« Avada Kedevra ! » Le corps de la jeune femme s’effondre inerte, les yeux presque exorbités, emplie d’une extrême frayeur. Pas un cri n’était sorti de sa gorge, à vrai dire je ne lui en avais même pas laissé le temps. La vision de son corps gisant à même le sol me laissait de marbre bien qu’elle était la première personne, moldu de surcroît, à qui j’ôtais la vie. Cet instant était même grisant à mon sens, posséder ce pouvoir de vie ou de mort sur le genre humain était gratifiant, excitant. Un sourire plein de complaisance se dessinait sur mon visage alors que je me délectais de la scène encore et encore. Cependant des pleures venaient ainsi me sortir de ma satisfaction, et je me détournais aussitôt du corps de ma victime pour faire face au lit à barreaux se trouvant au fond de la chambre. Prenant aussitôt le nouveau-né dans mes bras, je le cajolais lui susurrais des mots rassurants tout en la berçant tout contre mon cœur. J’observais les traits fins de ce poupon à la peau couleur chocolat, un héritage venant tout droit de la famille de son père. Mes yeux se remplissaient de larmes sous l’émotion, mon cœur grossissait d’un amour inconditionnel pour cet enfant qui à présent était miens. Cette petite garce de moldu m’avait volé mon mari le temps d’une nuit, bien que j’aie en partie pardonné à celui-ci son adultère, je ne pouvais en aucun cas accepter qu’un être inférieur ait pu s’approprier ce qui m’appartenait. William n’approuvera certainement pas mon geste, il m’accusera de n’avoir pas respecté notre accord à savoir récupérer le bébé sans faire de mal à la génitrice. Mais ma colère était telle que je n’avais pu la contrôler. Elle, qui non seulement m’avait dérobé celui qui détenait mon cœur mais de plus, elle avait ce miraculeux don de donner la vie chose à laquelle malheureusement je ne pouvais aspirer. Un rêve brisé depuis toujours, l’incapacité de donner la vie et d’offrir à notre union une descendance. Privée d’un doux rêve, privée de l’espoir d’avoir un jour ma propre famille. Non, je ne pouvais pas lui laisser cette chance, elle qui avait failli tout détruire. Il m’était impossible de lui accorder ce merveilleux privilège d’être mère. Cet enfant, bien que je ne l’ait pas conçu, sera le mien. Je serais son unique mère. Cette femme, morte à présent, ne fera jamais partie de sa vie. Ma petite Elvis, à moi et rien qu'à moi.

Aujourd’hui, c’est jour de fête. Tout du moins en ce qui me concerne, mais l’avis général de mes parents m’indiffère au plus haut point. A présent je suis majeure, ma scolarité à Poudlard s’est achevée il y a quelques jours de cela, certes pas aussi bien que ma famille l’aurait souhaité puisque je n’ai obtenu que six aspics seulement. Ils ont toujours espéré que mon tempérament de je-m’en-foutiste s’atténuerait avec le temps mais je n’ai jamais aspiré à devenir une élève modèle, ni à obtenir des résultats exceptionnels. Les cours ont toujours été d’un grand ennui à mes yeux, surtout quand il s’agit de théorie. La vie est bien trop courte pour que j’y accorde une trop grande importance, la vie a tellement plus à offrir. Rester le nez dans des bouquins à gratiner quelques parchemins n’a rien de jouissif, n’apporte aucune adrénaline, ni de folies en tout genre. Aujourd’hui, la liberté s’offre à moi. Mes valises sont bouclées et sont prêtes à goûter aux plaisirs de la vie quels qu’ils soient. Bien évidemment, je n’ai pas attendu tout ce temps pour me délecter de quelques-uns de ces plaisirs. Dans l’enceinte du château on me voyait comme la rebelle par excellence, autant admirée que détestée, mais également comme la petite junkie de service qui se complaisait dans les méfaits de l’alcool et des drogues en tout genre. J’avais soif d’adrénaline, d’aventures et ces substances m’apportaient ce petit quelque chose qui me faisait vibrer au moins le temps de leurs effets. A vrai dire, je suis et resterait cette jeune femme qui s’oppose sans cesse à l’autorité d’où qu’elle vienne. Qui contrarie sans cesse l’avenir auquel on la prédestine. Non, jamais je ne serais le pantin de qui que ce soit. J’agis comme je l’entends, vie mes propres expériences qu’elles soient bénéfiques ou non. J’apprends – ou non – de mes erreurs par mes propres moyens et je ne laisserais jamais personne dicter ma conduite. A vrai dire je suis le genre de personne à faire tout le contraire de ce que l’on attend. La contradiction à l’état pur. Et encore aujourd’hui je ne vais pas déroger à ma règle d’or.
Le cœur léger, je dévale le grand escalier de marbre menant au rez-de-chaussée du manoir familial. Ma valise en main, un sourire éclatant flanqué sur mon visage je cherche avidement mes parents. Je suis à la limite de l’hystérie tant ma nouvelle liberté acquise me rend heureuse, euphorique. « P’pa ! M’man ! Je me casse ! » Ma mère n’a jamais apprécié cette familiarité qui sort sans cesse de ma bouche, et s’évertue toujours à me reprendre espérant que je devienne la petite fille modèle dont elle a toujours rêvé. Je connais leur avis à propos de mon départ, ils ont bien su me cracher leurs pensées au visage mais s’il y a bien une chose que nous avons en commun, c’est que quand on a une idée en tête on ne l’a pas ailleurs. La ténacité des Eliott est presque légendaire.
Mon père s’approche, le visage dur ne laissant apparaître aucune émotion. « Ta mère ne viendra pas. Bon sang Elvis, tu as vu dans quel état tu la mets ! Tu es d’un égoïsme, après tout ce qu’on a fait pour toi. Je sais que tu rêves d’aventures, de faire ce qui te chante mais la vie ce n’est pas ça. On fait tous des sacrifices. Alors arrête d’agir comme une gamine capricieuse, nous ne t’avons pas élevée comme ça ! » Sa voix monte crescendo au fur et à mesure qu’il parle, il finit presque par hurler. Et plus il parle, et plus je sens ma joie s’évaporer pour laisser place à la colère. « Je sais ce que tu veux ! Tu espères faire de moi ton petit toutou pour m’enchaîner et me sortir quand bon te plaira ! Tu crois sincèrement qu’un boulot au ministère me conviendrait ? Tu sais bien que non ! Tu as envie de me voir sombrer petit à petit dans la dépression en m’enfermant dans un bureau ou quoi ?! C’est qui l’égoïste là ? Et pas la peine de me servir tes leçons de moral à deux balles, et pas la peine de blablater encore sur le sujet ni même sur le Seigneur des ténèbres. Il n’est pas question que je serve un homme qui se planque comme un lâche dans l’ombre de ses disciples ! » Je sais que je suis allée trop loin dans mes paroles, que mes mots vont le faire sortir de ses gonds. En tout cas, je sais d’où me vient mon impulsivité et mon tempérament de feu. Et avant même qu’il n’ait l’occasion de déferler sur moi tel un ouragan, j’attrape ma baguette ainsi que mon bagage et lui lance un dernier regard avant de transplaner.

Quatre années se sont écoulées depuis mon départ du domicile familial. La rancœur est toujours présente entre mes parents et moi, ils m’en veulent tout autant que moi à leur encontre. Cependant depuis quelques mois ils font des efforts considérables pour tenter de m’accepter tel que je suis, pour se faire pardonner en quelque sorte. Naïve comme je suis, je n’ai pas pensé un seul instant que ce changement soudain était calculé d’avance, et qu’ils cherchaient en réalité à m’amadouer pour mieux me poignarder ensuite. J’avais fini par leur accorder le bénéfice du doute, après tout au fond j’ai toujours espéré que nous soyons une famille unie, se respectant les uns les autres. Enfin surtout respecter mon état d’esprit et ma liberté. Nos rapports se sont quelques peu améliorés, bien qu’ils n’adhèrent absolument pas à ma débauche et mes goûts devenus incontrôlables envers l’alcool et les drogues. Au fil des années j’ai fini par m’enferme dans cette spirale infernale, mon corps réclamant toujours plus, n’étant jamais satisfait. Tout cela m’a rendu aveugle. Si mon sang n’était pas autant empoisonné, mon jugement altéré j’aurais sans doute pressenti ce qui se passe à présent.
Une journée presque normale, un repas en famille presque agréable. J’étais presque sobre, en tout cas j’en ai fait l’effort pour une fois mais si je m’étais attendue à ce que mon père allait me dévoiler, j’aurais sans nul doute vidé une bouteille entière pour digérer la nouvelle.
« Elvis, ta mère et moi devons te parler d’une affaire importante. Jusqu’ici nous t’avons laissé vivre ta vie et nous pensons que tu en as suffisamment profité. Nous n’avions pas abordé ce sujet jusque-là, mais je pense que notre façon d’exister ne t’est pas inconnue. Tu es une femme maintenant, et nous devons respecter nos coutumes. Bien que nous savons que tu rejetteras en bloque notre décision, à vrai dire tu n’as pas le choix. Il est temps pour toi de te poser, et de devenir responsable. Il est temps que tu te maries, et que tu offres à notre famille la descendance qu’elle mérite. Et nous avons trouvé cet époux » Mon père parlait avec précaution, tachant d’utiliser de son mieux les bons mots, choses qu’il n’a jamais réussi à faire. Ses paroles résonnent dans ma tête en écho, cette discussion m’est tellement surprenante qu’il me faut un certain temps pour en comprendre tout son sens. Mes parents m’observent, s’attendant certainement à ce que ma rage se déverse d’un moment à l’autre. J’aurais certainement dû réagir ainsi, comme à mon habitude, mais le choc du coup de massue qu’on me flanquait sur la tête me fait perdre mes mots, mes moyens. Je n’arrive absolument pas y croire. Ils ont promis ma main à un homme et tout ce que je réussis à dire « Qui ? » Je suis abattue. Tellement que mes pensées deviennent incohérentes. Ils ne peuvent pas me faire ça, non c’est impossible. « Liam.. » m’annonce ma mère, avec une infime parcelle de crainte dans sa voix. Et en réalité elle a bien raison de craindre ma réaction. Lui. Tout sauf lui. Liam et moi nous connaissons depuis mon arrivée à Londres l’année de mes six ans. Nous étions voisins, et nous nous détestions. De trois ans mon aîné, il a pris un malin plaisir à faire de moi sa petite victime en me terrorisant alors que nous étions des gamins. Nos familles de sang pur s’entendaient parfaitement, mais nos rapports ne se sont pour autant jamais améliorés au fils des années. On se haïssait, cherchant toujours à humilier l’autre. Des ennemis en somme. Et voilà que mes parents veulent que j’épouse ce minable ! Ma léthargie s’évapore aussitôt, ma colère prenant enfin le dessus. « Vous vous foutez de moi ! Non seulement vous vous permettez de dicter ma vie mais en plus vous voulez que je fricote, que j’épouse ce bon à rien, ce crétin ! Dites-moi que c’est une blague bordel ! Allez au diable ! Jamais je deviendrais sa femme » Je suis furieuse, totalement hors de moi. Tellement que ma fureur fit tout exploser dans la salle à manger alors que je transplane, une nouvelle fois pour fuir.