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 there's no hero, just survivors (+) tracey&george

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MessageSujet: there's no hero, just survivors (+) tracey&george   there's no hero, just survivors (+) tracey&george Icon_minitimeSam 26 Avr - 16:58

tracey & george ✻ there's no hero, just survivors
Mes mains étaient crispés sur le bout de bois meurtris. Mes phalanges caressèrent l'objet qui en soit ne servait plus à rien, mais dont je ne pouvais imaginer me séparer. C'était trop précieux, c'était bien trop important. Cette baguette, j'y avais inscrit mes souvenirs et mes espoirs déchus, elle représentait la personne qui m'avait durant de longues années insufflé la joie de vivre et les rêves les plus fous. Je m'étais senti si fort, si indestructible sans jamais réellement m'en rendre compte. Nous étions deux, nous avions toujours été deux et nous aurions dû rester ainsi jusqu'à notre dernier souffle. Avec lui, j'étais nous. Sans lui, je n'étais plus rien. Prenez deux jumeaux, enlevés en un et il ne reste plus personne. Je m'étais construit avec Fred, j'avais vécu et apprit avec lui. Tout semblait s'effondrer désormais. Je n'avais pas apprit à vivre sans lui, je n'avais même pas pensé qu'un jour l'un de nous pourrait disparaître, mourir et ne plus jamais revenir. Parfois encore l'espoir fou qu'il réapparaisse dans le cadre d'une porte s'accrochait à moi, mais bien vite la chimère s'envolait pour ne revenir que plus mordante la fois d'après. Comme une mélodie incessante crée par des masochistes et qui n'avait jamais de fin. J'aurai aimé arraché les souvenirs à pleine poignée, les balancer au loin pour qu'ils ne reviennent plus jamais me hanter, était-ce trop demander que de ne plus sentir ce creux béant dans ma poitrine et ce vide incessant dans mon coeur ? Mon retour en Angleterre m'avait replongé dans le tourbillon de sentiments contradictoires que j'avais quitté il y a de cela quelques mois en rejoignant la France. L'agonie de m'être perdu, la joie immense d'être encore en vie, la déception de la perte de temps de personnes et l'incompréhension face à l'avenir. Je ne savais pas de quoi demain serait fait, peut-être ne voulais-je pas le savoir. Pour ne pas perdre espoir, pour m'accrocher comme un illusionniste à cette envie de me battre pour les rejetés de cette nouvelle société. Le pays dont je frôlais le sol à chacun de mes pas ne me convenait pas, elle ne convenait plus, elle n'avait jamais convenu. Le bonheur ne pouvait pas naître dans une société comme celle-ci, une vie quotidienne plongée dans le désordre, la peur et la magie noire. Les gens dignes de confiance se faisaient trop rares. J'avais fini par perdre la confiance que j'avais envers la plupart de mes connaissances, de mon entourage. A commencé par Ron. Dire qu'il m'avait déçu ne serait pas juste, mais je ne pouvais décemment plus lui faire confiance maintenant qu'il avait baissé les bras. Il n'avait pas été prêt à risquer d'autres vies, il avait encore des choses à perdre. Je n'avais plus rien. Tout ce qui était cher à mes yeux m'avait été enlevé, plus rien ne me retenais de me battre corps et âme.

Je reposais la baguette de mon regretté jumeau dans un petit coffre que j'emportais où que j'aille. Je me relevais de ce lit de fortune que je m'étais installé. Présentement, je dormais dans un grenier d'une maison moldue qui ignorait totalement ma présence. Les sorts jetés par mes soins me permettaient de passer inaperçu, mais je ne pourrais rester plus d'une semaine. Je ne pouvais pas les mettre en danger plus longtemps. Chaque personne que je côtoyais, et cela même si cette personne l'ignorait, était en danger. J'étais recherché. J'avais refusé de porter la Trace, je m'étais enfui, j'avais échappé au peloton d'exécution sous le nez de deux mangemorts. J'était l'un des dernier représentant de l'ordre du phoenix encore en vie, en fuite et non traçable. Une menace ? Oui, mais pas dans mon état, pas aujourd'hui. Je me saisis de ma baguette et transplanais. Lorsque mes pieds rencontrèrent à nouveau le sol, je fis le tour de moi-même pour vérifier que j'étais bel et bien seul, caché. La ruelle dans laquelle je me trouvais était déserte, comme abandonnée et déchue. Mon regard s'attarda sur les ruines, sur les pavés teintés de cendre. Godric's Hollow. Un élan de nostalgie me transperça alors que je me mis en marche vers ma destination. Les derniers rayons de soleil donnait à ce paysage enneigé une allure surnaturelle, presque paisible et inoffensive. Mais il en était tout autre. Je ne devais pas m'attarder, je devais faire le moins de bruit possible et si quelqu'un entrait dans mon champ de vision, je devrais fuir. La neige hanta mes pas d'un mutisme recherché. Je passais une main sur mes cheveux teint d'un brun de chêne alors que je sortais de la ruelle pour m'engouffrais dans le cadavre d'une rue plus grande. Quelques minutes me suffirent pour arriver à bon port. L'arche en fer était toujours debout, escamoté de part et d'autre, mais toujours debout. Je pénétrais alors dans ce qui restait du cimetière de Godric's Hollow. J'ignorais si j'allais le trouver, je ne savais même pas si on avait permit son enterrement. J'avais été arrêté au petit matin, lorsque d'autres mangemorts rappliquèrent pour assurer l'arrestation de tout membre de l'Ordre, de toute personne ayant activement agit contre leur Seigneur de Ténèbres. Alors je ne savais pas. Je ne savais pas ce qu'on avait fait de son corps, de ce qu'on avait fait de mes parents, de ma petite soeur et ça me dévorait. Étaient-ils encore vivant ou avait-on balancé leur cadavre du haut d'une falaise ? Il me fallut une dizaine de minute pour enfin poser mes yeux sur la stèle que je recherchais. Un soupire de soulagement m'échappa alors que je me baissais pour ôter la neige qui encombrait la pierre. Frederic Weasley. Enfin je te retrouverais. Je repartirais, d'ici quelques minutes, mais pour l'instant je savourais la retrouvaille. Je fermais les yeux et posais ma main à côté du prénom gravé de mon jumeau. Ma gorge se noua, je n'avais jamais pu me recueillir sur sa tombe. Je n'avais jamais pu lui dire adieu.

Les minutes passèrent et ma gorge ne se dénoua pas pour autant, mais je ne pouvais pas tarder. Je devais repartir. Je devais retourner dans ce grenier, pour pouvoir en repartir. Je levais une dernière fois les yeux vers le nom gravé la moitié que j'avais perdu avant de me relever. Je me retournais pour rebrousser chemin lorsque m'on corps s'immobilisa. Une silhouette, une femme, était debout dans l'encadrement de l'arche en fer. Je restais quelques instants immobiles, ignorant l'attitude à adopter. Puis un déclic et je la reconnu. Tracey. Aussitôt une vague de chaleur me traversa et sembla jeter au loin la tristesse et la nostalgie qui m'avait auparavant habité. Tracey était l'une des dernières personnes auxquelles je tenais et qui était encore vivante. Mais je n'avais plus eu de nouvelles d'elle depuis déjà plusieurs semaines. Je m'étais inquiété, avait imaginé les pires scénarios et la voilà devant moi, à plusieurs mètres de ma position. Mes jambes se délièrent alors que je m'approchais d'elle, accélérant le pas à chaque nouvelle enjambé. JE voulais déjà être auprès d'elle pour m'assurer qu'elle était bel et bien là, que ce n'était pas une illusion, un objet de mon imagination. Arrivé près d'elle, je tendais mes bras et l'enveloppais pour la ramener contre moi. Je la dépassais d'une bonne tête mais ce détail avait cessé de me frapper il y a de cela déjà bien longtemps. "Je te croyais morte." murmurais-je alors que je constatais qu'elle était bien là, qu'elle n'était pas que le produit de mon imagination, que je n'avais rien inventé. Tracey était vivante et cela surpassait de loin ma colère dû à son absence de nouvelles.
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MessageSujet: Re: there's no hero, just survivors (+) tracey&george   there's no hero, just survivors (+) tracey&george Icon_minitimeMar 29 Avr - 13:51

J'ignorais encore comment j'avais trouvé le courage de venir jusqu'ici. Pourtant, ce n'était pas faute de savoir. Je détenais l'information depuis des semaines à présent, elle faisait partie des rares que la Fleming a consenti à me donner lors de notre rencontre. Mon père. Je ne parlais pas de mon géniteur mais bien de l'homme qui m'avait élevée, aimée comme si j'étais sa propre fille. Il était né ici, à Godric's Hollow. Ils ont vécu quelques temps ici, avant de bouger sur Londres. Mon père était tout jeune à ce moment là, trop peut-être, si bien qu'il ne se souvient probablement pas d'avoir vécu ici. Aujourd'hui, j'étais là, sans trop savoir ce que je cherchais. Sa tombe. C'était ici qu'il avait été enterré après son assassinat. Ce n'était pas à Londres, ni à Dartmouth où je suis née et où j'avais vécu. C'était là, dans cette petite bourgade chargée d'histoire qui avait vu naître tant  d'illustres sorciers. Désormais, il n'en restait plus que des cendres. C'était probablement ce qui m'avait le plus frappée lorsque je suis arrivée ici. Godric's Hollow n'était plus, si ce n'est qu'un amas de vieilles pierres et de poutres calcinées. Tout avait été brûlé, réduit en cendres, il n'y avait plus âme qui vive à des kilomètres à la ronde. Le spectacle qui s'étendait sous mes yeux était un véritable crève-coeur, comme d'habitude, les Mangemorts avaient semé derrière eux chaos et désolation. D'ordinaire, sur des ruines, la nature reprenait parfois ses droits, mais même la vie avait déserté, le mal imprégnait tellement ces terres que plus rien n'y poussait, pas même un brin d'herbe. Je sentais l'aura maléfique se dégager de ces ruines. Les Mangemorts avaient laissé leur empreinte, dissuadant quiconque de reconstruire quoi que ce soit ici. Ils avaient condamné Godric's Hollow à demeurer un village fantôme pour l'éternité, hantée par les âmes de ceux qui avaient péri entre ces murs. Un frisson me parcourut l'échine tandis que je continuais à avancer, les semelles de mes chaussures crissant sur la neige. Je frissonnai derechef. En ce mois de janvier, les températures n'étaient pas bien élevées. Pourtant, j'étais presque devenue insensible au froid. Ma peau ne réagissait plus, simplement parce que mon cœur était plongé dans un hiver perpétuel, condamné à une agonie sans fin. C'était mon être tout entier qui était gelé, sans vie, aussi mort que ces ruines finalement, au final, je n'étais pas bien différente d'eux. Instinctivement, je resserrai mes bras autour de moi, tentative dérisoire de me réchauffer un tant soit peu, mais c'était peine perdue, le froid continuait à me mordre les entrailles et à geler mon sang dans mes veines. Un fin nuage de buée s'échappa de mes lèvres entrouvertes lorsque je laissai échapper un soupir. Il n'y avait plus rien ici, en l'espace d'un instant, je m'étais même demandée si la Fleming ne m'avait pas donné des fausses informations.

Je me rendis alors compte de tout ce que j'avais manqué pendant ces mois où je m'étais exilée chez les moldus. Je n'étais même pas au courant que Godric's Hollow avait été rayé de la carte. De toute manière, comment aurais-je pu savoir puisque sa destruction avait eu lieu quand j'étais en prison ? J'avais été littéralement coupée du monde pendant ces longs mois et lorsque je suis sortie, je n'étais plus du tout à la page. Je n'avais pas jugé bon de rattraper mon retard en lisant la presse de ces derniers mois, bien au contraire, j'avais tout simplement mis les voiles. Je ne voulais plus entendre de parler de tout ça. Ce choix était purement égoïste, beaucoup de mes anciennes connaissances m'en avaient blâmée dans la mesure où il y avait encore un combat à mener, mais plus que jamais j'estimais que je n'avais pas besoin de me justifier. Désormais, je prenais les rênes de ma vie en main, je voulais la mener autant que possible. Cela faisait partie du processus de reconstruction, je devais redresser la barre, rassembler les morceaux et une telle opération n'aurait jamais été possible si j'étais restée dans ce monde qui m'avait menée tout droit à ma perte. Aujourd'hui encore j'étais bancale, encore fragile comme du cristal, je pouvais me briser au moindre choc, plus que jamais, je survivais, voilà bien longtemps que je ne vivais plus de toute manière. Une idée dérangeante me vint alors à l'esprit. Puisque le village avait été rasé, anéanti, qu'en était-il de son cimetière, de ses tombes ? Je frissonnai violemment tandis que mon souffle se raréfiait dans mes poumons. Ils n'avaient tout de même pas osé ? J'imaginais à présent les tombes ouvertes, les cadavres profanés. Les larmes me montaient aux yeux. Ce n'était quand même pas ça que la Fleming avait voulu me montrer ? Que mon père n'était rien, et en tant qu'ancien partisan de l'Ordre, il ne méritait pas le respect que l'on devait pourtant aux morts ? Je serrai les poings dans mes poches, mes ongles s'enfonçant légèrement dans mes paumes. La gorge nouée, je fixais ce décor désert. Je me sentais trop seule, et pourtant menacée ce qui n'avait rien de rationnel. Ma main vint balayer mon visage comme pour me redonner une certaine consistance. J'étais seule, personne ne me verrait, mais je ne pouvais pas me résoudre à laisser éclater la peine, la frustration qui me bouffait de l'intérieur. J'accélérai le pas, j'avançais presque à petites foulées. Devant moi se dessinaient les grilles du cimetière. À première vue, l'endroit semblait intact. Peut-être que finalement ils n'avaient pas osé s'aventurer entre ces tombes. La tension qui me tiraillait toute entière retomba un tant soit peu. Mon cœur ralentit sa cadence tandis qu'un certain soulagement venait de me submerger. Je pus enfin respirer convenablement. Ma soudaine panique n'avait plus raison d'être. Je m'arrêtai quelques instants sous l'arche de fer. Voilà à présent que j'hésitais.

C'est là que je vis cette silhouette solitaire se détacher clairement du paysage. La crainte me tétanisa quelques instants, si bien que je fus incapable de bouger. Déjà, mon imagination se remettait à déconner. Et s'il s'agissait d'une sentinelle chargée de surveiller les lieux, éliminant quiconque s'approchant un peu trop des stèles ? Mon cœur fit une violente embardée lorsque la silhouette se releva, pour finalement marcher droit vers moi. Avait-il ressenti ma présence ? Mon instinct me criait de détaler à toutes jambes, de ne pas lui laisser le loisir de m'attraper mais la panique me clouait sur place, me rendant incapable d'esquisser le moindre mouvement. Il continuait à s'approcher, avalant les derniers mètres qui nous séparaient. « George ? » hasardai-je finalement, le souffle court, lorsque je reconnus l'homme qui s'avançait vers moi. Était-il bien réel ou s'agissait-il d'une invention de mon imagination détraquée ? Ça ne tournait vraiment plus rond là dedans, j'imaginais des choses qui n'existaient pas, qui n'existeraient même jamais. George ne pouvait pas être réel, aux dernières nouvelles il était en France. "Je te croyais morte." C'était bien sa voix qui résonnait, ses bras qui venaient m'envelopper. « Je ne suis pas morte. » répondis-je, d'une voix vacillante. « Pas encore. » Cela ne saurait tarder, j'en étais persuadée. Je ne vivais plus, je survivais, je vivotais à peine. J'étais dans un sale état à n'en pas douter, peut-être encore pire que la dernière fois où on s'était vus. « Et tu sais comment je le sais ? Je le sais parce que tu n'es pas réel. Il n'y a personne ici, rien que des ruines. Tu es une vision, parce que le George que je connais est en France, loin d'ici. » Je déraillais, clairement. Peut-être qu'au final le froid m'avait engourdie toute entière, me faisant perdre le sens des réalités. Cela faisait pourtant des semaines que je ne savais plus très bien discerner le vrai du faux, le réel de l'imaginaire. « Tu es bien réel pour une vision. » chuchotai-je finalement, tout bas. « Je peux même...te toucher. » Mes mots restèrent en suspens quelques instants, tandis que ses bras m'enlaçaient, ne me laissant pas d'autre choix que de l'enlacer à mon tour, comme si je craignais de le voir s'échapper pour de bon.
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MessageSujet: Re: there's no hero, just survivors (+) tracey&george   there's no hero, just survivors (+) tracey&george Icon_minitimeMar 29 Avr - 16:46

tracey & george ✻ there's no hero, just survivors
Le froid avait fini par s'incruster dans ma peau, dans mes phalanges et mes cervicales. Je vivais avec sans relâche et j'avais même fini par ne même plus le remarquer. C'est le contraire qui se produisait. Je me sentais mal lorsque le souffle glacé de l'hiver ne parcourait plus mes mains ou ma nuque. J'avais soudainement l'impression de me ramollir, de m'endormir et c'était une chose que je ne pouvais pas me permettre. Je devais rester éveiller, sur le qui-vive. Je ne pouvais tolérer un seul instant de répit. Mes nuits étaient courtes, je dormais trois heures tout au plus et priais pour ne pas me retrouver face à une baguette me menaçant à mon réveil. Le bois, les échardes. Je m’estimais heureux de ne pas avoir à dormir chaque nuit dehors. Les greniers inutilisés étaient nombreux sur le continent et j'avais appris à progresser dans le transplanage. Se camoufler, marcher la tête baissé tout en faisant de son mieux pour ne pas avoir l'air suspect. Un quotidien qui était devenu le mien. Mais les conditions climatiques déplorables, le manque de nourriture ou de compagnie. Tout ça, ce n'était rien. Ce n'était rien comparé à la peur. La peur constante et prenante, celle qui te tord le ventre et t'arrache des sanglots muets. La peur de perdre ceux que j'aimais. Je me persuadais souvent n'avoir plus rien à perdre. C'était faux, tellement faux...J'avais encore tellement à perdre et j'avais peur pour eux. J'avais peur pour ma famille, pour ceux qui avaient encore la force de se battre, de se lever chaque jour. Encore un jour, encore une nuit, encore un peu...J'avais peur pour ces amis que j'avais perdu de vu à la fin de la guerre. Peur pour ces personnes que je ne connaissais même pas et qui devaient courir à travers tout le pays pour trouver un lieu sûr. J'avais peur pour les vieilles personnes, pour les enfants et les personnes qui ne savaient plus quoi faire de leur peine. En France, j'avais été utile, je réussissais à aider de façon colossale ces fugitifs qui venaient trouver une terre d'asile. Ici, je n'étais rien d'autre qu'un grain de sable dans l'engrenage du gouvernement. Un grain de sable si infime qu'il ne crissait même plus.

"Je ne suis pas morte. " sa voix vide et vacillante vint frapper mes tympans, plantant en moi une graine de mélancolie et de tristesse qui fit s’affaisser ma tête. Non. Elle n'était pas morte. J'avais eus tellement peur. Toute cette peur, elle m'avait paralysé la gorge et les muscles jusqu'au dernier. Là, de la sentir contre moi, toute la peur s'en allait, elle coulait hors de mes songes et de ma gorge tiraillé par la crainte de la perdre. Je ne voulais pas la perdre. Non, pas après tout ce que nous avions traversés. J'avais fait des kilomètres pour la retrouver en Corse. J'aurais pu parcourir l'ensemble du territoire anglais, écossais et gallois pour la retrouver. J'aurais fouiller la planète, chaque recoins de ruelle sombre, chaque grenier désaffecté. Tout. Mais elle m'était revenu. Vivante. Faible et brisée, mais vivante. " Pas encore." ses mots, je refusais de les entendre. Tracey ne pouvait pas baisser les bras, plus maintenant. Nous avions tout les deux mis les pieds dans un territoire en guerre, une guerre silencieuse que nous devions remporter. Il était hors de question que ce gouvernement continue ainsi sa tyrannie sur le monde sorcier. Et moi, je ne pouvais accepter qu'elle baisse les bras. Parce qu'une fois qu'on a baissé les bras, on sombre, on se noie. Et je ne voulais pas la perdre, plus jamais. Elle était l'amie la plus proche que j'ai jamais eu depuis la fin de cette affreuse guerre. "Et tu sais comment je le sais ? Je le sais parce que tu n'es pas réel. Il n'y a personne ici, rien que des ruines. Tu es une vision, parce que le George que je connais est en France, loin d'ici. " Je resserrais un peu mon étreinte avant de reculer de quelques centimètres à peine. Je pris son visage en coupe, l'encadrant de mes phalanges qui se tintaient de bleu. "Je suis là Tracey. C'est moi, je te le promet. Je suis là." murmurais-je avant de la rapprocher à nouveau de moi. Je ne voulais pas la voir disparaître, pas maintenant, plus jamais. J'avais besoin d'elle, plus qu'elle ne pourrait jamais imaginer. " Tu es bien réel pour une vision. " murmura-t-elle contre moi. Je fermais les yeux. Elle allait mal, très mal et ça me désolais. J'aurais voulu l'envelopper de mes bras pour des semaines, l'aider à se relever, à se rétablir. J'aurais voulu la guérir avec tout l'affection que je pouvais avoir pour elle, la protéger du monde et de ses embûches. "Je peux même...te toucher." mon emprise sur elle se fit plus présente alors que je la sentis répondre à mon geste et m'envelopper elle aussi de ses bras. Je plongeais mon visage dans ses cheveux, comme pour me persuader que tout cela n'était pas u'un rêve. Qu'elle était bien là, vivante. J'avais eu tellement peur, peur qu'elle est été faite prisonnière, torturée ou pire...Ô grand jamais je ne me serais pardonné sa mort. Alors de la savoir près de moi, contre moi...cela me rassurait ne serait-ce qu'un peu. "Mais qu'est-ce qu'y t'es arrivé Tracey ?" murmurais-je contre son oreille avant de me redresser pour poser mes yeux sur son visage blafard. Je posais mes mains sur ses joues pour les caresser avec mes pouces. J'aurais voulu la retrouver pétillante de vie. Peut-être était-ce trop demandé en ces temps de crise...

Le silence autour de nous me donnait l'impression de ne plus appartenir à ce monde qui voulait ma mort. J'aurais voulu prendre une pause dans cette fuite constante, mais jamais je n'en aurais. "Je ne partirais plus. C'est fini, je suis là et je resterais là. Plus personne ne te fera de mal. Je te le promet" lui dis-je en croisant son regard. Oui. C'était une promesse que je lui faisais. J'avais déjà perdu trop de monde pour me permettre de la perdre elle aussi. Elle était trop précieuse pour moi. Si je ne me battais pas pour elle et pour ceux que j'aimais, pour qui me battrais-je ? J'avais besoin d'un objectif, j'avais besoin de cette motivation qu'elle me donnait. Ces mangemorts, Voldemort, ce gouvernement. Je les détruirais, miette par miette pour qu'il n'en reste que des cendres. Des cendres identiques à ce village qui avait vu naître tant de sorciers. Ce village qui avait été un foyer et un refuge pour tant d'enfants et d'adultes. Et quand  ce conflit prendra fin, lorsque la situation redeviendrait calme, je m'assurerais que Tracey aille mieux, qu'elle retrouve une joie de vivre, celle qu'elle méritait pour avoir vécu déjà tant de choses.
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MessageSujet: Re: there's no hero, just survivors (+) tracey&george   there's no hero, just survivors (+) tracey&george Icon_minitimeMer 30 Avr - 14:37

La neige semblait accentuer la solitude qui imprégnait les lieux, rendant le paysage plus mélancolique que jamais. Peu à peu, je retrouvais mes sensations. Le froid mordait ma chair et me faisait frissonner au plus profond de moi-même. L'angoisse que j'avais ressentie quelques instants plus tôt était en train de s'estomper. Mon rythme cardiaque reprenait un rythme presque normal. Tout allait bien. Ou presque, si ce n'était que ce sentiment d'abandon qui béait à l'intérieur. Voilà bien longtemps que j'avais perdu toute notion de chaleur humaine. J'ai cru connaître l'amour pendant un temps, le vrai, mais il était parti, il s'était dissout dans le néant. Il n'en restait plus rien, si ce n'est qu'une profonde tristesse, une solitude qui me tordait le cœur. Je me sentais toute petite dans ce monde hostile, tellement petite qu'on pourrait m'écraser d'un coup de talon net et précis. Plus encore, j'avais appris à cohabiter avec la peur. C'était un sentiment que je connaissais par cœur à présent et qui avait tendance à se manifester un peu trop souvent ces jours-ci et pour tout et n'importe quoi. Ainsi prisonnière de l'étreinte de George, je me mordillai la lèvre inférieure pour ne pas pleurer. Je m'étais toujours efforcée de rester forte même dans les moments les plus sombres, mais je ne pouvais plus, j'étais à bout de forces, exténuée, fatiguée de me battre pour rien. Je ne croyais plus en rien et pour le coup, le bon dieu n'était d'aucune aide. L'espoir crevait immédiatement dans l'oeuf sans que l'on puisse faire quoi que ce soit pour le sauver. De toute façon, espérer était interdit. Je sentais la mort approcher, maintenant plus que jamais. Je sentais son aura maléfique, ses doigts gelés qui effleuraient parfois mon épaule. Parfois, je me demandais quand elle viendrait me cueillir. Je n'étais pas folle, tout du moins pas encore, seulement, j'éprouvais de plus en plus de difficultés à garder un pied dans la réalité. Je ne savais même plus distinguer le vrai du faux, le réel du fruit de mon imagination détraquée, j'étais perdue et je n'avais pas de boussole pour retrouver mon chemin. Mes pauvres repères s'effaçaient un à un. Je détestais ce sentiment d'abandon, cette solitude qui me déchirait les entrailles. Noah. il ne s'imaginait même pas l'importance qu'il avait pris ces derniers mois. Il était précieux, infiniment précieux et je l'avais perdu. Peut-être qu'au final j'aurais préféré le savoir mort plutôt que de le savoir bien vivant, quelque part mais loin de moi, si loin que je ne pouvais pas l'atteindre. L'idée qu'il soit sorti de ma vie m'était insupportable, je ne pouvais pas m'imaginer une seule seconde qu'il n'y avait plus rien, qu'il n'y aurait plus rien. J'avais mal, peut-être parce qu'au final je lui avais tout donné, tout. En échange, j'avais vécu quelques instants de bonheur, quelques instants trop courts, mais intenses. Les voir s'évaporer me laissait vide et amère, et George n'y pouvait rien.

Je sentais ses doigts gelés sur ma peau fraîche. Je peinais à soutenir son regard. Tu parles d'une amie. J'avais conscience que présentement, je n'étais pas d'une grande aide. George avait besoin de quelqu'un de solide et non pas d'une espèce de zombie qui se laissait sombrer peu à peu. Son retour tombait à pic, et pourtant, je n'osais pas y croire, je ne voulais pas y croire de peur d'être déçue à nouveau. Ne pas pleurer. Ne surtout pas craquer, je me sentirais vraiment bête. "Je suis là Tracey. C'est moi, je te le promet. Je suis là." Est-ce qu'une illusion pouvait être aussi consistante, aussi réaliste ? J'en doutais. Il était là, mais pour combien de temps ? Combien de temps cela prendrait-il avant qu'il retourne à sa vie ? Pour autant, je n'avais pas le droit de le retenir, il n'était probablement pas revenu en Angleterre pour moi. Sa famille avait besoin de lui. J'en avais conscience, je le comprenais parfaitement. Après tout, ce n'était pas parce que je n'avais plus de famille que je devais interdire aux autres de s'occuper de la leur. Pour le moment, il était là. Je pouvais le toucher, sentir son contact, il venait même d'enfouir son visage dans mes cheveux, l'obligeant à se courber un peu puisque j'étais plus petite et plus menue que lui.  "Mais qu'est-ce qu'y t'es arrivé Tracey ?" Tout. Rien. Trop de choses au final, bien plus que je n'étais capable de supporter. Se rendait-il compte que ma force n'était qu'une façade qui se craquelait peu à peu, révélant ce qu'il y avait en dessous ? « Je ne sais pas. » chuchotai-je, légèrement tremblante. « Je donnerais cher pour savoir. » Peut-être qu'au final, il ne se passait rien du tout et que mes nerfs étaient tout simplement en train de lâcher. « Je n'y arrive plus. » soufflai-je du bout des lèvres, et ce constat me fit mal, tellement mal. Je n'étais plus vraiment Tracey, je ne le serai plus jamais. J'étais une autre désormais. Je ne savais pas vraiment ce que j'étais, qui j'étais, mais avait-ce seulement de l'importance maintenant ? J'en doutais fortement, je ne pouvais pas me permettre d'être quelqu'un depuis que le nouveau régime était en place. "Je ne partirais plus. C'est fini, je suis là et je resterais là. Plus personne ne te fera de mal. Je te le promet" Ma lèvre inférieure trembla. J'avais les yeux humides et la gorge nouée. J'aurais bien aimé le croire, mais j'avais bien trop d'ennemis. Je tremblais même un peu. Sans que je puisse faire quoi que ce soit pour la retenir, une larme vint rouler sur ma joue. Je m'en voulais d'être aussi faible, surtout que j'estimais avoir suffisamment pleurniché ces temps-ci. Pourtant, je sentais que j'avais besoin de me libérer une bonne fois pour toutes, laisser échapper le chagrin qui me dévorait. Je n'avais pas le droit. « J'aimerais tellement te croire. » répondis-je à son affirmation, alors que je sentais d'autres larmes dévaler mes joues. « Je te demande pardon. » Pardon pour tout. Pardon d'avoir disparu comme ça, du jour au lendemain. Pardon de ne pas être assez forte, de ne pas être une amie digne de ce nom. Pardon de lâcher prise alors qu'il y avait encore un combat à mener. « Je suis tellement désolée. » Ma colère transparaissait au travers de mon chagrin. J'étais désolée d'être impuissante, j'étais désolée de voir le monde s'effondrer sans que je ne puisse rien faire. Je n'étais pas le bon dieu, je n'étais qu'une humaine après tout. Une pauvre petite humaine qui ne pouvait rien faire contre le cours des événements, et ça me faisait tout simplement mal de l'admettre.
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MessageSujet: Re: there's no hero, just survivors (+) tracey&george   there's no hero, just survivors (+) tracey&george Icon_minitimeJeu 1 Mai - 21:00

tracey & george ✻ there's no hero, just survivors
Je me souvenais d'Azkaban. Je me souvenais des murs froids et coupants. La solitude qui avait fini par tuer ma parole, les mots qui s'insinuaient au coeur de ma gorge mourraient sur ma langue à cause de l'acidité de cette solitude. Une sensation d'être abandonné, de ne plus rien avoir à attendre de la vie, des autres. Je m'étais senti trahis. Comment avais-je pu me faire attraper ? Pourquoi ne m'étais-je pas battu ? Tant de questions que je me posais aujourd'hui, mais qui ne m'étaient pas venu à l'esprit à l'époque. J'avais été comme anesthésié de tout sentiment, de toute envie d'avancer. J'avais perdu Fred. J'avais perdu mon monde et ma joie de vivre. Tout était perdu, Harry était mort et Voldemort n'en était que plus vivant. Je me souvenais de ce matin, quand Harry s'était effondré au sol et que nous avions tous assisté à sa chute, son abandon du combat. L'injustice. C'était un sentiment qui m'avait éviscéré pendant de longs mois. Harry était tombé et Voldemort avait rit. Certains avaient été plus rapides que moi et avaient transplané quelque part. Mais je n'avais rien fait, je n'avais pas pu bouger. Mon regard fixé sur le cadavre de l'élu. L'élu qui était mort. Alors un Mangemort avait pointé sa baguette vers moi et m'avait intimé d'avancer. J'avais obéie. Mon esprit s'était envolé, loin, beaucoup trop loin pour que je ne puisse l'atteindre. J'avais traversé la cour du château détruit. descendu les marches et mes yeux avaient parcouru les calèches qui nous conduisait jusqu'au château en début d'année. Et c'est là que je les ai vu. Les Sombrals. Puis le Mangemort avait posé sa main sur mon épaule et nous avions transplané à Azkaban. J'avais l'impression de marcher sur du coton, de ne plus rien entendre. Je m'isolais, je me posais dans un coin de la cellule pour ne plus bouger. Je me rendais finalement compte que c'était surement ce qui m'avait maintenu en vie. Cette insensiblité. Ce renfermement sur moi-même. Je n'avais plus pensé à rien. Juste au vide, à Fred, à ma tristesse et l'injustice. J'avais pleuré, j'avais envoyé mes poings contre les murs. Mais je ne m'étais jamais laissé mourir. Parce qu'elle était là. Parce que Tracey était dans la cellule d'à côté et que je ne voulais pas la laisser seule là-dedans. Nous n'échangions pas de paroles, je l'écoutais chantonner doucement une comptine de temps en temps et c'était suffisant. Suffisant pour ne pas sombrer. Alors là, en la tenant contre moi, j'aurais aimé pouvoir lui insuffler cette force qu'elle m'avait transmise durant ces longs mois à Azkaban. J'aurais aimé la regarder dans les yeux, qu'elle voit et réalise que j'étais bel et bien présent, qu'elle n'était plus seule face à tout ça.

"Je ne sais pas." son murmure se fraya un chemin dans l'air avant de parvenir jusqu'à mon attention. J'étais inquiet, j'avais envie de crier contre n'importe qui, du peu qu'elle est un lien avec l'état lamentable de Tracey. Je n'aimais pas la voir comme ça, j'avais les poumons qui ne parvenaient plus à attirer l'air nécessaire et la rage se frayait un chemin dans mes veines. Un sentiment que j'essayais de calmer le plus possible, je ne voulais pas l'effrayer, je ne voulais pas la briser et elle me semblai si fragile, là, contre moi à trembler comme une feuille. Où l'avait-on emmener pour qu'elle se retrouve dans cet état ? Je m'imaginais soudainement le pire. Avait-elle été rattrapé par les Mangemorts et torturé ? L'avait-on harcelé. Qui avait bien pu oser s'en prendre à elle. Elle avait déjà perdu tellement. Mais j'étais là, j'allais l'aider à se remettre en selle. Qu'importe ce qu'on lui avait fait, elle était là. Brisée, mai tout ce qui est cassé peut-être réparé. Et j'allais m’atteler à cette tâche. Je n'allais plus la laisser tomber. Je n'allais plus la perdre, je m'en faisais la promesse. Des promesses, j'en faisais de plus en plus, à de plus en plus de personne. Mais je m'en souciais pas. Je les tiendrais, toutes. " Je n'y arrive plus." ses mots me firent mal, ils s’agrippèrent à mes poumons et semblèrent poser un étau autour de ces-derniers. J'eus du mal à respirer. Tracey n'allait pas bien, elle n'allait plus pouvoir avancer longtemps et je ne connaissais que trop bien ce regard dans ses yeux. L'abandon. L'incompréhension totale. Je sentis son corps trembler, ses épaules se lever et s'abaisser de manière continu et je devinais qu'elle pleurait. "Je suis tellement désolée. " et je sentis toute cette colère en vers elle-même. Elle ne savait plus quoi faire et elle se haissait pour ça. Ma voix restait bloqué dans ma gorge et je ne su quoi dire.

Je laissais le temps s'écouler, me contenant de la serrer contre moi. Je la laissais vider ce qu'elle avait sur le coeur. Elle devait en passer par là et je me devais de la laisser se libérer de ces larmes. Je n'allais pas la laisser, pas dans cet état. Alors je passais mes mains le long de son dos pour caresser doucement ce-dernier. J'aurais aimé lui donner la chaleur dont elle avait besoin, ce dont elle avait besoin pour se remettre debout. Je ne supportais pas de la voir ainsi...Je me décalais un peu de Tracey pour aller essuyer les larmes qui avaient laissé des sillons glacés sur ses joues. "Ne t'excuses pas Tracey...Ne t'excuse pas, je t'en pris." lui demdandais-je doucement avant de poser mes lèvres sur son front. Je me redressais et plongeais mes yeux dans les siens. "On va s'en sortir..." affirmais-je. Oui, un jour, tout cela serait fini. "Qu'est-ce que tu étais venu faire ici ?"
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MessageSujet: Re: there's no hero, just survivors (+) tracey&george   there's no hero, just survivors (+) tracey&george Icon_minitimeVen 2 Mai - 15:09

Je m'étais promis de ne pas pleurer et pourtant, mes larmes dévalaient mes joues, traçant un sillon brûlant sur ma peau fraîche. Je n'avais pas pu m'en empêcher, c'était bien plus fort que moi. Mes émotions étaient trop intenses pour que je puisse seulement les refouler. Ma peine, mon chagrin, ma honte s'étaient décuplées. Je sentais mon cœur se briser encore une fois dans ma poitrine. Combien de fois était-ce arrivé ? Je n'en savais trop rien, j'avais cessé de compter depuis un moment, c'était une sensation qui devenait un peu trop familière à mon goût. Il fallait que je me ressaisisse, mais j'en étais incapable. J'étais bien trop fragile, bien trop ébranlée pour reprendre mes esprits. Je ne pouvais rien faire d'autre à part pleurer contre l'épaule de mon ami, comme une petite fille. Dans le fond, c'était ce que j'étais, une petite fille qui avait grandi bien trop vite, qui avait vécu bien trop d'horreurs malgré son jeune âge. J'avais été torturée, emprisonnée, j'ai vu tous ceux que j'aimais partir les uns après les autres, m'abandonnant parfois sans vergogne. Je m'étais pris bien plus de claques dans la gueule qu'il n'était raisonnable et pourtant j'étais toujours debout, par je ne sais quel miracle. J'avais conscience que j'étais à bout de forces, que je n'allais peut-être pas pouvoir me relever à la prochaine catastrophe, et pourtant, je trouvais toujours au fond de moi la force de continuer à avancer, même en titubant. J'ignorais d'où me venaient toutes ces ressources cachés, peut-être que j'étais plus courageuse qu'il n'y paraissait, mais en cet instant précis, j'étais proche de lâcher prise, de me laisser agoniser dans un coin sans plus jamais en bouger. Je détestais le monde tel qu'il était devenu, je me détestais moi-même pour ne pas être capable de tenir mes engagements, pour avoir trahi toutes mes promesses. Je me détestais d'avoir échoué, de ne pas avoir su aider les personnes qui me tenaient à cœur. Pour qui me prenais-je, au juste ? Je n'avais même pas l'âme d'une justicière et en plus, j'avais pris la fuite au moment où tout avait basculé, abandonnant tout le monde sans aucun scrupule, le plus important étant de sauver ma peau. J'avais honte d'avoir fait preuve d'autant de lâcheté, tout comme j'avais honte de bien d'autres choses, plus ou moins futiles. Il résultait de tout cela que je ne pouvais plus me regarder dans un miroir, je n'assumais plus ce que mon reflet me renvoyait. Je me dégoûtais moi-même, et tout ce que je trouvais le moyen de faire, c'était de pleurer comme une gamine plutôt que d'essayer de racheter mes fautes passées. Pourtant, je ne voulais plus me battre parce que je n'avais plus aucune raison de le faire. L'espoir était mort au moment même où j'ai mis le pied dans cette foutue cellule, prête à purger une peine d'emprisonnement à perpétuité pour avoir prêté allégeance à l'Ordre. Un frisson d'horreur me parcourut l'échine tandis que je m'imaginais dans ce trou jusqu'à la fin de mes jours. J'aurais vieilli sans jamais rien connaître d'autre que ces quatre murs et toute cette obscurité. Ma vie se serait arrêtée là. Je n'aurais jamais fini mes études, de la même façon que je n'aurai jamais pu me marier, ou avoir des enfants, toutes ces choses qui étaient impossibles dans une telle situation. Alors certes, peut-être qu'être marquée comme du bétail était un sort bien peu glorieux, mais c'était encore préférable à la prison, au moins je pouvais circuler plus ou moins librement si tant est que je n'utilisais pas la magie, ou si peu. En soi, ce n'était pas tant un problème parce que la magie m'avait tellement dégoûtée que je ne voulais plus y avoir recours, plus jamais.

Je m'excusais trop rarement, voire même jamais. Pourtant, c'était venu naturellement, comme si j'avais besoin de les lui faire à lui, ces excuses. Mes iris tremblèrent légèrement lorsqu'il passa ses doigts sur mes joues glacées pour y retirer les quelques larmes qui y avaient coulé. Je me sentais incapable de soutenir son regard. Qu'allait-il penser de moi lorsqu'il saurait que je travaillais désormais pour eux, que j'étais la secrétaire personnelle d'une ancienne Mangemort ? Qu'allait-il penser de moi, même si je lui disais que je n'avais pas le choix ? Je ne pouvais pas lui dire qu'ils me faisaient du chantage, cela ne ferait qu'aggraver ma situation et la leur et je ne pouvais pas me le permettre. Je n'avais pas d'autre solution que de me faire passer pour une connasse collabo et non pas comme la pauvre victime de ce système pourri jusqu'à l'os. J'avais accepté de vendre mon âme au diable pour lui, Noah. Je m'étais sacrifiée pour qu'elle le laisse tranquille. J'avais accepté de faire toutes ces choses horribles. Dernièrement encore, j'avais accepté d'envoyer des invitations à d'anciens rebelles et autres membres de l'Ordre pour une réunion qui devait avoir lieu au département des mystères. Je ne savais même pas si la fameuse réunion dont il était question avait eu lieu, tout ce que je savais c'était que certaines de ces personnes avaient disparu, à peu près au même moment. De plus, mes troubles étaient apparus pendant la même périodes. Je ne savais pas ce qui se passait et j'étais effrayée. Pouvait-il voir les démons qui dansaient au fond de mon regard ?  "Ne t'excuses pas Tracey...Ne t'excuse pas, je t'en pris." Je fermai les yeux lorsqu'il m'embrassa sur le front. Mon cœur se serra davantage. J'avais l'impression de le trahir, lui plus que toute autre personne. Il me disait de ne pas m'excuser, mais je ne me sentais pas soulagée pour autant. En réalité, ce dont j'avais besoin, c'était de me confesser , d'énumérer à haute voix tous les péchés que j'avais pu commettre depuis que j'étais plus ou moins impliquée dans cette guerre. Ceux qui avaient péri de ma main, ceux que j'avais trahis en ne tenant pas mes promesses – l'image de Cersei-Jane me vint immédiatement en mémoire- et même ceux que je trahissais encore en acceptant de travailler pour le nouveau régime, même contrainte et forcée. Toutes les excuses du monde ne pourront jamais réparer ça.  "On va s'en sortir..." J'aurais bien aimé le croire, encore une fois. Seulement, je n'avais plus la foi. J'avais perdu toute capacité de croire en quelque chose, encore moins en quelqu'un. Je me mordillai la lèvre inférieure, fixant bêtement mes pieds. "Qu'est-ce que tu étais venu faire ici ?" Je levai finalement le regard vers George, une nouvelle fois. Sans le savoir, il venait de m'offrir une échappatoire, une façon de me dérober à des questions trop embarrassantes. Je tournai alors la tête. Mon regard se perdit quelque part entre les tombes et ce quelques instants. Puis, au bout de quelques minutes qui semblèrent interminables, je me risquai enfin à répondre. « Je... » balbutiai-je, soudainement désarçonnée. « Mon père. » soufflai-je finalement, incapable de prononcer une phrase complète, composée d'un sujet, d'un verbe et d'un complément. « Quelqu'un m'a dit qu'il était enterré ici. » Je tremblai légèrement à ces mots, comme si le dire conférait un semblait de réalité à une chose qui m'avait parue abstraite jusqu'alors. Je ne jugeai pas bon de préciser qui était la personne qui m'avait donné l'information, dans le fond, ce n'était pas important, le plus important étant l'information en elle-même. « Je ne suis jamais venue ici. » confessai-je finalement, la voix légèrement rauque – mes larmes y étaient certainement pour beaucoup. « Je ne sais pas vraiment ce que je suis venue chercher. » En fait, je me demandais même ce que je foutais là. J'appréhendais le moment où je serai enfin face à sa pierre tombale. Qu'étais-je censée faire ? Prier ? Me recueillir ? Parler ? Je n'en savais rien et ça me paralysait. Je ne jugeai pas davantage utile de demander à George ce qu'il faisait là en retour, je ne le savais que trop bien. Ma seule consolation, c'était de me dire que sans doute, Fred et mon père étaient en train de se tenir compagnie, que là où ils étaient, ils n'étaient pas seuls.
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