Clyde se préparait alors que le ciel commençait doucement à s'assombrir. Cette fois, elle était de garde. Son service promettait d'être calme. Plus personne n'osait s'aventurer sur le chemin de traverse une fois le couvre-feu entré en vigueur. Au début, des pauvres idiots essayaient encore de faire les malins. Ils se figuraient probablement qu'ils pouvaient faire trembler le nouveau régime. Les pauvres n'ont pas fait long feu. Nombre d'entre eux avait fini à Azkaban. Depuis, les gens se terraient. C'était connu, il n'y avait rien de mieux que de faire un exemple, dur, cruel et définitif. Les choses s'étaient calmées d'elle-même. C'était mieux. Clyde avait toujours apprécié le chemin de traverse, quand bien même il avait été fréquenté par des nés-moldus ou des traîtres à leur sang. Elle avait toujours aimé arpenté les ruelles, passer devant la boutique d'Ollivander, flâner du côté de Barjow et Beurk, bouquiner dans un coin de Fleury et Bott. Et elle aimait d'autant plus le faire depuis qu'il avait été épuré des déchets. Cela lui fit penser qu'elle devrait passer chez Madame Guipare pour s'acheter une nouvelle cape. Celle qu'elle venait de passer sur ses épaules commençaient à dater. Mettant ses bottines, Clyde lança un dernier regard dans le miroir de son hall, se recoiffant rapidement et elle transplana.

Ayant l'habitude d'arriver en avance, elle ne fut pas surprise de constater que quelques commerçants se pressaient ça et là pour fermer leurs boutiques. Certains la saluèrent, craintifs. D'autres essayaient de faire comme si elle n'existait pas. Elle avait toujours aimé cette sensation de puissance. Elle était une Fleming et les gens avaient appris à craindre et à respecter ce nom. Marchant d'un pas lent, la tête haute, elle s'arrêta devant la boutique des Weasley. Si on suivait un raisonnement, c'était là que les débordements étaient les plus attendus. C'était dommage. Bien qu'elle ne l'avouerait jamais, même sous la menace du Doloris, elle avait toujours admiré les farces des jumeaux. Elle devait bien admettre qu'ils se montraient ingénieux. Dommage, quel gâchis. Les mauvais choix les avaient menés à leur perte. L'un mort, l'autre fugitif. C'était leur frère qui s'occupait de la boutique. Elle souffla, elle n'avait jamais apprécié ce moins-que-rien qui avait pactisé avec Potter...elle supportait encore moins sa sœur, qu'elle traitait de tous les noms. L'idée même de les croiser la répugnait. Ainsi, elle attendit qu'ils aient fermé boutique pour s'éloigner. Quand elle passa devant Gringotts, le chemin était désormais désert. Il n'y avait plus qu'elle. Elle commença enfin sa garde.


Plusieurs minutes s'écoulèrent sans que rien ne se passe, il n'y avait plus âme qui vive...ou presque ! Tendant l'oreille, elle crut entendre un bruit. Ainsi, quelqu'un avait osé délibérément enfreindre le règlement. Elle allait être ravie de lui remettre les idées en place. Baguette en main, elle s'avança d'un pas léger, presque aérien vers la source de bruit. Restant discrète et faisant profil bas, elle tourna à l'angle d'une ruelle sombre et étroite. Elle s'était attendue à tomber sur un groupe de résistant or il n'y avait là qu'une femme. Levant les yeux au ciel, elle pointa sa baguette droit sur la silhouette agenouillée.

Vous ignorez les lois ? Vous n'avez rien à faire là !

Il valait mieux y aller doucement mais Clyde n'avait jamais fait dans la dentelle. Si elle devait se servir de sa baguette, elle n'hésiterait pas une seconde.

Son nom en lettres capitales dans la gazette du sorcier serait pour une autre fois. Dépitée, elle baissa son regard vers la jeune femme, cachant à peine sa déception. Elle avait espéré tellement plus. Elle aurait aimé tomber sur un groupe de résistants dont la tête étaient mises à prix. Elle aurait aimé les affronter et les vaincre. Sa famille aurait été tellement fière ! Et peut-être même que l'arrestation serait remontée jusqu'aux oreilles de son oncle Moses. Depuis le début de sa jeune carrière, elle faisait tout pour l’impressionner, pour lui prouver qu'elle était une véritable Fleming mais aucun grand exploit ne lui était attribué pour le moment tout du moins. Elle ne perdait pas espoir, un jour elle ferait les gros titres. Et tout le monde magique la craindrait comme ils craignaient déjà son oncle. En attendant, elle devait s'occuper de ce cas, aussi ennuyant soit-il.


D'un regard neutre, Clyde observa l'inconnue se relever et la détailla de la tête aux pieds. Elle n'avait pas l'air de faire partie de ces âmes en peine qui traînaient jadis dans l'allée des embrumes. Non, elle avait même plutôt l'air d'être de bonne famille. Étrange, généralement ces gens-là faisaient tout pour ne pas sortir des bonnes grâces du régime et ainsi perdre tous les avantages dont ils bénéficiaient. Toujours en restant sur ses gardes, la sang pur finit par abaisser sa baguette. La jeune femme n'avait pas l'air dangereuse alors elle se dit que, pour une fois, elle pouvait faire un effort et essayer de se montrer agréable. De plus, la crainte dans sa voix laissait transparaître qu'elle n'avait réellement pas fait exprès de briser le couvre-feu et qu'il n'y avait là aucune intention de provocation.

Cependant, Clyde devait tout de même faire son boulot et ce n'était pas la bestiole dans les bras de la jeune femme qui allait l'en empêcher. Elle pensait même que c'était particulièrement stupide de risquer l'arrestation pour une simple bête.

Déclinez votre identité.

Après tout, cette dernière pouvait très bien être une née moldu en fuite, il valait toujours mieux s'informer, s'assurer qu'elle ait une baguette et que cette baguette soit bien la sienne. Elle s'approcha alors de la bête mais cette dernière sembla s'agiter comme si elle refusait que la blonde ne la touche, comme si elle savait que Clyde n'avait rien d'un ange. Le fléreur faillit lui mordre le doigt mais la blonde réussit à retirer sa main de justesse, affichant un air agacé.


S'il continue à se montrer hostile, je vais devoir m'occuper de son cas.