Happiness can be found in the darkest of times.
if one only remembers to turn on the light.Un fin rayon de soleil venait de percer l'obscurité de la pièce et s'étendre sur la joue d'une petite frimousse encore endormie. Perturbée dans son sommeil par la soudaine luminosité, la fillette remua et tenta de se cacher le visage sous l'oreiller le plus proche tandis qu'une main douce et caressante se posait sur son bras pour la secouer légèrement. La mère s'assit au bord du lit et délicatement dégagea les quelques mèches éparses qui recouvraient le visage de sa fille.
-Il est l'heure ma chérie. Réveille-toi.La fillette ouvrit lentement les yeux pour découvrir l'adulte penché au dessus d'elle et constater avec effarement, en regardant le réveil posé sur table de nuit, que la matinée et déjà bien avancée. Sa mére déposa sur sont front un doucereux baiser tandis qu'elle lui répondait d'un bonjour encore ensomeillé. Elle ne se fit pas prier d'avantage pourtant et sans plus de cérémonies, elle sortit de son lit.
-Maman, tu joueras avec moi aujourd'hui ?Cette question était devenu le rituel matinal de la petite fille dont elle connaissait d'ors et déjà la réponse, mais chaque matin, dans un espoir nouveau, elle ne pouvait s'empêcher de poser la question une nouvelle fois. Sa mère grimaça légèrement avant de lui adresser un regard désolé, ce regard la fillette le connaissait par cœur et elle savait pertinemment qu'il augurait la réponse entendu chaque matin.
-Tu sais bien que je dois terminer une commande, il ne me reste que cinq tableau à peindre et j'aimerai terminer d'ici la fin de la semaine …La charmante tête blonde émit un soupir de lassitude avant de se diriger vers sa coiffeuse où l'attendait sa brosse à cheveux. Comme elle s'y était attendu la réponse de sa mère avait été négative et elle ne pouvait cacher sa déception. Son simple désir de petite fille voulait que sa mère passe un peu de temps avec elle, ce qui ne se produirait apparemment jamais, elle se réfugiait toujours derrière le prétexte du travail, ayant toujours et éternellement un tableau à terminer. Elle ne lui consacrait que le réveil et parfois le coucher, hormis cela la mère et la fille ne se voyaient qu'au repas que la famille prenait ensemble. Cette absence pesait beaucoup à la petite fille et, même si elle ne le montrait pas, elle en pleurait quelques fois.
Sa mère vint la réconforter, voyant les larmes perler dans le creux de ses yeux, elle lui saisit alors la brosse que la petite tenait dans ses mains et entreprit de lui brosser les cheveux.
-Ne sois pas triste, nous aurons certainement plein de temps ce week-end et je te promets que nous jouerons ensemble à ce que tu voudras. Et puis ton père a prévu plein d'activités avec toi aujourd'hui, je crois qu'il compte t'emmener à Dublin.Cette nouvelle ravit la fillette qui oublia instantanément ses larmes. Elle savait qu'ils allaient à Dublin pour faire les magasins et elle adorait ça ! D'autant plus qu'elle pouvait espérer avoir de nouvelles robes et peut-être même une nouvelle poupée. Satisfaite du programme de sa journée, elle se laissa brosser sans le moindre pleurs et adressa à sa mère un large sourire, n'oubliant pas toutefois la promesse qu'elle venait de faire et son énième absence à ses côtés.
Quelques heures plus tard le père et la fille rentrait effectivement de leur expédition sur Dublin après avoir passé l'intégralité de leur journée là-bas. La fillette était ravie, ils avait effectivement fait les magasins comme elle s'y attendait et elle avait bel et bien obtenu ses robes et sa poupée mais, mieux encore, ils étaient allés dans un parc où elle avait pu jouer avec des enfants moldus ! C'était la première fois qu'elle en cotoyait et elle devait reconnaître que ce n'était pas si terrible que ce que sa grand-mère lui avait raconté. Elle s'était bien amusé et même si son père lui avait fait la morale des heures sur le secret du monde de la magie avant de la laisser partir jouer, elle trouvait que c'était une contrepartie admissible en rapport du bon temps qu'elle avait passé. Pressé de raconté ses exploits de la journée à la famille resté à la maison, la petite trotta d'un air joyeux espérant trouver tout le monde dans le grand salon. Elle fut rapidement déçue, seule sa grand-mère s'y trouvait, tricotant avec attention un pull de laine bleue. Ne se décourageant pas pour autant, la petite tête blonde sautilla jusqu'au canapé et s'assit à côté de son aînée. Celle-ci leva à peine les yeux, trop concentrée sur son travail manuel qu'elle était, mais elle s'enquit tout de même de savoir comment s'était passé la journée de la petite.
-J'ai passé une excellente journée, mamie ! Papa et moi avons fait pleins de magasins et j'ai acheté ça et ça et ça ….A chaque fois, elle montrait à sa grand-mère le contenu de ses paquets. La vieille dame posa alors son tricot sur ses genoux et regarda le défilé des achats de sa petit-fille, hochant la tête d'un air satisfait et approuvant la majorité de ses emplettes. Elle émit cependant une grimace devant la poupée qu'elle jugea bien trop commune, selon elle les poupées magiques étaient mieux. Une fois l'inventaire des achats fait, la fillette continua de parler de sa journée et aborda l'épisode du parc et des enfants moldus. La réaction de la vieille dame ne se fit pas attendre et la fureur lui empourpra les joues. Elle articula cependant calmement une phrase à l'autorité absolue :
-Ma chérie, va dans ta chambre il faut que je parle à ton père.Et, devant la colère subite de son aînée, la petite ne se fit pas prier pour déguerpir. Une fois de plus ce soir là une dispute éclata dans la demeure de la famille entre la grand-mère et le père, une dispute dont les échos parvinrent jusqu'aux oreilles de la gamine restée dans sa chambre. Ainsi elle entendit parfaitement son père se faire traiter d'inconscient et de mulet tandis que la grand-mère était une vieille acâriatre aux idées rétrogrades. Ce soir-là Céleste se demanda si elle reverrait un jour ces enfants moldus, elle qui n'avait pratiquement aucun amis, mais il lui semblait une nouvelle fois connaître par avance la réponse à cette question.
***
Le soleil commençait à se coucher tandis que les dernières lueurs du jour se reflétaient sur la surface du lac et se répandaient sur deux adolescents allongés dans l'herbe. C'était un début de soirée agréable, la fin de l'été approchait et pourtant il régnait encore une douce chaleur qui avait incité les deux jeunes à rester un peu plus tard qu'à l'accoutumé. Près d'eux, on pouvait encore apercevoir les restes d'un pique-nique improvisé qui avait fait office de dîner.
Allongée près de son petit-ami, Céleste se remémorait encore leur première rencontre sur le Chemin-de-Traverse l'été dernier alors qu'elle faisait les magasins en compagnie de sa mère. Cette rencontre fugace, n'avait pas permis aux deux adolescents de se connaître plus en détail, ils n'avaient eu le temps de n'échanger que quelques banalités. Rien qui ne présageait donc que cette première rencontre serait suivie de plusieurs autres, rien et pourtant …
-A quoi tu penses ?Le garçon s'était redressé sur ses coudes, intrigué par le regard rêveur de son aimée. Elle lui répondit d'un sourire et déposa un baiser sur ses lèvres. Elle n'avait pas vraiment envie de lui révéler le sujet de sa rêverie aussi elle préférait détourner l'attention. Une situation qu'elle connaissait bien depuis quelques temps, trop habituée qu'elle était à utiliser ce genre de détours. Elle savait pourtant que cette ruse ne fonctionnerait pas bien longtemps, elle contrecarra d'un habile mensonge.
-J'étais en train de penser à mon retour en France …Le garçon émit un grognement. Sujet fâcheux s'il en était, le retour de Céleste en France n'était pas à aborder sans la moindre précaution. Instantanément, elle commença à se mordiller la lèvre, son mensonge n'était pas si approprié que cela finalement pourtant nier la réalité n'allait pas arranger les choses, il fallait bien l'admettre.
-Pourquoi tes parents ont-ils eu la mauvaise idée de s'installer en France ?!Le ton du garçon laissait largement présager de son énervement ce qui fit sourire du coin des lèvres la jeune fille. Elle commença à lui caresser les cheveux et l'embrassa de nouveau.
-Tout simplement parce qu'une partie de ma famille est française. Et officiellement ma mère à de plus grandes opportunités professionnelles là-bas, son métier passe avant tout de toute façon. Officeusement je pense que mon père voulait mettre de la distance avec ma grand-mère. Ca n'a jamais été le grand amour entre eux.Elle devait bien reconnaître que lorsqu'ils vivaient tous sous le même toit les disputes étaient fréquentes, cela allait mieux depuis qu'ils étaient en France bien que son père ne soit pas venu avec sa femme et ses enfants en vacance en Irlande. Et puis Céleste aimait sa vie française et plus encore l'académie de magie de Beauxbâtons dont elle était fière de faire partie. Selon elle, ce qui était en réalité l'avis de ses parents, l'éducation à la française était bien meilleure, ce qu'elle ne manquait pas de faire remarquer à son petit-ami pour le charier, lui qui était à Poudlard perdu quelque part au milieu de la lande écossaise.
-Et ton frère, il en pense quoi ?
-Comme s'il avait son mot à dire ! Le frère de Céleste, Alceste n'avait pas eu son mot à dire en effet. Trop petit lors du déménagement, il n'avait même pas eu conscience du changement, ni même gardé de souvenirs de leurs précédentes vie irlandaise. En revanche, il aimait beaucoup moins que sa sœur le cadre français et se révélait étonnamment proche de leurs grand-mère que qui surprenait la jeune femme de jours en jours.
-Il serait peut être temps que tu me le présentes d'ailleurs, voir même que tu me présentes à ta famille. Comme ça, on attendrait pas les prochaines vacances d'été pour se revoir et tu pourrais me faire découvrir ta France chérie.Ce fut au tour de Céleste d'émettre un soupir. Au cours de l'été, le sujet de la présentation à la famille avait été abordé de nombreuses fois, pourtant la jeune fille avait toujours refusé. Elle savait pertinemment que sa famille n'accepterait jamais un né-moldu et particulièrement sa grand-mère qui en ferait toute une maladie. Elle n'avait pas exposé la véritable raison au garçon, elle ne voulait pas le blesser et jusqu'à présent elle pensait s'être plutôt bien débrouillée pour cacher la vérité.
-C'est parce-que je suis un sang-de-bourbe, c'est ça ?La jeune femme fut souflée et elle eut une grande peine à cacher son trouble. Qu'il est deviner la vérité, comme ça, aussi simplement, elle ne s'y était pas attendu le moins du monde mais qu'il utilise en plus un terme aussi vulgaire cela la laissait complètement pantoise. De honte, elle baissa la tête, car c'était bien une immense gêne qui l'assaillait en ce moment même. Elle ne partageait pas du tout l'opinion de sa famille, se fichant comme d'une guigne de la qualité du sang des gens, ce n'était pas ce qui importait pour elle. Mais pour sa famille ça l'était, et cela la gênait terriblement.
-Bah ! T'en fais pas, j'ai l'habitude avec les Serpentards …-Oh ! Sam ...Et sur ces mots le dénommé la prit dans ses bras et il n'ajouta rien, elle n'osa rien dire également et ne put que lui sourire maladroitement. Cet accord tacite semblait convenir aux deux parties et ensemble ils regardèrent les dernières lueurs du jours s'éteindre.
***
Le clap clap de ses talons retentissait à chacun de ses pas sur les pavés d'une allée menant à un très beau manoir tandis qu'une jeune femme avançait péniblement. Céleste rentrait chez elle et il fallait bien reconnaître qu'elle était très fatiguée comme le laissait apercevoir ses traits tirés ou les légères cernes qui se dessinaient sous ses yeux. Cela faisait désormais plusieurs années qu'elle travaillait en tant que guérisseuse à Sainte-Mangouste et jamais elle n'avait connu de journée aussi chargée, quinze heures d'affilées cela se supportait difficilement et son état s'en ressentait. Ce train de vie la jeune femme le tenait depuis quelques semaines, à croire que le nombre de blessé en tout genre n'avait cessé d'augmenter avec le retour du Seigneur des Ténèbres, mais cette journée elle s'en souviendrait encore longtemps. C'est donc dans un état de fatigue très avancé que la jeune femme rentrait chez elle, c'était encore le début de soirée et elle espérait retrouver sa grand-mère et son frère qui devaient être tout deux encore éveillé. Comme cela était son rituel, elle s'assura que sa bague de fiançaille était bien au chaud dans la poche intérieure de son veston puis elle entra, se dirigeant rapidement vers le grand salon où, comme elle s'y attendait, sa grand-mère l'attendait et une voix roucoula en langue irlandaise.
-Où étais-tu ?Céleste leva les yeux au ciel. Voilà un certain nombre d'année que sa grand-mère était souffrante, selon les spécialiste elle était atteinte de démence sénile ce qui pouvait parfois altérer son jugement ainsi que ses interractions avec les autres. La jeune femme ne fut donc pas surprise de ce manque de courtoisie élémentaire, au contraire elle répondit avec douceur dans un irlandais aux accents châtoyant.
-A l'hôpital, j'ai eu une journée chargée grand-mère. Comment te sens-tu aujourd'hui ?Elle commença comme à l'accoutumée à prendre sa température et à vérifier son pouls tandis que la vieille dame la regardait d'un œil curieux.
-A l'hôpital ?! Tu es souffrante ?La guérisseuse soupira. En plus de la démence, la vieille femme avait de très graves problèmes de mémoire qui, parfois, lui faisaient perdre la tête. Ne pas se souvenir que sa petite-fille était guérisseuse était tout de même un comble mais la jeune femme ne releva pas, elle y était habituée et elle savait que la vieille dame n'y pouvait pas grand chose. Elle avait essayé plusieurs choses pour réveiller sa mémoire endormie, pour essayer d'améliorer les choses mais rien n'avait fonctionné et aujourd'hui elle s'avouait vaincu. Même des spécialistes avaient tenté d'intervenir mais aucun n'avait obtenu plus de réussite. Il fallait bien se résigner.
-Mais non, tu sais très bien que j'y travaille … Tu sais où est Alceste ?La vieille dame n'étant évidemment pas capable de vivre seule, Céleste puis son frère étaient venu en renfort et si la vie en Angleterre réussisaient plutôt bien à la jeune femme, il en était tout autrement pour le jeune homme. En réalité, elle ne s'était pas fait prier pour revenir en Angleterre, c'était même son projet depuis le début, cela la rapprochait de Sam et en plus, elle avait obtenu un poste intéressant de guérisseuse à l'hôpital Sainte-Mangouste. Son frère en revanche s'était montré beaucoup plus réticent au déménagement, mais le travail de Céleste ne lui permettant pas de rester en permanence auprès de sa grand-mère, leurs parents l'avaient en quelque sorte forcé. La jeune femme n'avait cependant pas besoin d'une boule de cristal pour voir que son frère allait mal, il s'était bien vite accomodé à sa vie anglaise et avait désormais des fréquentations qu'elle jugeait détestable même si elle n'en laissait rien paraître. Les propos tenus par les amies du garçon, elle les avait maintes fois entendu dans la bouche de sa grand-mère et elle ne voulait pas se fâcher avec elle, surtout pas maintenant alors qu'elle était au plus mal. Alors comme d'habitude la jeune femme prenait sur elle. Suivant la direction indiquée par le doigt fébrile de sa grand-mère, elle tomba nez à nez avec le dénommé Alceste alors que celui-ci mangeait un bol de porridge dans la cuisine tout en lisant la Gazette du Sorcier.
-Salut. Ca a été avec grand-mère aujourd'hui ?Il lui répondit d'un simple signe de tête. L'humeur n'était pas au beau fixe entre eux deux, Alceste en voulait à sa sœur d'être trop absente, ce qui l'empêchait de sortir. Des histoires de gamins selon la jeune femme qui travaillait sans arrêt. En bref ils n'arrivaient pas à s'entendre. Alors que sa sœur agitait sa baguette d'un air distrait pour préparer un dîner convenable, le jeune homme se leva soudain pour prendre un verre situé en haut du buffet. Lorsqu'il tendit son bras pour attrapper le verre en question, un détail alarma immédiatement la jeune femme. L'avant-bras de son frère ainsi découvert par la gravité laissait apparaître une tâche noire, il comprit bien vite l'erreur qu'il venait de commettre mais sa sœur fut plus rapide et d'un geste vif elle lui saisit le poignet avec force. Ce qu'elle découvrit la laissa sans mot, la Marque des Ténèbres ornait la peau de son frère. Aussi vivement que sa sœur, il retira son bras et se détourna.
-Je sors ce soir. A demain.Céleste resta là, sans mot. Comment son frère avait-il pu rejoindre les mangemorts ? Pourquoi avait-il été aussi stupide ? Et plus important encore, comment pourrait-elle lui révéler un jour son mariage futur avec un né-moldu alors que ceux-ci sont réputés pour les haïr ? Elle plongea son regard dans la nuit noire, au loin elle vit son frère transplaner. Ce fut comme s'il avait disparu pour toujours et une larme roula le long de sa joue.
***
Du bout des doigts, elle toucha et ne sentit qu'une chose, la froideur cadavérique de ce corps qui s'étendait sans vie devant elle. Et, brutalement, elle tomba comme si plus rien ne la rattachait à la vie. Son monde s'était renversé, avait été déchiré de toute part et n'était plus désormais que froideur et ténèbres, malheurs et tristesse qui s'insinuaient peu à peu dans son esprit comme une brume perverse, affectant son cœur aride de litres de larmes versées. Elle avait mal, terriblement mal, comme si on l'avait déchirée en trois parties bien distinctes et qu'on les maltraitait successivement dans le but de décupler la douleur. En cet instant, elle était littéralement brisée.
Alors que les larmes handicapaient sa perception des choses, elle jeta un dernier regard trouble à sa grand-mère décédée et quitta la chambre dans laquelle elle l'avait découverte, ne supportant plus la vision d'une telle horreur. Elle savait que sa famille arriverait dans l'après-midi, aussi elle ne se contenta même pas de les avertir. Trois pertes successives, c'était trois pertes de trop. Elle s'allongea sur un divan, le moindre effort lui était insupportable, et se laissa aller à la peine et au désespoir, image même de la mélancolie et du regret.
Il lui semblait que des heures entières s'étaient écoulées, elle ne savait plus vraiment, tout ses repères ayant disparu. Le chagrin s'était atténué, la douleur aussi, il ne persistait que la colère dans son cœur. Dans son esprit la douce envie de vengeance se faisait ressentir. Ces morts, elle les attribuait toutes aux mangemorts et aux adeptes du Seigneur des Ténèbres et elle voulait leur faire payer, leur faire ressentir à leur tour la douleur de la perte. Et, comme une promesse à elle-même et aux proches qu'elle avait perdu, elle avait réuni devant elle trois objets ainsi que des preuves qu'elle désirait conserver à l'abri des regards. Il y avait là sa bague de fiançaille et sa correspondance régulière avec Sam, le médaillon de sa grand-mère et des photos de son frère aux côtés de ses « amis » ; tous ces objets étalés la, représentant des souvenirs d'une vie désormais détruite. Elle plaça le tout dans un coffret d'ébène noir, qu'elle mit en sécurité. Elle ne voulait pas oublier, au contraire elle souhaitait se souvenir à tout jamais et vivre avec la peine qui était désormais la sienne. Le chagrin enfermé l'heure n'était cependant plus aux sentiments, l'heure était à la vengeance, une vengeance sourde et froide qui interviendrait dans l'ombre. Tel était désormais le plan qui s'était formé dans sa tête.