"And welcome, Embrace your hell"
GRANDE SALLE, POUDLARD 1979 ✲ «
GRYFFONDOR ! » Le choixpeau hurla à travers la salle. Il ne savait pas ce qui lui valait cette maison. Il s’en fichait. Ça n’avait pas d’importance après tout. Ses parents lui avaient dit que la maison dans laquelle il serait réparti n’aurait pas d’importance à leurs yeux. Ils ne l’aimerait pas moins qu’il soit chez les serpents, les blaireaux, les aigles ou les lions. C’est pourtant les lions qui lui avaient été attribué. Un choix qui n’avait pas prit en compte sa fragilité psychique, cette fine paroi entre son esprit à cette époque encore censé et la folie qui finirait par s’emparer de lui. Le gamin qu’il était alla s’assoir à la table des gryffondor un sourire dessiné sur les lèvres. C’était son premier jour à Poudlard, sa première rentrée dans le château. Un jour important dans sa vie comme pour celui de ses parents bien que ces derniers avaient eu du mal à le laisser monter dans le train. Voir partir jusqu’aux prochaines vacances leur fils adoré avait été une véritable déchirure. Ils l’aimaient beaucoup. Un amour inconditionnel, un amour bien trop poussé même pour un enfant. C’était de l’amour en excès qu’il lui donnait. Se pliant à ses moindres désirs sans opposer la moindre résistance. Chacun de leur mot n’était que compliment à l’égard du garçon. Il n’était pas parfait, c’était un fait. Si le choixpeau l’avait vu comme étant plein de courage, d’hardiesse et de force, ces trois mots ne suffisaient pas à le définir, pas plus que tous les compliments balancés par ses parents voyant en lui l’enfant parfait. Ses parents étaient des sorcier de sang-purs, une longue génération faite uniquement de sang-pur. Il ne savait pas si c’était le hasard qui avait voulu ça ou bien l’envie quelque part de préserver la pureté du sang, il n’empêche qu’il avait le sang-pur, ce qui d’après bien des théories était déjà une qualité en soit. Il était le fils unique d’une famille riche et glorieuse, le fils d’une femme qui avait toujours rêvé d’avoir des enfants et d’un homme qui avait une envie particulière de parfaire les apparences. Tous les deux, couples aux allures parfaites, ne se rendaient pas compte des erreurs qu’il commettait au quotidien, transformant peu à peu leur fils selon les idéaux qu’ils avaient, selon les mots qu’il lui disait et selon l’attention qu‘ils lui portaient. Finalement, il la méritait bien sa place à cette table qu’il venait de rejoindre. Il avait bien du courage pour supporter ses parents en restant encore censé (à ce moment là de sa vie), il avait la force nécessaire pour vivre dans ce monde que ses parents ne cessaient d’embellir à sa vue encore naïve. C’était sûrement ça que le choixpeau avait vu el lui ce jour, des qualités éphémères qui finiraient par être écrasées par une personnalité trop souvent redorer, trop souvent mise en avant, trop souvent idolâtrée pour rester censée jusqu’au bout.
TERRAIN DE QUIDDITCH, POUDLARD, 1984 ✲ Le match venait de se terminer. Il avait plu toute la journée, rendant le match particulièrement compliqué. Pourtant, Gryffondor l’avait remporté. Ce n’était pas sans rendre Lysander particulièrement satisfait de sa propre compétence, il avait assuré. Encore vêtu de sa robe de quidditch, il avait quitté les vestiaires. Le terrain était à présent aussi désert que les gradins. Tout le monde était rentré pour éviter la pluie qui déchirait le ciel en cet journée d’automne. Tout le monde, sauf elle. Un sourire se dessina sur ses lèvres en la voyant là, trempée par la pluie. Ses lèvres roses étirées en un sourire qui ressortait à merveille sur son visage pâle. Elle était une amie. Plus encore. La fille qui valait bien mieux que les autres filles de Poudlard. Elle n’était pas toujours très aimable avec lui. Elle avait du caractère, impossible de l’atteindre avec facilité. C’était quelque chose qu’il aimait chez elle. Il ne savait pas ce qu’elle faisait là au beau milieu du terrain, sous cette maudite pluie. «
Qu’est-ce que tu fais là ? » Elle haussa les épaules, le sourire toujours accroché aux lèvres. «
Et toi ? Il pleut beaucoup, tu devrais rentrer. » Elle n’avait pas tort. La pluie était forte et bruyante, les forçant à parler particulièrement fort pour s’entendre. «
J’aime bien la pluie. » C’était faux. Il n’en avait rien à faire. C’était juste une bonne excuse pour justifier qu’il était là plutôt qu’au chaud dans le château. «
Vraiment ? Dommage, j’ai l’impression qu’elle se calme. » Il lui adressa un sourire. Elle avait raison, elle était moins forte que durant le match, d’ici quelques minutes, elle ne tomberait peut-être même plus. Il haussa les épaules. «
Je m’en remettrais. Alors, qu’est-ce que tu fais là ? » Elle lui adressa un nouveau sourire, s’avançant vers lui. «
Je voulais te voir. » Il haussa les sourcils, un peu surprit avant de lui sourire. «
Vraiment ? » Elle hocha la tête en signe d’approbation, un sourire mutin sur les lèvres. Il ne résista pas plus longtemps il l’embrassa, un long baiser auquel elle répondit, ils étaient là au beau milieu du terrain de quidditch, sous une pluie s’atténuant, laissant derrière elle une odeur de terre mouillé masquée à ses narines par le doux parfum de la jeune femme. Un match remporté, un baisé échangé avec le fille dont il était amoureux, la vie lui réussissait plutôt bien.
CHEMIN DE TRAVERSE, LONDRES, 1997 ✲ «
Lysander, qu’est-ce que tu fais là ? » Il avait prévu de tracer son chemin sans faire attention à la jeune femme qu’il avait pourtant reconnu. Elle n’aurait pas du être là, c’était idiot de sa part, elle devrait le savoir, il avait toujours cru qu’elle avait assez de jugeote pour ne pas rester à découvert alors que les nés-moldus comme elle étaient traqués par les gens comme eux. Au fond, il ne savait pas ce qui le retenait de la livrée à l’un des camps de nés-moldus qui avaient vus le jour dans le monde magique. Il le retourna vers elle, l’air neutre. «
Toi, qu’est-ce que tu fais là ? » Elle haussa les épaules. «
Tu es avec eux n’est-ce pas ? » Il haussa les épaules. Ça faisait un moment qu’il était avec eux comme elle le disait. Il avait rejoint les mangemorts lorsque le seigneur des ténèbres était revenu à la vie. Il ne l’avait jamais caché, elle le savait pertinemment. «
Oui. » Elle baissa les yeux, un air déçu se dessinant sur le visage. «
Pourquoi ? » Elle releva vers lui un regard attristé qui sembla énerver le jeune homme, il n’avait pas d’explication à fournir, ni à elle, ni à personne. Il croyait en la pureté du sang et en la puissance que ça apportait, il croyait en lui-même plus qu’en n’importe qui, alors ce camps semblait le plus adapté à sa façon de penser. Il soupira avant de hausser les épaules. «
Qu’est-ce que ça peut te faire ? Tu ferais mieux de t’enfuir. » Elle laissa échapper un rire ironique avant de s’approcher de lui, rompant presque la distance qui les séparait. Elle plongea son regard dans le sien, laissant un léger sourire se dessiner sur ses lèvres. «
Sinon quoi ? » Il rigola ironiquement. Question idiote. Il n’avait pas de temps à perdre avec elle, si elle avait décidé de se conduire comme une gamine, c’était son problème, pas le sien. «
Le coin est plein de rafleurs. Ils t’attraperont. » Il aurait pu lui dire que lui, il l’attraperait, il la livrerait à un camp avant de l’abandonner à son sort, pourtant, il n’en fit rien, bien que l’idée soit inscrite dans sa tête. «
Pourquoi pas toi ? » Il arqua un sourcil avant de mettre ses mains dans ses poches et de se retourner. Lui faisant dos, il contempla le ciel quelques instants. «
Il va pleuvoir, je n’ai pas de temps à perdre. » Il ne baissa pas la tête, pas plus qu’il ne daigna lui adresser un nouveau regard. Elle ne bougea pas non plus. Elle se contenta de lever les yeux vers le ciel un court instant. «
Et puis ? J’ai cru comprendre que la pluie ne te dérangeait pas. » Il haussa les épaules l’air décontracté. La tête toujours levée alors qu’il se perdait dans la contemplation du ciel grisé par bien des nuages. «
Tu as l’intention de risquer ta vie pour parler de la pluie et du beau temps avec moi ? » Ce serait stupide de sa part. elle aurait mieux fait de s’enfuir rapidement sans même lui adresser la parole, elle n’était au final qu’une écervelée. Caractéristique digne d’une née-moldue aux yeux du mangemort. «
Non. Juste pour parler avec toi, qu’importe le sujet. Je sais qu’il y a une part d’humanité encore en toi, il suffit de la révéler au grand jour. » Encore une fois, un rire ironique s’échappa de la gorge du jeune homme. Seule réponse aux paroles stupides de la jeune femme. Une goutte s’écrasa sur sa joue, une autre et bientôt, c’est une averse qui leur tomba dessus. Il se retourna finalement vers elle, baissant son regard sur son joli minois. «
Ne sois pas stupide. Pars tant qu’il en est encore temps. » Elle haussa les épaules, détournant à son tour le regard, se fichant bien de cette pluie qui commençait déjà à les tremper. «
Pour aller où ? Fuir, seule, sans véritable but ? Viens avec moi. » Il rigola encore. À croire que la jeune femme ne manquait pas d’humour ou juste que l’ironie de la situation avait quelque chose de particulièrement drôle. Il l’avait aimée cette fille, quelques temps plus tôt, à cette époque, il aurait pu s’enfuir avec elle. Aujourd’hui, c’était différent. Il ne voulait pas s’enfuir, cette guerre le rendait puissant, impressionnant, effrayant, tout ce qu’il méritait d’être. «
Pourquoi est-ce que je ferais ça ? » Elle haussa les épaules. Elle avait l’air insouciante, comme si la situation de l’effrayait pas, comme si elle savait qu’il ne lui ferait aucun mal, pourtant, il aurait eu toutes les raisons du monde de s’en prendre à elle. «
Pour la même raison que celle qui fais que tu ne m’as toujours pas éliminée. » Elle n’avait pas tout à fait tort. Il y avait bien quelque chose en lui qui l’empêchait de lever sa baguette vers elle et de prononcer à mi-voix un avada kedavra qui aurait raison d’elle. Il le pouvait. Pourtant il y avait quelque chose qui bloquait son bras et ses mots. Un battement de cœur trop puissant, un vieux sentiment qui ne semblait pas vouloir se taire. «
C’est idiot, rien ne m’empêche de t’éliminer, si ce n’est la facilité de la situation. » Belle excuse à laquelle il s’accrochait avec force. Oui, lever sa baguette et prononcer les deux mots qui lui seraient fatals, c’était trop simple. Pourtant, ce serait libérateur. S’il la tuait, il serait débarrassé d’elle et de l’emprise qu’elle avait sur son être. Il la tuerait. De ses mains il éliminerait l’objet de ses désirs, l’objet de sa faiblesse. Pas aujourd’hui. «
C’est ce que tu dis, la vérité est toute autre. » Elle plongea son regard dans le sien, un regard plein d’assurance et de force. Il serra la mâchoire, il commençait à s’énerver. «
Fiche le camps. » Elle le bougea pas. Elle secoua simplement la tête de gauche à droite de façon lente, signe de négation. Elle ne bougeait pas d’ici et ce malgré la pluie qui s’abattait sur le ville, malgré le froid qui saisissait son frêle corps, la faisait greloter. «
Dégage de là nom de dieu ! » Toujours cette même négation, cette même assurance peinte sur son visage pâle. C’était sans doute ce qui l’avait fait craqué à une époque qu’il aurait préféré être révolue depuis longtemps déjà. Pourtant il avait l’impression que c’était hier encore qu’il l’avait aimée, qui lui avait donné son cœur avant de le reprendre pour tâcher de la haïr elle et son statut de sang. Il pensait y être arrivé pourtant, elle était là face à lui en train de lui tenir tête sans se soucier des risques, en train de le laisser succomber à sa plus grande faiblesse. «
Pourquoi tu t’entêtes à rester là comme une idiote ?! » Il avait hausser le ton, laissant exprimer cette rage naissance en lui. Il la détestait sans aucun doute parce qu’il était incapable de ne plus l’aimer. «
Parce que je veux te ramener à la raison, pauvre fou ! » Elle avait hausser le ton à son tour, pour imiter le timbre de sa voix ou pour être audible malgré la pluie bruyante qui leur tombait encore dessus. «
C’est toi qui est folle de penser que tu as une chance d’y parvenir ! » Peut-être pas. Elle était là face à lui trempée de la tête aux pieds à cause de cette fichue pluie. Image qui le ramenait à de vieux souvenirs, ceux d’une époque lointaine, toujours la même, celle qu’il voulait oublier, celle ou d’après elle, il avait été un homme bien. Il l’avait été, peut-être. Mais c’était fini, pourtant, il desserra les poings, posant ses mains sur les joues de la jeune femme, il la poussa contre le mur le plus proche avant de l’embrasser. Intense baiser le ramenant encore et toujours à ce temps passé depuis longtemps. Stupide réaction dont il aurait du se passer. Lâchant ses lèvres, son front contre le sien, il croisa son regard un court instant avant de reculer, comme apeuré par cette soudaine proximité à laquelle il avait cédé. «
Dégage maintenant ! Vite ! Saisi ta chance avant que je ne décide de te tuer ! » Ses paroles résonnaient presque dans les rues silencieuses de la ville. Paroles hurlées au visage de la jeune femme qui le regarda encore un court instant avant d’avancer de quelques pas vers lui. «
Tu n’es pas encore perdu Lysander ! » Il leva les yeux au ciel avant de sortir sa baguette et de la pointer vers elle. «
Arrête de jouer à ça et barre toi ! » Elle lui adressa un nouveau regard avant de transplaner rapidement, le laissant seul sous cette pluie battante baguette en main et frustration débordante. Il ne pouvait pas continuer ainsi. Elle l’affaiblissait, il ne pouvait pas la laisser faire. Il devait la tuer, c’était définitivement sa seule façon de s’en sortir.