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 this is my kingdom come. (ceinwen)

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MessageSujet: this is my kingdom come. (ceinwen)   this is my kingdom come. (ceinwen) Icon_minitimeVen 8 Fév - 21:50

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But just because it burns
DOESN'T MEAN YOU'RE GONNA DIE.





Il devait la retrouver.

Cette idée n’était pas seulement devenue une simple obsession dont Thaddeus aurait aisément pu se débarrasser. La vérité, à laquelle il devait se résoudre s’il désirait survivre, était sensiblement plus pressante que de simples pulsions malsaines. Ceinwen. A présent, ce prénom suffisait à embraser ses joues. La personne qui le portait possédait le pouvoir d’éradiquer le descendant Appleby, ce monstre d’égoïsme et de suffisance, car elle seule avait pu entrapercevoir les tréfonds de son âme. Les plus terribles de ses secrets. Thaddeus s’était livré à cette femme, trahissant sa prudence naturelle et sa réserve perpétuelle, parce qu’il avait ressenti de l’empathie à son égard. De l’empathie. A l’égard d’une sang-de-bourbe qui empestait la peur, d’une ignoble moldue destinée au pire des châtiments. Peut-être, en croisant son regard, s’était-il aperçu qu’ils n’étaient pas si différents l’un de l’autre – de fait, au lieu de finir la sale besogne de ses confrères, Thaddeus l’avait retenue captive dans sa cave. Il avait longtemps craint le moment où ses frères d’arme s’apercevraient de la supercherie mais, au fur et à mesure des semaines, ils avaient oublié l’existence de cette sorcière. A leurs yeux, Ceinwen Rees-Gerrish était tombée sous les coups du brave Thaddeus Appleby. Une information que ce dernier s’était empressé de colporter, désireux de se débarrasser des doutes qui pouvaient encore peser sur sa personne.

Je ne suis pas ce que je prétends être. Ceinwen savait. Elle était la seule et, ironiquement, elle devait mourir. Elle connaissait la véritable nature de Thaddeus et, pour cela, elle était devenue un danger. Le mangemort craignait les réactions de cette femme infiniment plus que celles du Mage Noir. Il aurait été bien idiot de sa part d’ignorer volontairement ce qu’elle représentait, à moins qu’il ne fût prêt à mourir. Les attraits de l’au-delà lui paraissaient plus doux, plus reposants, que ce monde qui sombrait peu à peu dans la folie. Si seulement, oui, si seulement son père était encore là. Mes véritables parents étaient comme les tiens. Celui qu’il avait toujours idéalisé, son père adoptif, avait tué deux moldus et avait capturé leur fils afin de se l’approprier. Il l’avait élevé à son image, le poussant à devenir mangemort, le faisant ainsi adhérer à des idéaux qui allaient à l’encontre de sa véritable nature. Le fils tua le père ; et ce dernier ne cilla pas en affrontant la baguette, dont la pointe était rivée vers son visage. Il savait. Il avait toujours su que ce moment arriverait. Thaddeus l’acheva brutalement et, piégé dans une spirale infernale, accusa l’Ordre du Phénix de ce crime odieux. Il s’agissait à présent de sauver les apparences et de dissimuler avec brio son identité initiale.

Il courrait. La lune était ronde, brillante. La baguette levée, dont le bout diffusait une lumière intense, Thaddeus sentait son cœur battre violemment contre sa cage thoracique. La situation lui échappait, il pouvait la sentir glisser entre ses doigts. Le vent fouettait son visage. C’était elle. Il pouvait deviner ses longs cheveux dorés voleter autour de son visage angélique et suivre d’instinct les mouvements que ses membres orchestraient afin de lui échapper. Ses tentatives étaient malheureusement vaines. Thaddeus avait foi en sa propre agilité, tout en sachant pertinemment que Ceinwen avait déjà fait ses preuves par le passé. Ils étaient égaux. Le jeune homme appréhendait le moment où leurs yeux se croiseraient, conscient qu’ils ne pouvaient décemment pas faire dans la demi-mesure. A l’heure actuelle, il ne savait pas encore qui des deux était le bourreau de l’autre. Il ne désirait néanmoins pas connaître la réponse à ses interrogations, vaguement effrayé par ce qu’il pourrait apprendre sur lui. Sur eux.

Il dirigea alors son arme vers la fuyarde et, par habitude, ses lèvres frémirent alors qu’un mot s’y échappait. Confundo. Le sortilège frappa le dos de la jeune femme qui vacilla et trébucha. Thaddeus ralentit sa course pour finalement s’immobiliser à quelques mètres de sa compagne.

Ses yeux azurés se posèrent sur la frêle silhouette, recroquevillée sur le sol. Ses mèches noires d’ébène restaient immobiles malgré la légère brise qui balayait la peau nue de son cou. Comme à son habitude, il arborait cette attitude désinvolte, jouant à un jeu dont lui seul connaissait les règles. L’évidence le fit pourtant imperceptiblement contracter la mâchoire. Il était incapable de prononcer le sortilège de mort alors qu’il en avait la possibilité, et le devoir. Il ne remplissait cette tâche qu’à retardement. Cette faiblesse le rendait nerveux cependant qu’il ne préférait pas lâcher sa vis-à-vis du regard. En cet instant, il aurait pu jurer que la haine qu’il lui portait était dévastatrice. Elle l’avait trahi en s’enfuyant et en tournant définitivement le dos à une salvatrice captivité. Sa vie était futile et rien de bon ne pouvait en découler, hormis l’effondrement d’une autre existence. Celle de Thaddeus était plus reluisante et ce, même si ses fondements n’étaient que tromperies. Sa culpabilité grandissante l’empêchait de se complaire dans les mensonges dans lesquels il avait longtemps baigné. Perdu, il l’était, mais qui s’en souciait ? Il avait vu en Ceinwen l’interlocutrice idéale mais, une fois n’est pas coutume, il avait été corrompu par sa beauté froide et son silence buté.

La pitié n’était qu’une énième idiotie à laquelle il voulait bien croire. Un an auparavant, Thaddeus n’aurait sûrement eu aucun état d’âme à réduire cette femme au silence. Pas le moindre sentiment ne serait venu enticher son cœur glacé et ses doigts n’auraient pas frémi face à l’adversité. Au contraire, il en aurait réclamé – encore et encore. Ces moments, où il était clairement en position de domination, lui semblaient aujourd’hui inaccessibles. Ancré dans une réalité dont il ne pouvait se défaire, le mangemort subissait les ordres qu’on lui donnait et les exécutait souvent du bout des lèvres. Face à Ceinwen, il n’était plus obligé de se dire esclave d’un autre sorcier. Elle savait, il savait, qu’il agissait en suivant ses propres décisions. Une autonomie qu’il n’avait jamais ressentie, même sous la pulpe de ses doigts, et dont il risquait de prendre goût.

« Je parie que tu dois te sentir nue sans ta baguette. » Susurra Thaddeus en tapotant la poche de son pantalon, dont on pouvait distinguer un léger relief.

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire en coin, clairement satisfait. Gagner du temps, il faut gagner du – Elle était à sa merci. - du temps, gagner du temps. Les secondes s’égrenaient lentement. Cela lui permettait de se forger une bravoure susceptible d’accomplir ses sombres desseins. Il tentait, dans un ultime sursaut de désespoir, d’accorder à ses paroles la force et le dédain qui les distinguaient habituellement.

« Je me demande qui va bien pouvoir te pleurer quand les vers danseront sur ton cadavre, sang-de-bourbe. » Grogna-t-il enfin. Ses injures n’avaient plus de précieux goût d’antan, non. Elles étaient devenues fades, insipides, sans raison d’être.

A son image.


Dernière édition par Thaddeus Appleby le Dim 3 Mar - 14:47, édité 2 fois
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Lee Jordan
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ADMIN ❖ we are the champions
≡ ton pseudo : MARY-W. +marie.
≡ hiboux envoyés : 3452
≡ date d'arrivée : 17/01/2013
≡ tes points : 85 points.
≡ ta disponibilité rp : uc.
≡ ton avatar : john boyega.
≡ tes crédits : @shiya (avatar), tumblr (gifs), uc (quotes).
this is my kingdom come. (ceinwen) Tumblr_nwi5rpBatw1qieaoio6_250
≡ âge du perso : vingt ans.
≡ amoureusement : célibataire, c'est pas comme s'il avait que ça à faire.
≡ son emploi : il est animateur radio pour la gazette du sorcier, section quidditch. il est actuellement en charge de "potterveille" la radio pirate de l'ordre du phénix.
≡ statut de sang : c'est un sorcier de sang-mêlé, qui a toujours été fier de l'être, et n'a jamais prétendu de rien.
≡ sa maison : les lions de gryffondor, évidemment, les grands vainqueurs des matchs de quidditch !
≡ sa baguette : bois de sorbier, avec pour cœur un crin de licorne, spécialisée en charme et d'une longueur approximative de vingt-huit cm.
≡ son patronus : un renard.
≡ son amortencia : uc.
MessageSujet: Re: this is my kingdom come. (ceinwen)   this is my kingdom come. (ceinwen) Icon_minitimeDim 10 Fév - 4:04


when the blood's run stale
ceinwen rees-gerrish & thaddeus appleby
« no matter what we breed we still are made of greed. »

------------❖------------❖------------

C’est un souffle qui serpente à la cime des arbres, qui siffle à l’orée des feuillages, une vague brise hivernale, qui laisse un frisson glacial lui labourer l’échine. De ces sueurs froides, elle n’en a cure, elle n’en tient guère compte, et les trahisons instinctives de son corps torturé ne ralentissent en rien sa course. Une branche rendue dure par le gel lui griffe la joue ; elle est comme une biche, un gibier filant à toute allure à travers ces zones qui ne lui sont que trop familières : peu à peu, ses yeux, son esprit tout entier se sont affutés à une vie pareille, une existence de vagabonde, d’âme traquée. Elle court, presse l’allure, l’air manque à ses poumons tant son cœur bat la chamade : il pompe, pompe inlassablement chaque cellule d’oxygène de son sang, son sang qui bat contre ses tempes avec rage, qui fait mourir chacune de ses pensées. Là, il n’y a que les pulsions de ses tripes qui lui permettent de tenir debout, de bondir avec cette même rage, vers une destinée qui ne lui est que trop affichée. A mesure que les jours passaient, l’espoir de réchapper à cette bataille sans merci entre leurs deux esprits, leurs deux volontés ne faisait que s’amenuiser de plus en plus : elle se fanait sous chaque nouvelle aube mielleuse, son esprit sans cesse affligé par Son image – tout semblait arriver à un certain point d’orgue à présent, à un achèvement funeste. Là, si tard, dans cette nuit si noire, cette forêt si vide, vide de sens, vide de vie. Œil et oreille en alerte, elle n’a nul besoin de ralentir l’allure ; Il est derrière lui, elle le sait, et à chaque nouvelle seconde qui s’égrène, l’espace entre Eux diminue inlassablement : comme l’Ombre qu’il est, Il approche, de ces grands pas qui sont les Siens, de ce vorace instinct qui L’habite. Thaddeus. Envoyer un sort scinder le glacial silence de ces bois, alimenter le vague espoir de ressortir indemne de cette course poursuite haletante pouvait être la meilleure option qu’elle avait, l’occasion ‘poudre aux yeux’ qui lui permettrait de battre en retraite, fuir en transplanant loin, bien loin de l’influence meurtrière du Mangemort qui la poursuit. Elle n’en fait rien, cependant, car Leur bataille, Leurs retrouvailles, n’est qu’un inéluctable Achèvement.

Le sort la frappa de plein fouet ; jambes flageolantes, comme si elles avaient perdu toute connexion avec son esprit qui tournait cependant à plein régime, elle s’écroula. Comme une vulgaire chose, poupée de chiffon sans essence, telle une marionnette qu’on privait de ses fils : sa liberté, n’avait été qu’un voile masquant les tristes réalités de ce qu’elle était devenue. Ceinwen, celle qui revêtait le masque indescriptible de l’insensibilité, du marbre lactescent de sa peau si douce, de ces faiblesses qu’elle enterrait. En cette fracture sanglante à sa joue, se lisait toute la fatigue dont elle était victime, l’accablement, perpétuel cycle de volontés et de désillusions qu’elle subissait depuis si longtemps. Le monde, sa place dans celui-ci, les autres, elle, Lui ; tout avait si aisément été remis en cause, et rien ne trouvait de sens. C’est un brin de folie, un instinct bagarreur s’insinuant sous sa peau par la plaie à sa pommette qui la fit se débattre avec elle-même, tenter de remettre ses idées en ordre dans une bataille vouée à l’échec : chaque bribe d’idée qu’elle s’acharnait à faire germer s’évanouissait aussitôt dans un brouillard épars et épais, dont les bras difformes l’enveloppaient peu à peu. Elle ne contrôlait rien, et c’était le pire sentiment du monde, que celui de ne pas pouvoir calmer sa respiration folle, guider sa main là où elle devrait être, ne pouvoir refermer ses doigts qu’autour de quelques résidus d’arbres morts, de branchages tombés avec le froid de l’hiver. Dans ces quelques secondes, qui lui parurent infini, le regard azuré de Ceinwen trouva quelques rayons ambrés de lune : celle-ci, cette nuit, avait été sa traitresse avisée. Les crépuscules faisant, elle avait peu à peu disparu, puis était revenue : dans sa nouvelle liberté, la sorcière avait pris le temps d’admirer l’enchaînement impitoyable de ses formes, la poursuite insensible de l’univers dans les courses des astres, l’infinie destinée qui se traçait juste sous ses yeux. En cette lune presque pleine, la lumière qui avait, jusque-là, permis à Ceinwen de traverser des paysages et des horizons sans se faire remarquer par qui que ce soit, avait causé sa perte. Il était, après tout, un meurtrier avisé, un chasseur pointilleux qui avait pour habitude de frapper ses victimes dans le dos. Accrochée à son inutile observation des rayons de lune en pleine nuit, elle fut trahie par cette pensée, l’amère déduction que c’était l’ombre d’un bourreau, d’un tortionnaire qui la poursuivait, la torturait de remords à chaque pas qui signait son affranchissement de la cave dans laquelle elle avait été gardée captive si longtemps.

Au sol comme une misérable, elle acceptait presque la sentence qui planait au-dessus de sa tête : ça n’avait été qu’un vautour qui n’avait jamais quitté son sillage, épée de Damoclès dont elle avait retardé le tranchant couperet ; peut-être dans l’infime, vague, furieux espoir d’inverser la balance. En cette fraction de seconde, ce crissement de feuillages sous le pied du Mangemort arrivant à sa hauteur, ses réflexions se firent regrets, envers elle-même, cette pitoyable façon qu’elle avait de ramper, dans le vague espoir de retrouver raison, contrôle de ses membres – cette acceptation qui lui brûlait le ventre. Envers Garalt. Garalt et ses sacrifices, cette fin au goût d’inachevé qu’ils auraient alors connu tous les deux. Et ce silence, ce silence. Elle sentait les yeux froids du Mangemort l’inspecter, Sa présence destructrice et grisante là, tout près, forcément tout près, comme la charogne qu’il était à attendre l’agonie, l’acceptation de sa proie ; l’abandon de tout espoir. Peut-être bien, que ses espoirs, elle les avait laissés derrière elle il y a bien longtemps déjà ; là, dans le secret de leur carcan d’intime partage à eux deux, cette partie de son existence qu’elle devrait refouler sous la haine, l’acide dégoût de chaque seconde de faiblesse qu’elle avait eue, en le prenant – lui, le meurtrier, le dédaigneux, l’impétueux – en pitié. Mais il ne faisait rien, seule la brise, maintenant, arracha un frisson à la sorcière – presque doucereux, fait du sentiment d’être en vie, en suspens sur un fil de soie. Si l’ironie ne manquait pas en de pareilles circonstances, aucun mot ne vint passer les lèvres glacées de Ceinwen, elle en avait presque perdu sa verve habituelle, les vieux réflexes haineux, les paroles impétueuses qui lui venaient sitôt qu’Il lui faisait face. Il ne faisait rien, aussi, se risqua-t-elle à refermer la prise de ses doigts fins contre le sol, esquissant une tentative pour retrouver quelque peu de fierté, se redressant sur le sol pour enfin trouver Sa silhouette du regard. Depuis le sol où elle était encore, chue et encore bien peu maîtresse de ses propres mouvements, elle attarda un regard dédaigneux sur son Chasseur : il avait l’allure de l’assassin, les airs qu’il se donnait s’essayaient sans pitié, mais presque ses doigts autour de sa baguette frémissaient d’horreur en cette occasion si particulière : prononcer le sortilège de mort, baguette pointée vers la née-moldue qu’elle était n’aurait pris que quelques secondes, un temps infime pour arracher la vie d’un corps, mais ici, en se figeant, il semblait avoir stoppé le temps lui-même. Les mots seuls restaient sa dernière arme, son retranchement absolu, peut-être bien un infime espoir de retrouver contenance, de puiser à nouveau la force de faire ce qu’il avait à faire : engouffrés dans un orgueil déplacé, les calculs soigneux de Ceinwen sur l’attitude de son vis-à-vis s’envolèrent sitôt qu’elle posa ses yeux clairs sur la poche que lui désignait le sorcier.

Sa baguette ; l’identité dont il l’avait destituée : il avait commencé par ça, l’objet qui la suivait depuis le début de sa vie de sorcière, ce qui l’avait forgée telle qu’elle était, ce qui faisait indéniablement partie d’elle. Sans pour autant s’arrêter à ça, lui arrachant peu à peu toute énergie, tout espoir, toute pensée ; au fil des semaines, il lui était arrivé de rêvasser, de s’enfoncer dans un méandre tortueux de songes qui n’avaient alors aucun sens. Sa liberté l’avait reforgée, quelque peu différente : sa baguette, était jusque-là restée la seule partie d’elle-même qu’elle avait été incapable de retrouver. Mue par l’énergie de sa fierté si longtemps blessée par ses ennemis, par la misérable fuite qu’elle subissait depuis trop longtemps déjà, Ceinwen se hissa sur ses pieds, légèrement vacillante ; son regard, lui, cherchait parfois celui de son attaquant, mais s’accrochait irrésistiblement à l’objet de ses convoitises. « Donne-la moi. » Quelques secondes plus tôt, elle aurait pu croire que parler était un acte insurmontable, à présent, elle avait retrouvé la désinvolture légendaire qu’il avait toujours su piquer au vif. Dire que fut un temps, ç’aurait pu se limiter aux chamailleries d’école, rien de plus, des histoires sans intérêt qu’elle aurait fini par balayer de sa mémoire, pour d’autres choses plus importantes. Ces temps étaient loin, ils avaient été victimes du sévère cycle des jours, faits et conséquences de cette guerre. Un sourire vint fendre l’opalin du visage de la sorcière, de ces rictus persiflant une haine qui dépassait les mots, qui ne faisait que vriller l’air avec électricité. « A moins que tu ne préfères abattre une née-moldue qui est déjà au sol. » La bassesse des Mangemorts n’était plus à refaire en l’esprit de la sorcière ; ils étaient tous à la hauteur de Thaddeus, menteurs, lâches et perfides ; de ces monstres de naissance, qui avaient ça dans le sang. Elle y avait cru ; elle s’y accrochait encore, pour ne pas que son monde tout entier ne s’écroule. Sauf que lui, il faisait exception à la chose – il était hors des castes, différent, il n’était pas un sang-pur guindé d’orgueil, - juste un menteur. « Même ça, tu n’en es pas capable. » Finit-elle par siffler, acerbe pique glissant d’entre ses lèvres, un regard glissant de bas en haut de la silhouette d’Appleby ; il n’avait plus cette allure d’antan, de gamin pourri gâté qu’elle avait tant détesté pendant leur scolarité à Poudlard. Il n’avait plus l’allure de rien du tout, juste d’une âme, qui avait franchi un pas de trop dans les abysses. Malheureusement – ils étaient si similaires.
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MessageSujet: Re: this is my kingdom come. (ceinwen)   this is my kingdom come. (ceinwen) Icon_minitimeLun 18 Fév - 13:13

It'll never be you and me, plant the seed
OPEN UP AND LET IT BE.


Thaddeus en était à un point où il aurait aimé réfuter leur passé commun. Tout aurait été plus simple si, quelques mois auparavant, il avait pris la décision d’obéir aux ordres plutôt que de protéger Ceinwen. Cette née-moldue ne méritait rien de plus qu’une lente et douloureuse agonie. Il avait risqué sa liberté, sa vie, pour une sorcière qui n’avait pas hésité à lui filer entre les doigts dès que l’occasion s’était présentée. La situation, dans laquelle il n’avait pas hésité à pousser sa compagne, n’avait aucun sens. Il avait vaguement conscience de sombrer peu à peu dans la folie, principalement alimentée par les remords et la peur constante d’être découvert. L’ironie de cette histoire, dont il aurait sûrement ri si le protagoniste principal ne portait pas son nom de famille, le rendait plus pathétique encore. Il avait pris part, bien malgré lui, à ce cycle infernal. A l’image des nés-moldus, longtemps bafoués et dénigrés, il avait songé à la fuite. Une solution qui s’était brutalement imposée à ses yeux et qui, au fil du temps, avait arboré un relief délicieusement salvateur. Il ne se sentait pas réellement apte à suivre le mouvement de ses « pairs », se savant incapable de tourner le dos aux autres mangemorts. Des amis, des frères de substitution. Des hommes qui n’hésiteraient pas à le mettre à terre, à la seconde même où sa véritable identité serait connue. Si Thaddeus s’était fié à Ceinwen, ce n’était pas par pur plaisir. Naïvement, il avait cru percevoir une ressemblance entre eux et avait fait fi de ses instincts qui, en chœur, lui scandaient continuellement de se méfier. Sa désinvolture avait finalement eu raison de son bien-être et sa surprise fut grande lorsque, en pénétrant dans sa cave, il avait constaté la disparition de sa compagne.

La née-moldue était la seule à posséder la véritable arme susceptible d’anéantir la vie du descendant Appleby. Il lui avait d’ailleurs fallu du temps pour la retrouver. Les secondes, les minutes, les mois s’étaient lentement égrenés. Mais, à présent, elle était là. Devant lui, à terre, visiblement tiraillée par la fatigue et les maux qu’impliquait inévitablement sa cavale. Thaddeus ne faiblit cependant pas. La culpabilité ? Il n’en avait cure. Il s’en remettrait certainement ; après tout, n’avait-il pas tué l’homme qui l’avait élevé ? La colère, trop longtemps refoulée au profit de l’incompréhension et de cette subite envie de jouer les chevaliers servants, tiraillait violemment chacun de ses membres. Il espérait que cela lui donnerait la force d’accomplir ses sombres desseins. Il la haïssait. Il en était convaincu, intimement persuadé. Il s'accrochait désespérément à cette haine, à ce désir irrésistible de vengeance, pour ne pas perdre pied. Les ténèbres l’engloutissaient, frôlaient sa peau, embrassaient son corps. Il avait hâte. Il en frémissait d’impatience. Les masques étaient tombés. Thaddeus n’avait plus à réprimer ses doutes, à dissimuler ses secrets. Il se sentait trahi à cause de cette libération, que Ceinwen avait modelée bien malgré elle, et qui était autant morale que physique. Le mangemort s’était, durant un court moment, plu à imaginer qu’ils s’étaient aidés mutuellement. Le comportement de la née-moldue lui avait cependant signifié qu’il s’était visiblement fourvoyé. Il lui avait fait confiance et, à présent, alors que Ceinwen peinait à se redresser, il avait une nouvelle fois la situation en mains. Du moins, c’était ce dont il souhaitait se convaincre, inquiet d’être encore déstabilisé par le comportement de Ceinwen.

La fuyarde se hissa finalement sur ses pieds et, si Thaddeus songeait à l’achever, ses tentatives semblaient vaines. Sa mâchoire se contracta. Il devait la tuer. Vacillante, le regard de Ceinwen s’accrochait irrésistiblement au relief qui se dessinait dans la poche de son vis-à-vis. Sa baguette, celle qu’il lui avait – naturellement – subtilisée. La demande, ou le semblant d’ordre, qui jaillit hors des lèvres de sa compagne vrilla l’air avec électricité. Il aurait fallu être bien idiot pour ne pas ressentir cette haine qui jalonnait chaque cellule du corps de Ceinwen. Cette même aigreur que Thaddeus partageait. Il n’allait certainement pas lui tendre l’objet de ses convoitises, certain qu’elle n’hésiterait pas à s’en servir – contrairement à lui, qui était tout bonnement incapable de prononcer la formule tant attendue. Ce n’était qu’une question de temps, cependant qu’il se concentrait sur tout ce qu’il aurait voulu lui faire subir, lorsqu’il s’était rendu compte de sa fuite. Il n’avait plus cette petite étincelle qui lui permettait d’apprécier les tortures. De fait, s’il devait l’achever, ce serait de la manière la plus rapide possible. Perfide ? Il l’était. Jamais il ne s’abaisserait à obéir à une sang-de-bourbe. Parfois, il en oubliait presque que leurs ascendances étaient infiniment semblables ; la seule différence résidait dans le fait que Ceinwen ne cherchait pas à se défaire de ce qu’elle était réellement. Au contraire, elle brandissait son impureté comme un étendard, fière et orgueilleuse, appréciant ce sublime cadeau empoisonné qui lui avait été fait.

Des mots. Des foutus mots. Cette femme avait visé juste, soulignant le fait qu’il n’était pas capable de l’abattre. Le regard azuré de Thaddeus arborèrent un éclat quasiment malsain. Ses phalanges glissèrent dans sa poche, redessinèrent un instant la courbe de la baguette dont elles encerclèrent le manche. Tranquillement, il porta à la hauteur de son visage le bien de sa vis-à-vis, se délectant de l’attitude agressive dont elle ne pouvait décemment pas se défaire. Elle avait la rancune tenace et semblait oublier que, si elle était encore en vie, elle devait son sursis à l’affront silencieux de Thaddeus. Il avait risqué tant de choses. Tant de choses pour rien. Mais qu’avait-il espéré ? Un geste de reconnaissance, une promesse indéfinissable ? Ne serait-ce qu’un remerciement et il aurait été heureux d’avoir fait cela, ou bien se serait-il rendu compte à temps des erreurs qu’il ne cessait de faire continuellement. La situation qui les liait ne se décantait pas. Au contraire, Thaddeus nageait en eau trouble et il espérait que Ceinwen subissait les mêmes assauts contre lesquels il livrait bataille. Ce n’était que justice. Une justice mortelle et cruelle – du moins, c’était ce à quoi il songeait.

« Les immondices dans ton genre n’ont pas besoin de baguette. » Un sourire carnassier, sensiblement nuancé par l’ironie de leur confrontation, étira ses lèvres. « Ne te plains pas, sweetheart, ton calvaire va bientôt prendre fin. »

Il fit rouler le bien de Ceinwen entre ses doigts. L’envie de briser cette baguette était tentante, mordante, irrépressible. Mais, maître de ses actes, il tentait de ne pas céder à ses pulsions déraisonnées. Merlin seul savait à quel point il était difficile de ne pas courber l’échine sous ses envies quasiment malsaines.

« J’aurais dû te tuer. » Souffla-t-il, le regard rive en direction de l’objet qui – inlassablement – roulait entre ses doigts, frôlait sa peau. « Ta misérable existence est une erreur. J’espère que tu en es consciente. » Un ricanement brutal fendit l’air, le torse secoué de spasmes. Ils étaient semblables, liés par les mêmes secrets. Malheureusement. Il comprenait, bien trop tard, qu'il était lui aussi voué à une mort certaine.
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Lee Jordan
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≡ statut de sang : c'est un sorcier de sang-mêlé, qui a toujours été fier de l'être, et n'a jamais prétendu de rien.
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≡ sa baguette : bois de sorbier, avec pour cœur un crin de licorne, spécialisée en charme et d'une longueur approximative de vingt-huit cm.
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MessageSujet: Re: this is my kingdom come. (ceinwen)   this is my kingdom come. (ceinwen) Icon_minitimeLun 4 Mar - 0:55


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« no matter what we breed we still are made of greed. »

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Servile venin qu’elle avait gardé sous silence pendant des lustres. Il était là, siégeant en elle comme un amer ressentiment des jours qui étaient passés, infiniment lents. Son sort avait été préférable qu’entre les mains d’autres Mangemorts, aux desseins sifflant entre leurs lèvres carnassières, cependant bien des fois, mais l’orgueil de la sorcière lui avait parfois fait envier la mort : il n’y avait pas pire que le sentiment d’être un oiseau en cage, capturé par des barreaux de fer et la volonté d’autrui ; vidé, dépité jusqu’à se contenter parfaitement d’une telle captivité. Elle ne savait pas, elle n’a jamais su ce qui avait poussé Appleby à préférer la jurer aux geôles de son sous-sol poussiéreux plutôt qu’à la clémence de la mort mais toujours à ces questionnements, les lèvres de Ceinwen avaient demeuré closes, étroitement serrées par l’arrogance qui n’avait cessé de briller au fond de ses yeux. Il était un vertigineux terrain miné sur lequel elle n’avait que rarement aventuré et ses attentions, et sa patience – elle ne le comprenait pas, ne le comprendrait jamais, dans les idéaux qui lui faisaient lever le bras pour assassiner autrui sans vergogne, ceux qui lui soutenaient qu’il était, de cette façon, le maître incontesté, décideur de vie et de mort sur autrui. Sur les nés-moldus, impurs au point de ne pas même mériter quelque procès que ce soit (pas équitable, en tout cas), ceux sur lesquels il avait craché toute sa véhémence dès qu’il en avait eu l’occasion : si souvent elle s’était faite sourde à ces attaques, dédaignant la rage qu’il éveillait si aisément en elle pour lui infliger un implacable masque d’indifférence. Mais rien chez Thaddeus n’avait changé - avait seulement percé dans ce vaste océan traversé de tempêtes et remouds, cette histoire qu’il avait livrée du bout des doigts. Elle ne l’avait même pas regardé, alors qu’il déversait chaque parcelle de son histoire aux oreilles insensibles de la sorcière. Les Mangemorts manipulaient, les Mangemorts tuaient, et la vague illusion de la pureté du sang ne les rendait qu’encore plus arrogants, comme persuadés d’être affranchis d’un droit divin, pour tous les meurtres qu’ils commettaient. Qu’est-ce qui avait donné le droit à Thaddeus pour la réduire à l’état d’âme enchaînée au fond de sa cave ? Qu’est-ce qui avait donné le droit aux Mangemorts, de prendre part sur le reste du monde de la magie, sans l’ombre d’une honte ne filtrant au fond de leurs prunelles ? C’était tout ce qu’elle détestait chez eux, toute cette haine palpable et viscérale que chaque regard sur Thaddeus avait alimenté : lors de leur jeunesse, et puis, à l’heure actuelle. Insidieusement, il avait fait germer cette pitié en elle, celle qu’elle s’acharnait à enfouir, enterrer sous cette suffisance grimant son si doux visage – elle n’était pas un Ange de la compassion, pas pour lui en tout cas, elle ne voulait pas l’être. Les mains généreusement tendues aux traitres à la recherche de repère ou de rédemption, ne seraient pas les siennes, que ce soit à l’adresse du regard perdu de Thaddeus, ou de celle de n’importe qui d’autre. Sang-pur ou né-moldu, les mains d’Appleby étaient tâchées du sang d’autrui, de leurs semblables sorciers ou humains, au fond, il n’y avait au final aucune différence : le sang restait rouge, chaud, réceptacle d’une vie qui s’était alors évanouie dans le néant. Tant de fois, au fond de cette cave, elle aurait espéré qu’il ait la décence d’avoir une telle attention à son égard, rien que pour qu’elle ne se sente pas salie, empoisonnée par cette sympathie qui perçait en elle à chaque fois qu’elle le voyait lui.

Irrémédiablement, elle avait senti que son face à face à venir avec Thaddeus aurait de quoi rendre amère cette affliction, vague trace d’humanité qui la tiraillait toujours lorsqu’elle le regardait. A raison. Il se faisait perfide à outrance, véhément à l’excès à chaque prémices de parole qu’il lui accordait : sans doute que cette haine n’était que ravivée par la culpabilité qu’il ressentait à l’avoir laissée vivre – et le danger que sa liberté impliquait ainsi. A personne elle n’avait confié les secrets de ce qu’elle avait appris pendant sa captivité – malheureusement, chaque fois qu’elle y songeait, quelque chose, un charme quelconque collait ses lèvres l’une à l’autre dans un lourd silence apathique. Alors oui, bêtement, elle était la seule percée dans les défenses d’Appleby, la seule fuite à son lourd secret de vie, aux crimes qu’il avait commis et qui le mèneraient au jugement impitoyable des Mangemorts, si ce qu’ils savaient, tous les deux, venait à s’ébruiter. Face à lui cependant, elle était incapable de perdre en quoique ce soit de son insolente superbe tant il la répugnait, lui et chaque souvenir, chaque parcelle d’émotion qui bravaient le voile de ses paupières. Elle n’avait pas peur de réclamer son dû, alors qu’il se targuait de cette infime victoire qu’il avait encore sur elle : sa baguette, son droit, ce qui faisait d’elle une sorcière à part entière, née-moldue égale à tous les autres qui avaient foulé les couloirs de Poudlard, les terres du monde magique. Souvent, dans ses jours de désespoir, elle l’avait imaginée détruite, réduite à néant tout autant que ce qu’elle était – Ceinwen Rees-Gerrish, la sorcière prête à défendre bec et ongle, avec honneur et présomption, la lignée de moldus dont elle était l’héritière. Tout était parti en fumée maintenant, alors qu’elle aurait dû être là pour se battre plus ardemment encore, d’Antoine elle avait appris que les restes de l’Ordre étaient dispersés un peu partout, en l’attente d’un signe de vie de la part de Harry Potter, que le journal clandestin qu’ils avaient créé, tous les trois avec Garalt, n’était plus qu’un souvenir étouffé dans l’œuf par la nouvelle politique tyrannique née du Ministère. C’était à cause de Thaddeus tout ça, Thaddeus et ses volontés insaisissables de la laisser vivante, sans doute pour jouir du désespoir qu’elle récupérerait irrémédiablement des miettes d’existence qu’il lui restait. Plus que des cendres, une mort irrémédiable qu’elle fuyait à travers les bois, sous la nuit noire et la clarté diaphane de la lune. Sa baguette, restait fièrement la seule chose dont il ne l’avait pas complètement destituée, la part d’elle-même qui n’était pas encore morte dans le chaos de l’oubli : sa magie, son statut de sorcière qu’elle était prête à défendre bec et ongle sitôt que son bien lui reviendrait de droit. Il le savait, à jouer de la sorte avec ses doigts, extrayant l’objet du fond de sa poche pour l’exposer au regard ferme de la blonde – incandescente, malgré elle, la lueur rageuse brilla plus intensément encore au fond de ses yeux, éveillant plus encore l’amusement certain qui se lisait sur le visage de Thaddeus. Il n’y avait que pour afficher cet air suffisant et mielleux qu’il laissait quelques marques d’humanité, quelques rictus fracturer le marbre de son visage – il ne ressentait rien d’autre, il n’en était pas capable et croire le contraire n’était que se fourvoyer en beauté. Immondice, elle sentit un spasme lécher ses mâchoires, glisser dans son cou pour venir prendre son corps : tout son esprit s’était orienté sur cette baguette qu’il glissait entre ses doigts, sur laquelle il lorgnait avec insistance. Dieu seul savait ce qu’il avait fait avec celle-ci, peut-être aurait-il eu l’idée de commettre des meurtres avec, d’entacher la magie qui siégeait au creux de ses doigts – encore fallait-il qu’il soit guindé d’autre chose que du simple dégoût automatique et stupide propre aux Mangemorts en ce qui concernait les nés-moldus. Avait-elle pu au moins espérer que les révélations qui avaient pris part de la vie du sorcier le changent en quoique ce soit.

Luttant contre l’envie irrépressible de piocher la baguette soigneusement cachée au fond de sa poche, Ceinwen le toisa un instant, de loin, d’où elle était. Son corps crispé, ses sens en éveil, elle était prêt à bondir au moindre instant, au premier sursaut qui électriserait l’air, indiquant quelque action de la part de son adversaire. Rien, pour le moment, mais elle s’accordait à peine l’occasion de ciller, tout autant qu’elle se privait de sommeil bien souvent, depuis qu’elle fuyait à toutes jambes. « Eh bien, qu’en est-il de ta propre existence ? » Relevant le menton, comme par fierté, elle le sonda un instant, ils espéraient l’un comme l’autre obtenir un sursis à travers cette joute, sans doute. « Qu’est-ce qui te rend si différent de moi, sang-de-bourbe ? » C’était cette faille qu’elle rechignait à exploiter, ces lourdes révélations qu’elle ne parvenait pas à livrer en pâture à ceux qui sauraient parfaitement quoi en faire, ceux qui auraient la possibilité de lui rendre la revanche qu’elle désirait tant, parfois. Perfide à son tour, réduite à cet état d’âme autant que lui, elle s’infiltrait à travers ses faiblesses, celles qu’elle ne craignait plus depuis des lustres, comme l’eau érodant la rocailleuse allure qu’il se donnait. Elle sang de bourbe, elle avait eu le temps de s’accoutumer à l’appellation, notamment grâce aux piques incessantes qu’Appleby lui avait lancé avec délice, à chaque fois que leurs chemins se croisaient à Poudlard. Jamais elle n’aurait cru avoir le luxe de lui retourner la rixe. « Tu es un meurtrier, c’est la seule chose qui nous différencie. » Le dégoût brûlait le fond de ses prunelles : il était ça, sans âme, sans merci ; un assassin, et même à travers la mort, elle au moins, pourrait se targuer d’avoir gardé toute possession de ses moyens et de son être. « Mais tu ne peux pas me tuer. Parce que je sais ce que tu es, et il n’y a aucun doute sur le fait qu’à la première seconde où je suis sortie de cette cave où tu m’as laissée pourrir, je me suis occupée de ton cas. » Pour avoir été celui chargé de la traquer, de la tuer, il savait de quoi elle était capable et jusqu’où les filets de sa toile pouvaient s’étendre. Ce n’était qu’un fieffé mensonge, un sursis qu’elle s’achetait avec toute la bassesse dont son adversaire était capable. Outre cela, elle s’octroya le privilège d’arquer un sourcil, d’afficher un air soutenu. « Je me demande comment tes semblables Mangemorts en viendraient à te juger, si notre secret venait à s’ébruiter. » Pas de panique, ici, dans les tréfonds de la forêt sauvage et nocturne, aucune oreille aventureuse n’avait vent de leur mascarade réciproque ; du jeu de scène derrière lequel ils se cachaient, irrémédiablement. Si souvent elle avait vu les suppôts de Voldemort, Thaddeus lui-même se contenter d’afficher ces airs impénétrables de patience et d’indifférence – peut-être, stupide qu’elle était, espérait-elle voir luire autre chose au fond de ses iris si claires.
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MessageSujet: Re: this is my kingdom come. (ceinwen)   this is my kingdom come. (ceinwen) Icon_minitimeLun 11 Mar - 17:16


light up, light up
« you've been the only thing
that's right in all I've done »


Ceinwen n’était que poussière et cendre. Elle n’avait jamais rien représenté aux yeux de Thaddeus ; à Poudlard, qu’était-elle ? Après sa scolarité, quel tournant avait pris sa misérable existence ? Cette née-moldue, cette ignoble sang-de-bourbe. Il n’avait cure de cette femme, du moins l’espérait-il, pourtant les liens sinueux qui les liaient le troublaient. Il peinait à l’insulter sans sourciller, comme autrefois, à l’époque où leurs maux étaient considérablement moindres. Ils souffraient, l’un et l’autre, et courbaient l’échine sous une douleur lancinante. Toutefois cette proximité, qu’elle fût réelle ou innocemment fantasmée, n’était en rien bénéfique pour les deux partis. Thaddeus avait été idiot d’accorder sa confiance, aussi minime fût-elle, à l’ennemie de la cause qu’il défendait. Au fur et à mesure des secondes égrenées, il se remémorait les sensations qui s’étaient articulées dans ses membres tendus lorsqu’il avait découvert la fuite de Ceinwen. En quelques minutes, elle avait tourné le dos à l’homme qui l’avait épargnée. Il n’était pas cependant prêt à l’en blâmer car, à sa place, sûrement n’aurait-il pas fait mieux. Elle ne lui devait rien ; ni sa loyauté, ni un semblant de considération. Lui-même ne comprenait pas les raisons qui l’avaient poussé à lui accorder la fraîcheur de sa cave plutôt qu’un ultime salut. Sûrement s’était-il senti investi d’une sombre mission, dont la finalité lui échappait toujours. Il avait fait glissé sa prudence, il l’avait anéantie, mais – comme Ceinwen ne pouvait pas croire la parole d’un mangemort – Thaddeus n’était décemment pas supposé prendre en pitié une fugitive. Sa mâchoire se contracta. Il désirait voir sa peau si pâle se déchirer sous les coups qu’il lui administrerait, il se délectait de cette violence dont il rêvait. Le goût amer de la haine envahissait sa bouche et nouait sa gorge. Il pouvait voir le regard de Ceinwen briller d’un éclat particulier, celui du dégoût. Ses propres iris, dont la clarté s’était atténuée depuis leur dernière rencontre, n’exprimaient rien de plus que ce qu’il voulait bien laisser transparaître. Ses élans émotifs, ses émotions entremêlées. Si Ceinwen parvenait à entrapercevoir à quel point sa seule présence le rendait incontrôlable, c’en était fini de lui. Tous les mangemorts ne pouvaient pas se comporter comme Bellatrix Lestrange et se laisser happer par la folie ; si cela la rendait sûrement essentielle aux yeux de leur Mage, son imprudence causerait sûrement sa perte. Thaddeus s’accrochait désespérément à la vie, à cette notion à laquelle il n’avait jamais accordé grande importance mais dont il parvenait à assimiler à présent toutes les qualités. S’il devait tuer pour espérer survivre, alors il le ferait. Ce n’était qu’une question de temps avant de voir son existence basculer dans les profondeurs abyssales de l’anéantissement. S’il s’en doutait, alors elle le savait. Serpent avide et corrompu, Ceinwen attendait ce moment fatidique où son geôlier ne serait plus qu’un cadavre sur lequel cracher. Il pouvait le voir dans ses prunelles et le sentir à travers l’électricité dégagée par leurs échanges. Cet instant, où la tension avait atteint son paroxysme, s’étirait. Thaddeus savait que seul l’un des deux sorciers pouvait être satisfait à la suite de cette entrevue ; mais la mort de Ceinwen, qui était essentielle à sa survie, ne lui apporterait rien de plus que des remords. Même à travers l’au-delà, elle parviendrait à tourmenter le mangemort qui, autrefois, ne connaissait ni le doute, ni l’hésitation. Un an auparavant, il n’aurait fait qu’une bouchée de cette fugitive. Elle l’aurait supplié de l’achever, elle se serait traînée à ses pieds. Son arrogance se serait dissipée dans les airs alors qu’un dernier souffle de vie passait ses lèvres entrouvertes. Des deux, Ceinwen était la seule qui devait s’incliner face à son adversaire. C’était dans l’ordre des choses, c’était ainsi que l’histoire devait se dérouler.

Relevant le menton, l’attitude outrancière de sa suppliciée semblait être transcendée par une fierté farouche. Comment pouvait-elle se redresser de la sorte, alors que son sang allait être versé ? Ne savait-elle pas que son comportement ne serait qu’éphémère ? Son orgueil n’était rien de plus qu’une façade que Thaddeus aurait volontiers démontée, pierre par pierre. Une longue et lente agonie. C’était ce qu’il lui souhaitait. Sang-de-bourbe. Cette odieuse appellation le fit frémir. Ses traits se durcirent alors qu’il sentait la fureur former une boule dans son estomac, comme un bloc qui ne tarderait pas à prendre des allures disproportionnées. Elle avait osé. Pourtant, elle ne faisait qu’énoncer la vérité – celle qu’elle connaissait, celle qu’elle pouvait aisément utiliser contre lui. Celle qu’elle aurait pu ébruiter. La qualification qu’elle lui octroya, celle de meurtrier, n’effleura pas sa conscience. Il s’était habitué à cette idée ; il tuait ses semblables, ceux dont il partageait le sang, pour frôler des doigts cette félicité tant désirée. Ce que Ceinwen pensait, ce qu’elle pouvait bien imaginer, rien de tout ça n’avait de l’importance au fond. Les paroles vicieuses qu’elle laissait échapper et qui le frappaient, le laissant démuni et sans le souffle, ne le laissaient pas indifférent. Que souhaitait-elle ? Ils étaient à armes égales, peut-être était-ce une erreur de ne pas lui avoir coupé la langue lorsqu’il en avait eu l’occasion. Thaddeus ne pouvait pas, ne se sentait pas capable, d’exprimer ce qu’il ressentait. Ce n’était qu’une lutte insensée, un combat déjà perdu. Il ne céderait pas ; il lui avait accordée une place privilégiée, il l’avait sauvée. Quelle bêtise, quelle ironie. Le fruit de sa désinvolture se retournait contre lui. Lentement, le discours arrogant de Ceinwen prenait tout son sens et arborait dorénavant des reliefs inédits. Il avait peur. Non, il était terrifié par tout ce qu’elle était susceptible de faire, par tout ce qu’elle avait pu accomplir après s’être enfuie. Ses actes relevaient du mystère, d’un profond et palpable mystère. Son regard clair fut vrillé par le doute, par l’incompréhension d’en être arrivé là, alors que Ceinwen s’accordait le droit d’arquer un sourcil dédaigneux. Elle se jouait de lui, s’achetant ainsi la possibilité de s’en tirer. Encore, encore et encore. Thaddeus se laissait prendre à ce piège, à ce jeu dont il ne connaissait pas les règles. Avait-il seulement le choix de se débattre, alors que les ténèbres se faisaient plus denses, avait-il la possibilité de s’en défaire. Questions rhétoriques dont il n’aurait jamais pu proposer le moindre semblant de réponse. Ceinwen avait justement désigné leur lien, sans peut-être s’en rendre compte. Leur secret. Un secret qui était profitable à l’un, mortel à l’autre. Un secret qui les liait, bien au-delà des kilomètres, au-delà de tout ce qui les séparait. Car ils ne pouvaient pas ignorer le fait que Thaddeus s’était livré, qu’il avait fait confiance, qu’il avait cru en une femme. Geste insensé, comportement idiot. Depuis septembre, le mangemort avait eu le temps de réfléchir, d’assimiler tout ce qui pouvait ou non lui être essentiel. Les raisons pour lesquelles il avait tenté de protéger la née-moldue n’étaient sûrement pas aussi sombres qu’il l’imaginait ; la notion d’altruisme lui était inconnue. Il avait le sentiment de devoir sauver Ceinwen. Elle, la porteuse de ce douloureux secret. Elle, qui pouvait le dénoncer à tout moment. Elle, qu’il se devait de tuer pour assurer son avenir. La tuer signifierait cependant la fin d’une accroche qui le retenait, difficilement mais tout de même, à l’humanité. Celle qu’il n’avait jamais eue mais qu’il avait acquise en laissant filer la plupart des nés-moldus qu’on lui ordonnait d’exécuter ; tous ces gens n’étaient toutefois pas aussi importants que l’était Ceinwen aux yeux des mangemorts. Elle représentait une partie de la résistance, celle qui aurait dû être détruite.

Imitant sa vis-à-vis, Thaddeus releva légèrement le menton. Il la toisait avec acharnement, cherchant fébrilement cette faille qu’il serait susceptible d’exploiter, tout comme elle avait astucieusement utilisé la sienne. Modèle inébranlable d’indifférence, rien ne semblait le toucher, l’effleurer. Pourtant cette situation l’embrassait et le consumait. Sous la paume inquisitrice de Ceinwen, il brûlait. Les rôles qu’ils avaient adopté se mélangeaient, se croisaient. Qui était l’agneau, qui était le couteau. « Ne m’appelle pas comme ça. » Un grognement menaçant vrilla sa gorge. Sa lèvre supérieure frémit. « Je suis un meurtrier. Je ne pense cependant pas que cela nous différencie ; vois-tu, mon ange, je suis sûr que tu m’aurais tué si tu avais eu ta baguette. » C’était une évidence. Si elle lui rétorquait le contraire, sûrement était-elle plus proche de lui qu’il ne l’imaginait. Il ne pouvait pas la tuer. Elle le savait, elle le lui avait dit. Elle posait un regard incandescent sur leur situation, parvenant à mettre en relief les vérités que Thaddeus craignait de comprendre. Il esquissa un pas vers Ceinwen. « Comment me jugeraient-ils, à ton avis ? A leurs yeux, je serais bon à abattre. Comme toi, comme tous les sorciers qui te ressemblent. Qui nous ressemblent. » Il s’immobilisa dans son approche, ses prunelles ancrées dans celles de sa compagne forcée. « Si seulement j'avais eu le courage de te tuer, au lieu de te laisser pourrir dans ma cave, je n'en serais sûrement pas là aujourd'hui. » Lâcha-t-il avec force, comme pour aplanir ce terrain miné sur lequel ils avançaient paisiblement. Son sang était souillé, tout comme le sien. Leur similitude s’arrêtait là ; depuis Poudlard, ils n’avaient jamais pu se supporter. S’ils avaient eu une réelle connexion, ils s’en seraient aperçus plus tôt. Il pouvait l’assassiner ; après tout, il avait bien mis fin aux jours de son propre père. Il lui fallait du temps pour assimiler l’idée qu’il lui arracherait la vie. Mais l’idée le répugnait. De haut en bas, il laissa son regard perçant glisser le long de son corps frémissant d’indignation. Il n’avait cure de passer pour un pervers ; au point où il en était, ce qualificatif lui aurait presque plu. « Et qu’as-tu retrouvé en t’enfuyant ? Je parie que tu recherchais les bras chaleureux de ton amant. Par Merlin, j’espère que cet homme bouffe à présent les pissenlits par la racine. » Goguenard, il n’avait aucune honte. Ils jouaient. Ce n'était pas une histoire, c'était réel. Et c'était le moment qu'il attendait, celui où il lui ferait autant de mal qu'elle lui en avait fait.


Dernière édition par Thaddeus Appleby le Mar 26 Mar - 15:28, édité 1 fois
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Lee Jordan
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≡ statut de sang : c'est un sorcier de sang-mêlé, qui a toujours été fier de l'être, et n'a jamais prétendu de rien.
≡ sa maison : les lions de gryffondor, évidemment, les grands vainqueurs des matchs de quidditch !
≡ sa baguette : bois de sorbier, avec pour cœur un crin de licorne, spécialisée en charme et d'une longueur approximative de vingt-huit cm.
≡ son patronus : un renard.
≡ son amortencia : uc.
MessageSujet: Re: this is my kingdom come. (ceinwen)   this is my kingdom come. (ceinwen) Icon_minitimeMar 12 Mar - 23:42


when the blood's run stale
ceinwen rees-gerrish & thaddeus appleby
« no matter what we breed we still are made of greed. »

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C’était à celui qui détournerait le regard en premier. Celui qui ferait s’affaisser les hautes murailles de sa suffisance face à l’autre, celui qui finirait irrémédiablement par plier genoux dans les feuilles mortes de la forêt de Dean. Ces violents affrontements battaient dans leurs veines depuis toujours, en une haine sempiternelle qui allait avec le cycle du temps, les changements de la lune, le jour/la nuit qui étendaient leur voile sur le monde : l’inimitié entre Ceinwen Rees-Gerrish et Thaddeus Appleby semblait écrite dans chaque parcelle du monde, dans les arbres qui les entouraient, le sol sous leurs pieds, l’air que leurs respirations silencieuses rendaient tendu, électrique. Sans se l’avouer, c’était à Thaddeus lui-même, que la fière sorcière blonde qu’elle était, devait son allure princière et imprenable, son visage fermé et impeccablement indescriptible – les frontières de sa conscience se dressaient, fières et droites en un mur impeccablement lisse, auquel le sorcier s’était maintes fois frotté déjà. Si longtemps, en ces longs mois d’existence entre parenthèse, prisonnière entre quatre murs tout aussi sombres et crasseux les uns que les autres, Ceinwen avait gardé le silence, comme destituée de tout sens de la parole. Sa liberté semblait lui avoir rendu sa langue, plus perfide et assassine que jamais : Thaddeus avait parlé, Thaddeus avait vécu à ses côtés pendant si longtemps qu’elle ressentait l’acerbe - délicat et indélicat à la fois – illusion d’être celle qui connaissait mieux que personne de quoi était fait son inconscient. Ou ses plus lourds secrets. Dans l’insondable espoir qui demeurait au fond de son esprit, elle avait eu l’instinct de construire avec soin le retournement de situation que sa libération finirait par orchestrer : maintes fois, elle avait imaginé Thaddeus traîné dans la boue par ses alliés à elle – puis, plus tard, par ses alliés à lui, Mangemorts se retournant contre l’imposteur né-moldu qu’il avait avoué être. Malgré elle, à cette haine, instinct de survie vivace qui la poussait à toutes les méfiances ce soir, sous la lune ronde et profonde de ce mois hivernal – se mêlait une pitié palpable, une empathie coupable qui avait, un fugace instant durant, pincé le fonds ténébreux de sa poitrine lorsqu’elle avait cru sentir souffler la culpabilité, une humanité quelconque dans la voix de Thaddeus se livrant corps et âme à elle. Elle – elle qu’il n’avait fait que dédaigner, dont il avait sauvé la vie sans même comprendre le pourquoi du comment de tels remords vivaces. Pourquoi elle ? S’il y avait bien une chose dont les Appleby s’étaient toujours targués, c’était leur fier lignage dégringolant branche après branche des familles les plus pures qui soient : ne pouvait-il guère trouvé dans ces sorciers si classieux et dénués de défaut une oreille à même d’être le réceptacle de ces telles révélations ? Il avait fallu que ce soit elle, rebelle, ennemie, farouche prisonnière silencieuse qui soit le refuge de l’infime part d’âme de Thaddeus – avait-il seulement été honnête avec elle, ou s’était-il joué des instincts sauvages de Ceinwen pour mieux la détruire ? Des jours qui avaient suivi ces aveux, la sorcière n’avait senti que la méfiance grandir en elle, accompagnée bien souvent d’une empathie faiblarde, qui la mènerait tôt ou tard à sa perte si elle s’y accrochait un tant soit peu. Et pourtant, dans la nuit sombre, scène de sa libération tant désirée, la née-moldue avait ressenti quelque chose l’enchaîner à ces lieux, Thaddeus, ou cette part de ce qu’il avait été cette unique fois, ce qu’il était, dans les tréfonds de son être, derrière la suffisance, la vanité glaciale propre aux Mangemorts, ou au statut de sang duquel on le désignait depuis toujours. Tout autant qu’elle avait essayé de se laver de se ressentiment, se repentir en livrant ce qu’elle savait à ceux qui en feraient bon usage, Ceinwen avait demeuré silencieuse, outrageant sans se l’avouer à elle-même sa loyauté, son appartenance de toujours à ceux qui l’avaient accompagnée, ceux qui l’avaient sauvée. Pour lui. Lui qui l’avait, peut-être, en une pensée folle perçant à son esprit, sauvée également – en un certain sens, une dette silencieuse les liant l’un à l’autre.

Ce soir, face à lui, Ceinwen osait presque croire que son silence était un remboursement pour la vie qu’il avait sauvée, il y a des mois de cela. Elle ne lui devait rien, rien d’autre que ce sur quoi ils s’étaient quittés à Poudlard, qui avait été alimenté dans la période de traque qui s’était initiée entre eux depuis le retour du Mage Noir : cette haine viscérale, peut-être bien un héritage qui ne leur appartenait pas. Ses instincts de toujours avaient vite repris leur cours avec la réalité du monde autour d’elle, les mois avaient passé, mais en quelques semaines de fuite déjà, Ceinwen avait retrouvé toute sa splendeur d’antan : il n’y avait que la fatigue de ses courses incessantes, ses yeux fatigués d’inspecter chaque zone puante du monde dans laquelle elle arrêtait ses pas qui entachaient sa beauté. Dans les cachots spécialement réservés pour elle par Appleby, de toute manière, elle n’avait eu que ça à faire, préserver son énergie et ses forces, survivre mais ne pas vivre. C’était l’instinct de survie, la vision d’un monde fait de noir et de blanc qui avait enfoui les remords de Ceinwen pour la faire avancer – l’once d’humanité qui avait poussé Thaddeus à trouver réconfort au creux de son oreille avait été balayée par les volontés inflexibles de la sorcière. Elle ne voulait pas, elle ne pouvait pas envisager dans un monde en guerre, l’existence d’êtres faits de nuances de gris, qui étaient des ennemis sans pour autant l’être complètement. Tous tuaient, tous massacraient sans vergogne non et tous, en levant leurs baguettes dans ces desseins, seraient punis en conséquence, le jour venant. Thaddeus ne devait pas, ne pouvait pas être différent de tous ceux à qui il avait juré loyauté et fidélité – leur statut de sang, paradoxalement, était la seule chose qu’ils avaient en commun, tout autant que ce savoir secret était l’unique lien qui rappelait à Ceinwen les longs mois de captivité qui venaient d’assombrir sa vie. Mais plus longtemps ils vivraient, plus ils oscilleraient dans cet équilibre précaire, sur ce fil tendu dans l’invisible de leur destinée commune ou à chacun – pourquoi ne faisait-il rien ? Elle au moins, avait le prétexte de ne pas maîtriser entièrement la baguette volée qu’elle avait en sa possession pour ne pas avoir fait le moindre geste, mais lui ? Lui dont elle attendait le moindre mouvement menaçant, fougueux ou agressif pour bondir et entamer une nouvelle part des éternelles hostilités qui les liaient. Leurs mots ne manquaient pas de se faire écorchures et attaques basses, lancées à l’adresse de l’un et de l’autre et pourtant, leur face à face aurait presque été plus évident, plus naturel avec pour adversaires leurs capacités magiques et leurs seules baguettes. Les mots, eux, s’infiltraient sous la peau avec plus de rage encore que les pires sortilèges qui soient mais ils se découvraient sur ça, tout aussi redoutables que pour le reste : elle le vit frémir d’une rage sans borne alors qu’elle prononçait sans honte ni crainte la triste vérité qui entachait de sang la ligne de vie, jusque-là si claire, si limpide de Thaddeus. Sang-de-bourbe – ils étaient pareils, et elle se délectait presque de le voir s’hérisser d’horreur à ces mots, dans une hargne dont elle avait si souvent été victime, des années durant. Sous la langue perfide d’Appleby, c’étaient ces sentiments rageurs, ces océans de haine et de perdition qu’elle avait ressentis lorsque ces mots avaient sifflé, de ses lèvres à lui jusqu’au creux de son oreille. Il avança d’un pas, se fit conquérant de l’espace qui les séparait et au combien son instinct lui disait le contraire, Ceinwen ne bougea pas d’un pouce, fermement ancrée sur ses pieds, droite dans toute son orgueil, lèvres serrées en une bouche close, n’osant rétorquer à l’inconnu qu’ouvraient ses attaques.

Une fugace seconde traitresse lui fit détourner le regard, son esprit s’accrochant à la baguette qu’elle avait en sa possession, qu’elle n’avait pas daigné dégainer rien que pour l’effet de surprise – elle voulait la sienne, celle dont on n’avait osé la déposséder qu’une fois qu’elle s’était retrouvée au sol, seule contre une infinité de Mangemorts, masqués par l’épaisseur de l’ombre qui les accompagnait. Que ce soit Thaddeus ou un autre ennemi encore, personne hormis elle n’avait de légitimité sur le bien qu’il gardait en sa possession – encore s’il avait le courage de la désarmer comme l’aurait fait n’importe quel sorcier digne, peut-être aurait-elle poursuivi sa route sans que ses remords, sa rancœur brûlante ne la rattachent à cette idée de brutale injustice. Tuer étrangement, c’était sûrement le temps de captivité qu’elle avait passé dans cette cave qui l’avait protégée de tels actes – c’était Thaddeus lui-même, en faisant d’elle sa compagnie forcée pour les premiers mois de cette guerre, qui l’avait protégée de la brutale réalité d’être une meurtrière. La mort était partout autour, son odeur pourrissait l’air, et c’était un luxe indéniable que celui de ne pas encore avoir utilisé la magie pour prendre une vie. Toute volonté de contredire le sorcier cependant, s’évanouit à la frontière de ses lèvres, sourcils froncés, regard assombri par ces grisants sentiments d’indécision, Ceinwen resta silencieuse, ses yeux inspectant chaque détail du pas qu’il venait de faire vers elle. Sauvage, insaisissable, elle aurait au moins aujourd’hui l’audace de préférer la mort à de nouveaux mois passés dans l’Enfer de l’impuissance. « Ne vas pas croire que ton subit nouveau statut de sang te fasse nous ressembler. Tu n’es en rien comme nous. Tu n’es rien, Thaddeus. » Son venin, sa haine, elle venait de les cracher, leurs regards clairs ancrés l’un dans l’autre. Il n’avait aucune légitimité de se voir comme né-moldu, comme ceux qui portaient la croix de toutes les souffrances de cette guerre, ceux qui fuyaient comme des malpropres, ceux qui étaient envoyés six pieds sous terre, à Azkaban ou entre les mains des plus fous des Mangemorts à cause d’un héritage qui n’était qu’à peine le leur. Il n’était qu’une brebis galleuse, perdue, seule au milieu de cette forêt – un cavalier solitaire, sans tête et sans âme qui ne trouverait plus sa place parmi ceux qu’il avait eu la folie de considérer comme sa famille il n’y a pas si longtemps encore. Ce ne serait pas parmi ceux qu’il avait tués, traînés dans la boue, détruits avec cette once de satisfaction au creux des entrailles qu’il trouverait asile – il était condamné à la solitude, à l’errance entre deux mondes diamétralement opposés qui ne voulaient rien avoir à faire avec l’âme pourrie qui siégeait au fond de son corps. Peut-être était-ce la subite proximité brûlante avec le Mangemort, l’incandescente sensation de sentir son regard la sonder avec plus d’intensité encore qui la fit s’acharner à se grimer d’encore plus d’assurance, lâchant un ricanement ironique, sans qu’une once de hardiesse ne se défasse de ses traits sculpturaux – pâles, dans la nuit. « Nous savons tous les deux que tu n’as aucun courage. Et c’est bien pour ça que tu es là, n’est-ce pas ? Seul, à essayer de faire disparaître les traces de ta trahison, à essayer de puiser en toi assez de lâcheté pour abattre quelqu’un en ayant sa baguette dans la poche. » Cette rencontre en plein bois ne l’étonnait guère, ce qui l’étonnerait serait d’en sortir en vie autrement que par ses propres moyens – ce n’était pas la générosité, ni même une affection de l’âme qui avait poussé le Mangemort à la garder en vie. Elle aimait appeler ça, un instant de folie, peut-être un pervers besoin de sentir se réduire l’existence de Ceinwen, sa conscience à l’état de néant avant de lui asséner le coup fatal. Le regard glacial de Thaddeus griffant sa peau avec acharnement lui supprima toute part de pensée, elle en frissonna - d’horreur, d’une révolte rageuse, les lèvres tremblantes comme si elle s’escrimait à ne pas laisser la moindre pique venir satisfaire cet air suffisant qu’il affichait. Et quand bien même elle aurait pu, montrer autant d’insensibilité à son regard que lui-même, il brisa au vol cette volonté, en quelques paroles à peine. Ni frisson, ni grimace véhémente ne perça ses défenses à jour, elle sentit simplement - derrière la protection de son corps fièrement dressé face à lui – son cœur manquer un battement, la culpabilité la ronger de plus belle. Ses traits se durcirent, mais ses épaules s’affaissèrent quelque peu et si elle ne lâchait pas le fond des iris de son adversaire, ses yeux traduisirent son désarroi à sa place. « Ne parle pas de lui comme ça. » Siffla-t-elle, mâchoires serrées à l’en faire mal. « Où est-il ? Qu’est-ce que tu sais ? » Le sang battait à ses tempes, avec la même rage qu’à travers chaque muscle crispé de son corps devenu de pierre. Sondant la profondeur des prunelles de Thaddeus, l’imprudence, la hargne l’empêchaient de ciller, d’esquisser le moindre geste, elle avait balbutié ces quelques paroles, presque sans aucune assurance d’apparat. Au milieu du vacarme de ses démons refoulés, c’était comme si rien n’avait d’importance, pas même tenir front à l’ennemi qu’il représentait.
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MessageSujet: Re: this is my kingdom come. (ceinwen)   this is my kingdom come. (ceinwen) Icon_minitimeMar 26 Mar - 17:13


sweet dreams
« sweet dreams are made of this,
who i am to desagree ? »


Le bruissement doucereux des feuilles n’apaisait en rien leur colère, leur aigreur, leur douloureuse envie d’en découdre. La haine. Il la sentait, tentait vainement de l’amadouer, pliait finalement les genoux sous cet indomptable fléau. Ceinwen. La simple évocation de ce prénom, quelques années plus tôt, n’aurait pas effleuré sa peau de la moindre sensation. Désormais, l’histoire était sensiblement différente, délicieusement autre. Cet affrontement était silencieux ; tout se déroulait dans les méandres de leurs prunelles. Jamais aucune haine ne fut aussi palpable, aussi démentielle. Bravement et ce, même en position de faiblesse, la née-moldue brandissait l’étendard de sa liberté. Arrogante, détestable, à peine frémissante. Serait-elle aussi hautaine si seulement elle savait ce par quoi son compagnon, l’homme auquel elle continuait visiblement à se raccrocher, était passé ? Une lente et douloureuse agonie. La mort avait été son salut final, son ultime revendication. Thaddeus l’avait su, il l’avait toujours su. Garalt. Son nom de famille lui avait échappé, seule sa relation intime avec Ceinwen avait retenu son attention. Un caprice, elle n’avait été qu’un vulgaire caprice. Le cœur du mangemort n’était en rien consumé par la jalousie, de fait ce n’était pas ce sentiment qui le poussait à se montrer hargneux et hautain. Evoquer l’amant de Ceinwen était une victoire dont il se délectait, dont il jouissait sans la moindre retenue ; bientôt, il verrait son interlocutrice sombrer, souffrir autant que lui avait souffert. Pourtant, malgré l’honnêteté dont il voulait faire consciemment preuve, Thaddeus savait que la douleur qu’elle ressentirait serait moindre comparée à celle qu’il ressentait perpétuellement. Elle méritait d’espérer la survie de son doux Garalt et, au moment où ses espérances atteindraient leur paroxysme, de découvrir sa mort. De se rendre compte que jamais plus elle ne pourrait enfouir son visage angélique dans le creux de son cou, lui adresser la parole, se blottir contre lui les matins où elle serait d’humeur chagrine. Elle l’avait perdu, à l’image de Thaddeus qui n’allait pas tarder à voir sa vie lui filer entre les doigts. L’un comme l’autre ne sortiraient pas indemnes de cette guerre. Cette attitude autodestructrice, dont ils faisaient constamment preuve, causerait inévitablement leur perte. Ils se tenaient en équilibre sur un fil, face à un univers qui s’embrasait chaque jour un peu plus. Pourquoi gardaient-ils la tête haute, ébranlés par une fierté démesurée, alors que personne n’était présent pour les juger ? Ce jeu, auquel ils s’étaient si souvent adonnés, n’arborait pas cette fraîcheur d’antan. Ils étaient si différents et, en même temps, si semblables que c’en était risible. Ceinwen était un fantôme de son passé, une forme intangible et lumineuse contre qui Thaddeus s’élevait. Dans l’intimité de cette forêt, leur affrontement arborait les allures violentes d’une lutte acharnée. Cette proximité, quoique raisonnable, amplifiait sensiblement l’intensité de leurs échanges. Ils agissaient comme deux moldus, privilégiant un dialogue inutile à la force de leurs coups. Thaddeus portait le blâme d’un tel comportement ; après tout, n’avait-il pas en sa possession la baguette de Ceinwen ? Une arme contre laquelle elle ne pouvait rien, contre qui elle ne pouvait décemment pas lutter ; malgré ses airs farouches, Ceinwen ne voulait pas mourir. Elle savait que Thaddeus n’oserait pas détruire ce qu’il a mis tant de temps, et d’ardeur, à protéger. Peu à peu, le mangemort se rendait à la triste évidence.

C’était une faiblesse contre laquelle il ne pouvait malheureusement rien. Ceinwen était sienne car, à bien des égards, elle lui devait la vie. Sans le savoir, sans même s’en rendre compte, elle lui appartenait. C’était à présent une certitude à laquelle Thaddeus s’accrochait désespérément ; cependant, s’il l’épargnait, en ferait-elle de même pour lui ? La voix chevrotante de Ceinwen résonna. Chaque mot qui franchissait ses lèvres rosées était une insulte. Dédaigneux, Appleby se redressa et sentit les traits de sa figure frémir sous l’envie impétueuse qu’il mourrait d’envie d’assouvir. Son père était de sang-pur, malgré sa traîtrise et ses nombreuses erreurs. Il avait élevé Thaddeus à son image, à l’image des nombreux membres de sa famille. Il avait modelé un moldu, il avait sauvé la vie d’un enfant qui était destiné à subir la cruauté d’une ségrégation. Tout aurait pu être différent. Son existence, si limpide, lui échappait. Ceinwen avait raison, malgré la grossièreté de ses dénonciations. Il n’était plus rien, victime d’un secret qui le dépassait et tiraillé entre deux idéaux extrémistes. Le venin de la née-moldue incendiait ses pommettes, seule teinte colorée qui subsistait en cette nuit d’hiver. Elle avait su de quelle manière le déstabiliser et force était de constater à quel point sa fougue le rendait irritable. Un son guttural, un ricanement d’outre-tombe, fit frémir la bouche de Ceinwen. Cruelle vipère se complaisant de la détresse de son compagnon, dénigrant sa lâcheté et son manque de bravoure. En un sursaut désagréable, Thaddeus esquissa un pas menaçant vers la fine silhouette de sa compagne. Pourquoi. Pour quelles sombres raisons avait-il ardemment désiré la protéger ? La réduisant ainsi à l’état d’animal, confinée au sein d’un lieu qui l’avait anéantie. En la sauvant, Thaddeus avait eu l’étrange impression de récupérer un semblant de l’humanité qu’il avait perdue, des années auparavant. Il n’était pas bon. Il n’était rien d’autre qu’un mangemort, un homme ébranlé par la sale besogne qu’on lui confiait. Un sorcier à abattre ; incessamment sous peu, il subirait le courroux dévastateur de son propre camp, tout en étant menacé par ces ahuris de l’Ordre du Phénix. Ceinwen ne lui ferait jamais confiance et, même s’il la dénigrait pour cela, il pouvait aisément le comprendre. Loin d’être altruiste, Thaddeus n’était pas de ceux qui cherchaient à se mettre à la place de ses compagnons. De fait, adhérer au raisonnement de la née-moldue était une entreprise compliquée qui risquait de le perdre à chaque instant. Enfin, Ceinwen laissa rapidement tomber les masques, sûrement poussée par l’amour – ou par tout autre sentiment – qu’elle portait à Garalt. Ses interrogations précipitées, anxieuses, firent trembler la lèvre inférieure de Thaddeus. Il avait l’exquise sensation de détenir le pouvoir ; une force qu’il ne tarderait pas à utiliser. Pourtant, le timbre de sa voix entrait en contradiction avec l’allure fière, débordante de suffisance, qu’elle arborait. Elle se contrôlait, elle se connaissait.

La commissure de ses lèvres s’étira en un sourire profondément mauvais, carnassier. Ses avant-bras se couvrirent de chair de poule ; une telle réaction de sa part ne résultait pas des bourrasques qui, à intervalles réguliers, agitaient la nature environnante. Il avait conscience d’être repris, comme possédé, par les démons qui l’avaient accompagné toute sa vie jusqu’à la mort de son père. Ceinwen était une échappatoire de choix, un moyen de déverser sa rage. C’était un combat qu’ils ne pouvaient pas gagner et pourtant ils s’y étaient engagés, se jetant corps et âme dans le combat. Se remémorant les derniers paroles venimeuses de Ceinwen, Thaddeus acquiesça paisiblement et inséra également sa propre baguette dans sa poche. Il écarta les bras, comme s’il souhaitait enlacer sa compagne – alors que celle-ci se trouvait à moins de dix mètres de lui – et arqua un sourcil interrogateur. « Et bien, qu’attends-tu ? Je pensais que tu allais te jeter sauvagement sur moi pour me remercier d’avoir rangé, son regard se posa un instant sur les deux bosses qui déformaient le tissu de son pantalon, ma baguette. » Ses bras retombèrent le long de son corps, ballants et inanimés. Il haussa finalement les épaules, comme conscient qu’une telle attitude de sa part – plutôt salace si on parvenait à comprendre qu’il n’était jamais réellement sérieux dans ses propos – ne les mènerait à rien. Non pas que leur conversation déboucherait sur quelque chose de pur, de délicat. Bien sûr que non. Leurs regards ne se lâchaient plus. Elle attendait, elle voulait savoir. Il le sentait. « Alors, viens. Frappe-moi, fais-moi parler. » Doucement, ses doigts glissèrent sur la poigne de la baguette de Ceinwen, l’enroulant d’une tendresse faussée. Il la sortit et, d’un geste leste du bras, la jeta aux pieds de sa compagne. Ce comportement suicidaire ne lui ressemblait guère et, pourtant, c’était ce dont il avait besoin. « Fais-moi souffrir. Fais-le et tu sauras tout à propos de Garalt. » Les rôles étaient inversés. Ceinwen avait le privilège d’agir comme un serviteur de Voldemort ; mais était-elle capable de saisir une telle opportunité ? Non. Faible, elle était faible. Lâche. Dénuée de la moindre audace. C'était plus qu'une certitude, c'était une vérité à laquelle la née-moldue ne pouvait pas se dérober. « Tu n'as qu'une chose à dire, une chose à faire. Ne me dis pas que tu as peur. » cracha-t-il avec dégoût, la voix vibrante d'une férocité qu'il ne pouvait pas contrôler.


Dernière édition par Thaddeus Appleby le Mer 17 Avr - 22:03, édité 1 fois
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Lee Jordan
Lee Jordan
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≡ son emploi : il est animateur radio pour la gazette du sorcier, section quidditch. il est actuellement en charge de "potterveille" la radio pirate de l'ordre du phénix.
≡ statut de sang : c'est un sorcier de sang-mêlé, qui a toujours été fier de l'être, et n'a jamais prétendu de rien.
≡ sa maison : les lions de gryffondor, évidemment, les grands vainqueurs des matchs de quidditch !
≡ sa baguette : bois de sorbier, avec pour cœur un crin de licorne, spécialisée en charme et d'une longueur approximative de vingt-huit cm.
≡ son patronus : un renard.
≡ son amortencia : uc.
MessageSujet: Re: this is my kingdom come. (ceinwen)   this is my kingdom come. (ceinwen) Icon_minitimeLun 1 Avr - 23:00


when the blood's run stale
ceinwen rees-gerrish & thaddeus appleby
« no matter what we breed we still are made of greed. »

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Monstre. Fauve. Les rancœurs, fruits d’imperturbables océans de haine, dardaient dangereusement les lèvres rosées de la sorcière. Serviteurs de leurs devoirs, d’un sempiternel héritage gravé dans la pierre, c’était ce qu’ils étaient, à se toiser de loin à la seule lumière de la lune, filtrant à travers les épineux pins qui les entouraient. Il y avait des feuilles ici, la neige glaciale et meurtrière qui annonçait le rude hiver qu’ils connaîtraient, d’ici quelques semaines : la scène de leur affrontement était ignorée du reste du monde, ils étaient tous les deux, îlots d’existence au milieu des ténèbres épaisses. Bien souvent, une telle intimité - bravant leurs statuts de sang, les différences qui les avaient toujours opposés, les avait rassemblés sous le même rayon lunaire, dans un même, unique regard : depuis qu’elle avait fui, ravivant le fou sentiment de liberté qui la poussait toujours à courir plus loin, elle niait toutes les vérités qui la liaient encore à Thaddeus. Le simple fait qu’elle soit encore en vie : l’esprit téméraire de la blonde s’acharnait à n’y voir là, qu’une trace supplémentaire pour dénoncer les pernicieuses torsions de l’esprit du Mangemort – il était fou, habité par un puissant désir de pouvoir, même au profit d’une brebis égarée, simple née-moldue qui aurait dû mourir, défaite de ses pouvoirs et de sa baguette. Absolument inutile, sans âme et sans contenance, elle avait été juste une poupée sans âme, fixant le sol ou les rares lueurs du jour qui filtraient jusqu’à elle ; silencieuse, dédaigneuse et solitaire, Ceinwen n’avait sûrement pas été la meilleure compagnie qui soit. Pourtant, elle était restée en vie, relativement protégée, malgré les sautes d’humeur de son bourreau ; les volontés qui l’habitaient parfois, les frayeurs inavouables qu’elle ressentait vriller son estomac, lorsqu’il se montrait plus imprévisible qu’à l’accoutumée. De son interminable captivité, dénuée d’espoir, elle n’en gardait que de trop vivaces souvenirs, que la simple présence d’Appleby face à elle suffisait à ramener au voile de ses paupières : elle se souvenait de l’odeur, d’humidité, de renfermé et de vieillerie qui avait fini par s’imprimer à ses narines, bien malgré elle. Elle se souvenait du froid, qui avait fini par la prendre de plus en plus au fil des semaines qui passaient, de la solitude, de l’épaisse rancœur qu’elle nourrissait pour cette condition, lui préférant, dans les pires moments, la mort quelle qu’elle soit. Ce n’était qu’aujourd’hui, en respirant l’air glacial de la forêt de Dean mourant sous l’hiver, qu’en sentant la brise lécher la chair de sa joue qu’elle se sentait en vie, bel et bien vivante, sauvegardée par la clémence de son ennemi affiché. Ce qui faisait qu’elle était encore sur ses pieds, face à lui, se tenant bravement, grâce à d’autres ressentiments que ceux dont elle se grimait, elle l’ignorait – les états d’âme de Thaddeus s’avéraient bien ténébreux, tout autant que les lourds secrets qu’il avait eu la folie de lui livrer. Qu’est-ce qu’il pouvait bien vouloir, à une sorcière en fuite et désarmée, si ce n’est s’en débarrasser pour de bon ? Ce n’est que lorsque le temps sembla se suspendre, l’air se réchauffer sous une honte grandissante que la née-moldue sentit ces pensées s’immiscer en elle – elle était encore en vie, désarmée (ou prétendant du moins l’être), face à son ennemi avéré, froide et fière. Restait son orgueil, outrageux et violent qui crachait sur cette pseudo compassion qu’il avait, cette incapacité dont il souffrait péniblement, d’être incapable de faire autre chose que jouer les paons avec sa baguette entre les doigts, il aurait dû la tuer, sûrement. Mais les questionnements intérieurs qui bouillonnaient au fond des prunelles de Thaddeus n’étaient que le cadet des soucis de Ceinwen, s’escrimait-elle à penser, pour faire taire, disparaître dans les confins de son ego, les piques de compassion qu’elle avait, elle aussi. Elle ne pouvait pas être bonne, exclusivement bonne en des temps pareils ; et à cet adversaire là, ce soir, elle ne pouvait que lui accorder sa pitié, sa misérable pitié plutôt qu’une quelconque marque d’affection pour l’infime part détestablement humaine qu’il lui avait fait miroiter.

Ce n’était qu’illusion : les Mangemorts avaient perdu leur contenance, leur âme, l’essence même de ce qui les rendait sorciers, fut un temps. Leur vie, après tout, était si noire et sèche – aride comme un désert, qu’ils étaient incapables de produire quelque patronus que ce soit : elle n’avait jamais douté que le grand sang-pur qu’était Thaddeus, se targuant avec fierté de ses origines falsifiées, soit incapable d’une telle magie. L’ironie du sort avait été belle à admirer, d’où elle s’était trouvée : de sa place de captive, elle avait vu la déchéance s’infiltrer sous la peau si blanche et si fine d’Appleby. Ses doutes, paradoxalement, elle avait été la spectatrice avisée qui les avait vus glisser jusqu’à son esprit ; peut-être était-ce ça, qui retenait sa main à elle. Les longs mois qu’elle avait passés en compagnie du sorcier semblaient presque avoir acidifié son verbiage, alors qu’elle sifflait des paroles tout aussi acerbes que les siennes à son adresse – assurances, auxquelles Ceinwen s’accrochait de toute la force de ses fins bras. Elle voulait y croire, ils étaient différents, deux opposés ne se trouvant aucune ressemblance, quelle qu’elle soit : il était détestable, mauvais, c’était inscrit dans son sang, dans… Dans elle ne savait plus quoi, au fond, son sang était celui de moldus, comme celui qui coulait dans ses veines à elle ; et insidieusement, il avait tout remis en question, la rendant fuyarde, sauvage à tout face à face avec ce haut mur d’incompréhension, de questionnements qu’il était. Si longtemps, elle avait pris pour acquises toutes les assassines pensées qu’elle avait eu pour lui, lui qui l’avait rabaissée, traînée dans sa boue en guise d’héritage sanguin qui alimentait son corps – il avait vécu, vibré, tué comme un Mangemort, un sang-pur perfide et sans doute pourri par la consanguinité. Et pourtant, il n’était en rien comme ceux-ci, paradoxe de l’histoire – ou seulement aux pensées de la sectaire Ceinwen. Le Mal, au fond, n’était peut-être qu’une histoire d’orgueil inculqué à travers d’autres héritages que celui du sang. Le trouble la happait, pourtant, les mots de Thaddeus lui apparurent comme clairs, aussi clairs que s’ils ricochaient sur un cristal lisse, laissant son souffle glisser jusqu’au creux de son oreille. Garalt. Ceinwen savait, Ceinwen avait su dès l’instant où elle avait quitté les murs froids de la demeure du Mangemort, il ne voulait pas qu’elle revienne pour lui, qu’elle se détourne de leur chemin tout tracé pour le retrouver : à Azkaban, ou à travers la mort. Ou peut-être était-ce parce qu’elle ne voulait pas savoir, parce qu’elle ne voulait pas affronter le regard de ses alliés, accrochée à la pensée que Garalt était mort pour elle, souffrant d’une dévotion qu’elle ne comprenait pas. C’était il y a des lustres, cette époque où elle avait été une jeune sorcière idiote, idéalisant l’homme qu’il était – elle l’avait compris à ses dépens, Garalt avait toujours été accroché au souvenir de ceux qu’il avait perdus, dans des desseins où elle n’avait jamais eu la place qu’elle aurait aimé avoir. Sous le regard incendiaire de Thaddeus, qui lui parut soudainement empli de reproches qu’elle était la seule à s’adresser, Ceinwen se sentit frissonner, impuissante et épuisée par ce masque de froideur qu’elle s’imposait. Sa vie tombait en lambeaux – sa vie était tombée en lambeaux, devenue que cendres. Dans cette cave pourrie, elle s’était accrochée à l’espoir d’être encore quelque chose, quelqu’un, pour le jour où elle sortirait de cet enfer noir et poussiéreux. Pourtant, elle avait découvert – pour répondre à ses plus grandes peurs – qu’elle n’avait été qu’une ombre, que les plus fous avaient poursuivi, en payant le prix fort, qu’elle n’était plus rien dans le cycle impitoyable des mois qui avaient continué de filer. Aujourd’hui, elle était une fuyarde, cherchant une vengeance auprès de personne hormis elle-même, poursuivant des fantômes pour ne pas, ne surtout pas se retourner sur les événements désastreux dont elle avait été le centre de gravité, sans pour autant avoir pu y faire quoique ce soit. Elle, elle aurait aimé pouvoir repousser Garalt de sa vie comme il l’avait fait, elle aurait voulu trouver le courage de lui dire de ne jamais faire demi-tour, jamais pour elle. Peut-être était-elle dénuée de ce courage qui l’avait toujours habité lui ; elle n’avait jamais su apprendre d’autrui, de toute manière, peut-être trop orgueilleuse pour ça. Thaddeus semblait être son juge, alors que son front barré affichait le trouble dont elle était victime, les démons qui se réveillaient en elle, rugissant des vagues et des vagues de reproches – pas envers lui, ni envers le monde.

Il ne lui restait que son arrogance pour tenir debout, cette haine dont elle s’était si souvent nourrie. Pour survivre, face à Thaddeus, pour avancer dans l’ombre grandissante de cette forêt sauvage. Ses lèvres frissonnantes sous un empressement la glaçant jusqu’à la moelle, Ceinwen finit par serrer les dents, se faisant brave face à la présence, l’omniprésence dérangeante du Mangemort, alors qu’elle se sentait plus nue, plus désarmée que jamais. L’habile Ceinwen, au venin si assassin en était réduite à l’état d’une feuille tremblante sous la nuit. Devant la pressante stature de Thaddeus – qui semblait désormais être un conquérant ayant grignoté peu à peu la distance qui les avait séparés jusque-là, elle détourna le regard un instant, fuyant la vision de son ennemi, bras écartés, visage gravé par une pure jouissance ; il avait sûrement eu ce qu’il voulait, habile qu’il était à trouver les failles qu’elle n’était qu’incapable de cacher. Sans doute qu’il en savait bien plus qu’elle sur le sort de Garalt, ce qu’il était devenu, s’il était même encore en vie. Il y avait les parts affligées de Ceinwen, celles, toujours et à jamais attachées à cet ami fidèle et loyal, qui ne voulaient pas savoir, quelles circonstances l’avaient faite se détourner de lui, sans honte ni pitié. Il rangeait sa baguette – elle manqua de siffler, haineuse, que l’impertinence avec laquelle il agissait lui passait bien au-dessus. Elle n’en fit rien. Muette, elle se contenta de le toiser de la profondeur de ses prunelles si claires et braves, en comparaison de tout ce qui se cachait derrière ces murailles glaciales, qui s’entrechoquait avec force. Mais sans même qu’elle ne s’en rende compte, son souffle s’était suspendu aux moindres gestes du sorcier face à elle ; lionne sauvage et prudente à la fois, elle l’observait agir, hausser les épaules, l’éclat rieur au fond des yeux. Une volute blanchâtre s’extirpa d’entre les lèvres frissonnantes de Ceinwen ; elle tentait – vainement – de calmer les battements précipités de son cœur, ne se rendant qu’à peine compte, du fait que tous les muscles de son corps étaient crispés – se préparait-elle seulement à lui bondir dessus sauvagement, ou à prendre ses jambes à son cou face à toute la réalité qu’il lui éclatait en plein visage. Elle voulait savoir. Elle voulait fuir, plus que jamais, étrangement. « Tu ne seras capable que de m’offrir des mensonges. » Lâcha-t-elle avec amertume, feignant un sourire bien peu convaincant, alors que déjà à peine né, il se mourait à la commissure de ses lèvres. A l’affut, elle se remarqua malgré tout faire un pas, se retenant de déjà faire marche arrière. Le frapper aurait été, en d’autres circonstances, une possibilité de choix à laquelle elle ne se serait jamais refusée – mais Thaddeus respirait, non transpirait l’arrière-pensée perfide. Si ses pensées restaient accrochées au souvenir de Garalt, il n’empêchait aux instincts de la sorcière de rester méfiants face à l’attitude soudainement pleine d’assurance qu’il dégageait : c’est en masquant cette pointe de surprise, piquant ses nerfs à vif que la sorcière accueillit sa baguette, l’entendant tomber juste devant ses pieds, sous le geste excessivement négligeant de Thaddeus. Avec cette apathie dont il se jouait, il avait initié une nouvelle guerre des nerfs, qui faisait s’entrechoquer et les pensées et les ressentiments de Ceinwen : il y avait l’astucieuse Serdaigle, qui ne clignait même plus de l’œil, inspectant avec attention la moindre attitude frôlant le visage de son vis-à-vis. Et puis il y avait Ceinwen la faible, l’idiote qui s’était sentie frissonner dès l’instant où elle avait senti le regard doucereux de Garalt se poser sur elle pour la première fois. Celle-ci fut simplement mise à mal, par le nom de son ami sifflé avec toute la véhémence du monde par Thaddeus – elle esquissa une fraction de geste, démesuré et imprudent vers lui, se retenant au dernier instant de lui sauter à la gorge. « Dis-moi ce que tu sais. » Souffla-t-elle en une amère litanie, entre ses dents serrées, sans avoir commis le moindre geste vers l’une des deux baguettes en sa possession – elle était différente de lui, meilleure, meilleure que lui et ses compatriotes assassins qui semaient le chaos partout où ils allaient. Elle valait mieux que ça - mieux que ça. Il le savait. Avec toute la véhémence du monde, elle attarda longuement son regard sur l’allure jubilatoire qu’il affichait face à elle ; il se délectait indéniablement du trouble indélicat qu’il avait fait naître en elle, de l’épais conflit qui habitait son esprit tout entier ; qui se traduisait ouvertement à travers l’électricité crispant, fracturant chacun des muscles de son corps.

La clairvoyance la prit, au milieu de la bataille sans fin de ses songes ; les traits de son front s’atténuèrent. Les dents plantées dans la chair intérieure de sa joue, Ceinwen laissa une futile seconde de flottement alléger l’air autour d’elle, feignant de courber l’échine vers sa baguette, ne l’ayant pas encore gratifiée d’un regard. Elle se stoppa, se redressa dans le même mouvement qui lui servit à tirer sa baguette volée, la pointant en direction du Mangemort pour lui renvoyer la faveur dont elle avait été victime, il y a quelques minutes à peine. Confundo – le sortilège le frappa, lui, en pleine face ; pour avoir trop souvent déjà croisé le fer avec la sorcière, il l’avait toujours sue aussi vive et féline, prévisible tout autant qu’imprévisible. C’était bien ce qu’il attendait d’elle. Profitant de l’impuissance momentanée de Thaddeus, elle ramassa sa baguette, la retrouvant avec un délice non feint, rictus s’imprimant sur son visage alors que les rôles semblaient dramatiquement inversés. Il avait toujours sa baguette en sa possession, lui, et à l’instant de faire les quelques pas la séparant de son assaillant, Ceinwen n’avait nullement l’intention de l’en priver – qu’il appelle ça stupidité, ou soupçon d’honneur, elle s’essayait à lui laisser ses chances, si tant est qu’il veuille les saisir. La baguette pointée dans la direction de son ancien bourreau, cependant, elle transpirait les volontés farouches en toisant celui d’eux deux qui se retrouvait à présent à bouffer des feuilles. « C’est ce que tu attendais, n’est-ce pas ? » Elle se stoppa à quelques deux mètres de lui encore, hors d’atteinte de toute attaque sans baguette, à l’affut du moindre geste qu’il engagerait en direction de cette fameuse poche receleuse de bien des trésors. Les Mangemorts devaient, depuis le début de cette guerre, avoir amassé de sacrées collections de baguettes, à n’en pas douter. Ces pensées pourtant étaient loin de l’esprit de la sorcière, alors qu’elle touchait, caressait du doigt le privilège ou même l’infime possibilité d’approcher vengeance – ou d’effleurer l’espoir de rendre à Garalt, tout ce qu’il lui avait donné jusque-là. Qu’est-ce que tu sais ?, elle hésita une infime seconde à se répéter, avant de serrer les lèvres pour ne pas dire le moindre mot – il ne dirait rien, et cette attitude ne ferait que la lancer plus encore dans le périlleux chemin devant lequel il l’avait ouvertement amenée. Qu’est-ce qu’il pouvait bien chercher ? Un petit combat à la baguette, histoire de la tuer dans les règles de l’art ? Ou à prouver quelque chose, quoique ce soit qui flouerait plus encore la frontière entre eux deux, entre les Mangemorts et ce qu’elle prônait être ? « Qu’est-ce que tu veux ? » Lâcha-t-elle dans un souffle, prise au dépourvu malgré elle. Oscillant d’un pied à l’autre, elle manqua de baisser la garde, son bras tombant quelque peu, avant que la crispation de ses membres ne la rappelle à l’ordre. Si souvent, entre eux deux, s’étaient livrées des joutes verbales, des joutes d’esprit qu’elle ne savait qu’à peine où elle en était. Elle était là, dans la forêt, en position de force, ses doigts fièrement serrés autour de sa baguette – les mains mouettes, l’échine tremblante et l’esprit perturbé par tant d’ordres contradictoires qu’elle pourrait en avoir le vertige. Mort, il ne lui servirait à rien, hormis à se protéger du seul assaillant qui savait qu’elle était en vie. Mais vivant, il restait une indéniable menace, pour elle ainsi que pour tous ceux qu’elle se croyait défendre. « Tu ne peux pas vivre avec la culpabilité d’avoir tué ton père ou avec la peur qu’un jour, tes propres alliés se retourneront contre toi, dis-moi ? » Sa voix était incisive, tranchante, valsant au bord du gouffre de cette patience impénétrable dont elle continuait de se targuer. « Tu attends quoi, tu n’as pas de baguette ?! » Il l’usait, et ça marchait si bien qu’elle s’en maudissait silencieusement. Le menton hésitant, les mains moites, elle se perdit à nouveau au fond des yeux d’Appleby, qui ne s’était pas encore même redressé. Il jouait avec elle, il la poussait à bout. Loin, si loin, elle accourait, elle hurlait, elle bataillait avec elle-même. Qu’il souffre, qu’il paye, qu’il parle – elle ne savait pas ce qu’elle attendait de lui, ce qu’il attendait d’elle. La bile au bord des lèvres, le feu de sa rage la consumant, Ceinwen rompit les derniers mètres la séparant du Mangemort – de la force de ses bras fins et frêles, de sa haine pour lui, elle le repoussa au sol, à ramper dans la neige avec toute l’impuissance dont il s’amusait à l’instant précis. « Je ne suis pas comme toi. » Elle s’était écartée de quelques pas en arrière, pointant à nouveau sa baguette en direction de Thaddeus – comme si elle attendait une réaction de lui, au milieu de cette absence de quoique ce soit venant de lui. Une dette pour une dette, elle se plut presque à se croire quitte de cette inavouable redevance qu’elle avait envers le Mangemort, pour quelques secondes à peine ; et que leur restait-il, maintenant ?
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MessageSujet: Re: this is my kingdom come. (ceinwen)   this is my kingdom come. (ceinwen) Icon_minitimeMer 17 Avr - 22:02


make a sound
« do you think i'm special ?
do you think i'm nice ? »


Elle était en vie. Ceinwen se tenait là, sur ses deux jambes, orgueilleuse et déstabilisante. Grâce à lui, Thaddeus. Evidemment, elle semblait l’avoir oublié. Sa haine ne pouvait toutefois qu’être justifiée car, malgré tout, le descendant Appleby restait un mangemort. Un ennemi des nés-moldus, un misérable sbire de Lord Voldemort. Tout ce que la jeune femme exécrait. Elle pouvait aisément le réduire en cendre, il ne se défendrait pas car cela signifierait l’avancée de Ceinwen dans son univers. Son cœur s’assombrirait, rongé par les ténèbres et cette douloureuse culpabilité. Elle le haïssait, c’était un fait, mais le tuer ne l’avancerait à rien. Il ne la craignait pas. C’était réciproque, délicieux, intense. Pourtant, son regard azuré insistait ; il voulait la voir endosser son rôle de tortionnaire, prendre les rênes de cette situation qui n’avait que trop duré. Elle n’en serait pas capable. Derrière son comportement farouche, elle restait faible. Le blaireau n’était rien face à l’aigle. Thaddeus se délectait de cette faiblesse à laquelle il ne pouvait prétendre, depuis qu’il s’était découvert l’existence d’une conscience. Il l’avait retrouvée dans l’unique but de l’achever mais, en y réfléchissant, la mettre plus bas que terre lui semblait être une juste perspective. Il n’était pas – plus – capable de détruire le fruit de ses expériences, de cette longue captivité. Il s’était accroché à Ceinwen comme à une bouée de sauvetage mais, par Merlin, à quoi avait-il songé ? La née-moldue n’avait eu d’autre but que celui de s’enfuir et ce, depuis le début de son « emprisonnement ». Thaddeus l’avait vue comme une sorte d’invitée, force était d’ailleurs de constater qu’il avait fait l’erreur de s’y méprendre. Ceinwen ne lui avait jamais été reconnaissante – alors qu’il avait risqué bien plus que son honneur en lui trouvant refuge au sein de sa cave. Les secrets qui avaient passé la barrière de ses lèvres avaient flirté avec les oreilles de la née-moldue – évidemment, cela n’avait été qu’une pure folie que Ceinwen n’avait pas jugée bon d’oublier. Les confidences de Thaddeus étaient marquées au fer rouge. Rien, pas même un sortilège d’amnésie, n’était susceptible de lui faire oublier ce qu’elle avait entendu. Elle ne l’avait pas dénoncé. C’était un fait auquel il s’accrochait férocement et pourquoi ? Qu’attendait-elle ? Elle pouvait lui enfoncer la tête sous l’eau et le regarder se débattre, leur relation houleuse atteindrait alors son paroxysme. L’extase ultime, le délice d’une mort affreuse dont elle serait l’investigatrice. En l’honneur de Garalt. Cette pensée lui arracha un bref sourire goguenard ; il n’avait pas participé à l’assassinat de ce type et, d’après ce qu’il avait entendu, il était mort car il avait failli estropier l’un des mangemorts en se défendant. Brave homme jusqu’à la fin. Thaddeus n’était pas homme à s’attendrir sur le sort de son prochain, qui était l’un de ses opposants en l’occurrence, et ce, même s’il pouvait aisément déceler la peine de Ceinwen sur les traits chiffonnés de son visage. Elle trouvait encore le courage de se lever, de se battre. Inutilement ? Sûrement. Les sbires de Voldemort se comptaient par centaines. Force était de constater que les nés-moldus étaient plus rares que les mangemorts. Ceinwen n’avait aucune chance de s’en sortir vivante ; et, ironiquement, Thaddeus non plus.

Ils étaient liés l’un à l’autre. Cette relation n’était ni tendre, ni physique, ni concrète. Ils ne se dressaient pas sous le même drapeau. Mais ils étaient là, ensemble. Menacés par la même force. Ceinwen avait raison ; la seule chose qui les différenciait était l’aptitude à tuer. Lui offrir que des mensonges ? Thaddeus haussa les épaules, affable. Seul son orgueil lui permettait de tenir debout. Ce qu’elle pensait, ce qu’elle redoutait… ce n’était pas son problème. Il ne se sentait pas concerné par les troubles qui jalonnaient quotidiennement son corps fébrile. Il en tirait toutefois une profonde satisfaction. Il jouissait de sa peine, de son aigreur, de sa capacité à l’agacer plus que de raison. Ceinwen. L’intouchable. L’inestimable. La jeune fille aux mèches dorées, à la peau d’opaline. La sang-de-bourbe. La baguette de la jeune femme tomba à ses pieds. Elle n’esquissa pas le moindre geste. Les lèvres frissonnantes de Thaddeus s’entrouvrirent dans l’attente d’une réaction de la part de la née-moldue. Quelle réaction, ô oui, quelle réaction. Il l’attendait, la guettait, se délectait par avance de cette saveur doucereuse. Finalement, elle lui quémanda des réponses. L’amertume transcendait ses paroles. Ingrate. Le mangemort secoua lentement sa tête de droite à gauche. Le jeu ne pouvait pas se dérouler ainsi ; elle devait le faire parler. Par la force. Se croyait-elle dans un salon de thé ? Alors, elle n’avait certainement pas assez souffert. Ils refusaient leurs similitudes ; ils étaient différents. Si les choses avaient été différentes, que ce serait-il passé entre eux ? Qu’auraient-ils été l’un pour l’autre ? Un vague frisson parcourut sa colonne vertébrale. A cette question, il ne pouvait apporter aucune réponse. Pas la moindre. C’était frustrant mais inévitable. Ceinwen était une femme à laquelle il n’avait jamais pu s’attacher – c’était l’idée à laquelle il s’accrochait férocement. Fausse ou vraie, il n’en avait cure. Ils se haïssaient. Depuis leur première rencontre, les choses étaient allées de mal en pis. Pour quelle foutue raison devraient-elles dorénavant changer ? Lorsque Cenwein fit mine de se pencher vers sa baguette subtilisée, brandissant finalement l’embout d’une autre vers son assaillant, Thaddeus n’esquissa pas le moindre mouvement défensif. Au contraire, on aurait pu penser qu’il écartait les bras, de sorte à recevoir le sortilège de sa suppliciée. Il ne se fit d’ailleurs pas attendre. Aussitôt, la jeune femme lui retourna les faveurs dont elle avait été la victime. La puissance de son sort le déstabilisa, le recevant malheureusement en pleine face. Un grognement rauque passa ses lèvres alors qu’il vacillait, en proie à une profonde confusion. Il peinait à rester debout et, en se sentant partir, il s’écroula à genoux dans la neige. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre contenance – ce fut largement suffisant à Ceinwen pour s’emparer de sa propre baguette. Ses paupières battirent alors qu’il reposait son regard sur la silhouette frêle de la jeune femme. Que désirait-il d’elle ? Il ne le savait pas. Il n’était plus capable de réfléchir, saisi par une impatience désagréable qui était née dans son ventre. Sa bouche étouffa un nouveau grognement. Il se releva lentement, les mâchoires crispées et les paupières closes.

Les mots de Ceinwen sifflaient près de ses oreilles, s’infiltraient dans ses veines. Ce poison mortel qu’il ne pouvait se résoudre à détruire – elle ne méritait pas de vivre. Tant de paradoxes, de contradictions. Il s’était perdu dans ce regard, face à cette personne qui l’écœurait. Ses injures étaient incisives, farouches. Rapidement Ceinwen parcourut les deux derniers mètres qui la séparaient de Thaddeus et, par la maigre force de ses bras, le poussa. Il ne résista pas. Ses genoux heurtèrent le sol en un bruit mat. Elle recula de quelques pas, la pointe de sa baguette toujours rivée vers son opposant. Le mangemort se sentait partir. Ses membres frémissaient, tremblaient de manière telle qu’il n’était pas en mesure de se contrôler. Sans prendre la peine de se relever, il se redressa et posa son regard sur la jeune femme. La fraîcheur environnante lui faisait dire qu’il était encore en vie – ou peut-être était-il en enfer. Cela n’aurait pas été étonnant. Ses mèches sombres, noires d’ébène, étaient humides et constellées de neige. Elle n’oserait jamais le tuer – non, elle n’oserait jamais. Sa lâcheté, son errance interminable. Rien ne lui permettait d’assassiner son bourreau, celui qui s’était pourtant évertué à la maintenir en vie. Il sentait la présence protectrice de sa baguette dans l’une de ses poches. Il n’avait qu’à faire un geste, un seul geste, et Ceinwen ne serait plus que poussière. Tout ce qu’il souhaitait, tout ce qu’il redoutait. Son regard se fit froid, droit, intense. Comme s’il cherchait à sonder l’âme de sa vis-à-vis, allant au-delà du fait qu’il se trouvait en présence d’un résidu d’humanité. Tout comme lui. « Garalt est mort. » En voulant te sauver. Il se garda bien de rajouter cette hypothèse car, après tout, ce n’était qu’une innocente spéculation. Un fin soupir passa ses lèvres. Il posa son regard vers ses paumes, songeant aux nombreux décès dont elles avaient été les investigatrices, avant de le reporter vers la née-moldue. Son alter-ego, son âme sœur ? Foutaises !, avait-il eu envie de s’exclamer alors que bon nombre de qualificatifs commençaient à taquiner son esprit soucieux. Le cœur battant, il sentait ses tempes pulser. « Je t’interdis de parler de mon père. » cracha-t-il avec véhémence, chat furieux de s’être fait prendre à son propre piège. « Tu ne sais pas ce que c’est que de vivre comme je le fais, Ceinwen, tu ne sais rien. Foutrement rien ! » Il secoua alors la tête, relevant péniblement un genou. Et puis un autre. Il se mit debout, les jambes encore vacillantes. Seul son regard était franc, clair. La portée du sortilège de la jeune femme avait laissé des séquelles qui ne tarderaient pas à se dissiper. « Tu es comme moi. » Surpris par une telle révélation, qui s’échappa de sa propre bouche, le mangemort sentit ses organes se liquéfier. Il eut l’impression de prendre une douche froide. Parce qu’il savait, oui, il savait qu’il ne mentait pas. « Je te hais. Je veux - » sa voix, frémissante d’indignation, devint brusquement rauque « te tuer. Mais j’en suis incapable. » La saveur âcre de cette énième vérité lui brûla les lèvres. Sa langue se mêla à cet étrange breuvage. D’un geste vif du bras, il saisit le poignet de Ceinwen afin de diriger sa baguette vers le ciel. De l’autre main, il enserra sa gorge. Fragile, inoffensive. A l’instar de leurs corps, il rapprocha son visage du sien, son regard azuré planté dans le sien. Ses doigts se contractèrent malgré lui. « De toi, je ne désire rien d'autre que la souffrance. » Etait-ce seulement vrai ? L’avidité se lisait dans ses prunelles et se sentait dans la crispation de ses traits. Il ne lui restait plus rien ; hormis la présence d’esprit de ne pas se lamenter, attendant patiemment le jour où Cenwein lâcherait des informations compromettantes à son propos. Elle causerait sa perte. C’était assuré.
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Lee Jordan
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MessageSujet: Re: this is my kingdom come. (ceinwen)   this is my kingdom come. (ceinwen) Icon_minitimeLun 22 Avr - 1:22


when the blood's run stale
ceinwen rees-gerrish & thaddeus appleby
« no matter what we breed we still are made of greed. »

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Les frontières qui séparaient, à l’esprit de Ceinwen, les questions exigeant des réponses et celles qu’elle cherchait à fuir plus que tout, s’avéraient plus que jamais sinueuses et rocailleuses, déchirées par les dents d’une mer impitoyable qui s’acharnait à éroder la surface de ses assurances. Ceinwen savait, un coin de son esprit soignait précieusement la réponse à ses lascifs questionnements – elle n’avait pas besoin de Thaddeus et de ses paroles assassines pour savoir, comprendre le mécanisme impitoyable de mère nature. Ou de cette guerre, dont les desseins seuls étaient d’arracher à ceux qui ne le méritaient pas, tout ce qui constituait une raison de survivre : leur espoir, leur liberté, avant de lentement mais sûrement les défaire de tout ceux qu’ils aimaient, puis des illusoires conforts matériels dont ils n’avaient cure, en des temps pareils. Depuis le jour où elle était sortie, depuis qu’était parvenu à ses oreilles la condition de Garalt, une partie d’elle ne pouvait s’empêcher de vibrer sous un malheur glacial. Garalt est mort – répétait-elle sans cesse, cette voix meurtrières, aussi aiguisée qu’une lame de rasoir se fichant entre ses côtes, creusant, creusant son sillage jusqu’à son cœur. Il palpitait vainement, luttait à toute allure pour tenter de s’échapper de son poitrail et fuir la meurtrière qui venait jusqu’à lui. Elle ne voulait pas écouter les violents instincts qui vibraient au fond de ses entrailles : c’était impossible, pas ici, pas maintenant. Pas sans elle. Au début de cette guerre, ils s’étaient pourtant liés d’un accord tacite et silencieux, les engageant dans la même voie, quitte à ce qu’ils connaissent, ensemble, le même sort funeste. L’avait-elle déserté pour autant ? Thaddeus Appleby était rentré en ligne de compte, lui et les impitoyables choix qu’il avait fait pour Ceinwen. Incompréhensibles choix, maintenant plus que jamais, alors que le vent glacial de l’hiver parvenait à se faire un chemin sous la peau de la blonde – alors qu’il soufflait avec rage, gelant chaque fibre de son corps. Elle voulait mourir – mourir si vide de substance, si vide d’intérêt. Elle aurait voulu crier, lui hurler de se taire, le torturer des pires maux qui soient, lui briser le cœur avec la même rage que ce que ses mots avaient suffi à faire. Mais rien, rien ne pourrait approcher un tant soit peu l’acerbe sensation qu’elle ressentait à l’instant précis : elle ne respirait plus, elle ne vivait plus – sans doute, sous ses chairs, son cœur s’était-il arrêté de battre, ouvrant grands ses bras à la lame assassine de la réalité afin qu’elle mette un terme à ses souffrances. Leurs souffrances, sûrement. En étaient-ils liés à ce point, pour vibrer sur une même longueur d’ondes, sans que ce ne soit pour les mêmes raisons ? Ceinwen détestait tout ce que sa captivité impliquait, tout ce qui la reliait à Thaddeus. Sa survie – elle lui devait d’être en vie, à savoir la pire torture que lui imposait le monde ; d’aucun doloris, d’aucun sortilège aussi inventif soit-il ne pourrait égaler. Jamais. C’était le gouffre d’une solitude sans fond, le désespoir de n’avoir rien en ce monde qui la laissait hagarde, silencieuse, la lèvre tremblante, bien que le corps paralysé de la tête aux pieds. Imprudente, un mouvement léger lui avait fait abaisser la baguette de quelques centimètres à peine, son monde s’était arrêté aux paroles véhémentes de son vis-à-vis. Garalt était mort, il était un bruyant tortionnaire l’écho qui n’avait de cesse de répéter ça dans son esprit – le murmure était devenu un hurlement, un insupportable hurlement. Lancinant.

Il la mènerait à la folie, un jour peut-être – ça ou la culpabilité qu’elle ne cessait déjà de ressasser. Pour Garalt elle n’avait été rien d’autre que la jeune sorcière sur laquelle il avait veillé : aujourd’hui encore, elle, ne savait pas de quels attributs elle pourrait le qualifier lui. Protecteur, frère, mentor ; avait-ce vraiment une importance ? Elle n’osait imaginer où sa dépouille avait pu atterrir – là où la sienne aurait atterri si Appleby avait été assez généreux pour lui offrir la mort. Dans une fausse commune, un trou creusé à la sauvage au milieu d’une forêt dont ils ne se souvenaient pas du nom, un bûcher… Les us et coutumes des Mangemorts lui échappaient – ils étaient simplement barbares, tout juste bons à tuer et à détruire des vies. C’était à peine si elle osait toucher du doigt l’idée qu’ils aient pu lui offrir la décence d’une quelconque sépulture : peut-être l’avaient-ils laissé pourrir dans les feuilles, sous la pluie et l’impitoyable couche de neige qui était tombée tout cet hiver déjà. La tuer. Elle ne réagit qu’à peine d’une œillade lorsqu’elle entendit ces paroles couler sur elle. Plus rien ne l’atteignait, pour cette fraction de seconde, interminable pourtant, lors de laquelle elle avait le sentiment d’avoir perdu pied, de littéralement couler dans les méandres les plus profonds d’un océan glacial. C’était l’emprise de Thaddeus sur sa vie ça, le manteau meurtrier qui l’avait épargnée elle, mais qui l’avait destituée de tout ce qui avait fait sa vie. Autrefois – à une autre époque qu’elle ne touchait plus qu’à peine du doigt, un lointain souvenir qui ne resterait qu’ainsi, peu importait la destinée du monde à présent. La guerre avait eu raison de tout, elle avait tout soufflé sur son passage, de l’impétueuse sorcière au répondant venimeux, à la femme capable d’aimer d’une bien étrange façon. L’avis du Mangemort sur son histoire avec Garalt avait bien peu d’importance, ils n’avaient pas été amants, n’avait-elle sans doute jamais été amoureuse de lui – c’était plus, c’était au-delà, assez électrique pour qu’elle se sente avoir perdu toute contenance, maintenant qu’il n’y avait plus d’échappatoire face à la réalité. Maintenant qu’elle savait bel et bien, que son être et son esprit, son âme toute entière n’étaient que reliés à un cadavre – mort pour elle. Mort parce qu’elle s’était faite prendre par Thaddeus. Thaddeus, encore Thaddeus. Quelle était cette chose détestable en elle, ce coup du destin qui lui faisait irrémédiablement croiser le destin de cet être-là ? Et alors qu’elle avait ressenti pour lui assez de compassion et de pitié pour prolonger son sursit, il avait su, il avait toujours su la sombre destinée que ses semblables avaient réservée à Garalt. C’était comme un sentiment de trahison qui pointait à elle alors que cette idée griffait vivement son esprit – il l’avait trahie. Mais il était un ennemi, en toute logique la chose n’aurait dû qu’à peine la surprendre. A quoi bon ? Elle ne résista qu’à peine lorsqu’il enserra vivement son poignet, appliquant la prise de son autre main autour de sa fine gorge. Incapable – était-il incapable de la tuer ou de mettre fin à cette vie dont elle ne voulait plus ? Dont chaque souvenir n’était plus qu’amertume ? Pensait-il vraiment qu’elle le remercierait pour la bonté dont il croyait faire preuve ? A quoi bon vivre, si ce n’était pour être liée qu’à lui, cet être qu’elle détestait au point de sentir ses entrailles remuer d’horreur juste devant lui, alors que leurs regards se croisaient. Il la dégoûtait, il s’était joué d’elle, il lui avait menti ; sans doute lui avait-elle, un jour, rendu la pareille : mais l’existence même de Thaddeus semblait vouer à détruire la sienne de part en part. Etait-ce dont ça, un sadisme de la part du Bon Dieu qui les faisait sans cesse se croiser ? Qu’ils en finissent une bonne fois pour toute, qu’il lave sa réputation de sang-de-bourbe secret, enterre son cadavre dans cette forêt ou le laisse pourrir au milieu des feuilles dans lesquelles ils avaient si souvent rampé.

Mâchoires serrées, la veine de sa gorge palpitant contre la main du sorcier, elle sentait son souffle lui manquer, à peine répondre à celui du Mangemort, qui, saccadé, glissait contre la peau de sa mâchoire. Il respirait le même air qu’elle, était insufflé de la même haine qu’elle – peut-être étaient-ils bel et bien les mêmes, mais ils avaient choisi des voies différentes ; et lui non plus, ne pouvait même pas commencer à soupçonner ce que c’était de vivre comme elle le faisait. Délicatement, comme si elle cherchait à ancrer cette ultime image à son esprit, à croire qu’elle s’accrochait sans ciller aux décisions du Mangemort, Ceinwen laissa ses azurs longuement analysé le visage qui lui faisait face. De si près : le carré de sa mâchoire, le rosé de ses lèvres, cet épiderme qui paraissait blafard sous les rayons de la lune, et ces mots s’échappant de sa bouche, son souffle toujours plus oppressants – il était un monstre à l’esprit affuté, qui avait revêtu l’image diabolique et charmeuse, d’un homme ; tout disait qu’il était humain autant qu’elle, sorcier, assez vivant pour la faire vibrer d’intensité, assez maléfique pour lui inspirer l’horreur. Ce n’est qu’enfin que son regard trouva les iris de Thaddeus – ces yeux, elle les connaissait si bien, d’un bleu si profond qu’elle pourrait s’y perdre si seulement elle pouvait y saisir l’illusion d’une échappatoire au monde réel. Bien souvent, avec dédain, elle l’avait toisé en le fixant au plus profond de ces prunelles, n’y distinguant ni pitié ni âme ; longtemps, elle avait eu le sentiment de ne rien y saisir, mais ce soir, elle eut presque la sensation désagréable d’y trouver le reflet de sa propre âme. « Pourquoi ? » Finit-elle par articuler du bout des lèvres, sa voix glissant si près d’elle, contre le visage de Thaddeus – ils étaient suspendus l’un à l’autre, au premier qui serait assez fou pour tenter quoique ce soit. Vivement cependant, elle usa de sa deuxième main, venant brusquement entourer de ses doigts, le poignet du Mangemort à son cou. Ses dents encore serrées jusqu’à lui faire mal, elle resserra à son tour ses doigts autour de leur prise – sans doute ne lui ferait-elle jamais mal de la sorte, mais c’était une rage insoupçonnée qui agitait son corps de frissons électriques filant à travers les cellules de ses muscles, guidant ses gestes les plus fous ; les pensées les plus démesurées. « Pourquoi ?! » Répéta-t-elle avec plus d’agressivité encore – c’était une réponse qu’ils attendaient tous les deux, cette faiblesse du Mangemort qui les réduisait à néant. Les entraînerait en Enfer. Ses ongles s’enfonçant dans la chair de Thaddeus alors que ses doigts étaient plus crispés que jamais, la sorcière le perdit rien de son assurance de marbre, désespérée, désemparée. « Qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour que tu te retrouves inlassablement dans ma vie ? » A la pourrir, la détruire pièce par pièce avec un talent qui ne semblait destiné qu’à elle. Sa voix n’était qu’un sifflement, une acerbe sentence qu’ils ne s’échangeaient que tous les deux, dans le silence épais de la forêt. « Et qu’est-ce que tu es ?! Un lâche ? Le pauvre gamin que tu étais déjà à Poudlard ?! » Ses ongles continuaient leur sillon, s’il fallait que sa colère l’amène à la saigner par la simple force de ses doigts, sans doute qu’elle le ferait, ça n’avait pas d’importance, plus rien n’avait d’importance. « Je te hais. » Admit-elle finalement, avec le même ton venimeux que celui dont il avait usé pour lui balancer les mêmes vérités en pleine tronche. L’attaque avait fusé entre ses lèvres frémissantes, c’était ici une implacable vérité, gravée en elle depuis, ce qui semblait être la nuit des temps. « Qu’est-ce que tu pourrais bien attendre de moi ? » Elle n’était pas comme lui, et jamais elle ne s’engagerait sur cette voie perdue qu’il avait suivie rien que pour le contenter dans les doutes qui habitaient son esprit. Ceux qu’il pouvait encore s’acharner à ignorer, mais qui faisaient qu’elle était encore en vie. Qu’elle le détestait au plus haut point. Parce qu’il avait une âme, une substance d’être dont elle était la principale victime sans en connaître les raisons. « Fais-le, maintenant. » C’était comme un ordre qu’elle lui donnait, alors qu’elle resserrait plus encore l’emprise de ses serres à travers sa chair – qu’il la tue, qu’il tue avec elle cette parcelle d’humanité qu’il pouvait avoir. Cette chose qui faisait de lui un être humain plutôt qu’un monstre. Il était un monstre, rempli de noirceur, il ne pouvait en être autrement. De sa pitié, de son humanité elle n’en voulait pas – elle n’en voulait plus. Elle appuya ses mots en un mouvement de doigts, lâchant sa baguette, la laissant tomber au sol sans un égard. « Fais-le ! » Le pressa-t-elle sans ciller ; droit dans les yeux pour voir cette lueur s’éteindre en lui, pour voir avant de mourir qu’elle avait raison. « Qu’est-ce que ça peut te faire ? » Malgré elle, une larme glissa sur sa joue, sans qu’elle ne sache si son souffle était précipité par le manque d’air dans ses poumons, la folie qui semblait s’insinuer à son esprit ou la lourdeur d’une chape de plomb tombant subitement sur ses épaules. Il l’avait vidée de sa substance, lui arrachant ses espoirs tout autant que sa rage, à quel pouvait-elle bien servir ? Elle était faible, elle, faible parce qu’elle s’était battue, parce qu’elle avait perdu à s’en briser le cœur. Un sanglot lui échappa, incontrôlable nœud au creux de sa gorge enserrée, ses jambes faiblirent – sans doute que s’il la lâchait, elle tomberait à genoux au milieu du néant. L’orgueilleuse Ceinwen semblait bien loin, car c’était cette part d’elle qui était le plus brutalement tombée – celle qui avait eu la bêtise d’espérer le plus.
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