A peine ai-je fini de passer le portrait de la grosse dame que déjà, on me fonce dessus. Je n’ai pas le temps de me rendre compte de ce qu’il m’arrive que déjà, une voix féminine souffle doucement mon nom. « Joshua ! » Je reconnais alors le visage de Susan, remarquant ses prunelles inondées de larmes. Je fronce aussitôt les sourcils, me demandant ce qui peut bien lui arriver. Peut-être est-ce l’une des plus traumatisés par ce qu’il s’est réellement passé au château, récemment ? Pas impossible. « Désolée. Désolée » glisse-t-elle en m’agrippant par les épaules, me donnant soudainement l’impression de passer pour ce genre de monstre sans nom que peuvent parfois être les mangemorts. Aussi je me surprends à me demander si cela est encore dû au fait que mon paternel ne soit personne d’autre que le professeur Panderman. Ce qui ne serait pas très étonnant au final. Je finis par secouer vigoureusement la tête. Ce n’est pas le moment de penser à cela, j’ai une fille en pleurs juste en face de moi. Pourtant, je ne peux me retenir de lancer des coups d’œil en tous sens, pour être sûr que personne ne nous voit. « Je… Je crois que je ne vais pas bien. » ajoute alors la rousse d’une petite voix, en profitant pour me lâcher les épaules avant de se remettre à fuir au loin. Je reste un instant perdu, me demandant ce qu’il est de mon devoir de faire, avant de finalement m’élancer à sa suite. Et alors que je cours derrière elle, laissant mes pieds claquer violemment contre le sol de pierre du château, d’innombrables tableaux défilent aux coins de mes yeux, alors que je remarque qu’elle se presse tout droit vers la tour d’astronomie. Gravissant les marches deux à deux, je m’empresse de la rejoindre. « Susan ! » je lance d’une voix forte en entrant dans la pièce, la découvrant non loin de l’une des fenêtres de pierres. Mon cœur se met alors à battre à tout rompre dans ma poitrine alors que je lui adresse un regard désolé. « Ne fais pas ça. » je lui demande d’une voix tout aussi forte alors que je me saisis de ma baguette, près à m’en servir de je-ne-sais quelle façon, afin de l’empêcher de faire l’irréparable.

Je poursuis Susan jusqu’à la tour d’Astronomie dans laquelle elle se rend. Je ne tarde d’ailleurs pas à sortir ma baguette de ma poche alors que je la vois approcher d’un des âtres béants qui tient lieu de fenêtres par ici, espérant pouvoir l’empêcher de faire une quelconque action inconsidérée, si jamais l’envie l’en prend. « Tu comptes m'attaquer ? » me demande-t-elle alors d’une voix forte. Elle n’aurait pas fait mieux si elle avait tenté de me mettre un coup de poing dans l’estomac. J’écarquille légèrement les yeux, ne m’étant pas attendu à ça. « Tu penses comme certains que je dois me sentir coupable, parce que j'ai fréquenté des Serpentards ? Tu as peur que je saute, perdue dans ma culpabilité ? » Je ne comprends rien à ce qu’elle raconte. Autant je pourrais lui en vouloir de fréquenter Chandler lui-même, mais les serpentards, cela ne me regarde pas. Tracey m’a bien montré qu’ils n’avaient pas tous un mauvais fond. Et puis même, le fait qu’elle fréquente Chandler ne me regarde pas. Je n’y peux rien si elle est tombée dans le panneau en s’amourachant – à ce que j’ai compris – d’un gamin jouant sans cesse les innocents. Je n’ai pas le temps de répliquer quoi que ce soit cependant, puisqu’elle enchaîne aussitôt. « Tu devrais te sentir coupable. » Elle se retourne alors vers le vide, peut-être pas encore consciente de la bombe qu’elle vient de lâcher. Me sentir coupable ? Parce que je suis un serpentard raté, c’est ça ? Je sers les points alors que je crispe la mâchoire, retenant que difficilement mon énervement. « Tu me reproches de pouvoir penser quelque chose quant au fait que tu côtoies des serpentards – ce qui, entre parenthèses, n’est pas le cas – et après, tu me dis de me sentir coupable parce que… Quoi d’ailleurs ? » Il y a tellement de possibilités, tellement de solutions possibles incluant une liaison entre la maison serpentard et ma personne, que je ne peux décemment pas deviner ce qui lui est passé par la tête. « Maintenant, tu vas simplement reculer de devant cette fenêtre et ne pas faire d’actions inconsidérées. » je lui affirme à nouveau d’une voix forte, craignant par-dessus tout qu’elle se jette dans le vide. Surtout si je peux l’empêcher. Auquel cas, je me sentirais coupable, forcément, quand bien même je ne l’aurais pas tuée.

Cette jeune femme, je ne la connais pas. Ou du moins, je ne la connais que de nom. Aussi n’ai-je pas de quoi m’insurger de ses paroles, même si concrètement, ce n’est pas le cas. Le fait qu’elle m’envoie à la figure que je doive me sentir coupable, est bien plus nocif pour moi que les pensées qui me trottent déjà sans cesse, dans la tête. Car là, c’est une personne de l’extérieur qui me le dit. Une personne que je ne connais même pas bien. « Je m’excuse. » Je balaye la chose d’un revers de main, signe que le sujet est clos. Rien ne sert de s’attarder dessus pendant plusieurs minutes. Il y a bien plus grave, comme le fait qu’elle se tient ainsi, postée près d’une fenêtre. Assise sur le rebord de celle-ci même. Et visiblement, prête à sauter dans le vide. Elle laisse échapper un léger rire, assez bizarre d’ailleurs, signe pour moi qu’elle est en train de sombrer dans la folie et qu’elle se tient prête à mettre en place les intentions que je lui prête. « J'ai l'air si mal en point ? Toi ? Comment tu as avalé ça ? Comment est-ce que tu l'as digéré ? » La mort du né-moldu. Elle ne peut parler que de cela, il n’y a aucun doute là-dessus. Je passe rapidement ma langue sur mes lèvres. Dire ce que pense le véritable Joshua ou ce que pense la copie conforme de mon père ? Cruel dilemme. Mais dans le second cas, j’ai l’impression que cela ne l’empêchera pas de sauter, bien au contraire – car dans mon esprit, le doute persiste. « Je ne l’ai pas digéré. J’essaye de ne pas y penser. » je finis par soupirer. Et c’est vrai. Car me laisser gagner par le sursaut de révolte qui menace de monter en moi, c’est aussi perdre ma couverture. Signer mon arrêt de mort, peut-être bien. « Mais cela me fait peur. L’ancien Poudlard me manque. Dumbledore me manque. » je finis par lui lancer en désignant la fenêtre sur laquelle elle est assise. Peut-être que le fait que c’est exactement de cette fenêtre qu’est tombé l’ancien directeur du château, m’aide à penser qu’elle est ici pour se jeter dans le vide.