You have to get lost to find the place that can't be found. Otherwise anyone could find it!

Finissant de tournoyer sur elle-même dans son transplanage, Ginnie apparu sous les ramures nues d'un immense chêne. Les deux sorciers qui avaient transplané avec elle lui lachèrent le bras, regardant autour d'eux.« Où sommes-nous? » demanda le plus jeune, le fils, une légère inquiétude perceptible dans sa voix. Ginnie ne leur en voulait pas de ne pas lui faire entièrement confiance. Après tout ce qu'ils avaient traversé, ce n'était que normal.« Dans la forêt de Craik. » leur répondit-elle avec un sourire rassurant.« Le camp n'est pas loin, mais nous ne pouvons pas prendre le risque d'y transplaner directement, nous y irons à pieds... » L'Auror se retourna et s'avança parmis les arbres les entourant. Ils se trouvaient en plein coeur de l'hiver, et erraient entre les troncs sombres sous un ciel gris. Il n'avait pas neigé depuis plusieurs semaines, et leurs pas se posaient sur un tapis de feuilles mortes rouges, marrons et noires. La respiration de Ginnie laissait un nuage de buée dans l'air froid de janvier, sa cape et son écharpe bien enroulées autour de ses épaules.

L'Auror se retournait fréquemment pour s'assurer que les deux réfugiés suivaient son chemin. La sorcière et son fils étaient perdus et fatigués, leurs regards flous et fixés sur le sol. Le plus jeune, exténué ne cessait de trébucher sur des racines.« Courage, plus que quelques minutes et nous y seront. » le soutint Ginine. C'était une chose assez complexe de se rendre au camp de Craik. Le camp était bien protégé, par de nombreux sortilèges. Diverses formes du Repello empêchaient que l'on trouve le camp par hasard, mais même ceux qui le cherchaient n'avaient aucune chance de le trouver. Le camp était bien sûr incartable, mais une idée brillante de sa soeur avait fait que l'on ne pouvait entrer dans le camp qu'en s'y perdant. Les réfugiés y étaient trop nombreux pour qu'un Gardien du Secret puisse seul indiquer son emplacement, comme le camp de Dean...

C'est ainsi que Ginnie avancait parmis les arbres au hasard, quand soudain, au milieu d'un petit vallon, les branches nues laissèrent entrapparaître des tentes de toiles desquelles s'échappaient de fins filets de fumée. Il n'y avait guère plus de d'une douzaine de tentes, réparties en cercle, et presque personne n'était visible. Et pourtant le camp regorgeait de réfugiés. La plupart se réfugiaient du froid dans les tentes, qui avaient été en réalité ensorcellées pour être aggrandies de l'intérieur. La moitié des tentes formaient ainsi de véritables dortoirs pouvant facilement héberger dix sorciers, ou encore d'entière ailes comportant six chambres de quatre places. La plus grande tente était la tente commune où se déroulaient les repas et les fêtes, la tente voisine étant celle de l'Infirmerie, devant laquelle Ginnie aperçu sa soeur qui l'attendait. La seconde suivante, elle était dans les bras de Béa. « Comment vas-tu, petite-soeur? » « Il fait froid, mais ça ira mieux dans quelques minutes... » répondit Ginnie en frissonnant. Se retournant, l'Auror introduit les deux nouveaux arrivés. « Mrs. Summers, Dan, je vous présente Béatrice Windsor, la Médicomage du camp, et ma soeur... » « Enchantée. Suivez-moi, nous allons vous présenter dans la tente commune, et vous pourrez y manger quelque chose de chaud... » les accueillit Béa en les guidant vers la plus grande tente du camp. Ginnie vit leur visage s'éclairer d'un sourire, le premier qu'elle avait vu depuis qu'elle les avait rencontré la veille.

Il y eut soudain une grande agitation à l'opposé du cercle de tentes. Deux se vidèrent, ses habitants courant s'habriter dans les tentes voisines pendant que les responsables de la sécurité de jetaient à l'arrière des tentes vers la source du grabuge. Ginnie et Béa échangèrent un regard, habité de la même inquiétude : avait-elle été suivie? Alors que Béa amenaient les deux nouveau réfugiés dans la tente commune, Ginnie traversa le camp au pas de course, et fut en quelques enjambées parmis ses comparses, baguette à la main. Le suspect était déjà ligoté au sol, sa voix angoissée couvrant les exclamations menacantes des autres sorciers... « Je ne suis pas … S’il vous plaît, écoutez-moi, je fais partie de l’Ordre, je ne … Ginnie ! » Elle aussi avait reconnu son visage. Son visage qu'elle avait connu à Poudlard, et plus encore au sein de l'Ordre du Phénix... Ses cheveux roux, son visage rond, ses yeux noisettes... qu'elle n'avait plus vu depuis des semaines, depuis des mois... qu'elle ne s'était pus attendu à jamais revoir. Lorsque Morgana avait soudain disparue des réunions de l'Ordre, lorsqu'elle n'était pas parvenue à retrouver sa trace parmis tous les fuyards qu'elle avait rencontrés, Ginnie avait douloureusement fini par se rendre à l'évidence que son amie avait été attrapée par des Mangemorts, qu'elle était probablement morte... Et voilà qu'elle se trouvait devant elle, plus vivante que jamais, se débattant vigoureusement contre les cordes qui la maintenaient prisonnière... Ginnie sentait tous les regards braqués sur elle quand son nom fut prononcé par la prisonnière, mais elle ne parvenait pas à bouger. Son coeur battait la chamade et ses yeux se mirent à étinceler de chagrin alors que l'idée pénetrait peur à peu son esprit... C'était impossible. Elle ne pouvait pas être là. Un Mangemort avait du prendre un de ses magnifiques cheveux avant de l'achever pour les trouver sous Polynectar... Même si c'était le cas, le jeu était convainquant. Ses mimiques, ses expressions, son intonation, tout était là. Morgana était une sorcière particulière, reconnaissable entre milles, Ginnie ne pouvait s'y tromper...

Ginnie s'avanca vers son amie et posa un genou à côté d'elle, se penchant vers son visage. Puis elle posa le bout de sa baguette sur sa gorge, doucement, sans violence. Elle devait en être sûre... « A quel poste ai-je jouer dans l'équipe de Quidditch à Poudlard? » demanda-t-elle, les larmes au bord des yeux. En tant qu'Auror, Ginnie était devenue experte en questions pièges : elle n'avait jamais jouer au Quidditch. Si le Mangemort se trompait, elle lui ferait payer pour son amie. Mais si c'était bien Morgana, la sorcière était condamnée au calin du siècle pour avoir disparu depuis si longtemps...

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Ginnie se détestait pour ce geste. Elle n'éprouvait que de la honte et du remort à voir sa propre baguette posée sous le menton de son amie... Elle n'avait pourtant pas le moindre doute quant à ce qu'elle était en train de faire. Elle était expérimentée, elle connaissait leurs ennemis et leur fourberie. Il lui semblait qu'en ces derniers temps, la peur et la colère prenaient de plus en plus sur qui elle était, sur ce qu'elle ressentait. Morgana était devant elle, ce qu'elle n'avait cessé de souhaiter durant des semaines, avant qu'elle ne perde espoir et n'espère plus que son amie ne soit en paix, qu'elle ait au moins cesser de courrir. Elle était tellement heureuse et soulagée de revoir son visage, de la voir en bonne santé, ni couverte de terre ni de sang comme elle avait retrouvé tant de nés-moldus. A peine quelques feuilles mortes s'accrochaient à ses cheveux aussi rouges que les feuilles d'érables. Sa peau était pâle, mais pas de la teinte grise des cadavres que Ginnie avait trouvé. Plutôt un éclat comme un clair de lune, frais et vivant. Ses yeux noisettes agrandis par la peur étaient vifs, bien que fixés sur son visage. Ginnie non plus ne pouvait pas quitter son amie des yeux... car elle n'avait plus de doute, ce regard était celui de son amie. Et alors qu'elle-même était parvenue à cette conclusion, le visage de Morgana s'illumina également... « Tu n’as jamais fait de Quidditch, malgré toutes les fois où j’ai essayé de t’enrôler … Mais tu es toujours venue nous voir jouer et m’as aidée à décorer la salle commune à chaque fois qu’on perdait un match. Ce qui était systématique, mais on était les meilleurs perdants de toute l’école. » Les lèvres de Ginnie s'étirèrent alors qu'elle riait doucement, ses yeux brillants de plus en plus. Elle avait oublié à quel point Morgana était bavarde... C'était grâce à elle que Ginnie, qui avait toujours été timide et réservée à Poudlard, était peu à peu sortie de son isolement. Pas jusqu'à prendre le poste d'attrapeuse que Morgana lui avait proposé à chaque fois que Poufsouffle perdait un match, mais son amitié lui avait donné plus confiance en elle, plus d'assurance à affirmer ce qu'elle pensait et qui elle était. Ce qui était indispensable ces jours-ci en tant que Née-Moldue si elle voulait survivre. Qui aurait cru tant d'années auparavant que la petite filles aux yeux bleux innocents allait devenir Auror, membre de l'Ordre du Phénix et chef d'un camp de réfugiés? « Je m’appelle Morgana Harlow, » poursuivit son amie, « j’ai fait partie de l’Ordre du Phénix, et j’ai complètement oublié le mot de passe en venant ici, mais ce n’est pas si surprenant de ma part … » Le sourire de Ginnie devint lumineux et franc, la terrible mémoire de Morgana étant la preuve incontestable qu'ils s'agissait bien de son amie. Elle avait toujours retenue avec précision les dates des matches de Quidditch, mais elle avait plus d'une fois oublié les dates d'examens et de devoirs à rendre, que Ginnie aviat toujours du lui rappeler... « Et tu es Eugenie Windsor, que je ne pensais vraiment pas revoir un jour. » Ginnie sentit des larmes de joie naître aux coins de ses yeux. « Je te jure, si tu avais été Animagus, tu aurais à coup sûr été un poisson rouge!!! » s'écria-t-elle en laissant tomber sa baguette par terre pour se jeter sur elle et la serrer dans ses bras. Une étreinte à briser les côtes, ce qui aurait bien pu être la sentence de Morgana pour ne pas avoir donner de nouvelles. Dans son épaules, Ginnie riait et pleurait à la fois, ne pouvant se décider à lacher son amie. « Tu peux me détacher, s’il te plaît ?. » finit par demander Morgana, au bord de l'asphyxie. « Oh! Désolée! » s'écria Ginnie, la voix un peu humide, avant de ramasser sa baguette et de lancer le contre-sort.

Autour d'elles, la tension s'était totalement dissipée et le camp avait repris son atmosphère calme et chaleureuse. Les Nés-Moldus souriaient à Morgana et quelques uns lui souhaitairent la bienvenue. Ginnie tendit une main à son amie pour l'aider à se relever, puis la serra à nouveau dans ses bras. « Je suis tellement heureuse de te revoir! Saine et sauve! » Lorsque Ginnie la relacha, plusieurs sorciers vinrent se présenter à leur tour, Béatrix, la grande soeur de Ginnie, la première. « Ne restons pas dehors dans le froid! Viens dans la tente commune, on va te donner quelque chose de chaud à te mettre dans le ventre! » La tente commune était bien plus grande qu'elle ne semblait l'être de l'exterieur. En réalité, elle était presque aussi grande que la Grande Salle de Poudlard. L'heure de repas étant passée, les tables étaient à peu près vides, à part quelques groupes s'étant retrouvés pour une partie d'échecs magiques ou une tasse de thé. Au centre de la tente, un feu magique gardait l'interieur au chaud, et sur l'une tables l'entourant, des theières et gardaient magicalement les boissons toujours chaudes. Tous ensembles, les petits talents de chacun mit bout à bout, les réfugiés avaient réussi à faire de leur camp un endroit accueillant, une seconde maison. Bientôt, Ginnie et Morgana furent laissées à une table avec de quoi boire et manger pour Morgana, et du temps pour se retrouver. Il y avait de longues semaines qu'elles ne s'étaient pas vues, et elles avaient de nombreuses nouvelles à s'échanger... Après avoir laisser à Morgana le temps de se nourrir un peu, Ginnie trouva le courage de lui poser la question qui l'avait tracassée tout ce temps, depuis qu'elle n'était pas venue à cette réunion de l'Ordre du Phénix... « Où étais-tu Morgana? Que s'est-il passé? » lui demanda-t-elle en posant une main sur la sienne. L'inquiétude habitait ses yeux bleus. Elle savait que ces derniers temps, les mauvaises nouvelles étaient monnaie courante. Elle espérait seulement que quoi que Morgana ait vécu, ce n'était rien qu'elle ne pouvait surpasser, rien dont elle ne puisse se remettre. Maintenant qu'elles s'étaient retrouvées, Ginnie voulait l'aider. Elle voulait être là pour elle.

« Où étais-tu Morgana? Que s'est-il passé? » Le regard noisette de Morgana tomba au sol à sa question. Le visage jovial et souriant qu’elle avait toujours connu était devenu soudain sombre et impassible. Ce regard que l’on pouvait trouver dans les yeux des vétérans des guerres moldues. Ces derniers mois les avaient comme vieillies de plusieurs années. Ces derniers mois les avaient changées. Toutes les deux, comme tout le monde, avaient eu leur lot de perte et de chagrin, de peur et de désespoir. Ginnie se demandait quels souvenirs, quelles blessures nouaient la gorge de son amie en cet instant. Elle se demandait si sa meilleure amie pourrait jamais les lui confier, et si elle était capable de l’entendre. Béatrice avait toujours été celle la plus adroite avec les mots. Ginnie était la plus juste avec les gestes. C’était pourquoi elle serrait la main de Morgana en ce moment. Un geste de soutien, un geste protecteur, compatissant. « J’ai été dénoncée, le Ministère sait que j’ai fait partie de l’Ordre. Je n’ai pas eu le temps de faire quoi que ce soit, j’ai encore eu de la chance de pouvoir m’enfuir avant qu’ils ne m’attrapent … Je suis désolée de ne pas avoir donné de nouvelles, mais j’ai essayé de ne pas entrer en contact avec qui que ce soit … » Ginnie ne la quittait pas des yeux, écoutant chacun de ses mots. Elle était bouleversée. Elle pouvait très bien imaginer ce qu’elle avait traversé. La solitude qu’elle avait du endurer. Le moment de panique qui avait dû l’envahir lorsqu’elle avait pris la décision de s’enfuir. Ce moment que chaque fugitif avait vécu avant de venir ici, lorsqu’un sorcier choisissait, si ca avait jamais été un choix, de tout laisser derrière lui pour disparaître. Elle pouvait l’imaginer, mais jamais elle ne serait floué à croire qu’elle le savait. Chacun avait vécu cette fuite en avant de manière différente. Chaque fugitif arrivant ici avait sa propre histoire, chacun avait des personnes différentes laissées en arrière, une femme, un mari, une famille, des amis. Chacun avait perdu des proches, et chacun avait connu la nuit froide, ou la nuit blanche à fuir les Raffleurs. Tous les même, mais différemment. Ginnie aurait souhaité éviter tout ça à son amie. Elle aurait voulu être avec Morgana, pour partager ses peurs et ses inquiétudes, pour l’épargner de la solitude. « J’avais tellement peur de tomber sur des raffleurs, ou des Mangemorts … Et je pensais que si restais éloignée de tout, je ne risquais pas de trahir qui que ce soit. » Ginnie comprenait ce choix, cette décision de s’isoler de tous pour mieux les protéger, et ce protéger soit-même. C’était le choix de beaucoup de sorciers qui en faisaient que passer au camp, sans y rester, par peur d’être trahi, ou de trahir les autres et de tous les mettre en danger. Et comme lisant dans ses pensées, Morgana se mit à parler du camp. « Mais j’ai quand même fini par me dire que trouver un camp ne serait pas une si mauvaise idée …» Ginnie laissa échapper un sourire. Elle se le demandait sincèrement parfois, si ce camp n’était pas une mauvaise idée. Après tout, ils étaient tous rassemblés en un endroit. Si jamais les Mangemorts trouvaient l’emplacement du camp, une seule raffle suffirait à tous les anéantir. Mais cela avait été précisément le but du camp. Rassembler tous les Nés-Modlus éparpillés, dans l’espoir de les rendre plus forts dans un monde qui ne voulait plus d’eux. «Et voilà que tu es là toi aussi !... C’est toi qui t’occupes de tout ça ? » Tirée de ses pensées, Ginnie retrouva le regard de Morgana, et fut surprise d’y trouver de l’admiration. Ginnie avait toujours été extrêmement modeste et timide. Sa sœur avait toujours été la plus intelligente, la plus douée à Poudlard. Ginnie était habituée à rester dans l’ombre, et cela lui avait toujours convenue à marveille. Elle n’était pas habituée aux compliments, ils la mettaient mal à l’aise. Rougissant légèrement, Ginnie se détourna du regard de son amie en regardant la tente autour d’elle. « Béatrice est la véritable personne en charge ici. Je ne fais que l’aider du mieux que je peux. J’amène les plus possible de gens à l’abri ici, et je cherche des sorciers pour nous aider. Beaucoup de personnes s’occupent de ce camp en vérité. Certains sorciers s’occupent de donner des cours aux élèves qui ont fui Poudlard, d’autres s’occupent à rendre cet endroit le plus confortable possible à l’aide d’enchantement. Certains s’occupent aussi de la protection du camp, mais trop peu encore… » En abordant la question, Ginnie avait baissé la voix, bien que la tente ait été presque vide. « A vrai dire, faire de cet endroit un abri ne suffit plus. Nous souhaitons organiser une résistance, faire des Nés-Moldus non plus des victimes, mais une force s’opposant à Tu-Sais-Qui. Beaucoup pensent que tout n’est pas encore joué, qu’il y aura une grande dernière bataille, et veulent être prêts… » Le regard dans sa tasse de thé, Ginnie n’était pas encore entièrement convaincue. Elle était sûre que Harry Potter n’avait pas disparu, et qu’il était encore leur meilleur espoir, peut-être même le seul, comme Dumbledore l’avait indiqué à l’Ordre avant sa disparition. Elle était que s’ils se réunissaient tous, les Nés-Moldus pourraient être une force qui pourrait créer de sérieux ennuis aux Mangemorts de Vous-Savez-Qui… Mais tellement de choses pouvaient mal tourner d’ici là. La mort de Potter pouvait leur être annoncée d’un jour à l’autre. Le camp pouvait être découvert et détruit… « Je me disais qu’on pourrait organiser un entraînement au camp. Il y a beaucoup de sorciers qui souhaitent faire plus, mais ce ne sont pour beaucoup que des civils, sans la moindre formation d’Auror ou de Défense Contre les Forces du Mal… » Ginnie releva les yeux vers son amie, incertaine. Elle savait que Morgana était une femme forte et déterminée, dévouée, mais elle ne savait pas ce qu’elle aviat vécu ces derniers mois. Peut-être avait-elle besoin, comme d’autres, de prendre du recul et d’être laissée seule. Pouvait-elle toujours compter sur elle ? « Peut-être pourrais-tu m’y aider ? Une baguette comme la tienne pourrait faire toute la différence ici ! » Ginnie eu un demi-sourire. Morgana avait toujours été une sorcière redoutable, déjà dans les couloirs de Poudlard. Le fait qu’elle ait réussi à survivre seule tout ce temps n’en était que la confirmation… Ginnie espérait que Morgana accepterait. L’avoir à ses côtés serait une source de force inestimable. La sorcière sentait qu’avec elle, elle n’aurait plus peur de rien.

Son amie lui sourit en lui serrant les mains. « Ne va pas me faire croire que tu ne joues qu’un rôle mineur là-dedans, Ginnie. Tu es dans ton élément, ici. » Ginnie lui rendit un petit sourire, bessant les yeux. Ginnie n'avait jamais su réagir aux compliments, elle ne s'en était jamais sentie digne. Lorsqu'elle était enfant, ils ne venaient que comme courtoisies due à son rang, et à Poudlard, ils s'étaient toujours faits rares. Il était vrai qu'elle s'était trouvée en devenant Auror. Elle se sentait utile, se battre pour la justice était toujours ce qui l'avait animée. Mais si pour s'épanouir il lui fallait un camp de dizaines de personnes sans abris et désespérées, elle aurait préférée rester cette souris réservée de Poudlard... « C’est impressionnant, en tout cas. Vous vous êtes beaucoup développés, quand l’Ordre parlait des camps je n’imaginais pas qu’ils soient de cette taille, ni aussi bien organisés. Est-ce que c’est moi qui comprenais mal ? » « Non, nous restons simplement discrets sur l'organisation du camp. Moins on en sait sur nous, plus nous sommes en sécurités. Nous laissons juste filtrer ce qu'il faut pour que des fugitifs puissent nous trouver... Comme tu l'as fait... » Le visage de Ginnie s'éclaira d'un véritable sourire. Elle était si heureuse d'avoir son amie à ses côtés, elle ne lui lâchait pas les mains. Comme pour s'assurer que Morgana, qu'elle avait longtemps cru morte, n'était pas qu'un rêve mais était bien là, qu'elle pouvait la voir et la toucher. Maintenant qu'elle l'avait retrouvée, elle ne voulait plus la perdre. « Vous avez eu de très bonnes idées. En dehors du seul fait de recueillir les fugitifs, que je trouve déjà admirable, sachant les risques … Mais enseigner aux élèves qui ne peuvent plus aller à Poudlard, c’est vraiment une bonne chose. Ils ne méritent pas ce qui leur est arrivé … » Personne ne méritait ce qu'il leur était arrivé. Perdre des proches, perdre leur métier et leur maison, toute leur vie laissée derrière eux. « Oui, Sofia Manccini a été la première à venir. Elle fait partie de l'Ordre aussi et c'est une bonne amie à moi. Elle est professeur de botanique et m'a aidée à trouver d'autres sorciers pour leur donner des cours. Ceux qui étaient en dernière année ne pourront pas passer leurs examens, mais au moins, ils n'auront pas perdu leur année... Nous ne pouvons par leur redonner la vie qu'ils ont laissé chez eux, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour les en rapprocher... » « Mais la résistance, c’est encore plus risqué. Tous ces gens … Ils n’ont jamais demandé à être impliqués là-dedans. Mais je suppose qu’une fois qu’on a tout perdu, s’engager dans une cause de ce genre peut paraître salvateur. Et ça l’est, sans doute. » Ginnie ne répondit rien. Elle s'était souvent posé cette question. Chaque doute qui pouvai traverser l'esprit de quiconque au camp, elle se l'était demandé des centaines de fois. Etait-il sage de rassembler tous les fugitifs au même endroit. Devait-elle les laisser s'en aller où les entrainer au combat? Ginnie n'était sûre de rien. Elle ne pouvait lire l'avenir. Elle n'avait même pas choisit la divination en option à Poudlard. Elle ne pouvait faire que de son mieux, espérant que sont instinct avait été le bon. « Qu'ils choisissent de se battre ou non, la bataille est déjà venue à eux... Ils ont besoin d'armes s'ils veulent pouvoir survivre. » Ginnie avait plutôt l'air de penser tout haut que de s'adresser à son amie. Et à l'air grave de son visage jeune, elle n'éprouvait aucune joie à en venir à ces extrêmes. Elle se tourna vers son amie pour lui demander son aide, mais celle-ci manqua de tomber de sa chaise... « Je ne suis pas Auror, Ginnie, je bossais au Ministère … Je ne peux pas enseigner aux gens comment se battre alors que je sais à peine me protéger moi-même. » Ginnie lui renvoya le sourire moqueur auquel elle avait eu droit quelques instants plus tôt. « Tu as survécu tout ce temps toute seule. Je pense que tu en sais déjà plus que la plupart des gens réfugiés ici...» Morgana baissa les yeux, et soudain, Ginnie sentit sa détermination flancher. Elle y croyait, elle était persuadée qu'en s'y mettant tous ensemble, les choses pouvaient changer. Mais il était parfois si difficile d'en convaincre les autres. Tant de sorciers venaient dans le camp, mais beaucoup finissaient par repartir. La cause semblait perdue pour tous, mais Ginnie perseverait. Elle était patiente et travailleuse, c'était pour cette raison même que le Choixpeau Magique l'avait envoyée à Poufsouffle. Mais si même son amie en doutait, peut-être qu'il était temps que Ginnie réalise qu'elle se voilait la face... Que la cause était belle et bien perdue, et que ce n'était qu'une question de temps...

Mais alors que Ginnie perdait espoirt, quelque chose se passa dans les yeux noisettes de Morgana. Son amie se redressa, et affronta son regard. « Peut-être que je peux vous aider, d’une façon ou d’une autre … De toute façon, je ne pourrais pas rester ici à ne rien faire. Mais je ne suis pas une combattante, je ne l’ai jamais été. » Comme entraînée par le changement de Morgana, Ginnie sentit toute son énergie revenir. Son visage s'éclaira de milles feux, et la sorcière se leva d'un coup. « Et bien il est grand temps que tu apprennes. Suis-moi!» Ginnie avait compris où elle s'était trompée. Elle comprenait pourquoi les gens avaient tant de mal à y croire. Il était temps qu'elle passe des mots à la pratique. Qu'elle leur montre que ce n'était pas que des causes perdues, que c'était possible... Ginnie garda une des mains de Morgana dans la sienne et l'entraîna en dehors de la tente, dans l'espace au milieu du camp. L'ex-Auror sortit sa baguette et fit un grand arc de cercle au-dessus du sol. Les feuilles mortes et les branches laissées par l'automne passé s'animèrent, comme portés par une puissante bourrasque. Ils tournoyèrent, l'élevèrent, jusqu'à se regrouper pour former une silhouette sombre, rouge et marron. Ginnie avait gardé de bon restes de Métamorphose... « Montre-moi ce que tu sais faire...!» défia-t-elle son amie, un grand sourire aux lèvres, avec le ton qu'employait Morgana des années auparavant, lorsqu'elle entraînait Ginnie à rejoindre l'équipe de Quidditch...