C'était étrange de savoir que le temps passe, inlassablement, indéniablement, qu'il était censée entrainer avec lui divers changements, bouleversements et autres évolutions dites logiques des choses... Et qu'ici, pourtant, dans ma petite existence et mon banal quotidien, j'avais la pénible impression que rien ne se développait et que plus rien ne grandirait jamais. Ces quelques erreurs, bêtes et naïves, ce manque certain de cran, de courage. Ces traumatismes récents qui s'ajoutaient les uns aux autres comme si j'étais plongée dans un tourbillon infini de cauchemars et que désormais ma réalité ne rimerait qu'avec abomination et autres terreurs que la guerre impliquait. Ou du moins, que le nouveau gouvernement du Lord impliquait. Les secondes - que je ne pouvais empêcher de s'écouler - me passaient sous le nez depuis un moment et sans originalité en cette soirée humide. Du coup, elles étaient devenues des heures, qui me narguaient tandis que je vivais de ne rien faire. Que je parcourais un terrain parfaitement connu, lassant et inutile. J'avais presque la sensation de les entendre murmurer avec sadisme : « Et encore une soirée, puis une nuit, qui n'auront servi à rien. Ni à protéger les tiens, ni à te rendre plus important. Personne demain n'aura davantage confiance en toi. » Je m'arrêtais subitement dans ma lecture, me servant du moindre bruit pour prétexter un intérêt. Une raison de m'arrêter, un espoir à peine prononcé, pour qu'une animation réelle se produise ce soir. Que j'en sois, si ce n'était le protagoniste principal, l'un des personnages clés. Oh allez, même très secondaire, ça m'irait. Je voulais un peu de changement dans ma vie, je ne demandais pas la lune. Je voulais seulement pourvoir être utile, servir à quelque chose et pas seulement à subvenir au besoin du ministère. Ministère dont je ne soutenais absolument pas les idées, mais qui me remplissait bien heureusement mon compte en banque tous les mois. C'était le seul poste que j'étais parvenue à trouver, car mon cursus scolaire n'avait pas été terminé à cause de la fermeture de Pourdlard. Bref, je n'avais pas rêvé. Mes sourcils se froncèrent et je me penchais en arrière sur ma chaise, sans me retourner vers la porte de mon entrée, l'air blasé. Je me faisais des films alors que deux chats se couraient après ou quelqu'un avait-il réellement frappé à ma porte ? Mais le claquement recommença et je décidais enfin de me lever pour aller ouvrir. Ma baguette à portée de mains, j'entrebâillais la fermeture en bois et me retrouvait face à une charmante brunette... Je l'avais déjà vu quelque part... Seulement, je n'arrivais pas à me souvenir où. « Bonsoir ? Je peux vous aider ? » Demandais-je simplement.