(esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow.
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Sujet: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow. Sam 26 Jan - 16:46
we come from the land of the ice and snow
e. sage blackheart & oberyn e. lindberg « your life is shaped by the end you live for. » ------------❖------------❖------------
La froide Londres avait revêtu son lourd manteau blanchâtre, en une couche généreuse qui avait fait disparaître les trottoirs de la ville. Ci et là, au cours de la journée, les pas des moldus pressés avaient tracé un sillon gris et glissant dans la neige : aucune plénitude n’avait sa place ici, pas même celle de l’hiver s’installant silencieusement. Le monde n’avait cure des batailles intestines des hommes ; ici, les saisons poursuivaient leur impitoyable cycle, le froid s’installait avec la même sérénité et la nuit se faisait toujours plus noire. La silhouette de Sage apparut dans un crac, une allure féline se détachant sur l’encre ténébreuse, puits sans fond d’une ruelle mal éclairée. Elle avait découvert des endroits bien plus lugubres encore que les rues que tout le monde évitait, les plaines d’Ecosse abandonnées de tous, si ce n’est par des Mangemorts qui venaient et partaient comme s’ils y gardaient, par-là-bas, un précieux trésor ; ou encore les côtes Irlandaises, dont les roches étaient à présent agressées par la froideur du souffle de la mer. Là-bas, il n’y avait ni lampadaire, ni trottoir pour se repérer, juste le néant, l’infinie blancheur de l’horizon. En resserrant sa cape autour de ses épaules, rabattant la capuche de celle-ci sur ses longs cheveux, la sorcière laissa une volute chaude forcer un chemin entre ses lèvres, alors qu’un frisson lui léchait l’échine : les hautes bâtisses de Londres chassaient le vent, parfois, mais elle, elle avait surtout le vague sentiment que les murs de pierre retenaient la froideur prisonnière dans un étau qu’elle ne quitterait pas de sitôt : les mois allaient encore être longs, avant que le printemps ne revienne, avec son soleil doucereux, ses prémices de vie. Le chaos, la mort lente et douloureuse des arbres sous le gel semblaient pourtant en adéquation avec les ombres qui grandissaient : la nouvelle année approchait et pourtant, le temps semblait s’être arrêté. Londres ne dormait jamais, et quelques éclats de voix forcèrent la méfiance de la sorcière : d’un regard par-dessus son épaule, elle remarqua la présence de quelques moldus à l’autre bout de la ruelle, qui pourtant, ne semblaient pas l’avoir remarqué elle. Depuis le temps qu’elle grandissait dans la capitale anglaise, la ville en constante ébullition, elle avait appris à y être différente, et à ne guère se faire remarquer : contrairement à d’autres sorciers, elle ne désirait pas vraiment faire partie des originaux qui se baladaient avec des chapeaux largement démodés et des capes extravagantes à souhait. C’était de noir vêtue que, ce soir, elle cherchait à se faire furtive, disparue aux yeux de n’importe quelle personne qu’elle pourrait croiser : elle s’était au moins assurée de venir ici assez tard pour ne pas avoir à croiser trop de gens, bien que d’ordinaire, elle aurait presque préféré avoir uniquement le silence et les rayons laiteux de la lune comme compagnie. En faisant crisser la neige sous chacun de ses pas, elle quitta la ruelle, sortant de celle-ci en quelques pas précipités, qui la menèrent aux premières frontières des grands quartiers résidentiels de la ville. Elle aussi, elle avait passé sa vie dans un quartier de ce genre, sa maison située au milieu de rangées d’autres, à l’architecture parfaitement représentative des belles époques du monde ; avec un voisinage composé de moldus uniquement : à ce que lui avait dit son père, cette maison avait été un des souhaits les plus chers de la mère Blackheart pour leur unique enfant, la promesse de grandir dans un monde normal, un tant soit peu tolérant. Toutes ces belles valeurs qu’on lui avait inculquées pendant toute sa vie, elle s’en éloignait peu à peu, et ce soir, elle s’apprêtait à toutes les chasser de sa vie – ou du moins, les refouler au second plan, parce qu’il y avait plus important.
L’Ordre avait changé. Ou peut-être était-ce elle, esseulée, réduite à l’état de pion tout juste digne de faire diversion dans la grande bataille qui se jouait à travers tout le pays : aucun membre de l’Ordre n’avait de vie aujourd’hui, tous avaient offert leur existence toute entière pour cette cause, persuadés qu’il y aurait une quelconque gloire à tirer d’être misérable. Mais rien, rien ne venait, si ce n’est l’indifférence de tous, les sacrifices constants pour des projets plus grands : garantir la sécurité de Potter, sa survie tout simplement, ou espérer corps et âme qu’il parvienne à sa tâche. Déjà, l’Ordre du Phénix avait un pied dans la tombe, ses soldats avaient perdu son avance, ainsi qu’une chance indéniable de poignarder Voldemort en plein dans sa stratégie : ça n’avait été qu’un caillou dans une flaque ; totalement inutile, il n’avait servi qu’à faire mourir des gens d’un côté comme de l’autre. Elle pouvait toujours se rire des Mangemorts et de leur servitude aveugle pour leur Maître : de plus en plus, elle voyait dans le miroir son reflet comme étant celui d’un vulgaire pantin, qui ne devait sa survie qu’à elle seule, à ses talents en magie et non pas à l’aide qu’elle pourrait avoir de ses compagnons de galère. La perte d’Evander, la mort de son père, tout ce qu’elle avait abandonné au nom de l’Ordre, tous ceux à qui elle avait l’audace de lui en parler ne semblaient pas comprendre : tous, vus comme des parias, planqués dans des trous dans l’espoir d’échapper aux suppôts de Voldemort, avaient perdu quelque chose dans la bataille. Mais Sage commençait peu à peu à se dire, que peut-être bien, elle n’avait pas les épaules pour assumer, pour accepter et continuer d’avancer. Elle ne pouvait pas laisser la mort de son père impunie, pas plus qu’elle ne pouvait soutenir le regard azuré, clair, vide d’Evander en se contentant de jouer une vague comédie, une farce incessante qui ne lui ressemblait guère. C’était Evander ; et elle était Sage et tout ça, personne ne pouvait le comprendre, personne ne pouvait le partager, ce fardeau qui lui tailladait les épaules jusqu’au sang, jusqu’à l’épuisement. Le croissant lunaire était voilé par quelques nuages bas, filtrant au-travers de ce voile grisâtre parfois, mais la lumière blafarde des lampadaires londoniens suffisaient à Sage pour se repérer : elle avait rarement aventuré son chemin dans ces quartiers-là, lui préférant d’autres coins qu’elle connaissait comme sa baguette ; ou comme sa poche, comme aimaient le dire les moldus. Tant pis : elle se contentait parfaitement de devoir être une errante au visage inconnu pour tous ceux qu’elle croisait, c’était ce qu’elle était devenue depuis trop longtemps. Forcée de baisser le regard quand elle se promenait en plein jour, forcée d’être une actrice psalmodiant des paroles, accomplissant des actes qui, parfois, en arrivaient à la répugner jusqu’à l’horreur. Elle n’avait plus le courage, plus la volonté de se battre pour le bien de tous au détriment des pensées qui ravageaient son esprit tout entier : celles qui lui ramenaient le visage de son père mort, le regard vitreux dans une expression de douleur intense, d’une triste bravoure de laquelle il s’était grimé jusqu’à la fin. Celles qui la faisaient cauchemarder si souvent, seule, qui l’avaient rendue insomniaque ce soir, à tergiverser dans tous les sens. L’option qui avait alors pointé à son cerveau lui remuait les tripes d’une bile acide, d’un dégoût certain mais elle accomplissait son devoir, envers et contre tout. Son devoir de fille, d’héritière des Blackheart, de défenseuse de l’homme qui avait sacrifié sa vie pour le bien de tous.
Oberyn Lindberg avait ce quelque-chose, cette attitude détachée qui vrillait la colonne vertébrale de Sage d’une indescriptible méfiance, d’une haine sourde dont elle ne parvenait pas à discerner les limites. Il avait cette attitude, qui pourrait rappeler celle d’un Mangemort, parfois nonchalante, recelant bien des horreurs sitôt qu’il jouait de la baguette. Il n’avait en rien l’allure d’un membre de l’Ordre et pourtant, il faisait partie de ces rangs prônant la liberté de chacun : ses intentions, ce qui l’avait amené à pactiser avec ceux à qui il ne ressemblait absolument pas, elle ne les connaissait pas, au combien sa méfiance viscérale avait déjà dressé bien des desseins sombres, mais le désespoir de la sorcière en était arrivé à un tel point, que ses jambes n’en avaient cure, qu’elles avançaient, avançaient dans cette rue sans remord. Au loin, Big Ben sonnait ce qui semblait être le douzième coup de minuit, mais l’heure tardive ne ralentit en rien l’allure de la silhouette à la cascade de cheveux bruns : les membres de l’Ordre faisaient partie de ceux-là, ceux qui étaient constamment menacés par la destinée, celle d’être attaqués à n’importe quel moment du jour ou de la nuit, par une armée de Mangemorts, ou par une mission perturbant une tranquillité superficielle. Il était réveillé, à l’affut, comme tous ceux avec qui il partageait un tant soit peu le quotidien rempli d’inquiétudes et de stress, comme elle, qui ne trouvait le repos que lorsque la fatigue tirait chaque parcelle de son être, lorsqu’elle était sure et certaine, que son sommeil serait tellement lourd qu’elle ne se souviendrait guère des cauchemars voilant ses paupières. C’était là, elle ralentit le pas, soufflant légèrement : la rue semblait calme, les moldus étaient, pour la plupart, endormis, les fenêtres de maisons ne laissant transparaître que la noirceur profonde d’une pièce plongée dans le noir. Et hormis les pas de Sage, créant de nouveaux tracés légers au milieu de la neige qui avait recommencé de tomber, rien ne semblait indiquer la présence de qui que ce soit : l’endroit avait presque l’allure paisible des anciens temps, de quelques années en arrière ou aucun Mage Noir ne menaçait l’équilibre du monde tout entier. La survie de chacun. Voldemort était loin des pensées de la sorcière, et c’était un instinct purement égoïste qui lui fit poser une œillade ténébreuse sur la haute bâtisse qui se dressait devant elle : en tant que membre de l’Ordre, elle était déjà venue ici, pour rendre visite à l’homme qui habitait l’endroit, un simili-compagnon qu’elle avait eu, à une époque : il n’avait fait que servir ses propres intérêts, au détriment même de la sécurité de la jeune femme et de leur quête commune. Pour ça, elle l’avait détesté bien souvent, lui lançant des regards nimbés d’éclair de méfiance ; maintenant, c’était tout autre chose : ils vibraient de cette même force d’âme, de ce besoin irrépressible de se faire justice et… Elle chassa ses pensées, de peur de faire marche arrière pour ramener l’ancienne Sage aux principes bien ancrés, montant la volée de marches pour arriver devant la grande porte. En une convenance polie, elle frappa, laissant tomber sa capuche pour découvrir son visage, ses cheveux qui furent bien vite agressés par les quelques flocons qui dégringolaient depuis les nuages. Et ses instincts de membre de l’Ordre en constant danger, parfois épié par des yeux mauvais, elle attendit qu’il vienne lui ouvrir en inspectant tout ce qui l’entourait : vers la gauche, ou vers la droite, la rue vide indiquait qu’elle était seule ; la seule à se promener à des heures pareilles. Et lorsqu’il ouvrit, elle ne perdit pas de temps en des salutations plus longues qu’un regard, qui lui suffit même pour savoir qu’il l’avait reconnue : elle s’engouffra par l’ouverture, retrouvant la chaleur d’un habitat généreusement chauffé. « Il faut qu’on parle. » Un certain empressement lui arrachait les mots de la bouche, la rendant empressée à souhait. Elle souffla à nouveau, se rappelant à elle-même en un vague regard autour d’elle, elle aurait presque pu se trahir en parlant sans réfléchir. « Pardon. Pour l’heure. » C’étaient des paroles sans fond, sans aucune sincère pensée, mais peut-être qu’il s’en contenterait bien, pas elle, puisqu’elle haussa vaguement les épaules. « Bien que je doute de t’avoir réveillé, de toute manière. » Prévenir de sa venue aurait aussi été une bonne option, mais ce n’était pas dans ses habitudes, ni dans celles de l’Ordre (au cas où le courrier ou quoique ce soit d’autre, soit intercepté), l’improvisation, était définitivement un trait caractéristique de la nouvelle vie de Sage.
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Sujet: Re: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow. Ven 8 Fév - 21:19
Dans le lointain, une horloge laissa entendre son profond appel. Minuit, le moment où tout s’arrête, où le monde s’est endormi … Mais dans une demeure de Londres, la cheminée dansait encore, et le propriétaire fixait les flammes sans les voir. Ici, les ombres régnaient en maîtres, envahissant toute chose, allant même jusqu’à s’insinuer dans l’âme d’Oberyn. S’il existait un dicton moldu disant que la nuit portait conseil, cela n’avait jamais été vérifié pour lui. La nuit, aux yeux d’Oberyn, était porteuse des pensées les plus sombres, les plus tordues. Jamais rien de bon ne sortait de son esprit quand il laissait l’obscurité envahir son salon, le recouvrir, à peine repoussée par la lumière chaude de la cheminée. Mais il n’y avait qu’ainsi qu’il pouvait commencer ses nuits, à se confronter avec lui-même dans son propre esprit, là où personne d’autre n’avait accès. Loin du travail, qui devenait chaque jour un peu plus inintéressant à ses yeux, loin de l’Ordre qui lui inspirait de plus en plus de dégoût à chaque fois qu’il se rendait à une réunion de ses membres … Il n’y avait qu’une seule chose qui ait encore de l’intérêt, une seule chose qui justifie qu’il entretienne soigneusement sa couverture professionnelle quand il n’avait nullement besoin d’argent, et qui justifie qu’il doive se coltiner ces larves de l’Ordre. Mais une seule chose pouvait suffire à lui fournir assez d’énergie pour endurer toutes ces contraintes, pour devenir un autre et se transfigurer littéralement. Et cette chose, c’était la haine, qui avait allumé très tôt en lui un brasier que rien ne pouvait éteindre, faisant naître la folie et l’obstination, le rendant aveugle à toute chose, le focalisant sur un but unique. Et comme tous les soirs, il se plongeait avec allégresse dans cette haine vivace, qui l’accompagnait comme une amie depuis sa plus tendre enfance, la seule qui ne lui ait jamais fait défaut. Il l’avait gardée enfouie au fond de lui jusqu’à ce qu’il entre à Poudlard, retenue par une conscience soufflée par sa mère. Mais dès qu’il avait été loin de l’influence trop indulgente de sa génitrice, il s’était rendu compte à quel point cette haine le consumait. Au contact de ceux qu’il ne pouvait pas supporter, tous ces fils de bonne famille qui était tellement mieux nés que lui, il s’était senti déchiré de l’intérieur par un sentiment plus puissant que tout ce qui semblait régir le monde. Amour et amitié, cela ne signifiait rien pour lui, quand il n’y avait que haine pure et simple. Mais il l’avait à nouveau étouffée, durant toute son adolescence, pour mieux jouer le rôle qu’il s’était créé de toutes pièces. Et elle avait enfin éclaté, destructrice mais si réconfortante, quand il avait accepté de se regarder dans une glace pour cesser de refouler tout ce qu’il était en se cachant derrière une façade. C’était un autre masque qu’il portait à présent, mais celui-ci était beaucoup plus facile à supporter, et quelle jouissance quand il tombait enfin, révélant le monstre qui se cachait derrière. Chaque nuit, il regardait ce que le monstre avait fait, ce qu’il avait laissé derrière lui sans aucun remord. Des anciens amis, ne subsistaient plus personne. Ceux qui foulaient encore cette terre, il les traquerait jusqu’au dernier. Et chaque nuit, il se laissait envahir par cette sensation de satisfaction qu’il ressentait à cette idée … Mais de plus en plus, il était également envahi par le vide, un vide qui le dévorait, chaque soir davantage, et il ne parvenait pas à mettre de mot dessus. Dans le silence de sa demeure, dans l’obscurité de son salon, il revoyait tous ces morts qu’il avait un jour appelés amis, et il se sentait de plus en plus perdre pied … C’était insensé, pure folie de sa part que de se laisser ronger par quelque chose qu’il ne saisissait pas.
Il baissa soudain le regard et serra le poing, violemment. Ses doigts s’étaient mis à courir sur le bras de son fauteuil, échappant à son contrôle conscient, et la fureur l’envahit quand il s’en rendit compte. Il n’avait pas touché à un piano depuis la mort de sa mère, brûlant celui qu’elle avait récupéré de ses anciens maîtres –sang-purs ignobles – comme il avait brûlé toutes ses autres possessions. Le piano, comme bien d’autre chose, appartenait à une vie loin derrière lui, enterrée et révolue. Il en jouait avec sa mère, elle lui avait appris quelques mélodies toutes simples et il n’avait jamais vraiment su comment jouer correctement, mais cela avait fait partie des petits plaisirs qu’il aimait partager avec elle … Il n’y avait pas pensé depuis plus de dix ans, et voilà que ça ressurgissait, sans prévenir. Ses doigts se serrèrent convulsivement. S’il avait pu, il se serait tranché cette main, cette traîtresse. C’était sa solution à tous ses problèmes, la seule réellement efficace, la définitive. Mais pour ses souvenirs, il ne pouvait rien. Il pouvait éliminer ses anciens amis, brûler des vêtements, voler un nom, tronquer un prénom, mais au fond de lui, sa mémoire lui restait terriblement fidèle, et il haïssait cette idée … C’était donc ça. Ce vide qui l’emplissait et qu’il ne saisissait pas : seulement des souvenirs. Il serra les dents, furieux. Malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à devenir la machine qu’il souhaitait être. Il dérivait, il se laissait trop emporter, peu à peu, s’éloignant de la ligne qu’il s’était tracée. Tout ça à cause de pitoyables souvenirs d’un temps révolu. Il avait besoin de quelque chose qui le remette dans le droit chemin, qui le reconnecte à son objectif premier. Quelque chose sur lequel il puisse s’appuyer pour être sûr de ne plus flancher.
Quelques coups résonnèrent dans le silence du salon, et Oberyn leva les yeux de sa contemplation enragée. Immédiatement, sa main droite attrapa sa baguette, posée sur le guéridon à côté de lui, et il se leva sans un bruit. Qui donc pouvait venir le déranger à une heure pareille ? En frappant, qui plus est … Si c’était encore Lyla, il ne se ferait pas avoir une seconde fois. Il ne la laisserait pas entrer. Elle jouait pour beaucoup dans le retour en force de ses souvenirs, et il n’avait vraiment pas besoin de ce poids supplémentaire. Il posa la main sur la poignée de la porte, se composa un visage tout à fait impassible, et ouvrit. Sa baguette, jusque là pointée vers l’ouverture, se releva légèrement quand il reconnut la personne qui se trouvait sur son palier, mais ce fut le seul geste qui montra qu’il la connaissait. Il s’écarta légèrement quand elle entra dans son vestibule, et la commissure de ses lèvres se releva en un infime sourire narquois. « Il faut qu’on parle. » Voilà qui était intéressant … Sage n’était personne, pour lui. Ni une amie, ni une ennemie, seulement une insignifiante membre de l’Ordre avec qui il avait eu une mission … Mission qu’ils n’avaient d’ailleurs pas réellement partagé. Mais elle se tenait devant lui, au beau milieu de la nuit, et voulait qu’ils parlent. Et bien, qu’elle parle, pour l’instant il pouvait encore écouter … « Pardon. Pour l’heure. » Cette fois, ce fut un de ses sourcils qui se releva et il lui adressa un regard pour le moins dubitatif. Qu’elle ne lui fasse pas croire qu’elle se sentait gênée le moins du monde de débarquer chez lui à cette heure, sans quoi elle aurait bien pu attendre le matin, voire même la prochaine réunion de l’Ordre. Elle le battait froid depuis leur fameuse mission commune, et il ne voyait pas pourquoi il aurait cherché à ce que les choses changent. « Bien que je doute de t’avoir réveillé, de toute manière. » Voilà qui lui ressemblait un peu plus. « Peu importe, tant que tu as le bon goût de t’excuser. » Ironisa-t-il. Il se détourna ensuite, et se dirigea vers le salon qu’il venait de quitter, sans même se soucier qu’elle le suive. D’un coup de baguette, il éclaira la pièce, et alla chercher deux verres dans le majestueux buffet qui faisait face à sa cheminée. Sans un mot, il emplit deux verres de Whisky Pur Feu, et se servit du premier. D’un mouvement de tête, il désigna à Sage le second. « Sers-toi. » Lui lança-t-il, avant d’aller s’installer à nouveau dans son fauteuil. « Bien. Maintenant que j’ai effectué mon devoir d’hôte dérangé en pleine nuit, je t’écoute. Que me vaut le plaisir ? » Pour la forme, il lui désigna un fauteuil. Il pressentait que cela serait intéressant, et mieux valaient qu’ils soient confortablement installés pour ce qui allait suivre.
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Sujet: Re: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow. Mar 19 Fév - 18:54
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e. sage blackheart & oberyn e. lindberg « your life is shaped by the end you live for. » ------------❖------------❖------------
C’était toute sa fierté qu’elle piétinait d’un geste du pied en aventurant ses pas jusqu’à ce perron en particulier. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour se faire une idée bien construite sur le sorcier que pouvait être Oberyn Lindberg dans cette guerre et pourtant, la voilà à errer sous sa coupe, désireuse de connaître les recoins tordus de son esprit. Si, fut un temps, Sage aurait préféré observer clémence et respect vis-à-vis de ses pairs de l’Ordre du Phénix, il en était tout autre à présent, et elle ne se cachait pas quant à la véhémence qu’elle vouait pour son ancien compagnon de mission : il était un cavalier solitaire, qui se réfugiait sous l’étendard de l’Ordre afin de servir des desseins qu’elle n’avait pas encore devinés. En agissant ainsi, il avait manqué de la faire tuer, elle, et sans doute d’autres avant : heureusement que Dumbledore avait toujours su s’entourer des meilleurs sorciers possibles, sans quoi, les rangs de l’Ordre se seraient déjà sévèrement amenuisés, sans même que les Mangemorts aient eu à faire quoique ce soit. Au premier abord, d’ailleurs, la méfiance de Blackheart l’avait poussée à le suspecter d’être un suppôt de Voldemort, infiltré au sein des armées de Dumbledore, envoyé pour les réduire à feu et à sang, à la perdition et à l’inutilité. Mais il en était tout autrement, c’était plus… beaucoup plus ; Oberyn s’était vite avéré être un mage plus complexe et plus insaisissable que ce que Sage avait pu croire et c’était principalement cette incapacité qu’elle avait à saisir et ses intentions et les tréfonds de ses pensées qui l’amenait à être rebutée de la sorte, par la simple idée de lui demander de l’aide. Hélas, elle avait avant tout, épuisé toutes les options possibles et imaginables, draguant les avis des autres sorciers qui – comme elle – avaient perdu, foyer, famille et repère dans cette bataille et qui, finalement, s’avéraient plus dévoués à la bêtise (ou moins égoïstes) qu’elle ne l’était elle-même. Dans les rangs de ses semblables, elle ne voyait plus à présent que des soldats au garde à vous prêts à être envoyés en chair à canon aux Mangemorts insatiables de violence et de mort, en toile de fond, en bouclier de la véritable bataille qui se jouait bien loin d’ici, de Londres. Cette bataille tapie dans l’ombre, où seul Harry Potter était l’élément indispensable, celui qui ne devait pas mourir, là où tous les autres n’étaient, au final, que des dommages collatéraux. Oberyn, lui, pour sûr, n’avait jamais projeté de mourir pour sauver et défendre l’Ordre du Phénix, elle le savait, elle le sentait ; elle s’imaginait même qu’il avait plutôt utilisé l’Ordre ainsi que toutes ses ressources pour obtenir ce qu’il voulait : indéniablement, il l’avait fait avec plus de soin et de discrétion qu’elle. De son côté, Sage commençait à éveiller les soupçons de certaines personnes, elle le savait, alors qu’on l’évinçait peu à peu de la plupart des plus importantes missions lancées par l’Ordre du Phénix. Le constat avait été désastreux, pour la fierté d’une Sage qui avait décidé de se dresser en barrage contre l’influence de Lindberg, elle avait besoin de lui. Plus qu’il n’avait sans doute besoin d’elle : pourtant, les papiers de son père – elle l’avait découvert au fil du temps – recelaient des secrets innombrables, des projets dévoués à l’Ordre du Phénix, ou aux Aurors. Qu’importe, la cause d’Oberyn semblait aller contre les Mangemorts – qu’il prenait un certain plaisir à abattre sans compter – ils finiraient bel et bien par trouver un terrain d’entente : il ne pouvait de toute manière pas mener sa quête, quelle qu’elle soit, par ses propres moyens. Comme elle, en somme.
A peine entrée, les yeux sombres de Sage firent une vague reconnaissance des lieux : autour d’Oberyn semblaient graviter tous les signes alarmants d’une richesse et d’une opulence désespérées. Il faisait après tout partie des grosses têtes du système magique, employé à Gringotts, sang-pur… oui, elle avait passé quelques temps à se pencher sur le cas Oberyn Lindberg et aux potentielles zones d’ombre qu’elle pourrait avoir besoin d’éclairer pour pouvoir capturer son ennemi/allié entre ses griffes. Ici, en tout cas, l’heure tardive de sa visite ne semblait avoir d’impact sur rien : ni même sur le sorcier, ou sur la grande demeure imperturbable dans laquelle elle se trouvait là, maintenant. Le silence y était oppressant, comme chez elle, dans sa demeure d’enfance à présent vide ; celle-là même aux murs épais, entre lesquels Sage se sentait prisonnière, happée par l’Enfer de ses vieux souvenirs. Elle ne voulait pas y retourner ; elle n’y était pas allée depuis des semaines déjà, sûrement plus d’un mois, même, y laissant moisir la plupart des affaires de son père, et tout ce qui faisait ses lourds secrets. La maison était de toute manière protégée par un certain nombre de sortilèges, elle s’en était assurée avant de déserter les lieux et aucun Mangemort n’était capable de perturber la décrépitude silencieuse du domaine des Blackheart. « Peu importe, tant que tu as le bon goût de t’excuser. » Elle n’eut guère besoin de tendre l’oreille plus que de mesure pour entendre l’ironie teinter les mots acerbes de Lindberg ; volontiers elle l’avouerait, qu’elle ne se sentait pas le moins du monde culpabilisée par l’idée de le déranger, dans quelque affaire que ce soit. Une visite impromptue aidait de toute manière à percer à jour toute potentielle menace et la méfiance de Sage étant aiguisée depuis de nombreux jours déjà, elle ne cachait pas ses suspicions concernant tout et rien. Ses amis ou du moins les connaissances qu’elle s’était faites au sein de l’Ordre, se présentaient à elle comme des agents spéciaux envoyés par les grandes têtes de l’Ordre pour voir si elle ne virait pas timbrée, ou si elle ne commettait pas de crimes passibles de nuire à l’équilibre – déjà précaire – de l’organisation de Dumbledore. Ils étaient deux, ou trois, ceux en qui elle estimait encore pouvoir avoir confiance et – paradoxalement – dans une situation comme la sienne, Oberyn faisait partie de ces rares élus : l’équilibre de l’Ordre, il n’en avait rien à faire, tout autant qu’elle, ainsi, ensemble, ils pourraient aisément alimenter les projets de l’un et de l’autre. Quoique, elle voyait déjà le sorcier l’envoyer promener en lui disant qu’il n’avait pas besoin de son aide. Un vague sourire au coin des lèvres, Sage suivit son agréable interlocuteur au cœur de la grande demeure : le salon (non pas la cuisine, pardon j’étais obligée), vaste et lugubre, notamment à cause de l’étouffant ressentiment qui ressortait de la pénombre épaisse. Il semblerait même qu’elle ne l’ait même pas dérangé pendant une lecture quelconque, ou un bon film moldu sorti d’entre ses placards : au final, ironiquement, peut-être bien que la visite de Blackheart représentait le seul rayon de soleil dans la journée monotone de Lindberg. Heureusement qu’elle retint cette pique acerbe entre ses lèvres, ses prunelles sombres ancrées dans une observation intense et poussée des lieux : petite fille déjà, elle avait eu pour habitude de lire tous les titres de bouquins qui traînaient sur les étagères du grand bureau de son père. D’un pas lent, s’imprégnant de l’empreinte lindbergienne de la place, Sage rejoignit le sorcier au niveau du buffet, répondant avec plaisir à son invitation. D’une main, elle attrapa le verre de Whisky Pur Feu qu’il lui avait désigné, faisant rouler le liquide au fond de celui-ci en de gestes patients.
Elle restait debout, happée dans des observations qui capturaient son attention. S’appuyant d’une main contre le buffet monumental et luxueux qui s’avérait bien imposant au milieu de cette pièce, Sage porta le cristal à ses lèvres, avalant quelques éclairs ambrés d’alcool d’une traite. « Bien. Maintenant que j’ai effectué mon devoir d’hôte dérangé en pleine nuit, je t’écoute. Que me vaut le plaisir ? » Lorsqu’elle trouva les yeux clairs d’Oberyn avec les siens, Sage eut un nouveau sourire, comme si elle s’était subitement assez imprégnée des lieux pour s’y sentir comme chez elle : plus rapide était la conversation, de toute manière, plus vite elle serait partie d’ici, ce qui serait mieux pour l’un comme pour l’autre. Se défaisant du buffet, elle glissa en quelques pas vers le fauteuil qu’il lui avait désigné, le détaillant un instant, une main posée sur le dossier de celui-ci. « Ne fais pas comme si tu étais dérangé. Je suis sure que ce que j’ai à dire peut finir par t’intéresser, quelque part. » Elle était la digne héritière d’un Auror, source d’informations inépuisable, qui avait voué sa vie à traquer des Mangemorts de la pire espèce, et de tous les horizons, à travers chaque parcelle de ce vaste monde : des plaines de Roumanie, au fin fond du Texas, pour les plus inventifs. Elle finit par s’asseoir, abandonnant son verre sur la première table qui se présentait à sa main. « Pourquoi fais-tu partie de l’Ordre ? Je suis sure en tout cas que ce n’est pas pour défendre l’ordre et la justice du monde magique contre les forces du Mage Noir. Je pense même que notre petit… incident n’est pas le premier, en ce qui te concerne. Qu’avait-il de si spécial, ce Mangemort ? » Ces questions avaient déjà tourné avec violence dans l’esprit de Sage, c’étaient tout ce qu’elle ne parvenait pas à comprendre chez Oberyn, ses intentions, les volontés qui faisaient ployer sa loyauté envers l’Ordre. Si tant est qu’il en ait une. Reprenant son verre, elle finit par pincer les lèvres, contrairement à ce qu’il pouvait sembler, elle n’était pas là pour percer son interlocuteur à jour. Oberyn serait éternellement une certaine énigme pour laquelle elle vouerait une vorace méfiance, mais… Elle se pencha légèrement, sans lui laisser le temps de répondre. « Je suis désolée, ce n’est bien entendu pas pour ça que je suis venue. » Dans une gorgée à nouveau, elle se laissa quelques instants de silence, avant de reprendre le cours de ses paroles. « Je sais que tu ne tues pas les Mangemorts comme ça, parce qu’ils croisent malheureusement ton chemin. Tu avais quelque chose contre celui-là spécifiquement lors de notre mission. Qu’est-ce que tu cherches ? » Eh bien, ses mille et un détours revêtaient l’allure d’interrogatoire, tant et si bien qu’elle finit par lever les yeux au ciel. « Je te propose mon aide. Quel que soit le ou les Mangemort(s) que tu traques en dehors de l’Ordre du Phénix, je peux t’aider à les trouver. Je sais, qu’en traquant ces Mangemorts tu mets l’Ordre du Phénix en danger, et je sais que ça ne t’arrête pas. Mais tu as besoin de l’Ordre pour quelque chose – quoi, je m’en fiche – sans doute que plusieurs personnes (comme moi) se méfient déjà de toi au sein de l’Ordre, mais tu as besoin d’en faire partie, si c’est des ressources que tu cherches au sein de l’Ordre, je peux t’en proposer des bien plus vastes. » Elle lâcha un vague sourire, au coin de ses lèvres, ses doigts tapotant nerveusement contre le verre entre ses mains. « Je pense juste que tu en feras meilleur usage qu’eux. » Bien entendu, bien entendu il y avait des conditions à quelque partage que ce soit – si l’Ordre n’en avait cure de sa vendetta, elle savait que dans celle-ci, elle et Oberyn parviendraient à trouver un terrain d’entente, qui les servirait l’un autant que l’autre ; ce n’était certainement pas une offre d’aide généreuse, ni une main amicale tendue, juste une proposition d’être alliés, alliés pour se défaire de l’influence oppressante de l’Ordre du Phénix.
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Sujet: Re: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow. Lun 4 Mar - 20:59
Des liens avec les membres de l’Ordre, Oberyn n’en avait pas tant. Il avait su prouver sa loyauté à ceux qui importaient, et il avait fait en sorte que cela ne change pas, mais il avait également veillé à ne pas trop se mêler à eux. Juste assez pour que son comportement ne paraisse pas excessivement marginal. Il n’avait aucune envie que l’Ordre devienne une seconde famille, ou un groupe d’amis, comme beaucoup de membres semblaient le vouloir. A croire qu’ils n’avaient rejoint leurs rangs que pour se sentir entourés et ne pas ressentir la solitude que la guerre créerait inévitablement … Les Mangemorts, les membres de l’Ordre, ils étaient semblables sur ce point parmi tant d’autres : ils avaient besoin de faire partie d’un groupe, d’être reconnus grâce à cette étiquette qu’ils portaient avec fierté, et arrogance dans quelques cas. Ca n’avait jamais été le cas d’Oberyn. Mangemort ou Phénix, le nom qu’on lui apposait dessus n’importait que bien peu, et il préférait même qu’on s’abstienne de le juger uniquement par ce choix de camp. Il n’était pas spécialement fier du côté avec lequel il se battait et ne voulait pas y être associé systématiquement. Mais il avait fallut choisir, et il savait exactement pourquoi il s’était finalement tourné vers l’un plutôt que vers l’autre. Voldemort avait un attrait certain, qu’Oberyn avait toujours reconnu en son fort intérieur, mais être de son côté n’aurait pas servi ses objectifs. C’était la principale raison pour laquelle il n’était pas tatoué. Et comme il ne pouvait pas rester au milieu, sans attaches ni appuis, il avait donc endossé le costume des grands défenseurs de la liberté. Quelle blague. Leurs beaux discours n’étaient que du vent, leurs grandes actions que des soufflés qui retombaient à peine sortis de leurs chapeaux pointus. Ils brassaient de l’air pour impressionner ceux qui croyaient en eux, pour entretenir le maigre espoir que les foules pouvaient encore leur accorder, mais concrètement, ils étaient à des lieues d’arriver à la cheville des Mangemorts et de leur grand Maître. Oberyn se mêlait à eux, parvenait à donner le change et à entretenir leur confiance toute relative, mais il ne pouvait pas faire plus. Il ne voulait pas faire plus. Il n’avait pas besoin d’eux pour combler un quelconque manque dans sa vie, mais seulement pour servir ses desseins. Et qu’une d’entre eux se mette soudain à lui vouer du ressentiment, cela le laissait de glace. Mais en venant lui rendre visite, à minuit passé, alors qu’elle avait soigneusement évité de lui adresser le moindre mot depuis qu’ils avaient eu une mission ensemble, elle avait réussi à raviver un minuscule élan de curiosité envers elle.
Oberyn ne connaissait pas Sage, il ne voulait pas la connaître, mais il s’était suffisamment renseigné sur tous ses camarades de l’Ordre pour savoir le principal : elle n’était pas du genre à venir s’excuser, ni même à courber l’échine facilement. Ce qu’elle faisait pourtant ce soir, malgré son air de défi et son attitude de propriétaire … Il la regarda jeter un regard scrutateur autour d’elle, et il sut, sans avoir besoin de trop se creuser, ce qu’elle pouvait penser de son intérieur. De ce côté-là, il était serein : il avait fait en sorte que l’apparence de ses appartements soit aussi parfaite que celle qu’il pouvait afficher en dehors. Tout, des meubles jusqu’au moindre petit bibelot, en passant par les livres soigneusement rangés dans sa bibliothèque, avait été choisi avec soin pour servir son image. Ce n’était pas comme s’il recevait souvent des invités chez lui, mais il devait s’attendre à tout, et la présence de la jeune femme en était la confirmation. Elle cherchait le moindre petit détail qui pouvait le trahir, dévoiler sa personnalité. Et bien, qu’elle cherche. Mais qu’elle ne s’imagine pas qu’elle pourrait cacher, de cette façon, le caractère de sa venue ici. Derrière sa façade hautaine, elle était là pour lui demander quelque chose. Et elle allait devoir perdre ce petit air supérieur si elle voulait obtenir quoi que ce soit de lui. « Ne fais pas comme si tu étais dérangé. Je suis sure que ce que j’ai à dire peut finir par t’intéresser, quelque part. » L’arrogance qu’elle affichait était délectable. Dans un autre contexte, cela l’aurait beaucoup agacé qu’elle se comporte de cette façon avec lui, mais il s’en amusait plutôt, ce soir. Il avait les cartes en main, même en ignorant leur contenu, et cela suffisait à le mettre dans de bonnes conditions. « J’espère bien. Tu ne viendrais pas à cette heure-ci en n’étant pas certaine d’avoir mon attention. » Lâcha-t-il avec une certaine froideur, pour insister sur le fait qu’elle le connaissait assez pour savoir qu’il n’aimait pas être dérangé pour des broutilles. Mais elle n’aurait pas fait l’effort de venir le voir si elle n’avait pas une très bonne raison … Et il ne lui accorderait pas toute la nuit pour cracher le morceau. Bien qu’il lui présentât toujours un visage neutre, sans aucune once de curiosité ou d’énervement, il la fixait avec intensité, attendant avec un peu d’impatience qu’elle daigne s’expliquer. Elle l’avait peut-être tiré de réflexions désagréables, lui évitant un face à face avec lui-même qui se serait révélé plus amer qu’à son habitude, mais il ne ferait pas preuve de clémence pour autant.
« Pourquoi fais-tu partie de l’Ordre ? Je suis sure en tout cas que ce n’est pas pour défendre l’ordre et la justice du monde magique contre les forces du Mage Noir. Je pense même que notre petit… incident n’est pas le premier, en ce qui te concerne. Qu’avait-il de si spécial, ce Mangemort ? » Un sourire carnassier étira lentement les lèvres d’Oberyn. Il ne s’était pas attendu à ce que Sage soit aussi directe. Il savait que ces questions devaient la titiller depuis leur mission, mais qu’elle ait le cran de les prononcer à haute voix, c’était autre chose. Pas qu’il ait l’intention de répondre, bien entendu. Mais elle venait de franchir une petite marche dans son estime – une prouesse venant d’une fille dont il n’avait absolument rien à faire. Il la fixa en silence, sans se départir de son sourire, savourant la frustration de son interlocutrice. « Je suis désolée, ce n’est bien entendu pas pour ça que je suis venue. » Reprit-elle finalement. « Bien entendu. » Répéta-t-il à mi-voix, d’un ton où le sarcasme suintait avec ostentation. « Je sais que tu ne tues pas les Mangemorts comme ça, parce qu’ils croisent malheureusement ton chemin. Tu avais quelque chose contre celui-là spécifiquement lors de notre mission. Qu’est-ce que tu cherches ? » Sa perspicacité prêtait à sourire, tout autant que la hargne avec laquelle elle s’accrochait à des questions qui ne feraient rien avancer. C’était sans doute plus facile pour elle, d’étaler son savoir comme si cela pouvait présenter le moindre avantage contre lui, plutôt que d’en venir à la véritable raison de sa venue ici. Elle souhaitait des réponses plus qu’autre chose, mais elle savait qu’elle ne les obtiendrait pas. Pourtant elle s’obstinait, et revenait à la charge. Et plus elle insistait, moins il avait envie de répondre, plus il avait envie de la laisser mariner dans ses spéculations vaines. Il n’y avait personne pour lui donner des réponses, de toute façon … « Je te propose mon aide. Quel que soit le ou les Mangemort(s) que tu traques en dehors de l’Ordre du Phénix, je peux t’aider à les trouver. Je sais, qu’en traquant ces Mangemorts tu mets l’Ordre du Phénix en danger, et je sais que ça ne t’arrête pas. Mais tu as besoin de l’Ordre pour quelque chose – quoi, je m’en fiche – sans doute que plusieurs personnes (comme moi) se méfient déjà de toi au sein de l’Ordre, mais tu as besoin d’en faire partie, si c’est des ressources que tu cherches au sein de l’Ordre, je peux t’en proposer des bien plus vastes. » Cette fois, il ne fit aucun mouvement pouvant trahir sa surprise, ni même son intérêt. Et pourtant, elle l’avait bel et bien pris de court par sa proposition. Elle le détestait, tout le monde le savait. Mais elle était prête à s’allier avec lui. « Je pense juste que tu en feras meilleur usage qu’eux. » Oberyn prit le temps de boire une longue gorgée de Whisky, sans quitter Sage des yeux, avant de songer à lui répondre. Qu’il en fasse meilleur usage, il n’en était pas convaincu, du moins pas si l’on jugeait avec les critères bien-pensants et étriqués de l’Ordre. Mais qu’elle veuille bien y croire, avec tout ce qu’elle savait de lui … Cela parlait beaucoup plus pour elle que le reste. « Et pourquoi donc viendrais-tu me proposer ton aide, de façon totalement gratuite, alors que notre petit incident passé semble t’avoir tant agacée ? » Ironisa-t-il en faisant tourner son verre entre ses mains. Que les choses soient claires immédiatement : il voulait savoir ce qu’elle demandait en échange de son offre généreuse. « Je n’ai pas besoin de toi. Je connais les ressources de ton père, et elles sont très impressionnantes, mais comme tu as pu le constater, je me débrouille parfaitement sans l’aide de personne. » Il avait insisté sur le fait que ce soit les ressources de son père qu’elle lui proposait, et non les siennes propres. Elle était jeune, et malgré sa hargne elle avait peu d’expérience. Elle ne lui serait pas d’une grande utilité. A moins qu’elle ne parvienne à le convaincre, bien entendu … « Pourquoi fais-tu partie de l’Ordre ? » Demanda-t-il soudain, en écho à la question restée sans réponse qu’elle lui avait adressé quelques instants plus tôt. « Où est passée la gentille petite fille qui croyait encore à la justice ? A quel moment a-t-elle décidé que sa vendetta personnelle était plus importante que les objectifs sacro-saints de l’Ordre du Phénix ? Si tu as eu des scrupules ou de grands idéaux jusqu’à maintenant, tu les as mis au placard en venant t’adresser à moi, ce soir. » Beaucoup de bruits circulaient sur Sage Blackheart dans les couloirs de l’Ordre, et Oberyn était parfaitement au courant de ce qu’on pouvait dire sur elle. Elle voulait sa vengeance, et c’était quelque chose qu’il pouvait comprendre. Mais il n’était pas prêt à faire une alliance simplement parce que celle qui le demandait avait une raison potentiellement valable. Il avait besoin de concret. Il ne voulait pas qu’elle soit un obstacle, et plus important encore, qu’elle ruine sa crédibilité. « Malheureusement pour toi, tu commences aussi à éveiller les soupçons … Tu es un peu trop indisciplinée et tête brûlée pour notre Ordre, qu’est-ce qui te fait dire que ça me plairait ? La dernière fois, tu as été un obstacle pour moi, rien de plus. » Ajouta-t-il finalement, avant de terminer son verre d’une gorgée. Malgré ce qu’il pouvait dire, elle était sans doute la première membre de l’Ordre avec qui il parlait de cette façon, sans prendre de gants, et ça lui plaisait. Enormément.
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Sujet: Re: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow. Mar 12 Mar - 17:26
we come from the land of the ice and snow
e. sage blackheart & oberyn e. lindberg « your life is shaped by the end you live for. » ------------❖------------❖------------
Les jours passaient, l’espoir mourait et l’Ordre continuait de se battre contre lui-même. Ou contre les ténébreux fantômes avoués à mi-mots que personne ne devait découvrir. Avec Dumbledore, cependant, c’était toute une partie de l’Ordre du Phénix qui était morte, l’union, la loyauté de chacun et peut-être bien la folie nécessaire à ce qu’ils soient tous, petits soldats de plomb, capables d’accomplir de grandes choses. Il fallait être fou, de toute manière, pour se dresser ouvertement contre Voldemort – aussi fou que ce que l’ancien directeur de Poudlard avait été, à l’instant où il avait décidé de fonder cet ordre, de s’entourer de quelques personnes de confiance et de devenir alors la figure de proue, le symbole flamboyant de la lutte contre le Mage Noir. Aujourd’hui qui était-ce ? La vague mémoire du sorcier ? Harry Potter ? Sirius Black, l’ancien évadé d’Azkaban duquel trop de gens se méfiaient encore, mort à l’heure actuelle ? Maugrey Fol’Oeil, mort également ? L’Ordre du Phénix était aujourd’hui fait de quelques pantins, menés dans tous les sens par des leaders autoproclamés, qui ne devaient leur statut à rien, hormis leur longue fidélité à Dumbledore et à ses idéaux fous. Des sorciers qui se pavanaient avec tout l’orgueil du monde, qui s’acharnaient à croire qu’ils luttaient, tandis qu’ils envoyaient leurs propres frères à l’échafaud – ceux qui étaient prêts à mourir pour l’Ordre étaient les imbéciles naïfs et idéalistes qui imaginaient encore le monde magique se relever du chaos qui le dévastait jour après jour, alors que l’automne passait, que l’hiver s’épaississait. Le Ministère de la Magie n’avait toujours été que l’ombre d’un gouvernement juste et égalitaire, mais aujourd’hui, il avait été précipité dans les abysses ténébreux de la décadence, de la perdition. Il y avait eu le père de Sage qui était mort, peut-être pour la raison légitime que son travail l’avait mis dans une situation relativement inconfortable, à même d’être sur la tête de liste de bien des Mangemorts ayant pris le contrôle du Ministère – au fond, la fille Blackheart, n’ayant que très souvent été mise à l’écart des affaires complexes de son père, ne savait qu’à peine qui aurait pu être assez fou pour déchirer ainsi la mémoire d’un Auror ou même, le peu de famille qu’il restait à Sage. La première guerre lui avait pris sa mère, cette seconde venait de lui arracher son père et bien plus encore que ce à quoi elle avait été prête à renoncer – au sein de l’Ordre, elle avait vu beaucoup de ses anciens camarades de confiance la toiser, la sonder dans l’espoir d’y déceler la lueur vengeresse qu’elle pouvait avoir à chaque fois qu’elle évoquait son père. Etait-ce la mort non vengée de son père, ou les sacrifices infinis qu’elle avait dû faire pour n’être nullement récompensée, la perte d’Evander qui la rendait si amère ? Elle-même ne savait sans doute pas, ce qui ne rendait sa chute que plus dangereuse encore, dans les tréfonds de l’Enfer le plus rougeoyant, qu’importe, si elle devait vouer sa vie à chercher vengeance auprès de tous ceux qui oseraient lever le petit doigt pour la stopper dans cette folie sans nom, qu’il en soit ainsi. Après tout, n’était-ce pas ce à quoi il s’était prêté, lui, Oberyn Lindberg, l’homme sans âme qui, pourtant, avait promis fidélité et loyauté à l’Ordre du Phénix, duquel il ne semblait avoir rien en commun. Il n’était pas idéaliste, il n’était pas fou, pas soumis à cette façon obsolète de voir le monde tout de blanc ou de noir – ce n’était pas Mangemorts contre Membres de l’Ordre, ou même Voldemort contre Harry Potter, c’était eux, chaque parcelle d’individu, chaque parcelle d’âme sacrifiée sur l’autel d’une victoire qui ne leur appartiendrait jamais vraiment. Il y avait les sorciers forcés de fuir, qui n’obtiendraient jamais justice pour tout ce qu’ils avaient perdu, les anonymes de l’Ordre du Phénix, qui mouraient par dizaines et dizaines depuis des mois déjà et dont personne n’avait cure – il fallait avancer, disaient-ils, ne pas revenir sur le passé. Ou sur les anciennes hontes qui entacheraient la victoire de l’Armée de Dumbledore, si les choses venaient à se finir ainsi.
« J’espère bien. Tu ne viendrais pas à cette heure-ci en n’étant pas certaine d’avoir mon attention. » C’était presque avec le dédain qui allait de mise avec leur relation que Sage ignora la pique acerbe qui frappa l’air de plein fouet. Il se faisait aussi froid que le vent à l’extérieur de sa grande maison londonienne, entrant en compétition avec les hivers irlandais, ou les impitoyables écumes qui s’écrasaient sur les roches aiguisés des côtes écossaises. Il portait ce masque de froideur depuis tellement de temps cependant, que cet avantage qui en désarçonnait plus d’un, finissait par avoir pour effet de ne plus effrayer les brebis galeuses qui le côtoyaient trop souvent. La sorcière qu’était Sage, déjà, estimait n’avoir croisé sa route que trop souvent avec celle d’Oberyn, et habituée qu’elle était à l’ego de certains membres de l’Ordre qui la regardaient de haut (pour son jeune âge ou son statut de femme), ou tous les Mangemorts qu’elle venait à croiser et qui la dédaignaient sans vergogne aucune, elle faisait aisément fi du venin que certains serpents tels que Lindberg crachait. Après tout, avant de choir dans l’échelle sociale de ce bas-monde, elle faisait partie de la jungle du Ministère de la Magie, fait de paroles obséquieuses, d’attentions mensongères et de regards emplis de haine et de véhémence – les orgueils gros calibres comme celui de son vis-à-vis, elle avait appris à faire avec, en somme. Mais elle ne voulait pas s’attarder en un coin aussi sordide – aussi bourgeoises soient ses allures, la maison qui abritait un être comme Oberyn Lindberg n’était pas le lieu le plus recommandable à Londres. A l’humble avis de la jeune femme, en tout cas – aussi s’acharna-t-elle à être la plus claire et concise possible, tranchante comme une lame de rasoir dans ses propos. Peut-être tournait-elle patiemment autour du pot, sans alimenter le vague espoir que Lindberg ne daigne répondre à ses lascives interrogations ; peut-être valait-il mieux pour les fougueux engagements de la sorcière que celui-ci ne réponde pas à ses questions et ne livre rien des sombres desseins qu’il cachait soigneusement dans un coin dérangé de son esprit. Elle n’était pas là pour s’en faire un ami, pas même un allié, juste une baguette en plus servant les mêmes désirs qu’elle. La hargne qu’Oberyn mettait à poursuivre les rares Mangemorts qui accrochaient son attention parlait pour lui, et ce qu’il le veuille ou non, elle n’avait eu besoin que d’une mission bien périlleuse aux côtés de celui-ci pour le comprendre. Oberyn ne frappait pas au hasard, Oberyn obéissait cependant à chacune des directives que l’Ordre lui donnait, mais personne au sein de celui-ci ne savait ouvertement ce qui poussait le sorcier à se jouer parfois de l’équilibre précaire de l’organisation de Dumbledore. « Et pourquoi donc viendrais-tu me proposer ton aide, de façon totalement gratuite, alors que notre petit incident passé semble t’avoir tant agacée ? » Sans s’en cacher nullement, la sorcière laissa un sourire filtrer sur le bord de ses lèvres mais elle ne dit mot, toisant son interlocuteur avec la même assurance insondable que lui. Il savait déjà des choses sur elle, elle savait déjà des choses sur lui – qu’ils ne s’y trompent pas, ils étaient à armes égales ici, et il se plantait s’il pensait avoir toutes les cartes du jeu en main. La guerre était faite de ça, de retournements de situation acerbes et dangereux, d’alliances pour survivre – s’ils ne commençaient pas à tirer partie les uns des autres, les membres de l’Ordre étaient condamnés à la mort. Agacée n’était sans doute pas le mot que Sage aurait choisi pour revenir sur ses ressentis de sa seule et unique mission auprès d’Oberyn, mais soit. Elle ne dit mot, le laissant poursuivre sans ciller. « Je n’ai pas besoin de toi. Je connais les ressources de ton père, et elles sont très impressionnantes, mais comme tu as pu le constater, je me débrouille parfaitement sans l’aide de personne. » L’orgueil, l’orgueil – encore et toujours l’orgueil. Une lueur amusée vint briller au fond des yeux sombres de la sorcière, elle se redressa, le pressant sans honte au silence alors qu’elle rebondissait déjà, sans avoir rien perdu du masque assuré qu’elle avançait. « Parfaitement ne serait pas le mot que j’utiliserais. Tirer dans le tas dès qu’un visage connu passe devant tes yeux, je trouverais ça plutôt grossier et irréfléchi. Mais soit, un Mangemort mort, peut-être bien que ça suffit à dire qu’on se débrouille sans l’aide de personne. »
Etait-ce une vague moquerie résonnant dans sa voix ? Ou alors juste une vague amertume ? Elle haussa les épaules, avalant une nouvelle gorgée à son verre. « Pourquoi fais-tu partie de l’Ordre ? » Enfin une parole autre qu’un orgueil bravement balancé à travers la pièce. Sage pinça les lèvres malgré elle, s’évertuant avec hargne à ne laisser transparaître que quelques parcelles d’un mal être né de l’océan de raisons qui l’avaient poussée, jeune et naïve à s’engager dans l’Ordre. Bizarre, ça lui semblait être il y a des millénaires, le temps lointain où elle avait encore une famille, un foyer, quelque chose pour quoi elle avait la volonté de se battre, quelque chose qui la faisait se dépasser elle-même et ne laisser aucune trace en son cœur pour les sombres sentiments qu’elle ressentait à présent. Pour sauver son père, elle aurait sans doute fait fi d’Evander, continuant à avancer coûte que coûte – mais il n’y avait plus rien, rien d’autre que des cendres à présent dans sa vie, ça et cette vieille bicoque centenaire, immense dans laquelle les Blackheart avaient vécu avec tout leur orgueil dépeint sur les murs. Un lieu auquel elle ne se sentait aucune appartenance à présent. « Où est passée la gentille petite fille qui croyait encore à la justice ? A quel moment a-t-elle décidé que sa vendetta personnelle était plus importante que les objectifs sacro-saints de l’Ordre du Phénix ? Si tu as eu des scrupules ou de grands idéaux jusqu’à maintenant, tu les as mis au placard en venant t’adresser à moi, ce soir. » Une rage sourde gronda au fond des entrailles de la sorcière, elle ne daigna même pas le regarder à présent, déposant brusquement son verre sur la table à côté d’elle. Mâchoires crispées, elle s’escrima à garder contenance, silencieuse. « Malheureusement pour toi, tu commences aussi à éveiller les soupçons … Tu es un peu trop indisciplinée et tête brûlée pour notre Ordre, qu’est-ce qui te fait dire que ça me plairait ? La dernière fois, tu as été un obstacle pour moi, rien de plus. » Il l’aida à le faire, malgré lui sans doute – peut-être avait-il cru trouver une faille à travers laquelle déverser sa rage. Sage, le regard à nouveau posé sur son interlocuteur se leva prestement. « Pitié, si tu pouvais me dire quelque chose que je ne savais pas déjà. » Elle fit le tour du fauteuil sur lequel elle avait été assise un instant plus tôt, laissant à nouveau son regard vaquer autour. « Je suppose que tout le monde a besoin d’obstacles pour assurer ses arrières en cas de vendetta. Il fallait bien que quelqu’un s’occupe des… cinq – six ? – autres Mangemorts qui ne retenaient pas ton attention. » Difficile d’adopter un ton plus détaché, alors qu’elle ramassait le seul bouquin qui n’était pas soigneusement rangé dans sa bibliothèque, posé là, sur la table à la vue de tous. Le titre, la couverture, elle l’examina en quelques secondes, avant de le reposer, croisant les bras. « Est-ce si difficile pour les hommes d’accepter de l’aide ? A vrai dire, je suis presque sure que tu en sais assez sur l’Ordre pour savoir où sont passés mes scrupules et mes grands idéaux. Il ne faut pas se voiler la face, mon indiscipline sert l’Ordre bien plus que la tienne. » Oberyn sortait des sentiers battus, là où Sage ne faisait que questionner les limites de ceux-ci, restait une indéniable différence entre eux deux. La subtilité, l’agilité féminine, ou la finesse d’esprit, sans aucun doute. « Ne t’en fais pas, je n’ai pas la prétention d’être la meilleure sorcière qui soit – le fait est qu’au milieu d’un champ miné comme l’Ordre, je suis la seule à même de fonctionner comme toi. Orgueil ou non, tu as besoin d’un soutien dans celui-ci, et crois-le ou non, personne ne soupçonnera qu’il viendra de moi. » Lâcha-t-elle dans un rire amer, arquant un sourcil alors que son regard sondait le sol sous ses pieds. « Et puis, tu savais ? » Elle s’approcha à nouveau, glissant au côté de son interlocuteur, l’examinant un instant. « Il n’y a jamais eu aucun Oberyn Lindberg à Poudlard – je dois avouer que j’ai arrêté de chercher vers les 1900, peut-être que j’aurais dû continuer. » Elle mima un vague froncement de sourcils, avant de reprendre un vague sérieux. « Tu ne sais rien à propos de mes ressources. » Longtemps, longtemps elle était restée cloîtrée dans sa maison familiale avant de savoir quoi faire des ressources que son père avait laissé derrière lui – patiemment, intelligemment, elle avait su en tirer partie, des parchemins d’arbre généalogique qui lui avaient semblé inutiles, des tonnes et des tonnes de registre qui partaient à travers tous les pays possibles et imaginables. C’était la vie de son père, ce pour quoi il était mort et elle savait parfaitement comment en faire bon usage.
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Sujet: Re: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow. Ven 22 Mar - 23:45
Une alliance, c’était peut-être ce dont il avait besoin. Une présence, non pas amicale, mais qui serve le même but que lui. Il avait un objectif, mais quoi qu’il en dise, il le perdait de vue régulièrement, et se laissait facilement tenter par les chemins de traverse qui ne menaient nulle part. Il avait peur de flancher, de devenir faible. Il avait peur de se laisser ronger par ce qui le guettait au fond de son crâne, ce qu’il ne parvenait pas à voir mais qu’il ressentait faiblement, comme un bruit de fond qui disparaissait quand il se concentrait dessus. Il était mieux seul, il n’avait besoin de personne. Etre deux, c’était prendre deux fois plus de risques, c’était accepter qu’il puisse être trahi. Mais s’il restait seul, face à face avec son propre esprit qui lui filait entre les doigts avec plus de facilité que la brume informe … Il n’était pas facile de reconnaître ce genre de fait. Sa propre folie, le désarmement ultime face à l’étranger qui le toisait chaque jour dans son miroir. Il ne voulait pas qu’on le fasse sortir de là, et il n’attendait certainement pas de Sage qu’elle endosse ce rôle. Mais l’idée qu’il soit forcé de suivre une ligne de conduite, c’était une éventualité à envisager. Elle le détournerait de ses souvenirs, le forcerait à sortir de la spirale qui menaçait d’emporter son esprit. Mais Sage n’avait pas encore gagné le droit d’y accéder, il préférait cent fois être seul plutôt qu’avec une incapable. Et jusqu’à maintenant, elle ne lui avait pas démontré qu’elle pouvait avoir la moindre utilité. Il lui accordait le fait qu’elle ne se laissait pas démonter par sa froideur, ce qui était le premier critère de sélection entre les incapables complets, et les autres. Elle avait de l’assurance, ou en tout cas savait bien faire semblant d’en posséder une quantité non négligeable. Et de l’arrogance – ça il ne doutait pas qu’elle en possédait plus que de raison, sans avoir besoin de prétendre quoi que ce soit.
« Parfaitement ne serait pas le mot que j’utiliserais. Tirer dans le tas dès qu’un visage connu passe devant tes yeux, je trouverais ça plutôt grossier et irréfléchi. Mais soit, un Mangemort mort, peut-être bien que ça suffit à dire qu’on se débrouille sans l’aide de personne. » Oh, il avait évolué depuis le temps où il tirait dans le tas de façon irréfléchie, pour ça elle pouvait se rassurer. Il avait appris à réfréner ses envies de meurtre rapide, sans quoi il ne serait sans doute plus là pour en attester. Les premières fois, certes, il avait été pris par l’adrénaline du moment, l’euphorie qu’il avait ressenti à tuer pour de bon, et il s’était laissé aller d’une façon que l’Ordre du Phénix aurait eu beaucoup de mal à accepter. Mais pour entrer dans leurs rangs – ou plutôt, pour ne pas avoir sa tête mise à prix trop rapidement – il avait du apprendre une certaine discrétion … Et ce n’était pas plus mal. Mais aux yeux de Sage, en ayant vu ce qu’elle avait vu … Il ne pouvait pas nier avoir un style qui devait lui déplaire. Et il faudrait qu’elle s’y fasse. Il écarta les mains, un sourire badin aux lèvres. « Ce sont les résultats qui comptent. Et le fait que je sois encore vivant pour en parler. Que ce soit grossier, ce n’est pas ton problème, à ce que je sache. » Elle n’avait pas de leçons à lui donner, elle qui était tellement discrète que les portes se fermaient devant elle, au sein même de l’Ordre qui l’avait accueillie avec les honneurs dus à son rang, quelques temps plus tôt. Il trouvait sa condescendance légèrement déplacée de sa part … Ils ne jouaient pas sur le même tableau, quoi qu’elle en dise. Et jusqu’à présent, il considérait qu’elle était loin d’atteindre son niveau. Elle avait beau jouer à la reine des glaces, elle était dans son domaine, ici. Le mensonge, l’intimidation, les faux-semblants rythmaient sa vie depuis tant d’années qu’il ne savait plus à quand remontait la dernière fois où il avait ressentit une émotion sincère autre que celles, violentes, qu’il entretenait pour continuer d’avancer. Elle avait sans doute vécu des chocs traumatisants, bien assez pour avoir envie de mettre la ville à feu et à sang sans sourciller, mais il y avait une limite entre ce qu’elle voulait et ce qu’elle était prête à faire réellement.
La carapace d’arrogance de la jeune femme se fendilla enfin quand il se mit à poser ses propres questions – non pas qu’elle daigne y répondre, comme il l’avait fait avant elle. Ses efforts pour garder contenance étaient un véritable régal à observer, et Oberyn ne rata pas une miette du spectacle, regrettant presque de ne pas pouvoir entendre les pensées qui se bousculaient dans sa tête à ce moment. Elle changeait – elle avait changé. Dans quelle mesure, il n’en était pas encore certain. Mais elle n’était plus la même que quelques mois auparavant, et cette version là de la jeune Blackheart était infiniment plus intéressante. « Pitié, si tu pouvais me dire quelque chose que je ne savais pas déjà. » Elle essayait de garder contenance, mais son corps parlait pour elle. La petite fauve ne supportait plus de rester tranquille, elle tournait, fulminait, sortait les griffes. Si cela pouvait faire avancer la conversation sur des choses plus concrètes, ce n’était pas lui qui allait s’en plaindre ! Il n’était pas là pour parler, et il ne lui donnerait pas de réponses. Mais si elle voulait avoir du nouveau, elle devrait se dévoiler plus que ça. Oberyn la regarda tourner autour de son fauteuil, un léger sourire aux lèvres. « Je suppose que tout le monde a besoin d’obstacles pour assurer ses arrières en cas de vendetta. Il fallait bien que quelqu’un s’occupe des… cinq – six ? – autres Mangemorts qui ne retenaient pas ton attention. » Le sourire d’Oberyn s’étira, narquois, et il se pencha légèrement en avant pour suivre Sage des yeux. Si elle voulait des remerciements ou un signe qui montrait qu’il était impressionné, elle allait pouvoir attendre. Incontestablement, elle s’en était sortie, mais elle aurait pu mourir qu’il n’aurait sincèrement pas vu la différence. Elle n’avait été qu’une distraction, qui lui avait été bien utile pour atteindre son objectif. « Est-ce si difficile pour les hommes d’accepter de l’aide ? A vrai dire, je suis presque sure que tu en sais assez sur l’Ordre pour savoir où sont passés mes scrupules et mes grands idéaux. Il ne faut pas se voiler la face, mon indiscipline sert l’Ordre bien plus que la tienne. » Oberyn croisa les mains, regardant Sage avec un scepticisme non voilé. « Ne t’en fais pas, je n’ai pas la prétention d’être la meilleure sorcière qui soit – le fait est qu’au milieu d’un champ miné comme l’Ordre, je suis la seule à même de fonctionner comme toi. Orgueil ou non, tu as besoin d’un soutien dans celui-ci, et crois-le ou non, personne ne soupçonnera qu’il viendra de moi. » Cette fois, il laissa échapper un petit rire. Ils étaient bien d’accord là-dessus. Il se leva pour aller remplir leurs verres, à nouveau, et s’appuya contre le buffet pour regarder Sage, qui tournait toujours dans son salon en jetant des regards voraces dans les moindres recoins. « Effectivement. Mais quand j’ai besoin de distraire des Mangemorts, je pioche dans la chair à canon comme le font si bien mes supérieurs. Je ne fais que suivre la ligne de conduite de l’Ordre du Phénix : nous sommes tous des pions destinés à crever pour la postérité. Mais si c’est toi avant moi, ça ne me gêne pas. » Lâcha-t-il avant de s’enfoncer à nouveau dans son fauteuil. La façon de faire de l’Ordre lui convenait parfaitement, à un détail près : il n’avait pas l’intention de mourir pour eux. Et il savait que Sage pensait très exactement la même chose que lui, sur ce point. Elle ne serait jamais venue le voir, si ça n’avait pas été le cas … « Personne ne se plaint de mes méthodes. Je fais le sale boulot, là où personne ne veut se salir les mains. Je ne vois aucune indiscipline là-dedans. Et crois-moi, ils préfèrent fermer les yeux sur mes actes, plutôt que sur les tiens. » Il se pencha une nouvelle fois en avant, le regard scrutateur. « Mais … Je ne soupçonnerai pas moi-même que tu puisses me soutenir, tant que je ne visualiserai pas ce que tu attends de moi en retour. » Il visualisait plutôt bien ce qu’elle attendait, sans doute la mort de quelques Mangemorts qui jouaient dans son revirement de personnalité. Mais puisqu’elle jouait cartes sur table, elle pouvait aller jusqu’au bout.
« Et puis, tu savais ? » Il la suivit du regard sans dire un mot. « Il n’y a jamais eu aucun Oberyn Lindberg à Poudlard – je dois avouer que j’ai arrêté de chercher vers les 1900, peut-être que j’aurais dû continuer. »Pour la première fois, elle réussit à le faire tiquer. Une décharge d’adrénaline le parcourut et son visage se figea l’espace d’un instant, avant qu’il ne reprenne contenance. « Tu ne sais rien à propos de mes ressources. » Oberyn reposa doucement son verre sur le guéridon à ses côtés, et croisa les doigts avec calme. Mais il bouillait littéralement, et il pesa ses mots avec soin avant de les prononcer. « Très impressionnant, en effet. As-tu une explication rationnelle à cette absence, ou est-ce que tu attends que je te la donne ? Si tes ressources ne t’ont pas donné la réponse à cette question-là, je ne vois pas ce qu’elles peuvent m’apporter. » Il avait changé de nom peu après sa sortie de Poudlard, en forçant une vieille sang-pur à le reconnaître comme héritier. Sa véritable mère venait de mourir, il n’avait jamais connu son père. De toute sa scolarité, il avait menti sur sa famille, s’inventant un père sang-pur redoutable, mort pendant sa seconde année. Pour son nouveau patronyme, les mensonges n’avaient pas été très difficiles à trouver, ni même à rendre crédibles. A ceux qui l’avaient connu à Poudlard, et qui restaient en vie aujourd’hui, il leur disait simplement qu’il ne supportait plus de porter le nom de son père, et qu’il préférait porter celui de sa mère. Il y avait très peu de personnes qui l’avaient connu avant, qui savaient qui étaient réellement sa mère, et ceux-là, il s’était assuré de les faire taire de façon définitive. « Tu n’avais pas besoin de te casser tant la tête. Il y a dans l’Ordre des gens avec qui j’ai dormi dans le même dortoir pendant sept ans, ils devraient pouvoir te donner le nom que je portais à cette époque. Si tu veux m’impressionner, ou même me menacer, il faudra trouver une information qui ne soit pas un secret de polichinelle. » Se moqua-t-il ouvertement. Pourtant, il savait qu’elle détenait un début d’information sur lui. Il n’avait pas vraiment peur qu’elle découvre la vérité, elle avait bien peu de chances d’y parvenir. Mais elle avait cherché du bon côté … Elle n’était pas si dépourvue de ressources qu’il le lui avait dit. Elle pourrait devenir intéressante, à la longue.
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Sujet: Re: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow. Ven 5 Avr - 21:18
we come from the land of the ice and snow
e. sage blackheart & oberyn e. lindberg « your life is shaped by the end you live for. » ------------❖------------❖------------
Sage n’était pas désespérée à ce point. Elle ne voulait tout du moins pas qu’un type - potentiellement ennemi - comme Oberyn ne puisse percer ses défenses à jour : sans son père et en ayant perdu les quelques soutiens qu’elle avait eus au sein de l’Ordre (Evander qui l’avait oubliée et Morgana qui avait disparu dans la nature), la jeune sorcière se devait à présent de varier ses relations, afin que celles-ci ne lui nuisent pas trop. Les sentiments ne devaient pas entrer en compte dans cette guerre, ou même au sein de l’Ordre du Phénix : ils n’avaient pas leur place, et ceux-ci la poursuivaient à présent, dans chacun de ses gestes et chacune de ses décisions. Qu’est-ce qui pouvait bien l’amener sur le pas de la porte de Lindberg, au fond ? Un ardent désir de vengeance, d’une justice démesurée qui ne lui apporterait rien d’autre que des cendres illusoires ou alors le viscéral besoin de se trouver une place, dans ce monde qui tournait à toute allure, sans elle, loin d’elle ? Pour Evander, elle n’était plus qu’un lointain souvenir, enterré dans un coin de son esprit, enfouie à l’état d’une vie passée - pour beaucoup trop de gens aujourd’hui, elle était la brebis galeuse de l’Ordre, instable et insatiable ; difficile d’imaginer qu’elle puisse chercher quelque soutien auprès du type qu’elle avait le plus mésestimé, dans ces temps lointains où elle représentait quelque chose aux yeux d’autrui. Torturer, tuer des Mangemorts, jamais de tels desseins ne pourraient remplir le vide profond qui la glaçait de l’intérieur aujourd’hui - ça ne lui rendrait jamais Evander, ou même son père. Ni sa crédibilité aux yeux de bien des personnes - est-ce que ça avait seulement une importance, maintenant ? La confiance de la jeune femme en l’Ordre et en ses anciens camarades d’infortune était on ne peut plus ébranlée - assez ébranlée pour qu’elle décide de confier son destin à l’âme noire et imprévisible qu’était Oberyn. Son avenir, sa survie à cette guerre n’avait aucune importance pour elle à présent : personne ne l’attendrait, si elle survivait par miracle à ce chaos ambiant ; personne ne priait, en cette nuit froide et profonde, pour qu’elle survive à ces combats échevelés - lorsqu’elle avait perdu Evander, elle avait cru pouvoir trouver un quelconque soutien dans les lambeaux de famille qu’il lui restait, auprès de son père : avec sa maturité, son flegme habituel, le père Blackheart aurait sans nul doute trouvé les paroles nécessaires à balayer et les remords, et les regrets de Sage. Elle se serait sentie apte à aller de l’avant - mais à présent, elle broyait du noir, elle tournait en rond, sans volonté, sans avenir, sans attache. Si Oberyn Lindberg avait souvent représenté une énigme pour Sage, puis l’image même d’un dégoût sans borne, à présent il représentait presque un challenge d’orgueil et d’arrogance, face auquel elle se devait de faire un tant soit peu bonne figure. Elle sauvait les apparences, depuis qu’elle avait franchi le seuil de cette grande et impersonnelle maison, se grimant de quelques comédies qui, sans doute, n’avaient rien de crédible aux yeux d’un sorcier tel que celui face à qui elle se trouvait : ça n’avait pas d’importance, il pouvait au moins la croire sur le fait qu’elle était tomber bien bas pour chercher de l’aide du côté de ceux qui lui déplaisaient le plus. Sans doute ne pourrait-elle pas tomber plus bas, si ce n’est en vendant son âme aux Mangemorts et à Voldemort lui-même - chose qu’on ne lui autoriserait même pas, fille d’Auror qu’elle était. Son sang-mêlé aurait après tout pu lui permettre de vivre une vie tranquille, de fermer les yeux sur les batailles qui se jouaient dans la nuit, avec hargne et violence : cependant, il avait fallu que la gamine idéaliste et naïve qu’elle avait été prenne un partie - le mauvais partie, si elle devait aujourd’hui s’exprimer sur ses choix de jadis. L’Ordre n’était qu’une mascarade : dans celui-ci, il y avait les idéalistes comme elle, qui croyaient qu’un groupe créé par Dumbledore ne puisse être que bon et promis à de grandes choses, ceux-là qui finiraient tous par tomber de haut - il y avait les amers, les réalistes comme Oberyn, ceux-ci ne connaissaient que trop bien les côtés retords et mauvais de ce monde, assez pour savoir que l’Ordre n’était qu’un vile étendard dont ils pourraient abuser pour faire ce qu’ils voulaient. Indéniablement, après avoir tout perdu dans cette foutue guerre, Sage voulait passer d’un camp à l’autre, elle voulait être de ces berges ingrats qui menaient la chair à canon au sacrifice, quitte à ce que ça n’en vaille pas la peine ; elle voulait lutter pour elle, pour survivre ou pour crever un tant soit peu dignement : elle vibrait au moins de cette certitude, logée et grandissant au fond de ses entrailles, elle voulait se venger.
Auprès de l’Ordre, quitte à faire imploser l’espoir auquel tout le monde se raccrochait ? Auprès des Mangemorts qui avaient sans doute tué son père ? Qu’est-ce que ça changeait, au final ; cette guerre ne se jouait à aucun de ces niveaux-là, ce n’était que trop tard qu’elle daignait s’en rendre compte. Avant, elle aurait pu empêcher Evander de se sacrifier, de les sacrifier pour cette triste comédie ; avant, elle aurait pu se décider à protéger son père plutôt que «l’espoir commun» : si seulement elle n’avait pas été Sage, Sage la jeune Serdaigle, bête et stupide, les choses auraient pu être bien différentes dans sa vie. Elle ne voulait pas faire marche arrière, elle ne voulait certainement pas manquer cette occasion de franchir le pas en avant, entre le monde des victimes et des oppresseurs. « Ce sont les résultats qui comptent. Et le fait que je sois encore vivant pour en parler. Que ce soit grossier, ce n’est pas ton problème, à ce que je sache. » L’amertume étira les lèvres de Sage en un fin sourire, suite aux paroles d’Oberyn - elle s’en doutait, elle avait bien compris (trop tard, cependant), que les choses se jouaient ainsi. Beaucoup trop de gens, comme Oberyn, ne se retournaient qu’à peine sur les sacrifices que les naïfs faisaient pour cette guerre, pour l’Ordre du Phénix, ou pour la promesse qu’un jour, Harry Potter fasse à nouveau son apparition dans le monde des vivants. Il n’y avait que la croyance que Voldemort viendrait se pavaner devant tout le monde, le cadavre du gamin dans les bras, qui faisait encore croire à tout le monde que celui-ci était toujours en vie, alors que les semaines étaient devenues des mois ; que l’ombre et l’oppression des Mangemorts se concrétisaient. « Même au sein du Ministère j’avais déjà pu m’en rendre compte, les petites traces gênantes ne concernent personne, jusqu’à ce qu’elles deviennent trop nombreuses. Si aujourd’hui le Ministère est aux mains des Mangemorts, c’est bien parce que celui-ci pullulait de ces pourritures bien avant le retour de Voldemort : ils n’auraient eu qu’à tuer Scrimgeour que ce ne serait qu’à peine étonnant. Fermer les yeux sur les choses gênantes n’est pas une solution ; mais tu as bien raison, il sera grand temps d’y penser quand l’ami d’un tel, ou le fils d’un tel remontera jusqu’à toi sans que tu le vois arriver. » Dans son enfance, elle avait bien souvent vu telles convenances ou telle pile de paperasse se dresser sur la route de son père : sans preuve, même un Mangemort affichant ouvertement ses pensées n’était pas arrêté - c’était bien pour cela, que Lucius Malefoy avait pu se pavaner comme un paon pendant des années, sans être inquiété de quoique ce soit. C’est à peine s’il avait fallu que celui-ci et sa famille de dégénérés n’en viennent à tuer Harry Potter lui-même pour que quelqu’un n’ose lever le doigt vers lui. Quelle triste réalité, que celle du monde : Sage avait beau se donner un air blasé, quelque peu lassé par ces magouilles secrètes, elle ne les avait découvertes que trop récemment. Celles-ci avaient coûté la vie à son père, elle le savait et elle comptait le prouver, même si pour cela elle devait brûler le Ministère de la magie, l’Ordre du Phénix ou toutes les organisations se prônant un tant soit peu bien pensantes. Oberyn excellait dans ces farces détestables, peut-être était-ce ça qui amenait Sage jusqu’ici : quitte à le doubler par la suite, lui sans doute qu’il ne voudrait pas renoncer aux petits avantages de son existence. Quand on voyait dans quelle maison il vivait, ce luxe et cette opulence étaient bien trop plaisants pour qu’il s’engage dans les mêmes projets qu’elle : la première chose qu’elle comptait faire, c’était retrouver le meurtrier de son père, emportant dans son sillage le plus de Mangemorts possible, en quoi n’avaient-ils pas les mêmes volontés ? Mais à ce petit jeu, ce soir, dans ce grand salon obséquieux, elle ne voulait pas dévoiler toutes ses cartes à un être tel que lui, qui - même si elle ne le faisait pas, elle - la poignarderait indubitablement dans le dos. Tourner autour du pot ne l’amusait qu’à moitié, à vrai dire - elle était plutôt du genre franche et entière et si ça lui avait souvent porté préjudices, elle avait souvent considéré ça comme ses plus grandes qualités humaines. Elle observa le dos du sorcier, alors qu’il remplissait à nouveau leurs verres, elle allait finir ivre s’il continuait. « Effectivement. Mais quand j’ai besoin de distraire des Mangemorts, je pioche dans la chair à canon comme le font si bien mes supérieurs. Je ne fais que suivre la ligne de conduite de l’Ordre du Phénix : nous sommes tous des pions destinés à crever pour la postérité. Mais si c’est toi avant moi, ça ne me gêne pas. » Un spasme lui fit crisper la mâchoire devant les paroles de Lindberg - il confirmait ouvertement les soupçons qu’elle avait eus depuis peu, elle reprit contenance cependant, dans un léger rire en levant le verre qu’il venait tout juste de lui remplir à nouveau. « Il ne nous reste plus qu’à espérer que ce sera moi avant toi, alors. » Mielleuse et mutine, elle arqua un sourcil, avant de détourner bien vite son regard - pour l’Ordre, elle n’avait plus l’intention de sacrifier quoi que ce soit - pas même une mèche de cheveux, à vrai dire. Ouvertement, Lindberg faisait partie de ces «hauts gradés» qui ne jouaient que pour eux-mêmes, il ferait forcément partie des derniers à crever pour la prospérité : elle, elle pourrait bien crever pour le faire tomber de son piédestal, ça lui suffirait largement.
« Personne ne se plaint de mes méthodes. Je fais le sale boulot, là où personne ne veut se salir les mains. Je ne vois aucune indiscipline là-dedans. Et crois-moi, ils préfèrent fermer les yeux sur mes actes, plutôt que sur les tiens. » Sur ce point-là, elle ne put que s’empêcher d’avoir un léger rire, pinçant les lèvres comme pour souligner à quel point il se fourvoyait. La guerre était la guerre, mais au sein de l’Ordre, les petites recommandations qui se transmettaient jusqu’à la chair à canon, étaient bien différentes de celles qu’Oberyn appliquait. « Et voilà exactement où tu as besoin de moi. Faisons ça simplement, combien sont les petits sorciers qui manipulent et envoie la chair à canon à travers le pays pour faire les sales besognes ? Cinq, dix ? Sans doute ceux qui n’ont jamais eu la moindre légitimité auprès de Dumbledore, il doit se retourner dans sa tombe, en pensant à ça. Les hautes sphères de l’Ordre ferment les yeux sur tes actes ; la chair à canon s’interroge de plus en plus : c’est bien pour ça que je suis là, c’est bien pour ça que je sais vers qui aller. » Sage retrouva le chemin de son fauteuil, quelque peu assagie, elle s’assit sur l’accoudoir de celui-ci. « Je m’en contrefiche que cinq sorciers dans l’ordre se méfient de moi : aux yeux de tous les autres, je suis Sage Blackheart, la pauvre petite orpheline au père héroïque. La chair à canon est pleine d’espoir, elle, et je me demande bien comment elle prend le fait que les hautes sphères elles-mêmes n’obéissent pas aux propres ordres qu’elles donnent. Nos ordres n’ont jamais été de tuer les Mangemorts : car tu sais, l’Ordre du Phénix prône des valeurs justes et équitables, de justice et de loyauté. » L’ironie de Sage était on ne peut plus palpable à présent - ça lui avait tellement coûter de lever le voile de mensonges qui entourait la triste vérité. Levant les mains devant elle, la sorcière prit un air innocent, sourire aux lèvres. « Mes mains sont propres. Et crois-moi, si les «les portes se ferment devant moi», ce n’est certainement pas le cas des confiances de chacun. Et je peux t’assurer que tu n’as aucune idée de tout ce qui se dit entre les petits pions de l’Ordre - tous ceux là que tu feras mourir avant toi pour la prospérité. » Sa voix avait revêtu un ton sévère, elle s’escrima à effacer la rage qui pouvait étirer ses traits - ce dégoût, ce dédain qu’elle avait toujours eus pour lui, qu’elle avait à présent pour la plupart des clowns de l’Ordre qui osaient lui donner des ordres. « Si je dois être franche, je n’attends qu’une chose de toi en retour - deux en fait : je ne veux plus recevoir d’ordre de l’Ordre, je ne veux plus partir en mission à l’autre bout de la planète pour du vent, je ne veux plus sacrifier une infime parcelle de ma vie pour ce tissu de mensonges. Et je veux que tu m’apportes justice pour mon père. » Il avait voulu qu’elle soit franche, après tout ; il était à vrai dire, grand temps que quelques personnes la jouent franc jeu dans cette guerre - à croire que les Mangemorts représentaient une compagnie plus fiable et loyale que celles de ses soit disant alliés. « Rassure-toi, je n’ai pas cherché vraiment plus loin dans ton histoire, je n’ai pas besoin de trouver quoique ce soit sur toi pour te menacer. Tout est sous mon nez ; mais tu sais, je ne crois pas que beaucoup de têtes bien pensantes de l’Ordre puissent apprécier qu’un de leurs camarades habite une maison qui ne lui appartient pas, squatte un nom empli de mensonges - je me demande presque si la personne à qui tu as volé la vie est elle aussi, morte pour la prospérité ou si tu as eu la décence de la laisser en vie. » Elle toisa un instant le sorcier, l’inspectant de haut en bas, bras croisés avant de reprendre finalement. « Le monde ne se limite pas aux gens que tu connais : si certains devaient découvrir l’envers du décor de la vie d’Oberyn Lindberg (ou autour de l’Ordre du Phénix si recommandable), ils ne débarqueraient pas chez toi pour te demander un petit service. » Diviser les rangs qui luttaient ouvertement contre Voldemort ne serait pas la meilleure chose à faire, elle le savait, mais si ça permettait d’éviter à des gens de tomber dans le même panneau qu’elle, elle se disait presque prête à tous les extrêmes : taire les lourds secrets qui englobaient l’impitoyable hiérarchie de l’organisation, faite de rois et de sous-fifres bons à crever, ou immiscer la méfiance, les doutes et l’acerbe vérité au sein de l’Ordre, pour ainsi l’admirer se détruire tout seul.
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Sujet: Re: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow. Mar 16 Avr - 21:06
Que cherchait Sage ? Pourquoi venir le voir, lui ? Oberyn apercevait les réponses à ces questions sans avoir besoin de les poser. Mais les plus importantes étaient de savoir ce qu’elle ferait une fois qu’ils concluraient ce pacte. Si ses motivations étaient suffisantes, ou si elle ne faisait que mentir pour le piéger. Il n’avait pas l’intention de se laisser berner par une gamine de sa trempe, mais refuser une opportunité telle qu’elle lui présentait … Cela pouvait valoir quelques risques. A supposer que cela en vaille effectivement la peine. « Même au sein du Ministère j’avais déjà pu m’en rendre compte, les petites traces gênantes ne concernent personne, jusqu’à ce qu’elles deviennent trop nombreuses. Si aujourd’hui le Ministère est aux mains des Mangemorts, c’est bien parce que celui-ci pullulait de ces pourritures bien avant le retour de Voldemort : ils n’auraient eu qu’à tuer Scrimgeour que ce ne serait qu’à peine étonnant. Fermer les yeux sur les choses gênantes n’est pas une solution ; mais tu as bien raison, il sera grand temps d’y penser quand l’ami d’un tel, ou le fils d’un tel remontera jusqu’à toi sans que tu le vois arriver. » Oberyn haussa vaguement les épaules. Ce dont elle essayait de lui faire prendre conscience, il le savait depuis des années. Et peut-être le prenait-elle pour un total inconscient qui ne prenait pas la mesure de ses actes, ou qui laissait derrière lui des traces monstrueuses. Elle ne l’avait vu agir qu’une seule fois, il ne voyait pas en quoi elle pouvait le juger, mais il n’allait pas faire l’effort de la faire changer d’avis. Elle débarquait dans un monde qu’elle ne connaissait pas, tentant de prendre exemple sur son père pour paraître plus assurée – mais cela ne cachait pas le fait qu’elle n’y connaissait rien, et ses bravades en étaient la preuve. « C’est un risque que j’ai accepté de prendre quand je suis rentré dans l’Ordre. Si tu acceptes d’agir un minimum, tu prends un risque, tu laisses des indices. Il y a toujours des traces, tu n’y peux rien. A condition de se remuer un peu au lieu de rester assis sur son fauteuil à gémir sur les fatalités de la guerre. Si je me fais assassiner dans mon sommeil, je saurais pourquoi. Ce n’est pas le cas de tout le monde. » Il sera bien assez temps de voir par quel moyen elle effacerait ses propres traces quand elle se mettrait au travail, mais pour l’instant, elle était trop innocente pour avoir ce genre de soucis en tête. « Il ne nous reste plus qu’à espérer que ce sera moi avant toi, alors. » Il leva son verre à cette parole, lui adressant son sourire le plus hypocrite. Sur ce sujet il n’avait pas l’intention de prétendre quoi que ce soit. Il ne souhaitait pas mourir en défendant quelque chose auquel il ne croyait pas, et elle non plus … Il était inutile de se cacher derrière de belles paroles pleines de grandes idées aussi vaines que les espoirs qu’ils fondaient dans l’Ordre. Tout comme il était vain de prétendre être ce qu’il n’était pas : elle le savait, il se fichait de causer des dommages collatéraux. Ca ne devait pas être une surprise pour elle, et il n’avait pas vraiment de scrupules à l’admettre à voix haute. Ils étaient là pour jouer franc jeu, ce soir. Aussi, il ne fut pas surpris, à son tour, quand elle lui donna son propre point de vue sur la question … Sur cette fameuse chair à canon qui ne serait pas franchement ravie d’apprendre qu’on l’utilisait pour un bien qui la dépassait. Un discours qu’il avait déjà trop entendu, et qui lui donnait envie de vomir. Ils n’étaient plus au Moyen-âge, et la guerre faisait rage. Il était temps de laisser leurs scrupules de côté et d’utiliser les méthodes de leurs ennemis.
« Dumbledore est mort, qu’il se retourne tant qu’il peut, s’il ne nous est pas d’une plus grande utilité, ça ne m’empêchera pas de dormir. L’Ordre du Phénix ne tardera pas à le rejoindre dans son intégralité s’il continue de suivre sa voie, et les Mangemorts s’en sont rendus compte les premiers. On avait une chance quand le vieux était encore en vie, mais ce n’est plus le cas et il serait peut-être temps qu’on arrête de jurer par sa barbe et qu’on réfléchisse par nous-mêmes à des moyens de nous en sortir. » Oberyn n’était pas un fervent défenseur de l’Ordre, et il n’avait pas vraiment l’intention de dépenser de l’énergie à les faire changer. Il avait compris avant même des les rejoindre que leur philosophie ne collerait pas à ses propres idées, et qu’elle ne les ferait pas sortir de la guerre. Mais il s’était engagé et il devait prétendre un minimum avoir envie de les sortir de là … A condition qu’ils acceptent d’ouvrir les yeux au lieu de regarder le passé. Harry Potter ne viendrait pas les sauver une seconde fois, et le plus grand sorcier vivant était un Mage Noir au lieu d’être un sage directeur d’école. L’équation était rapidement résolue : ils étaient foutus. « Tu n’y crois pas plus que moi, sois honnête. Tu sais bien pourquoi ils ferment les yeux sur mes actes : un Mangemort en prison sera libéré dans la semaine, et reviendra filer des sueurs froides à tous nos chers compatriotes. Un Mangemort six pieds sous terre n’embête plus personne. C’est ce que l’Ordre a tant de mal à comprendre, et malheureusement ce qui l’enverra à sa perte. La chair à canon devrait commencer par réfléchir là-dessus avant de comploter ses petites histoires avec Sage Blackheart. » Lâcha-t-il avec un mépris non dissimulé. Il n’avait de sympathie ni pour les « hautes sphères » de l’Ordre, ni pour les pions qui en constituaient la base, et il n’avait pas l’intention de changer. Et il ne faisait pas suffisamment confiance à Sage pour croire qu’elle puisse le faire à sa place. Il avait assez d’informations fiables pour savoir que sa propre place n’était pas en danger, et le dernier de ses soucis était bien de s’inquiéter pour savoir si c’était la vérité. L’Ordre avait bien mieux à faire que de se déchirer de l’intérieur, et même si ses méthodes pouvaient sembler douteuses ou peu conventionnelles pour beaucoup, tant qu’il ne sympathisait pas avec l’ennemi, il n’avait pas de raison d’être inquiété. Il tuait des Mangemorts, il ne leur livrait pas d’informations confidentielles pour augmenter le pouvoir de Voldemort. Il répondrait de ses actes à la fin de la guerre, pas avant. Et d’ici là, il avait le temps de mourir des centaines de fois … Ou de prendre une retraite bien méritée sur une île ensoleillée, loin de la justice Magique, quelle que soit l’issue de la guerre. « Tu ne peux pas garder les mains propres si tu veux obtenir ce que tu recherches avec tant d’opiniâtreté. Tu es en train de te salir en venant ici, tu ne fais déjà plus partie des pions que tu défendais jusque là, tu n’y crois même plus. Tu as beau me faire de belles leçons sur la façon dont nous devrions agir, tu seras la première à te conduire comme moi quand tu en auras l’occasion. Mais soit, disons que tu seras un peu plus douée que moi à copiner avec la chair à canon. Si ça peut nous donner de jolis pantins pour distraire l’arrière plan pendant qu’on s’occupe de ceux qui importent, tes méthodes me conviennent. Elles ne sont pas si différentes des miennes, tu atteins juste un niveau d’hypocrisie encore supérieur au mien. Je ne peux que t’admirer. Est-ce si difficile, de trahir ceux qu’on aidait jusque là ? » Entre tous, elle était celle en laquelle les hautes sphères avaient fondé le plus d’espoir avant qu’elle ne perde pied. Elle était la fille du peuple, et comme elle le disait si bien, elle était l’orpheline qui attirait la pitié et la compassion. L’amitié, également. Ce qu’elle faisait ce soir, ce qu’elle allait faire ensuite, était contraire aux idées des bien-pensants dont elle avait fait partie si longtemps. Elle avait abandonné son camp, elle était devenue comme lui. Elle faisait partie de l’Ordre, mais ne servait plus que ses propres objectifs. « Si je dois être franche, je n’attends qu’une chose de toi en retour - deux en fait : je ne veux plus recevoir d’ordre de l’Ordre, je ne veux plus partir en mission à l’autre bout de la planète pour du vent, je ne veux plus sacrifier une infime parcelle de ma vie pour ce tissu de mensonges. Et je veux que tu m’apportes justice pour mon père. » La première partie confirmait ce qu’il avait entrevu jusque là, tandis que la seconde partie était ce qu’il savait depuis le début. A un détail près. « Je ne vais apporter justice à personne. Je peux t’aider à te faire justice toi-même, nuance. Que je ne sois pas le seul à devoir me laver soigneusement les mains après une journée de travail. » Il n’allait pas la laisser sur le côté tandis qu’il prenait les risques, si elle voulait sa vengeance, elle devrait trancher quelques gorges elle aussi. C’était le seul moyen pour prouver à quel point elle en voulait, n’est-ce pas ? « Pour le reste, je verrais ce que je peux faire. » Il savait comment il devrait s’organiser pour obtenir ce qu’elle demandait : autant dire qu’il acceptait le marché, ses conditions étaient plus que raisonnables. A lui de voir ce qu’il pourrait tirer d’elle, par la suite. Leur petit marché ne serait de toute façon pas abouti avant longtemps, si elle ne savait même pas qui était le meurtrier de son père, comme il le soupçonnait. Demander quelques services autour de lui ne lui coûterait pas grand-chose, par rapport à ce qu’il pourrait gagner dans cette alliance s’il s’y prenait correctement. Il devrait juste veiller à ce qu’elle reste à sa place … Et qu’elle ne finisse pas en lui plantant un poignard entre les omoplates comme elle semblait déjà mourir d’envie de le faire. Leur petit marché n’effacerait jamais cette rancune qu’elle avait envers lui, et elle finirait par submerger son self-control un jour ou l’autre … Il ne se faisait aucune illusion. A voir qui serait le premier à trahir l’autre.
« Rassure-toi, je n’ai pas cherché vraiment plus loin dans ton histoire, je n’ai pas besoin de trouver quoique ce soit sur toi pour te menacer. Tout est sous mon nez ; mais tu sais, je ne crois pas que beaucoup de têtes bien pensantes de l’Ordre puissent apprécier qu’un de leurs camarades habite une maison qui ne lui appartient pas, squatte un nom empli de mensonges - je me demande presque si la personne à qui tu as volé la vie est elle aussi, morte pour la prospérité ou si tu as eu la décence de la laisser en vie. » La menace était effectivement présente dans ces paroles pleines d’assurances. Exactement le genre de mots qu’il préférait ne pas entendre plus d’une fois dans la bouche d’une même personne – mais au moins, la preuve était là, devant lui. Elle avait effectivement des ressources qui méritaient qu’il s’y arrête. Oberyn fixait toujours Sage, impassible. Ces mots là, il allait les lui faire regretter … Un jour. En attendant, il allait s’en servir avec joie, puisqu’elle les lui apportait sur un plateau. « Le monde ne se limite pas aux gens que tu connais : si certains devaient découvrir l’envers du décor de la vie d’Oberyn Lindberg (ou autour de l’Ordre du Phénix si recommandable), ils ne débarqueraient pas chez toi pour te demander un petit service. » Un sourire étira ses lèvres, et il hocha la tête comme si elle venait de l’impressionner grandement. « Toutes ces calomnies qui salissent mon nom … Dois-je vraiment m’estimer heureux que tu sois venue me demander un service, au lieu de venir me mettre le couteau sous la gorge ? La différence est subtile, mais par Merlin, je suis soulagé qu’elle existe … » Railla-t-il sans se départir de son assurance. « Tu n’as donc rien appris ? Ton père était plus discret que toi, et pourtant c’est ce qui l’a perdu : lui aussi savait un peu trop de choses … Même s’il se pavanait un peu moins, il était devenu gênant. Et visiblement, ça n’a pas été sorcier de l’éliminer, si tu veux bien m’excuser l’expression. Un petit conseil : je comprends que tu étales ta science devant moi parce que tu veux m’impressionner, mais à l’avenir, évite de dire à qui veut l’entendre que tu as accès aux dossiers de ton paternel. Ca pourrait mal se finir, et nous ne souhaitons pas qu’il t’arrive malheur, n’est-ce pas ? » Il porta son verre à ses lèvres et termina le fond de whisky qui s’y trouvait, avant de le reposer sur la table pour fixer Sage, un léger sourire aux lèvres. S’ils ne s’entretuaient pas trop rapidement, cette collaboration pouvait s’avérer intéressante.
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Sujet: Re: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow. Mer 22 Mai - 16:42
we come from the land of the ice and snow
e. sage blackheart & oberyn e. lindberg « your life is shaped by the end you live for. » ------------❖------------❖------------
Avec Oberyn Lindberg, elle avait cru - longuement espéré, même - qu’ils n’auraient rien en commun : parce qu’il était un sorcier insaisissable et pourri jusqu’à la moelle par le monde extérieur, là où elle, elle s’était longuement bercée de l’espoir d’être une gentille fille, douce et généreuse sorcière qui vouait sa vie à l’Ordre du Phénix en ayant pleinement conscience des sacrifices qu’elle se prêtait à faire, s’il le fallait. Son existence, sa vie professionnelle, sans doute même tout projet de vie amoureuse ou familiale, Sage avait sacrifié beaucoup de choses rien qu’en rejoignant l’armée de Dumbledore - puis tout avait basculé, l’ombre s’était étalée sur sa vie, happant peu à peu tous ceux qui avaient donné un tant soit peu de sens à sa vie faite de non-sens : son père, qui l’avait toujours soutenue, portée, guidée. Evander, qui avait tant fait battre son coeur qu’il n’aurait jamais été capable de se transformer en pierre. Naïve gamine annihilée par le malheur, à présent, les choses étaient tout autres pour elle : ce qu’il pouvait bien lui rester, elle ne comptait pas le donner à l’Ordre. Son indépendance, ses choix, son âme ou même la mémoire qu’elle conservait de tout ce qu’il lui avait été arraché. Depuis des mois déjà, on lui lançait des regards emplis de réprimande, exigeant d’elle qu’elle passe outre, qu’elle enterre ses envies de revanche comme elle avait enterré son père. Qu’elle efface son amour pour Evander tout autant que lui, il l’avait supprimée de sa mémoire. Et pour quoi ? Pour perdre la guerre, mourir pour la prospérité parce qu’une bande de bras cassés en avaient décidé ainsi, un jour en prenant le pouvoir au sein de l’Ordre du Phénix, usant et abusant de la mort de leur leader ? Sage ne voulait pas mourir pour ça, Sage ne voulait pas faire partie des noms des sacrifiés pour la bonne cause, pas tant qu’elle n’aurait pas obtenu ce qui lui revenait de droit : la tête de celui qui avait détruit sa vie, pourri chaque nouvelle journée se levant à l’horizon ; l’avait poussée dans ce gouffre de solitude auquel elle n’appartenait pas. Définitivement, Sage n’avait jamais été faite pour être seule, elle avait toujours aimée être entourée, être reconnue, orgueilleuse et fière, elle avait aimé attirer l’attention, quand bien même c’était pour se voiler de l’illusion d’être quelqu’un de bien - finalement, elle n’était pas si différente d’Evander, elle avait besoin de monde autour d’elle pour vivre tranquillement, pour se sentir pleinement être. Chose qu’elle n’avait plus, alors que la grande maison où elle avait grandi, s’apparentait à présent à une trop grande prison, où elle pouvait goûter à l’amertume d’être seule, là-bas, plus que jamais. Bizarrement, en d’autres circonstances, avec d’autres regards posés sur elle, d’autres personnes se chargeant de prendre soin d’elle, peut-être que la sorcière qu’elle était aurait géré son deuil bien différemment : elle aurait très bien pu choisir de se jeter plus ardemment encore dans la bataille, choisir que détruire le Mage Noir et ses Mangemorts en donnant une chance à Harry Potter de faire une différence, était un bon moyen d’obtenir sa vengeance. Mais son chemin avait suivi un tout autre tracé, le temps avait poli sa générosité d’âme, avait insufflé le chagrin à son coeur ; estafilades d’existence que seule une arrogance d’apparat pouvait cacher. Et puis ça lui avait sans doute sauté aux yeux comme une évidence, ce soir là où elle avait fait cette mission avec Lindberg : là où des gens comme elle perdaient des choses, se sacrifiaient sans cesse pour la bonne cause, il y avait des êtres tels que lui, semblables à des sangsues s’accrochant au cou de leur victime pour leur pomper le sang. Oberyn n’avait jamais rejoint l’Ordre parce que c’était la bonne chose à faire, parce que c’était le sens de la justice ou du bien - mais juste parce que ça le servait au mieux, parce qu’il pouvait alors user de ses avantages sans trop avoir à souffrir de ses inconvénients. Tout autant que dans les rangs des Mangemorts, il y avait des pourris au sein de l’Ordre du Phénix, des êtres détestables qui, pourtant, avaient réussi à se frayer un chemin au sommet. L’injustice avait de quoi être révoltante, mais lutter contre ces spectres de puissance ne rimait à rien : Sage préférait inverser la tendance, quitte à glisser d’une façon malhabile sur la corde sensible de la patience - la bonne volonté - de son interlocuteur.
Une part d’elle savait qu’elle manquait à la mémoire de son père, que même s’il savait qu’elle avait découvert la vérité sur l’Ordre, il aurait idéalement préféré qu’elle se concentre sur ce qu’il y avait de positif et de bon là-dedans : ça restait l’héritage de Dumbledore, une de ses plus grandes fiertés, celle qui avait formé bien des sorciers, permis à des cracmols, des sorciers moins puissants que d’autre de se trouver une place dans ce monde, de défendre leur liberté dans cette guerre. Mais c’était plus compliqué, et définitivement, peut-être bien que la jeune femme n’était pas la digne héritière de son père. Mais plus le temps passait, plus elle pensait que c’était cet idéalisme à toute épreuve qui avait fini par coûter la vie à son père - peut-être bien que c’était l’Ordre lui-même et non pas un Mangemort qui avait pris la vie de son père. Comment pourrait-elle le savoir ? Paradoxalement, la liste d’ennemis d’un Auror tel que Blackheart était longue comme le bras, interminable et inépuisable ; Sage ne trouverait sans doute jamais le meurtrier de son père avant de perdre la vie dans cette guerre, mais au moins, elle aurait le sentiment d’avoir tout fait pour lui rendre justice. Ces desseins là, elle n’avait aucunement envie de les transmettre à haute voix, les avouer à Oberyn : il n’avait rien d’un sentimental et ils étaient plus là, face à face, pour parler stratégie plutôt que bons sentiments. Il en était dénué de toute manière et ceux de Sage, étaient quelque peu limités ces derniers temps, oscillant sans cesse entre bons sentiments et dangereuses volontés. Mais les dires d’Oberyn ne faisaient que confirmer ses soupçons : au moins avait-elle un tant soit peu de reconnaissance pour les tristes déductions qu’elle avait faites elle-même. Leur mission commune lui avait donc été très instructive, infiniment instructive d’ailleurs, puisqu’elle avait au moins eu la prétention d’avoir assez compris la manière de fonctionner du sorcier, pour ne pas se faire avoir une deuxième fois, s’ils venaient à nouveau à devoir cohabiter lors d’une mission. Ou d’autre chose, comme elle en avait le désir : car après tout, pour se lancer dans les projets qu’elle avait, mieux valait pour elle qu’elle ait l’appui - et la protection, qu’elle soit purement administrative ne changeait rien, d’un grand couronné de l’Ordre du Phénix, ça lui servirait bien plus que n’importe qui, n’importe quel idéaliste qui se retournerait bien vite contre elle s’il prenait un tant soit peu conscience de tout ce qu’elle avait déjà calculer dans son esprit. Car il était fini le temps où elle obéissait aveuglément à ce qu’on lui disait de faire, elle tuerait tous les imbéciles qui se mettraient sur son chemin, quitte à faire un pacte avec le diable, vendre son âme à l’enfer et surtout, elle aurait la peau de celui qui avait été assez imbécile pour penser qu’il pouvait frapper de plein fouet les Blackheart sans en payer les conséquences. « Tu n’y crois pas plus que moi, sois honnête. Tu sais bien pourquoi ils ferment les yeux sur mes actes : un Mangemort en prison sera libéré dans la semaine, et reviendra filer des sueurs froides à tous nos chers compatriotes. Un Mangemort six pieds sous terre n’embête plus personne. C’est ce que l’Ordre a tant de mal à comprendre, et malheureusement ce qui l’enverra à sa perte. La chair à canon devrait commencer par réfléchir là-dessus avant de comploter ses petites histoires avec Sage Blackheart. » D’un regard dédaigneux, emprunt d’un certain mépris, s’attardant longuement sur Oberyn, Sage finit par hausser les épaules. Si seulement ils en étaient là, à devoir se dresser Mangemorts contre Ordre - la réalité était bien plus compliquée, la réalité était bien moins plaisante : au sein de l’Ordre, des gens perdaient la vie parce qu’ils avaient des principes, des principes que des êtres comme Oberyn ne faisaient que semblant d’adopter : tuer était si facile, serait si facile pour n’importe qui. Beaucoup de gens dans l’Ordre du Phénix pensaient cependant que c’était ça, cette capacité à sauver une vie qui les différenciait des simples Mangemorts sans âme et sans coeur. « Le problème c’est qu’ils ferment les yeux sur tes actes, mais me condamneraient pour les miens. Mais je ne veux pas être exclue de l’Ordre, tout comme toi, je pourrais avoir besoin de ses ressources. Et de ce qu’il pourrait m’offrir à la fin de cette guerre - je le mérite, après tout, n’est-ce pas ? » Elle arqua simplement un sourcil, comme pour appuyer ses paroles avec le même mépris qu’il avait eu à son égard : un jour, peut-être bien qu’elle comploterait contre l’Ordre du Phénix lui-même, c’était quelque chose dont il avait besoin, dont il aurait irrémédiablement besoin pour se remettre en question et défaire ses rangs de tous les êtres pourris qui le hantaient.
Tuer des Mangemorts ne lui ferait sans doute pas peur, ni n’hanterait sa conscience - dans cette guerre, c’était elle ou eux, et elle préférait survivre afin de rendre pleinement justice à sa famille, ou ce qu’il en était resté jusqu’à il y a peu : et contrairement à ce qu’elle avait pu croire, dans son naïf idéalisme, l’Ordre n’était pas prêt de lever le moindre petit doigt pour l’aider dans ce sens, alors elle se débrouillerait et étrangement, c’était Oberyn qu’elle avait choisi pour chercher de l’aide. Ou une alliance quelconque, car grand jamais elle ne reconnaitrait avoir un jour supplié, ou demandé tout simplement à cet être d’être assez généreux (ou intéressé) pour l’aider. « Tu ne peux pas garder les mains propres si tu veux obtenir ce que tu recherches avec tant d’opiniâtreté. Tu es en train de te salir en venant ici, tu ne fais déjà plus partie des pions que tu défendais jusque là, tu n’y crois même plus. Tu as beau me faire de belles leçons sur la façon dont nous devrions agir, tu seras la première à te conduire comme moi quand tu en auras l’occasion. Mais soit, disons que tu seras un peu plus douée que moi à copiner avec la chair à canon. Si ça peut nous donner de jolis pantins pour distraire l’arrière plan pendant qu’on s’occupe de ceux qui importent, tes méthodes me conviennent. Elles ne sont pas si différentes des miennes, tu atteins juste un niveau d’hypocrisie encore supérieur au mien. Je ne peux que t’admirer. Est-ce si difficile, de trahir ceux qu’on aidait jusque là ? » Elle leva les yeux au ciel - à croire qu’il se sentait obligé de faire une petite leçon de vie pour accepter de l’aider - mais au moins, le débat semblait tourner dans le bon sens pour elle. Se salir les mains, ce n’était pas vraiment ce qu’elle ferait en faisant couler du sang de Mangemorts - il faisait tout à fait la même chose, et donc il était irrémédiablement le mieux placé pour lui apprendre à vivre avec ça. Et un jour potentiellement se la couler douce sur une île au soleil également ? Car elle ne comptait pas passer sa vie à traîner dans la boue, à lutter, là où lui aurait tout si facilement : le confort matériel était bien la dernière chose qu’il pouvait lui rester en ce monde, et elle l’arracherait des griffes de ses ennemis ou ses alliés, s’il le fallait. Pour sa propre prospérité. « Je ne trahirai personne. Au final, tu l’as dit, je ne ferai que faire ce que d’autres n’osent pas faire : et si l’on ne me le reproche jamais, qu’ai-je d’autre à demander ? » Elle haussa les épaules, avalant une gorgée à son verre. « Tu sembles plutôt bien le vivre, de trahir ton propre camp - ou ce qui semble être ton propre camp - pourquoi donc penses-tu que je ne pourrais pas bien le vivre ? » Et une fois ce petit accord conclu, il lui suffirait de donner l’illusion de rentrer dans les rangs, s’assagir légèrement pour retrouver la confiance et de la plupart des membres de l’ordre ; elle savait en tout cas qu’elle ne pouvait pas obtenir ce qu’elle cherchait, en faisant cavalier seul. Elle, ce qu’elle voulait, ne consistait pas à tuer des Mangemorts au hasard en laissant de grossières traces, peut-être était-ce parce qu’elle était une femme, ou plus fine que ne l’était pas Oberyn, elle voulait viser une seule personne en particulier, la traquer, la débusquer et la réduire à néant. Sans que personne ne lui mette de bâtons dans les roues, si possible, encore plus si c’était pour prôner de fausses bonnes volontés. « Je ne vais apporter justice à personne. Je peux t’aider à te faire justice toi-même, nuance. Que je ne sois pas le seul à devoir me laver soigneusement les mains après une journée de travail. » Sage laissa un léger sourire passer sur ses lèvres ; peut-être n’avait-elle pas précisé le fond de ses pensées déjà, mais forcément qu’elle n’avait pas l’intention de laisser un autre accomplir sa tâche à sa place : c’était sa vengeance, sa raison de vivre ; elle ne comptait pas rester les bras croisés sans rien faire. « Pour le reste, je verrais ce que je peux faire. » Mais visiblement, il était assez intéressé par ses conditions, on ne peut plus honorables. Elle lui offrait tout ce dont il pourrait avoir besoin, en plus d’une main tendue qui resterait bouche close et yeux fermés devant ses écarts de conduite, en échange d’un tant soit peu de bonne volonté, d’un couvert vis à vis des autres membres de l’Ordre. « Je n’ai pas l’intention de laisser n’importe qui rendre justice à mon père. Je le ferai moi-même, et je me laverai soigneusement les mains. Tout ce que je veux, c’est pouvoir le faire tranquillement, sans que qui que ce soit ne croit bon de me faire des remarques encore, ou tente de me faire entendre raison sur le fait que la vengeance soit une mauvaise chose. » Elle en avait assez soupé, de tout ça ; Sage avait fini par se lever, faisant à nouveau les cent pas dans la pièce - à vrai dire, plus vite ils écouteraient cet entretien, moins ils risquaient d’attirer l’attention de qui que ce soit, ce qui ne serait pas une mauvaise chose. « Toutes ces calomnies qui salissent mon nom … Dois-je vraiment m’estimer heureux que tu sois venue me demander un service, au lieu de venir me mettre le couteau sous la gorge ? La différence est subtile, mais par Merlin, je suis soulagé qu’elle existe … » Elle sourit légèrement, à croire qu’il avait un tant soit peu de finesse d’esprit finalement, il n’en laissait que très peu paraître en temps normal. « Tu n’as donc rien appris ? Ton père était plus discret que toi, et pourtant c’est ce qui l’a perdu : lui aussi savait un peu trop de choses … Même s’il se pavanait un peu moins, il était devenu gênant. Et visiblement, ça n’a pas été sorcier de l’éliminer, si tu veux bien m’excuser l’expression. Un petit conseil : je comprends que tu étales ta science devant moi parce que tu veux m’impressionner, mais à l’avenir, évite de dire à qui veut l’entendre que tu as accès aux dossiers de ton paternel. Ca pourrait mal se finir, et nous ne souhaitons pas qu’il t’arrive malheur, n’est-ce pas ? » Le regard de Sage s’était assombri à l’énonciation de son père, et elle dut se faire bataille pour ne pas sortir de baguette, ou ne pas tout simplement lui broyer la gorge avec ses doigts, histoire qu’il ne parle plus. Bras croisés, elle le toisa un instant, sur la retraite ; elle n’avait pas l’intention de réfléchir parce qu’il la mettait un tant soit peu en garde ; elle se méfiait assez de l’ordre pour décider de le contourner, contrairement à son père qui lui, n’avait que trop souvent mis sa foi et son âme dans cette organisation. « Les dossiers de mon père sont soigneusement protégés. Qu’il m’arrive quoique ce soit et ils demeureront des secrets intouchables. L’Ordre pense en avoir relevé la majorité le soir où ils sont venus dépouiller ma maison de toutes ses affaires. » Remarqua-t-elle finalement, un regard impassible et impérieux posé sur Oberyn. « Je sais parfaitement ce que je risque. Et quelque part mon père le savait également, sans quoi, ses affaires ne seraient pas protégées et des Mangemorts, et de l’Ordre. Je pourrai me défendre, je sais très bien que la personne qui est remontée jusqu’à lui peut tôt ou tard, remonter jusqu’à moi également. Mais je vois que tu t’en fais déjà pour moi. Mais peut-être que je crois que tu es assez une personne de confiance, pour t’étaler toute ma science. » Un léger sourire ironique la trahit. « Dois-je conclure de ton inquiétude, que nous avons un accord ? » Autant aller droit au but à présent, elle n’avait pas l’intention de passer sa soirée à parlementer - ou étaler sa science, il avait eu un simple avant-goût, à lui de voir si la suite l’intéressait ou non. Restait cependant que bien des doutes étaient nés dans l’esprit de Sage aux phrases d’Oberyn, des doutes qu’elle n’émettrait pas à haute voix : si son père était devenu si gênant que ça, était-ce un Mangemort, ou bien l’Ordre qui s’était débarrassé de lui ? Peut-être qu’une certaine paranoïa commençait à poindre dans son esprit, mais face à des êtres tels qu’Oberyn, elle pouvait bien croire que des gens dans l’Ordre étaient bien capables d’agir ainsi.
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Sujet: Re: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow. Lun 10 Juin - 18:16
Oberyn ne connaissait pas la famille Blackheart, pas en détails. Le père était un Auror de renom, il l’avait bien entendu croisé en son temps, mais ne lui avait sans doute jamais adressé la parole. La fille avait eu encore moins d’intérêt pour lui que le père, et il n’avait jamais connu son existence avant qu’on lui la colle entre les pattes pendant une mission. C’était ce soir là qu’il avait découvert qui elle était, avec la petite histoire qui la suivait un peu partout. Les supérieurs d’Oberyn avaient tenu à lui expliquer qui elle était, d’où elle venait, ce qui lui était arrivé. Ce qu’ils attendaient de lui, en lui racontant tout ça, était parfaitement clair, et il avait hoché la tête avec la bonne volonté qui le caractérisait, pour mieux reléguer tout ça au fond de son esprit quand il était parti sur le terrain avec ce petit fardeau ambulant qui le suivait à la trace. Il n’avait pas l’intention de s’occuper d’elle, ni de s’inquiéter pour sa santé durant cette mission. Si elle n’en était pas ressortie, il aurait présenté un visage désolé aussi criant de vérité que quand il avait assuré qu’il prendrait soin d’elle, on lui aurait reproché quelques jours cette erreur de parcours, mais la mort frappait tout le monde durant la guerre, et qui était de taille à se mettre entre un Mangemort et sa proie ? Sûrement pas Oberyn, quand il n’avait pas décidé de le faire. Et pour Sage Blackheart, peu importe la fortune de sa famille ou la renommée de son nom, il n’avait pas l’intention de se mettre en danger … Ni de dévier de son objectif. Dans un autre contexte, il aurait peut-être été moins négligent, se serait un peu plus assuré qu’elle n’était pas livrée en pâture à des adversaires deux fois plus âgés qu’elle. Mais il avait autre chose à faire, et il se fichait bien de cette gamine et de son poignant passé. Et il n’était pas du genre à se transformer en chevalier servant parce qu’on lui présentait une victime des Mangemorts … A la rigueur, elle pouvait s’estimer heureuse, il tuait les Mangemorts au lieu de se ranger à leurs côtés. Ce n’était pas si mal, finalement. Mais la petite Blackheart s’en était très bien sortie toute seule, avec comme seule conséquence de cette confrontation un regard encore plus noir qu’elle lui lançait maintenant à chaque fois qu’ils se croisaient. Pourtant, le regard noir avait évolué, en même temps qu’elle semblait avoir changé au fond d’elle-même. Elle ne le portait pas dans son cœur, il n’espérait pas qu’elle le fasse un jour, mais elle avait décidé de mettre cette animosité au service de ses objectifs … Elle n’était plus aussi idéaliste que quand ils avaient réalisé cette mission ensemble. Elle avait compris que la haine seule ne l’avancerait à rien. Que ce soit contre lui, ou contre ceux qui avaient tué son père, rien ne servait de fusiller les gens du regard si elle n’agissait pas. Et ce soir, elle agissait enfin … Oberyn n’avait plus qu’à se servir de cette opportunité qui lui était servie sur un plateau d’argent. Il serait largement temps de l’éliminer plus tard, quand tout ce qu’elle avait à lui offrir aurait été utilisé à ses propres fins … Il ne se faisait pas vraiment d’illusions : si elle était venue avec un drapeau blanc ce soir, elle n’hésiterait pas à l’étrangler avec dès qu’il se serait assoupi. Elle n’était plus un agneau, la gentille petite fille que monsieur Blackheart avait du élever, dans le respect des valeurs et des traditions. Elle était devenue aigrie, revancharde. Elle ne se souciait plus d’être perçue comme une traîtresse tant qu’elle obtenait ce qu’elle souhaitait …
Elle avait beau le haïr, elle lui ressemblait beaucoup plus maintenant, qu’à son père quelques mois plus tôt. Ses leçons qu’elle lui faisait, elle n’y adhérait plus elle-même. Elle n’était peut-être pas prête à s’en rendre compte, ou peut-être ne souhaitait-elle simplement pas avouer devant lui qu’elle en était bien consciente. Mais il aimait entendre de sa bouche toutes ces petites contradictions, qui venaient enterrer à chaque fois un peu plus profondément la Sage qu’elle avait été auparavant. « Le problème c’est qu’ils ferment les yeux sur tes actes, mais me condamneraient pour les miens. Mais je ne veux pas être exclue de l’Ordre, tout comme toi, je pourrais avoir besoin de ses ressources. Et de ce qu’il pourrait m’offrir à la fin de cette guerre - je le mérite, après tout, n’est-ce pas ? » Bien sûr qu’elle serait montrée du doigt si elle commençait à se conduire comme lui, le jugement n’était pas impartial, mais ce n’était plus uniquement l’Ordre qu’il fallait blâmer pour ça, c’était la société entière et la façon de penser des sorciers en général. La jeune héritière d’un Auror réputé ne devait pas salir sa réputation et son âme comme le ferait un homme plus âgé qui n’avait ni famille ni historique prestigieux. Si elle agissait à visage découvert, elle serait très vite désignée comme paria, la honte de leur petite organisation, et même elle ne souhaitait pas ça … Quant à savoir ce qu’elle récolterait à la fin de la guerre, c’était une idée intéressante, qui tira un sourire narquois à Oberyn. « J’espère qu’ils se rendront compte que tu le mérites, ce serait vraiment dommage que tu n’obtiennes pas la jolie médaille que tu convoites. » L’Ordre ne leur offrirait rien à la fin de la guerre, s’ils arrivaient jusque là vivants – et si la fin de la guerre signifiait la victoire de leur camp. Oberyn ne voulait pas être jugé pour crime de guerre, quelle que soit l’issue des combats, et il n’attendrait pas sagement l’amnistie en espérant être lavé de ses actes. Cela n’arrivait jamais, et la récompense qu’ils obtiendraient tous serait bien en-dessous de leurs espérances. Même si par hasard on leur tapotait sur l’épaule autour d’un buffet, c’était toute la reconnaissance qu’ils pouvaient espérer recevoir. Mais ce n’était pas la reconnaissance qu’Oberyn cherchait. Pour lui comme pour Sage, la meilleure chance était de se faire assez discrets pour continuer à vivre tranquillement après la guerre, ce serait leur plus belle récompense. Oberyn savait comment il s’y prendrait, et Sage avait choisi sa méthode : ne pas se faire repérer dès maintenant. Lui-même ne comptait pas là-dessus, mais elle avait le droit d’y croire … En espérant que cela fonctionne effectivement. « Je ne trahirai personne. Au final, tu l’as dit, je ne ferai que faire ce que d’autres n’osent pas faire : et si l’on ne me le reproche jamais, qu’ai-je d’autre à demander ? » Le sourire d’Oberyn s’élargit encore. Ce n’était pas l’avis des autres qui comptait, c’était le poids de sa petite conscience personnelle, elle s’en rendrait très vite compte une fois qu’elle aurait commencé à s’impliquer réellement dans sa vengeance. Ce n’était pas une trahison non, pas dans le sens le plus strict du terme. Mais cela restait néanmoins une sacré infidélité à ses idéaux … A ceux de son père notamment. « Tu sembles plutôt bien le vivre, de trahir ton propre camp - ou ce qui semble être ton propre camp - pourquoi donc penses-tu que je ne pourrais pas bien le vivre ? » Il croisa les mains devant lui, renonçant à lui expliquer que ce qu’il faisait n’était en rien une trahison. Personne n’attendait de lui qu’il se conduise de façon exemplaire, contrairement à elle. Il n’avait pas d’amis dans l’Ordre, personne qui puisse se sentir trahi. Il ne faisait que dévier un chemin qu’il n’avait jamais accepté. Mais au fond, il ne trahissait personne. La trahison serait tellement facile pour lui … Mais il avait choisi un autre camp, et il s’y tiendrait. Il avait beaucoup de défauts, mais il ne retournait pas sa veste si facilement qu’elle semblait le croire. Néanmoins, si elle voulait des raisons, il allait lui en donner. « Parce que ma conscience est tout à fait en accord avec mes actes, et ce depuis très longtemps ? Parce que je n’ai pas l’image de mon père exemplaire qui flotte en permanence au-dessus de ma tête, me rappelant ce que j’aurais pu devenir ? » Il se pencha un peu en avant, ses yeux fixés sur elle. « Parce que toi et moi, nous sommes très différents, à moins que tu aies changé encore plus que ce que tu penses. » Si elle réussissait à vivre avec sa conscience, tout en sachant qu’elle trahissait la voie de son père, alors elle serait définitivement passée du même côté que lui … Et il avait hâte de voir ça.
Finalement, il avait accepté cette alliance dans ses grandes lignes. « Je n’ai pas l’intention de laisser n’importe qui rendre justice à mon père. Je le ferai moi-même, et je me laverai soigneusement les mains. Tout ce que je veux, c’est pouvoir le faire tranquillement, sans que qui que ce soit ne croit bon de me faire des remarques encore, ou tente de me faire entendre raison sur le fait que la vengeance soit une mauvaise chose. » Il eut un petit rire. « Pour ça tu peux être tranquille. » L’assura-t-il. Il serait bien le dernier à prêcher pour la justice, ou pour l’empêcher de chercher sa vengeance. Pour les remarques, il avait moins d’assurance à lui donner : il ne pouvait pas promettre de cesser d’être un connard arrogant dès qu’ils seraient dans la même pièce, mais elle savait, en ayant frappé à sa porte, qu’elle devrait faire avec cette part de sa personnalité. Ce qui importait, maintenant que les conditions étaient posées, était que chacun respecte sa part du marché. Ce qu’elle demandait, il pouvait l’obtenir. Et ce qu’il désirerait ensuite, elle avait intérêt à le lui donner … Mais il serait facile de s’en assurer, et ça ne l’inquiétait pas outre mesure. Dans cette histoire, elle se mouillait plus que lui, elle avait une réputation en jeu tandis qu’il ne comptait sur rien d’autre que son silence. Si elle décidait de parler, elle pouvait lui apporter des ennuis … Mais elle s’en mordrait vite les doigts, et elle n’était pas assez stupide pour l’ignorer. Elle pouvait parader fièrement devant lui, mais elle était jeune, inexpérimentée, pleine de lacunes. Elle ne lui poserait pas de problème majeur, mais elle pouvait s’en attirer elle-même sans même s’en rendre compte. Autant qu’elle en soit consciente … Son regard s’assombrit quand il évoqua une nouvelle fois son père, une réaction qu’elle ne savait pas encore cacher correctement. « Les dossiers de mon père sont soigneusement protégés. Qu’il m’arrive quoique ce soit et ils demeureront des secrets intouchables. L’Ordre pense en avoir relevé la majorité le soir où ils sont venus dépouiller ma maison de toutes ses affaires. » Il s’en serait douté sans cette information, vu ce qu’elle avait appris sur lui que l’Ordre ignorait depuis des années. Que les dossiers de son père soient en sécurité, c’était une évidence. Mais les secrets qu’elle avait dans sa tête étaient à la portée de beaucoup plus de monde. A sa place, il se soucierait beaucoup moins des papiers que de ce qu’elle avait appris de son père et de ses notes. Elle était devenue une cible, ceux qui avaient tué son père devaient bien se douter que sa fille n’allait pas brûler ses dossiers sans y jeter un coup d’œil. « Je sais parfaitement ce que je risque. Et quelque part mon père le savait également, sans quoi, ses affaires ne seraient pas protégées et des Mangemorts, et de l’Ordre. Je pourrai me défendre, je sais très bien que la personne qui est remontée jusqu’à lui peut tôt ou tard, remonter jusqu’à moi également. Mais je vois que tu t’en fais déjà pour moi. Mais peut-être que je crois que tu es assez une personne de confiance, pour t’étaler toute ma science. » Il la regarda pendant quelques instants sans répondre, avant de hocher la tête, moqueur. Pour que la confiance règne entre eux, c’est qu’Oberyn aurait fini par vaincre Voldemort en combat singulier. « J’en suis ravi. Cette collaboration ne fonctionnera pas si nous n’avons pas confiance l’un dans l’autre. » Lui répondit-il avec un sourire chaleureux, tandis que son regard restait froid comme de la glace. « Qui aurait cru que ton père se méfiait même de l’Ordre ? » Lança-t-il soudain d’un ton plus léger, avant de se lever pour remplir à nouveau son verre, comme si cette question importait finalement très peu. Monsieur Blackheart, grand Auror et fidèle membre de l’Ordre reconnu, ne faisait même pas confiance à son propre camp. Il avait bien raison, du point de vue d’Oberyn, mais cela en disait long sur ses doutes … Et pouvait semer un sacré trouble dans l’esprit de Sage. Il y avait fort à parier qu’elle ignorait qui était précisément le meurtrier de son père, et ce genre d’incertitude allait faire reculer un peu plus ses déductions. Il était encore loin, le moment où elle pourrait réellement assouvir sa soif de vengeance … Et ce n’était pas plus mal pour Oberyn. « Dois-je conclure de ton inquiétude, que nous avons un accord ? » Le sorcier reposa son verre à nouveau plein sur le guéridon, ne voyant pas l’utilité de se rassoir à présent que leur entretien touchait à leur fin. « Je serais ennuyé que tu sois tuée maintenant que nous nous entendons si bien. Nous avons un accord, et je veillerais à ma part du marché au plus tôt. » Il lui tendit la main, dans cette vieille manie qu’avaient les sorciers de conclure leurs marchés par ce contact physique désuet. Cela renforçait sans doute leur idée d’honneur, mais rien ne valait un serment inviolable pour s’assurer que les accords soient respectés à la lettre … Mais pour ce soir, ils se contenteraient d’un accord oral, et d’une poignée de main sans magie associée. Seul l’honneur garantirait que le marché soit respecté, et aucun des deux ne semblait en être largement doté … Ce qui était tout à fait correct pour Oberyn. « Satisfaite, mademoiselle Blackheart ? »
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Sujet: Re: (esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow.
(esb.oel) ❝ from the midnight sun where the hot springs blow.
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