"Une seule enfance est
insupportable : la nôtre."
L'enfance de Sam fut plutôt banale. Il allait à l'école comme tous les petits garçons de son âge, allait à son entrainement de son football une fois par semaine et se disputait sans arrêts avec son frère ainé d'un an devenu aujourd'hui un mangemort. Oui, l'enfance d'un petit garçon n'est généralement pas une chose sur laquelle on veut revenir pour sa banalité. Et pourtant.
Furieux, le père des deux jeunes garçons arriva en courant dans le jardin et de ses bras musclés sépara ses fils. Se débattant, le plus jeune des deux, Samaël, prit la parole, les joues rougies par la fureur. «
Il a triché papa, il a triché ! » Alex, l'ainé, le dévisagea du regard en ricanement froidement. Lui qui était en première année à Poudlard et qui prenait donc des leçons de vol, n'avait gagné au Quidditch contre son frère que grâce à un sortilège. Il fallait aussi avouer que Sam était particulièrement doué, mais Alex était bien trop fier et mauvais joueur pour l'avouer. Alors, il avait jeté un sort de confusion à son frère qui avait manqué de le faire tomber de son balais. Tandis que son père s'éloignait une fois les choses calmées, Alex en profita pour faire quelques pas en avant vers Sam. «
Tu es pire qu'un sang-de-bourbe mon pauvre Sam. » Cracha-t-il avant de faire volte-face et de rentrer dans la petite maison de campagne. Sam ne bougea, sous le choc de l'insulte. Jamais son frère ne l'avait traité ainsi. Bien que leur relation soit très tendu, ils arrivaient plus ou moins à se supporter. Sam n'avait que dix ans à l'époque, et son frère onze, presque douze ans, lui avait rejoint la maison Serpentard à Poudlard. Le mot raisonnait dans sa tête et le déchirait un peu plus à chaque seconde. La guerre était maintenant déclarée.
"Les liens du sang ne sont pas toujours les meilleurs."
«
Brown-Davis, Samaël ! » Anxieux, le blondinet avança à son tour vers le tabouret de bois. Depuis plus d'un an, il redoutait cet instant par dessus tous les autres. Il avait tellement peur de se retrouver dans la mauvaise maison. Là, il s'assit avant d'enfiler le chapeau miteux sur sa tête, puis attendit. Soudain, une petite voix, semblable à un souffle, raisonna dans son esprit. «
Tu caches une grande fureur en toi petit. C'est intéressant. »
Pas Serpentard, pas Serpentard ... «
Serpentard ? Pourtant, tu as un avenir ambitieux devant toi. Serpentard t'aiderait à développer cette ambition. »
Loin d'Alex, le plus loin possible ... «
Bien, si tu insistes. POUFSOUFFLE ! » Le dernier mot raisonna plus fort que les autres, ses oreilles purent l'entendre très nettement. Au même moment, les cris des jaunes retentirent dans toute la salle et c'est le sourire aux lèvres que Sam partit s'assoir aux côtés des Poufsouffle, les loyaux, les travailleurs, sous le regard vicieux de son frère.
«
C'est pas mon frère ok ? Mon demi-frère idiot, DEMI-frère ! » Aboya Alex à son ami dans le parc de Poudlard, sous le propre regard de Sam et d'une de ses amie, Cassidy Jenkins. Alors c'était ça, depuis le début. Il mentait. Il mentait sur la nature de son sang, sur la nature du lien qu'il y avait entre eux. Et l'amie du blondinet, à côté de lui, à qui il avait assuré qu'ils étaient de vrais frères, parut soudain choquée. Pensait-elle que depuis tout ce temps, il lui mentait ? Que depuis qu'ils avaient intégré les Poufsouffle, elle n'était qu'une vulgaire poupée pour lui ? Depuis un an et demi qu'ils étaient à Poudlard, depuis un an et demi qu'ils étaient inséparables, avait-elle le droit de douter de sa fidélité, de son amitié ? Il lui lança un regard rempli d'espoir, espérant que le message passe. En vain, la jeune blonde fit volte-face, visiblement déçue, et partit en trottinant. «
J'espère que tu es fier de toi ! » S'exclama Sam en lançant un regard rempli de haine à son frère ainé, qui lui dessina un sourire sarcastique sur ses lèvres. «
Bien plus que fier. Elle n'est pas prête de te reparler ta petite chérie ! » Sam bouillonnait, comment osait-il, comment... Il savait qu'elle était sa meilleure amie, qu'ils étaient tout le temps ensemble, comment pouvait-il envisager d'essayer de les séparer ? Mais quel égoïste ! «
Dégage ! DEGAGE ! »
« Il est vexé ? Pauvre chou ! Ta petite blondasse ne sera surement pas là pour te réconforter, quel dommage ! » « Tu n'es qu'un.. » « Ah ! Il ne sait plus quoi dire le petit Samaël ? Et une victoire de plus pour Alex ! » Cette fois-ci, Sam n'arriva pas à canaliser sa colère, son point parti tout seul, s'en était trop. L'ami d'Alex n'eut même pas le temps de réagir : Alex était déjà au sol et Sam avait déjà disparu.
«
Cassie ! Cassie écoute-moi, s’il te plait ! » Voilà trois jours que l’amie de Sam refusait de lui adresser la parole, ni pour lui demander de l’aide pour ses devoirs, ni pour lui rappeler qu’il avait un entrainement de Quidditch avec l’équipe des jaunes le soir même, ni pour quoi que ce soit d’autre, elle s’était entièrement fermé à lui. Et c’était la faute à son imbécile de frère. Si seulement il ne mentait pas ainsi, quel idiot, mais quel idiot ! Mais cette fois-ci, Cassidy accorda un bref regard à Sam, un seul. Puis rapidement, elle détourna les yeux. «
Je ne t’ai pas menti ! C’est mon frère, mais il est tellement idiot qu’il préfère mentir sur la nature de son sang ! Il finira mal c’te type, moi je te le dis ! » Il avait peur qu’une fois de plus, elle l’ignore, comme s’il parlait à du vent, comme s’il était invisible à ses yeux. Mais la blonde en décida autrement. «
Et.. Pourquoi devrai-je te croire ? Qu’es-ce qui me dit que ce n’est pas toi qui me ment ? » Elle avait refermé violemment son livre, visiblement furieuse. Quand à Sam, il avait du mal à y croire. Sa meilleure amie, comment pouvait-elle.. ? «
Eum.. Je ne sais pas, laisse moi réfléchir, peut-être parce que je m’appelle Samaël Peter Brown-Davis et que nous sommes les meilleurs amis, les inséparables depuis plus d’un an et demi ?! » La colère montait en lui, il pouvait exploser à tout moment. Cassidy s’était levée, le regard assassin, ouvra la bouche, la referma, hésita encore un instant, puis s’empara de son livre et monta d’une démarque rapide et mal assurée les marches allant au dortoir féminin des Poufsouffle. Avec tous ces bons moments passés, avec tous ces souvenirs heureux, tous ces rires, comment pouvait-elle tout oublier à cause d’un simple mensonge venant de la part de la personne la plus stupide du monde aux yeux de Sam ? Puis un drôle de sentiment parcourut le blondinet. Et si elle préférait son frère à lui ? Et si, depuis le début, ne faisait-elle que lui donner de faux espoirs ? Car oui, depuis le premier regard, le premier sourire, il y croyait. Il croyait à ces sentiments qui étaient cachés au plus profond de lui, cachés à elle.
"Il y a des coups de foudre qui font des bleus au cœur."
Elle était là, de l’autre côté du lac, assise sur les genoux de ce pauvre type. Un Serdaigle, d’après la mémoire de Sam. A vrai dire, il se fichait totalement de l’identité de ce garçon, il le détestait par le simple fait qu’il sorte avec sa meilleure amie. Sa Cassie, sa meilleure amie depuis six ans et demi et personne ne pouvait lui la prendre. Ils ne s’étaient disputés qu’une seule fois : en deuxième année, alors que la miss doutait de l’honnêteté de Sam vis-à-vis de leur amitié. Mais maintenant, ils étaient en sixième année, ils devaient avoir grandi. Alors pourquoi ressentait-il cette jalousie envers ce garçon, oui, pourquoi ? Après tout, Cassidy pouvait bien sortir avec qui elle voulait. Oh, par Merlin, comme il détestait être là, à les voir s’embrasser inlassablement dans le froid hivernale, assis sur le banc en pierre du parc enneigé. Soudain, il se vit, lui, Samaël Peter Brown-Davis, à la place de ce type, en train de bécoter sa meilleure amie assise sur ses genoux, couvert d’une grosse écharpe et d’un bonnet à la couleur assorti pour lui prêter en cas de besoin. «
T’es con mec. » Souffla-t-il à lui-même en se sortant de ses drôles de pensées. Là, il se releva et, sans même jeter un dernier regard au jeune couple, s’éloigna d’une démarche rapide, les mains dans les poches.
«
Bah tu vas où ? C’est pas encore l’heure du cours de sortilèges. » En effet, la jolie blonde s’était levée en refermant délicatement son livre, silencieusement même, comme si elle ne voulait pas qu’on la remarque. «
Quelque part. » Répondit-elle d’un ton surement un peu plus sec et dépourvu d’émotions qu’elle le voulait. Sam haussa un sourcil, quelques peu surpris par cette violente réponse. Mais, se ressaisissant vite, il reprit la parole, toujours un peu étonné. «
Bah attend, je viens avec toi. » Dit-il en commençant à ranger son devoir de potions en retard. «
Non ! Eum.. Ce que je veux dire, c’est que tu devrais rester pour finir ton parchemin, je m’inquiète de tes notes en potions Sam.. » La coupa-t-elle en faisant un bond vers la porte. Sam arqua les sourcils. Il n’était pas dans les habitudes de la jeune fille de réagir ainsi. Mais une réponse venait déjà expliquer ce comportement dans l’esprit du jeune sorcier. «
Oh, je vois. Tu sais, tu n’es pas obligé de me mentir quand tu vas voir ton petit chéri ! » Lança-t-il d’un ton irrité, presque de défi. Elle le fusilla du regard.
« Je ne vais pas voir Jullian. » « Alors, où tu vas ? » « Tu ne serais pas jaloux peut-être ? » « C’est mal poli de répondre à une question par une question. » Fier d’avoir cloué le bec à sa meilleure amie, il se leva et fit quelques pas vers la jeune fille pour venir s’adosser contre le rebord de la cheminée en pierre. «
Cassie, je sais que tu me caches quelque chose. » Sa voix s’était soudain attendrie. Une lueur de bienveillance traversait ses yeux. Quand à la blonde, elle avait le regard humide et la peau pâle. Si seulement elle pouvait lui dire ce qui la tracassait au plus profond de son âme. «
La vérité Sam, c’est que je ne suis plus avec Jullian, je l’ai quitté après le déjeuner, pour.. » Elle ne termina pas sa phrase, croisa juste un instant le regard de celui qu’elle aimait puis sortit en courant de la salle commune des Poufsouffle, des larmes coulant sur ses joues.
"La surprise est l'épreuve
du vrai courage."
La mission qu’on avait confié à Sam et Cassidy était de la plus haute importance, on leur faisait confiance et ils devaient réussir à tout prix. Maintenant qu’ils avaient intégré l’Ordre du Phénix, Poudlard paraissait bien loin. Poudlard et ses examens stressants. Poudlard et ses discours interminables. Poudlard et tous ses cours parfois trop ennuyant. Mais aussi Poudlard et sa sécurité assurée, et sa chaleur constante. Et avant tout, Poudlard, ce vieux temps où les disputes incessantes fusaient entre Sam et Cassidy. C’était maintenant fini, il y a déjà deux ans. Sam ne regrettait pas cette époque, car aujourd’hui et à seulement dix-neuf ans, il se sentait réellement utile. Il travaillait maintenant au département des sports, il s’était trouver un petit travail lui rapportant juste assez de gallions pour payer l’appartement qu’il partageait en colocation avec sa meilleure amie, mais passait le plus clair de son temps au service de l’Ordre, en enchainant les missions. Il courait dans ce vieux bois derrière Cassie, à la recherche du fameux Porte-au-loin qu’on avait illégalement placé spécialement pour eux. Mais après quelques minutes de recherches, des voix se firent entendre. A surement quelques mètres devant eux devaient se trouver deux ou trois personnes qui ne semblaient pas les avoir vu. Ils se stoppèrent, croisèrent juste une seconde leur regard puis, d’un même geste, brandirent leur baguette. Sam passa devant et tendit l’oreille. Qui pouvait donc bien se trouver dans une forêt à cette heure plutôt avancée de la nuit ? D’une démarche méfiante, il avança dans la pénombre, Cassidy sur ses talons. Mais soudain, il sentit une pression sur son bras qui lui arracha des frissons dans tout le corps, puis une personne lui immobiliser tous les membres et lui arracher la baguette de ses main pour la jeter au sol. Il entendit Cassidy crier et tourna aussitôt la tête : une fille d’environ le même âge qu’eux la tenait fermement, et il devina un jeune homme du même âge s’en prendre à lui. «
Qui êtes vous et que faites vous ici. » Demanda d’un ton glacial le garçon qui immobilisait Sam. Pour la faire parler plus rapidement, la fille menaça Cassidy de sa baguette, sans la lâcher pour autant. «
Clarissa… Parks. » Réussie tant bien que mal à répondre la jolie blonde. Elle profita des quelques instants d’inattention des mangemorts pour capter le regard de Sam et lui désigner les deux baguettes qui gisaient au sol. Elle avait un plan, c’était déjà bon signe. «
Et toi ! » S’exclama le garçon brun en attrapant Sam par les cheveux, le tirant légèrement vers l’arrière. «
Miles Anderson. » Répondit Sam d’une voix assurée, avant de lancer un regard plein d’espoir à son amie, attendant un indice, un signe. Comme il détestait cette position où il était particulièrement inoffensif. «
On les emmène. » Trancha la fille en donnant un hochement de tête. «
Non ! Laissez-moi lui parler une dernière fois… C’est mon petit-ami ! » Ajouta Cassidy en jetant un regard anxieux aux deux mangemorts. Sam ne réagi même pas, ne préférant pas bouger pour ne pas élever des soupçons. Mais au fond, il se demandait bien ce qu’avait dans la tête son amie. Si les mangemorts acceptaient, c’est qu’ils étaient bien naïfs. Ils se lancèrent un dernier regard décisif avant de pousser chacun de leur côté Cassidy puis Sam, sans pour autant les lâcher. La belle fit semblant de tomber en se foulant la cheville et ramassa les deux baguettes au passage. Puis, elle se redressa et fit face à Sam. C’est à ce moment qu’il perdit le contrôle du temps, la notion de la réalité. Ses lèvres plaquées contre les siennes, son corps collé au sien, depuis le temps qu’il rêvait de ce moment. Dommage que ce ne soit que stratégique. Mais il décida de jouer le jeu de la sécurité, non des sentiments. Tandis qu’il prolongeait son baiser avec Cassidy, il sentit la douce main de la blonde se glisser dans la sienne, lui donnant discrètement une baguette dont la forme lui était familière. A contre-cœur, il se détacha de quelques centimètres de son amie. Elle plaqua son front contre le sien, puis lui lâcha la main. «
Un.. Deux.. Trois. » D’un même geste vif, les deux jeunes adultes se levèrent d’un bond et stupéfixèrent en cœur les deux mangemorts. Puis, sans perdre une seconde, la jeune femme s’empara de la main de Sam et quelques instants plus tard, ils se retrouvèrent allongés sur le grand lit de Cassidy, dans leur appartement londonien. C’est tout tremblant et dans les bras l’un de l’autre, encore sous le choc des évènements de la nuit, qu’ils s’endormirent paisiblement.