◇ ◆ ◇La vengeance semblait être la meilleure amie de Mordred et ce, depuis qu'Aliona avait quitté le nid familial de la famille. Il ne s'en était jamais séparé et il l'aimait autant qu'il l'a détesté. Ce jour-là, le russe cherchait un endroit où il pourrait passer inaperçu. Depuis que la Russie avait rompu son alliance avec le Royaume-Uni, il était difficile pour Mordred de se rendre ici, puisqu'il était le ministre de la justice russe. Son visage était connu et sa présence, non désirée. Ce-dernier avait donc décidé de trouver refuge dans un pub miteux de l'Allée des Embrumes, au coeur de Londres. La fête n'était visiblement pas au rendez-vous. Les quelques clients étaient silencieux et certains semblaient ivres. L'un d'entre eux devait avoir bu tellement d'alcool que son visage était rouge et son ventre menaçait d'exploser. Sur le bard, quelques biscuits et un vieux gâteau trainait. Un nid de mouches y avait élu domicile et Mordred préféra ne pas s'y risquer et se contenta de s'asseoir à une table, à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes. Il jeta un bref coup d'oeil à la salle. Les clients étaient silencieux et il y régnait une ambiance presque morbide. Qui viendrait le chercher ici ? Sa douce vengeance allait prendre une tout autre ampleur et cette pensée donnait de la joie au sorcier qui commanda deux whisky pur feu. Le rendez-vous de Mordred allait arriver d'un moment à un autre. Il s'agissait du jeune fils de Moses Fleming, un sorcier que Dimitrov n'avait jamais accepté et ils s'envoyaient régulièrement des petits défis et des provocations courtoises, mais cette-fois, Mordred avait décidé de gagner ce jeu en utilisant Eyron. Celui-ci était trop naïf pour se méfier du russe, mais qu'importe. Cette pensée provoqua un petit rire silencieux chez Mordred qui toisa le gérant quand il posa les deux commandes avant de faire demi-tour. Les minutes s'écoulaient avec une lenteur démesurée. Mordred avait l'impression d'être là depuis plusieurs heures et déjà, il avait terminé sa commande avant l'arrivée d'Eyron. Il se promit de ne pas finir ivre, cette rencontre était trop importante, mais il commanda un autre apéritif en attendant la venue de sa proie.

Eyron se faisait désirer, pensa Mordred en entamant son second verre de scotch. L'alcool était son ami le plus fidèle quand il s'agissait d'attendre, surtout dans un endroit aussi miteux que celui-ci. Pour unique décoration, nous avions le droit à une tête de troll empaillée au dessus d'une imposante cheminée où aucun feu n'avait du être allumé depuis longtemps. Près du bar se trouvait une carte du Chemin de Travers où était indiqué la voie à suivre pour parvenir en ces lieux. Les années de voyages incessants du sorcier entre les deux pays avaient appris à Mordred que l'Allée des Embrumes n'était pas un endroit conseillé et il se demandait bien qui pouvait avoir l'utilité de cette carte. Ses pensées se tournèrent vers les récents évènements qui avaient frappé le Royaume-Uni. Nombreux étaient les russes qui avaient eu une agréable surprise en apprenant par exemple le projet de loi Bloostream, mais désormais, c'était différent. Les intérêts russes n'étaient plus ceux des anglais et inversement. La porte du pub s'ouvrit sur la silhouette de Eyron. Il était temps songea le sorcier en l'invitant à s'asseoir. Le jeune sorcier semblait tendu. Il n'aimait pas cet endroit ? Mordred le comprenait en même temps. La seule excuse du jeune homme était un vulgaire désolé. Mordred avait envie de le frapper à cet instant précis, mais il ne laissa rien paraître sur son visage. Au contraire, il se mit à sourire et adressa à Eyron, un regard bienveillant. Il le manipulait comme on manipulait une marionnette. « Ce n'est rien. » lança-t-il enfin. Il était clair que par rapport au reste de la famille Fleming, Eyron dénotait. Il semblait être plus fragile, comme un nouveau-né prématurité. « Alors, comment te portes-tu ? Tu n'as aucune nouvelle de ton père ? » demanda-t-il aimablement. Mordred voulait aller droit au but. Peut-être ne devrait-il pas ? Il enchaîna « Je t'ai rapporté ceci. » il sortit de sous sa cape un petit paquet dans lequel se cachait un livre intitulé Se défendre contre les maléfices. Le reliure était usée, le livre avait déjà été utilisé « Il appartenait à ma soeur, il y a longtemps. Je pense qu'il peut t'être utile. » Et c'était un moyen d'être considéré comme un ami de Eyron, quelqu'un qui se souciait réellement de lui, alors que c'était un tissu de mensonges.