| Sujet: To trust someone is to take the greatest risk of all. (ambre) Dim 2 Nov - 23:12 | |
| Every carpet, every floor. Everywhere I look I fall. Climbing up the walls, I'm climbing up the walls. What goes on behind these doors. I'll keep mine and you keep yours. We all have our secrets, we all have our secrets. Behind every door is a fall, a fall. Un crac rapide suivi de pas précipités vinrent déranger le calme relatif qui habitait le salon. Il ne fallut pas longtemps pour qu'une silhouette dissimulée sous une cape noire ne fasse irruption dans la pièce. Debout sur le pas de la porte du salon, Clyde fulminait. Les bonnes manières auraient voulu qu'elle se présente et qu'elle salue ses parents. Chose qu'elle aurait été incapable de faire dans son état tant elle usait de toute sa concentration pour contenir la rage qui rampait sous sa peau. Si en temps normal la politesse n'avait jamais été son fort, elle l'était encore moins dans cette situation. Une remarque de sa mère et elle savait qu'elle ne répondrait plus de rien. Aussi elle fit son maximum pour écourter la discussion qu'elle devinait orageuse. « Où est-elle ? » sa voix claqua dans le silence pesant qui s'était installé au sein du salon des Fleming. Mais rien, rien ne semblait perturber le calme olympien des deux formes installées roidement dans les fauteuils. « Où-est-elle ? », réitéra-t-elle sèchement, détachant chaque mot du suivant, la menace dansant dans le ton de sa voix. La voix guindée de sa mère lui répondit dans un écho étouffé. Lisbeth ne désirait pas lui révéler où se trouvait sa sœur, sans doute pour la préserver de la colère de sa cadette mais Clyde ne céderait à aucun refus. Son père le savait. Son père qui n'avait jamais caché sa préférence pour sa seconde fille. Abel Fleming lui indiqua, lassé par les bévues de son aînée, l'étage du doigt. Sa chambre, bien évidemment. Il n'en fallut pas plus pour que Clyde rejoigne l'étage sans desserrer les mâchoires
Quand cesserais-tu d'être en colère Clyde ?, lui demanda cette voix si familière qu'elle seule pouvait entendre. Tout se passait dans sa tête, elle le savait. Il n'empêchait pas qu'elle ne supportait pas le ton dénonciateur sur lequel elle s'adressait à elle. Comme si elle était la responsable dans toutes ces histoires. Comme si elle avait tout fait pour qu'on s'éloigne d'elle. Les mâchoires serrées, elle grogna et un vase se brisa quelque part dans la pièce, prémices d'une colère si difficilement contenue. Clyde avait toujours pensé qu'elle ne ressentait rien, qu'il n'y avait pas de place pour des niaiseries comme les sentiments dans son être. Et pourtant, elle sentait un étau se refermer minute après minute autour d'elle. Chaque minute plus oppressant, chaque minute plus étouffant. Elle ferma les yeux, soupira longuement, tentant d'ôter ce poids si lourd qu'elle avait sur la poitrine. Elle faisait les cent pas dans cette chambre qu'elle avait secrètement arpentée tant de fois quand son occupante ne s'y trouvait pas. A l'époque où elle pensait que pour plaire à sa famille, à sa mère du moins, elle devait être comme Ambre. Elle se souvenait de tout. Du temps perdu à fouiller dans ses armoires, à enfiler des robes qui ne lui allaient jamais aussi bien qu'à elle. Et de la pointe de jalousie qui grandissait un peu plus à chaque essayage. Elle se souvenait des soirées pyjamas où elles finissaient toujours sur ce grand lit à avaler des sucreries en cachette. De ces nuits où elle trouvait refuge dans les bras protecteurs de celle qu'elle pensait irréprochable, invincible. Ambre. Sa sœur. Ambre, qu'elle avait tellement admirée. Plus jeune, la blonde avait été la personne vers qui elle levait les yeux admiratifs, cherchant presque constamment son approbation. Ambre avait été la figure maternelle que Madame Fleming n'avait jamais pu être pour sa fille. Mais qu'étaient-elles l'une pour l'autre aujourd'hui ? Tant de choses les séparaient à présent, s'immisçant entre elles comme un poison qui les rongeait toujours plus profondément. En grandissant, elles s'étaient éloignées. Les liens fusionnels qu'elles partageaient s'étaient petit à petit dégradés. Elle se rendait encore dans la chambre de son aînée mais elle n'y allait plus que pour brûler et déchiqueter tous les ouvrages sur les moldus qu'elle y trouvait. Elle avait sacrifiée sur l'autel d'une idéologie élitiste, exécrée par sa sœur, soutenue par l'ombre d'un parent qu'elle désirait tant impressionner cette fois. Mais elle n'avait jamais cessé d'aimer sa sœur. Elle avait essayé de lui ouvrir les yeux, de ne pas la laisser se perdre sur le chemin dépravé des adeptes de l'Elu sans jamais réussir mais sans jamais abandonner. Elle avait aussi fait taire toutes les mauvaises langues à Poudlard parce que personne n'avait le droit de s'en prendre à une Fleming...Et pourquoi ? Pour être remerciée de la sorte ? Alors oui, elle était en colère, encore. Mais sa colère était légitime. Elle se sentait si trahie, elle avait si mal. Alors c'était ça ? C'était ça que ses jouets avaient ressenti quand elle avait décidé qu'elle ne voulait plus d'eux ? Que dans une moue enfantine, elle leur avouait tantôt amusée tantôt blasée qu'ils n'avaient été qu'une distraction passagère, qu'elle n'avait jamais partagé une once de sincérité avec eux. Une partie d'elle lui soufflait qu'elle n'avait que ce qu'elle méritait ; le vent avait fini par tourner. Une autre, grandissante, criait vengeance. Et plus la boule de colère prenait de l'ampleur, plus la chambre de sa sœur s'effondrait, les vases se brisant, les photos prenant feu. Il n'en resterait plus rien d'ici le temps qu'elle arrive. Ambre n'était pas encore là. Selon Moses, elle rentrerait bientôt. Clyde l'attendait de pied ferme. Elle ne cesserait d'être en colère que lorsque l'on arrêterait enfin de lui planter un couteau dans le dos. Aussi quand enfin la porte s'entre-ouvrit, Clyde ne cilla pas. Elle se tenait là devant elle, mal en point, détruite, brisée. Clyde s'en fichait. Elle ne voulait lui offrir aucun réconfort, elle voulait qu'elle souffre toujours plus aveuglée par sa propre peine.
« J'espère que t'es fière de toi ? Maman et Papa sont furieux », lâcha-t-elle la gorge nouée, les mâchoires serrées, la baguette coincée entre ces phalanges blanchies par l'effort et le regard froid, si froid...Elle n'avait jamais regardé sa sœur comme ça. Elle réservait toujours l'orage dans ses prunelles aux autres. Pas à elle. Pas Ambre. Elle devait se rendre compte que, finalement, tout finissait par changer.
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