C’était une journée magnifique. Parfaite pour un mariage, aurait-on dit. Le soleil étendait ses rayons tendrement sur les grandes tentures du jardin, et une chaleur agréable, quoique artificielle, régnait dans l’endroit. En fermant les yeux, on se croirait facilement une douce journée d’été. Tessae observait les décorations et l’admirable banquet, se mordillant la lèvre inférieure, les souvenirs de ses propres noces défilant à toute vitesse dans son esprit. Elle observait les gens, se tenant droite aux côtés de Rhaegar, tous vêtus de leurs plus beaux habits et de leurs plus jolies robes. Les visages lui semblaient aussi connus qu’inconnus – la fresque des familles de sang-pur de la communauté sorcière était toujours aussi impressionnante à ses yeux, et toujours aussi un peu intimidante. Elle était habituée de les côtoyer, car elle le faisait depuis qu’elle était une petite fille, mais elle avait toujours cette impression d’être perdue dans toute cette foule de gens. Comme une enfant. Terminant sa coupe de champagne, elle déposa le verre vide sur la petite table qui était tout près, et continua d’observer les gens tandis que Rhaegar discutait à voix basse avec un homme, certainement du ministère tout comme l’était son mari. Tessae ne se mêlait que très rarement de ce genre de conversation. Elle n’y était pas à l’aise, et de toute manière, elle n’avait jamais été très intéressée par la politique. Bien souvent, lors de soirées mondaines avec d’autres familles sang-pur, elle se tenait tranquillement auprès de Rhaegar et n’ouvrait que rarement la bouche, sauf pour saluer les visages connus et échanger des mots de courtoisie. Cela lui convenait parfaitement – elle n’était pas du genre à la conversation, sauf si une personne la débutait elle-même et l’entretenait. Cette journée-ci était spéciale, cependant. Un mariage, cela posait un étrange sentiment sur son coeur. Elle ne pouvait cesser de penser aux jeunes gens qui allaient s’unir. Elle les connaissaient à peine. Étaient-ils heureux ? Nerveux ? En colère ? La jeune mariée, Ariane, une âme si douce aux yeux de Tessae, avait-elle aussi peur qu’elle l’avait été elle-même à ses noces ? Le souvenir apporta presque un sourire sur les lèvres de Tessae. Elle avait été si anxieuse, et effrayée, et tout ces sentiments avaient disparus quand elle avait posé les yeux sur Rhaegar. Elle ne pouvait que souhaiter la même chose à Ariane. Tessae continuait d’observer la ribambelle de gens qui l’entourait, lorsque ses yeux se posèrent sur un visage bien connu. Les cheveux blonds, le teint de porcelaine, oui, cela ne pouvait qu’être Clyde. Esquissant un sourire non feint, elle glissa à l’oreille de Rhaegar qu’elle allait saluer quelqu’un et s’éloigna doucement, le coeur léger. Cela faisait un bout de temps qu’elle n’avait pas revu son amie, avec qui elle se sentait toujours si bien, si jeune. Elle s’approcha et posa une main légère sur son épaule. “Je ne pensais honnêtement pas te voir à un mariage” dit-elle d’un ton amusé. C’était vrai – Clyde était rarement présente aux soirées mondaines depuis quelques temps. À un mariage en plus – Tessae savait que Clyde n’appréciait pas la notion, de là son commentaire. “Ça fait plaisir de te revoir” ajouta-t’elle, serrant doucement son amie dans ses bras.

Elle se sentait si mal à l'aise, si déplacée dans ce cadre idyllique. Un mariage. Celui de deux inconnus dont elle n'avait même pas fait l'effort de retenir le nom. Elle savait néanmoins que le marié était le fils Appleby, celui qui posait des problèmes...à croire que cette famille ne savait pas gérer sa descendance. Naturellement, l'image de Louis s'imposa à elle. Ambre serait là aussi, elle comptait bien s'assurer qu'il respecterait l'accord qu'ils avaient signé dans ce bar miteux. Ce bar qui n'avait rien du lieu de cérémonie si parfaitement décoré à laquelle elle était tenue de participer. Pourtant elle détestait l'idée même d'être là. Sans la pression familiale, elle serait probablement restée à Londres. Les fêtes, les banquets, les soirées mondaines étaient d'ordinaire réservés à sa sœur aînée. Soupirant, elle se maudit intérieurement, elle aurait du tenir tête à sa mère. Lui dire qu'elle n'en avait rien à faire de ce mariage, que la cérémonie se déroulerait très bien sans elle mais elle n'avait pas eu le temps. Pas d'éclat. Cette dernière l'avait sermonnée alors qu'elle venait à peine de franchir le seuil de la porte. Pas d'éclat. Elle n'avait pas du réfléchir longtemps pour comprendre ce que ces trois mots impliquaient mais sa mère avait voulu mettre les points sur les "i", pour ne pas que sa fille trouve un moyen de contourner l'événement, pour qu'elle se comporte sagement comme l'exigeaient les codes. Mais Clyde n'était pas Ambre. Clyde se sentait idiote dans cette robe qu'elle trouvait bien incommode, dans cette tenue que sa mère avait choisie et exigée qu'elle porte. Quitte à porter une tenue pour l'occasion, elle aurait aimé un habit moins voyant, plus pratique. Elle avait l'impression d'étouffer dans la dentelle noire, l'envie irrépressible de déchirer l'étoffe coûteuse, d'ôter ses talons qui lui faisaient mal aux pieds. Elle avait croisé plusieurs collègues de la police magique, les saluant d'un signe de la tête, enviant leur position comme jamais elle ne l'aurait cru possible. Et parce qu'il était impensable qu'elle s'en sépare ne serait-ce qu'un instant, elle gardait soigneusement sa baguette à portée de main. Ne pas l'utiliser contre tous ces gueux en manque d'attention lui demandait une retenue des plus ardues. Elle faisait de son mieux pour ne pas faire d'éclat, pour répondre de manière courtoise à ces visages qu'elle avait bien du mal à identifier mais qu'elle avait déjà vus en compagnie de son père. Mais elle n'était pas Ambre et les conversations s'essoufflaient dès lors que les politesses habituelles prenaient fin. C'était mieux, elle s'évitait les poussés d'audace de certains qui tentaient vainement de lui présenter leurs fils. Et dans ces moments-là, elle s'éclipsait, trouvant une excuse vaseuse, tout en leur faisant bien comprendre qu'ils ne valaient rien, le mépris des Fleming reprenant place sur son visage. C'était ce qu'elle venait de faire à l'instant quand elle sentit une main se poser délicatement sur son épaule. Elle s'apprêtait à pester quand la voix harmonieuse d'une jeune femme sonna à ses oreilles. La moue boudeuse qu'elle affichait s'estompa pour laisser place à un sourire soulagé. Tessae, ce n'était que Tessae. « Je n'ai pas pu y échapper, cette fois. », répondit-elle d'un ton des plus dépité. Elle était néanmoins ravie de revoir son amie, les occasions de passer du temps avec elle ayant considérablement diminué depuis qu'elle n'avait plus à faire acte de présence à toutes les soirées mondaines du milieu. « Le plaisir est partagé, ça fait tellement de bien de croiser un visage familier dans cette foule d'inconnus. »  Rhaegar n'était pas à ses côtés, ce qu'elle trouvait étrange. « Tu n'es pas accompagnée de monsieur le prince de glace ? », s'enquit-elle un sourire malicieux sur les lèvres.

D’aussi loin qu’elle se souvenait, Clyde avait toujours eu une sorte de don pour apaiser Tessae. Quelque chose en elle, dans sa voix, dans son être, qui donnait l’impression à la jeune femme d’être jeune et insouciante, enfin, d’être la personne qu’elle ne s’était jamais autorisée d’être. Durant les soirées mondaines, lorsqu’elles étaient petites, Clyde l’emmenait toujours dans des aventures farfelues, que Tessae n’aurait jamais, au grand jamais accomplies sans elle. Des jeux tard dans la nuit, des cache-cache dans les manoirs, c’étaient tous des souvenirs chers aux yeux de Tessae, et elle avait toujours été très reconnaissante à Clyde de lui avoir fait faire toutes ces choses. Car même jeune, elle avait été écrasée par le poids de l’étiquette, de fiancailles futures et de manières à tenir. Clyde venait faire bouger tout cela, elle secouait et elle libérait. Ça lui avait toujours fait un bien fou. Et à ce moment-là, c’était le même sentiment. Tessae souriait, et c’était un sourire naturel, sincère, vrai, pas celui qu’elle livrait à tous ces convives, à ses parents ou même pas celui qu’elle donnait à Rhaegar, c’était le sourire véritable qu’elle possédait, celui qui vient se placer par lui-même sur nos lèvres. “Je n’ai pas pu y échapper, cette fois. Le plaisir est partagé, ça fait tellement de bien de croiser un visage familier dans cette foule d’inconnus.” Tessae acquiesça. Elle avait bien raison. Passer de visage inconnu en visage inconnu, faire mine d’être intéressée par les conversations que son mari avaient avec eux, c’était une tâche qu’elle n’appréciait guère, bien qu’elle y soit plus qu’habituée. “Oui. C’est assez étrange de venir à un mariage sans même connaître les mariés” dit-elle avec un sourire. Elle connaissait un peu Ariane, pour avoir discuté un peu avec elle, mais rien de plus, elle ne savait rien de sa vie et de son passé. Elle ne savait rien sur l’homme qu’elle allait épouser. Mais bon, il semblait que c’était une chose habituelle chez les sang-pur. Clyde eut ensuite un sourire malicieux. “Tu n’es pas accompagnée de monsieur le prince de glace ?” La remarque lui arracha un rire doux. Clyde avait toujours été curieuse au sujet de son mariage avec Rhaegar. Après tout, il était vrai qu’elle s’était mariée très jeune, et alors qu’on lui posait la bague au doigt, Clyde ne songeait pas à ces choses-là. Ça avait été bien plus vite pour Tessae, qui s’était fait un plaisir de répondre à toutes les questions de son amie. Le prince de glace. Ce n’était pas faux, d’un côté. Mais Tessae avait tant appris à aimer cet aspect de son époux, ça ne lui dérangeait plus. Elle lui sourit. “Il n’est pas bien loin, mais il est si occupé à discuter affaires avec je-ne-sais-plus-qui que je crois bien qu’il ait oublié que je suis là” répondit Tessae avec un petit ricanement. Elle ne se permettait de dire de telles choses qu’avec Clyde. Avec Clyde, c’était toujours plus facile. “Et toi, ta mère a-t'elle réussi à te trouver un prétendant ?” C’était à son tour d’avoir un sourire malicieux.

Jamais elle n'aurait cru que revoir le visage de son amie lui offrirait pareil réconfort. Mais c'était un fait, l'arrivée de Tessae contribuait à détendre la blonde, sa prise sur sa baguette se fit moins ferme, son visage perdit cet habituel air hautain qui lui collait tant à la peau, et, elle souriait. Elle se permettait un vrai sourire, pas un simulacre forcé par le rôle absurde qu'on lui avait imposé pour l'occasion. Elle fixa la brune un instant, songeant qu'il y a de ça quelques années, c'était elle que l'on mariait. C'était elle qui remontait l'allée, noyée sous les regards de deux familles à l'aura écrasante, dans l'indifférence d'un mariage arrangé, de convives peu concernés. Elle était pourtant si jeune à cette époque, plus une enfant mais pas une adulte et pourtant, on lui imposait une vie qu'elle n'avait pas choisie. Clyde imaginait difficilement ce qu'avait du ressentir son amie. Elle avait été plongée dans l'inconnu, seule. Elle se demanda si la mariée du jour était dans un état semblable à celui de son amie. Si elle avait peur, si elle était heureuse...même si, au fond, elle n'en avait que faire. Elle avait admiré Tessae pour son courage. Le courage d'être restée, d'avoir fait honneur à sa famille, celui de ne pas avoir pris ses jambes à son cou. Si jeune et déjà enchaînée. C'était absurde...mais pas pour Tessae, le mariage avait eu l'air de lui réussir. Elle n'était pas l'une des ces filles inconsolables qui rêvaient d'échapper à une union malheureuse, elle ne s'oubliait pas dans l'alcool et ne se négligeait pas. Clyde l'admirait pour ça même si, intérieurement, ça lui avait toujours paru logique. Elle avait toujours eu cette intuition en elle, celle qui lui soufflait que d'elles deux, c'était bien la brune la plus courageuse. Clyde était brusque, bagarreuse et grande gueule, là où Tessae était réservée, calme et à l'écoute. Mais il ne faisait aucun doute dans la tête de la blonde qu'elle n'était pas aussi forte que son amie. C'était Tessae, Tessae était la plus forte des deux. Quoiqu'il en soit, elles trouvaient toutes les deux qu'assister au mariage de parfaits inconnus était étrange. « Avec un peu de chance, la mariée se prendra les pieds dans sa robe, ça égayera ma journée. », ne put-elle s'empêcher d'ajouter alors qu'elle n'était pas elle-même très à l'aise dans sa robe. D'un rapide coup d'œil, Clyde repéra l'époux de son amie, un sourire en coin prenant place sur ses lèvres. Il avait oublié sa femme ? Tant mieux. « Bonne nouvelle, ça t'évitera de mourir d'ennui en écoutant les derniers souvenirs de vacances des vieilles peaux qui pullulent ici. » Il fut un temps où elle aurait entraîné Tessae dans les manoirs, jouant des tours improbables aux divers invités mais ce temps était révolu, elle ne pouvait plus se permettre d'agir comme une enfant, sa mère la surveillait, elle le savait. Elle espérait tout de même pouvoir trouver une sortie, et réussir à s'amuser comme au bon vieux temps. Ce fut à son tour de rire. Tessae était au courant de ce qu'inspirait le mariage à Clyde. Elle l'avait assailli de questions pendant des années et continuait à le faire assez régulièrement. Elle n'était pas prête pour ça et elle s'appliquait à retarder l'échéance le plus loin possible. « Elle cherche toujours, j'essaye de me faire petite pour qu'elle se focalise sur Ambre. », répondit-elle en montrant discrètement sa mère d'un signe de tête. Cette dernière, accompagnée de leur père, était en pleine discussion avec d'autres hauts dignitaires. Cette vision lui arracha une grimace qu'elle ne chercha même pas à cacher. « Il était comment ton mariage ? Aussi ennuyeux que ça ? », s'enquit-elle, spontanée comme à son habitude, elle lui avait probablement déjà posé la question mais elle ne pouvait s'empêcher de se questionner à ce sujet.

“Avec un peu de chance, la mariée se prendra les pieds dans sa robe, ça égayera ma journée.” Les paroles de Clyde lui arrachèrent un rire, un son qu’elle trouva presque étrange tandis qu’il passait ses lèvres. Elle ne s’entendait plus beaucoup rire ces derniers temps. Et maintenant qu’elle y pensait, elle n’avait que peu ri durant ces dernières années. Rhaegar ne la faisait que très rarement rire – aucun souvenir ne remontait à son esprit. Certes, elle lui souriait beaucoup. Elle aimait lui sourire, et elle adorait ces petits moments unique où, par un certain miracle, il lui rendait son sourire, maladroit certes, mais sincère. Il ne souriait jamais pour rien, alors lorsqu’il le faisait, ça lui réchauffait le coeur bien plus que n’importe quel éclat de rire. Mais elle avait oublié à quel point c’était agréable, de relâcher ses épaules, de se laisser aller au plaisir d’être en bonne compagnie. Avec Rhaegar, elle surveillait toujours ce qu’elle faisait, juste pour être certaine de ne pas trop lui déplaire. Mais avec Clyde, elle savait qu’elle pouvait être naturelle, sans se soucier de ce quoi elle avait l’air. La blonde serait toujours là quand même, même si elle se mettait les pieds dans les plats, Tessae en était certaine. Elle imagina alors Ariane se prendre les pieds dans sa belle robe blanche, et l’image lui arracha un sourire, bien qu’elle serait certainement horrifiée si cela arriverait réellement. Elle avait été si nerveuse elle-même à son mariage – qu’il lui arrive une telle chose aurait certainement signalé son arrêt de mort. Mais Tessae ne pouvait nier que l’image était plus qu’amusante. “Bonne nouvelle, ça t’évitera de mourir d’ennui en écoutant les derniers souvenirs de vacances des vieilles peaux qui pullulent ici.” Tessae ne put qu’acquiescer. Elle regrettait le temps où, étant petites filles, les deux pouvaient esquiver tout ce potinage mondain bien plus qu’ennuyant. Tessae n’aimait pas radoter – elle se félicitait toujours de ne parler que lorsque c’était nécessaire, une qualité qui s’était avérée utile en la compagnie de Rhaegar qui n’était lui-même pas très loquace. Mais parfois, elle n’avait pas d’autre choix que d’écouter ces ‘vieilles peaux’ raconter leur vie, savourant leurs souvenirs de jeunesse, racontant leurs derniers exploits, ou radotant sur les récentes actualités. C’était pourquoi Tessae restait toujours un peu en retrait, aux côtés de Rhaegar, un fantôme silencieux et courtois. “Elle cherche toujours, j’essaye de me faire petite pour qu’elle se focalise sur Ambre.” Clyde désigna alors sa mère d’un signe de tête, que Tessae reconnut aussitôt pour l’avoir vue lors de nombreuses soirées. Elle savait à quel point elle désirait que Clyde se trouve un époux, et Tessae pouvait lire le dégoût et le découragement dans le visage de son amie. Elle ne pouvait que s’imaginer sa situation – être libre, qu’était-ce ? Tessae ne le savait même pas. Elle n’avait pas eu l’occasion de savourer une quelconque liberté, passant d’enfant à étudiante, et finalement à épouse. Mais c’était le genre de chose, probablement, dont on ne pouvait pas se passer une fois qu’on y avait touché. Elle comprenait Clyde, de vouloir la conserver. “Il était comment ton mariage ? Aussi ennuyeux que ça ?” Tessae retint un sourire – petite curieuse qu’était Clyde, elle avait toujours des questions. Mais ça ne l’ennuyait pas du tout, si ça pouvait changer les idées à son amie, elle le faisait avec plaisir. Elle haussa légèrement des épaules, esquissant un sourire au souvenir de ses noces. “Je crois que oui. Mais j’étais tellement nerveuse – je ne me souviens même pas de tout. J’étais comme en transe, tu sais. C’était, vas-là, fais ceci, parles à un tel. Rien de très palpitant, maintenant que j’y pense.” C’était vrai. Elle avait été comme une machine ce jour-là. Sa rencontre avec Rhaegar. Elle lui avait fait confiance au premier regard, malgré son air taciturne. “Je te souhaite que le tien soit un peu plus dynamique, quoi que je n’en doute pas” dit-elle avec un sourire en coin. Il était vrai que Clyde avait un don pour tourner une situation ennuyante en quelque chose de plus amusant. Elle eut un court soupir, prenant une seconde pour jeter un regard sur la foule présente.  “Et ta soeur, alors ? Elle a quelqu’un ?” demanda-t’elle, curieuse.

Tessae était une amie chère au cœur de la blonde. Et si elle devait lister les noms des personnes à qui elle tenait sincèrement, elle aurait vite fini. Mais Tessae ferait partie de cette liste. Les mauvaises langues diraient que c'était facile pour quelqu'un comme elle, une fille qui comptait plus d'ennemis que d'amis dans son existence mais ils auraient probablement raison. Clyde ne s'embarrassait jamais de poids inutiles. Elle avait été une fille populaire à Poudlard, au sein de sa maison du moins, elle n'avait pourtant gardé que très peu de contacts avec ses anciens camarades, le strict minimum, juste ce qu'il fallait pour ne pas être mal vue par le cercle fermé des héritiers de sang pur qu'elle fréquentait auparavant. Mais elle avait l'impression de connaître la brune depuis toujours. Il fallait dire qu'elles s'étaient connues très jeunes et même si elles ne s'étaient pas vues énormément, Clyde avait toujours gardé de très bons souvenirs des moments passés avec l'ancienne Serdaigle. Pourtant Clyde n'avait pas été là au mariage de Tessae. Peut-être parce ces événements ne lui inspiraient qu'angoisse et ennuis, peut-être parce qu'elle n'avait tout simplement pas été invitée. Le fait est qu'en écoutant la jeune femme parler, Clyde ne pouvait s'empêcher de penser que si elle avait été là, si elle avait pu être aux côtés de son amie, dans un moment si important, alors peut-être qu'elle aurait été capable de l'aider à se détendre. La perspective de se retrouver seule le jour de son propre mariage l'effrayait, elle ne pouvait nier que la présence d'un proche ne serait pas de trop pour la rassurer.  « Je crois que...le futur marié sera forcé d'attraper un vif d'or. Pas de vif d'or, pas de mariage. Et bien sûr, j'aurais ensorcelé ce vif d'or au préalable pour qu'il ne mette jamais la main dessus. Les invités seront renvoyés chez eux et on parlera à jamais du mariage raté de Clyde Elizabeth Fleming.  », lança-t-elle d'une voix claironnante. La réalité était pourtant différente, la cadette des Fleming n'avait jamais réellement visualisé le jour de son union avec un sorcier et tant qu'elle le pouvait, elle préférait ne pas y penser. Tessae la questionna alors à propos de Ambre. Après tout, elle était l'aînée, elle devait, selon Clyde, se marier en premier. D'ailleurs, elle savait que sa famille organisait ses fiançailles dans son dos. Elle connaissait même plutôt bien son probable futur beau-frère. « L'héritier de la famille Blackwell, des sang pur évidemment. Un certain Allistair. Mais c'est un secret, je compte sur toi pour ne pas lui vendre la mèche.  » Si Clyde exécrait l'idée même de devoir renoncer à sa liberté pour épouser un homme choisi par sa famille, elle n'avait par contre aucun scrupule à participer aux décisions qui concernaient l'avenir de sa sœur. D'une part, si ses parents se focalisaient sur son aînée, elle était plus libre. D'autre part, Ambre était assez naïve pour se faire berner par le premier traître ou né moldu venu et il valait mieux éviter que cela n'arrive en choisissant son fiancé au préalable.