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 ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan

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MessageSujet: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeVen 15 Mar - 19:40

Le faire m'en coûtait, mais force était de constater que j'étais obligée de le faire. Je n'avais jamais aimé cette fille. Je n'aimais pas son côté écervelée je m'entiche du premier venu. Je la trouvais cruche, nunuche, et j'avais en tête tout un tas de qualificatifs que je ne dévoilerai pas sous peine d'être grossière. Rien à faire, je ne l'aimais pas, et le fait qu'elle tournait ostensiblement autour de Chandler ne me plaisait encore moins. Je ne pouvais voir en elle qu'un être nuisible, comme une de ces mouches que l'on finissait par écraser à force d'entendre leur bourdonnement intempestif. La retrouver sur le Chemin de Traverse en cet après-midi de début janvier ne m'enchantait guère, mais au fond, avais-je le choix ? Il est vrai que j'aurais pu partir comme une voleuse, susciter la surprise chez mes pairs lorsqu'ils ne me verront pas revenir. D'autres, au contraire, ne s'en étonneront pas : c'était écrit depuis bien longtemps, et ils étaient même surpris de constater que j'avais tenu tout ce temps. Malheureusement, quelqu'un a voulu que je sois prévoyante, et je ne pouvais pas tirer ma révérence sans m'assurer que tout irait bien. Je me devais d'avoir la mainmise sur tout, même à distance. Je ressentais le besoin de contrôler mes pions même si l'échiquier était hors de portée. Poudlard, c'était fini, je devais tourner une page qui représentait quand même sept ans de ma vie. Y retourner à la fin des vacances de Noël était tout simplement inenvisageable, l'ambiance au château y était devenue invivable. Qui plus est, je n'y étais plus en sécurité. Les Mangemorts avaient eu mes parents, mon père était fiché comme étant un traître au régime en place, et il y avait fort à parier pour qu'à présent je sois sur la liste des personnes à abattre. Moi, je n'avais rien fait, mais c'était tout comme. Depuis longtemps, on me faisait savoir que ma présence à Poudlard était indésirable, que je n'avais pas ma place à Serpentard. Aujourd'hui, je regrettais plus que jamais de ne pas pouvoir partir la tête haute, avec mes ASPIC en poche, plutôt que de devoir passer par la porte de derrière, par l'issue de secours, furtive et silencieuse telle l'ombre que j'avais toujours été. mes parents... Un pic de douleur me transperça la poitrine tandis que devant mes yeux était en train de défiler l'image de leurs deux corps inertes, sans vie, allongés dans le salon dévasté, qui trahissait qu'une lutte sanglante avait eu lieu entre ces murs. Concomitamment, un profond sentiment d'injustice m'envahit. Ma mère n'avait pas mérité ça. Elle n'était pas liée au monde magique, en aucune façon, elle avait été dans l'incapacité totale de se défendre, elle n'avait eu aucune chance de s'en sortir. Elle était innocente, mais en définitive, était-ce important ? Les Mangemorts éliminaient tous ceux qu'ils jugeaient obsolètes, pour l'exemple. Ils ne faisaient aucun détail, et c'était précisément ce dernier point qui me révoltait profondément.

J'en avais voulu à mon père d'avoir renoncé à la magie, parce qu'au moins, il aurait pu essayer de défendre ma mère. Il lui aurait simplement suffi de dégainer sa baguette pour pouvoir contrer les sorts, ou tout du moins, essayer de contenir leurs assaillants pour au moins permettre à ma mère de s'enfuir. Or, mon père n'avait apparemment rien fait, il n'avait pas cherché à se défendre. En voyant son corps fortement amoché, j'ai cru comprendre qu'il s'était fait torturer, mais pourquoi ? Qu'avait-il à cacher, une fois encore ? Qu'avait-il magouillé dans l'ombre, dans mon dos, mettant ainsi en danger ma mère ? Pourtant, je n'arrivais pas à lui en vouloir trop longtemps, car à chaque fois que j'y repensais, que j'essayais de comprendre ce qui s'est passé, je finissais immanquablement par me transformer en fontaine. La nuit suivant le drame, je l'avais passée à pleurer, sans discontinuer. Mon sommeil avait été pour le moins chaotique, et mes rares périodes de repos étaient entrecoupées par des cauchemars tous aussi ignobles les uns que les autres. Quelques heures auparavant, j'étais toujours en train de pleurer, réalisant à peine qu'ils n'étaient plus là, que je ne les reverrai plus jamais. Je ne ressentais pas encore totalement le vide dû à leur absence, il fallait dire qu'en étudiant à Poudlard, j'étais loin d'eux pendant une très longue période. J'imaginais sans problème que je ressentirai vraiment le manque quand j'aurai besoin de ma mère pour un conseil ou pour guérir un coup de blues. Je n'étais pas retournée à Dartmouth depuis le drame. Je n'osais même plus y mettre les pieds, car trop de souvenirs y étaient rattachés. J'avais encore moins remis les pieds dans ma propre maison. Bien que les corps avaient sans doute été emmenés, il y avait quand même des traces, et même après avoir nettoyé les éclats de verre ou autres, ces traces subsisteraient longtemps encore. Je n'étais pas prête à y retourner, pas maintenant, en tout cas. Ce soir était la deuxième nuit que je passais au Chaudron Baveur, en attendant de trouver une solution convenable, et surtout, durable. Car ce n'était pas tout d'avoir décidé de quitter Poudlard, encore fallait-il savoir où aller, et la vérité, c'était que je n'avais nulle part où aller. J'étais sans abri, sans famille, je n'avais plus rien, ni personne. Finalement, ce que je craignais tant était arrivé. J'étais seule, totalement seule. Et de toute ma jeune vie, je ne m'étais jamais sentie aussi démunie.

C'était précisément dans ces circonstances que je m'étais retrouvée là, à attendre Susan Bones sur le Chemin de Traverse. J'étais assise sur le perron d'une maison, en train de fumer ma sempiternelle cigarette. Il faisait froid dehors, il avait encore neigé la nuit dernière, mais à dire vrai, j'étais tellement inerte, tellement exsangue, tellement amorphe que je ne ressentais même plus le froid, j'aurais pu tout aussi bien me balader en débardeur que je n'aurais pas vu la différence. C'était à l'intérieur que j'avais froid, toutes mes émotions semblaient s'être éteintes. Toutes, à part peut-être la haine, la colère, l'injustice, tous trois étaient des sentiments destructeurs, et je les avais emmagasinés en mon for intérieur depuis longtemps. Le reste semblait s'être mis en veille, noyé sous la douleur, mais même ça, j'avais réussi à m'y habituer, c'était un sentiments qui était devenu vachement familier ces temps-ci. C'était à croire que j'étais vouée à souffrir, toute une vie durant. Dire que je n'en étais qu'au début ! Pour un peu, je serais même partie pourchasser un Mangemort quelconque afin qu'il abrège mes souffrances, mais je n'avais pas le droit, j'avais encore des choses à faire avant. Comme par exemple, m'assurer qu'une fois que je ne serai plus là, il y aura quelqu'un pour s'occuper de Chandler, pour veiller sur lui. Voilà pourquoi j'attendais la dénommée Susan, ici même. Oui, celle-là même dont je parlais tout à l'heure, la fille que je n'aimais pas. Cette entrevue s'annonçait pénible d'avance tant je ne pouvais pas la supporter, mais c'était nécessaire. Il fallait que je la confronte, ne serait-ce que pour voir si elle était à la hauteur de la tâche que j'envisageais de lui confier. J'espérais vraiment que je m'étais trompée à son sujet, que Susan Bones était en réalité une gentille fille sur qui on pouvait compter, mais je ne me faisais pas beaucoup d'illusions, elle n'en restait pas moins une écervelée et il m'en faudrait vraiment beaucoup pour que je change d'avis à son sujet. Autrement dit, ce n'était pas près d'arriver. Mon regard s'assombrit davantage lorsque je vis la tignasse rousse de Susan. Je retins ma respiration. Garder son calme était primordial, surtout dans des moments pareils. Lorsque Susan fut enfin arrivée à ma hauteur, je ne pus m'empêcher de la houspiller, laissant mon agressivité naturelle s'exprimer. « Oh, te voilà enfin, j'ai cru qu'il aurait été nécessaire d'envoyer les tireurs d'élite du Ministère à ta recherche. Non pas que je m'inquiétais pour toi, il ne faut pas croire, mais tu sais, par les temps qui courent,on n'est jamais trop prudents. » Bon, d'accord, c'était de très mauvais goût, je pouvais bien l'admettre, d'autant plus que Susan avait perdu sa tante il n'y a pas si longtemps que ça, même qu'Amelia Bones était très respectée dans le monde magique et j'avais du mal à croire que Susan était sa nièce. Enfin bref. Elle était là. Et c'était le plus important. « Puisque tu es là, j'imagine que tu as reçu ma lettre ? » Lettre...c'était vite dit. Il fallait plutôt entendre par là message comportant moins de deux lignes, extrêmement laconique de surcroît. Mieux valait se montrer laconique de toute façon, au cas où la missive serait interceptée. Enfin, ma question était purement rhétorique, je n'attendais même pas de réponse, car si elle était là, bien sûr qu'elle l'avait reçue, elle n'avait tout de même pas reçu la visite du Saint-Esprit pendant son sommeil, sinon, ça se saurait.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeSam 16 Mar - 1:06

Tracey & Susan


    Je laisse tomber le papier froissé au sol, un sourire aux lèvres. Pas un vrai sourire. Une grimace plus qu’autre chose. Pendant des mois j’aurais essayé de la raisonner, de lui montrer que je suis une personne de confiance et que, non, je ne sais pas jouer avec les sentiments des autres - encore moins avec les miens. Mais, apparemment, je suis mesquine, idiote peut-être ; peu digne de lui, c’est certain. Je ne la comprends pas. Il est vrai que je suis volatile, et encore. Ce mot ne me correspond pas tellement. J’aime jouer de mes mots, j’aime m’amuser verbalement, mais jamais - non, jamais - j’irai jusqu’à trahir ce que je suis : une fille loyale, droite, de confiance. Je reconnais mes qualités pour ce qu’elles sont et je déteste qu’on les mette en question, ce qu’elle fait constamment et aujourd’hui encore avec cette lettre insultante qui met mes nerfs à rude épreuve. Je n’ai plus envie d’être patiente. Oh, il est vrai que je me suis amusée de cette tension entre nous, que j’ai aimé la faire douter de moi, que j’ai adoré me disputer avec elle pour lui faire comprendre… Mais, je l’avoue, j’ai toujours voulu sa reconnaissance. J’aurais voulu qu’elle voit en moi une personne à connaître comme lui a cherché à le faire. Je n’étais néanmoins qu’une rivale et même si l’idée était intéressante au départ, aujourd’hui elle m’exaspère. Moi, je voulais apprendre à la voir pour elle-même, et non pour cette Serpentard mise de côté, cette fille qu’on n’osait pas approcher chez les Poufsouffle. Elle ne m’a pas laissée faire, bien sûr. Il est vrai que ma réputation laisse parfois à désirer, que certains me voient comme volage et sans cervelle - mais ce n’est pas le cas. En tout cas, Chandler voit autre chose en moi et j’aurais pensé qu’elle aurait fait des efforts pour essayer de percevoir les qualités qu’il me trouve - tout comme j’ai essayé de le faire à maintes reprises. Je secoue la tête, me demandant presque si je dois lui faire l’honneur de me rendre à ce rendez-vous, surtout qu'elle aurait pu attendre Poudlard et qu'elle ne précise aucunement l'objet de notre rencontre. Après tout, je n’ai rien à me reprocher et je ne vois pas pourquoi j’irais lui faire face pour lui rendre des comptes. Puis, je me ressaisis. C’est peut-être là ma chance de lui montrer qui je suis réellement, et qu’on peut me faire confiance. Je hais l’idée qu’on puisse penser le contraire, je hais ce sentiment de mal-être lorsque qu’elle me dit que je suis une cruche. Je ne me pense pas ainsi, même s’il est vrai que je garde en mon sein des rêves peut-être irréalisables, ou des rêves d’enfant. Mais je ne suis pas idiote. Je suis persévérante, et je veux me battre pour lui faire réaliser que je vaux la peine d’être connue, qu’il ne fait pas une grosse erreur en s’approchant de moi et que je n’ai pas pour unique but dans la vie que de blesser les Serpentard, même si ça aurait pu être quelque chose à laquelle j’ai pensé il y a de ça des années, alors que les préjugés coulaient à flot dans mon esprit et me pourrissaient la vue. « Je vais y aller », je dis à Hannah alors qu’elle hoche la tête, d’accord avec ma décision. « Je suis presque pressée d’être à ce jour. » Elle me sourit, et je lui fais un clin d’œil. Foi de Susan Bones, je vais montrer à cette mademoiselle Tracey Davis ce que je vaux.

    Sortir du château ne fut pas chose aisée, surtout lorsque tu veux éviter les mangemorts qui rodent dans les couloirs alors que les vacances touchent à leur fin. Je ne voulais pas qu’on me pose des questions, on m’aurait certainement empêchée de m’y rendre. Les membres de l’AD m’ont aidée à me rendre jusqu’au passage qui mène à la taverne d’Alberforth, et celui-ci a fait en sorte que je puisse transplaner en paix - bien que je déteste ça. Mauvais souvenir de sixième année. Déconcentrée, je m’étais désartibulée la jambe et je ressens d’ailleurs toujours une petite gêne au niveau de celle-ci. J’ai toujours peur que ça me porte préjudice pendant un combat - que ce soit pour la rapidité, l’agilité, ou parce que je devrais transplaner en vitesse et que j’en suis incapable si je ne me concentre pas pendant quelques minutes, et ce dans le silence. Une véritable faiblesse pour une sorcière qui se retrouve en plein milieu d’une guerre. Je suis arrivée dans la cour du Chaudron Baveur et j’ai tapoté de ma baguette les briques afin que le passage s’ouvre, un petit instant magique qui me rappelle mon enfance mais qui m’a laissée en plein désarroi lorsque j’ai vu la vision qui s’offrait à moi. Et me voilà, figée à l’entrée de la plus belle rue commerciale sorcière d’Angleterre transformée en un chemin tortueux et sombre, la plupart des magasins ne sont pas ouverts, des vitres sont brisées, des déchets traînent sur le sol. Je me rends compte que les choses ont bien changé en cinq mois et, si on ne fait pas rapidement quelque chose, elles pourraient empirer. Dans un coin de mon esprit, je me demande ce qui prend tant de temps à Harry Potter, puis je me donne mentalement une claque. Ce n’est pas à lui de faire tout le boulot - c’est d’ailleurs pourquoi l’AD fut remise en place. Je m’aventure dans l’allée sombre, qui s’apparente maintenant très bien à l’Allée des Embrumes, cherchant des yeux Tracey. Pendant un instant j’ai peur que ce soit un piège, qu’elle se soit alliée aux mangemorts de Poudlard et qu’elle m’aie conduite ici pour qu’ils puissent éliminer en toute discrétion la nièce d’Amélia Bones, mais quand je l’aperçois assise au loin, j’efface ces mauvaises idées préconçues de mon esprit. Je suis venue ici pour lui prouver que je suis digne de confiance, autant commencer par lui accorder véritablement la mienne. « Oh, te voilà enfin, j'ai cru qu'il aurait été nécessaire d'envoyer les tireurs d'élite du Ministère à ta recherche. Non pas que je m'inquiétais pour toi, il ne faut pas croire, mais tu sais, par les temps qui courent,on n'est jamais trop prudents. » Même pas le temps de la saluer qu’elle dégaine l’arme préférée des Serpentard, l’art de la joute verbale. Je hausse un sourcil, entre amusée et blasée par la vitesse dont elle a fait preuve pour montrer qui domine ce rendez-vous. Ca m’est égal, qu’elle domine si elle le souhaite, je veux juste terminer tout ça. Je lui souris, calmement. « J’ai juste été choquée par le changement de décor ici, ça m’a bien statufiée pendant quelques minutes », je dis, m’appuyant contre le mur. Je n’ai pas envie de poser mes fesses sur le perron certainement glacé. « Je ne suis pas venue ici depuis cet été, les choses ont radicalement changé », je continue, sombrement, mon regard balayant les alentours d’un œil critique et suspicieux. Je m’attends presque à voir surgir des Détraqueurs ou quelque autre créature. L’endroit ne m’inspire plus confiance, mais que dégoût, et il me fait réaliser à quel point Voldemort et son armée sont puissants. « Puisque tu es là, j'imagine que tu as reçu ma lettre ? » Je lui jette un regard, un peu irritée. « Oui » , dis-je en claquant la langue entre mes dents. « Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi tu avais besoin de me faire venir ici. La correspondance par lettre m’aurait amplement suffise. Je n’ai aucun compte à te rendre. » Je n’avais aucune idée de la stratégie à employer en venant ici, mais je décide d’attaquer. Je suis une personne agréable généralement, et je ne rechigne pas à m’expliquer, mais, dans cette situation, je veux que Tracey ait du mal à obtenir de moi des réponses ; parce qu’elle devrait déjà les posséder, avec toutes les fois où j’ai tenté de lui montrer Susan Bones. « Je ne comprends même pas pourquoi tu n’as pas attendu de revenir à Poudlard. Tu comptes partir, c’est ça ? » Elle prend le chemin que j’ai tant de fois voulu prendre, avant de penser à mes amis qui comptent sur moi au château. Elle, c’est vrai, n’a pas autant de monde à ses côtés que j’en possède.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeSam 16 Mar - 12:11

Il était vrai que contrairement à jadis, le Chemin de Traverse avait quelque chose de lugubre, d'austère. La magie semblait s'être éteinte, il n'y avait plus rien, tout le monde avait peur, tout le monde se cachait : la guerre était passée par là. Je savais que me rendre sur le Chemin de Traverse était dangereux, peut-être même inconscient, mais si cet endroit-là n'était pas sécurisé, quel autre endroit le serait ? Même Gringotts, même Poudlard avaient essuyé une attaque de Mangemorts. J'étais malheureusement de ceux qui pensaient qu'avec la disparition de Dumbledore en juin dernier, le monde magique était en péril. J'étais de plus en plus perplexe quant à la capacité de l'Elu à vaincre un mage noir. Si le plus grand sorcier de tous les temps, qui avait de l'âge n'avait pas réussi à en venir à bout, comment un adolescent de mon âge pouvait-il y parvenir ? Peut-être que c'était ça le problème. Peut-être que Dumbledore était trop vieux, trop usé, il n'avait plus la fougue de la jeunesse, ni la même vélocité, mais je persistais à croire que Dumbledore avait l'avantage de l'expérience et du savoir. Je respectais beaucoup cet homme, même si beaucoup d'élèves de ma maison voyaient en lui un vieux fou accro aux bonbons aux citrons. Au cours de ces derniers mois, je m'étais aperçue à quel point sa présence pouvait manquer dans le château. Lui vivant, jamais les Carrow n'auraient foutu les pieds à Poudlard et transformer cet endroit en véritable enfer sur terre. À l'heure qu'il est, l'ancien directeur de Poudlard devait se retourner dans sa tombe. Poudlard était à présent un lieu maudit, et je ne souhaitais plus baigner dans cette atmosphère délétère, j'avais assez donné. Ma dignité, mon orgueil, en avaient pris un sacré coup, et j'imaginais sans problèmes que d'ici certains mois, les choses seraient plus invivables encore. Alors, peut-être que j'étais lâche, peut-être que j'aurais dû continuer à tenir tête au régime en place avec les autres, mais la fuite semblait être la meilleure solution, même si je ne savais pas encore exactement comment j'allais me débrouiller. Pendant sept ans, j'étais restée à Poudlard, c'était comme ma deuxième maison, bien que je ne me sentais pas toujours à ma place là bas, je n'étais pas encore prête à être lâchée dans la nature, je me retrouvais au pied du mur, mais avais-je vraiment le choix ? Oui, on avait toujours le choix me diriez-vous, mais on se devait de faire le choix le moins douloureux possible. Certes, je n'étais pas très rassurée à l'idée d'être sur le Chemin de Traverse alors que j'étais potentiellement recherchée par les Rafleurs en tant que fille de traître, mais pour l'instant il n'y avait personne. Cela dit, il valait mieux pour Susan qu'elle se ramène rapidement, car moins je restais au même endroit et moins j'avais de chances de me faire repérer. Je jetai un coup d'oeil agacé à la montre qu'il y avait à mon poignet. Mon irritation monta encore d'un cran : mais bon sang, qu'est-ce qu'elle foutait ?

Enfin, Susan arriva. Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel en la voyant. Ce n'était pas trop tôt ! Je ne pus m'empêcher d'être désagréable en la voyant arriver. Je n'allais pas non plus me comporter avec elle comme si nous avions toujours été copines, tout de même. Elle m'horripilait, vraiment. Et dire que ce n'était que le début. J'écrasai finalement ma cigarette, attendant sa réponse. Sa réponse qui finit par me parvenir, en même temps que les justifications quant à son retard. Je croisai finalement mes jambes devant moi, courbaturée d'être restée assise sur ce seuil depuis des lustres. « J’ai juste été choquée par le changement de décor ici, ça m’a bien statufiée pendant quelques minutes. Je ne suis pas venue ici depuis cet été, les choses ont radicalement changé » Elle aussi avait été frappée par la métamorphose du chemin de Traverse en véritable désert humain ? Elle n'était pas la seule. C'était certes calme, paisible, mais je ressentais la peur de ceux qui se terraient derrière leurs fenêtres, je ressentais le danger, qui était partout présent. Depuis que j'avais mis les pieds ici, pas plus tôt qu'aujourd'hui, j'étais restée sur le qui-vive, prenant le soin de sortir le visage couvert, ou tout du moins, fortement dissimulé. Je ne voulais pas prendre le risque que l'on me reconnaisse. Un frisson me parcourut l'échine, tandis que j'enfouissais mes mains dans les poches de ma doudoune. « Oui.  Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi tu avais besoin de me faire venir ici. La correspondance par lettre m’aurait amplement suffise. Je n’ai aucun compte à te rendre. » Un rictus mauvais apparut sur mes lèvres. Elle ne voyait vraiment pas pourquoi j'avais formellement proscrit la correspondance par lettre ? Était-elle au courant que les courriers pouvaient facilement s'intercepter, qu'il avait été mis en place un système de censure ? Et dire que sa tante travaillait au Ministère. Et puis, ne disait-on pas qu'une confrontation de vive-voix était bien meilleure pour jauger l'adversaire ? « Je ne comprends même pas pourquoi tu n’as pas attendu de revenir à Poudlard. Tu comptes partir, c’est ça ? » Un petit rire sarcastique et nerveux franchit mes lèvres tandis que je mesurais le ridicule de ses propos. Elle n'avait rien compris. Rien de rien. N'avait-elle donc pas remarqué mon absence à Poudlard ? N'était-elle pas au courant que de plus en plus de parents retiraient leurs enfants de l'école, quand les élèves ne prenaient pas eux-même l'initiative de partir ? N'était-elle pas au courant que j'avais défrayé la chronique en étant répartie à Serpentard malgré mon sang ingrat ? Cela dit, elle avait vu juste sur un point : je comptais partir. Et, même si j'avais eu du mal à prendre cette décision, à présent j'en étais sûre. Je n'avais plus rien à faire là bas. Je serais certainement plus utile dehors que dedans.

Je me mordillai finalement la lèvre inférieure, retenant le fou-rire qui était en train de me chatouiller les côtes. La situation n'avait rien de comique, elle était même tragique, mais c'était plus nerveux qu'autre chose. Elle pouvait penser que j'étais folle, j'en aurais strictement rien à faire, probablement parce que c'était déjà le cas. Certains diront que c'était normal que j'étais déboussolée, que j'étais en état de choc, que tout redeviendrait à la normale ultérieurement. Tout ça, je le savais, je n'avais pas besoin qu'on me le rappelle. Alors, en réponse à toutes ses questions, je décidai de jouer la carte de la franchise, de balancer la vérité crue et sans fioritures. « Comme tu as probablement dû le lire dans la Gazette, il y a eu un double meurtre à Dartmouth, avant-hier. » je sentais l'éclat de la colère vibrer en mon for intérieur tandis que je prononçais ces mots, refusant de laisser le chagrin s'exprimer une fois encore. Je n'avais pas le droit de pleurer, pas devant elle, je ne voulais pas de sa putain de compassion, encore moins de sa pitié. Je n'avais pas besoin d'elle. « Les victimes, ce sont mes parents. » Ma voix avait légèrement vacillé sur les derniers mots. « L'oeuvre des Mangemorts, bien évidemment, qui ça peut être d'autre de toute façon ? » Je ressentais la colère. Je ressentais la haine, le besoin de les venger. Je pensais à ma mère, qui, dépourvue de pouvoirs magiques n'avait pas pu de se défendre. Au fond, je n'étais qu'une orpheline de plus, venant grossir le rang de ceux qui avaient perdu un parent, un frère, un aïeul au cours de cette guerre absurde. Je voulais que tout s'arrête. Je me sentais coupable de ce qui leur était arrivée. Je n'étais pas à la maison au moment du double meurtre, mais c'était certain que si j'y étais, j'y serais passée moi aussi. J'avais ce qu'on appelle le syndrome du survivant. J'avais eu de la chance. D'autres diront encore que mon heure n'était pas encore arrivée. Mais à quoi bon vivre quand je perdais tous ceux que j'aimais ? « Je ne peux pas retourner à Poudlard. Je ne peux pas non plus retourner m'occuper de ma maison. Ils savent où j'habite. ils me recherchent probablement à l'heure qu'il est. Chez moi, ce sera probablement le premier endroit où ils iront chercher lorsqu'ils apprendront que j'ai fugué. » La situation me paraissait irréelle. J'étais en train d'essayer de lui expliquer la situation, sans être certaine qu'elle me comprenne. « Ca fait deux jours que je dors au Chaudron Baveur. Mais bientôt je vais devoir changer d'endroit. Je ne peux pas squatter longtemps au même endroit, ça paraîtra forcément suspect. C'est pour ça que je voulais que tu viennes, je voulais te parler avant de disparaître pour de bon. » Je ne pouvais pas rester ici. Je ne pouvais pas non plus rester chez Caïn. Non seulement je ne voulais pas le mêler à tout ça, mais je ne pouvais pas non plus lui faire confiance, parce que son allégeance était douteuse. Rien ne me disait qu'il était du bon côté. Je ne voulais prendre aucun risque, j'en avais déjà trop pris. La seule solution était de m'effacer, de m'improviser nomade. Je n'avais plus le choix, désormais.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeSam 16 Mar - 19:21

Tracey & Susan


    J’adore l’allure de Tracey, elle semble si indifférente aux choses, assise là ce sur perron, à écraser sa cigarette nonchalamment. J’envie son attitude neutre, sa capacité à garder son calme ; et je suis bien la seule de nous deux à éprouver quelque chose de positif quant à l’autre. Ca m’embête vraiment mais je ne saurai même pas expliquer pourquoi. Je me fais l’effet d’une gamine capricieuse qui n’a pas obtenue ce qu’elle souhaitait : gagner la confiance d’une Serpentard qui paraissait, aux yeux de tout le monde, être une dure à cuire, une vraie statut de pierre, une personne impossible à cerner. J’ai vite compris que ce n’était pas qu’une apparence, en tout cas, si c’en était une, elle gardait volontiers ce masque en ma présence, et elle continue encore aujourd’hui. Alors que je décide de l’attaquer en lui disant que je n’ai aucun compte à lui rendre, un sourire mauvais s’étire sur ses lèvres, celui qui a le don de m’énerver. Je déteste cette mesquinerie facile, cette application à me montrer qu’elle ne m’apprécie pas et que tout ce que je dis est perçu comme inutile, idiot. Et lorsque je lui avoue que je ne comprends pas pourquoi elle m’a faite venir ici, son rictus me fait pincer les lèvres, énervée. Elle me prend vraiment pour une imbécile et ça me met hors de moi, je commence même à remettre en question le fait que je sois venue, surtout si c’est pour me faire de traiter de la sorte. Mais à quoi m’attendais-je ? J’aurais dû m’en douter. J’aurais dû savoir qu’elle n’était pas ici pour me confier quelques secrets enfouis ou pour s’excuser de son mauvais comportement ; mais, au fond de moi, j’avais espéré que ce rendez-vous soit la clé pour ouvrir la porte vers, non pas une amitié, mais au moins une reconnaissance réciproque de l’autre. Je me retrouve déçue, à la voir s’empêcher de ricaner, sa méchanceté grondant elle, prête à m’exploser à la figure. « Comme tu as probablement dû le lire dans la Gazette, il y a eu un double meurtre à Dartmouth, avant-hier. » Je n’ose pas lui dire que je ne lis que très rarement ce journal, que j’ai peur d’y voir des horreurs que je ne pourrais pas affronter, et que je laisse aux plus courageux le soin de me dire s'il y a quelque chose que je dois savoir. Personne ne m’a parlée du double meurtre et je commence à mettre les pièces du puzzle en place. Il a dû se passer quelque chose de terrible pour que Tracey prenne la décision de ne pas revenir. J’ai peur d’entendre quoi, mais je sais que je vais devoir y faire face si je veux comprendre pourquoi elle m’a amenée ici. Voire même pourquoi elle veut partir - l’air de rien, ça m’intéresse, et ce n’est pas parce que je suis curieuse. Je m’inquiète pour Chandler. J’aime rester avec lui lorsque nous le pouvons, mais lorsqu’il est dans sa Salle Commune, il m’est impossible de le voir. Elle, elle avait la chance de pouvoir garder un œil sur lui, de passer du temps avec lui, deux contre tous. « Les victimes, ce sont mes parents. » Je sors de mes pensées, le choc s’inscrivant clairement sur mon visage, tandis que je vois la colère s’insinuer en elle, que je la vois réprimer ses émotions. Moi, je n’y arrive pas, et je la regarde, une main contre mes lèvres, sincèrement troublée par l’épreuve qu’elle doit traverser en ce moment même. Je me souviens lorsqu’on m’a annoncée la morte de ma tante… Elle était comme ma deuxième maman, c’était elle qui s’occupait de moi la plupart du temps, et la savoir partie à jamais… Je comprends ce qu’elle peut ressentir, et je comprends aussi qu’elle n’a certainement pas besoin que je lui donne mes condoléances, ou que je lui offre ma compassion. Je ne suis pas assez proche d’elle et elle ne me veut pas aussi près que ça, j’en suis certaine. Alors je garde le silence, regardant au loin, attendant qu’elle m’explique pourquoi elle m’annonce tout ça, à moi. « L'oeuvre des Mangemorts, bien évidemment, qui ça peut être d'autre de toute façon ? » Je la regarde, tandis que, cette fois-ci, la colère se dessine clairement sur son visage, à l’image de celle que j’ai ressentie l’année dernière. « Évidemment », je murmure, mon regard s’élevant une fois de plus balayer les horizons tandis que je n’ose plus la regarder. J’ai peur de lui montrer mon empathie parce que j’ai peur que celle-ci soit malvenue. « Je ne peux pas retourner à Poudlard. Je ne peux pas non plus retourner m'occuper de ma maison. Ils savent où j'habite. ils me recherchent probablement à l'heure qu'il est. Chez moi, ce sera probablement le premier endroit où ils iront chercher lorsqu'ils apprendront que j'ai fugué. Ca fait deux jours que je dors au Chaudron Baveur. Mais bientôt je vais devoir changer d'endroit. Je ne peux pas squatter longtemps au même endroit, ça paraîtra forcément suspect. C'est pour ça que je voulais que tu viennes, je voulais te parler avant de disparaître pour de bon. » Je pense parfois à fuir, lorsque le désespoir m’envahit et semble tellement palpable que je ne peux m’en échapper, mais lorsqu’elle me décrit sa situation, je vois que je n’aurais jamais le courage pour survivre à tout cela. J’ai déjà trop peu de bravoure pour affronter ma situation à Poudlard, je n’ose imaginer quel serait mon état d’esprit si j’étais en perpétuelle fuite. Pourtant, cela aurait pu facilement m’arriver. Si ma tante n’avait pas été assassinée l’année dernière mais tuée cette année par les mangemorts, je n’aurais pas été en sécurité à Poudlard. Dumbledore était vivant lorsqu’elle est morte, j’étais donc protégée dans l’enceinte de son école. Aujourd’hui, je ne le suis plus, mais la menace qui planait au-dessus de ma tête s’est estompée au fil des mois, si bien que les mangemorts rodant à Poudlard se fichent totalement de la nièce d’Amélia Bones, même s'ils s'amusent à me brimer parfois. Je comprends la situation de Tracey, et j’aurais aimé avoir les moyens de l’aider. Je crois que, de toute façon, même si je les avais eus, elle n’aurait pas accepté. Elle est trop fière pour cela, bien plus que moi. « Je te souhaite énormément de courage », je dis, la voix basse, osant enfin la regard de nouveau, essayant de ne pas dire un mot de trop. « Je n’aurais souhaité cette situation à personne, mais tu es tellement rusée que je suis sûre que tu t’en sortiras. Il y a des camps et… » Je me tais rapidement, me souvenant qu’il y a des oreilles partout, et que ce n’est pas une information qui doit tomber entre de mauvaises mains. « Enfin, tu m’auras comprise » , j’ajoute, lui jetant un regard appuyé pour être sûre qu’elle ait saisi l’idée - et qu’elle sache que ce genre d’endroits existent, où de l’aide peut être demandée. « Je suppose que tu voulais que je vienne pour parler de Chandler et non pas pour me raconter tes soucis », je continue, toujours à voix basse, et en connaissance de cause. Elle n’est pas du genre à se plaindre au premier venu et, malheureusement, je suis certainement toujours pour elle l’une de ses premières venues. Je finis par m’asseoir à ses côtés sur le perron, expirant alors que le sol glacé transperce mon pantalon. « Je veux que tu comprennes une bonne fois pour toutes que je ne lui veux aucun mal, que je ne joue pas avec lui, et que je suis une personne honnête. Je l’aiderai s’il y a un problème et les membres de… » Je me reprends, mais c’est sûrement trop tard. « Mes amis l’aideront aussi, si je le leur demande. Ils me sont loyaux. » J’ai préféré attaquer tout de suite, j’ai voulu mettre les points sur les i avant qu’elle ne m’agresse et ne me dise que je ne suis pas digne de confiance et que je devrais arrêter de le fréquenter, surtout qu'elle ne peut plus me surveiller maintenant. Elle doit apprendre à croire en moi.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeDim 17 Mar - 11:21

Susan Bones était bien la dernière personne à qui j'avais envie de parler de mes parents. Certes, elle était en deuil et ça nous faisait quelque chose en commun – ce dont je me serais bien passée – mais je ne souhaitais pas lui faire part de mes états d'âme, ça ne le regardait pas. Encore une fois, j'étais bien trop fière pour partager ma peine avec qui que ce soit, une fois de plus, j'étais vouée à garder le tout pour moi, à laisser mon chagrin me ronger de l'intérieur. Je n'avais pas pu m'empêcher d'être surprise devant la froideur de mes mots, n'importe qui se serait effondré mais pas moi, sans doute qu'elle devait me prendre pour une sorte de monstre, complètement insensible, indifférent à tout. Je n'y pouvais rien si j'avais été formatée ainsi – même si dans les faits, je m'étais formatée toute seule. Je savais rester maître de mes émotions, tout du mois, dans une certaine mesure, je finissais inévitablement par craquer lorsque je n'étais plus capable d'encaisser. La plupart du temps, je tâchais de me contenir, autant que faire se peut. Et là, je m'étais choquée moi-même de parler ainsi de mes parents, comme s'il s'agissait d'étrangers, alors que pourtant, leur disparition m'avait profondément ébranlée. Lorsque je vis à l'expression de Susan qu'elle n'était pas au courant, j'avais de nouveau envie de m'insurger. Quel genre de personne ne lisait pas les nouvelles ? Elle préférait sauvegarder son petit monde, peut-être ? C'était stupide. Certes, d'ordinaire, je n'aurais pas réagi, mais là, il s'agissait de mes parents et je ne voulais pas qu'ils soient oubliés, même si j'étais bien consciente qu'ils n'étaient que deux parmi la centaine, voire les milliers de morts que la guerre avait déjà faits. Je ressentais une profonde rancoeur, une haine farouche qui ne faisait que croître et qui allait être sans bornes incessamment sous peu. L'instant d'après, je m'effondrais et je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je détestais mes émotions qui foutaient le camp, que je n'étais plus en mesure de maîtriser. Pour autant, je n'avais pas – encore – envie de me battre. Mon plan, c'était de fuir et me planquer jusqu'à la fin de la guerre, histoire de sauver mes fesses. C'était lâche, mais je ne voulais pas me mêler à tout ça. Je n'avais pas l'état d'esprit d'une guerrière. Pourtant, le double meurtre de mes parents m'avait impliquée dans cette guerre plus que nécessaire. La réalité m'avait frappée, virulente comme jamais, et je ne pouvais désormais plus fermer les yeux, jouer les autruches. J'avais un pied dedans, et il suffisait d'un rien pour que j'y bascule complètement. Cela dit, ma priorité restait de sauver ma peau, je ne voulais pas mourir, j'étais trop jeune. Et Potter avait plus qu'intérêt à botter les fesses de Voldemort le plus rapidement possible pour que ce calvaire prenne immédiatement fin. C'était sans doute un souhait égoïste, mais en temps de guerre, c'était chacun pour soi, tous avaient un intérêt particulier à défendre sous couvert de l'intérêt général. Au fond, ceux qui se battaient apposaient leur pierre à l'ouvrage parce qu'ils voulaient que ça cesse, et que la fin arrivera plus rapidement si chacun y mettait du sien. Voilà tout.

Mon regard s'était perdu au loin, mes poings s'étaient crispés. J'avais vu sur son visage les différentes émotions qui s'étaient succédées en elle. On pouvait lire en Susan comme dans un livre ouvert, n'est pas Poufsouffle qui veut. Parfois, j'aurais voulu être comme elle, être capable d'exprimer mes émotions, paraître moins froide, voire même moins frigide. J'étais incapable de me laisser totalement aller, je devais garder le contrôle, en toutes circonstances. J'avais aussi un fort tempérament dominateur, et je refusais de me laisser abattre par de trop fortes émotions, de même que les passions démesurées me faisaient peur. Croyez-vous pourquoi toutes ces années j'avais nié mes sentiments pour Caïn, affirmant même que je ne l'aimais pas, qu'il n'était rien pour moi, si ce n'était qu'une distraction ? La vérité était tout autre et elle me terrifiait. Là encore, j'avais refusé de voir en face les faits. Je refusais de croire qu'ils étaient partis, ce n'était pas possible. Pourtant, j'avais réalisé l'ampleur de l'évènement en voyant leurs corps, et c'était cette dernière image qui allait me hanter jusqu'à la fin de mes jours : ce n'était certainement pas le dernier souvenir d'eux que j'aurais voulu avoir. Je revoyais mon père assis à la table de la cuisine, en train de lire son journal, ou ma mère enguirlander mon père à chaque fois qu'il faisait une bêtise. Je secouai la tête, comme pour chasser ces souvenirs qui pour l'instant me faisaient plus mal qu'autre chose. De mon pouce, j'essuyai furtivement une larme qui menaçait de s'échapper de mes yeux. Je me mordillai la lèvre inférieure, pour ne pas craquer. « Je te souhaite énormément de courage. Je n’aurais souhaité cette situation à personne, mais tu es tellement rusée que je suis sûre que tu t’en sortiras. Il y a des camps et…Enfin, tu m’auras comprise »  Je pinçai les lèvres en signe de réprobation. Du courage, j'allais très certainement en avoir besoin, ne serait-ce que pour m'occuper de tout ce qui était relatif à la succession. Revenir là bas, à Dartmouth, allait très probablement être pénible, mais un jour ou l'autre, j'allais devoir le faire, ne serait-ce que pour offrir à mes parents une sépulture digne de ce nom. J'étais rusée, oui, mais j'avais bien peur que la ruse ne suffise pas dans un moment pareil. J'étais extrêmement mauvaise en matière d'improvisation, or, dans la situation qui allait être la mienne, la moindre erreur pouvait être fatale. Je le savais, et cela suffisait à me glacer le sang. Cela dit, elle ne semblait pas avoir compris que je ne voulais pas me battre, ou quelque chose d'autre. Je n'avais pas l'intention de me joindre à un groupe de fuyards, ou que savais-je d'autre, tout ce que je voulais, c'était me planquer et me faire oublier jusqu'à la fin de la guerre, disparaître de la circulation. J'avais même pensé à me faire passer pour morte, mais je ne voulais pas infliger cette douleur à mes proches, en admettant qu'il y ait quelqu'un pour me pleurer. Au fond, j'appréhendais le moment où j'allais devoir quitter le Chaudron Baveur, mais je préférais mourir plutôt que de l'avouer. « Je suppose que tu voulais que je vienne pour parler de Chandler et non pas pour me raconter tes soucis.  Je veux que tu comprennes une bonne fois pour toutes que je ne lui veux aucun mal, que je ne joue pas avec lui, et que je suis une personne honnête. Je l’aiderai s’il y a un problème et les membres de…Mes amis l’aideront aussi, si je le leur demande. Ils me sont loyaux. » Je ne pus m'empêcher de laisser échapper un soupir exaspéré. Il n'y avait que les Poufsouffle pour croire que la loyauté existait encore. Malheureusement, je n'étais pas dupe, je savais que Susan s'entichait souvent du premier venu. Qui me disait que Chandler était le bon ?

Elle m'agaçait, prodigieusement. Elle avait vaguement évoqué l'Armée de Dumbledore – tout du moins, il m'avait semblé qu'elle allait le faire avant de s'interrompre – mais qu'y pouvaient-ils contre la méchanceté des Serpentard ? Que pouvaient-ils y faire alors que la salle commune des verts et argent leur était inaccessible ? Certes, je pouvais lui donner le mot de passe, au cas où, mais c'était risqué, c'était formellement interdit et l'élève qui par hasard se ferait attraper dans une autre salle commune que la sienne risquait de prendre cher – très cher. Ce qui m'ennuyait également, c'était de ne plus pouvoir exercer une mission de surveillance des élèves de Serpentard. Mon talent pour écouter aux portes m'avait permis de récolter des informations très précieuses, même si les autres avaient fini par penser que j'étais éventuellement une traîtresse et qu'ils évitaient de parler de tout ça en ma présence. J'inspirais à la fois le mépris et la méfiance, ils n'avaient pas confiance en moi, j'étais le loup dans la bergerie, et maintenant que je partais, ils n'avaient plus aucune raison de s'inquiéter et ils pourront comploter à leur guise. « Pourquoi devrais-je te croire ? » dis-je finalement, après un long silence, tout en tournant la tête vers elle pour examiner son profil. « Qu'est-ce qui te fait croire que Chandler est le bon, que tu vas t'arrêter de papillonner ça et là ? Qui te dit que Chandler n'est pas une passade ? » J'étais curieuse de savoir ce qu'elle ressentait exactement envers mon meilleur ami. J'avais besoin de m'assurer qu'elle n'irait pas voir ailleurs à la première occasion. Je ne voulais pas qu'elle lui fasse du mal. Je voulais préserver son innocence encore un peu avant qu'il ne connaisse les désillusions liées à l'amour – et tout ce qui allait avec. « Chandler est innocent. » finis-je par dire, sourcils froncés. « Il n'a pas besoin de souffrir à cause de tout ça. L'amour, ça fait bien trop mal, je parle en toute connaissance de cause. » Contrairement à mon ami, j'avais plongé là dedans bien trop tôt. J'étais encore jeune, j'avais quatorze ans, le destin prenait parfois un tournant très bizarre. Et même si dans un sens, je ne regrettais pas d'avoir connu Caïn, je regrettais cependant d'être allée trop vite. Qui sait, peut-être que si j'avais pris mon temps, les choses se seraient déroulées différemment ? On ne vivait pas avec des regrets. « Je...J'avais quatorze ans quand j'ai perdu ma virginité. » annonçai-je de but en blanc, tout aussi froidement que tout à l'heure. « Des fois, il m'arrive de regretter, parce qu'on n'est sans doute pas assez matures pour affronter certaines choses. Pourtant, je l'ai fait parce que j'en avais envie. Or, quelques mois plus tôt, je n'y pensais même pas. » Je me tus quelques instants, me perdant dans mes souvenirs. Tout me paraissait si loin à présent, à des années lumières. « Là où je veux en venir, Susan, c'est que Chandler n'est pas prêt pour ça. Il a un retard mental dont il faut prendre compte. Il n'est pas encore arrivé à un stade de son évolution où il pourrait s'intéresser aux filles. C'est pour ça qu'il ne comprend pas les signaux que tu sembles lui envoyer. Il ne voit pas les choses de cette façon. Et...tu ne dois pas le brusquer. Tu dois le laisser évoluer naturellement. Tout précipiter serait désastreux pour lui, sois en certaine. » J'ignorais si Susan était au courant de ce retard mental, mais à présent, elle savait, je l'avais mise en garde. « je veux juste le préserver, aussi longtemps que possible. » conclus-je d'un air sombre, le regard rivé au sol. Je ne pouvais décidément pas m'empêcher de surprotéger mon ami, mais n'étais-je pas dans le faux en agissant ainsi ? Je n'en savais rien, à dire vrai, je n'avais jamais remis en doute ma façon de faire, puisque j'étais persuadée d'agir correctement. Peut-être qu'au fond je ne faisais que satisfaire un désir égoïste, celui de laver mes propres regrets, par exemple.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeDim 17 Mar - 18:59

Tracey & Susan


    La voir garder ainsi son sang-froid alors qu’elle est prête à exploser me rappelle que je ne suis pas capable de gérer mes émotions comme elle le fait. J’ai eu du mal à me remettre de la mort de ma tante, j’ai même voulu faire une bêtise et me venger directement, ce qui m’aurait conduit à une mort certaine. J’étais incapable de faire face à des mangemorts, et je le suis certainement toujours. C’est pourquoi je m’entraîne dur avec les membres de l’AD, j’apprends à connaître mon potentiel magique, mais aussi ma puissance mentale. En sixième année, j’ai même voulu montrer aux autres que la nièce d’Amélia Bones était à craindre, mais j’ai vite abandonné cette idée alors que Crabbe et Goyle s’étaient amusés à me charrie, si Harry n’avait pas été là, je n’aurais pu me défendre, prise par surprise. Aujourd’hui, si c’était à refaire, je suis certaine que j’aurais pu faire face à ces deux idiots. Je ne suis pas prête d’arriver à la hauteur de ma tante mais j‘y approche petit à petit, et lorsque la guerre éclatera à Poudlard, je vais montrer à tout le monde ce que je vaux, je vais la venger et faire de mon possible pour rendre honneur à son nom et à sa réputation. J’aurais pensé que Tracey aurait voulu faire tout ça, c’est pourquoi cela m’étonne qu’elle ne revienne pas à Poudlard. Bien sûr, je comprends tout à fait que le château est désormais dangereux pour elle, mais l’extérieur l’est d’autant plus, surtout si elle n’a nulle part où aller. Là-bas, à Poudlard, on aurait peut-être pu l’aider. Même si ne nous sommes pas tous ouverts aux Serpentard, certains comprendront son besoin de vengeance - comme moi. Mais je n’ose pas le lui proposer, car sa décision a l’air d’être prise et que je n’ai pas envie de passer une fois de plus pour une imbécile, ce qu’elle se dirait certainement si je lui offrais mon aide. Alors je l’observe juste, admirant la volonté farouche qu’elle possède à masquer sa peine, même si je la vois sécher une larme. Ce petit geste m’émeut, je lui souhaite donc du courage, sincèrement, parce qu’elle le mérite, malgré tous nos différends, malgré qu’elle ne m’apprécie guère, malgré qu’elle ne m’est pas agréable du tout. Je vois que je l’agace, ça se ressent dans ses mimiques, et je me sens vaguement irritée par son manque de cordialité. Elle m’a conviée ici et pourtant elle rend l’instant difficile, parce qu’elle ne souhaite pas faire d’efforts. Je conçois qu’elle puisse être en colère, désespérée - qui ne l’est pas, par ces temps obscurs ? Nous avons tous quelque chose à perdre, et certains ont déjà perdu beaucoup. Comme nous deux. Pourtant, j’essaie de voir à travers l’épaisse couche de détresse qui repose en ce monde, j’essaie de percevoir les bonnes personnes parmi celles qui se nourrissent de l’accablement général. Elle, non. Elle devrait voir pourtant que je suis une personne sur qui on peut compter, malgré ma possible naïveté ou ma simplicité apparente. Mais elle ne le veut pas. Je reste à ses yeux cette idiote de Poufsouffle qui a osé s’approcher de son ami différent des autres. Ca m’exaspère et je lève les yeux au ciel quand elle soupire. « Pourquoi devrais-je te croire ? Qu'est-ce qui te fait croire que Chandler est le bon, que tu vas t'arrêter de papillonner ça et là ? Qui te dit que Chandler n'est pas une passade ? » Je souris dans le vide, ayant déjà entendu ces questions tant de fois. Je les connais par cœur. Je n’ai pas de réponses à lui offrir, j’ai déjà essayé de lui expliquer, et elle ne m’écoute pas. Elle a tellement peur pour son ami, elle a tellement été entouré de gens malhonnêtes qu’elle pense que tout le monde l’est, que tout le monde est capable de trahison. Je ne le suis pas. En tout cas, je ne m’en sens pas capable. Je ne sais pas si Chandler est le bon, mon cœur est plein d’incertitude - je sais juste que c’est le seul avec qui je ne fais pas semblant. C’est le seul que je vais voir sans me dire que je vais juste passer mon temps, oublier la guerre qui fait rage. Lorsque je vais le voir, c’est pour lui et pour lui seul. C’est pour le découvrir, et me découvrir moi-même, en quelque sorte. « Chandler est innocent. Il n'a pas besoin de souffrir à cause de tout ça. L'amour, ça fait bien trop mal, je parle en toute connaissance de cause. » Je hoche la tête, distraitement, d’accord avec elle. Je ne veux pas le faire souffrir. J’ai trop peur de souffrir moi-même. Je découvre quelque chose qui m’était inconnu et j’espère le lui faire connaître, même s’il paraît à côté de tout cela. Ca ne me dérange pas. Je ne suis pas pressée et, de toute façon, tout ça passe au second plan. Enfin, j’essaie de le faire passer au second plan, même si c’est difficile. Je ne veux pas effacer ce qui me fait avancer pour me concentrer sur la guerre ; et les petits instants passés avec Chandler me font avancer, ils me redonnent espoir. « Je...J'avais quatorze ans quand j'ai perdu ma virginité. » Elle me déclare cela abruptement et je lui jette un regard, étonnée par cette confession qui, selon moi, n’a rien à voir avec notre problème actuel. Me compare-t-elle à elle ? Essaie-t-elle de me faire comprendre que je suis une fille facile ou je ne sais quelle autre horreur ? Si elle savait… Je ne suis jamais passée à l’acte et je n’ai échangé que quelques baisers, des amours d’été. Je n’ai jamais rien vécu de sérieux parce que, lorsque je flirte, je m’amuse et les garçons avec qui je me permets de le faire le savent très bien. S’ils commencent à y croire, je leur avoue généralement que je ne suis qu’une joueuse, que je ne veux pas m’aventurer dans une relation. Sauf si le garçon me plaît vraiment… ce qui n’est jamais arrivé depuis Chandler, même si je suis encore indécise quant à la nature de mes sentiments. « Des fois, il m'arrive de regretter, parce qu'on n'est sans doute pas assez matures pour affronter certaines choses. Pourtant, je l'ai fait parce que j'en avais envie. Or, quelques mois plus tôt, je n'y pensais même pas. Là où je veux en venir, Susan, c'est que Chandler n'est pas prêt pour ça. Il a un retard mental dont il faut prendre compte. Il n'est pas encore arrivé à un stade de son évolution où il pourrait s'intéresser aux filles. C'est pour ça qu'il ne comprend pas les signaux que tu sembles lui envoyer. Il ne voit pas les choses de cette façon. Et...tu ne dois pas le brusquer. Tu dois le laisser évoluer naturellement. Tout précipiter serait désastreux pour lui, sois en certaine. » Je soupire, souriante quand même, comprenant finalement pourquoi elle me parle de tout ça, pourquoi elle ose me révéler une partie de son intimité - chose que, personnellement, j’ai beaucoup de mal à faire, même auprès de mes amis. Je ne la regarde pas, plongeant mon regard dans les poussières qui virevoltent sur le sol, essayant d’organiser mon argument, de trouver les mots justes pour qu’elle finisse enfin par voir en moi une personne sympathique et digne de confiance. « Franchement, Tracey, je ne risque pas de le brusquer. Je n’ai jamais sauté le pas avec les garçons, les baisers que j’ai échangés avec certains d’entre eux ne dépassent pas la dizaine et… Tu sais, ça ne m’intéresse pas plus que cela, surtout avec un garçon comme Chandler. C’est avant tout sa personne qui m’intrigue. Je te mentirais si je te disais que je ne le trouve pas attirant, mais ça passe au second plan. Je vois très bien qu’il n’est pas prêt, et ça me convient parfaitement. J’ai le temps. » Je secoue la tête, exaspérée qu’elle ait pu penser une seule seconde que j’allais le pousser à m’aimer, à devenir intime avec moi. Ca ne m’est même jamais passé par la tête. Pour moi, je suis encore jeune pour ce genre de choses. J’y ai bien sûr déjà pensé, mais je n’ai jamais trouvé personne digne de me faire découvrir ce monde. « Tu dis que je papillonne, mais c’est juste un jeu. Ils jouent avec moi. Ca ne va jamais plus loin. C’est n’est qu’une danse verbale, quelque chose qui nous met en confiance, qui nous fait rire. Jamais je n’ai cherché plus loin. Avec Chandler, je ne joue pas. Je flirte, oui, mais c’est du sérieux. J’espère, au fond, que ce sera avec moi qu’il finira par grandir totalement, même si c’est sûrement naïf de ma part. » J’inspire profondément, étonnée d’avoir autant parlé, de lui avoir confié le fond de ma pensée. Je décide de continuer. Après tout, si elle se fait gardienne du cœur de Chandler, autant qu’elle le sache. « Je ne dis pas qu’entre nous ça va marcher, c’en est loin en tout cas. On restera peut-être même amis. Dans tous les cas, néanmoins, je le protégerai comme tu l’aurais fait si tu revenais à Poudlard. Je ne sais pas encore comment faire pour le protéger de tout, mais j’y arriverai. » dis-je, la force de la conviction dans ma voix, les rouages de mon cerveau se mettant déjà en route pour essayer de trouver une solution à la barrière de la Salle Commune des Serpentard. Peut-être Tracey aura-t-elle la clé, peut-être finira-t-elle par voir clair en moi, par mettre entre mes mains la protection de Chandler. « Je veux juste le préserver, aussi longtemps que possible. » Je lève mon regard vers elle alors que le sien est plongé sur le sol et je pose ma main sur son épaule, instaurant un contact physique pour essayer de faire avancer les choses. « Moi aussi. Si je le pousse un peu, c’est gentiment, et s’il ne montre aucun signe d’intérêt, je me retire discrètement, restant l’amie dont il a besoin à Poudlard. Cesse de t’inquiéter ! » je conclus, élevant un peu la voix, l’irritation refaisant surface. « Je ne suis pas méchante ! Si je le blesse un jour, ce ne sera pas intentionnel, et je ferai de mon mieux pour réparer cela. Je suis humaine, après tout », je lâche son épaule que j’avais serrée plus fort que prévu, et dirige mon regard sur mes chaussures, attendant la sentence de Tracey. C’est vraiment une amie loyale, finalement, me dis-je à moi-même, un sourire narquois se dessinant subtilement sur mes lèvres.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeLun 18 Mar - 22:27

Dans le fond, je n'étais qu'une humaine. Comme tout le monde j'avais des peurs, des doutes, même si je ne le montrais pas forcément. J'étais tourmentée, j'étais constamment étreinte par l'angoisse et je passais mon temps à m'inquiéter pour les personnes qui étaient chères à mon cœur, même si je donnais l'apparence d'une fausse indifférence. Que Susan ne se méprenne pas, si je m'en allais, ce n'était pas dans la joie et la bonne humeur, loin de là. C'était précisément pour cette raison que j'essayais d'assurer mes arrières. Je ne pouvais pas m'effacer sans m'assurer que mes proches allaient bien. Que Chandler irait bien. Car il fallait dire, je ne laissais pas grand monde derrière moi, c'était pour cette raison que je n'avais aucun scrupule à prendre la fuite. Le seul pour qui je pourrais avoir des scrupules, c'était Chandler, et admettre que je n'étais plus capable de le protéger par moi-même revenait à m'avouer un échec. Mon orgueil souffrait d'avoir pris cette décision, toutes ces années, j'avais essayé de résister autant que faire se peut, mais l'assassinat de mes parents était l'électrochoc qui m'avait fait réaliser pas mal de choses. C'était au fond ce que j'aurais dû faire depuis bien longtemps, j'aurais dû partir en même temps que les autres et non pas m'obstiner à rester à Poudlard envers et contre tout, ne serait-ce que pour garder un souvenir positif de mes années à Poudlard, quoique ce souvenir était fortement écornées par les attaques injustifiées à mon égard et la mort de notre directeur l'année dernière. Quelque part, au fond de moi, je l'avais su qu'après la mort de Dumbledore, plus rien ne serait jamais pareil. Non pas que j'estimais le professeur McGonagall incapable de gérer l'école, mais elle n'avait pas pu empêcher les Carrow d'investir les lieux. Je lui en voulais parfois pour cela, mais je savais bien que ce n'était pas non plus de sa faute, après tout, elle aussi vieillissait, et elle n'était pas éternelle. A sa place, aurions-nous été capables d'en faire autant ? Non, certainement pas, parce que c'était écrit, les choses devaient se passer ainsi, même si je ne croyais pas au destin. Susan pouvait contester mon choix autant qu'elle voudrait, je ne reviendrai pas là dessus. Elle était prise, et irrévocable. J'allais partir avant que la situation ne dégénère complètement. Je voulais me sauver avant d'être véritablement prise au piège, avant de ne plus pouvoir le faire. Peut-être que pour elle cette fuite en avant serait un acte de lâcheté, mais là encore, je n'avais pas de comptes à lui rendre, j'étais encore libre de mes faits et gestes jusqu'à preuve du contraire, même si nous étions d'accord, cette liberté était toute relative.

J'étais d'un naturel méfiant, elle n'y pouvait rien, même si actuellement elle était en train de subir toute cette paranoïa que j'avais nourrie au fil des années. Il fallait dire que j'étais aussi une personne très exclusive qui n'aimait guère que l'on marchât sur ses plates-bandes, qu'on vienne me reprendre ce que j'avais si chèrement acquis. Susan se heurtait à mon côté au demeurant extrêmement possessif, elle avait beau s'échiner à montrer patte blanche, je la voyais quand même comme un danger potentiel, mais c'était peut-être ma peur irrationnelle d'être abandonnée, qu'elle prenne ma place pour de bon. Je n'étais pas désagréable par plaisir, qu'on se le dise, c'était un moyen comme un autre de me protéger, de défendre coûte que coûte ce qui me tenait à cœur, c'était une façon de prouver ma loyauté. Bien sûr que j'avais peur pour Chandler, je l'avais exprimé à voix haute tantôt, au point même de m'appuyer sur mon expérience personnelle pour étayer mes propos. Je ne voulais pas qu'il souffre autant que moi j'ai pu souffrir avec Caïn. C'était pour ça que je voyais les personnes volages d'un très mauvais œil. Au final, elle me faisait un peu penser à lui, en moins extrême cependant. Je ne voulais pas que Chandler vive avec la crainte qu'elle aille voir ailleurs, qu'elle finisse par se lasser. Parfois encore, je me disais que ma relation vieille de trois ans tenait du miracle, je me demandais comment une telle chose avait été possible. Je savais très bien que je n'étais pas de ces filles que l'on arborait fièrement à son bras, j'étais plutôt de celles que l'on cachait honteusement dans un placard parce qu'inévitablement, son entourage finirait par considérer que je ne suis pas assez bien pour lui. Plus je réfléchissais et plus je me disais qu'il n'était jamais allé quelque part avec moi, qu'il ne s'était jamais affiché non plus avec moi, comme s'il avait honte de moi. Je ne voulais pas que Susan reproduise le même schéma avec Chandler. Je ne voulais pas de cette situation pour mon ami. Il méritait tellement mieux. Et maintenant que j'avais dévoilé cette partie de moi, j'avais instantanément regretté. Et si elle me jugeait ? Et si elle pensait que c'était moi la fille facile, la salope de bas étage qui cache bien son jeu sous ses airs de sainte nitouche ? « Franchement, Tracey, je ne risque pas de le brusquer. Je n’ai jamais sauté le pas avec les garçons, les baisers que j’ai échangés avec certains d’entre eux ne dépassent pas la dizaine et… Tu sais, ça ne m’intéresse pas plus que cela, surtout avec un garçon comme Chandler. C’est avant tout sa personne qui m’intrigue. Je te mentirais si je te disais que je ne le trouve pas attirant, mais ça passe au second plan. Je vois très bien qu’il n’est pas prêt, et ça me convient parfaitement. J’ai le temps. »  Le fait qu'elle dévoile son innocence ne faisait que croître mon malaise. J'avais l'impression d'avoir tellement vécu, d'être vieille avant l'heure, c'était si loin cette époque, si loin. Je ne me souvenais même plus de ce qu'était ma vie avant Caïn. L'avantage, dans tout ça, c'était que Susan et Chandler avaient le même âge. Ma situation était différente parce que j'étais avec un garçon plus âgé, qui avait forcément d'autres besoins, de l'expérience, une façon autre d'envisager ces relations-là. J'avais dû suivre le mouvement en quelques sortes, m'adapter, me mettre au diapason même si cela impliquait de devoir évoluer plus vite que nécessaire. Si je regrettais tout ça ? Pas vraiment. À bien y réfléchir, avec le recul, si j'avais été avec quelqu'un de mon âge, je me serais ennuyée, j'avais toujours été plus mature que les autres et cette différence aurait forcément fini par se faire ressentir. Parfois, on me disait même que je ne faisais pas mon âge.« Tu dis que je papillonne, mais c’est juste un jeu. Ils jouent avec moi. Ca ne va jamais plus loin. C’est n’est qu’une danse verbale, quelque chose qui nous met en confiance, qui nous fait rire. Jamais je n’ai cherché plus loin. Avec Chandler, je ne joue pas. Je flirte, oui, mais c’est du sérieux. J’espère, au fond, que ce sera avec moi qu’il finira par grandir totalement, même si c’est sûrement naïf de ma part. » Au fond, Susan, ce n'était qu'une ado comme les autres. C'était moi l'adulte. Et plus je parlais avec elle, plus j'avais l'impression d'être passée à côté de mon adolescence. J'étais passée brutalement de l'état de fillette à l'état d'adulte sans transition, j'avais dû apprendre à me débrouiller seule, à faire mes propres armes parmi ces personnes qui ne m'acceptaient pas. Son comportement m'exaspérait, mais elle était normale dans le fond. C'était moi qui ne l'étais pas. Le plus triste, c'était sans doute que nous avions toutes les deux le même âge, mais la différence était saisissante. « Je ne dis pas qu’entre nous ça va marcher, c’en est loin en tout cas. On restera peut-être même amis. Dans tous les cas, néanmoins, je le protégerai comme tu l’aurais fait si tu revenais à Poudlard. Je ne sais pas encore comment faire pour le protéger de tout, mais j’y arriverai. »  Elle ne peut pas dire qu'elle le protégera comme moi j'ai pu le faire, simplement parce que je connaissais Chandler comme personne, ce n'était pas du tout la même relation. J'aimais Chandler comme un frère, c'était normal pour moi de le protéger, même si nous n'avions aucun lien de sang. Il était la famille que j'avais choisie. Et puis, elle n'était même pas de la même maison. Qui pourra le protéger contre les attaques des autres Serpentard ? Ce n'était certainement pas elle. Je m'ébrouai légèrement à son contact. Je n'aimais pas qu'on me touche. Je n'aimais pas cette proximité qu'elle essayait d'avoir avec moi. J'étais loin d'être tactile. Je n'étais pas très à l'aise avec tout ça.  « Je ne suis pas méchante ! Si je le blesse un jour, ce ne sera pas intentionnel, et je ferai de mon mieux pour réparer cela. Je suis humaine, après tout » Peut-être qu'au fond, c'était moi qui n'acceptais pas que Chandler grandissait. Je le connaissais depuis la première année, je l'avais connu alors que ce n'était encore qu'un gamin. Forcément, il grandissait, il évoluait, il mûrissait. C'était un jeune homme à présent.

J'étais sûrement trop égoïste, je l'empêchais sûrement de vivre. Peut-être même que je me montrais étouffante. Je me mordillai la lèvre inférieure. Je n'aimais pas Susan parce qu'elle me poussait à me remettre en question. D'ordinaire, j'étais tellement sûre de moi, persuadée d'être dans le vrai. Je n'avais peut-être pas bien agi en surprotégeant Chandler de la sorte. Je ne savais pas. Je ne savais plus. « J'ai parfois l'impression de mal agir avec lui. » confessai-je finalement, en passant une main dans mes cheveux qui commençaient à s'emmêler. « C'est vrai après tout, je ne suis pas sa mère, mais je ne peux pas m'empêcher de me comporter comme telle. C'est instinctif. C'est plus fort que moi. » Je n'irais pas jusqu'à dire que je serai une mère poule avec mes propres enfants, mais pourquoi pas après tout. Il était vrai que je maternais un peu trop Chandler, je devrais peut-être lui laisser le libre arbitre. Peut-être que j'étais tout simplement en train de retranscrire ma propre peur du monde extérieur à travers lui. C'était moi qui ne savais pas vivre. Je n'avais jamais réellement su profiter de ce que la vie m'offrait. C'était comme si je m'étais d'office interdit d'être heureuse. J'en étais tout bonnement incapable. « Je n'ai pas le droit de l'empêcher d'être heureux. » repris-je, en étouffant un rire nerveux, menaçant de pleurer à nouveau. Je me tournai finalement vers la Poufsouffle, pour la regarder droit dans les yeux. « Ce n'est pas du tout contre toi, Susan, mais sache que je n'ai jamais fait confiance à qui que ce soit. Je ne fais même pas confiance à l'homme que j'aime. Ça peut paraître ridicule, mais les choses sont ainsi. Je me méfie de tout et de tout le monde. Là d'où je viens, les gens sont mesquins et hypocrites. Ils sont sans aucune pitié. Ils n'hésitent pas à faire le mal pour leur propre plaisir. Je ne dis pas qu'ils sont tous comme ça, mais pour beaucoup ils sont des fils et filles de Mangemorts. Leur cruauté va bien au delà de celle qui peut exister entre des adolescents normaux. » Je me mis alors à repenser à ce que Joshua m'avait dit une fois. Sur le coup, je l'avais regardé de travers, mais il n'avait pas tout à fait tort sur ce point. « Je hais les Serpentard. » finis-je par dire, en étouffant le fou-rire nerveux qui m'avait saisi les côtes. « C'est idiot, hein, comment je pourrais les détester alors que j'en suis une ? C'est peut-être ça le nœud du problème, c'est sûrement que je déteste ce que je suis. » Je me mordillai à nouveau la lèvre inférieure, alors que des nouvelles larmes roulaient sur mes joues. J'étais pathétique. « Je les déteste, de tout mon être. Ils m'ont pourri l'existence ! Ils ont tué peu à peu tout ce que j'avais d'innocence. Je les déteste » Je ne m'étais jamais sentie à ma place parmi eux. D'ailleurs, ils m'ont rapidement fait comprendre que je n'étais pas des leurs. Sans doute trop indigne de faire partie de leur petit cercle d'enfants pourris-gâtés prédisposés à devenir des Mangemorts en puissance. Je savais depuis toujours que je ne marcherai jamais dans leurs pas, que j'étais différente. Moi aussi j'avais un rêve, j'avais des espoirs, des ambitions. Sauf que moi, je voulais oeuvrer pour le bien, marcher vers la lumière, peut-être même me battre pour la faire revenir. Et là se trouvait toute la différence.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeMar 26 Mar - 17:18

Tracey & Susan


    Le froid me mord les joues, et la période dans laquelle nous vivons me mord le cœur. Je me souviens les instants d’insouciance, les sourires en coin, les rires près du feu de cheminée, ma tante qui m’attendait sur le quai de la gare, les promenades dans le château la nuit, gloussant avec mes amis parce que nous faisions quelque chose d’interdit. La confiance pour le futur, le cœur léger, le cerveau vide de questions existentielles. Aujourd’hui, c’est tout le contraire, et ce n’est pas un environnement dans lequel j’aime vivre. Il m’est impossible de m’épanouir ainsi, et pourtant j’essaie. Je fais parfois semblant, ou il arrive que mon espoir me porte si haut que j’ai l’air d’être heureuse, comme si rien n’était en train d’arriver. Ce n’est pas le cas. Je me rends compte de cette méfiance qui s’est installée et qui me rend mal à l’aise : la preuve en est avec Tracey. Avant, sa méfiance était pour moi un jeu, une sorte de challenge, un défi à accomplir. Aujourd’hui, sa méfiance est froide, mordante - peut-être l’a-t-elle toujours été, oui, mais les circonstances ont changé et je réalise que les gens n’ont plus confiance en l’humanité. Je m’accroche, pour ma part. Je sais qu’il y a de belles personnes en ce monde, des personnes prêtes à se battre pour ce qui est juste et à venger des victimes telles que Tracey. Je ne sais pas si elle va décider de se battre, ou non. Ce que je sais au plus profond de mon cœur, c’est que moi je vais le faire, même si j’en perds la vie - et me dire ça me fait flipper, vraiment, et pourtant je m’y suis résignée. Je tiens à notre monde mais il a été pourri et je veux essayer de changer les choses, accompagnée de ceux qui ont la même ambition que moi. Je suis certaine que ma tante aurait été fière de moi, malgré ce que certains semblent insinuer ; surtout ces connards de Serpentards. Pourtant, je n’arrive pas à la détester tous. Je me dis que certains sont forcés, que leur situation les empêche d’être la personne qu’ils voudraient être. Et puis je pense à Chandler, voire à Tracey, même si avec un peu plus de mal, et je sais que tous les serpents ne sont pas venimeux. J’aimerai tellement que l’école devienne un havre de paix, sans discrimination, sans différence entre les maisons - et ça n’arrivera seulement que si cette égalité se met en place dans le gouvernement lui-même, dans le monde sorcier en général. Mais c’est tellement difficile de passer au-delà des préjugés, et Tracey en est la preuve vivante. J’ai eu du mal, pour ma part, à la considérer comme une personne de confiance, mais j’ai suivi le raisonnement de Chandler. Elle, néanmoins, n’arrive pas à voir en moi autre chose qu’une Poufsouffle dégénérée et écervelée, et ça me met hors de moi. Pourtant, je n’arrive pas à être sincèrement en colère, surtout lorsqu’elle me confie ses propres erreurs, ses regrets. Après tout, elle est comme nous toutes, même si elle a vécu les choses différemment. Je ne la juge pas et j’éprouve même du respect pour elle : respect parce qu’elle arrive à mettre des mots sur ce genre de choses, respect parce qu’elle me le dit alors qu’elle ne m’apprécie guère, respect parce que son amitié pour Chandler se ressent à des kilomètres. Je suis presque jalouse parce que je sais que c’est réciproque, et qu’il doit certainement la vénérer. Je n’arriverai jamais à sa hauteur, mais j’essaierai de toutes mes forces de faire ce qu’elle a fait ces dernières années : protéger Chandler des autres, de la méchanceté ambiante. Je m’avoue un peu amère à l’idée que Tracey parte comme ça, il m’est difficile de me raisonner même si je comprends parfaitement ses raisons… Néanmoins, je ne pourrais pas être présente comme elle l’était, malgré les efforts que je vais fournir, et je prends un peu cela comme une trahison. Mais, d’un autre côté, je suis heureuse d’avoir la chance de lui prouver que je suis digne de la confiance qu’elle m’apporte, même si peut-être inconsciemment. « J'ai parfois l'impression de mal agir avec lui. C'est vrai après tout, je ne suis pas sa mère, mais je ne peux pas m'empêcher de me comporter comme telle. C'est instinctif. C'est plus fort que moi. » Je souris discrètement, un peu amusée par cette confession, même si je remarque son désarroi. Je ne peux pourtant pas m’empêcher de l’imaginer sur-protectrice, et c’est assez amusant en soi. J’avoue que je suis quelque peu pareil : lorsque j’apprécie une personne, je me sens obligée de le lui montrer comme je le peux, même si cela se résulte en quelque chose d’assez emmerdant pour l’autre. Mais je me soigne. Hannah est un bon coach. Elle est la reine de l’indifférence, elle sait très bien la jouer et essaie de me l’apprendre. Ca nous amuse même si, aujourd’hui, il est absolument impossible de feindre l’indifférence, peu importe la situation. « Je n'ai pas le droit de l'empêcher d'être heureux. » Elle me regarde droit dans les yeux et ce contact me gêne un peu, surtout que ses pupilles sont brillantes, signe évident de son émotion. J’essaie de garder mes yeux dans les siens, mais je ne peux m’empêcher de dévier mon regard de quelques centimètres, mal à l’aise. Son regard est fier, profond, adulte. Je réalise qu’elle est bien plus mature que moi, qu’elle a vécu des choses que je n’aurais jamais souhaitées vivre, qu’elle a une longueur d’avance sur moi. Je ne pense pas que ce soit bien, nous n’avons que dix-sept ans, et je la plains sincèrement. J’aurais tellement aimé l’inclure dans mon cercle d’amis, j’aurais tellement aimé former une sorte de trio étrange avec elle et Chandler mais elle ne m’en a pas donné l’occasion et je crois que cela aurait été de toute façon impossible. Je fixe de nouveau mon regard dans le sien lorsqu’elle commence à me parler, essayant de supporter le poids de ses révélations, essayant de lui montrer que je suis forte, moi aussi. « Ce n'est pas du tout contre toi, Susan, mais sache que je n'ai jamais fait confiance à qui que ce soit. Je ne fais même pas confiance à l'homme que j'aime. Ça peut paraître ridicule, mais les choses sont ainsi. Je me méfie de tout et de tout le monde. Là d'où je viens, les gens sont mesquins et hypocrites. Ils sont sans aucune pitié. Ils n'hésitent pas à faire le mal pour leur propre plaisir. Je ne dis pas qu'ils sont tous comme ça, mais pour beaucoup ils sont des fils et filles de Mangemorts. Leur cruauté va bien au delà de celle qui peut exister entre des adolescents normaux. » Je déglutis, imaginant très bien la situation, et je me dis que la vie à Poudlard n’est absolument pas la même pour tout le monde. C’est tellement injuste que les larmes me montent aux yeux et je détourne vivement le regard, d’autant plus gênée que je voulais montrer ma force mais que ce soit ma faiblesse qui s’affiche à sa place. Lorsque j’étais plus jeune, nous évitions les Serpentard comme la peste, et tout le monde trouvait cela normal. Pourquoi ont-ils toujours été exclus ? Pourquoi personne n’a jamais essayé de les approcher, de les comprendre - voire de les aider ? Maintenant que je grandis et que je suis confrontée à des personnes ayant vécu parmi les verts et argents, je me rends compte de l’horreur de la chose et de voir que personne n’a rien fait. J’espère sincèrement que tout changera après la guerre, mais est-ce que le monde ne sera-t-il pas encore plus cruel avec les Serpentard ? « Je hais les Serpentard. » Elle menace de rire et je lui jette un regard, un peu sidérée. « C'est idiot, hein, comment je pourrais les détester alors que j'en suis une ? C'est peut-être ça le nœud du problème, c'est sûrement que je déteste ce que je suis. Je les déteste, de tout mon être. Ils m'ont pourri l'existence ! Ils ont tué peu à peu tout ce que j'avais d'innocence. Je les déteste. » Quelques larmes dévalent ses joues et je fuis ce spectacle, gênée et pourtant presque honorée de la voir ainsi. Elle se laisse aller. C’est peut-être naïf mais n’est-ce pas là une preuve d’une début de confiance ? Je ne sais pas si elle ressent la honte ou la gêne de se montrer comme ça devant moi mais je suis fière de voir qu’elle ne garde pas son masque froid et terrifiant. Sa main est près de la mienne alors je la pose sur la sienne, un peu incertaine. Dans mon cercle d’amis, nous adorons les contacts physiques, nous en avons même besoin. J’ai adoré les bras des amis qui me supportaient alors que je pleurais la mort de ma tante et j’espère, au fond, que la chaleur de ma main réchauffe, au moins un tout petit peu, le cœur de cette jeune femme désabusée qui a grandi trop vite à cause du monde dans lequel elle a été plongée. « Je suis désolée », dis-je finalement, le regard perdu au loin, trouvant cela plus facile de laisser couler les mots alors que je ne la regarde pas. Sa faiblesse me comprime le cœur et je trouve cela trop difficile de la regarder en face et de l’affronter. « Tu les détestes eux, mais est-ce que tu détestes la maison en elle-même, les qualités qu’elle requiert ? Je t’avoue que je considérais l’ambition comme de la malhonnêteté ou de la cruauté lorsque j’étais plus jeune mais, aujourd’hui, les plus matures savent que la maison Serpentard est tout à fait honorable. Il est malheureux que la plupart des gens qui la fréquentent ne le soient pas, c’est certain. Mais tu n’es pas comme ça, je le sais », dis-je, ma loyauté envers Chandler faisant surface, et je fais totalement confiance en son jugement. « Tu les détestes eux, mais pourquoi te détester toi-même ? Il est vrai que tu n’es pas très… hum, commode », dis-je rapidement, me mordant la lèvre, « mais Chandler voit en toi quelqu'un d’exceptionnel alors c’est que tu l’es. Il faudrait juste apprendre à faire confiance. A t’ouvrir à ceux qui le méritent, comme tu l’as fait avec Chandler. Il n’est tout de même pas le seul à mériter ta confiance ? » je rajoute, souriant, étant sûre qu’il y a au moins une autre personne en ce bas monde capable d’aider Tracey et de la faire éclore et briller. Je ne pense pas à moi, même si je me sens capable d’être son amie et de porter avec elle ses poids. Je dois juste apprendre, moi aussi. Apprendre à la regarder dans les yeux, par exemple, ce serait un bon début. Je lève mon regard vers elle et tente de nouveau un petit sourire. [color=tan]« Tu sais, nous allons la gagner cette guerre »[color], je confie farouchement, sûre de moi. Je suis presque prête à lever le poing mais ce serait de trop, je crois. « Et tout changera. On va reconstruire ce monde, reconstruire la vision des sorciers, et nos enfants pourront grandir dans un univers où les Serpentard seront seulement des personnes ambitieuses et charismatiques, où ce sera une fierté pour tout le monde d’être dans cette maison, ou dans une autre. J’y crois sincèrement. Ce sont juste les gens qui clochent. Une fois débarrassés d’eux… » Je me tais, me rendant compte de la haine qui anime mes propos, réalisant que j’ai développé un besoin de destruction pour tout faire renaître. Je n’avais jamais imaginé que je sois capable d’une telle source de colère, et pourtant je la sens couler dans mes veines, impitoyable. « Chandler sera en sécurité avec moi et mes amis », dis-je finalement, subitement, toujours choquée par cette montée d’adrénaline en moi, d’une force bien plus supérieure à celle que j’avais ressentie après la mort de ma tante, bien plus triste et désespérée que haineuse. « Le jaune va devenir sa couleur préférée », je tente un sourire en coin, un peu d’humour, qui résonne dans cet endroit si triste et vide.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeJeu 28 Mar - 15:02

Je n'avais pas l'habitude d'ouvrir mon cœur, encore moins à une inconnue. Pourtant, je ressentais le besoin de le faire, de parler, de mettre des mots sur toutes ces choses douloureuses que je ressentais depuis plusieurs jours déjà. Il s'avérait que j'étais incapable de tout garder pour moi une fois encore, que j'avais besoin de libérer ma haine, ma colère, la rancoeur que j'avais accumulées depuis plusieurs années maintenant. J'avais mal, j'avais l'impression que mon cœur enflait dans ma poitrine, sans discontinuer. Jusqu'alors, je n'avais même pas conscience que cet organe existait pourtant, tant j'avais l'habitude de tout prendre sur moi, d'encaisser bravement sans jamais rechigner. J'avais appris au fil du temps à prendre de la distance par rapport à tout ça, à me blinder, à me fermer complètement, si bien que pour me comprendre, pour deviner qui j'étais, il fallait creuser pendant longtemps. Là bas, c'était marche ou crève, et j'avais préféré me mettre au pas plutôt que de me laisser bouffer par les prédateurs qui rôdaient tout autour, attendant de faire de moi qu'une bouchée. Malgré tout, il y avait quelque chose sous cette carapace, c'était comme les glaciers en Islande, sous lesquels des torrents de roches en fusion se déversaient. Le feu sous la glace. Je bouillonnais au fond, je démarrais au quart de tour, j'étais malgré tout passionnée et je prenais toujours tout très à cœur, trop peut-être. Et maintenant que les larmes menaçaient de rouler sur mes joues encore, je ne me sentais même plus capable de les retenir, j'étais condamnée à les verser, de toute manière, ce n'était pas bien différent de d'habitude, j'avais l'impression que pleurer était comme une seconde nature ces temps-ci. À tout bien réfléchir, je n'avais jamais versé autant de larmes qu'à partir du moment où j'avais trompé Caïn jusqu'à la mort prématurée de mes parents, ce qui représentait quand même une longue période. J'avais ainsi découvert une nouvelle activité, qui était celle de se lamenter sur son sort, ce que je ne faisais d'ordinaire jamais. Pourtant, j'en avais des regrets, parfois même des remords, je me sentais coupable à propos de tant de choses que toute une vie ne suffirait jamais à purger ma peine. Je dirais presque que mon âme était damnée, mais pour cela, encore fallait-il en avoir une, d'âme. J'étais tout simplement éreintée, fatiguée, désabusée, le temps tuait mes illusions une par une et me plongeait dans de sombres abysses, lentement, je sentais que je perdais pied. Alors peut-être que j'avais perdu toute foi en l'humanité, mais comment pourrais-je la garder si tout foutait le camp autour de moi, si chaque jour la nature humaine me dégoûtait un peu plus ? Comment quelqu'un pouvait-il oser tuer une moldue sans défense et se regarder dans le miroir ensuite ? À l'heure actuelle, j'espérais que celui qui avait tué ma mère était en train de s'en mordre les doigts, et que le visage de Miranda Davis reviendrait le hanter dans son sommeil jusqu'à la fin des temps.

Sans doute avais-je peur d'un tas de choses, peut-être même de vivre. Il fut un temps où j'avais peur de tout, même de mon nombre. J'étais terrifiée à l'idée de lâcher la bride, de laisser du mou, d'accepter que je ne pouvais pas avoir la mainmise sur tout. Je n'avais même pas foi en l'amour, en l'amitié, qui était pourtant des valeurs intangibles. Et pour peu que j'ai pu ressentir quelque chose de fort pour quelqu'un, la déception qui en découlait n'en était que plus grande. J'avais voulu éviter toute cette souffrance, mais je n'avais pas pu y échapper indéfiniment. Aujourd'hui, j'étais au pied du mur et il me fallait faire un choix. Ce n'était pas plaisant, mais je ne pouvais pas passer entre les mailles du filet. Ce choix impliquait notamment de devoir abandonner certaines personnes à qui je tenais plus que tout. À l'heure actuelle, je ne savais même pas si continuer à fréquenter Caïn était réellement une bonne idée. Je ne voulais pas qu'il tombe dans le collimateur de mes ennemis, je voulais le préserver de tout ça, quitte à être contrainte de le mettre à l'écart. Je ne voulais pas me dire que je pouvais possiblement échouer, que tous ces sacrifices n'auront, au final, servi à rien, je ne voulais pas me dire que tout ce que je craignais allait finir par arriver. C'était comme mourir, c'était inéluctable, surtout en temps de guerre, mais j'avais dans l'esprit qu'il valait mieux prévenir que guérir et j'avais toujours été très prévoyante. Si je répugnais tant à passer la main s'agissant de la protection de Chandler, c'était aussi parce que mon orgueil ne le tolérait pas, parce que ce serait admettre que j'avais échoué. J'étais malheureusement dotée d'une fierté démesurée, et Susan en payait les frais. L'inconvénient de cette fierté, c'est que j'en étais devenue intransigeante à la fois envers moi-même et envers les autres. C'était cette même fierté qui m'avait empêchée de me mettre à pleurer devant elle, et pourtant, je n'avais pas pu me retenir plus longtemps, dans un sursaut hystérique, j'avais craqué, fléchissant sous le poids de tous les sentiments que j'avais accumulés ces dernières semaines, c'était vraisemblablement trop pour moi. Je sursautai légèrement lorsqu'elle posa sa main sur la mienne. Encore une fois, j'étais tentée de la retirer, n'appréciant guère les contacts, mais après tout, moi aussi j'avais besoin de chaleur humaine, surtout par les temps qui couraient. « Je suis désolée » Elle ne pouvait pas s'imaginer à quel point je pouvais être désolée moi aussi. Pourtant, je n'avais pas besoin de sa pitié, de sa compassion. D'ailleurs, elle ne me regardait plus. Mon chagrin, mon affliction étaient-ils aussi pénibles à regarder en face ?  « Tu les détestes eux, mais est-ce que tu détestes la maison en elle-même, les qualités qu’elle requiert ? [...]Tu les détestes eux, mais pourquoi te détester toi-même ? Il est vrai que tu n’es pas très… hum, commode mais Chandler voit en toi quelqu'un d’exceptionnel alors c’est que tu l’es. Il faudrait juste apprendre à faire confiance. A t’ouvrir à ceux qui le méritent, comme tu l’as fait avec Chandler. Il n’est tout de même pas le seul à mériter ta confiance ? » J'étais quelqu'un d'exceptionnel...Susan n'était pas la première à me le dire. Joshua l'avait sous entendu la dernière fois. Tout comme Ollivander l'avait dit le jour où j'étais allée acheter ma baguette ici même, alors que je n'étais qu'une petite fille. Il avait été étonné de voir que le sureau m'avait choisie, avant de me révéler que c'était non seulement un bois très rare, mais aussi que très peu de sorciers étaient aptes à posséder une telle baguette, car elles étaient très difficiles à maîtriser. Avec un sourire malicieux, le vieil homme avait rajouté que les détenteurs du sureau étaient amenés à avoir un destin hors du commun. Joshua, lui, pensait que ma maison allait participer à ma grandeur future. Pourtant, je n'avais jamais été une sorcière de grand talent, quelques fois je me sentais même tellement médiocre, comment je pourrais connaître un destin d'exception alors qu'en ce moment précis, je me sentais tellement pitoyable, tellement misérable ? Malgré tout je ne pouvais m'empêcher d'être sceptique, je n'y croyais simplement pas. « Tu sais, nous allons la gagner cette guerre  Et tout changera. On va reconstruire ce monde, reconstruire la vision des sorciers, et nos enfants pourront grandir dans un univers où les Serpentard seront seulement des personnes ambitieuses et charismatiques, où ce sera une fierté pour tout le monde d’être dans cette maison, ou dans une autre. J’y crois sincèrement. Ce sont juste les gens qui clochent. Une fois débarrassés d’eux… »  Au moins, elle y croyait, c'était en cela qu'elle avait du mérite. Moi, je n'y croyais plus. Pourtant, je voulais moi aussi ce monde de paix, où l'ascendance ne ferait pas la qualité du sorcier, où chacun aurait du potentiel peu important sa maison d'appartenance et la pureté de son sang. Je n'avais même pas le courage de me battre, j'avais perdu trop de plumes, le prochain coup risquait de m'être fatal. « Chandler sera en sécurité avec moi et mes amis. Le jaune va devenir sa couleur préférée » Je ne pus m'empêcher d'émettre un faible sourire. « N'y compte pas trop. » fanfaronnai-je en retour, me mordillant la lèvre inférieure pour m'empêcher de sourire un peu trop fort. « Mais j'avoue que des fois un petit rayon de soleil ne fait pas de mal, dans toute cette grisaille. » Je m'appuyai finalement contre le mur, toisant le ciel de mon regard sombre. En ce moment, j'aurais tout donné pour pouvoir ressentir certaines émotions, n'importe quoi qui puisse me prouver que j'étais bien vivante et non pas morte de l'intérieur comme je pouvais le penser. Finalement, je baissai le menton, pour regarder le sol, ces pavés que peu de personnes avaient foulé ces jours-ci. « Tu ferais-ça pour moi ? » demandai-je finalement, en la regardant des yeux. La donne avait changé. Ce n'était pas pour Chandler que je lui demandais cette faveur, mais bel et bien pour moi, pour que je puisse partir sans regrets. Bien sûr qu'elle m'avait déjà affirmé qu'elle le ferait, mais j'avais besoin de l'entendre dire, une fois encore. Je voulais qu'elle me le promette, parce que pour moi, ça comptait beaucoup. « Ce n'est pas pour lui que je te demande ça, mais pour moi. » crus-je bon d'insister. Je savais qu'elle le ferait pour lui, mais pour moi ? Rien n'était moins sûr. « Est-ce que je peux te faire confiance ? J'ai besoin que tu me le promettes. » J'en faisais peut-être un peu trop, mais à force elle devait avoir saisi à quel point ça pouvait être important pour moi. Ce n'était tout de même pas au point de la soumettre à un serment inviolable, mais j'avais besoin qu'elle me donne sa parole, de savoir qu'elle ne me trahirait pas quoiqu'il arrive. Je voulais pouvoir compter sur elle, en toute circonstance ou presque. En temps de guerre, former des alliances pouvait s'avérer stratégique, voire essentiel. En faisant cavalier seul, on ne s'en sortait simplement pas.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeVen 29 Mar - 13:06

Tracey & Susan


    Je ne sais absolument pas comment la tristesse que j'éprouvais à la mort de ma tante s'est transformée en une colère si profonde que je la ressens comme si elle me brûlait les veines. Je ne sais pas comment je trouve la force de me battre alors que je suis d'ordinaire quelqu'un d'assez froussard, toujours à chercher les solutions les plus pacifiques avant de passer à l'attaque, s'il le faut réellement. Peut-être me suis-je résignée. Peut-être que j'ai grandi et que je comprends dorénavant que, parfois, il faut attaquer. J'aimerai le faire tout de suite, j'aimerai que tout soit arrangé avant la fin de l'année scolaire afin que nous puissions tous vivre quelques instants d'insouciance au château... Mais je sais que nous n'en sommes pas capable, pas pour l'instant. Je sais qu'on attend quelque chose de Harry - mais quoi ? C'est assez frustrant d'avancer dans le vide, de ne pas savoir ce qui se trame là, dehors. On sait juste qu'il est vivant, qu'il n'est pas seul. C'est le principal. Et de mon côté, j'avance. Je m'entraîne et je m'améliore. Je n'ai pas l'impression que j'arriverai à la hauteur des mangemorts un jour, mais je me rassure en me disant qu'ils sont trop obnubilés par leur volonté de gagner qu'ils en oublieront que les petits blaireaux peuvent être futés. Je me sens bouillonnante de l'intérieur, mais je garde patience ; et là repose mon avantage. Mon esprit n'est pas perdu, pas encore, et j'essaie de rester calme, de réfléchir rationnellement, de ne pas me laisser aller à la passion dévorante de la colère ou de la misère... ce que Tracey subit en ce moment. Je la plains tellement mais j'ai aussi envie de la secouer, chose dont je suis incapable - parce que, même si je le fais, elle est tellement perdue dans cette abyme de désespoir qu'il me serait impossible de l'y en sortir seule. Ses peines sont trop lourdes à porter pour une personne comme moi - même si j'ai honte de l'avouer, j'ai gardé en moi cette naïveté totalement Poufsouffle, ce regard positif sur le monde, et je ne pense sincèrement pas qu'elle ait besoin de mes mièvreries pour l’heure. Ca peut aider certaines personnes, mais je suis certaine que ça ferait plutôt rire Tracey qu'autre chose. Alors je ne peux que lui parler de ma confiance dans l'avenir, dans le dénouement de cette guerre, peut-être que ma conviction lui donnera envie de se battre, de chercher elle aussi à changer les choses. Je me doute qu'elle a peur, mais moi aussi. La peur me tord les entrailles à chaque fois que je pense au destin qui approche, elle me susurre à l'oreille des horreurs inimaginables, elle me conte des histoires terrifiantes, elle m'insuffle des cauchemars qui m'empêchent de m'endormir à nouveau, la tête emplie d'images sanglantes et de ma mort inscrite noire sur blanc sur la liste de la faucheuse. Pourtant, les jours que je vis en compagnie des gens que j'aime, les petits instants mémorables qui arrivent à m'arracher un rire, les regards complices en cours, Chandler, aussi. Toutes ces petites choses me donnent le courage d'affronter mes peurs les plus présentes, je me sens même parfois l'âme d'une Gryffondor, épée à la main, face à une armée de monstres. Peut-être que Tracey manque de ce courage que donnent les moments heureux... peut-être manque-t-elle tout simplement de moments heureux. La fuite l'emmènera à vivre un stress permanent, elle devra toujours regarder derrière elle et faire en même temps attention où elle met les pieds. Ca me terrifie pour elle et je me rends compte que l'instant où elle pourra de nouveau vivre paisiblement des instants insouciants et joyeux se trouve bien trop loin pour que je puisse l'apercevoir ; même si je sais qu'il arrivera et qu'on se reverra, soulagées, elle parce que Chandler va bien et que j'ai tenu parole, moi parce qu'elle sera vivante, plus légère peut-être. Imaginer ce genre de scène contre celles que m'envoient la peur me donne aussi du courage. Les rêves sont tellement importants, et je suis une grande rêveuse. Ca aide beaucoup. J'imagine aussi mes retrouvailles avec Chandler, là, quand je vais rentrer au château. Je me demande si je dois lui parler de cette entrevue. Ne se sentira-t-il pas l'âme d'un être chétif, ou sera-t-il au contraire honoré de la loyauté que lui porte Tracey ? Je crois que je me sentirais aimée si jamais deux personnes que j'apprécie discutaient de ma sécurité entre elles. Je souris un petit peu en imaginant Tracey en maman poule, confiant son enfant à une jeune baby-sitter, moi. Je lui dis, peut-être pour changer un peu l'esprit de cette conversation, que Chandler va adorer le jaune et je suis fière de la voir sourire – faiblement, certes, mais c'est un début. J'ai toujours aimé faire sourire les gens. Lorsque j'étais plus jeune, je considérais mon rôle de Poufsouffle comme étant celui d'un soleil : je portais la couleur jaune alors je me devais d'éblouir les gens et de les faire sourire à la vue de cette éclaircie. Je n'ai pas vraiment perdu cette habitude. « N'y compte pas trop. Mais j'avoue que des fois un petit rayon de soleil ne fait pas de mal, dans toute cette grisaille. » Je lui souris vivement, heureuse qu'elle ait utilisé cette métaphore pour parler de Poufsouffle, totalement d'accord avec elle. Elle s'appuie contre le mur et je la regarde lever les yeux au ciel. Je fais de même, espérant y voir ce petit rayon de soleil dont elle parlait auparavant, mais seule l'obscurité accueillit mon regard. Je lui fis un petit sourire, peut-être que l'apprécier rendra les choses plus faciles. Peut-être que s'accoutumer à cette noirceur permanente affaiblira nos peurs, accentuées par la pénombre. « Tu ferais-ça pour moi ? » Je la regarde, croisant son regard profond, sachant bien entendu de quoi elle veut parler. Son besoin d'être rassurée me touche sincèrement et je vois finalement qu'elle compte sur moi. A-t-on déjà compté sur moi pour quelque chose d'aussi important ? Je ne crois pas. Ca fait un peu peur, je veux être à la hauteur ; mais ça me donne un but. Je hoche la tête à son égard, confirmant que, oui, je vais le faire. Bien sûr que oui. « Ce n'est pas pour lui que je te demande ça, mais pour moi. Est-ce que je peux te faire confiance ? J'ai besoin que tu me le promettes. » Je la regarde, surprise, je ne m'attendais pas à ce qu'elle aille jusqu'à ce que je doive lui promette. J'avais pensé, c'est vrai, qu'elle serait peut-être trop fière pour admettre qu'elle avait besoin d'une promesse. Néanmoins, à mesure que la conversation avançait, qu'elle s'ouvrait à moi, j'ai aperçu une personne fragile – fragilisée par ce qui lui est arrivée. Je lui souris. « A ton avis, pourquoi est-ce que j'ai toujours essayé de t'approcher, malgré tes remarques désobligeantes et ton manque évident de confiance en moi ? Tu m'intriguais. Je voulais apprendre à te connaître, et je le souhaites toujours. Alors oui, je le ferais pour toi. » Je la regarde, sérieusement, mon sourire effacé par l'apparence solennelle de cet instant. « Tu peux me faire confiance, je te le promets. » Le fait de le dire à voix haute change toute la donne, je suis maintenant liée à Tracey par cette promesse et je sais qu'elle prend ça très au sérieux. Ca tombe bien, moi aussi. D'ailleurs, une idée vient de me traverser l'esprit... « Je suis même capable de faire un serment sorcier pour te prouver mon honnêteté », dis-je, comprenant absolument ce que ça implique, les conséquences désastreuses qui se manifesteraient si jamais je trahis mon serment. Je suis quand même prête à le prendre, parce que, et c'est peut-être idiot, je tiens vraiment à lui montrer que je suis quelqu'un de bien.


Dernière édition par Susan Bones le Sam 20 Avr - 17:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeDim 7 Avr - 11:58

Etait-il possible de rattraper le temps perdu ? A présent, j'en doutais, parce que le temps avait été stupidement gaspillé, mâtiné d'orgueil et d'a priori mal placés. Si je regrettais mon attitude envers Susan ? Pas vraiment, je n'étais pas du genre à retourner ma veste aussi facilement, même si j'essayais maintenant de me racheter. Je ne savais pas si les pots cassés pourront être correctement réparés, mais je ne voulais pas qu'elle parte avec une image négative de moi. Je ne voulais pas laisser le souvenir d'une pimbêche acariâtre et étouffante, méprisante et méprisable, parce que dans le fond, tout dans le fond, moi aussi j'avais un cœur, et c'était précisément ce même cœur qui me faisait mal depuis des semaines. J'avais le besoin de savoir que je pouvais lui faire confiance. C'était irrationnel. Susan n'était même pas mon amie, je ne l'avais jamais laissée accéder à un tel statut, alors pourquoi maintenant ? Simplement parce que les temps changent, les personnes aussi, et les évènements me forçaient à m'adoucir, à me rendre plus accessible. Peu de personnes avaient eu l'occasion d'apercevoir cet aspect si fragile, si vulnérable de ma personnalité, Susan était pour ainsi dire une privilégiée. En l'attendant ici, avant même qu'elle n'arrive, je n'avais certainement pas eu l'intention de lui offrir cette place de privilégiée, pourtant, tout s'est enchaîné, j'ai dévoilé une partie du chagrin qui me rongeait de l'intérieur, je m'étais mise à nu et je n'aimais pas ça. J'aurais tellement voulu garder mon masque de froideur, bien en place et impénétrable, mais c'était impossible, je m'étais laissée submerger par un flot d'émotions trop fortes, le masque s'était fissuré. Je détestais me sentir dans cet état, j'aurais voulu rester forte, mais en réalité, je n'étais qu'un oisillon tout juste sorti du nid. Pire encore, j'avais été jetée de ce nid par la force, avec perte et fracas, il ne restait presque plus rien de ma vie d'avant, plus rien. Au fond, je craignais d'être abandonnée de tous, voilà pourquoi je ressentais désespérément le besoin de me raccrocher à quiconque voulant me tendre la main. J'étais quelqu'un qui avait besoin de repères, de stabilité, de sécurité. Poudlard ne pouvait plus m'offrir ces trois éléments, l'air y étant devenu tout bonnement irrespirable depuis quelques temps. J'avais conscience que ma future vie de fugitive n'allait pas davantage changer les choses, que j'allais être confrontée au danger permanent, que je ne pourrai plus faire confiance à personne, mais c'était la seule solution qui me semblait viable, en attendant des jours meilleurs. J'avais dans l'idée de me planquer jusqu'à la fin de la guerre, mais d'un côté, mon cœur meurtri par ces disparitions brutales réclamait vengeance et m'intimer d'oeuvrer un peu plus dans cette guerre afin de peut-être ramener la paix.

Depuis le début, je savais que j'étais de ces personnes qui n'étaient pas vouées à rester innocentes et insouciantes trop longtemps, j'avais grandi trop vite, cela m'avait endurci le caractère. Des instants de bonheur, j'en avais connus, mais peut-être pas autant qu'une personne normalement constituée devrait en connaître. J'en avais connus avec mes parents, de ces petits bonheurs simples qui tiraient directement leur source de la vie quotidienne, mais mon amoureux y était aussi pour beaucoup, même si à côté je ressentais une grande souffrance presque proportionnelle à ce que je ressentais pour lui. Cela dit, j'étais convaincue que ça valait la peine de souffrir, parce que je me battais pour ça également. Dans le déroulement normal des évènements, j'aurais attendu la fin de mon année à Poudlard pour pouvoir être avec lui pour de bon, mais à présent, c'était différé, la guerre rendait le tout beaucoup plus compliqué et beaucoup plus incertain, ne serait-ce que parce que je n'étais même pas sûre que cette guerre allait se terminer un jour. J'étais alors en partie prête à renoncer à ce bonheur qui était pourtant si proche et que je ne connaîtrai sans doute jamais. Non seulement j'allais passer mon temps à m'inquiéter de ma propre survie, mais j'allais aussi être préoccupée par la sienne. Constamment, j'allais être dans l'angoisse de savoir s'il était encore en vie ou pas, parce que même s'il avait affirmé haut et fort ne pas s'impliquer dans la guerre, rien n'empêchait qu'il subisse lui aussi quelques dommages collatéraux. Ne pas avoir de nouvelles allait me rendre folle, encore plus que d'habitude, mais je savais que nos retrouvailles, aussi rares allaient-elles être constituaient un nouvel espoir, une lueur faiblarde à côté de toutes les horreurs de la guerre, mais existante tout de même, et c'était cette lueur qu'il fallait entretenir, cultiver, pour ne pas la perdre définitivement dans l'obscurité. J'étais prête à faire ces quelques sacrifices, ne serait-ce qu'au nom de cette vie future à laquelle je rêvais quelques fois. Ce n'était que temporaire. Parfois, cela faisait du bien de parler de choses un peu plus légères, exactement comme ces derniers mots que je venais d'échanger avec Susan. Son sourire me réchauffa quelque peu le cœur, ce qui n'était pas du luxe en ce moment. Cela étant, je serai définitivement rassurée - tout du moins, en grande partie – lorsqu'elle me confirmera que je pouvais compter sur elle, qu'elle était digne de ma confiance que je gardais jalousement pour moi. Il n'y avait rien de plus sacré qu'une promesse. « A ton avis, pourquoi est-ce que j'ai toujours essayé de t'approcher, malgré tes remarques désobligeantes et ton manque évident de confiance en moi ? Tu m'intriguais. Je voulais apprendre à te connaître, et je le souhaites toujours. Alors oui, je le ferais pour toi. » Je souris légèrement, quelque peu touchée par cet aveu. Au final, je m'étais moi-même rendue inaccessible, je m'étais tellement blindée que je refusais de m'ouvrir aux autres personnes qui en valaient pourtant sans doute la peine. Par mon attitude même, je rejetais constamment les autres, les excluant d'office de ma vie. Peut-être que j'aurais été un peu plus entourée si je m'étais montrée plus ouverte. C'était même couru d'avance. « Tu peux me faire confiance, je te le promets. Je suis même capable de faire un serment sorcier pour te prouver mon honnêteté » J'ouvris des yeux ronds face à sa proposition. Je ne pensais pas qu'elle puisse aller jusqu'à me proposer de faire un serment inviolable. Je savais bien qu'en temps de guerre, il était difficile de déterminer à qui on pouvait réellement faire confiance, mais tout de même. Un simple croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer m'aurait suffi. C'était une façon certes un peu enfantine de sceller un pacte, mais c'était amplement suffisant. D'autant plus que malgré le côté volage de Susan, celui-là même qui m'insupportait, elle n'en restait pas moins une Poufsouffle. Leurs valeurs n'étaient-elles pas la loyauté et la justice ? Elle ne m'inspirait pas totalement confiance, sans doute en raison d'a priori bêtes à pleurer, mais je ne pensais pas non plus qu'elle fût capable de traîtrise. « ça ne sera pas nécessaire. » coupai-je finalement, sans savoir si j'avais raison de lui faire confiance aveuglément. Le temps me le dira, très certainement, mais je ne pouvais pas savoir avant d'avoir au moins essayé. « Ta seule parole suffit, après tout, ce n'est sans doute pas pour rien que le Choixpeau t'a envoyée à Poufsouffle. » S'il y avait bien des personnes dignes de confiance dans cette école, c'était bien eux. Si on ne pouvait pas se fier à un Poufsouffle, à qui d'autre le pourrait-on ? Devais-je pour autant la menacer, lui dire que si elle venait à trahir ma confiance, elle le regretterait presque aussitôt ? Non, je n'en avais pas envie à dire vrai, même si ça m'effrayait d'avancer à l'aveugle, je détestais en effet ne pas savoir à quoi m'entendre. « Sois-en digne, c'est tout ce que je te demande. » finis-je par concéder d'un ton neutre, sans excès de sentimentalisme. « Et si tu le veux vraiment, je suppose que tu pourras m'écrire, pour demander des nouvelles, ou en donner. C'est comme tu veux. » Après tout, ce n'était pas un moindre mal d'avoir des contacts à Poudlard même, des indic pour m'informer de ce qui se passait là bas. J'étais sûre qu'à nous seuls, on pouvait monter un réseau de résistance à l'échelle de l'école. Joshua m'avait présentée aux autres membres de l'AD, il y a un moment de cela. Ils savaient qui j'étais, tout du moins, en théorie. J'aurais aimé pouvoir en faire plus en leur sein, mais je n'en avais pas eu le temps, les évènements s'étaient enchaînés à une vitesse folle. « Je sais qu'ils sauront quoi faire. » ajoutai-je à voix haute, ayant visiblement oublié que j'étais perdu dans mes pensées. mais qui ? L'AD. Sans doute que ce groupuscule était sous-entendus lorsqu'elle évoquait ses amis. « De votre côté, rassemblez le plus de monde possible. Ne négligez pas les Serpentard, je suis certaine qu'il y en a qui peuvent être sauvés. On ne doit pas les laisser gagner cette bataille, ni même cette guerre. » Mes paroles s'évanouirent en un souffle, tandis que j'étais animée d'une nouvelle fougue, d'un nouveau courage. Il était temps que tout ça cesse. Il était temps que des familles cessent d'être détruites par les agissements des Mangemorts. « [color=olivedrabTu sais...si je m'en vais...c'est aussi pour eux.[/color] » Mes parents. Je voulais non seulement les venger, mais aussi me battre pour eux, pour leur souvenir, pour leur rendre justice. Ce n'était certainement pas à Poudlard, en restant les bras croisés que j'allais pouvoir faire quoi que ce soit. Le monde extérieur avait besoin de moi, même si je n'étais qu'une petite poussière au sein de ce vaste univers. Après tout, ne disait-on pas que les petits ruisseaux faisaient les grandes rivières ?
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeDim 7 Avr - 20:54

    Le changement. Les choses qui bougent, avancent, reculent - inlassablement. Le temps qui court et le monde qui essaie de le rattraper. En ce moment, je me rends compte que tout le monde change, tout le monde essaie d’apprendre le rythme des jours, des mois, du temps qui passe. On s’y frotte, on s’y pique, on assimile, et on change, indéniablement. Certains le font bien, ils deviennent de meilleures personnes, je pense notamment à Neville. D’autres se perdent, après avoir lutté contre l’obscurité qui tente de nous avaler. Le reste l’accueille à bras ouverts. Personne ne reste dans la neutralité, c’est juste impossible. Il y en a qui essaie, oui, mais comment réussir à rester neutre dans un tel monde ? Il y a toujours quelque chose pour nous faire honte, ou pour nous rendre fier. Il y a toujours quelque chose qui nous obsède, une chose pour laquelle on veut se battre, une chose pour laquelle on a des idéaux. Dans un monde comme celui-ci, même si on fait semblant, même si on prétend le contraire, on a un camp. C’est mon opinion. Tout le monde, d’une manière ou d’une autre, est touché par ce qui est arrivé dans notre société. Moi, ce fut la mort de ma tante. Tracey, celle de ses parents. On a tous quelque chose qui nous a chamboulé, bouleversé. Qui nous a donné des convictions, des désirs, des besoins de révolution. Je sais que j’ai changé, que je ne suis pas la même Susan de quinze ans. J’ai grandi, oui, mais ce n’est pas tout. Ma personnalité s’est développée, ma maturité aussi, et la noirceur a fait de moi un être plus lumineux que jamais. Je ne me vante pas, mais je sais que je suis digne de ma maison. Mes amis ont changé, aussi. On a tous un idéal pour lequel se battre, une personne à venger, à impressionner. On a envie de montrer qui nous sommes. Je suis certaine que Tracey n’est pas si différente, malgré ce qu’elle peut prétendre. Je suis certaine qu’elle a changé, qu’elle a vécu des choses et qu’elle s’ouvre, peut-être malgré elle. Cette Serpentard m’avait toujours intriguée, sa complexité impressionnée, ses murs de brique autour d’elle amusée. Pourtant, je voyais aussi en elle une concurrente, une personne plus proche de Chandler que je ne le souhaitais. Aujourd’hui, je la découvre, enfin. Je découvre en elle une sensibilité que je n’aurais jamais imaginée - mais qui est pourtant légitime après tout ce par quoi elle est passée. Elle a vécu des choses terribles, insurmontables pour certains, et pourtant j’ai cette vague impression qu’elle se transforme en quelque chose de beau, et de triste, oui, c’est indéniable. Son passé ne peut pas faire d’elle une lumière pour les autres mais, dans l’ombre, je suis certaine qu’elle aura son rôle à jouer. Je suis convaincue qu’elle ne peut pas être neutre, pas après son histoire, pas après ce tragique évènement. Ce n’est pas une mauvaise personne. Je n’ai aucun mal à lui promettre, ni même à pousser la chose jusqu’à proposer un serment inviolable. Je ne suis pas excessive pour rien. Je le pense néanmoins sérieusement. Les temps sont durs, faire confiance aussi. Surtout pour une personne comme Tracey. Je ne sais pas si je le lui propose pour lui montrer que toute cette affaire est ridicule, qu’elle aurait dû me faire confiance depuis longtemps maintenant, qu’elle voit à quel point je suis bien comme fille ; ou si je le lui propose par pure honnêteté, aussi peut-être parce que j’ai besoin de cette reconnaissance, surtout des personnes qui me semblent inaccessibles. Un peu des deux, certainement. Je réalise qu’au fond de moi, je lui en veux toujours de ne m’avoir jamais laissée l’approcher lorsque nous étions à Poudlard. Ce serment inviolable est pour moi le moyen de lui montrer qu’elle s’est trompée et qu’elle aurait pu avoir une personne sur qui compter dans l’enceinte du château. Elle est mature et, bien que je le suis plus qu’avant, je sais que je reste néanmoins enfantine dans mes idées, dans mes désirs. Ça me va. C’est peut-être cette touche de naïveté qui me préserve, qui préserve une partie de mon monde tant bien que mal, et qui m’a permise de m’approcher de Chandler. « Ça ne sera pas nécessaire. » Elle me coupe dans mes pensées, presque violemment, et je lui en veux un peu d’avoir refusé ma proposition. C’est idiot, mais je me sentais l’âme courageuse, fidèle… Je secoue la tête pour moi-même, effaçant ces idées stupides. « Ta seule parole suffit, après tout, ce n'est sans doute pas pour rien que le Choixpeau t'a envoyée à Poufsouffle. » Je rigole, toute rancœur idiote à son encontre oubliée, heureuse qu’elle reconnaisse ma parole et les qualités de ma maison. Elle ne pouvait pas me faire plus plaisir. Je remarque néanmoins une certaine réticence, comme si elle s’accroche à cette idée pour me faire confiance, finalement. « Sois-en digne, c'est tout ce que je te demande. Et si tu le veux vraiment, je suppose que tu pourras m'écrire, pour demander des nouvelles, ou en donner. C'est comme tu veux. » Je ne suis pas étonnée de cette proposition, je trouve en effet logique qu’elle veuille des nouvelles de ce qui se passe, même si ça m’étonne qu’elle me le dise de but en blanc. Même, je pensais qu’elle préfèrerait n’avoir des nouvelles que de la part de Chandler, histoire d’être certaine que je ne mens pas. Enfin là, au moins, elle pourra comparer ce qu’on dit… Je me reprends mentalement, je dois lui faire confiance moi aussi et ne pas continuer à voir en elle une personne qui redira tout ce que j’avance - même si elle fut comme ça parfois à Poudlard. Et je suis certaine que, malgré tout ce qu’on s’est dit, malgré ma promesse, elle aura toujours cette réticence à me faire confiance aveuglément. « Je comptais le faire, de toute façon », je dis, souriante. « Tu t’es adressée à moi aujourd’hui pour me confier une tâche importante à tes yeux et, bien que je l’aurais faite de moi-même, je te donnerai des nouvelles. Je suis ravie que tu décides enfin de croire en moi, et je vais tout faire pour ne pas te décevoir. C’est peut-être idiot mais ton jugement me semble important. Peut-être parce que tu es plus mature que moi, peut-être parce que Chandler tient à toi, je n’en sais fichtre rien. » Je me tais, et m’en veux de lui avoir avoué ça. Je vais passer par une fanatique ou je ne sais quelle autre chose étrange que personne ne veut dans son entourage. Pourtant, c’est la vérité. « Je sais qu'ils sauront quoi faire. » Je lève un sourcil, avant de comprendre de quoi elle peut parler. L’AD. L’Ordre du Phénix, peut-être. Le fait qu’elle sache m’étonne. Elle a l’air de connaître, et apparemment de faire confiance. Il faudra que je me renseigne. Après tout, je ne suis pas au courant de tout. J’aimerai l’être, pourtant. « De votre côté, rassemblez le plus de monde possible. Ne négligez pas les Serpentard, je suis certaine qu'il y en a qui peuvent être sauvés. On ne doit pas les laisser gagner cette bataille, ni même cette guerre. » Je hoche la tête, confirmant ses propos. « C’est déjà en route », je dis avec assurance. « Nous ne négligeons personne mais nous restons prudents. On ne veut pas se faire avoir, se faire trahir. Il est important que nous puissions avoir confiance en tous nos proches. Sinon, comment avancer ? On gagnera cette guerre, à force de patience, d’amitié et de courage. C’est peut-être niais, mais je pense qu’on arrivera à rien si on combat les ennemis avec leurs armes. La haine, la rage, le désespoir… Ca peut créer des miracles, mais ça peut engendrer de terribles choses aussi. » J’ai l’impression de faire un speech pour embaucher des volontaires dans l’armée, mais c’est après tout ce que je pense. Je sais que je me sens en colère, je sais que parfois j’ai la haine ; mais je sais aussi que ce n’est pas ce qui me motive à me battre. Je veux me battre pour rendre fière ma tante, pour la venger, pour protéger mon futur et ceux des gens que j’aime. Je pense me battre pour quelque chose de positif et non pas rongée par des pensées moroses et destructrices. « Tu sais... si je m'en vais... c'est aussi pour eux. » Je lui souris, fièrement, heureuse de cette confession. Au fond, je le savais. « J’en étais sûre. Je me posais des questions. Mais j’étais persuadée que tu avais un but, que tu allais te battre, même à ta façon. Que tu ne fuyais pas pour rester cachée jusqu’à la fin. » J’ai l’impression d’avoir gagné quelque chose, même si je n’ai aucune idée de ce que ça peut être. C’est certainement le fait que je sais maintenant qu’elle est des nôtres.


Dernière édition par Susan Bones le Sam 20 Avr - 17:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeSam 13 Avr - 23:45

Si un jour on m'avait prédit que j'aurais une telle conversation avec Susan Bones, je lui aurais ri au nez. Nous étions tellement différentes toutes les deux, mais il semblerait que nous ayons enterré la hache de guerre pour un petit moment. Au fond, c'était débile cette histoire, c'était surtout une question d'orgueil mal placé. Tellement mal placé, que je refusais d'abdiquer quoiqu'il arrive. Bien souvent, c'était de ma faute si des situations de conflit persistaient, même des années après. Il fallait dire que j'étais extrêmement rancunière. Cela dit, dans la situation présente, devait-on parler de rancune ? Force était de constater que le terme n'était pas franchement approprié, en réalité, Susan ne m'avait rien fait du tout, c'était juste qu'elle m'agaçait, point. En plus, je ne lui faisais même pas la tête, je tâchais simplement de l'éviter le plus possible, n'ayant guère envie de m'encombrer avec les personnes qui ne m'intéressaient pas. En lui accordant aveuglément ma confiance, je ne savais pas trop ce que je faisais, mais je l'avais fait, et je ne reviendrai pas là dessus. J'avais envie de pouvoir avancer de quelques semaines, de quelques mois peut-être pour savoir si j'avais eu raison de le faire, mais je n'avais malheureusement aucune emprise sur le temps, aussi étais-je forcée de suivre le cours des évènements comme tout le monde. J'espérais vraiment que l'avenir ne me démontrera pas que j'avais tort. En temps ordinaire, j'aurais accepté sa proposition de serment inviolable, mais j'avais été poussée par le besoin irrationnel de faire confiance. Et la confiance, en temps de guerre, c'était précieux, très précieux. C'était un bien qu'il ne fallait pas gaspiller en l'accordant à n'importe qui, dans n'importe quelles conditions. Il fallait bien choisir ses alliés, car dans chacun d'eux se cachait peut-être un ennemi potentiel. Personne n'était à l'abri de recevoir un coup de poignard dans le dos et pendant longtemps j'avais tâché de me prémunir contre cette menace autant que faire se peut. Un serment inviolable aurait été pour moi une garantie, une façon comme une autre de m'assurer que Susan était digne de confiance. Mais somme toute, elle ne me paraissait pas méchante, je n'avais pas vraiment de raisons de me méfier d'elle, elle n'avait pas d'antécédents, elle était sans histoires. Alors, j'avais lâché la bride, je lui avais laissé le bénéfice du doute, tout en sachant pertinemment que si elle venait à me trahir un de ces jours, elle en paierait le prix fort. Je n'étais pas de ceux que l'on trahissait impunément. Peut-être avais-je juste besoin d'être rassurée, de me dire que l'être humain n'était pas définitivement perdu et qu'on pouvait avoir encore foi en l'humanité malgré tout ce qui se passait. J'espérais sincèrement ne pas avoir tort de le penser. Se raccrocher à n'importe quoi était sans doute le lot de tous ceux qui avaient tout perdu. Jamais je n'aurais pensé atteindre un tel niveau de perdition un jour, et pourtant, j'étais là, devant le fait accompli, au pied du mur. Ce n'était clairement pas le moment de mordre la main que l'on me tendait. Car pour sûr qu'un jour je l'aurais regretté d'avoir tourné le dos à Susan alors qu'elle m'offrait son aide sur un plateau d'argent. De toute manière, j'étais presque heureuse de voir que ça lui faisait plaisir, à un point tel qu'en l'espace de quelques secondes, j'ai cru que c'était de nouveau Noël. Je chipotais peut-être parfois trop, mais j'étais ainsi, ce n'était pas demain la veille que mon caractère tatillon disparaîtra. J'aimais que tout soit carré, fait dans mon optique, conforme à ma vision des choses. Je répugnais à m'éloigner des schémas habituels et pourtant c'était nécessaire, parce qu'aucune situation n'était identique à la précédente. « Je comptais le faire, de toute façon. Tu t’es adressée à moi aujourd’hui pour me confier une tâche importante à tes yeux et, bien que je l’aurais faite de moi-même, je te donnerai des nouvelles. Je suis ravie que tu décides enfin de croire en moi, et je vais tout faire pour ne pas te décevoir. C’est peut-être idiot mais ton jugement me semble important. Peut-être parce que tu es plus mature que moi, peut-être parce que Chandler tient à toi, je n’en sais fichtre rien. »  Je méditai quelques instants sur ses paroles. J'étais presque un peu gênée d'être placée sur un piédestal, mais qui étais-je au fond pour juger les autres ainsi, pour décider de ce qui était bien ou mal ? Qu'on m'idolâtre me gênait, je n'avais pas besoin de ça pour exister de toute façon. L'opinion des autres m'importait peu, je me contentais de suivre mon petit bonhomme de chemin comme j'étais censée le faire. Pourtant, oui, et ce ne serait pas faire preuve de prétention que de l'admettre, mais j'ai toujours été plus mature que ceux de mon âge, alors peut-être était-ce pour cette raison qu'on me mettait toujours un cran au dessus. Il fallait dire que j'ai toujours fréquenté des personnes plus âgées, ne me sentant pas à l'aise parmi ceux de mon âge. À l'époque, je fréquentais bien Caïn, je traînais souvent avec Dwight, j'avais même sympathisé avec Diana alors que c'était une Gryffondor. Ils n'étaient que des exemples parmi d'autres. « Mais je n'attends que ça, que tu me démontres que j'ai eu tort d'avoir des a priori à ton sujet. » protestai-je finalement, essayant néanmoins de plaisanter un peu. « ça arrive à tout le monde de se tromper, et je sais aussi admettre mes torts même si pour moi c'est assez difficile. Vas-y, contredis-moi, montre-moi, surprends-moi. » je ne pus m'empêcher d'adjoindre à mes dires un léger sourire en coin, m'amusant malgré tout de cette situation. Après tout, ce serait mentir que d'affirmer que ce sentiment de supériorité ne me plaisait pas. C'était gênant, mais tout de même plaisant. Ça avait au moins le mérite de réconforter mon ego qui avait été un peu malmené ces dernières années. Alors, quelque chose me fit tilt. Susan était bien membre de l'Armée de Dumbledore, non ? À eux, je leur faisais confiance, je savais qui ils étaient et ce qu'ils faisaient, je savais qu'ils assureraient mes arrières, j'avais même des indic au sein de l'organisation. Petit à petit, on s'organisait, et en toute logique, si je leur faisais confiance, par extension, je devais probablement pouvoir faire de même pour Susan. Maintenant que j'y pensais, cela semblait évident. « C’est déjà en route. Nous ne négligeons personne mais nous restons prudents. On ne veut pas se faire avoir, se faire trahir. Il est important que nous puissions avoir confiance en tous nos proches. Sinon, comment avancer ? On gagnera cette guerre, à force de patience, d’amitié et de courage. C’est peut-être niais, mais je pense qu’on arrivera à rien si on combat les ennemis avec leurs armes. La haine, la rage, le désespoir… Ca peut créer des miracles, mais ça peut engendrer de terribles choses aussi. »  Ce n'était pas niais, elle avait même complètement raison. La haine, la rage, c'était la solution de facilité, il était tellement aisé d'y sombrer, la tête la première même, mais défendre de bonnes valeurs surtout en ces temps sombres n'était guère aisé non plus, voilà pourquoi beaucoup de gens sombraient aussi facilement du mauvais côté. Il nous fallait certes des alliés, beaucoup d'alliés, mais des alliés qui avaient les reins solides, qui ne retourneraient pas leur veste à la première occasion. Comme cette imbécile de Marietta Edgecombe, par exemple. Cette idiote avait eu le mot CAFARD inscrit en plein milieu du visage des mois durant, il n'était pas bien difficile de deviner qui avait craché le morceau. « Certes, on ne combat pas nos ennemis avec leurs armes, mais il est tout de même utile d'en savoir un minimum à leur sujet, histoire de savoir à qui on a affaire. Je...écoute. Ne pense pas qu'il s'agit là d'une vengeance personnelle, mais...je pense que vous devriez surveiller sérieusement les enfants de Mangemorts qui sont à Serpentard. J'ai vécu suffisamment longtemps à leurs côtés pour savoir qu'ils représentent une menace réelle et sérieuse. J'ai essayé d'écouter les conversations autant que possible, mais j'ai échoué, je n'ai rien d'intéressant à rapporter. Ils ont sans doute pris leurs précautions, ils ne me faisaient pas confiance parce qu'ils savaient certainement que je n'étais pas de leur côté. Ils ne sont pas assez fous et suicidaires pour parler de choses importantes et compromettantes alors qu'une taupe se trouve potentiellement parmi eux. » Certes, ils n'étaient sans doute pas tous à mettre dans le même panier, mais Malefoy et sa bande n'étaient certainement pas des enfants de cœur, encore moins des modèles de vertu. J'en savais quelque chose. Malefoy me terrorisait au début, mais je n'en avais plus peur. Il avait forcément un point faible. Tous avaient un point faible, personne n'était invincible. Pour autant, je les savais également capables du pire, et avec un peu de chance, en ces temps troublés, ils oseront s'afficher un peu plus puisque les évènements jouent actuellement en leur faveur. « J’en étais sûre. Je me posais des questions. Mais j’étais persuadée que tu avais un but, que tu allais te battre, même à ta façon. Que tu ne fuyais pas pour rester cachée jusqu’à la fin. »  Je me sentis un peu mal à l'aise suite à cette dernière remarque, parce qu'au départ je n'avais pas du tout prévu de me battre. J'avais exactement prévu de me planquer jusqu'à la fin de la guerre et éventuellement me faire oublier, comme j'ai toujours su faire. Malgré tout, je n'avais pas le cœur de la contredire, d'ici à ce qu'elle pense que je n'étais qu'une lâche, il n'y avait pas loin. « J'aurais aimé ne pas avoir à le faire, crois-moi. » avouai-je en toute franchise. «J'aurais aimé continuer à vivre ma petite vie sans me soucier de rien, sinon d'avoir mes ASPIC en fin d'année, mais c'est à croire que le destin en a décidé autrement. » je conclus, avec une certaine amertume, trouvant soudainement beaucoup d'intérêt aux lacets de mes chaussures.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeSam 20 Avr - 16:59

    J’ai toujours souhaité qu’on me considère comme une personne respectable, forte, et digne de confiance. J’ai toujours voulu qu’on reconnaisse mes qualités pour ce qu’elles sont, et qu’on taise mes défauts s’ils ne sont pas trop prononcés. C’est peut-être pour ça que je ne me suis jamais entendue avec Tracey. Parmi mes amis, je n’ai jamais eu à faire d’efforts pour montrer que je valais la peine d’être connue. Avec elle, c’était tout le contraire. Elle m’évitait comme la peste, préférant même l’indifférence à la confrontation. C’était blessant de se retrouver dans cette situation : je voulais la reconnaissance d’une personne qui se fichait totalement de mon existence et qui préférait ne pas me voir. C’était frustrant, de lui courir après et de lui montrer que j’étais une fille sympathique. Bien sûr, je restais fière et m’amusait de ses réticences mais, au fond, j’aurais aimé qu’elle ne résiste pas. Aujourd’hui, tout semble différent ! C’est comme si la tension n’avait jamais existé. J’aime la voir ouverte, et j’aime pouvoir discuter avec elle sans qu’elle me balance à la figure que je suis une écervelée. Pourtant, je sais que ce sont les circonstances de son départ qui m’ouvrent la porte, et qu’elle se refermera bien trop vite. Je ne sais que trop bien que je ne suis pas encore dans ses bons papiers, et qu’elle compte sur moi seulement parce qu’elle se rend compte que je suis la seule à pouvoir remplir ce job. Néanmoins, je garde espoir. Je garde en tête cet instant pour lui prouver, plus tard, que je ne suis pas la nièce d’Amélia Bones pour rien. Je réalise que c’est un énorme poids que je porte sur mes épaules, je sais que certains attendent de moi que je reprennes les reines, plus tard. Je ne m’en sens pas capable une seule seconde. Je suis prête à me battre, à défendre mes valeurs… Mais à le faire pour toujours ? Je ne suis pas de cette nature. J’ai un tempérament calme, et, l’air de rien, je suis plutôt de nature réservée. J’ai beau me montrer en spectacle, être au devant de la scène parmi les Poufsouffle, papoter avec tout le monde sans le moindre signe de gêne… pourtant, au fond, je suis simple, pudique, et je crois pouvoir montrer cette partie de moi à Tracey. Je crois qu’elle a besoin de voir en moi une personne mature, plutôt que cette fille dévergondée qui traîne dans les couloirs de Poudlard à oser emmerder les autres avec sa bonne humeur. C’est pour cette raison que je lui avoue, un peu trop rapidement, que j’espère ne pas la décevoir, que son avis m’est important. Je pense que je n’aurais pas du, parce que, l’air de rien, c’est une faiblesse de se confesser ainsi à une Serpentard. Pas que j’éprouve encore le besoin de dresser des préjugés sur elle et sa maison, mais bien parce que je pense que c’est la vérité, et que l’une des principales qualités des verts est bien la ruse, voire la manipulation. Avec ce que je viens de lui dire, elle pourrait facilement me mener en bateau afin de me faire faire des choses… Je ne pense pas sincèrement qu’elle le fera, mais c’est une possibilité. Je pense, aussi, que j’arriverai à reconnaître une personne qui essaie de se jouer de moi mais, après tout, je n’ai jamais été confrontée à ce genre d’attitude. Comment saurais-je reconnaître un comportement vrai d’un comportement sur joué afin de m’avoir ? « Mais je n'attends que ça, que tu me démontres que j'ai eu tort d'avoir des a priori à ton sujet. Ca arrive à tout le monde de se tromper, et je sais aussi admettre mes torts même si pour moi c'est assez difficile. Vas-y, contredis-moi, montre-moi, surprends-moi. » Je le regarde, ne sachant pas trop quoi penser de ce qu’elle vient de me dire. Je ne sais pas si elle m’invite à lui montrer ce que je vaux, je ne sais pas si elle se moque subtilement de ma précédente révélation, je ne sais pas si elle se montre sarcastique… Son sourire en coin ne me plaît pas beaucoup, et j’avoue facilement que je m’en veux de lui avoir dit ce que je… ressentais pour elle. Il est clair qu’elle s’amuse de ça et je me sens gênée, comme mise à l’avant alors que j’aurais préféré rester dans l’ombre. Parler de l’AD m’aide à oublier ma gêne, et à me concentrer sur ce qui est réellement important. Après tout, d’accord, je lui ai dit que son opinion est importante, et alors ? Il y a des choses plus graves, et le Chemin de Traverse en est la triste preuve. Qu’elle essaie de se servir de moi et de ma sympathie, et si je ne m’en rends pas compte, alors tant pis. De toute façon, son but c’est Chandler. Ce n’est pas moi, ni mon amitié. Au fond, je me fiche qu’elle se serve de moi si c’est pour aider mon Serpentard préféré. Je lui fais mon petit speech favori, celui que je suis obligée de répéter assez souvent à mes camarades qui perdent espoir et qui pensent qu’il serait plus judicieux d’apprendre à se servir des mêmes armes que les mangemorts. Je me rends compte que je connais maintenant ces mots par cœur et je m’étonne de toujours les penser malgré les horreurs que nous voyons tous les jours. Je dis même à Tracey que je trouve ça niais, car il est vrai que je me sens naïve à dire de telles choses alors que notre vie est désormais chaotique. Je m’attends à ce que mon interlocutrice me rit au nez, se moque de ma vision des choses, mais je ne m’attendais absolument pas au discours qui suivit. « Certes, on ne combat pas nos ennemis avec leurs armes, mais il est tout de même utile d'en savoir un minimum à leur sujet, histoire de savoir à qui on a affaire. Je...écoute. Ne pense pas qu'il s'agit là d'une vengeance personnelle, mais...je pense que vous devriez surveiller sérieusement les enfants de Mangemorts qui sont à Serpentard. J'ai vécu suffisamment longtemps à leurs côtés pour savoir qu'ils représentent une menace réelle et sérieuse. J'ai essayé d'écouter les conversations autant que possible, mais j'ai échoué, je n'ai rien d'intéressant à rapporter. Ils ont sans doute pris leurs précautions, ils ne me faisaient pas confiance parce qu'ils savaient certainement que je n'étais pas de leur côté. Ils ne sont pas assez fous et suicidaires pour parler de choses importantes et compromettantes alors qu'une taupe se trouve potentiellement parmi eux. » Je réfléchis sérieusement à tout ce qu’elle me dit, et je ne peux m’empêcher d’être d’accord avec elle. Il faut que nous connaissions leur manière d’agir, de penser, les sorts qu’ils sont prêts à utiliser, jusqu’où ils peuvent aller. On doit connaître leurs limites afin d’ériger les nôtres. Par exemple, il est certain que nous devrons tuer. Je ne pense pas être capable de le faire, je pense que je pourrais immobiliser, blesser, coincer… mais tuer ? Pourtant, eux, ils n’hésiteront pas. Ils prendront même plaisir à le faire. Je sais que nous devrons riposter mais nous, au moins, ce sera en tant que légitime défense. Jamais je ne prendrais plaisir à éliminer un mangemort, même s’il est clair que je me sentirais ensuite bien plus en sécurité. « Je comprends, pour les Serpentards. Ce sont les jeunes les plus touchés, après tout. La plupart, et c’est malheureux de le dire, ont des familles totalement plongées dans l’horreur. Certains se rebelleront. Je ne pense pas qu’ils soient beaucoup… Les autres suivront les idéaux de leurs parents. Il y en a qui le font déjà. » Je fais une moue, parfois un peu triste à imaginer comment ont vécu ces enfants de mangemorts. Je ne voudrais pas leur donner des excuses et, pourtant, je sais qu’ils ont dû être influencés. On ne peut pas être si mauvais à cet âge-là, non ? A vrai dire, je ne sais plus quoi penser. « Nous les surveillons, mais c’est compliqué. Je les regarde de loin, personnellement. Je ne m’occupe pas de ça. Je ne saurais même pas comment faire pour les approcher, pour les piéger. Il m’arrive d’observer les autres maisons, par contre. Tout le monde n’est pas à l’abri de la mauvaise influence, qu’on soit jaune ou bleu, ou rouge, ou vert. » Je soupire, me rendant compte que je ne suis certainement pas la personne la plus utile à l’AD. Mais je suis une Poufsouffle. Il m’est impossible d’approcher les Serpentards sans que ça ne paraisse suspicieux. Maintenant, il y a Chandler. Il pourrait peut-être devenir une excuse. Je n’ai pourtant pas envie de lui causer plus d’ennuis. Il vaut mieux laisser le travail à des personnes un peu plus rusées que moi. « Mais, comment les arrêter ? » je dis à voix haute, surprise en entendant le son de ma voix. Cette question un peu désespérée était sensée rester muette. Je soupire de nouveau. Tracey me dit qu’elle fait ça pour ses parents et j’oublie, un instant, l’espoir qui était doucement en train de me quitter. Je lui souris. « J'aurais aimé ne pas avoir à le faire, crois-moi. J'aurais aimé continuer à vivre ma petite vie sans me soucier de rien, sinon d'avoir mes ASPIC en fin d'année, mais c'est à croire que le destin en a décidé autrement. » Je souris de plus belle, un peu nostalgique, ayant toujours pensé la même chose qu’elle. « Comme je te comprends », je soupire une nouvelle fois, un peu dramatiquement. « J’avais pensé que cette septième année à Poudlard serait la meilleure, avec des fêtes, la culpabilité parce qu’on ne révise pas assez, la joie alors qu’on a notre diplôme… Si j’arrive à l’avoir, je serais juste heureuse de partir d’ici. Ca m’embêterait pourtant de laisser le château aux mains des mangemorts. Ca me fait vraiment de la peine de voir que je ne considère plus l’école comme une maison. D’être pressée de partir d’ici. Je me sens coupable. Tu sais ce que j’espère le plus ? C’est de partir d’ici, en emmenant le mal avec moi. Une bataille à la place des examens. Les gentils gagneraient. Poudlard retrouverait sa splendeur et les jeunes pourraient continuer leurs études en paix. » Je lui souris, et puis je lui fais une grimace d’excuse. « J’ai trop parlé, excuse-moi. Si tu veux absolument me trouver un défaut terrible, ce serait celui-ci », je plaisante, essayant d’oublier que ceux qu’elle me trouvait à Poudlard me blessaient, même si je faisais semblant de m’en amuser. « Malgré tous les différends que nous avons eu, je te souhaite sincèrement de t’en sortir, Tracey », dis-je sérieusement alors que je vois que l’heure avance à une vitesse folle.
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MessageSujet: Re: ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan   ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan Icon_minitimeLun 29 Avr - 11:57

L'air de rien, le temps passait. Plus le temps passait, plus il devenait dangereux pour moi de me promener à visage découvert. Allez savoir si à Poudlard j'étais déjà considérée comme portée disparue et qu'on était partis à ma recherche. D'où l'intérêt de m'effacer incessamment sous peu, redevenir ce que j'ai toujours été : une ombre parmi les ombres. En m'entretenant avec Susan, j'avais pris d'énormes risques et j'en avais pleinement conscience. Je ne voulais pas me faire prendre et me faire emmener à Poudlard de force, seul Merlin savait à quel châtiment cruel je pouvais bien m'exposer. Déjà qu'en temps ordinaire je servais parfois d'amuse-gueule aux Mangemorts, là on ne m'aurait laissée aucune chance. D'ailleurs, elle aussi ferait mieux de rentrer avant que l'on s'aperçoive de son absence et que l'on en vienne à penser qu'elle aussi avait fugué. On me collait volontiers l'étiquette de garce mais au fond je voulais lui éviter d'être châtiée comme les Mangemorts avaient l'habitude de punir un élève trop récalcitrant. Qui plus est, j'avais dit à Susan ce que j'avais à lui dire. Je pensais avoir fait le tour de la question, je n'avais rien de plus à ajouter, d'autant plus que j'avais l'impression que la conversation commençait à tourner en rond, déjà. Qui plus est, je ne me sentais pas tranquille. Depuis que les Mangemorts avaient envahi Londres, le danger était partout. Nous en étions relativement préservés à Poudlard, bien que l'atmosphère au château s'était considérablement assombrie, mais maintenant que je n'y étais plus, je le ressentais, et chaque seconde était véritablement devenue plus pesante. Je n'en étais pas encore au point de basculer dans la paranoïa – allez savoir si ce n'était pas déjà fait – mais tout de même, je ne m'en sentais pas loin. Pourtant, dans le fond, j'étais contente de savoir que mon avis lui importait beaucoup. Sur l'instant, j'avais eu ce sentiment indescriptible de puissance, que je disposais d'une arme contre elle pour la faire avancer au pas. L'histoire de l'âne et de la carotte, en somme. Malgré tout, je n'étais pas assez mauvaise pour la manipuler comme je le voulais. En fait, je n'en voyais pas l'intérêt. Certes, enfant, j'avais été un mini-tyran, menant tout mon monde à la baguette, chacun se pliait en quatre pour satisfaire mes moindres désirs, mais arriver à Poudlard avait quelque peu estompé ce trait de caractère pourtant bien présent chez moi. Parfois, inconsciemment, il revenait, mais c'était plus souvent avec mes parents ou avec Caïn, même si avec ce dernier cela ne fonctionnait pas toujours – il était bien loin d'être docile. J'aurais donc pu m'en servir contre elle, il est vrai. Pourtant, elle ne faisait pas partie des personnes que je pouvais faire chanter. Je veux dire, quel en serait l'avantage à plus ou moins long terme ? Je n'avais jamais voulu avoir affaire avec elle, c'était un fait. J'avais en toute connaissance de cause placé la barre très haut, lui imposant une sorte de défi. Gagner ma confiance pour de bon allait être pour elle un sacré challenge à relever, allait-elle être à la hauteur ? Je n'étais pas non plus inconsciente au point de lui faire confiance aveuglément. Lui confier cette mission, si on peut appeler les choses ainsi en avait certes tout l'air, mais en réalité, elle venait de franchir la première étape. Elle allait pleinement gagner ma confiance si elle réussit la mission que je lui ai allouée avec brio. Disons que c'était une mise à l'épreuve. Je restais inaccessible, même si j'avais baissé un peu la garde. Le risque de trahison était encore assez élevé, trop élevé pour que je puisse me défaire de toute méfiance. Implicitement, une fois encore, je l'avais mise à l'épreuve en l'invitant à mettre de côté ses préjugés sur les Serpentard en ne les excluant pas du recrutement de l'AD. Au fond, voir autant de méfiance envers les élèves de ma maison, surtout de sa part, m'amusait tout autant que ça m'agaçait. Elle prouvait par ses réticences que sa loyauté avait ses limites. Je ne pouvais pas lui reprocher cette forme d'élitisme, moi même j'étais élitiste, n'accordant ma confiance ou mon amitié qu'à un nombre réduit de personnes. Pourtant, elle allait devoir apprendre à estimer les élèves de cette maison. J'étais une des leurs, Chandler également, elle ne pouvait donc pas y couper. « Je comprends, pour les Serpentards. Ce sont les jeunes les plus touchés, après tout. La plupart, et c’est malheureux de le dire, ont des familles totalement plongées dans l’horreur. Certains se rebelleront. Je ne pense pas qu’ils soient beaucoup… Les autres suivront les idéaux de leurs parents. Il y en a qui le font déjà. » Je le savais, j'étais au courant sans même qu'elle ait besoin de me le dire. Pourtant, je savais qu'elle avait tort, dans une certaine mesure. Bon nombre d'entre eux doutaient. Beaucoup n'étaient pas taillés pour faire ce que l'on pouvait leur demander, c'est à dire tuer, torturer, le tout aveuglément. Le poison du doute avait déjà contaminé certains d'entre eux et il suffisait d'y mettre un peu du sien pour que la gangrène soit complète, pour que le processus puisse enfin s'achever. Certes, il était plus difficile d'imaginer Drago Malefoy ou Pansy Parkinson se détourner de leurs objectifs, mais au fond ils n'étaient encore que des enfants, et les rallier à notre cause n'était pas impossible, même si dans l'immédiat, on préférait plutôt se passer de leur aide vu leur réputation. « Nous les surveillons, mais c’est compliqué. Je les regarde de loin, personnellement. Je ne m’occupe pas de ça. Je ne saurais même pas comment faire pour les approcher, pour les piéger. Il m’arrive d’observer les autres maisons, par contre. Tout le monde n’est pas à l’abri de la mauvaise influence, qu’on soit jaune ou bleu, ou rouge, ou vert. Mais, comment les arrêter ? » La ruse et l'ambition ne servaient pas nécessairement le mal. La fin justifiait les moyens disait-on, cela valait dans les deux sens. Certains étaient passés maîtres dans l'art de la manipulation, si bien qu'ils devenaient difficilement l'arroseur arrosé, mais tous avaient forcément un talon d'Achille. Un point sensible sur lequel on pouvait jouer, que ce soit l'estime d'un père ou l'amour d'une mère, ce genre de choses. Nul n'était infaillible, après tout. « Comment les arrêter ? » repris-je, en écho à ce qu'elle venait de dire. « En les surveillant, en essayant de les comprendre, de savoir comment ils fonctionnent. Bien qu'ils savent s'en donner l'air, ils ne sont pas plus différents que toi ou les autres. Chacun a ses faiblesses, il suffit de les exploiter pour mieux leur insuffler le doute. Pour l'instant, ils se contentent de suivre aveuglément les consignes, les idéologies que l'on leur sert depuis qu'ils sont tout petits, mais une fois que le doute est implanté en eux, il devient dès lors difficile de s'en débarrasser. » C'était effectivement dans cette phase de remise en question qu'ils étaient les plus vulnérables, les plus à même d'écouter les arguments que l'on peut bien vouloir leur servir alors que d'habitude ils auraient tout rejeté en bloc.  Comme je te comprends. J’avais pensé que cette septième année à Poudlard serait la meilleure, avec des fêtes, la culpabilité parce qu’on ne révise pas assez, la joie alors qu’on a notre diplôme… […] J’ai trop parlé, excuse-moi. Si tu veux absolument me trouver un défaut terrible, ce serait celui-ci »,  J'hochai la tête d'un air entendu, comme si je lui disais que ce n'était rien. Au fond, je nourrissais les mêmes souhaits, les mêmes désirs, mais je préférais mourir plutôt que de l'avouer, bien que je l'avais fait à demi-mots quelques instants plus tôt. Mais à quoi cela sert-il de se voiler la face ? L'être humain était par nature voué à se détruire, à faire du mal aux autres. C'était en nous, et à moins d'éradiquer l'espèce humaine dans son ensemble, le mal tel qu'on le connaissait était impossible à déloger. C'était notre côté sombre, et nous n'y pouvions rien. Tant qu'il y aura des hommes, il y aura des guerres, c'était ainsi, nous ne pouvions pas l'éviter. C'était certes une vision bien pessimiste des choses, mais c'était la mienne et ce qui était arrivé à mes parents récemment ne faisait que me conforter dans cette idée. « Malgré tous les différends que nous avons eu, je te souhaite sincèrement de t’en sortir, Tracey »,  Je relevai finalement la tête, légèrement interloquée. Je te souhaite de t'en sortir. Comment le pouvais-je alors que j'avais tout perdu ? Je n'en savais rien, à dire vrai. Je supposais alors que j'allais devoir apprendre sur le tas, très probablement. Je n'avais plus le choix de toute manière. J'hochai alors la tête, ne trouvant rien à y redire. Je ne voulais pas non plus lui retourner ses vœux, ce n'était pas mon genre. Qui plus est, ce n'était pas elle qui partait faire la guerre de son côté, alors je n'avais pas à lui souhaiter bonne chance. « Tu ferais mieux d'y aller. » finis-je par la congédier doucement, très sérieusement. « Le temps presse et il vaut mieux pour toi que l'on ne s'aperçoive pas de ton absence, il ne faudrait pas que tu sois punie par ma faute. » Tout ce qui m'importait était d'abréger cette séance d'adieux, il fallait dire que je les détestais, ces adieux, viscéralement. Tant que je pouvais me défiler, je le faisais. « Alors bon retour, Susan. » dis-je finalement, sobrement. Je ne me faisais pas de soucis pour elle, elle était venue ici en transplanant, elle sera à Poudlard en un éclair. Pour moi, les choses allaient être nettement plus compliquées, il fallait que je bouge d'ici sans faire de mauvaises rencontres, tant qu'à faire. Tant pis. Après tout, il n'y avait personne à part nous sur le Chemin de Traverse, je ne risquais pas grand-chose n'est-ce pas ?
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ce n'est qu'un mauvais moment à passer •• susan

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