C’est en accompagnant son geste d’un dernier soupir que James finit de nettoyer la salle des trophées, comme l’exigeait son heure de retenue. Presque aussitôt, l’un des Carrow apparait à l’entrée de la salle, faisant disparaitre la lavette d’entre les mains de James, d’un simple coup de baguette. Un sourire carnassier apparaît tout de suite sur son visage. « A la semaine prochaine. » lui lance simplement le Carrow en lui rendant sa baguette. Un soulagement pour le gryffondor, qui ne se sent en sécurité que lorsque celle-ci se trouve dans sa poche. Lorsqu’il l’a récupérée, il passe devant le mangemort sans même lui lancer le moindre regard. Il n’a pas manqué de relever ce que lui a dit le Carrow : s’il n’a pas encore récolté d’heure de retenue pour la semaine suivante, celui-ci se débrouillera tout de même pour lui trouver de quoi en lui donner, encore et encore. A la fin de l’année scolaire, James en aura sûrement bien assez de voir cette salle des trophées dans laquelle personne ne passe jamais. A croire que celle-ci n’a été inventée que pour pouvoir attribuer des retenues aux élèves de Poudlard. Au moins, cela change des sortilèges impardonnables que distribuent à outrance les Carrow aux personnes qu’ils estiment mériter une retenue. Une sorte de retour à l’ancien Poudlard, où cette punition était déjà établie. Une sorte de bouffée d’air, en fait. Le Chatterton glisse sa baguette au fin fond de sa poche, rassuré de la savoir près de lui. A présent qu’il s’est éloigné des Carrow, il n’a plus besoin de l’avoir en main. Inutile de s’attirer des ennuis en ayant l’air menaçant. Il ne sait pas où il va, se contentant de fuir les mangemorts en allant le plus loin possible de son lieu de retenue. C’est oublier que le château est complètement infesté de mangemorts et pour preuve, l’ensemble – ou presque – du corps enseignant a été modifié pour mieux pouvoir accueillir les sbires du Lord dans ses rangs. Et James ne parvient pas à comprendre pourquoi le professeur Dumbledore a laissé le professeur Rogue dans ses rangs, pour que celui-ci puisse un jour parvenir à devenir directeur de Poudlard. Enfin, avec tous ces mangemorts au Ministère de la Magie, depuis que le Lord a pris le contrôle de celui-ci, cela n’aurait sans doute rien changé. Cependant, le capitaine de l’équipe de quidditch de gryffondor ne peut s’empêcher de chérir l’idée que le professeur Dumbledore était en mesure de tous les protéger. Une idée absurde puisque de toute façon, l’ancien directeur n’est plus. Et James est loin d’oublier ce détail, les obsèques pour le moins émouvante de l’ancien directeur, ne pouvant tout simplement pas quitter sa mémoire. Comme bon nombre des élèves de Poudlard, il s’était trouvé attristé de cette nouvelle qui l’avait empêché de fermer l’œil. Difficile de croiser le regard d’Harry Potter, qui partageait encore son dortoir à l’époque, après cela. Le jeune homme était proche du professeur Dumbledore et tout le monde le savait. Son regard d’infini tristesse n’avait pas manqué de bouleverser James, qui était resté toute la nuit avec les yeux ouverts sur le plafond de toile rouge, de son lit à baldaquins, à se poser les questions que tout le monde se pose au moins une fois dans sa vie, sur la vie, la mort et l’après. Un après auquel semble croire les moldus et pour le coup, le Chatterton ne peut s’empêcher d’envier cette espérance que ne partage pas le monde sorcier. Des fois, il paraît difficile de se dire que l’on n’est juste de passage et qu’on ne laissera jamais de trace dans ce monde. Heureusement à vrai dire, cela voudra dire qu’un jour, le Lord finira par disparaître complètement, ne restant plus qu’un nom évoqué dans les manuels d’histoire. Du moins, c’est ce qu’est en train d’espérer James, lorsqu’il entre finalement en collision avec quelqu’un. Perdu dans ses pensées, il a oublié de faire attention à ce qu’il se passait autour de lui. « Merde, désolé, je ne faisais pas… » le jeune homme se coupe en plein phrase alors qu’il découvre le visage de celui – ou plutôt, de celle – qu’il vient de renverser. Il lui faut un long instant avant de finalement parvenir à terminer sa phrase. « Attention. » Il pense les lèvres, ne sachant pas réellement ce qu’il lui faut faire. Mais au lieu d’ajouter quoi que ce soit, il se contente de tendre la main en direction d’Autumn afin de l’aider à se relever. Evidemment, il ne pouvait pas simplement entrer en collision avec un membre de l’ordre, avec lequel il aurait bien ri de son côté dans la lune. Il aurait tout aussi bien pu rentrer dans un mangemort qui lui aurait lancé un doloris pour se venger, après quoi plus personne n’en aurait parlé. Mais non, il avait fallu que James entre en collision avec Autumn. Son ancienne petite amie avec laquelle la rupture fut difficile. Surtout pour elle d’ailleurs. Jamais le jeune homme ne pourra oublier la haine que la serpentard ressent pour lui.