument pas mon problème. Je choisis alors de feindre l'innocence, de faire comme si je ne l'avais pas reconnue, il ne fallait surtout pas qu'elle devine que j'étais mal à l'aise sinon elle allait en jouer. Et moi, je n'avais clairement pas l'intention de m'attarder ici. « Tracey Davis, c'est bien ça ? » Question rhétorique. C'était obligé qu'elle sache qui j'étais, on ne parlait que de moi en ce moment, à mon grand déplaisir d'ailleurs, moi qui détestais me retrouver sous les feux des projecteurs. J'arquai un sourcil, l'invitant à poursuivre sur sa lancée. « Tu sais qui je suis, non ? Pourtant, tu devrais. La moindre des choses, quand un type nous invite quelque part, c'est de s'assurer qu'il n'est pas pris. »  Elle m'ennuyait déjà. Décidément, je ne comprendrai jamais ces filles qui venaient régler leur compte aux filles qui approchaient d'un peu trop près leurs mecs, je jugeais cette attitude extrêmement méprisable. De quoi avait-elle peur au juste ? Qu'il aille voir ailleurs ? L'idée qu'elle puisse simplement avoir peur de moi, de ce que je pourrais faire m'amusait et me rendait plus forte. Je devais lui tenir tête. « Dis-moi... Est-ce qu'il a été un parfait gentleman ? Est-ce qu'il t'a attendu, dans la Salle Commune ? T'a complimenté sur ta robe ? Est-ce qu'il t'a tenu compagnie ? Est-ce qu'il a été te chercher un verre ? Est-ce qu'il a dansé avec toi ? Est-ce qu'il t'a embrassé pour te souhaiter bonne nuit ? » Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire en coin. Sa jalousie, j'aurais pu la ressentir à des kilomètres à la ronde. Était-elle masochiste au point de vouloir connaître tous ces détails ? C'était à croire que oui. « J'espère que tu as apprécié ta soirée, parce que c'est la seule que tu pourras jamais passer avec lui. » Je laissai échapper un soupir désabusé. En fait, elle était juste pathétique. En quoi étais-je une menace pour son couple ? Elle doutait tant que ça de la fiabilité de son mec ? Si tel était le cas, c'était sûrement que leur lien n'était pas aussi fort qu'elle pourrait le penser. J'aurais pu être désolée pour elle mais non, ce n'était pas mon problème.

J'étais prise entre deux eaux. D'un côté, je voulais garder ces détails pour moi, conserver égoïstement les souvenirs liés à cette soirée et d'un autre, je voulais remuer le couteau dans la plaie, je voulais attiser sa jalousie, même si cela signifiait pour moi me fourrer dans les ennuis jusqu'au cou. Mais n'étais-je pas douée pour ça, me mettre dans les ennuis ? En même temps, ça m'embêtait qu'elle puisse penser que j'étais du genre à coucher avec n'importe qui. Elle devait certainement s'en douter -ou peut-être pas, vu qu'elle venait de m'attaquer- mais j'étais toujours vierge, et je comptais le rester. Je n'avais pas l'intention de me taper son petit-ami, elle pouvait être tranquille à ce sujet. « Tu es sérieuse ? » demandai-je finalement, sidérée par tout ce que je venais d'entendre. Je n'arrivais décidément pas à y croire. Elle avait peur que moi je vienne marcher sur ses plates-bandes. « Tu peux dormir sur tes deux oreilles, je ne compte pas passer une nouvelle soirée avec lui dans l'immédiat, parce qu'il ne m'intéresse pas. » Ce n'était pas totalement vrai, mais pas totalement faux non plus. Objectivement, j'étais trop jeune pour des relations de ce genre. À dire vrai, je ne m'étais jamais intéressée aux garçons avant qu'il ne m'invite au bal. Les histoires de coucherie, ce n'était pas pour moi. Pourtant, je ne pouvais pas ignorer le fait que Caïn me plaisait beaucoup. Sa personnalité atypique m'avait tapé dans l'oeil, et il était charmant pour ne rien gâcher. « Et si vraiment tu veux tout savoir... » poursuivis-je, laissant volontairement planer un suspense pour la faire hésiter sur le point de savoir si j'allais vraiment répondre à ses questions ou si ce n'était qu'un coup de bluff. « Oui, il a été gentil, non, c'est plutôt moi qui l'ai attendu, tu dois sans doute savoir mieux que moi combien il peut manquer cruellement de ponctualité, oui, il m'a complimentée sur ma robe, même qu'il a dit que j'étais resplendissante, oui, il m'a tenu compagnie, même qu'on a beaucoup discuté, et tu sais quoi ? On a ri, on a dansé, on a bu aussi c'était vraiment bien, tu as de la chance. » J'arborais désormais un sourire mauvais, fière de ma réplique. J'allais peut-être me faire assassiner sur place, mais peu importe, je n'avais pas peur d'elle. J'étais peut-être une gamine, mais elle ne savait pas qui j'étais. Elle semblait avoir oublié que j'étais avant tout une Serpentard et que par définition, j'avais plus d'un tour dans mon sac. Et comme tous les Serpentard, je savais me montrer fourbe et cruelle. D'ailleurs, j'avais pris un malin plaisir à lui asséner toutes ces vérités. Je lui adressai un sourire sardonique, avant de prendre à nouveau la parole. « Mais dis moi, la confiance règne. » Je ne pouvais pas m'empêcher de me moquer. D'essayer d'insinuer le doute dans son esprit. De m'amuser avec elle. Elle était en position de faiblesse et je comptais bien le lui montrer. Après tout, la fin justifie les moyens. « Si tu étais tellement certaine que ton copain tienne à toi, tu n'aurais pas peur que je vienne te prendre ta place, n'est-ce pas ? Se pourrait-il donc que votre joli petit couple ait une quelconque faille ? » Je savais que j'aggravais clairement mon cas, qu'elle allait sans doute me sauter à la gorge pour me faire comprendre son message par la manière forte, mais intérieurement, je jubilais. Il n'était pas encore venu le temps où j'allais déchanter. « C'est dommage, vous alliez pourtant si bien ensemble. » Qu'elle ne se méprenne pas. Je n'avais pas des vues sur son copain. Je ne cherchais pas à lui voler la vedette. En réalité, je m'amusais, tout simplement. Elle qui devait devait très probablement penser que j'étais une pétasse, alors,j'allais camper mon rôle à la perfection, j'allais jouer la carte de la pétasse qui s'assume jusqu'au bout.
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MessageSujet: Re: TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour   TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour Icon_minitimeMer 24 Avr - 18:35

Plus Katherine regardait cette fille, le dos vouté par les bouquins qu'elle trimballait, le regard fuyant, et cet air enfantin, moins elle comprenait ce que Caïn avait pu lui trouver. Ou peut-être que si, justement, elle craignait qu'il ait pris un réel plaisir à trimballer à son bras cette Tracey Davis, qui lui semblait diamétralement opposée, à elle, sa petite-amie actuelle. En fait, le seul fait de les imaginer ensemble, à discuter, rire, danser, bref, que cette gamine partage ce moment qu'elle aurait dû passer avec le Serpentard, la rendait folle. Seulement, sa colère l'aveuglait et donnait du pouvoir à la gosse face à elle, qui sauta sur l'occasion pour s'en saisir et lui asséner quelques répliques bien placées. Peut-être que c'était justement ça qui avait séduit Caïn, pensa Kate avec amertume, avant de se reprendre. Cette Tracey Davis n'était absolument rien, qu'il soit allé au bal avec elle ne signifiait rien du tout et très vite, il aurait tout oublié d'elle. Du moins, Katherine ferait tout pour cela, parce que Caïn et elle se comprenaient et se complétaient parfaitement ; ils étaient faits pour être ensemble, elle en était persuadée. Cette petite Serpentarde ne serait, au pire, qu'une passade : il reviendrait vers elle, toujours. Cela dit, son assurance n'enleva rien au goût amer que laissa dans sa bouche la façon dont lui répondit Tracey. Bien loin de la déstabiliser, toutefois, la joute verbale qui s'engageait la fit revenir sur terre. Elle avait commis une grossière erreur en venant passer ses nerfs sur cette fille dont la seule erreur avait été de dire oui à un septième année qui l'avait invitée au bal de Noël, elle qui jusqu'à présent n'avait intéressé personne à part certains professeurs qui appréciaient son assiduité et le travail qu'elle fournissait. En débarquant ainsi, elle lui laissait croire qu'elle avait peur d'elle, du fait qu'elle puisse représenter une menace quelconque sur leur couple... Et par la même, l'incitait à tourner un peu plus autour de Caïn. Le pire, dans tout cela, c'est que le poids qu'elle avait sur le cœur depuis de longs jours n'avait fait que s'accroître avec la proximité de Tracey, ses petits sourires satisfaits et son assurance je-m'en-foutiste. Mais celui qu'elle aurait aimé - et dû - avoir face à elle faisait son possible pour l'éviter ; alors, elle devait faire avec ce qu'elle avait et il était hors de question de battre en retraite et laisser Tracey avoir le dernier mot. Rapidement, Katherine adressa un sourire carnassier à la gamine face à elle avant de répondre :

« Oh... Mais c'est que tu as du répondant. Est-ce que tu agis de la même façon quand tes camarades Serpentard se moquent de toi et de tes origines, ou bien tu as sorti le grand jeu avec moi seulement ? » Elle s'approcha alors doucement, adoucissant son sourire pour ajouter : « Quel âge as-tu au juste ? Douze ans ? Treize ? Peu importe, tu es jeune et je parie que tu n'as jamais fréquenté un garçon avant Caïn. »

Vu le profil de la jeune fille, il y avait effectivement fort à parier que le brun avait été le premier à s'intéresser à elle, même si ce n'était pas forcément pour les bonnes raisons. Peut-être même que la pauvre s'était laissée embobiner par ses grands airs et ses sourires séducteurs ; peut-être même qu'elle avait été naïve au point de s'enticher du septième année. La belle erreur ! Kate dévisagea quelques secondes Tracey avant de lâcher un bref soupire :

« Laisse-moi t'expliquer quelque chose, ou plutôt, te donner un conseil. Tu ne devrais pas faire confiance à Caïn. Jamais. Pourquoi crois-tu qu'il t'a invitée au bal, qu'il t'a complimentée, a dansé avec toi et t'as fait boire... Pour tes beaux yeux ? Par Merlin, tu n'apprends donc rien dans tes livres ? C'est un homme. Tu es fraîche, nouvelle, vierge... Tu sais au moins combien de filles comme toi sont tombées dans ses bras ? Et il a abandonné chacune d'elle au petit matin. Caïn Warrington est un salaud, ne te méprends surtout pas. »

Vraiment, parfois Katherine se demandait comment un tel type pouvait faire battre son cœur... Mais ce n'était certainement que parce qu'elle avait la prétention de croire que ses sentiments étaient réciproques, malgré leurs nombreuses disputes sur des sujets plus ou moins futiles. Restait qu'elle était réaliste sur ce qu'il était vraiment et la description qu'elle venait de faire était juste. Elle était prête à parier que passer une soirée avec cette gamine avait ravivé toutes sortes d'instincts et autres fantasmes chez le sorcier qui serait bien capable de lui faire la cour de toutes les manières possibles pour l'attirer dans son lit. Toutefois, finir sur un portrait aussi peu élogieux revenait, grosso modo, à larguer le paquet - et tous ses inconvénients - à Tracey, en lui souhaitant bonne chance. Peut-être que c'était la meilleure chose à faire pour la décourager mais la brune était là pour marquer son territoire, pas pour le céder. Elle croisa donc les bras pour lancer :

« Caïn va certainement te tourner autour un moment. Peut-être même qu'il va se montrer aussi charmeur que ce fameux soir, au Bal. Et peut-être que dans quelques jours, semaines ou mois, tu lui donneras enfin ce qu'il veut. Puis tu resteras un bon souvenir, une conquête de plus dont il partagera les détails sordides avec ses amis. » A moins qu'il ne revienne, la queue entre les jambes et des excuses par centaines, vers elle. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres quand elle acheva : « Alors, tu penses vraiment que je t'envie ? Pire, que tu me fais peur ? Je suis juste venue te mettre en garde, je trouve ça vraiment dommage qu'une fille perde toutes ses illusions pour les beaux yeux d'un homme... »

Plus encore, pour ceux de Caïn puisque, malgré ce qu'elle laissait entendre, elle n'apprécierait pas vraiment le fait qu'il aille ailleurs : qu'ils soient en froid ou non, il restait son petit-ami. Du moins, pas tant qu'il se cacherait comme un lâche plutôt que de rompre clairement. Et, s'il avait enchaîné les conquêtes avant qu'ils ne soient officiellement ensemble, il s'était tenu à carreau depuis. Dans la mesure du possible, Katherine n'avait aucune envie de subir l'humiliation d'être la fille trompée, plus encore pour une fille qui était à peine sortie de l'enfance.
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MessageSujet: Re: TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour   TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour Icon_minitimeJeu 2 Mai - 11:06


TRACEY DAVIS & KATHERINE SHERATON.
I'm a bitch in disguise, i'm a bitch that never hides, i'm a bitch just realise, i'm a bitch all the time.

Caïn allait m'entendre. Par sa faute, j'avais des ennuis avec sa petite-amie et c'était la dernière chose que je voulais : qu'on me tombe dessus parce que j'avais le malheur de flirter avec un mec qui était déjà pris. Pour un peu, j'aurais eu de la peine pour Katherine, puisque le petit-ami en question m'avait dit qu'il était célibataire et que soi-disant je ne risquais rien. Donc, non seulement il m'avait menti, mais en plus, il avait fait comme si elle n'existait pas, comme si elle n'était rien pour lui et à sa place, je commencerais à me poser de sérieuses questions quant à la longévité de leur couple. Généralement, quand il commençait à y avoir de tels couacs, ça sentait la fin. Aussi ne serais-je pas surprise d'apprendre quelques semaines plus tard qu'il aura rompu avec elle – ou l'inverse, d'ailleurs. Et moi, je n'y serai pour rien dans leur rupture, ce n'était pas non plus comme si j'avais un quelconque pouvoir, une quelconque influence sur lui. Comme Katherine l'avait si bien souligné, je n'étais qu'une gamine et rien de plus. Pourtant, ce qu'elle ne savait pas, c'était que j'ai toujours été plus mature que ceux de mon âge, j'étais un cran au dessus. Outre la pureté de mon sang qui était largement discutable, il fallait le dire, c'était peut-être l'une des principales raisons qui faisaient que j'étais en constant décalage avec les autres. À mon âge, j'étais déjà blasée, ça promettait pour la suite. Il n'empêche que je détestais que l'on se moque de moi et que j'allais devoir m'expliquer avec le principal concerné, quand bien même Katherine essaierait de me dissuader de l'approcher à nouveau. Je n'avais pas l'intention que cette histoire reste lettre morte, et je voulais au moins qu'il s'excuse, c'était un fait. Avec un peu de chance, j'aurai non seulement mes excuses mais peut-être aussi qu'il dira quelques mots à Katherine pour qu'elle me foute la paix. C'était peut-être naïf comme façon de penser, mais il me devait bien ça. Après tout, ce n'était pas de ma faute si je me retrouvais dans cette galère, même si la dénommée Katherine pensait le contraire. La scène qu'elle me faisait était ridicule, comme si, moi, à mon âge, je pensais à coucher avec les garçons ou que savais-je encore. Si elle avait pris la peine de se renseigner un tant soit peu à mon sujet, elle aurait su que j'étais ordinairement quelqu'un de réservé et de pudique, et j'étais aussi très timide. De toute évidence, je n'avais pas la tête de l'emploi, comme on disait. D'autant plus que ça m'était tombé dessus sans crier gare. Je n'avais pas réellement conscience que je pouvais plaire et à dire vrai, aucun garçon ne s'était intéressé à moi pour le moment – et la réciproque était vrai, j'étais plus préoccupée par mes études que par d'éventuelles histoires de cœur.

Je persistais donc à croire qu'elle devait s'expliquer avec son copain plutôt que de venir me trouver. Après tout, je n'étais pas responsable de ce qu'il disait/faisait. « Oh... Mais c'est que tu as du répondant. Est-ce que tu agis de la même façon quand tes camarades Serpentard se moquent de toi et de tes origines, ou bien tu as sorti le grand jeu avec moi seulement ? Quel âge as-tu au juste ? Douze ans ? Treize ? Peu importe, tu es jeune et je parie que tu n'as jamais fréquenté un garçon avant Caïn. »  Douze ans ? Treize ? Elle était à côté. J'étais de fin d'année et par conséquent, j'étais plus âgée que les élèves de mon année. « Je viens d'avoir quinze ans. » grinçai-je, piquée sur le vif, me sentant obligée de rectifier ses assertions. Autrement dit, j'avais atteint l'âge de la majorité sexuelle, enfin, en théorie. Ça ne voulait pas dire pour autant que je me sentais prête à franchir le pas, loin de là. C'était même impensable pour le moment. Cela étant, je ne jugeai pas utile de répondre à sa provocation quant à mon soi-disant manque de répartie face à mes camarades de maison. Qu'elle ne se mette pas à croire que je me laissais marcher sur les pieds, c'était faux. Certes, la plupart du temps je restais impassible, indifférente face aux attaques, mais des fois je sortais les griffes et rembarrais l'inopportun vite fait bien fait, comme c'était le cas en ce moment même. J'étais malgré tout teigneuse et elle allait rapidement s'en rendre compte – si ce n'était pas déjà fait. « Laisse-moi t'expliquer quelque chose, ou plutôt, te donner un conseil. Tu ne devrais pas faire confiance à Caïn. Jamais. [...]. Caïn Warrington est un salaud, ne te méprends surtout pas. » J'étais tout de même sidérée par l'image qu'elle semblait avoir de son propre petit-ami. Plutôt que de lui en vouloir à elle, j'étais même prête à compatir. Plus la conversation s'éternisait et plus je pensais que Katherine m'inspirait de la pitié plutôt que du mépris. C'était elle qui était tombée amoureuse du mauvais garçon, pas moi. On avait certes passé une bonne soirée, mais ça s'arrêtait là, je n'avais pas l'intention de faire ma vie avec. Alors, pourquoi l'aimait-elle, si elle avait une si piètre opinion de lui ? Je ne comprenais pas. Elle se faisait inutilement souffrir, non ? Etait-elle de ces personnes qui illustrait le dicton selon lequel l'amour rendait aveugle ? Tout ceci m'échappait. Vraiment, je ne comprendrai jamais rien à l'amour et aux relations interpersonnelles. Généralement, je préférais fuir plutôt que de m'y impliquer un peu trop, ce qui me faisait passer pour une fille froide et inaccessible. Non, vraiment, je n'arrivais pas à lui en vouloir. « ça n'est pas mon problème. » dis-je finalement, avec toujours autant d'aplomb. « Je sais qui je suis et ce que je vaux, ce que je veux également. Et me mettre en couple, ou quoi que ce soit y ressemblant est loin derrière sur la liste de mes priorités. Batifoler est une perte de temps et tu vois, moi j'ai d'autres choses à faire. » Au final, je me mentais aussi à moi-même. J'étais en train de nier que cette soirée m'avait beaucoup plu et qu'il ne me laissait pas indifférente. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'envisageais de faire de lui un petit-ami potentiel – chose impossible puisque Katherine m'avait répété en long, en large et en travers qu'il était pris et que je ferais mieux de me tenir à distance – mais il me plaisait suffisamment pour que je me dise pourquoi pas. « Oh, et pour information. » crus-je bon d'ajouter, « je ne suis pas du genre à accorder ma confiance à n'importe-qui. Ce n'est pas à un vieux singe que l'on apprend à faire la grimace. » Là, pour le coup, mes propos étaient dépourvus d'ironie. J'étais effectivement paranoïaque de nature et je voyais le mal partout. J'avais un regard critique à peu près sur tout, et je jugeais plus vite que mon ombre. C'était aussi pour cette raison qu'on me trouvait impitoyable, parce que je ne prenais jamais de gants pour m'exprimer sur quelque chose, au risque de blesser.

Non, franchement, ça me gonflait qu'elle me prenne pour la dernière des traînées, et pour une briseuse de ménages de surcroît. Je n'étais pas ainsi, il fallait qu'elle l'imprime pour de bon, mais avais-je pour autant envie de me justifier face à elle ? Pas vraiment, je n'avais pas de comptes à lui rendre, je ne lui devais rien, et pourtant, je me sentais obligée de le faire – tout comme elle jugeait bon d'enfoncer le clou de son côté, très probablement. « Caïn va certainement te tourner autour un moment. Peut-être même qu'il va se montrer aussi charmeur que ce fameux soir, au Bal. Et peut-être que dans quelques jours, semaines ou mois, tu lui donneras enfin ce qu'il veut. Puis tu resteras un bon souvenir, une conquête de plus dont il partagera les détails sordides avec ses amis. Alors, tu penses vraiment que je t'envie ? Pire, que tu me fais peur ? Je suis juste venue te mettre en garde, je trouve ça vraiment dommage qu'une fille perde toutes ses illusions pour les beaux yeux d'un homme... » Ah. Parce qu'elle pensait aussi que j'étais du genre à coucher avec le premier venu ? La simple idée que je puisse faire ces choses avec lui me fit rougir. Je n'avais aucune expérience de ce côté là, pas même quelques baisers – volés ou non. Qui plus est, comme elle l'avait si justement souligné tout à l'heure, j'étais vierge et je faisais partie de celles qui préféraient attendre avant de faire trop tôt quelque chose que je risquais de regretter plus tard. Qui plus est, je voulais donner ma virginité au bon, comme on disait. Enfin. Ce n'était pas non plus la peine de tergiverser trop longtemps là dessus, je n'étais pas prête pour ça. Au mieux, Caïn s'en allait dans quelques mois, achevant sa scolarité à Poudlard. Ce n'était pas en quelques mois que j'allais changer d'avis, non ? Puis si c'était pas lui, ça serait un autre, aussi je n'ambitionnais pas particulièrement de l'attirer lui dans mes filets. « En tout cas, » repris-je, non sans lui adresser un sourire moqueur. « ça n'a pas l'air de te déranger d'être la conquête en question. Si ça se trouve, il a dû partager tous les détails sordides te concernant avec ses copains, comme tu le dis si bien. Tu dois bien avoir une piètre opinion de toi-même pour tolérer tout ce qu'il fait soi-disant. Tant pis pour toi, après tout, comme je l'ai dit, ce n'est pas mon problème, c'est toi que ça regarde. » Non, vraiment, je ne comprenais pas pourquoi elle s'acharnait de son côté. Merde alors, moi qui pensais que quand on aimait quelqu'un, on avait tendance à le placer sur un piédestal, à l'idéaliser tout en oubliant ses défauts. Ça ne devait pas être le cas de Katherine, qui paraissait déjà blasée par sa propre relation de couple. Peut-être même qu'elle avait déjà été faite cocue plusieurs fois et qu'elle acceptait cette situation sans même sourciller. Je n'avais pas pour habitude d'être compatissante, pas plus que j'aimais plaindre les autres, mais pour le coup, elle me faisait de la peine, vraiment.
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MessageSujet: Re: TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour   TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour Icon_minitimeVen 17 Mai - 21:09

Cette fille avait de l'aplomb, il fallait l'avouer, et même une certaine fierté, qui lui servait de remparts. Mais rien que Caïn ne puisse surmonter, et rien qui impressionne outre-mesure Katherine. Au moins, son petit-ami n'était pas allé dégotté la première gamine venue. Pour un peu, elle serait presque tentée de croire qu'il l'avait choisie, et soigneusement observée au préalable. Une chose de plus à lui faire payer dès qu'elle en aurait l'occasion et une fille de plus à lui sortir de la tête, bien qu'elle s'en savait parfaitement capable. Si elle réussissait à l'approcher, bien entendu avant que celle-ci ne cède aux promesses et aux douces caresses du Serpentard. Elle n'aurait pas été la première, et certainement pas la dernière, comme la sorcière avait pris soin de lui expliquer. L'adolescente eut la bêtise de prendre ses mises en garde pour un genre de faiblesse, ou en tout cas, une excuse pour la prendre en pitié. C'était bien mal la connaître... Mal les connaître, tous les deux. Elle la prenait pour la première sotte venue, qui avait fondu pour les beaux yeux de Warrington et lui pardonnait tous ses écarts. Pire, elle pensait qu'elle s'incluait dans ses « conquêtes » ? Finalement, Tracey était bien moins perspicace que ce qu'elle croyait et, histoire de s'amuser un peu, la brune se laissa même aller à entretenir ses illusions :

« La fidélité ? C'est un concept moldu, et encore, très récent. De tout temps, le mariage n'a servi qu'à légitimer les héritiers d'un homme... Cela n'a jamais exclu qu'il en ait d'autres. »


Elle fixa son interlocutrice, sondant son visage à la recherche d'un signe d'une surprise, ou même, d'une satisfaction quelconque. Si Katherine s'attendait, ou même, avait l'habitude d'être trompée, alors qu'est-ce qui la tenait éloignée des draps du si charmant Caïn ? Rien, certainement. Peut-être même qu'elle n'avait attendu que cela, une excuse pour légitimer son attitude, affirmer ses fantasmes naissants. Elle la laissa espérer quelques secondes, avant de lui arracher tout cela et de fouler sa naïveté du pied :

« Ça, c'est la version que bien des gens, qu'on a coincés dans un mariage non désiré te donneront. Mais ne te méprends pas : je ne suis pas avec Caïn parce qu'il l'a voulu, parce qu'il s'est montré convaincant, ni même parce que nos parents ont décidé que notre union aiderait nos familles respectives à tirer leur épingle du jeu. Je suis avec lui parce que j'en ai envie, parce que je l'ai choisi. Et la réciproque est tout aussi vraie. »

Lui sortir un discours sur l'amour, c'était bien beau mais cela n'allait pas chasser cette gamine hors de ses plates-bandes. Peut-être même que, en un sens, cela rendrait Katherine plus vulnérable que ce qu'elle voulait - et elle détestait être faible, d'une quelconque manière que ce soit. Tout comme elle haïssait le fait que Caïn ait pu poser les yeux sur cette fille, et l'ait peut-être même désirée d'une manière ou d'une autre. Et, pire encore, comme elle lui en voulait terriblement pour la faire tourner comme une lionne en cage dans tout Poudlard en l'évitant à tout prix. A n'en pas douter, elle l'avait déjà fait enrager à ce point auparavant, et elle avait aussi regardé ailleurs, pensé à franchir le pas juste pour le provoquer, pour tester leurs limites. Mais cela s'était arrêté là, et elle était persuadée que cela s'arrêterait là pour Caïn également, parce qu'ils se complétaient - et pas juste sous les draps - à un point tel que, parfois, la sorcière se disait que, oui, ils devaient être faits l'un pour l'autre. Exprimer tout cela à voix haute, à qui que ce soit, n'était toutefois pas envisageable ; parce que, si elle se méprenait, elle n'aurait été rien d'autre que la fille trop naïve qui aimait Caïn Warrington. Et si ce dernier venait à le savoir... alors il n'y avait aucun doute qu'il tenterait d'en profiter, que ces sentiments soient partagés ou non. Pour elle, la seule façon qu'ils avaient de tenir, c'était qu'il craigne de la perdre autant qu'elle craignait de le perdre, même si cela signifiait créer des disputes futiles pour ensuite mieux se retrouver. Peut-être qu'ils n'étaient pas aussi solides que ce qu'elle voulait croire, mais certainement pas aussi fragiles que ce que cette fille sous-entendait, et espérait sans aucun doute. Voilà pourquoi Katherine s'approcha un peu plus et tendit la main pour attraper une mèche de cheveux qui traînait sur son épaule, la caressant négligemment comme pour voir à quel point cette fille était fraîche. Douce. Jeune. Naïve.

« Et détrompe-toi. Je suis bien plus qu'une de ses conquêtes. Seulement, avant d'être sa petite-amie, j'ai méprisé Caïn, et ses airs de tombeur, tout comme lui m'a détestée dès qu'il m'a vue. Puis, on a appris à s'apprécier, au point que j'ai eu droit à bons nombres de ses confidences. Tu serais surprise de savoir combien il en a dépucelée dans les toilettes du troisième étage. Plus encore si tu connaissais les noms. » Elle soupira légèrement avant de laisser aller la mèche de la jeune fille pour ajouter : « Je sais exactement quel genre d'homme est Caïn, ce dont il est capable ; il connaît aussi tout de moi et c'est bien pour cette raison qu'il a fait promettre à un paquet de gens de ne surtout pas me dire le nom de la fille qu'il a emmenée au bal. On ne mélange pas les torchons et les serviettes - et je peux t'assurer que s'il venait à aller voir ailleurs, je ne serais pas le genre à passer l'éponge après quelques crises de larmes. » Elle sourit brièvement, la regardant droit dans les yeux avant d'achever : « Ce que je te dis, c'est que, quoique tu en penses, tu n'as pas les épaules pour supporter plus d'une nuit l'homme qu'est Caïn Warrington. Et, plus que tout, il ne vaut pas que tu te frottes à ma colère. »

Tout comme il ne pourrait pas la protéger ; il le savait très bien, d'ailleurs, sinon il se serait déjà affiché plus avec elle, ou aurait même osé affronter Katherine. Mais il se planquait, comme le lâche de Serpentard qu'il était, et il y avait fort à parier qu'il ne pourrait jamais aller au bout de cet élan de désir que cette Tracey Davis avait peut-être pu faire naître en lui. Parce que Caïn rêvait beaucoup, ambitionnait tout autant mais ne se donnait jamais les moyens d'aller jusqu'au bout - alors, il ne se battrait jamais pour poursuivre ce qu'il avait touché du doigt au bal. Ça, Katherine en était persuadée.
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MessageSujet: Re: TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour   TRACEY ◊ L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour Icon_minitimeMer 12 Juin - 20:47

L'attitude de cette fille me laissait perplexe. Je ne savais pas trop quoi en penser. J'étais partagée entre plusieurs avis. Tantôt j'avais pitié pour elle, tantôt elle m'agaçait avec ses grands discours sur la vie et sur l'amour – comme si, à son âge, elle avait une grande expérience derrière elle -, tantôt, elle me faisait rire avec ses grands airs et ses manières. On ne pouvait pas le nier, cette fille, c'était quelque chose, un sacré personnage. En fait, j'avais en ce moment précis l'impression de me retrouver dans un épisode d'une mauvaise série télévisée américaine où la petite-amie du gars canon allait s'en prendre à la petite intello qui avait osé l'approcher. A tout bien réfléchir, la situation n'avait rien d'extraordinaire. C'était banal, et pourtant, c'était très fâcheux, surtout pour moi. Je persistais et signais, je n'avais strictement rien fait, à part peut-être accepter cette invitation. Sinon, tout était de sa faute, c'était lui qui m'avait approchée, lui qui m'a invitée, lui encore qui m'a attendue ce soir-là alors qu'au départ, je n'avais pas du tout envie d'aller à ce fichu bal, et lui encore qui glissait des sous-entendus dans ses propos. Bon, d'accord, j'avais peut-être flirté un peu, après tout, il n'y avait pas de mal à ça, mais pour moi, ça s'arrêtait là, je prenais mes distances lorsqu'il devenait trop insistant, et je l'avais recadré lorsque j'avais estimé qu'il était allé trop loin. Je pensais lui avoir fait comprendre que je n'étais pas spécialement intéressée par autre chose, j'avais donc fait mon boulot. Moi, après, j'y pouvais rien si certains avaient pas su tenir leurs langues et n'avaient pas hésité à déformer et amplifier ce qui s'était passé ce soir là, simplement parce qu'il ne s'était rien passé. Alors, s'il y avait bien quelqu'un à qui elle devait faire des reproches, c'était bien lui, encore plus parce que d'après ses dires, ils étaient proches bien avant de se mettre ensemble. Donc, partant de là, s'il ne lui avait rien dit, c'était sans doute parce qu'il y avait une bonne raison de ne pas le faire, ou alors, tout simplement que de son côté, il s'en fichait également. Il n'y avait pas à chercher plus loin, et pourtant, la dénommée Katherine semblait prendre un malin plaisir à chercher la petite bête, ce qui était complètement inutile entre parenthèses. Voilà à présent dans quel pétrin je me retrouvais, et je n'en étais même pas responsable, ce qui était d'autant plus injuste.

Pourtant, elle était loin d'en avoir fini avec moi. J'étais prise au piège, et il n'y avait personne pour me sortir de là. Non pas que j'avais peur, mais en fait...j'étais blasée. Elle m'ennuyait. J'aurais pu me limer les ongles pendant qu'elle parlait que ça aurait eu le même effet, mon intérêt était retombé comme un soufflet au fromage mal cuit. Alors, brusquement, je m'étais demandée comment Caïn avait pu finir avec quelqu'un comme ça. Autant dire que j'étais sceptique. Elle devait sans doute avoir certaines qualités – même si pour l'heure, elles étaient bien cachées sous des couches et des couches d'hypocrisie. « La fidélité ? C'est un concept moldu, et encore, très récent. De tout temps, le mariage n'a servi qu'à légitimer les héritiers d'un homme... Cela n'a jamais exclu qu'il en ait d'autres. » Tiens donc. Ces quelques mots avaient réussi à raviver mon intérêt qui avait commencé à s'éteindre. Peut-être parce qu'au fond on partageait les mêmes idées sur le mariage. Ça ne correspondait pas vraiment à ma propre définition du bonheur. Elle pensait quoi au juste ? Que je faisais partie de ces jeunes filles naïves qui pensaient que leur mariage était le plus beau jour de leur vie, et qui rêvaient du prince charmant et de la belle robe de princesse qui allait avec ? Non, mais elle me prend pour qui, là ? Très franchement, je ne croyais pas à tout ça. Lorsque j'imaginais mon futur, je ne me voyais pas mariée. Sans doute vivrais-je avec mon compagnon, mais sans plus. Je ne me voyais pas non plus avoir des enfants. En fait, je me voyais surtout passer ma vie au travail, comme je l'avais toujours fait, depuis que j'étais ici tout du moins. Oui, voilà, c'était tout à fait cela. Je me voyais m'épanouir dans mon travail, être reconnue pour ce que je faisais et respectée pour les mêmes raisons. Le reste était purement accessoire, décoratif. « Ça, c'est la version que bien des gens, qu'on a coincés dans un mariage non désiré te donneront. […] Et la réciproque est tout aussi vraie. »  Non, en fait, elle venait carrément de me décevoir. Non pas parce qu'elle venait de dire que Caïn était à elle parce qu'elle l'avait choisi – ou quelque chose du genre – mais parce qu'au fond, elle ne pensait pas différemment de toutes ces filles. Elle venait de me dire clairement qu'elle et lui c'était pour la vie, parce qu'ils s'aimaient, blablabla. « Tu m'en vois ravie. » ironisai-je en levant un sourcil sarcastique. « En tout cas, je vous souhaite tout le bonheur du monde, tu as l'air d'y croire, c'est bien. » Je ne pus m'empêcher de ressentir un léger pincement au cœur. Au fond, c'était stupide, je le savais bien, mais c'était plus fort que moi. « Finalement, de nous deux, je ne suis pas celle qui se fait le plus d'illusions.  » Puisqu'elle était persuadée que son cher et tendre était un salaud, en toute logique elle devait s'attendre à ce que ça finisse par se retourner contre elle – à trop chasser le naturel, il revient inévitablement au galop. Si elle se plaisait à croire qu'elle était une exception, elle allait vite se rendre compte qu'elle n'était qu'une exception qui confirmait la règle. « Crois ce que tu veux, après tout, ce ne sont pas mes oignons. » S'il n'était pas revenu vers elle, c'était bien parce qu'il y avait une raison, non ? Or, comme elle était en train d'espérer qu'il allait revenir...CQFD, j'ai envie de dire.

J'eus un léger mouvement de recul lorsqu'elle s'approcha de moi. En l'espace d'un instant, j'ai cru que j'avais dit le mot de trop, que jusqu'alors, elle avait dompté sa colère pour donner l'illusion qu'elle maîtrisait la situation- mais en fait, elle ne maîtrisait rien du tout parce qu'elle allait m'étrangler sur place, voilà ce qu'il y avait. Mourir étranglée par une folle furieuse, à cause d'une sombre histoire de cocufiage, c'était moche, comme fin, à n'en pas douter. Malgré tout, bon nombre de meurtres avaient pour mobile de telles histoires, aussi n'étais-je pas totalement à l'abri – après tout, nous étions seules dans ce couloir. Pourtant, elle ne m'étrangla pas. J'étais bien loin du compte. Au contraire, elle attrapa une mèche de mes cheveux. Je ne pus m'empêcher de m'hérisser – je n'étais pas très friande de contacts, quels qu'ils soient. « Et détrompe-toi. Je suis bien plus qu'une de ses conquêtes. […] Tu serais surprise de savoir combien il en a dépucelée dans les toilettes du troisième étage. Plus encore si tu connaissais les noms. » Je n'avais pas besoin de savoir tout ça. Je m'en fichais, parce que je n'avais pas l'intention d'être une de ces filles. Apparemment, elle n'avait pas encore imprimé. J'avais à peine quinze ans, bordel. Je ne pouvais pas finir comme ça. Pas moi. De toute façon, j'étais pas prête pour ça. C'était étrange rien que d'y penser. Pour être franche, ça me dégoûtait même un peu. Mais peut-être qu'au fond c'était parce que j'étais morte de trouille. « Je sais exactement quel genre d'homme est Caïn, ce dont il est capable ;[...] je ne serais pas le genre à passer l'éponge après quelques crises de larmes. » Oh ? Aussi s'était-il donc arrangé pour que mon nom ne parvienne pas aux oreilles de sa chère Katherine ? Pourquoi, d'habitude, il n'en avait rien à foutre, de dévoiler le nom de ses conquêtes ? Apparemment pas, puisqu'elle avait l'air au courant. J'esquissai une vague grimace. C'était vraiment malsain, de partager ces détails avec la fille avec qui il sortait. Et ça ne la dérange pas plus que ça de savoir qui il a pu sauter avant elle ? Quand je disais que cette fille n'avait aucune fierté. Moi, par exemple, c'était exactement le genre de détails que je ne voulais SURTOUT PAS savoir.  « Ce que je te dis, c'est que, quoique tu en penses, tu n'as pas les épaules pour supporter plus d'une nuit l'homme qu'est Caïn Warrington. Et, plus que tout, il ne vaut pas que tu te frottes à ma colère. »  Je haussai à nouveau un sourcil à cette menace à peine dissimulée. « Sinon quoi ? » demandai-je, froidement. « Tu crois sincèrement que tu es la première à vouloir m'intimider, m'impressionner, même, me menacer ? Et bien non, tu vois, je suis encore debout, et je compte bien le rester.  » Et si elle pensait que je n'avais pas la carrure pour supporter plus d'une nuit avec lui, grand-bien lui fasse. Qu'elle pense que je ne suis pas assez bien pour lui également. « D'ailleurs... » ajoutai-je, sur le ton de la confidence, un sourire provocateur accroché aux lèvres, les poings sur les hanches, « Ne pense pas que je ne savais pas tout ce que je viens d'entendre. Moi aussi, je laisse traîner mes oreilles, on ne vient peut être pas se confier à moi directement, mais je suis le réceptacle de bon nombre d'informations, j'en sais bien plus que n'importe qui ici, entre ces murs. » Mon rictus moqueur se transforma alors en un sourire empli de mystères. « Les filles de mon dortoir en parlent beaucoup, de ton cher et tendre. » Mon rictus carnassier revint alors, alors que j'étais prise en même temps d'une folle envie de rire, à m'en rompre les côtes. « J'ai eu l'occasion d'entendre parler...de ses exploits» J'adoptai alors une expression très suggestive, rien que pour la rendre folle de rage. Grands dieux. Pour le coup, j'étais fière de moi, de ne pas avoir rougi en mentionnant les exploits en question, car l'air de rien c'était encore un sujet qui me mettait hyper mal à l'aise.


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