Sujet: here you are, sweet nothing (cersei) Lun 8 Avr - 14:26
SWEET NOTHING, YOU'RE MINE
« Merci pour ta mansuétude Bolverk. Ton geste ne sera pas oublié. » Un grognement s’échappa de sa gorge, tandis que déjà, les rouages de son esprit se mettaient en marche, analysant les quelques informations confiées par les deux femmes qui venaient de pénétrer dans sa modeste boutique. Les affaires de meute s’avéraient bien souvent complexes, tragiques pour la plupart, mais néanmoins à régler au plus vite. Et une fois encore, il serait celui qui règlerait l’affaire, à défaut de cet Ulfric qui ne semblait guère plus s’occuper de sa meute à l’instar de ce Lord dont la puissance allait en avançant. Intérieurement, le loup gronda, reprochant au chef du clan de ne pas faire son travail, obligeant son exécuteur à prendre le relais, plus d’une fois, instaurant de fait une situation on ne peut plus délicate. Il n’était que second, au mieux, un égal du chef de meute, et pourtant, il n’en occupait nullement la position, une condition qui ne pourrait durer, obligerait le lycanthrope à réclamer une place qui serait bien plus dans ses cordes, et qui arrangerait certainement chaque loup demandant bien trop souvent audience. Le plus délicat dans l’affaire étant toutefois qu’il était le fils de l’actuel Alpha, et pas encore certain de battre son paternel à plate couture, voire même de le tuer. Un soupir, alors qu’il repousse ces quelques idées, reprenant son activité là où il s’en est arrêté, vérifiant les comptes de son commerce, sans réellement parvenir à être concentré. La requête de la louve et de sa fille n’était guère anodine, et semblant passer devant ses obligations personnelles. Un grondement, alors qu’il ferme brusquement le livre, allant même jusqu’à le ranger à sa place, trainant nonchalamment le pied. L’ennui dans ce genre de cas, c’est qu’il s’avérait obligé d’annuler tous ces plans de la soirée, grinçant des dents à l’idée de mettre de côté un repas suivi d’autres promesses avec une créature divine. Pour un peu, le voilà qui maudirait sa condition de bien placé dans la meute, profitant de son juron étouffé pour mieux tourner la pancarte de la porte, indiquant que désormais cette dernière serait fermée jusqu’au lendemain matin, au pire, jusqu’à nouvel ordre. Quant à lui ? Le voilà qui attrape déjà sa veste de cuir, pour mieux transplaner au plus loin de son lieu favori, loin de l’allée des embrumes et de sa grande voisine… Loin de Londres en somme, pour mieux atterrir dans un endroit aussi désert que sauvage.
Le genre de lieu où un loup aime à se retrouver, l’incitant à inspirer une goulée de l’air pur et frais qui règne en maitre. Le bruissement des feuilles l’apaise un instant, avant qu’il ne se décide à rouvrir les yeux pour mieux observer les contours de la forêt. C’est là que la mission est censée se trouver, s’aventure entre les arbres et buissons, laissant son odeur trainer partout, éveillant l’instinct de chasse du loup qui ne sommeille que partiellement. Voilà l’homme qui avance, laissant ses sens primaires reprendre le dessus, promenade de santé plus qu’autre chose, alors qu’il s’aventure, inspecte, suit la fragrance à la trace. Bientôt, d’autres viennent l’entourer, arrachant un grondement plus sournois à l’animal encore sous chair humaine. Des rafleurs. Ceux-là, il ne les aime guère, imbéciles jouant dans une cour encore bien petite comparée à celle des grands, et demeurant persuadés de leur importance. Êtres insignifiants finalement. Alors son pas se fait un peu plus rapide, à mesure que les odeurs se font plus proches, plus ragoûtantes, signe qu’il n’est plus très loin de sa proie. Puis des éclats de voix, certains amusés, railleurs, d’autres bien moins. Aux parfums viennent alors se mêler les fragrances des émotions, de la colère à la peur, tout autant que l’excitation. « Ahah ! Quelle belle prise ! A tous les coups, on sera grassement payés pour ceux-là ! » L’appât du gain. La chose la plus écœurante au monde, et pourtant, tous ici, lui y comprit, travaille pour quelque chose en particulier. Ceux-là : l’argent. Lui ? La liberté. Enfin, sa proie est repérée, et son assurance l’incite à s’approcher, à révéler sa présence, sa victime se retournant brusquement sous son odeur. « Rhagnär ! Quelle surprise ! Regarde ce qu'on a trouvé ! » Un grondement, alors que le regard du concerné se fait plus dur, plus sauvage. « Aurais-tu oublié les bonnes manières Falcon ? » Son ton est sans équivoque, au moins aussi agressif que son propre regard vairon, laissant au jeune loup comprendre son erreur, la rectifiant rapidement alors que ses genoux ploient devant le bolverk, sa nuque se présentant au second alpha de la meute. « Mieux. Rentre chez toi maintenant, ta mère t’attend. » Un regard de protestation, alors qu’à côté, les rafleurs se mettent à rire, se moquant d’ores et déjà de leur nouvelle recrue. « Mais Rhagnär ! Il faut que je les suive ! » Nouveau grondement, ne quémandant aucune objection, alors que l’ancien se fait déjà plus dur. « Tu n’es encore qu’un louveteau ! Obéis et rentre ! Nous en reparlerons lorsque tu auras gagné tes 17 hivers ! » Nulle autre protestation, alors que le loup disparaît dans une volute à la couleur encore indéterminée, sous le regard animal du Bolverk, qui ne tarde plus à se retourner sur les compagnons du jeune loup. « Quant à vous, si j’apprend qu’un seul autre loup à rejoint vos rangs, sans que je n’en sois au courant, je vous promet une mort lente et douloureuse. À côté de ça, la colère du seigneur des ténèbres vous paraitra des plus douces. Et pour information, il n’aura aucun mal à vous remplacer… » Mais déjà se tait, alors qu’une autre fragrance à capter son odorat, douce, délicate, et fort bien connue. Le voilà qui penche la tête pour mieux observer le petit paquet de fuyards rattrapés, sans qu’il ne trouve le visage de son autre proie. « Montre-toi, je sais que tu es là. » glisse t’il, alors que le visage de Cersei s’insinue déjà dans son esprit.
≡ son emploi : professeur de sortilèges à poudlard.
≡ statut de sang : sorcier de sang-pur, noble jusqu'au bout des doigts, qui tient à la dignité de sa famille.
≡ sa maison : ancien gryffondor, un choix qu'il n'a jamais particulièrement compris ni accepté, tous les siens finissant normalement chez les serpentards.
≡ sa baguette : bois d'ébène, spécialisation en maléfices, longueur de trente-deux centimètres avec pour centre un ventricule de coeur de dragon.
Sujet: Re: here you are, sweet nothing (cersei) Mar 9 Avr - 16:54
kissing death and losing my breath
cersei-jane v. harkness & rhagnär f. greyback « Broken dreams and silent screams Empty churches with soulless curses We found a way to escape the day. » ------------❖------------❖------------
« Vous feriez mieux d’accélérer si vous ne voulez pas qu’ils vous tombent dessus ! » La figure luisante de sueur, l’homme de tête fit signe aux autres de se presser. Tous semblaient pourtant déjà exténués, par les incessantes courses qu’ils menaient depuis ce qui leur paraissait être des heures. Peut-être ne couraient-ils finalement que depuis quelques minutes à peine - Cersei savait déjà que si elle devait courir à cette vitesse pour des heures durant, elle finirait raide morte dans les feuilles avant même d’avoir pu s’en rendre compte. Le souffle court, elle manqua de ployer sous la lourdeur du type qu’elle aidait depuis qu’ils s’étaient arrêtés : les rafleurs leur étaient tombés dessus, l’homme avait reçu un sortilège qui lui avait laissé une bien sale et profonde entaille tout le long du mollet. Ce n’était définitivement pas beau à voir, et la jeune sorcière ne pouvait pas encore se targuer d’être apte à faire face à de telles blessures - quelqu’un s’occuperait de lui, sitôt qu’ils auraient trouvé le portoloin pour rejoindre l’un des camps de l’Ordre, protégés et disséminés à travers le pays. La gorge sèche, elle ne daigna dire mot, préservant son souffle et sa salive pour la course, tandis que d’autres semblaient ragaillardis par les piques acerbes du sorcier de tête : accélérer semblait si facile, si dur à la fois. Chaque parcelle du corps de la jeune femme était épuisée : de ses pieds qui lui brûlaient, répandant des fourmis mordantes dans tout son être, à sa tête, où ses tempes étaient douloureuses tant le sang battait contre celles-ci. L’agitation, la peur, ne laissait guère de place à ces ressentiments fiévreux, et sans oser dire mot, Cersei ne pouvait qu’aller dans le sens des paroles du sorcier qui avait parlé. Ils devaient accélérer, s’ils voulaient survivre : c’était ça, fuir, c’était courir jusqu’à l’épuisement, lutter jusqu’au dernier souffle - et ne surtout jamais tomber entre leurs mains. Certains en avaient bien plus bavé qu’elle ; elle, elle pouvait encore se targuer de ne pas avoir de large cicatrice de le long de la cuisse ou sur le visage, ni même d’avoir dû lancer des sortilèges impardonnables sur qui que ce soit, ennemi ou allié. En côtoyant d’autres réfugiés, d’autres fuyards comme elle, la jeune sorcière se découvrait chanceuse, bien que son esprit continue, imperturbable, à ne voir que les amas d’obstacles se posant sur sa voie. Elle aurait pu être plus chanceuse encore, si son père n’avait jamais daigné porter la moindre attention sur elle, si elle n’avait jamais dû fuir pour rester celle qu’elle était et non pas tomber dans le cercle vicieux qui avait fini par dévorer l’âme de son père. L’âme de Sansa. Au combien les paroles amères de la jeune Cersei avaient souligné qu’elle en avait toujours été dénuée, elle avait eu tout le loisir d’assister (en l’absence d’Elwood) aux divers changements qui avaient peu à peu réduit Sansa à un néant. Dans les longues périodes d’exil qu’elle connaissait déjà, si loin des siens (ou de ce qui avait été, à une époque illusoire, les siens), Cersei s’acharnait à ne pas penser à eux, à ne pas se raccrocher à ce lascif passé qui revenait sans cesse hanter ses rêveries silencieuses. Elle avait bien vite compris, dans ses plus grandes difficultés, qu’elle se devait de fuir l’esprit léger, sans penser à quoique ce soit d’autre qu’elle, sa survie, et toutes les soigneuses décisions qu’elle pouvait prendre pour fuir des mains de ses bien nombreux assaillants. Au final, même les rafleurs qui ne la connaissaient pas, qui ne savaient rien de son existence s’avéraient être également des ennemis : certains idiots l’avaient déjà traitée de sang-de-bourbe, persuadés qu’elle fuyait à cause de ses origines - d’autres, la pensaient de l’Ordre. Pourtant, au sein de celui-ci (et malheureusement pour elle), elle avait le sentiment que plus de gens la connaissaient : dans les camps de l’ordre, elle avait souvent senti de nombreux regards suivre son sillage ainsi que chacun des gestes qu’elle faisait. Beaucoup trop la savaient fille de Mangemorts - ça pouvait lui sauver la mise, un jour mais pour le moment, cet état de fait, cet héritage déplaisant polluant son sang lui portait plus préjudice qu’autre chose. Au final, elle préférait largement la solitude, mais bien souvent, si elle voulait espérer pouvoir dormir à poings fermés pour effacer toute la fatigue qui marquait ses traits, si elle voulait pouvoir se rendre compte de l’état du monde, plutôt que de se plonger dans une profonde autarcie, elle s’imposait ces quelques rares périodes (risquées) au sein de quelques camps protégés. Restait en elle pour coutume de ne pas côtoyer grand monde, de ne pas parler ou de ses origines ou de son passé, de se faire aussi discrète qu’une souris, parasite et indispensable à la fois.
Au milieu des protestations des uns et des autres, c’est quelques mouvements dans la forêt qui ramenèrent un calme certain parmi le petit groupe. Insidieusement, Cersei resserra sa prise autour de l’épaule de l’homme qu’elle soutenait, son regard vaquant partout autour : il avait beau faire jour encore (matin ou soir, elle ne savait plus exactement où le cycle du soleil en était), la forêt de Dean s’avérait bien hostile aujourd’hui - baignée dans un épais brouillard, secoué par quelques vents déplaisants qui pouvaient pourtant trahir la présence de tout groupe caché où que ce soit. Certains avaient dit que les rafleurs avaient parmi eux un loup, plutôt connu pour faire partie du groupe des Greyback - à ces mots, Cersei n’avait pas daigné mouffeter, bien qu’elle puisse, malgré elle, avoir la prétention d’assez bien connaître les quelques têtes qu’elle avait croisés au sein de cette famille... ou meute. Définir les liens qui unissaient ces gens là, à mi-chemin entre une affection tout à fait particulière et une hiérarchie semblable à celle des loups en pleine nature, s’avérait être une tâche difficile pour la jeune sorcière - qui avait alors abandonné ses tentatives de mettre des mots sur l’inexprimable. Sous une légère brise silencieuse, battant les branchages nus des arbres, le sorcier esquissa un signe pour faire comprendre aux autres de reprendre leur course sans pitié. Mais il n’eut pas le temps de finir son geste - un éclair vert le frappa en pleine poitrine, provoquant l’inquiétude générale. Déjà des silhouettes se détachaient de la foule, disparaissant à toute vitesse ou ne faisant que quelques pas avant d’être frappées par des sortilèges - dans la frénésie générale, opposant tous les fuyards ayant sortis leur baguette et les rafleurs s’extirpant d’entre les arbres, Cersei n’avait pas encore lâché sa prise réflexe sur l’homme qui titubait encore - elle n’eut pas le temps de le faire, ni même de tenter quoique ce soit d’autre que de détourner un sort lancé dans sa direction. En quelques secondes à peine, l’affaire était réglée pour les rafleurs, qui avaient coulé de tous les côtés sur le petit groupe. Certains étaient peut-être morts, d’autres simplement évanouis, mais rares étaient ceux qui avaient la prétention de ne pas être blessés : alors que le groupe était rassemblé par les assaillants qui évaluaient leur prise, Cersei sentit bien des regards l’inspecter de haut en bas - elle n’avait rien, elle, rien d’autre que la large griffure qui avait ouvert la chair de sa joue lors de leur précédente fuite. Ca ne faisait qu’à peine mal, tant son coeur battait encore à tout rompre dans sa poitrine. Lâche qu’elle était, elle ignora les oeillades impérieuses des autres, elle ne fit aucun geste de protestation lorsqu’on s’approcha d’elle pour lui prendre sa baguette - à quoi bon faire quoique ce soit ? Maintenant que tous les rafleurs étaient rassemblés, affichant des mines fières et victorieuses, il était aisé d’évaluer que leur victoire aurait été indiscutable : ils étaient sans doute deux fois plus nombreux que les fuyards eux-mêmes, qui, pour la plupart, traînaient de vieilles blessures. Sans compter que la plupart de ces gens n’avait pas pour habitude de manier la baguette : certains exerçaient même des emplois au sein du monde moldu - les seuls membres de l’ordre qui les avait accompagnés se limitaient au type mort, frappé par le sortilège juste sous les yeux de Cersei, et le blessé qu’elle avait soutenu pendant toute leur course. Silencieusement, elle chercha son regard d’ailleurs, mais il l’ignora ouvertement - mieux valait que ces idiots de rafleurs ne savent pas qu’il appartenait à ce groupe, sans quoi soit ils le tueraient, soit ils le livreraient à des Mangemorts qui se chargeraient de le torturer pour lui arracher des informations - ce qui, au vu de la plaie béante qu’il avait à la jambe, ne serait pas compliqué : ils n’auraient eu qu’à se pencher pour lui arracher l’os de la jambe sans trop d’effort. L’horreur la glaçant alors qu’une telle pensée germait à son esprit, Cersei baissa finalement les yeux, espérant silencieusement pour elle, que personne ne la remarque, que personne ne la connaisse ici. Le silence se faisait pesant - au fond de sa poitrine, la jeune sorcière pouvait sentir son coeur qui ne perdait en rien de ses battements précipités - celui-ci avait été gagné par une fièvre qui ne s’éteindrait pas de sitôt. Par dessus son épaule, quelques pleurs accrochèrent son attention, sans qu’elle ne lève le regard - les rafleurs tournaient, volaient les affaires de ceux qui en avaient - dans la foule, une agitation se fit entendre, on désigna en direction de Cersei ; elle rougit jusqu’au cramoisi lorsqu’un des rafleurs entama quelques pas dans sa direction. Non, non.
Mais c’est le type à côté d’elle qu’il attrapa, le traînant dans les feuilles alors qu’il était incapable de se lever, pour l’afficher à la vue de tous les autres. « Ahah ! Quelle belle prise ! A tous les coups, on sera grassement payés pour ceux-là ! » Elle aurait voulu - elle aurait voulu dire le moindre mot, faire le moindre geste, mais elle s’escrima à ne pas même sourciller. Les larmes bordant sa paupière inférieure sous la peur, sous l’inquiétude, sous les remords, Cersei se mordit la lèvre jusqu’au sang pour ne pas bouger alors que les rafleurs traçaient déjà le funeste destin du sorcier. Ils ne le tueraient pas maintenant, mais l’échangeraient juste contre quelques gallions à pire encore. « Rhagnär ! Quelle surprise ! Regarde ce qu'on a trouvé ! » Comme un réflexe d’antan, ces simples mots, ce nom surgissant de nulle part suffit à ramener un espoir au fond de l’esprit de la sorcière. Espoir qui s’éteignit aussi vite qu’il était apparu, alors que ses azurs trouvaient la silhouette du visiteur impromptu. Sombre, sauvage et imprévisible. Comme le Greyback qu’il était, comme ceux à qui son père l’avait livrée, il n’y a de ça pas si longtemps. Se tassant sur place, Cersei fuit la scène du regard, se fondant dans la petite masse de gens autour d’elle - tous étaient captivés, apeurés par le combat de coq qui se déroulait à quelques mètres de là. L’incrédulité planait au milieu des rafleurs, mais en la présence d’un loup-garou (Mangemort qui plus est), aucun fuyard n’eut pour idée d’exploiter ces failles affichées à bon escient. Le silence s’était déjà fait lourd, oppressant dans le petit groupe, lorsque - « Montre-toi, je sais que tu es là. » Son palpitant tomba dans sa poitrine, en une chute vertigineuse qui lui coupa le souffle. Elle en était arrivée à faire dos à la scène, mais elle savait que ces paroles étaient pour elle - c’était particulier, spécial, comme un instinct se frayant un chemin glacial sous sa peau. Il n’y avait pas de doute, pas de faux questionnement à se poser - c’était à elle qu’il parlait, à personne d’autre. Elle en frissonna, alors qu’elle ressentait l’impérieuse oeillade de Rhagnär sur elle. Cependant, Cersei ne fut guère surprise de se découvrir pétrifiée, clouée sur place par l’inquiétude. Personne ne savait de quoi il en retournait : fuyards comme rafleurs demeuraient silencieux ; le temps lui-même semblait s’être suspendu à sa prochaine action. Ou aux mots presque incisifs tout autant que chantants du Mangemort. Terrée comme un lapin, elle sentait encore et toujours la présence inquisitrice de Greyback, là, à quelques pas d’elle. Il lui sembla falloir une éternité pour finalement faire volte-face, croiser le regard de quelques autres autour d’elle avant de se détacher du petit groupe. En ces quelques pas décisifs qu’elle faisait, elle sentait tout ce qu’elle avait fuit retomber lourdement sur elle : la prescience de son héritage, de Doezwal sur sa vie, tout ce qui l’avait liée à Rhagnär, tout ce qu’elle avait bêtement idéalisé et qui avait disparu en fumée à présent. Ce n’était pas grave, ça n’avait été qu’un amas de mensonge que sa naïveté avait imposé à son esprit : il n’était rien comme Elwood, il n’était qu’un Mangemort et ses petits et faibles espoirs n’avaient été qu’une insulte à l’égard de son cousin. A ces songes, elle crispa la mâchoire, incapable de savoir d’où lui venait la bravoure qui la faisait encore tenir sur ses jambes ; qui lui permit, en plus, de trouver le regard sombre de son vis-à-vis. Alors qu’elle le toisait, lointaine et silencieuse, elle entendait déjà une nuée de chuchotements faire vivre la forêt. « Laissez les partir. » Finit-elle par articuler sans grande difficulté, mais pour ne pas regretter ses paroles ou laisser une inquiétude fracturer son visage dur, elle chercha du regard tous les autres rafleurs alentours. « Sans moi ou sans le type de l’ordre, ce serait une perte de temps de faire le trajet jusqu’à Azkaban pour eux. » Les rafleurs n’étaient que les larbins des mangemorts, c’était bien connu - mais après tout, n’étaient-ce pas eux qui l’avaient capturée ? Rhagnär ne faisait que passer - d’un regard en coin, elle devina quelques inquiétudes, quelques questionnements secouant la troupe de rafleurs ; sans doute n’éprouveraient-ils aucune difficulté à se dresser contre un Mangemort esseulé pour la récompense qu’ils pourraient obtenir s’ils la ramenaient à son père sans qu’il ne leur ait demandé quoique ce soit. Mais c’était différent, il s’agissait de Rhagnär et, irrémédiablement, de tout le clan Greyback ; sans doute qu’ils ne feraient rien d’autre que protester quelque peu à l’idée de perdre leur butin au profit du loup qui venait de leur passer un savon, mais ce serait déjà suffisant pour qu’elle gagne du temps et trouve ainsi, une quelconque façon de se défaire de son pétrin.
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Sujet: Re: here you are, sweet nothing (cersei) Mer 10 Avr - 1:33
SWEET NOTHING, YOU'RE MINE
Il n’est guère besoin d’attarder le regard pour comprendre le carnage qui s’est déroulé ici quelques instants plus tôt. À vrai dire, le loup n’a qu’à se fier à son odorat, reniflant peu à peu les parfums des défunts s’affaisser peu à peu, disparaissant dans la neige, dans la terre qui réclame son dû pour avoir souillé son âme par la mort. Les rafleurs n’ont jamais fait dans la demi-mesure après tout, se débarrassant du plus gros nombre pour mieux contrôler la situation. Instaurer la terreur et contrôler les survivants avec cette arme. Il était lui-même le précurseur de cette méthode qui avait fait ses preuves depuis des années, des siècles, et bien plus encore. Ne portait-il pas par ailleurs un patronyme associé à l’horreur, maître de l’effroi, et de toute sorte de promesses tacites et diaboliquement sadiques ? Pour autant, il n’avait pas prit part à la traque en cette journée, un fait rare ces temps derniers, n’éprouvant aucun intérêt à chasser de simples nés-moldus, et autres créatures esseulées. À la vérité, la seule proie digne d’intérêt lui avait échappé quelques temps plus tôt, et bien qu’il n’eut pas éprouvé l’intérêt de lui lancer la chasse maintenant, il savait que cela ne saurait tarder, le paternel de cette dernière s’impatientant bien plus que de raison. Maudite renarde. Et pourtant ! N’est-ce pas son odeur qui traine parmi d’autres ? Cette délicieuse fragrance qui titille son odorat, éveille son intérêt et l’oblige à esquisser une mimique satisfaite. Quel alpha ne saurait l’être ? Car voilà qu’on lui porte sa proie sur un plateau d’argent, sans même qu’il n’ai eut besoin de lever la pate, montrer les crocs ou autre. Finalement, les rafleurs, cette bande de sous-fifres, n’étaient peut-être pas aussi inutiles qu’il n’y paraissait. Ne restait plus qu’à soutirer l’insouciante de ce traquenard pour mieux la délivrer à celui qui la réclamait, et restaurer un tant soit peu de cet honneur perdu par sa faute. Et la sienne par la-même occasion : car n’était-ce pas lui qui avait eu perdu la jeune fille, ayant sans doute eu un peu trop confiance en la jugeote de cette dernière ? L’enfant méritait bien son surnom de renarde finalement, jouant d’une ruse, appuyant une confiance, pour mieux s’échapper sitôt la lune ronde levée. Pour cela, Rhagnär la maudissait, et par le même fait, ne pouvait qu’éprouver une certaine once d’admiration, car fallait-il être fou pour s’enfuir sous la truffe de lycans métamorphosés. Une erreur qu’il ne commettrait pas deux fois néanmoins, se jurant intérieurement de l’attacher chaque fois qu’il devrait s’en aller. L’attacher tout court en vérité, quelque soit l’instant, quitte à acheter une laisse. En vérité, les idées ne manquaient pas, il ne lui suffirait que de piocher une fois qu’elle serait de nouveau sienne.
Pourtant, il ne sent que son odeur, sans même entrevoir son visage, ne devinant que sa présence dans cette mauvaise troupe, ces pauvres diables qui ne sauraient profiter d’un seul instant pour s’évader. Son regard s’attarde sur les diverses silhouettes, cherchant à reconnaître celles qui ne sauraient le tromper, retrouver le feu de ses cheveux, et plus encore, son visage angélique teinté d’une malice certaine. Néanmoins, la diablesse tarde à se montrer, l’incitant à se faire plus pressant, grondant sous gorge, obligeant ses compagnons d’infortune à reculer d’un, voire deux pas. Sa dangerosité n’était pas à sous-estimer, chacun ici le savait. Et pourtant, il n’était pas dans son idée de prendre une forme hybride, ou de laisser le loup s’imposer sans qu’il n’en possède le contrôle… Seulement de presser la jeune fille, auquel cas, il viendrait de lui-même la chercher. Autant laisser une chance à cette dernière de se repentir de sa fuite, de cette terrible erreur, quand elle n’était pas tant en danger à ses côtés. Ne lui avait-il pas offert protection ? Un toit où elle ne serait pas importunée ? Une amitié, certes sous le couvert d’une autre menace, néanmoins, il lui avait tendu la main, prêt à en découdre avec quiconque oserait l’importuner. Avoir un loup dominant pour garde du corps… qui serait assez fou pour rejeter l’opportunité ? En fin de compte, des explications allaient s’imposer d’elles-mêmes sitôt qu’il l’aurait récupérer, et peut-être, oui, peut-être envisagerait-il un long moment avant de daigner la rendre à son paternel, cet homme qu’elle semblait vouloir fuir en tout premier lieu. Enfin l’impatience le gagne, alors qu’il sent la peur au moins autant que la défiance. Maudite sorcière ! Mais enfin, la voilà qui se tourne, lui offrant tout loisir d’observer son visage, d’estimer une quelconque altération de sa beauté, de son innocence. « Laissez-les partir. » furent les quelques mots qui franchirent ses lèvres roses, alors que lui-même en arrivait à hausser un sourcil, toisant la jeune femme au même titre que l’ordre donné. Quelques rafleurs s’agitèrent, sans qu’il ne daigne leur prêter attention, attendant plutôt la suite des évènements. « Sans moi ou sans le type de l’ordre, ce serait une perte de temps de faire le trajet jusqu’à Azkaban pour eux. » Une esquisse de sourire, alors qu’il ose quelques pas, levant la main pour infliger le silence aux sous-fifres qui l’entourent. Il n’entend que trop la rébellion s’élever dans les rangs. Pourtant, ce n’est pas à ces derniers qu’il s’adresse finalement, le regard vairon et sanguinaire ancré dans l’azur de sa proie en devenir. « Crois-tu vraiment être en position de marchander ma douce ? » Non, assurément non. Les rafleurs n’attendraient pas un seul geste de sa part pour forcer les autres à demeurer à leur place, et pis encore. « Quelle importance peuvent avoir ces personnes à tes yeux ? Que t’apportent-ils en cet instant ? Qu’apporteront-ils demain ? » Un silence, alors qu’il s’approche, glisse son pas de manière à lui tourner autour, tel le loup prêt à dévorer sa proie. « Conscience quand tu nous tiens. Laisse-moi t’éclairer Cersei. Supposons que je daigne accorder ta requête, crois-tu sincèrement que ce serait leur rendre service que de les laisser s’enfuir ? Au nom de quoi ? De la Liberté ? Foutaises. Tu les condamnes plus qu’ils ne le sont déjà. Au mieux, tu leur offres une journée de répit, ou pas d’ailleurs, puisqu’ils vivront dans la peur, celle d’être trop vite rattrapés… Car ces hommes que tu vois là, n’auront qu’un seul but : les pourchasser, les retrouver, les amener là où ils auront envie de les mener, ou pire, les exterminer. Est-ce là ce que tu souhaites pour tes compagnons d’infortunes ? » Voilà qu’il se retrouve face à elle, assez proches pour que ses doigts glissent sous son menton, afin de relever ce joli minois pour mieux observer les réactions dans le regard de l’effrontée. « Je t’épargne ce destin pour peu que tu rentres avec moi. De là, nous discuterons de ton propre sort. » De toute manière, il ne la laisserait pas partir, de gré ou de force, la ramènerait avec lui. Il ne subirait pas une seconde fois l’affront de la voir s’enfuir, quitte à la traquer et exécuter les menaces dont elle souhaitait s’échapper.
≡ son emploi : professeur de sortilèges à poudlard.
≡ statut de sang : sorcier de sang-pur, noble jusqu'au bout des doigts, qui tient à la dignité de sa famille.
≡ sa maison : ancien gryffondor, un choix qu'il n'a jamais particulièrement compris ni accepté, tous les siens finissant normalement chez les serpentards.
≡ sa baguette : bois d'ébène, spécialisation en maléfices, longueur de trente-deux centimètres avec pour centre un ventricule de coeur de dragon.
Sujet: Re: here you are, sweet nothing (cersei) Jeu 11 Avr - 1:30
kissing death and losing my breath
cersei-jane v. harkness & rhagnär f. greyback « Broken dreams and silent screams Empty churches with soulless curses We found a way to escape the day. » ------------❖------------❖------------
Des mois durant, Cersei avait traîné avec elle l’amer sentiment d’être une victime. Inlassablement, une victime des choix qu’on faisait pour elle, des circonstances et des amas de malchance qui tombaient sur elle. Ça avait commencé le jour où son père avait débarqué au sein de sa vie presque trop paisible, la perturbant irrémédiablement par la force de toutes les volontés qu’il apposait sur sa vie : voilà que Doezwal Harkness avait, longuement, usé de l’héritage qui coulait dans les veines de la jeune sorcière pour la faire se plier à toutes ses envies : il aurait pu souhaiter la marier à un type bien plus vieux qu’elle – prétextant qu’il était de sang-pur – que ce serait aujourd’hui chose faite, sans qu’elle n’ait ni osé, ni eu la moindre chance de lutter contre ces desseins. Heureusement pour elle, il semblait avoir attendu qu’elle soit plus indépendante qu’une simple épouse, portant son honneur au doigt sans être pour autant capable de quoique ce soit d’autre. Elle ne se retrouvait pas mariée à qui que ce soit, elle avait simplement suivi un enseignement pour le moins particulier, dont les âpres jours hantaient encore la jeune sorcière qu’elle était – Doezwal pouvait toujours se targuer d’avoir réussi à graver bien profondément à l’esprit de sa fille, ces quelques mois passés en sa compagnie. Pas pour le meilleur, c’était indéniable : au fond, parfois elle se demandait ce qui faisait qu’aucun changement ne s’était mis en place en elle, ce qui faisait qu’elle n’était pas devenue aussi obtus et sadique que Sansa, qu’elle n’avait pas adopté la ligne de conduite de tous les Mangemorts, de tous les rafleurs qu’elle avait si longtemps côtoyé. Leur façon de voir les choses l’horripilait plus qu’autre chose, aussi, elle ne s’était que trop ardemment accrochée aux rares qualités qu’ils pouvaient lui montrer. C’était ainsi qu’elle avait bravé bien des frontières avec Rhagnär, voyant en cette figure protectrice, une image à laquelle elle n’avait que liée trop de confiance – elle avait su, dans un coin de sa tête qu’elle le regretterait. C’était aujourd’hui que tout lui revenait en pleine figure. Peut-être le méritait-elle, dans l’estime du Mangemort que Greyback était. Pourtant, ces retrouvailles avec Rhagnär relevaient plus du coup du destin, ironique et destiné à la détruire, probablement : il n’y a pas si longtemps que cela, elle ne faisait partie d’aucun groupe de fuyards et jamais elle n’aurait envisagé la possibilité de rejoindre un camp de l’Ordre. Ceux-ci s’avéraient tout aussi hostiles pour elle que les camps des rafleurs ; c’était à peine si elle avait réussi à y croire, à comprendre de quoi il en retournait lorsque quelqu’un l’avait reconnue, au sein du dernier camp où elle avait trouvé refuge : la fille du Mangemort, jamais en envisageant sa fuite, elle n’avait pensé à toutes les vies brisées par son père, toutes les horreurs auxquelles elle avait assistées, impuissante, qui lui reviendraient en pleine figure. Quelle grossière erreur – c’était ça, d’être une victime, une inlassable victime. Il lui avait fallu du temps pour oser se dresser contre son père : ses dix-sept ans avaient semblé se faire désirer plus encore que toutes les années passées réunies – lentement, Cersei avait compté les jours, sans laisser quelque espoir percer sur les traits de son visage, rien que pour ne pas risquer d’attirer l’attention de quelques regards trop attentifs. Et à l’aube de ses dix-sept ans, elle avait été prise d’une hésitation ; encore aujourd’hui, elle ne savait pas quelles raisons, quelles inquiétudes brûlant au fond de ses entrailles l’avaient poussée à sauter le pas, dans les pires circonstances possibles et imaginables d’ailleurs. Elle l’avait fait pourtant, et quand bien même elle avait trébuché sur bien des embuches depuis, rien ne lui avait encore fait regretter la trahison qu’elle avait commise à l’égard de son père. De son père et de beaucoup d’autres. Malgré elle, elle avait déjà vu le doute s’imprimer sur le visage de Saireann – la part orgueilleuse née de ces petites victoires sur le monde, avait imposé à Cersei de ne pas avoir une quelconque pitié pour lui, pour les difficultés qu’il avait à la retrouver, alors qu’elle était assise juste à côté de lui, simplement sous un autre visage. C’était la pire ironie qui soit, la pire trahison imaginable, mais c’était à la guerre comme à la guerre – lui, il n’hésiterait pas à la ramener à son père sans sourciller et sans se soucier de ce que celui-ci lui ferait subir. Il fallait qu’elle s’endurcisse, ou que du moins, elle vende l’illusion aux autres qu’elle était gagnée par plus de bravoure à présent.
Après ces longues semaines de fuite, ces interminables mois passés auprès de la lie de toute l’humanité. Fuir ses ennemis en s’inspirant d’eux, il fallait avouer que c’était un plan presque diabolique, mais Cersei n’avait pas encore assez d’arrogance en elle pour s’en targuer ouvertement. Mais les rares fois qu’elle se laissait aller à baisser la garde, se joignant à quelques parts de civilisation, rien que pour s’assurer que le monde magique continuait de tenir bon, voilà ce qui arrivait ; c’était comme inscrit dans la destinée qu’elle avait choisie : elle était mieux seule, à ne mettre personne en danger, et à ne laisser personne la mettre en danger. A s’engager sur cette voie-là, si la guerre venait à durer des années encore, elle finirait par devenir asociale, semblable à une ermite enfouie dans les profondeurs des forêts les plus épaisses, mais elle se sentait presque apte à le devenir. Faire des choix différents, s’avérait être une décision bien tardive à présent, alors que planait au-dessus de sa tête l’électricité d’une crainte palpable, secouant toute la troupe qui l’entourait, tandis que les pas de Rhagnär, foulant rageusement la neige gelée, s’étaient rapprochés. S’il avait l’odorat surdéveloppé, ça ne devait pas être le cas de sa vue, à moins qu’il n’y mette pas totalement du sien, s’octroyant encore le luxe de permettre à la sorcière de faire ses propres choix. Il aurait pourtant dû savoir qu’elle ne faisait pas toujours les meilleurs qui soient – en ce qui le concernait, en tout cas. L’évidence avait gagné le bord de l’esprit de la sorcière cependant – elle ne pourrait pas se cacher éternellement, elle ne pouvait évidemment pas se défaire du groupe pour essayer de fuir, ou tenter de demander de l’aide à qui que ce soit. Beaucoup de personnes, dans l’amertume qu’était devenue leur vie, en arriveraient presque à lui cracher un venin acerbe à la figure, lui faisant comprendre qu’être sous la protection d’une troupe de Mangemorts, de rafleurs et d’êtres tous aussi détestables les uns que les autres ne s’avérait pas être la pire chose qui soit. Ils ne savaient rien tout ceux-là. A chaque seconde qui passait, l’irrémédiable s’épaississait, brûlant l’air au fond des poumons de la jeune sorcière qui avait fini par retenir son souffle. Les premiers mots qu’elle prononça même, à peine détachée du reste de la troupe, s’étaient glissés à travers ses lèvres avec les dernières bouffées d’air qu’elle avait encore au fond de sa gorge – mais voilà déjà, qu’elle se devait de tenir bon. S’escrima-t-elle aussi à masquer la frénésie de son cœur, cherchant à s’extirper du fond de sa poitrine : elle-même se surprenait de s’entendre parler avec tant de mesure, la voix chevrotant imperceptiblement, jusqu’à ce qu’elle puise assez de courage parmi la foule incrédule de rafleurs. Elle ne demandait pas grâce, elle ne demandait pas même une faveur, tout ce qu’elle cherchait à faire c’était attiser la flamme d’incompréhension que Rhagnär avait allumée de lui-même : au combien ils étaient à présent placés sous la coupe des Mangemorts, les rafleurs restaient des êtres sauvages et imprévisibles. Ça, elle l’avait appris auprès de Saireann lui-même et elle ne serait guère surprise d’entendre quelques voix se dresser contre les volontés de son vis-à-vis, rien que pour quelques histoires d’argent. Cet aspect vénal chez certains de ces êtres était on ne peut plus détestable selon la jeune femme, mais s’il pouvait lui sauver la mise aujourd’hui, c’était tant mieux. Rhagnär percerait bien vite à jour ses quelques tentatives pour semer le trouble autour d’elle, elle n’en doutait pas, mais d’autres s’avéraient bien plus stupides que lui, il le savait sûrement déjà. « Crois-tu vraiment être en position de marchander ma douce ? » D’un geste seulement, il avait coupé court aux premiers débats naissants, en un souffle s’élevant au milieu de la forêt silencieuse – il s’était déjà rapproché et la sorcière détourna vaguement le regard ; elle se savait bien incapable de trouver quelque courage au fond des prunelles animales de son adversaire – mais les regards furtifs que les rafleurs se lançaient s’avéraient être un réconfort bien plus plaisant encore. Rien ne vint cependant défaire la gravure de marbre de son visage, alors qu’elle levait légèrement le menton, droite comme un I, faite d’une dignité qu’elle n’avait que trop rarement eue ces derniers temps. Et qui n’était sans doute ici qu’illusoire. « Je ne marchande rien. Ils ont tué leur gagne-pain et comptent faire des kilomètres avec ces gens-là pour pas grand-chose, stratégiquement, c’est une perte de temps. » Pour avoir vécu au cœur des événements, elle savait tout de la véhémence que les Mangemorts avaient à l’égard de ces sorciers de bas-étage. Et également combien ceux-ci ne pouvaient s’empêcher de se méfier des suppôts de Voldemort, se contentant de traiter avec eux pour des histoires de gros-sous uniquement. Mais les quelques prétextes qu’elle servait, Rhagnär avait déjà assez de talent pour les balayer sans sourciller – elle ne doutait pourtant pas du fait que leur conversation, exposée à tous, ne tombait pas dans des oreilles de sourds. Mais elle oublia bien vite les rafleurs et tout ce dont elle se protégeait, alors qu’elle le sentait presque se glisser sous sa peau comme un serpent au venin acidifiant ses chairs, uniquement par la force de ses mots, l'assaillant de part en part.
Qui étaient ces gens pour elle ? S’immisçait déjà cette question dans l’esprit de la jeune sorcière, qui laissa ses azurs clairs dessiner les silhouettes indéfinies, à quelques pas d’elle – ces gens, ils n’étaient rien pour elle, à y réfléchir, pour la plupart, elle ne leur avait jamais adressé la parole. Pour d’autres, ils ne savaient pas qui elle était, d’où elle venait, et l’esprit pessimiste de Cersei lui disait déjà que ceux-ci n’hésiteraient pas à lui tourner le dos aussitôt qu’ils en auraient l’occasion, s'ils savaient. Elle crispa brusquement la mâchoire, s’escrimant au silence alors que dans sa tête, toutes les contradictions du monde semblaient se faire bataille : c’était ainsi qu’elle avait vécu, il n’y a pas si longtemps que ça. Il l’étouffait d’une présence malsaine, à tourner autour d’elle comme un vautour. Partagée entre ce qui lui paraissait parfois être des évidences, des calculs mathématiques d’une logique implacable – et l’éthique, cette affection pour le genre humain qui lui avait été transmis au sein de la famille où elle avait grandi. Il n’y avait pas à douter du fait qu’elle aurait été une toute autre fille, si Doezwal s’était donné la peine de l’éduquer il y a de cela des années ; mais elle était une Harkness, une de ces branches qui tendaient vers le soleil, l’éternel espérance plutôt que vers le chaos. Elle était la sœur d’Elwood, la fille d’Isleen et de son mari, ce n’était pas le sang coulant dans ses veines qui faisait la différence. Elle ne voulait pas, elle ne voulait pas ressembler à son père ou s’accorder à l’image idyllique que représentait à ses yeux, la femme qu’était devenue Sansa. Le bourdonnement de ses questionnements et de ses convictions avait presque assourdi une partie des propos du Mangemort devant elle, pourtant, elle avait saisi les principales essences du débat qu’il tentait de faire naître en elle. A quelques centaines de mètres ici, était tapi dans la forêt un portoloin qui mènerait tout le monde en sécurité, si tant est qu’ils aient la force et la volonté de l’atteindre – c’était pour ça qu’ils se retrouvaient tous ici, pris au piège par une armée de rafleurs. Ils avaient leur chance, et quand bien même ils ne l’avaient pas, quand bien même leur destinée serait pire encore ; au moins, auraient-ils l’occasion de lutter pour celle-ci. Comme ils le faisaient depuis des mois déjà. Ses yeux clairs accrochés au regard torve de Rhagnär sous la poigne qu’il imposait à son menton, Cersei plissa les lèvres un instant, masquant le frémissement qui parcourut celles-ci alors qu’elle se perdait au fond des iris de l’homme qui lui faisait face. Il s’avérait si intimidant maintenant, qu’elle se demandait quelles étaient les volontés qui lui donnaient encore la force d’articuler quelque réponse. Si proche d’elle, qu’elle pouvait sentir son souffle glisser sur sa joue, un frisson s’esquissant le long de son dos ; une hésitation fracturant le fond de ses prunelles. « Je n’ai pas besoin qu’ils m’apportent quoique ce soit. Ou qu’ils aient une quelconque importance pour le reste du monde. Qu’est-ce qui te donne à toi le droit de décider ce qu’il adviendra d’eux ? » Ils étaient peut-être tous des nés-moldus, des traitres à leur sang ou des fuyards pour d’autres raisons encore ; qu’est-ce que ça changeait ? Bien des injustices avaient déchiré sa famille à elle ; peut-être était-ce ça qui faisait la différence. D’un pas en arrière, d’un geste, elle eut l’audace de se défaire de la prise du Mangemort. « Je viens avec toi. Mais sans ma baguette, je ne servirais à rien. » Elle laissa traîner un regard autour d’eux, Cersei n’avait même pas daigné lever le regard vers le rafleur qui l’en avait destituée, elle ne saurait dire à quoi il ressemblait. Elle ne voulait pas voir son père, à cette pensée s’imposant à elle, elle chercha vaguement le regard de Rhagnär, avant d’abandonner toute tentative de puiser en lui quelque soupçon de pitié. Si tant est qu’il avait pu en avoir pour elle, sans que ce ne soit qu’un jeu servant à attiser sa confiance, elle s’était envolée à l’instant où elle lui avait tourné le dos. Mais elle ne voulait pas se laisser submerger par la peur et l’inquiétude naissant déjà au fond d’elle, pas ici – moins encore si, à présent, elle ne devait compter plus que sur elle-même.
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Sujet: Re: here you are, sweet nothing (cersei) Ven 12 Avr - 20:24
SWEET NOTHING, YOU'RE MINE
A bien la regarder, la fille de Doezwal ne lui ressemblait en rien, bien loin d’être aussi portée sur le sadisme que le père, au même titre qu’elle semblait bien incapable de la moindre pensée meurtrière. Inutile de chercher à en tirer quoi que ce soit, semblait dire l’aura de pureté qui se faisait un vêtement indéchirable. La poupée était incassable dans un certain sens. Était-ce pour cette raison qu’elle avait été envoyée chez les lycans, ces damnés considérés comme rien de moins que des bêtes sauvages et sanguinaires ? Là encore pourtant, le Bolverk avait bien vu qu’il serait inutile de chercher à changer le visage de l’ange rousse qui lui avait été confiée, elle n’obéirait en rien au drôle d’instinct conduisant les loups sur un chemin bien dangereux… Néanmoins, il était aussi inutile de la tenir loin des affres de la guerre, des situations viles et déplaisantes, en rien cela n’aurait put l’aider finalement. Il n’avait pas même prit la peine de veiller à ce bien-être sur ce plan-ci, souffrant au même titre que d’autres des conséquences d’une guerre qu’il n’avait en rien demandé. Soumis à la loi du chef de meute, retenu par une obligation de garde du corps, pis encore que cela, de baby-sitter. Inutile de cacher cet élément, la venue de la fille Harkness dans la meute n’avait pas arrangé les choses, le second alpha de la meute refusant tout simplement de pouponner une jeune femme capable de semer le trouble dans le rangs de ses jeunes loups par une simple œillade, au même titre qu’elle ne servait foutrement à rien. Paria dans la meute, il avait finit par céder à l’instinct de protection alors que d’autres lycanthropes voyaient en elle un objet de curiosité, une convoitise, une gourmandise. Force était de reconnaître que la pauvre enfant ne survivrait pas une seconde sans lui pour montrer les crocs à qui oserait ne serait-ce que porter le regard sur elle… Allant jusqu’à finalement échanger un peu plus de mots, un peu plus qu’une relation de simple connaissance. Un fait qu’elle avait réussit à gâcher par son comportement fuyard, laissant les pendules se remettre à l’heure seules. Au fond, il se moquait bien de ce qui pouvait arriver à la jeune rousse, tant qu’on ne venait rien lui reprocher directement, pensée qui n’était pas au goût du père de celle-ci, mais quelle importance ? L’enfant avait fait son choix, elle ne pouvait qu’en assumer les conséquences, quant à lui, cela ne l’empêcherait certainement pas de dormir.
Et pourtant, quelle ironie du sort que de la voir ici, quand il ne la cherchait nullement, aubaine qu’il ne laisserait pas échapper, obligeant la jeune femme à sortir du rang, faire face au croquemitaine de tout sorcier. La renarde avait tenue bon, hors du foyer qu’il lui avait offert, et ne semblait qu’en avoir peu souffert, son visage d’opaline conservant cette même couleur, sa chair n’ayant pas eu l’air de trop souffert de la faim… Pas tout à fait comme au départ, néanmoins encore en bonne santé. Au pire, elle avait souffert psychologiquement, au mieux, ces dernières épreuves avaient fini par la renforcer un tant soit peu. Mieux encore, une assurance qu’elle ne possédait en rien à l’aube de leur rencontre, renfermée, silencieuse et bien timide. Un aspect bien plus plaisant, alors qu’elle se plaisait déjà à lui tenir tête, avec toutefois cette retenue que l’on garde face au danger, celui dont on ne sait quelle réaction prévoir. Quant à lui, ses sens se font animal, son pas, de rôdeur, grondement planant sous gorge, regard on-ne-peut-plus amusé, l’œil rouge pétillant, quand les lèvres s’étirent vaguement. Pourtant, il n’est guère d’humeur joueuse, coupant court au débat que la renarde suscite au sein de la troupe qui tient encore les clés de sa liberté. Enfant rusée. « Je ne marchande rien. Ils ont tué leur gagne-pain et comptent faire des kilomètres avec ces gens-là pour pas grand-chose, stratégiquement, c’est une perte de temps. » Cette fois, c’est un rire de velours qui franchit ses lèvres, alors qu’il se détourne d’elle un vague instant. Elle est loin d’être idiote, en fin de compte, l’on pourrait même penser qu’elle est capable de quelque chose, mais cela, ce n’est pas à lui de juger, et au fond, s’en moque éperdument. Un instant, confie la délicieuse Cersei au regard attentif d’un rafleur, alors qu’il va de lui-même juger l’importance des fuyards. À ses propres yeux, ils n’en ont aucune, et il doute sincèrement que le Lord leur en trouve une quelconque, si ce n’est par sadisme ou besoin de terreur. Au pire, ils seront donnés comme exemple de cruauté à Fenrir et ses loups, autrement dit, lui. L’un d’eux finira certainement sous ses crocs, et l’idée le laisse aussi excité que répugné à ne rien cacher.
Mais déjà les délaisse pour revenir à sa proie principale, ses doigts se calant sous son menton, rappelant à l’ordre le regard de la jeune femme, ne doutant nullement du débat se déroulant dans l’esprit de cette dernière, sans qu’il n’intervienne plus, la laissant faire son chemin seule, attendant seulement ses réponses, ses exigences. Qu’importe ce que les rafleurs pouvaient penser dès lors, de cette proximité, de cette situation. Ils ne comptaient nullement. Elle seule avait une vague importance à ses yeux. « Je n’ai pas besoin qu’ils m’apportent quoique ce soit. Ou qu’ils aient une quelconque importance pour le reste du monde. Qu’est-ce qui te donne à toi le droit de décider ce qu’il adviendra d’eux ? » Il la laissa se détacher de lui, le défier comme elle le faisait en l’instant, éveillant en lui un sentiment de frustration de ne pas voir la jeune fille plier sous sa propre aura dominante, et pourtant à la fois amusé, envieux. « Je viens avec toi. Mais sans ma baguette, je ne servirais à rien. » Sa main regagnant le long de son être, alors qu’il se plaisait à passer l’autre dans ses cheveux défaits, puis retournant son attention vers celui qui semblait être le chef du groupe d’attaquant. « Tu as entendu, ils n’ont aucune importance. Néanmoins, que l’on ne vienne pas dire que je me suis interposé dans ton business, je te laisse le choix de l’avenir de tes proies, à tes risques et gains. Mais ne t’avises pas même de mettre un seul pied sur notre terre. » Un avertissement, devinant déjà à qui il avait l’intention de refourguer ses victimes, et alors qu’il chercher à protester, non sans avoir jeté un regard un peu plus profond à la rouquine… « Elle ne fait pas partie de ton groupe. Considère la sous la protection des Greyback, et je te conseille de taire ce que tu sais d’elle. » Enfin, reporta son attention sur sa propre proie, se souvenant brutalement de sa requête, sa demande. « Et que l’on me donne sa baguette. » La lui rendre ? Certainement pas. Il n’avait désormais plus assez confiance en la jeune femme pour cela, ne comptant sur elle que pour reconnaître son bien et la voir passer entre ses propres doigts, la glissant aux côtés de la sienne, tendant finalement la main vers la jeune femme, invitation à la prendre pour mettre fin à ce cauchemar, au profit d’un autre peut-être… « Pouvons-nous rentrer Miss Harkness, ou avez-vous une autre requête à soumettre ? » Sous-entendu : il ne lui accorderait rien de plus, ne lui laissant pas même l’espoir de savoir où il la mènerait vraiment. Mais gageons que la rendre à son paternel n’était pas vraiment dans ses pensées pour l’heure. L’affront qu’elle lui avait fait se devait d’être lavé, et pour cela, quoi de mieux que de rester prisonnière un peu plus de l’exécuteur de la meute ?
≡ son emploi : professeur de sortilèges à poudlard.
≡ statut de sang : sorcier de sang-pur, noble jusqu'au bout des doigts, qui tient à la dignité de sa famille.
≡ sa maison : ancien gryffondor, un choix qu'il n'a jamais particulièrement compris ni accepté, tous les siens finissant normalement chez les serpentards.
≡ sa baguette : bois d'ébène, spécialisation en maléfices, longueur de trente-deux centimètres avec pour centre un ventricule de coeur de dragon.
Sujet: Re: here you are, sweet nothing (cersei) Mer 17 Avr - 2:10
kissing death and losing my breath
cersei-jane v. harkness & rhagnär f. greyback « Broken dreams and silent screams Empty churches with soulless curses We found a way to escape the day. » ------------❖------------❖------------
Elle jouait certainement d’une dose de malchance, pour se retrouver face au grand méchant loup, piégée sous les regards insistants d’une troupe de rafleurs. Fuir ne semblait pas être une option, et pas même une fraction de seconde, l’idée n’était venue fracturer son visage opalin : si elle devait le faire, ce ne serait pas ici, au milieu de cette forêt avec une bonne dizaine d’ennemis prêts à lui sauter dessus à la moindre tentative. Une fois déjà, elle avait glissé des mains expertes des Greyback et des rafleurs sous la protection (la surveillance) desquels son père l’avait placée – la chose finirait par se reproduire, que ça doive lui prendre des heures, des jours, des mois ou même des années. Jamais Cersei ne ploierait devant les faux idéaux qu’on tentait vainement de lui vendre depuis qu’elle était tombée sous le joug de son père : elle tiendrait bon, elle garderait en elle, gravé au fer rouge, le digne héritage qu’elle avait obtenu de son oncle et de sa tante. Tout ce qu’elle savait sur le monde de la magie, sur le respect – peut-être illusoire et naïf – de chacun, sans tenir compte des origines ou des desseins à venir : c’était ce qui la différenciait de Doezwal, ce qui la rendait meilleure que cette folle de Sansa, meilleure que tous ceux qui la toisaient avec un amusement certain au fil de ses paroles. Bien souvent, chaque parcelle de son être et de son esprit avaient été écrasés par l’influence néfaste des Mangemorts qu’elle avait dû côtoyer : Rhagnär avait presque, paradoxalement, représenté l’île protectrice vers laquelle elle se tournait dans les pires cas qui soient. Il y avait eu Shae également, qui à sa grande surprise, en était arrivée à l’aider à s’enfuir – mais rien pourtant, aucune de ces attentions presque doucereuses dont elle avait été l’objet de la part de certains, ne parvenait à effacer l’amertume qui lui piquait la gorge alors qu’elle se retrouvait à nouveau face à l’irrémédiable. L’inévitable destinée à laquelle elle s’était promise la première fois qu’elle avait laissé son père lui mettre la main dessus : c’était à cette époque-là déjà qu’elle aurait dû fuir, sans se fier à ses parents et à la potentielle protection qu’elle croyait obtenir de leur part. Tout ceci n’avait été qu’illusion et c’était plus seule que jamais que Cersei se présentait devant la haute silhouette du loup. Les circonstances jouaient contre elle, il y aurait eu – en temps normal – bien peu de chances pour qu’il tombe sur elle, en ce qui semblait être un amusant hasard. Difficile de croire qu’il y a peu encore, elle avait trouvé la présence réconfortante d’Elwood, ses attentions presque reposantes, son affection, au combien celle-ci était enterrée sous l’amertume : la jeune sorcière avait décidé de laisser tout cela derrière elle, avec la promesse de revenir, mais de protéger son cousin également des conséquences de ses choix. Si Doezwal apprenait un jour qu’Elwood l’aidait en quoique ce soit, les risques s’avéreraient bien pires qu’un simple emprisonnement à Azkaban – pourtant, celui-ci ne soupçonnait pas au combien ses alliés pouvaient s’avérer être des traitres : de Shae elle-même, à Rhagnär en passant par Saireann qui ne voyait même pas l’évidence qui se jouait juste sous ses yeux. Tout autant qu’elle avait pu culpabiliser, parfois, dans ce qui faisait sa bonté, d’avoir abandonné certaines de ces épaules solides en faisant ses choix, tous ces ressentiments s’évanouissaient aussitôt qu’elle sentait le regard froid, torve et impérieux du Mangemort posé sur elle.
Dans une telle situation, son seul secours s’avérait être le scepticisme esquissant quelques visages des rafleurs autour d’elle, ainsi que les mines fermées de ses anciens alliés, qui étaient tous gagnés par l’incertitude alors qu’elle, elle avait presque le privilège de marchander avec un Mangemort (loup-garou qui plus est) plutôt que de ployer sous des tortures toutes plus insoutenables les unes que les autres. Les choses auraient été bien différentes, si elle n’était jamais tombée sous le joug de son père quelques mois plus tôt, si elle avait fui comme une vagabonde, sans raison évidente : peut-être serait-elle ignorée du reste du monde, peut-être aurait-elle fini à Azkaban, au milieu de la masse indéfinie des fuyards et des traitres. L’œillade impartiale de Rhagnär, la sondant trop souvent de bas en haut, avait le don de la faire frissonner sous l’oppression qui lui nouait la gorge – cependant, elle tentait tant bien que mal de faire bonne figure, affichant un air presque courageux, voire détaché de toutes les faiblesses qui pouvaient la trahir cependant. Elle ne se voilait pourtant pas la face : tout ce qu’elle tentait de camoufler n’échappait sans doute pas à son vis-à-vis, à l’œil de rapace qu’il attardait trop souvent sur elle. En rien il n’avait perdu cette assurance qui glaçait sur place la plupart des acteurs de cette triste scène : aux volontés du Mangemort, tourmentées par les paroles de la jeune sorcière, ne s’opposèrent que quelques vagues murmures, qui mettraient bien trop de temps à s’insinuer à l’esprit des rafleurs. Beaucoup pourtant, finiraient tôt ou tard par se méfier de Greyback, détournant leur chemin de celui du Mangemort – un fait qui pourrait lui sauver la mise, d’ici quelques temps. Osait-elle au moins l’espérer. En ces temps de guerre, les rafleurs représentaient des alliés bien trop importants pour les Mangemorts, des liens avec le reste du monde auquel ils ne voulaient qu’à peine se mêler – la confiance rompue entre les sbires de Voldemort et leurs propres larbins serait sans doute la clé à un quelconque déséquilibre dans ce monde manichéen à souhait. Cersei avait déjà pu se rendre compte, à bien des reprises, en revêtant le visage de Marianne et en buvant quelques verres en toute amitié avec Saireann, que la confiance des rafleurs en leurs patrons ne tenaient bien souvent qu’à un fil. Un fil si fin qu’il s’avérait facile à briser – bien souvent, la jeune femme avait alors immiscé dans le rythme impitoyable des pensées du sorcier, quelques questionnements à même d’afficher ses doutes, cette humanité qu’il enterrait sous cette arrogante fierté qu’il lui avait toujours affichée à elle, Cersei. Elle ne devait pas penser à Saireann, alors qu’elle tentait de se grimer d’une assurance sans faille face à la prescience dont Rhagnär savait faire preuve : alors qu’elle avait senti son souffle s’écraser sur sa peau, elle avait cru deviner un frisson lui lécher le dos jusqu’à la chair de poule, une traitrise qui n’échapperait pas à son adversaire. Son mouvement de recul ne fut qu’une première tentative pour se faire brave à nouveau, inatteignable dans les tréfonds de ses songes, qu’elle désirait à présent gardés inatteignables à toute pensée parasite qu’on tentait de lui inculquer. Mais si face à Rhagnär ses volontés vacillaient déjà, elle n’osait imaginer ce qu’il en serait face à son père – dans ses pires cauchemars, elle se voyait le supplier de lui pardonner ses folies et ses excès, lui jurer une confiance et une servitude sans faille ni limite ; elle se voyait tomber en désuétude, disparaître derrière un tout autre visage, qui ne ressemblait que trop à Sansa.
Elle devait être différente de ça, rester Cersei, mais ses vagues tentatives étaient vouées à l’échec contre la force impérieuse de Rhagnär, qui faisait frissonner les rangs des rafleurs d’un simple regard. Il n’y avait contre cela que l’effet du temps, des petites actions fracturant la confiance des uns et des autres, des semaines, peut-être des mois dont elle ne disposait pas aujourd’hui. Elle capitulait alors, vaguement, sans laisser la moindre fatalité envahir ses traits – mais déjà il s’était détourné d’elle, arguant le groupe de rafleurs sans qu’aucun n’ose moufeter à nouveau : tout se jouait dans les regards qu’ils attardaient sur elle, dont ils abusaient pour le jauger lui – au fond, elle ne savait pas quel sort était préférable, rester au milieu de cette foule de rafleurs et être rendue à son père contre quelques gallions, ou suivre Rhagnär sans ne plus rien dire, et suivre plus ou moins la même destinée, sans pour autant se targuer de deviner déjà les volontés qu’il avait à son égard. Est-ce qu’elle retournerait chez son père ? Est-ce qu’elle pouvait un tant soit peu prétendre pouvoir bénéficier de sa protection encore, et non pas simplement de sa haine pure et dure, pour avoir bafoué la bonté dont il avait fait preuve avec elle ? « Tu as entendu, ils n’ont aucune importance. Néanmoins, que l’on ne vienne pas dire que je me suis interposé dans ton business, je te laisse le choix de l’avenir de tes proies, à tes risques et gains. Mais ne t’avises pas même de mettre un seul pied sur notre terre. » Vivement, elle releva le regard vers le Mangemort, aucun mot n’osant passer la barrière close de ses lèvres – les rafleurs n’étaient pas ouvertement des meurtriers (certains d’entre eux en tout cas), mais elle ne put s’empêcher d’avoir la certitude d’avoir condamné certains d’entre eux à un bien funeste sort. D’un regard silencieusement désolé, plongé dans l’inconnu, elle sonda la foule : ajouter quoique ce soit ne ferait qu’empirer les choses, ne rien dire la transformerait sans doute en pire encore que fille de Mangemorts aux yeux de ceux qui survivraient à ces rafleurs. « Elle ne fait pas partie de ton groupe. Considère la sous la protection des Greyback, et je te conseille de taire ce que tu sais d’elle. » S’accrochant aux paroles de Rhagnär, Cersei ne put s’empêcher d’avoir un vague espoir, s’infiltrant dans ses veines – en taisant toute réapparition de la jeune sorcière, il lui apportait peut-être bien un quelconque sursit avant tout nouveau face à face avec son père ; à quel prix ? Elle n’y pensait qu’à peine, elle ne voulait pas y penser. Ce n’était il y a pas si longtemps que cela, qu’elle avait tout juste manqué de découvrir de trop près l’aspect totalement imprévisible, glacial et sauvage d’un loup-garou : c’était presque ce qui l’avait poussée à fuir, plus que tout le reste. Peut-être bien, alors, que la compagnie des Greyback n’aurait rien de préférable à celle de Doezwal. Lui au moins, n’irait pas jusqu’à la tuer pour quelque raison que ce soit, pour un dessein inexplicable, il avait décidé de faire d’elle son héritière, en quelque sorte, ce n’était pas sans conséquence et sans arrière-pensée, la sauvegardant d’une mort certaine si elle avait été une autre. Tant de fois cependant, Doezwal l’avait usée, fatiguée, mise en danger à l’extrême, et pourtant, jamais elle n’avait risqué ouvertement la mort, juste les situations les plus périlleuses qui soient, pour des profits plus que douteux. Elle n’avait pas osé bouger qu’il reposait déjà son regard sur elle, cette fois-ci, peut-être fut-ce l’espoir qui permit à Cersei de vaguement soutenir le regard profond qu’il posa dans ses azurs. Sa baguette – elle avait presque oublié l’ordre impétueux qu’elle avait formulé quelques instants plus tôt : le rafleur s’approchant d’elle lui servit un bon prétexte pour détourner le regard. En vérité, à se perdre dans les prunelles de Rhagnär, elle ne parvenait pas à déceler quoique ce soit, ni affection ou haine particulière, ni un quelconque indice sur ce qu’il pouvait attendre d’elle ou ce qu’il désirait en la ramenant avec lui. Ce vide de tout s’avérait plus traumatisant que tout le reste, et le rafleur lui présentant quelques lots de baguette (appartenant soit à des morts soit à des personnes emprisonnées) s’avérait presque être le Messie lui offrant un répit.
Dans le lot, elle reconnut bien vite la sculpture fine de sa baguette, la désignant sans faire le moindre geste pour s’en emparer – elle savait que les attentions du Mangemort étaient à vif, et que le moindre geste qu’elle ferait ici pour se sortir de ce guêpier, ne ferait que lui nuire encore plus. Elle devait observer, patienter avec le même calme que ce dont elle avait fait preuve quelques temps plus tôt lorsqu’elle avait pris la fuite pour la première fois. Elle y arriverait une deuxième fois, quoiqu’il lui en coûte : face à la liberté, les attentions de Rhagnär s’avéraient être une bien maigre compensation. « Pouvons-nous rentrer Miss Harkness, ou avez-vous une autre requête à soumettre ? » Longuement, elle avait attardé ses yeux clairs sur le lot de baguettes que le rafleur avait encore en main, et ce n’est que lorsque la voix de Rhagnär revint à ses oreilles qu’elle daigna le regarder à nouveau. Le sondant de haut en bas, sans souffler mot, Cersei examina longuement la main qu’il lui offrait, avant de trouver à nouveau les yeux sombres de son vis-à-vis. Est-ce qu’il comptait la ramener ? La question lui brûla les lèvres pour de fugaces et infinies secondes, marquant l’hésitation dont elle fit preuve – c’était presque à croire qu’elle manquait tout juste de céder à la folie, de tenter de s’enfuir sans baguette et devant tout le monde. A quoi bon ? Elle ne ferait pas deux pas et de toute manière, le ton dont avait usé le Mangemort lui faisait comprendre que ses options étaient on ne peut plus limitées. S’humectant les lèvres un instant, la rousse finit par les pincer, alors qu’en quelques pas, elle rejoignait la hauteur de Rhagnär, lui offrant sa main comme une supplication silencieuse. La douceur de sa peau blanche rencontra le rêche de ses mains assassines, elle crut en frissonner un instant, un tressautement parcourant les traits de son visage en une fraction de seconde – mais déjà plus rien n’avait d’importance ; s’ouvrait devant elle le gouffre de l’imprévu. Advienne que pourra. Elle ne pouvait plus faire marche arrière, quand bien même la clairvoyance vienne la frapper à nouveau – elle livrait son destin aux mains de Rhagnär, aux mains de l’ennemi : elle aurait voulu savoir où est-ce qu’il comptait bien l’emmener, s’il la détestait autant que ce qu’il semblait le montrer, si cette condition de fuyarde finirait par avoir raison d’elle. Des questions sans réponse depuis si longtemps – qui n’en obtiendraient sans doute jamais.
Hop, petit passage sous silence pour Cersei (a) elle retrouvera sa langue plus tard, huhu. Si ça te dérange n'hésite pas à me le dire