Sujet: (blodwyn) ☆ somewhere only we know. Ven 30 Mai - 17:51
somewhere only we know
I WALKED ACROSS AN EMPTY LAND. I KNEW THE PATHWAY LIKE THE BACK OF MY HAND. I FELT THE EARTH BENEATH MY FEET, SAT BY THE RIVER AND IT MADE ME COMPLETE. OH SIMPLE THING WHERE HAVE YOU GONE? I'M GETTING OLD AND I NEED SOMETHING TO RELY ON SO TELL ME WHEN YOU'RE GONNA LET ME IN, I'M GETTING TIRED AND I NEED SOMEWHERE TO BEGIN. I came across a fallen tree. I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love ? Is this the place that I've been dreaming of ?
Les yeux rivés vers le plafond, Ariane était incapable de trouver le sommeil. Cela faisait plusieurs nuits d'affilée qu'elle se tournait et se retournait sous ses draps, peinant à s'étendre correctement entre les bras de Morphée. A l'évidence, quelque chose la tourmentait – et son mariage avec Eamonn Oswald-Appleby arrivait sûrement en tête de liste. Plus la date fatidique approchait, plus ses envies de pleurer étaient fréquentes. Étonnement, elle n'en voulait pas à ses parents de l'avoir poussée dans une famille dans laquelle elle n'avait aucune envie de s'intégrer – et elle n'en voulait pas à Eamonn d'être un sale type arrogant et visiblement atteint de mutisme sélectif. Peut-être ne convenait-elle pas à ses attentes ou peut-être en aimait-il une autre ? Ariane n'en avait cure puisqu'ils étaient tous les deux dans la même panade. Ce mariage arrangé lui faisait peur, l'exécrait même au plus haut point, mais elle faisait avec. A travers les méandres de ses idéaux révolutionnaires et purement idéalistes, la jeune femme ne voulait pas salir le nom de famille de ses parents. En s'enfuyant, elle serait retrouvée et ses géniteurs seraient dans l'incapacité de faire quoi que ce soit pour elle. Le déshonneur était un fardeau qu'Ariane voulait éviter. Peu importait le prix de ce mariage, de ces noces dont elle ne voulait pas – elle devrait se débrouiller, comme à son habitude, vaguement consciente de ses nombreuses maladresses. Elle tentait alors de faire des efforts à l'égard de son fiancé ; elle engageait des conversations qu'elle jugeait passionnantes mais le mépris était le seul misérable résultat qu'elle pouvait escompter. Pourtant, derrière ce silence sourd et son sale caractère, Eamonn semblait être gentil – ou plutôt conciliant. Même si, jusqu'à présent, il n'avait fait preuve d'aucune souplesse à son égard. Sa foi en l'être humain défiait souvent la véritable nature des gens et celle d'Eamonn ne trompait personne. Même sa sœur aînée, Romane, lui avait dit que son futur mari paraissait un tantinet antipathique. En même temps, il s'agissait d'une réponse à une lettre de quelques parchemins où Ariane avait décrit avec précision le comportement ostensiblement froid de son fiancé. Son aînée n'avait pas eu d'autres choix que celui de prendre parti, sûrement consciente du malaise de sa cadette. Cette dernière l'en remerciait d'ailleurs car, une fois la nuit tombée, elle espérait que les pensées de Romane l'accompagnaient et ce, même depuis la France. Elle se sentait seule – il n'y avait pas à tergiverser –. Sa famille lui manquait et c'était assez risible puisqu'elle avait toujours apprécié vivre loin de la France. Mais, à l'époque, elle avait encore Gaheris et le fait de l'avoir perdu changeait vraisemblablement tout. Elle avait conscience que sa situation était enviable par rapport à celle des nés-moldus par exemple, ou des « hybrides ». Pour quelles raisons se plaignait-elle alors qu'elle avait un toit au-dessus de la tête, de la nourriture dans ses plats et des oreilles attentives à qui se confier ?
Ariane n'y pouvait rien. Elle avait peur – non, elle était terrifiée à l'idée de faire un pas de travers depuis sa récente entrée dans la résistance. Un mot sourd qui annonçait sûrement quelques sabotages et des tentatives de terrorisme. La jeune femme suivait tant bien que mal les faits et gestes de ses pairs, consciente que son nom de famille pouvait être un frein à la confiance qu'on lui accorderait. Si les Arenberg étaient autrefois méconnus en Angleterre, ils avaient pris dernièrement une allure folle en exprimant clairement leur allégeance à Voldemort – car rares étaient les familles françaises qui prenaient ce risque. La France était un pays libre et Ariane en éprouvait une certaine fierté. Cet orgueil naissant entrait en contradiction avec la situation de mariage arrangé dans laquelle elle se trouvait, certes, mais elle n'en avait cure. Après tout, quelle existence n'était pas faite de contradictions ? La sienne était forgée sur des faux-semblants, des trahisons. Ses doutes n'auraient toutefois par raison de sa détermination car, elle devait l'avouer, si elle avait toujours été plus ou moins fascinée par l'étrange monde des moldus, elle agissait de la sorte pour soutenir Gaheris dans le combat qu'il avait mené jusqu'à son emprisonnement. N'était-ce pas idiot ? De faire tout cela par amour ? Un petit soupir s'échappa d'entre ses lèvres entrouvertes alors que ses paupières refusaient obstinément de se fermer. Ses pensées vagabondaient allègrement sur les événements de la journée, des jours précédents. Cela faisait un an qu'elle n'avait pas revu Gaheris et les ombres des caresses qu'il avait déposées sur sa peau continuaient à la faire frémir. Elle le ressentait, ce manque, elle le ressentait comme jamais auparavant. Mais elle ne pleurerait plus – ses larmes étaient stériles et teintées d'amertume. Elle se retourna une nouvelle fois, allongée sur le flanc droit puis, lassée par la danse infernale qu'elle menait dans son propre lit, la jeune femme rejeta la couverture sur le côté. Elle déplia son corps gaîné de tissu blanc et posa ses pieds sur le plancher froid de sa chambre. Heureusement, elle n'avait pas à partager la même chambre qu'Eamonn – ses insomnies auraient été plus fréquentes, incapable de se faire à l'idée de dormir avec un homme autre que celui qu'elle aimait. Pourtant elle devrait bientôt se rendre à l'évidence : un mariage impliquait une certaine dose d'intimité et, un peu écoeurée, Ariane claqua ses dents. Elle tendit le bras et enfila un gilet en laine que sa grand-mère paternelle avait tricoté (même si la jeune femme pensait qu'il s'agissait plus du travail de ses elfes de maison plutôt que du sien). Lentement, elle se leva et, bien décidée à combler une petit fringale nocturne, ouvrit la porte et la referma doucement derrière elle.
Pendant qu'Ariane déambulait dans le manoir, le plus silencieusement possible, elle se rendit compte de l'austérité qui régnait dans cette demeure. Alayne semblait être la seule personne disposée à sourire et à apporter un peu de chaleur dans cet endroit. Ariane ne connaissait pas la véritable identité de la rouquine car, si cela avait été le cas, sans doute aurait-elle été profondément choquée et à deux doigts de rendre son déjeuner. La jeune femme ne connaissait pas l'histoire personnelle d'Eamonn, puisque ce dernier refusait de dire quoi que ce soit à son propos, et le doux nom de Blodwyn l'aurait laissée indifférente. Cette tragédie sentimentale qu'ils avaient vécus était bien dissimulée sous un silence de plomb. Alayne était Blodwyn, Blodwyn était Alayne. Et Ariane la considérait comme une véritable petite tornade flamboyante, profondément adorable et – bien malheureusement – disposée à encenser les fiançailles de l'héritier Oswald-Appleby à la fille cadette des Arenberg. Force était de constater qu'elle portait à Alayne une attention toute particulière même si celle-ci se comportait comme une satanée elfe de maison. Ariane la trouvait touchante et bien incapable de faire le moindre mal. Elle ne connaissait pas les circonstances exactes de son entrée dans le manoir, en tant que servante ou de femme à tout faire, et elle ne voulait pas les connaître pour le moment. Si Alayne voulait lui en parler, alors elle trouverait une oreille attentive en la présence d'Ariane – mais jamais cette dernière ne lui forcerait la main. Longeant les murs, la jeune femme atteignit rapidement la cuisine – précieux domaine où elle avait interdiction de s'approcher, mais elle ne se gênait pas de l'envahir une fois la nuit tombée –. Son regard fut irrémédiablement attiré par un visage pâle, surmonté par une cascade de cheveux roux. Aussitôt, Ariane sentit ses lèvres s'étirer en un petit sourire attendri lorsqu'elle portait ses yeux bleutés vers le ventre rond de sa vis-à-vis. Ariane avait toujours eu du mal avec les enfants : elle craignait de mal s'y prendre, de ne pas savoir être suffisamment autoritaire ou de ne pas être assez gentille. En somme, la jeune femme était une candidate parfaite pour le baby blues. Alayne ferait une mère formidable, c'était bien la seule chose dont Ariane était sûre en ce moment. La rouquine savait faire de délicieuses tartes aux cerises – et quel enfant ne raffolait pas de gâteaux colorés ? « Je pensais être seule à cette heure-ci. » La jeune femme s'approcha furtivement d'une baguette de pain de laquelle elle arracha un morceau avant de le mordre. Elle mâcha un instant, les yeux dans le vague, et reporta son attention sur son interlocutrice. « Tu n'arrives pas à dormir parce que le bébé bouge trop ? » s'enquit-elle d'une voix timide. Elle était loin d'être à l'aise avec ces histoires de maternité et cela se sentait dans sa voix. Toutefois, le bien-être d'Alayne l'intéressait – si seulement elle pouvait se marier avec elle au lieu d'épouser Eamonn, les choses auraient été nettement plus belles.
Dernière édition par Ariane Arenberg le Lun 30 Juin - 12:16, édité 1 fois
≡ amoureusement : mariée, techniquement, même si elle ne semble plus en porter le nom.
≡ son emploi : auparavant, elle travaillait à la ménagerie magique, désormais, elle est une fugitive.
≡ statut de sang : c'est une sorcière de sang-pur, d'ces sang-pur qu'on estime traitres pour ne pas se croire au-dessus des autres.
≡ sa maison : elle était chez les gryffondor; elle n'a pourtant jamais cru en son courage.
≡ sa baguette : baguette en bois de cyprès, avec une plume de phénix pour cœur, elle est spécialisée en métamorphose, et mesure approximativement vingt-sept centimètres.
≡ son patronus : il prenait la forme d'un geai, mais désormais elle ne peut plus en produire. rien d'autre qu'un vague amas argenté.
≡ son amortencia : la potion a toujours eu la senteur du grand air, un parfum d'ébène au creux de ses cheveux et du vieux bois.
Sujet: Re: (blodwyn) ☆ somewhere only we know. Lun 23 Juin - 1:42
life is great without a care
— BLODWYN BROWNSTEIN & ARIANE ARENBERG —
I lit a fire with the love you left behind and it burned wild and crept up the mountainside. I followed your ashes into outer space, I can't look out the window, I can't look at this place. I can't look at the stars they make me wonder where you are. Stars, up on Heaven's boulevard and if I know you at all, I know you've gone too far. So, I can't look at the stars. All those times we looked up at the sky, looking out so far, we felt like we could fly. And now I'm all alone in the dark of night, the moon is shining but I can't see the light.
Il y avait des centaines de pensées qui tournaient dans sa tête. Son cerveau ne pouvait pas en avaler plus – ne pourrait pas faire cet effort une fois le jour levé sur une nouvelle journée. Comment le temps pouvait-il passer aussi vite ? Sous ses doigts, le tissu cotonneux de sa chemise de nuit était chaud et doux ; elle avait déjà l’impression de sentir entre ses mains, la soie de la peau de son bébé à naître. Il avait grandi si vite, au fond de ses entrailles : encore revenaient en sa mémoire les moments heureux de sa grossesse, lorsqu’elle l’avait appris. Lorsqu’elle avait voulu l’annoncer à Daniel, tout sourire. Lorsque son monde s’était effondré autour d’elle quand elle avait perdu son fiancé. Au fond de son esprit, les nuits qui se succédaient devenaient de plus en plus sombres, les lueurs bleutées du firmament devenant des ténèbres aux profondeurs abyssales : par la petite fenêtre de sa chambre, isolée des autres, la rousse observait les quelques éclats d’une lune haute, dans l’espoir de voir une quelconque clarté lui sourire. Rien, si ce n’est quelques rayons venant caresser la froideur du verre, nul autour d’elle ne lui accordait la moindre attention. Cette solitude, ce silence pesant la rendait amère, ce soir, sans qu’elle ne sache dire pourquoi – au bord de ses yeux restaient encore quelques traces des larmes qu’elle avait laissées couler, qui s’étaient enfoncées dans les draps qui avaient recouvert son visage. Comme une imbécile, une petite fille traumatisée par un souci insignifiant, elle avait sangloté en silence depuis qu’elle avait posé son dos contre le matelas, tentant vainement de s’endormir. Il y avait au fond de ses entrailles ce sentiment d’impuissance, une froideur sur laquelle elle ne parvenait pas à mettre de mot : au sein du grand manoir des Oswald-Appleby, sa solitude était toute naturelle, personne ne lui parlait, rares étaient ceux qui la regardaient, ou attardaient quelque égard sur elle. Des grands sorciers qu’elle avait croisés, la plupart avaient jeté sur elle un œil critique, acerbe, soulignant d’un air dédaigneux la courbe de plus en plus importante de son ventre : l’idée s’était finalement immiscée à son esprit comme une évidence. Ce n’était pas pour autant que c’était chose aisée. Cet enfant était le fruit de son amour avec Daniel, la dernière chose qui lui restait de son fiancé décédé. C’était pour lui qu’elle avait renoncé à la vie chaotique du côté moldu, pour accepter la stabilité que lui offrait la famille Oswald-Appleby. Mais, avec cet enfant, elle manquerait sans aucun doute à ses devoirs élémentaires envers sa famille : les elfes de maison n’avaient pas d’enfants, après tout ; ce n’était sans doute pas pour endosser la responsabilité d’avoir une employée de maison inutile, qu’ils l’avaient prise si généreusement sous leur aile. La gorge sèche, Alayne avait posé ses yeux clairs sur la bosse imposante qui l’empêchait presque de bouger à présent : les médecins moldus lui disaient de dormir sur le dos de préférence, d’éviter les côtés à présent – pourtant ce soir, les paupières ouvertes sur le plafond, elle ne parvenait pas à trouver le sommeil.
Tout son corps la lançait, comme un appel lancinant à la raison sur laquelle elle ne parvenait pas à mettre le doigt. Quelle était la bonne réponse ? Un éclair de douleur passa son dos, siégeant dans ses reins en quelques coups de tambour qui la firent grimacer. C’était comme si chaque fibre de son corps matérialisait en douleurs atroces chacune des questions qui la torturaient : le jour J approchait, à chaque aube, chaque crépuscule, le temps de réflexion s’amenuisait. Alayne ne se voyait pas abandonner son bébé dans le système adoptif des moldus, elle ne se voyait pas laisser son enfant être élevé par d’autres. Elle ne se voyait pas renoncer de la sorte à son histoire avec Daniel, et tout ce qui en était ressorti : de bon, de beau, de doux, d’innocent. Avec la dose de chagrin qu’elle devait porter au fond de son cœur, elle restait profondément convaincue que cet enfant panserait chacune de ses plaies, et ferait d’elle une meilleure employée au service des Oswald-Appleby. La famille n’était peut-être pas de cet avis. Peut-être. Sans hésiter plus d’une seconde, la jeune femme quitta ses draps pour faire quelques pas silencieux sur le parquet craquant de la chambre, prenant mille précautions pour ne réveiller personne, où que ce soit. Arrivée à la petite table branlante qui était sous la lucarne, elle attrapa le carnet qu’elle avait soigneusement mis à jour, ainsi que la plume qui trempait dans son encrier. A voir le soin qu’elle avait mis à confectionner ce petit carnet, l’événement qui approchait été presque plus important que la naissance de son propre enfant : ici étaient répertoriées chacune des missions qu’elle avait à accomplir pour le grand mariage d’Ariane et d’Eamonn Oswald-Appleby. Taciturne, complexe, elle n’avait vu le jeune homme que quelques fois. Une fois dans un étrange échange au sein de la cuisine du manoir, juste après son arrivée – en plus d’être fortement alcoolisé, il lui avait semblé bien difficile à comprendre, quand bien même elle n’avait pas le droit d’avoir de pareilles pensées pour quelque sorcier légitime que ce soit. Le reste du temps, il lui semblait presque que le sorcier l’avait évitée. C’était pour Ariane qu’elle faisait ça. Qu’elle s’appliquait tout, un sourire passant sur ses lèvres chaque jour un peu plus, à l’idée de ce qui allait arriver : elle, elle avait rêvé de son beau mariage. A l’église. Avec Daniel. Elle avait encore la bague au doigt ; simple, tout comme l’avait été la vie à ses côtés. Son mariage aurait été le plus beau jour de sa vie. Elle voulait qu’il en soit ainsi pour Ariane, même si la sorcière ne mettait pas autant de volonté à l’ouvrage que la servante elle-même. Encore aujourd’hui, Alayne se souvenait bien de toutes les robes que la blonde avait essayées, dans un coin somptueux du manoir de la famille ; de combien elles lui étaient toutes allé à la perfection, de combien elle l’avait pensée chanceuse. Chanceuse d’être heureuse de la sorte. A la lumière de la petite bougie qu’elle n’avait pas éteinte, Alayne examina les pages et les pages couvertes d’écriture : elle avait utilisé des pattes de mouche pour inscrire chaque chose importante sur le grand jour, tant et si bien qu’elle avait bien du mal à se relire. Les invitations pour la célébration avaient été envoyées il y a des lustres déjà, et Mrs Oswald-Appleby avait tant de choses à dire sur les autres détails du mariage, que la rousse se retrouvait les poings liés pour ce soir. Seulement en ce qui concernait le mariage, du moins.
Dans un endroit si grand, au sein d’une famille si importante, il y avait toujours quelque chose à faire. A la lumière jaunâtre de sa petite bougie, Alayne quitta à pas de loups sa chambre à coucher, fermant le loquet de celle-ci juste derrière elle : sur la pointe des pieds, elle atteignit le grand escalier, silencieux. Puis les salles de réception. Silencieuses. C’était à peine si elle osait respirer, ses pupilles s’égarant aux quatre coins de l’endroit comme si elle le voyait pour la première fois : elle n’était pas obligée, pour une fois, de se mettre dans un coin de la pièce, de baisser les yeux. De surveiller le moindre de ses faits et gestes. Si quelqu’un venait à l’attraper en dehors de sa chambre à une heure pareille, il n’y avait pas de doute quant à la sanction sévère qu’elle prendrait, mais tout le domaine semblait profondément endormi. L’espéra-t-elle plus ardemment encore, maintenant qu’elle était au rez-de-chaussée, à la vue de n’importe quelle personne passant à proximité. C’est donc plus dans un réflexe imprudent, qu’elle se retrouva dans le noir complet, juste après avoir soufflé sur la flamme orange de sa bougie – elle connaissait si bien l’endroit cependant, qu’elle n’eut aucun mal à trouver le chemin jusqu’à la cuisine. Puis jusqu’à une chaise, où elle se laissa tomber. Essoufflée. Enceinte jusqu’au cou, il devenait pour elle bien compliqué de respirer convenablement, et le moindre effort devenait de plus en plus dur à accomplir : mais le bébé était en bonne santé, avait garanti le médecin qu’elle était allé voir, il y a deux semaines à peine. C’était un moldu, bien évidemment, mais elle lui faisait confiance – et elle n’avait que son avis à elle auquel se fier, car personne autour d’elle ne lui demandait des nouvelles de l’enfant qui grandissait en elle. Personne, si ce n’est Ariane, de temps en temps, quand elle ne semblait pas absorbée par ses propres préoccupations : c’était compréhensible, un mariage et tout ce que cela impliquait, avait de quoi dévorer tout l’esprit d’une jeune femme. Comme beaucoup, la jeune française avait dû rêver de ce jour toute sa vie ; et rien que pour ça, Alayne tenait fermement à ce que tout soit parfait. Pas seulement pour plaire à Mrs Oswald-Appleby. Surtout parce qu’Ariane était douce et généreuse, et méritait d’être heureuse. Assise de la sorte, happée par ses pensées, Alayne ne trouva rien de mieux à faire que passer sa main sur son ventre, le caressant avec tendresse : depuis quelques dizaines de minutes déjà, le bébé s’agitait quelque peu, à croire qu’il tenait fermement à faire comprendre à sa mère que toutes ces pensées parasitaires étaient vraiment mauvaises pour le sommeil. Tout autant qu’elle se sentait épuisée, Alayne était incapable de fermer l’œil plus de quelques minutes ; parfois, elle en arrivait à troquer son habituel sommeil sans rêve par d’affreux cauchemars qu’elle ne tenait pas à refaire toutes les nuits. Des cauchemars où elle avait froid, où elle avait peur. Où elle était triste comme jamais elle ne l’avait été. Elle y voyait la guerre et les ténèbres, un monde dont les Oswald-Appleby la préservaient ; dans le silence de la nuit, la sécurité du noir autour d’elle, Alayne essuya une larme qui venait de glisser dans un coin de sa paupière, s’en débarrassant tout juste lorsque les lumières s’éclairèrent, la faisant se dresser par réflexe – plus difficilement qu’auparavant malgré tout - sur ses jambes. Si elle avait craint être surprise par le regard noir de Mrs Oswald-Appleby, elle reconnut cependant les boucles tombantes d’Ariane, sa belle chevelure d’or sur sa robe de chambre. Furtivement, un sourire passa sur les lèvres de la rousse, accompagné du réflexe de baisser les yeux comme elle se devait de le faire, en temps normal : si les Oswald-Appleby s’avéraient bien généreux avec elle, la loi Bloodstream stipulait clairement que ses contacts avec les vrais sorciers devaient être grandement limités. Si d’autres ne lui adressaient pas la parole, Ariane semblait bien gentille, si bien qu’elle avait peur bien souvent de dépasser les bornes qu’on ne lui avait pas mises. « J’allais partir. Je-je peux partir si vous voulez. » L’œil fuyant, elle regarda la blonde une seconde, le temps de la voir prendre un morceau de pain : la rousse en vint à devoir se mordre la langue pour ne rien dire – il faudrait qu’elle fasse disparaître ça, si elle ne voulait pas être soupçonnée de voler la nourriture de la famille : être enceinte lui donnait atrocement faim, mais Mrs Oswald-Appleby avait été bien précise sur ce qu’elle ne pouvait pas toucher. A savoir tout ce qu’il y avait dans cette cuisine ; les quelques petites pièces qu’on lui donnait pour ses services devaient lui servir à se nourrir – les mathématiques n’étaient pas compliquées en soit, même pour elle, mais les soupçons de Mrs Oswald-Appleby ne disparaissaient jamais. Mais bien évidemment, contrairement à tous dans ce manoir, contrairement à l’environnement hostile qui l’agressait, Ariane se montra plus bienveillante qu’elle ne l’aurait dû : instantanément, le visage opalin de la rousse s’éclaira d’un nouveau sourire. Son bébé, Ariane, tous les éléments de sa petite vie étaient rassemblés pour la faire sourire, en effet. « Je crois plutôt que c’est moi qui l’ai réveillée. » Et une nouvelle fois, avec cette douceur qu’elle n’octroyait qu’à ce petit être, Alayne glissa une main affectueuse sur son ventre, avant de se fustiger d’être si égoïste. « Je suis désolée. Je-j’espère ne pas vous avoir réveillée, je ferai moins de bruit la prochaine fois. » Elle espérait au moins qu’Ariane ne le répète pas à la famille, sans quoi, les choses deviendraient plus compliquées ; sans doute que cette supplique informulée pouvait se lire dans ses yeux, d’ailleurs, ce qui avait de quoi la rendre bien pathétique ; elle, ses cernes, son mal de dos et ce constant désespoir grondant au fond de ses entrailles.
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Sujet: Re: (blodwyn) ☆ somewhere only we know. Jeu 26 Juin - 20:59
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I WALKED ACROSS AN EMPTY LAND. I KNEW THE PATHWAY LIKE THE BACK OF MY HAND. I FELT THE EARTH BENEATH MY FEET, SAT BY THE RIVER AND IT MADE ME COMPLETE. OH SIMPLE THING WHERE HAVE YOU GONE? I'M GETTING OLD AND I NEED SOMETHING TO RELY ON SO TELL ME WHEN YOU'RE GONNA LET ME IN, I'M GETTING TIRED AND I NEED SOMEWHERE TO BEGIN. I came across a fallen tree. I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love ? Is this the place that I've been dreaming of ?
Alayne apportait une petite touche de gaieté dans ce manoir austère et sombre. Ses cheveux roux flamboyants tranchaient allégrement avec la moue renfrognée et les boucles sombres des membres de la famille Oswald-Appleby. Si Ariane redoutait son mariage avec Eamonn, elle se rassurait tant bien que mal en se disant qu'elle parviendrait sûrement à garder la tête hors de l'eau – notamment grâce à Alayne, et aux partisans de la résistance. Elle devait s'estimer heureuse, et c'était ce qu'elle faisait lorsqu'elle comparait malgré elle sa situation avec celle d'Alayne. Parfois, lorsqu'elle posait son regard sur le ventre rebondi de la jeune femme, elle ressentait un pincement au cœur très net. Elle l'appréciait sincèrement et l'empathie était visiblement de mise entre elles. Elle aurait voulu l'aider mais que pouvait-elle faire ? Elle-même avait été surprise d'apprendre que les parents d'Eamonn l'avait 'gracieusement' embauchée. Préposée aux tartes aux myrtilles, au ménage et aux autres tâches ingrates qu'une femme enceinte n'était pas censée exécuter. Cette situation avait de curieux élans d'injustice et proposait une vision plus sombre de la réalité. Profondément idéaliste, Ariane devait bien avouer que Alayne lui avait fait inconsciemment ouvrir les yeux sur le malheur d'autrui. Peut-être avait-ce été grâce à elle qu'Ariane avait ressenti un feu brûlant dans ses entrailles, poussée par une étonnante envie de justice et de révolution. Elle n'avait jamais agi contre le gouvernement actuel, même si elle n'avait pas non plus été dévouée à cette cause qui lui semblait particulièrement mauvaise, et s'était engagée récemment dans la rébellion. Chose surprenante venant de sa part – évidemment, elle aurait pu suivre les directives de Wayne les yeux fermés, mais cette décision reflétait aussi une combativité à laquelle Ariane n'était pas habituée. Elle avait l'impression que le parfum d'Alayne embaumait cette prise de position et, à travers les méandres de cette peur inhabituelle, Ariane l'en remerciait silencieusement. Mais de tels propos auraient été considérés hors-contexte si elle avait dû expliquer en détail la tendresse qu'elle lui portait. Certes, les deux jeunes femmes n'étaient pas intimes, comme on pouvait s'y attendre. Alayne jouait la domestique pour les Oswald-Appleby et Ariane était appelée à rejoindre cette famille (plus ou moins contre son gré). Rien n'était supposé les rapprocher, absolument rien. Pourtant, dès qu'Ariane avait posé ses prunelles sur le sourire candide de cette jeune fille, sur sa bouille chagrine et sur son ventre qui commençait tout juste à se tendre, une grande bouffée d'affection l'avait submergée. Alayne n'était en rien comparable aux membres de la famille qu'elle servait et, en somme, peut-être était-ce pour le mieux. Elle n'était qu'amour, douceur chagrine et légèreté. Les Oswald-Appleby étaient odieux et Ariane savait qu'elle n'était toujours pas capable de se faire passer la bague au doigt, surtout de la part d'un homme tel qu'Eamonn. Si sa nature naïve l'avait poussée à imaginer un mariage heureux, ses rêves avaient été brisés à l'annonce de son prochain mariage. Une union contre laquelle elle ne pouvait rien. Elle prendrait le nom de son mari et envierait la prétendue liberté d'Alayne car, même si cette dernière servait les parents d'Eamonn, elle n'était apparemment pas obligée d'épouser un sinistre inconnu.
Elles étaient sensiblement différentes. Alayne paraissait reconnaissante à l'égard des parents Oswald-Appleby, Ariane avait remarqué que ses yeux brillaient d'une étrange lueur lorsqu'elle les voyait – même s'ils la traitaient d'une manière telle qu'ils pouvaient faire rougir des elfes de maison, la rousse ne semblait voir que de la bonté dans le cœur de ses employeurs. A nouveau, la sorcière posa brièvement son regard sur le ventre rond d'Alayne et appréhenda l'avenir. Le père de l'enfant n'était pas à ses côtés pour lui apporter de l'aide – du moins, elle l'imaginait. Un homme digne de ce nom ne laisserait pas la mère de son enfant travailler comme un chien pour des clopinettes (même si Ariane n'avait jamais entendu parler du salaire qu'Alayne touchait, elle était intimement persuadée qu'elle ne parviendrait pas à survivre en dehors de ces murs). Si seulement Ariane avait touché une aide venant de l'extérieur, elle aurait volontiers apporté son aide à son amie – mais, seule, elle en était incapable. La résistance avait visiblement mieux à faire que de s'occuper de son prochain mariage et de la pauvre rousse qui accoucherait bientôt. De tout ce manoir, Alayne était sûrement la personne la moins véreuse, la seule personne à qui la blonde songeait régulièrement. Parfois, lorsqu'elle ne s'interrogeait pas sur son avenir, elle se posait des questions à propos de celui d'Alayne. Une Alayne qu'elle avait l'impression de connaître mais dont la véritable identité l'aurait laissée bouche bée. De Blodwyn, Ariane ne savait rien (hormis quelques échos capturés ici et là) et elle aurait sûrement vu Eamonn autrement si toute son histoire lui avait été racontée. Si seulement elle avait su que le bébé que portait la prénommée Alayne était celui de son fiancé. Ariane était plongée au cœur d'événements qui ne la concernaient en rien mais qui, d'une manière ou d'une autre, finiraient par la ronger. Fort malheureusement, rien ne pouvait lui être éternellement caché. Un jour, elle finirait par découvrir la véritable identité de la jeune fille qu'elle considérait avec une grande attention et ce jour-là, sa tendresse n'en serait certainement que plus renforcée. Force était de constater qu'Ariane ne se doutait absolument de rien et continuait à évoluer à travers un brouillard épais.
Le regard de Alayne était transcendé par un désespoir muet et son appel silencieux en disait long sur son état. Malgré le fin sourire qui avait étiré ses lèvres, la jeune femme avait immédiatement baissé les yeux, effrayée à l'idée d’enfreindre une règle idiote. Ariane ne souffla mot, trop occupée à mâchouiller un morceau de pain, vaguement consciente que ses belles paroles ne changeraient sûrement rien à la situation. La rousse avait été formatée, entourée par une vague d'interdits et de limites à ne pas dépasser. Ariane ne pouvait rien faire contre cela, contre cette maudite ségrégation qui l'empêchait de se rapprocher d'Alayne. Finalement, le son de la douce voix de la rousse avait sorti la blonde ses songes. Fronçant légèrement les sourcils, mordant une nouvelle fois dans son morceau de pain, la jeune femme avait pris quelques secondes avant de répondre – se souvenant qu'il était impoli de parler la bouche pleine. « Non, j'aimerais que tu restes. » un fin sourire se forma et, instantanément, son visage fatigué s'illumina d'une lueur pâle. Elle gravit alors la distance qui la séparait d'Alayne et s'installa sur la chaise qui faisait face à celle de sa vis-à-vis. « Tu ne m'as pas réveillée, rassure-toi. » elle resta un moment plongée dans la contemplation de son morceau de pain, grattouillant pensivement la croûte. Parler de ses peurs à Alayne n'était pas une bonne idée : cette dernière avait élevé l'union des Oswald-Appleby et des Arenberg au rang de huitième merveille du monde. Ariane ne comprenait pas son engouement face à ce mariage qui n'avait rien d'heureux. Battant des cils, la jeune femme porta sa plate observation vers le ventre d'Alayne qu'elle était susceptible de voir par-dessus la table. « Je – je me pose beaucoup de questions à propos d'Eamonn, de notre mariage. » souffla-t-elle enfin. « C'est effrayant mais très, hm, excitant. Je me demande de quelle manière les choses vont se dérouler. » rajouta-t-elle rapidement, consciente qu'elle n'avait pas le cœur de détruire l'étincelle dans le regard d'Alayne. Si cette dernière pensait qu'elle était réellement amoureuse d'Eamonn Oswald-Appleby, qu'y pouvait-elle ? Au moins, cette pensée lui octroyait un joli sourire. « Pour quand est prévu l'accouchement ? » demanda-t-elle subitement, se rendant compte que le ventre de la jeune femme ne pourrait sûrement pas s'arrondir encore plus.
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